Domaine technique de l'invention
[0001] La présente invention concerne un procédé de traitement thermique d'aciers austénitiques
ainsi que les aciers austénitiques obtenus par la mise en oeuvre de ce procédé de
traitement thermique. Plus précisément, la présente invention s'intéresse aux aciers
austénitiques alliés à l'azote bien connus sous leur dénomination anglo-saxonne Austenitic
High Nitrogen Steel ou aciers austénitiques HNS. L'invention s'intéresse également
aux aciers austénitiques à fortes concentrations en atomes interstitiels, mieux connus
sous leur dénomination anglo-saxonne Austenitic High Interstitial Steel ou aciers
austénitiques HIS.
Arrière-plan technologique de l'invention
[0002] Les aciers austénitiques alliés à l'azote que, pour plus de commodité, nous appellerons
par la suite aciers austénitiques HNS, et les aciers austénitiques à fortes concentrations
en atomes interstitiels qui seront appelés ci-après aciers austénitiques HIS présentent
des propriétés de dureté, de résistance à la corrosion et hypoallergéniques qui les
rendent très intéressants notamment pour des applications dans le domaine de l'horlogerie
et de la bijouterie, à la fois pour la fabrication d'éléments d'habillage destinés
à venir en contact avec la peau en raison de leur très faible concentration en nickel,
et pour la fabrication de composants de mouvements horlogers car ils sont très durs,
notamment après écrouissage.
[0003] Les aciers austénitiques HNS renferment des atomes interstitiels d'azote en concentrations
élevées qui peuvent s'étendre jusqu'à 1,5% en poids en fonction de la composition
et de la mise en oeuvre de l'alliage. Les aciers austénitiques HIS, directement dérivés
des aciers austénitiques HNS, renferment quant à eux des quantités importantes d'atomes
interstitiels de carbone en plus des atomes interstitiels d'azote.
[0004] Comme mentionné ci-dessus, certains aciers austénitiques HNS et HIS présentent notamment
d'intéressantes propriétés hypoallergéniques en raison de leur très faible teneur
en nickel et de leur résistance à la corrosion. Cependant, les aciers austénitiques
HNS et HIS sont très difficiles à usiner, notamment car ils présentent une limite
élastique, un taux d'écrouissage et une ductilité très élevés. Des essais montrent,
par exemple, que les opérations d'usinage sont deux à trois fois plus longues que
pour l'acier 1.4435 et l'usure des outils d'usinage est très importante. L'usinage
de ces aciers austénitiques HNS et HIS qui, par bien des aspects, se rapproche de
l'usinage du titane, est donc long, difficile et coûteux et constitue le principal
frein à l'utilisation de ces aciers notamment dans le domaine de l'horlogerie et de
la bijouterie.
[0005] Il existait donc dans l'état de la technique un besoin pour des aciers austénitiques
HNS et HIS qui soient plus facilement usinables tout en conservant leurs propriétés
de biocompatibilité, de dureté et de résistance à la corrosion.
Résumé de l'invention
[0006] La présente invention a pour objet un procédé de traitement thermique d'aciers austénitiques
de type HNS et HIS dont le but est de rendre de tels aciers austénitiques plus facilement
usinables.
[0007] A cet effet, la présente invention concerne un procédé de traitement thermique d'un
acier austénitique HNS ou HIS renfermant des précipités du type nitrures, carbures
ou bien encore carbonitrures de chrome et/ou de molybdène, ce procédé comprenant l'étape
qui consiste, après usinage de l'acier austénitique HNS ou HIS renfermant les précipités,
à remettre les précipités en solution en portant l'acier austénitique HNS ou HIS à
sa température d'austénitisation, puis en refroidissant cet acier austénitique HNS
ou HIS suffisamment rapidement pour éviter de reformer des précipités.
[0008] Cette caractéristique se révèle très avantageuse car elle permet, lorsque cela est
souhaité, de faire disparaître les précipités après que les pièces en acier austénitique
HNS ou HIS aient été usinées. Dans le cas particulier des pièces d'horlogerie, on
pourra notamment mettre cette possibilité à profit pour faire disparaître les précipités
dans les éléments d'habillage (carrures, fonds de boîtes de montres, lunettes, couronnes,
poussoirs, fermoirs, maillons de bracelets etc.) afin de rendre la matière la plus
homogène possible et d'éliminer les contraintes résiduelles. Les aciers résultants
auront ainsi une meilleure résistance à la corrosion et une plus grande ductilité.
La même chose est vraie lorsque l'on souhaite fabriquer des bijoux.
[0009] Selon une caractéristique complémentaire de l'invention, pour faire apparaître des
précipités dans l'acier austénitique HNS ou HIS avant usinage, on se munit d'un alliage
d'acier austénitique HNS ou HIS que l'on porte à sa température d'austénitisation
ou que l'on fritte à la température d'austénitisation, puis, immédiatement depuis
la température d'austénitisation, on abaisse la température de l'alliage d'acier austénitique
HNS ou HIS de manière suffisamment lente pour qu'apparaissent des précipités du type
nitrures, carbures ou bien carbonitrures de chrome et/ou de molybdène dans la structure
de l'acier austénitique HNS ou HIS résultant, puis enfin on ramène l'acier austénitique
HNS ou HIS à température ambiante.
[0010] On comprendra que l'étape qui consiste à faire apparaître des précipités dans un
acier austénitique HNS ou HIS précède l'étape qui, après usinage de cet acier austénitique
HNS ou HIS, consiste à remettre les précipités en solution.
[0011] On notera également que le procédé de traitement thermique s'applique aussi bien
à des pièces obtenues par coulée et traitement thermomécanique subséquent, qu'à des
pièces obtenues par la métallurgie des poudres telle que le moulage par injection
de métal encore connu sous sa dénomination anglo-saxonne Metal Injection Moulding
ou MIM. En effet, immédiatement après frittage de l'alliage à sa température d'austénitisation
afin d'obtenir un acier austénitique de type HNS ou HIS, il est possible de refroidir
lentement l'alliage afin de favoriser la formation de précipités conformément aux
enseignements de la présente invention.
[0012] Par refroidissement lent, on entend un refroidissement qui, après austénitisation
ou frittage, favorise l'apparition de précipités dans la microstructure des aciers
austénitiques HNS et HIS ainsi traités, par opposition au traitement thermique classique
de trempe qui consiste à refroidir rapidement les aciers HNS et HIS après austénitisation
ou frittage afin d'éviter la formation de précipités.
[0013] En préconisant de soumettre, immédiatement après austénitisation ou frittage à la
température d'austénitisation, les aciers austénitiques HNS et HIS à un traitement
thermique de refroidissement lent pour favoriser l'apparition de précipités, l'invention
va à l'encontre de la pratique habituelle qui consiste à refroidir les alliages le
plus rapidement possible afin d'éviter le plus possible la formation de précipités
dans les aciers austénitiques HNS et HIS résultants.
[0014] La Demanderesse a effectivement constaté qu'en soumettant les aciers austénitiques
HNS et HIS au procédé de traitement thermique du genre décrit ci-dessus, les atomes
d'azote et de carbone par exemple ont tendance à migrer vers les joints de grains
et à se combiner assez facilement avec des atomes de chrome ou de molybdène pour former
des précipités du type nitrures, carbures ou bien encore carbonitrures de chrome/molybdène.
Or, ces précipités ont une très faible adhérence avec la matrice, de sorte qu'ils
rendent les copeaux cassants et facilitent les opérations d'usinage.
[0015] Selon un autre mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, pour faire apparaître
avant usinage des précipités du type nitrures, carbures ou bien carbonitrures de chrome
et/ou de molybdène dans l'acier austénitique HNS ou HIS, on se munit d'un alliage
d'acier austénitique HNS ou HIS que l'on porte à sa température d'austénitisation
ou que l'on fritte à la température d'austénitisation, puis on soumet cet alliage
d'acier austénitique HNS ou HIS à un traitement thermique de refroidissement immédiatement
depuis la température d'austénitisation, et on interrompt le refroidissement de l'acier
austénitique HNS ou HIS résultant lorsque la température à atteint une valeur à laquelle
apparaissent des précipités, cet acier austénitique HNS ou HIS étant maintenu à cette
température et pendant une durée telle qu'apparaissent des précipités, puis enfin
on ramène l'acier austénitique HNS ou HIS à température ambiante.
[0016] Selon encore un autre mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, après que
l'acier austénitique HNS ou HIS a subi un traitement thermique d'austénitisation ou
de frittage à la température d'austénitisation, puis de trempe, on chauffe à nouveau
l'acier austénitique HNS ou HIS à une température et pendant une durée telles qu'apparaissent
des précipités du type nitrures, carbures ou bien carbonitrures de chrome et/ou de
molybdène.
[0017] Cette troisième variante est la plus pratique car elle permet de pouvoir parfaitement
maîtriser les paramètres des différents traitements thermiques.
[0018] Les première, deuxième et troisième variantes de mise en oeuvre du procédé de traitement
thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon l'invention sont donc plus particulièrement
destinées à l'obtention d'éléments d'habillage pour des pièces d'horlogerie ou de
bijouterie, car elles favorisent la résistance à la corrosion de ces aciers. Ces trois
premières variantes ont en commun qu'après application d'un traitement thermique d'austénitisation
à un acier austénitique HNS ou HIS et usinage subséquent, on peut en effet amener
la pièce résultante à la température de recuit, puis tremper cette dernière afin de
remettre les précipités en solution.
[0019] Selon une quatrième variante de mise en oeuvre du procédé selon l'invention, on porte
un acier austénitique HNS ou HIS à sa température de recuit, autrement dit à sa température
d'austénitisation, puis on le refroidit rapidement (trempe) de façon à ce qu'aucun
précipité ne se forme, on le déforme à froid puis on amène cet acier austénitique
HNS ou HIS à une température et pendant une durée telles qu'apparaissent des précipités
du type nitrures, carbures ou bien carbonitrures de chrome et/ou de molybdène.
[0020] L'invention concerne également un élément d'horlogerie ou de bijouterie obtenu à
partir d'un acier austénitique HNS ou HIS obtenu par mise en oeuvre du procédé de
traitement thermique selon l'invention.
[0021] Grâce à ces caractéristiques, la dureté de l'acier austénitique HNS ou HIS obtenue
après austénitisation et déformation à froid est très peu affectée par le traitement
de précipitation selon l'invention effectué ultérieurement. Par contre, l'usinabilité
de tels aciers est sensiblement améliorée.
Brève description des figures
[0022] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention ressortiront plus
clairement de la description détaillée qui suit d'un exemple de mise en oeuvre du
procédé de traitement thermique d'aciers austénitiques HNS et HIS conforme à la présente
invention, cet exemple étant donné à titre purement illustratif et non limitatif seulement
en liaison avec le dessin annexé sur lequel :
- la figure 1 est un diagramme schématique temps-température-transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la première variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention ;
- la figure 2 est un diagramme schématique temps-température-transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la deuxième variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention ;
- la figure 3 est un diagramme schématique temps-température-transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la troisième variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention ;
- la figure 4 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier HIS
X20CrMnMoN17-11-3 qui a été recuit à sa température d'austénitisation puis trempé
et qui ne présente pas de précipités ;
- la figure 5 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 ayant subi un traitement thermique conforme à la troisième variante
de mise en oeuvre du procédé selon l'invention ;
- la figure 6 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 ayant subi un traitement thermique conforme à la quatrième variante
de mise en oeuvre du procédé selon l'invention ;
- la figure 7 est un graphe qui montre l'évolution de la dureté de l'échantillon d'acier
austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 de la figure 6 en fonction de la température à
laquelle cet acier est porté pour former les précipités.
- la figure 8 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 ayant subi un écrouissage plus important que l'échantillon d'acier
austénitique de la figure 6 avant un traitement thermique conforme à la quatrième
variante de mise en oeuvre du procédé selon l'invention, et
- la figure 9 est un graphe qui montre l'évolution de la dureté de l'échantillon d'acier
austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 de la figure 8 en fonction de la température à
laquelle cet acier est porté pour former les précipités.
Description détaillée d'un mode de réalisation de l'invention
[0023] La présente invention procède de l'idée générale inventive qui consiste à soumettre
les aciers austénitiques HNS et HIS à un traitement thermique visant à faire repasser
en solution des précipités que l'on a fait apparaître dans de tels aciers austénitiques
HNS ou HIS par exemple lors d'un traitement préalable de précipitation. Par traitement
thermique de précipitation, on entend un traitement qui vise à placer ces aciers austénitiques
HNS et HIS pendant une certaine durée dans des conditions de température qui permettent
l'apparition de précipités tels que des nitrures, des carbures ou des carbonitrures,
notamment de molybdène et/ou de chrome. On a en effet observé que ces précipités sont
généralement peu liés à la matrice du matériau, de sorte qu'ils favorisent la formation
et l'enlèvement des copeaux lors de l'usinage des pièces. Ainsi, conformément à l'invention,
il est possible, après usinage de pièces réalisées en un acier austénitique HNS ou
HIS renfermant des précipités, de soumettre ces pièces à un second traitement d'austénitisation
qui consiste à porter à nouveau ces pièces à leur température de recuit, puis à les
tremper de manière à remettre les précipités en solution solide. Comme le fait de
porter après usinage les aciers austénitiques HNS et HIS une seconde fois à leur température
de recuit provoque une élimination des contraintes internes dans le matériau et donc
une diminution de sa dureté, on réservera de préférence mais non limitativement ce
traitement de recuit à des éléments d'habillage pour montres ou pour bijoux pour lesquels
la résistance à la corrosion et l'aptitude au polissage sont des propriétés plus importantes
que la dureté.
[0024] On comprendra que les diagrammes illustrés aux figures 1 à 3 sont des représentations
schématiques simplifiées. En effet, chaque composition d'acier austénitique HNS ou
HIS a un diagramme temps-température-transformation qui lui est propre et qui est
également fonction de la nature du précipité considéré.
[0025] La figure 1 est un diagramme temps (t) - température (T) - transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la première variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention. Soit
Tr1 la température d'austénitisation ou de recuit d'un acier austénitique de type HNS
ou HIS et soit
a la courbe qui, sur le diagramme temps-température-transformation de la figure 1,
délimite une aire qui correspond à des conditions de temps et de température qui permettent
la formation de précipités. On désigne par 1 la courbe de refroidissement rapide qui
permet de ramener l'acier austénitique HNS ou HIS depuis sa température de recuit
jusqu'à la température ambiante en évitant toute formation de précipités, et par 2
la courbe de refroidissement selon l'invention qui combine les paramètres temps et
température de façon telle qu'en abaissant la température de l'acier austénitique
HNS ou HIS suivant cette courbe 2, on permet l'apparition de précipités dans cet acier.
[0026] La figure 2 est un diagramme temps (t) - température (T) - transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la deuxième variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention. Soit
Tr2 la température d'austénitisation ou de recuit d'un acier austénitique de type HNS
ou HIS et soit
b la courbe qui, sur le diagramme temps-température-transformation de la figure 2,
délimite une aire qui correspond à des conditions de temps et de température qui permettent
la formation de précipités. On commence par refroidir rapidement l'acier austénitique
HNS ou HIS depuis sa température de recuit
Tr2 selon la courbe 4, puis on interrompt le refroidissement de l'acier austénitique
HNS ou HIS lorsque la température à atteint une valeur
Tp2 à laquelle peuvent apparaître des précipités, et on maintient cet acier à cette température
Tp2 pendant une durée telle qu'apparaissent des précipités (courbe 6). Finalement, on
ramène l'acier à température ambiante (courbe 8).
[0027] La figure 3 est un diagramme temps (t) - température (T) - transformation qui illustre
le traitement thermique d'un acier austénitique HNS ou HIS selon la troisième variante
de mise en oeuvre du procédé de l'invention. Soit
Tr3 la température d'austénitisation ou de recuit d'un acier austénitique de type HNS
ou HIS et soit
c la courbe qui, sur le diagramme temps-température-transformation de la figure 3,
délimite une aire qui correspond à des conditions de temps et de température qui permettent
la formation de précipités. L'acier dont il est question ici est un acier austénitique
HNS ou HIS qui a été refroidi suffisamment rapidement depuis sa température de recuit
Tr3 jusqu'à la température ambiante pour pouvoir éviter toute formation de précipités.
Conformément à la troisième variante de mise en oeuvre du procédé de l'invention,
un tel acier austénitique HNS ou HIS est chauffé selon la courbe 10 et maintenu à
une température et pendant une durée telles qu'apparaissent des précipités (courbe
12), puis est refroidi (courbe 14).
[0028] La quatrième variante de mise en oeuvre du procédé de l'invention ne diffère de la
troisième variante du même procédé qu'en ce que, après traitement de recuit suivi
d'une trempe et avant le traitement de précipitation, l'acier austénitique HNS ou
HIS est écroui, c'est-à-dire déformé à froid. Le traitement thermique selon l'invention
qui consiste à porter un acier austénitique à une température et pendant une durée
telles que des précipités se forment est donc appliqué, dans cette quatrième variante,
à un matériau préalablement durci par écrouissage.
[0029] Enfin, la cinquième et dernière variante de mise en oeuvre du procédé de l'invention
consiste à soumettre l'acier austénitique à un traitement de déformation à froid après
traitement thermique selon l'une des trois premières variantes de mise en oeuvre.
[0030] Différents essais ont été menés sur l'acier austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3.
[0031] La figure 4 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier HIS
X20CrMnMoN17-11-3 qui a été recuit à sa température d'austénitisation puis trempé.
On remarque à l'examen de cette figure que les joints de grains sont peu marqués,
ce qui dénote l'absence de précipités.
[0032] La figure 5 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 ayant subi un traitement thermique conforme à la troisième variante
de mise en oeuvre du procédé selon l'invention. Comme on peut le voir à l'examen de
la figure 5, les joints de grains sont marqués, ce qui dénote la présence en quantités
importantes de précipités le long de ces joints de grains. On voit même (zones entourées
d'un cercle sur la figure 5) que certains précipités, plus gros, ont crû à l'intérieur
des grains depuis les joints de grains. Une telle concentration en précipités a pu
être obtenue en portant, après refroidissement rapide depuis la température de recuit,
l'acier austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 à une température de 800°C pendant deux
heures.
[0033] Pour certaines applications, comme des composants d'un mouvement horloger, il n'est
pas envisageable de recuire les pièces (après traitement de précipitation) dans la
mesure où l'on souhaite préserver la dureté obtenue après déformation à froid. Des
échantillons d'acier austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 ont donc été soumis à un procédé
de traitement thermique conforme à la quatrième variante de mise en oeuvre de l'invention
et consistant, après traitement de recuit suivi d'une trempe et écrouissage, à porter
l'acier austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 à une température et pendant une durée
telles que des précipités se forment. On a observé qu'après déformation à froid, la
formation des précipités est beaucoup plus rapide. En effet, les dislocations et les
lacunes induites par la déformation à froid créent des chemins de diffusion favorables
à la germination et à la croissance des précipités.
[0034] La figure 6 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 qui se présente sous la forme d'un barreau dont le diamètre
extérieur est ramené de 3 mm à 2,5 mm par déformation à froid par tréfilage, soit
une réduction de diamètre de 16,6%. Conformément à la quatrième variante de mise en
oeuvre du procédé selon l'invention, cet échantillon a ensuite été porté à une température
de 800°C pendant deux heures suivant la courbe de température représentée à la figure
3. On voit que l'acier présente de nombreux précipités, aussi bien aux joints de grains
qu'à l'intérieur des grains.
[0035] La figure 7 est un graphe qui montre l'évolution de la dureté de l'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 de la figure 6 en fonction de la température à laquelle cet
acier est porté pour former les précipités. On observe que la dureté de l'acier austénitique
sans traitement de précipitation selon l'invention et après écrouissage à froid est
de 450 HV10 (symbole en forme de carré sur le graphe). Le même acier austénitique
est, après écrouissage à froid, traité thermiquement conformément à la quatrième variante
de mise en oeuvre du procédé selon l'invention. Des échantillons de cet acier sont
portés respectivement à des températures de 750°C, 800°C, 850°C, 900°C et 950°C pendant
une durée de deux heures, puis refroidis (symboles en forme de losange sur le graphe).
On observe que, pour les échantillons chauffés entre 700°C et 900°C, la dureté est
comprise entre environ 425 HV10 et 375 HV10. Autrement dit, la dureté de ces échantillons
d'acier austénitique traités thermiquement conformément à la quatrième variante de
l'invention varie peu par rapport à la dureté de l'acier austénitique écroui mais
n'ayant pas fait l'objet d'un traitement de précipitation. Par contre, l'usinabilité
des échantillons d'acier austénitique ayant subi un traitement thermique de précipitation
selon cette quatrième variante de l'invention est nettement améliorée. Seul l'échantillon
d'acier austénitique chauffé à 950°C pendant deux heures a une dureté sensiblement
inférieure à celle de l'acier austénitique sans traitement de précipitation (moins
de 350 HV10). Enfin, un échantillon d'acier austénitique HIS X20CrMnMoN17-11-3 ayant
subi uniquement un traitement de recuit suivi d'une trempe (symbole en forme de triangle
sur le graphe) a une dureté inférieure à 250 HV10.
[0036] La figure 8 est une vue d'une coupe métallographique d'un échantillon d'acier austénitique
HIS X20CrMnMoN17-11-3 qui se présente sous la forme d'un barreau dont le diamètre
extérieur est ramené de 3 mm à 2 mm par déformation à froid par tréfilage, soit une
réduction de diamètre plus importante encore de 33,3 %. Cet échantillon d'acier subit
le même traitement thermique qu'à la figure 6 en étant porté à une température de
800°C pendant deux heures conformément à la quatrième variante de mise en oeuvre de
l'invention. On voit que, comparé à la figure 6, le phénomène de précipitation est
encore plus prononcé puisque, outre les précipités qui se forment le long des joints
de grains et depuis les joints de grains vers l'intérieur des grains, on a une forte
concentration de précipités à l'intérieur-même des grains.
[0037] La figure 9 est un graphe qui montre l'évolution de la dureté de l'acier de la figure
8 en fonction de la durée et de la température à laquelle cet acier est porté après
écrouissage pour former les précipités. On observe que la dureté de l'acier austénitique
sans traitement de précipitation selon l'invention et après écrouissage à froid est
compris entre 550 HV10 et 560 HV10 (symbole en forme de carré sur le graphe). Cette
dureté est plus grande que celle à la figure 7 car le taux d'écrouissage est plus
élevé. Les symboles en forme de losange sur la figure 9 correspondent à des échantillons
d'acier austénitique portés à des températures respectives de 700°C, 750°C, 800°C
et 850°C pendant 45 minutes. Les symboles en forme de rond correspondent à des échantillons
d'acier austénitique portés à des températures respectives de 700°C, 750°C, 800°C
et 850°C pendant deux heures. Si l'on compare les graphes des figures 7 et 9, on observe
que plus le taux d'écrouissage est élevé, plus la formation de précipités est facilitée.
En effet, les tensions mécaniques au coeur de l'acier permettent de faire germer et
croître les précipités.
[0038] On observe que, pour une même température de traitement de précipitation, la dureté
des échantillons d'acier austénitique est plus faible lorsque la durée du traitement
de précipitation est plus longue. On observe également que, pour une même durée de
traitement de deux heures, la dureté de l'acier est d'autant plus faible que la température
de précipitation est élevée. Toutefois, ces graphes montrent qu'il est possible d'obtenir
des aciers avec de nombreux précipités et dont les duretés sont néanmoins proches
des duretés initiales.
[0039] Il va de soi que la présente invention n'est pas limitée au mode de réalisation qui
vient d'être décrit et que diverses modifications et variantes simples peuvent être
envisagées par l'homme du métier sans sortir du cadre de l'invention tel que défini
par les revendications annexées. Quelques exemples non limitatifs d'aciers HNS et
HIS auxquels le procédé de précipitation selon l'invention peut être appliqué sont:
XSCrMnN18-18, X8CrMnN19-19, X8CrMnMoN18-18-2, X13CrMnMoN18-14-3, X20CrMnMoN17-11-3
ou bien encore X5MnCrMoN23-21. Enfin, quelques exemples de précipités qui peuvent
se former durant le procédé de précipitation sont : M23C, MC, M6C ou bien encore M2N,
où M désigne un ou plusieurs des éléments métalliques de l'alliage pouvant se combiner
au carbone ou à l'azote pour former des carbures ou nitrures ou carbonitrures. L'invention
s'applique notamment aux bijoux et aux éléments d'habillage des pièces d'horlogerie.
[0040] On a compris, de ce qui précède, qu'il est avantageux d'usiner un élément, par exemple
de bijou ou bien d'une montre-bracelet, à l'aide d'un acier austénitique de type HNS
ou HIS renfermant des précipités. Il peut cependant être également avantageux, après
usinage, de faire disparaître ces précipités. En effet, si les précipités rendent
les opérations d'usinage plus aisées en favorisant la formation et l'enlèvement des
copeaux lors de l'usinage des pièces, il peut être intéressant d'éliminer ces copeaux
après usinage afin d'améliorer la ductilité et la résistance de ces pièces à la corrosion.
C'est pourquoi, la présente invention enseigne un procédé de traitement thermique
d'un acier austénitique HNS ou HIS renfermant des précipités, ce procédé comprenant
l'étape qui consiste, après usinage de pièces, notamment de bijouterie ou d'horlogerie,
réalisées au moyen d'un acier austénitique HNS ou HIS renfermant des précipités, à
remettre les précipités en solution en portant ces pièces en acier austénitique HNS
ou HIS à leur température d'austénitisation, puis en refroidissant ces pièces suffisamment
rapidement, typiquement par trempe, pour empêcher les précipités de se former à nouveau.
Par opérations d'usinage, on entend notamment mais non exclusivement les opérations
d'alésage, de fraisage, de perçage, de filetage, de taraudage et de découpage.
1. Procédé de traitement thermique d'un acier austénitique du type High Nitrogen Steel
ou acier austénitique HNS, ou bien d'un acier austénitique du type High Interstitial
Steel ou acier austénitique HIS, cet acier austénitique HNS ou HIS renfermant des
précipités du type nitrures, carbures ou carbonitrures de chrome et/ou de molybdène,
ce procédé comprenant l'étape qui consiste, après usinage de l'acier austénitique
HNS ou HIS renfermant les précipités, à remettre les précipités en solution en portant
l'acier austénitique HNS ou HIS à sa température d'austénitisation, puis en refroidissant
cet acier austénitique HNS ou HIS suffisamment rapidement pour éviter de reformer
des précipités.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, pour faire apparaître avant usinage des précipités du type nitrures, carbures ou
carbonitrures de chrome et/ou de molybdène dans l'acier austénitique HNS ou HIS, on
se munit d'un alliage d'acier austénitique HNS ou HIS que l'on porte à sa température
d'austénitisation ou que l'on fritte à la température d'austénitisation, puis, immédiatement
depuis la température d'austénitisation, on abaisse la température de l'alliage d'acier
austénitique HNS ou HIS de manière suffisamment lente pour qu'apparaissent les précipités
dans la structure de l'acier austénitique HNS ou HIS résultant, puis enfin on ramène
l'acier austénitique HNS ou HIS à température ambiante.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, pour faire apparaître avant usinage des précipités du type nitrures, carbures ou
bien encore carbonitrures de chrome et/ou de molybdène dans l'acier austénitique HNS
ou HIS, on se munit d'un alliage d'acier austénitique HNS ou HIS que l'on porte à
sa température d'austénitisation ou que l'on fritte à la température d'austénitisation,
puis on soumet cet alliage d'acier austénitique HNS ou HIS à un traitement thermique
de refroidissement immédiatement depuis la température d'austénitisation, et on interrompt
le refroidissement de l'acier austénitique HNS ou HIS résultant lorsque la température
à atteint une valeur à laquelle apparaissent les précipités, cet acier austénitique
HNS ou HIS étant maintenu à cette température et pendant une durée telle qu'apparaissent
les précipités, puis enfin on ramène l'acier austénitique HNS ou HIS à température
ambiante.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, pour faire apparaître avant usinage des précipités du type nitrures, carbures ou
bien encore carbonitrures de chrome et/ou de molybdène dans l'acier austénitique HNS
ou HIS, on soumet un alliage d'acier austénitique HNS ou HIS à un traitement thermique
d'austénitisation ou de frittage à la température d'austénitisation, puis on trempe
cet alliage d'acier austénitique HNS ou HIS et on le chauffe à nouveau jusqu'à une
température et pendant une durée telle qu'apparaissent des précipités du type nitrures,
carbures ou bien encore carbonitrures de chrome et/ou de molybdène.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que, après la trempe et avant d'amener l'acier austénitique HNS ou HIS à une température
et pendant une durée telles qu'apparaissent des précipités du type nitrures, carbures
ou bien encore carbonitrures de chrome et/ou de molybdène, on déforme à froid l'acier
austénitique HNS ou HIS.
6. Elément d'horlogerie ou de bijouterie obtenu à partir d'un acier austénitique HNS
ou HIS obtenu par mise en oeuvre du procédé de traitement thermique selon l'une quelconque
des revendications 1 à 5.