Domaine de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte au domaine de l'horlogerie. Elle concerne plus
particulièrement un mécanisme d'horlogerie capable de réaliser une opération mathématique.
Arrière-plan de l'invention
[0002] Certains évènements sont dépendants d'une conjonction d'au moins deux phénomènes
naturels ayant des périodes distinctes n'étant pas multiples l'une de l'autre. On
peut citer comme exemple les heures de levée et de coucher du soleil qui dépendent,
en un point donné, de l'heure et de la date, ou les heures et coefficients de marée
qui dépendent en plus de la position de la Lune. La représentation de tels évènements
en utilisant exclusivement des moyens mécaniques présente une certaine difficulté.
[0003] Une première solution mécanique pour représenter un évènement dépendant de deux fonctions
temporelles, consisterait à utiliser une came tridimensionnelle. La came tridimensionnelle
peut, par exemple, être mobile indépendamment selon les deux degrés de liberté d'un
pivot glissant. Le palpeur se déplace en référence à la surface de came, en rotation
autour de l'axe de pivot et en translation le long de l'axe, chacun des deux déplacements
étant régi de manière indépendante selon les deux fonctions temporelles. Cependant
ce type de solution est peu adapté à une intégration dans un mécanisme horloger en
raison du volume excessif occupé par la came tridimensionnelle.
[0004] La demande
WO 2016/029296 propose d'effectuer différentes opérations mathématiques, dont la multiplication,
sans détailler le mode de réalisation permettant d'atteindre cet objectif.
Résumé de l'invention
[0005] La présente invention a pour but de remédier aux inconvénients de l'art antérieur
en proposant un mécanisme multiplicateur qui soit plus facile à intégrer dans une
montre.
[0006] De façon plus précise, l'invention concerne un mécanisme d'horlogerie comportant
une bascule, mobile en rotation autour d'un axe de bascule, la position angulaire
de la bascule représentant une première valeur, une valeur nulle de la première valeur
correspondant à une direction de référence. Le mécanisme comporte également un coulisseau
monté mobile en translation sur la bascule selon une direction sensiblement perpendiculaire
à l'axe de bascule, le coulisseau comportant un élément de repère dont la trajectoire
en translation en référence à la bascule est sécante avec l'axe de bascule, la position
radiale de l'élément de repère par rapport à l'axe de bascule représentant une deuxième
valeur. Le mécanisme comporte encore un dispositif de sortie formé d'un parallélogramme
déformable dans un plan perpendiculaire à l'axe de bascule, le parallélogramme comportant
un premier côté, fixe en référence à l'axe de bascule et perpendiculaire à la direction
de référence, un deuxième côté opposé au premier côté et lié en translation à l'élément
de repère selon la direction perpendiculaire à la direction de référence.
[0007] Cet agencement permet de réaliser une opération de multiplication, la position angulaire
des troisième et quatrième côtés du parallélogramme, adjacents au premier côté, étant
sensiblement proportionnelle au produit des première et deuxième valeurs.
[0008] Selon un mode de réalisation avantageux de l'invention, les première et deuxième
valeurs sont des fonctions temporelles.
[0009] Selon un autre mode de réalisation avantageux de l'invention, la bascule est positionnée
angulairement par un premier mobile destiné à être relié cinématiquement à un mouvement
horloger.
[0010] Selon un autre mode de réalisation avantageux, le premier mobile est une première
came agencée pour coopérer avec un suiveur de came solidaire de la bascule et le mécanisme
comporte un moyen de rappel élastique maintenant le suiveur de came au contact de
la première came.
[0011] Selon un autre mode de réalisation avantageux, le coulisseau comporte une crémaillère
s'étendant dans la direction de translation et le mécanisme comporte un pignon coaxial
à l'axe de bascule et en prise avec la crémaillère, le pignon engrenant en outre avec
un deuxième mobile destiné à être relié cinématiquement à un mouvement horloger.
[0012] Selon un autre mode de réalisation avantageux, le deuxième mobile est une bascule
positionnée angulairement par une deuxième came destinée à être reliée cinématiquement
à un mouvement horloger.
[0013] Selon un autre mode de réalisation avantageux, l'élément de repère est une goupille
au moins partiellement logée dans une ouverture oblongue que comporte le deuxième
côté du parallélogramme déformable, l'ouverture oblongue s'étendant dans la direction
de référence.
[0014] Selon un autre mode de réalisation avantageux, le rayon du pignon est de préférence
inférieur à dix fois la longueur de l'ouverture oblongue, idéalement inférieur à vingt
fois.
[0015] Selon un autre mode de réalisation avantageux, la position angulaire de la bascule
est comprise dans un intervalle [-π/4, +π/4], de préférence dans un intervalle [-π/8,
+π/8].
Description sommaire des dessins
[0016] D'autres détails de l'invention apparaîtront plus clairement à la lecture de la description
qui suit, faite en référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 représente une vue du mécanisme multiplicateur, la deuxième valeur d'entrée
étant à zéro,
- la figure 2 représente un schéma cinématique du mécanisme, et
- les figures 3 à 6 représentent le mécanisme dans différentes positions.
Description détaillée d'un mode de réalisation préféré
[0017] La figure 1 représente un mécanisme multiplicateur selon l'invention, destiné à être
intégré dans un mouvement ou à être ajouté de façon modulaire à un mouvement. Ce mécanisme
d'horlogerie comporte deux mobiles d'entrée et un mobile de sortie, la position du
mobile de sortie représentant une valeur proportionnelle au produit des valeurs représentées
par les positions des deux mobiles d'entrée. Pour réaliser la fonction multiplicatrice,
le mécanisme comporte une bascule 1, mobile en rotation autour d'un axe de bascule
X, l'axe de bascule X étant perpendiculaire au mouvement. La bascule 1 est positionnée
angulairement par un premier mobile destiné à être relié cinématiquement à un mouvement
horloger. Dans le mode de réalisation présenté, le premier mobile est une première
came 3 destinée à être entrainée en rotation par le mouvement horloger. Le mécanisme
comporte un moyen de rappel non représenté, agencé pour maintenir un palpeur 2, solidaire
de la bascule 1, au contact de la première came 3. La position angulaire de la bascule
1 autour de son axe de bascule X correspond à une première valeur pouvant être positive
ou négative. Une valeur nulle de la première valeur correspond à une direction de
référence pour la bascule 1. Alternativement, le premier mobile pourrait être un pignon
engrenant avec un secteur denté solidaire de la bascule 1 et centré sur l'axe de bascule
X.
[0018] Un coulisseau 4 est monté coulissant sur la bascule 1 dans un plan sensiblement perpendiculaire
à l'axe de bascule X. Le coulisseau 4 est mobile en translation en référence à la
bascule 1 et suit la bascule 1 dans ses mouvements de rotation autour de l'axe X.
Un élément de repère, solidaire du coulisseau 4, est disposé de manière à ce que sa
trajectoire en translation en référence à la bascule 1, soit sécante avec l'axe de
bascule X. Dans le mode de réalisation présenté, l'élément de repère prend la forme
d'une goupille 5. Sur la figure 1, la goupille 5 est représentée dans une position
particulière, colinéaire avec l'axe de bascule X. La position angulaire de la bascule
1 est celle de l'axe de glissière du coulisseau 4.
[0019] Un pignon 6, monté pivotant sur l'axe de bascule X, est en prise avec une crémaillère
7 que comporte le coulisseau 4. Le pignon 6 étant coaxial avec la bascule 1, il reste
en prise avec la crémaillère 7 quelle que soit la position angulaire de la bascule
1. On peut remarquer que la distance de l'élément de repère à la crémaillère 7 est
égale au rayon du pignon 6. Le pignon 6 engrène en outre avec un deuxième mobile destiné
à être relié cinématiquement à un mouvement horloger.
[0020] Dans le mode de réalisation présenté, le deuxième mobile est un bras oscillant 8
comportant un secteur denté 9 en prise avec le pignon 6. Le bras oscillant 8 est positionné
angulairement par une deuxième came 10 destinée à être reliée à un mouvement d'horlogerie.
La position de la deuxième came 10 détermine celle du bras oscillant 8, celle du pignon
6 et par conséquent la position radiale du coulisseau 4 et donc de l'élément de repère
constitué par la goupille 5, en référence à l'axe de bascule X. La position radiale
de la goupille 5 par rapport à l'axe de bascule X correspond à une deuxième valeur
pouvant être positive ou négative. Dans la position représentée à la figure 1, la
goupille 5 est colinéaire avec l'axe de bascule X ce qui correspond à une valeur nulle
de la deuxième valeur.
[0021] Le mécanisme multiplicateur comporte également un dispositif de sortie formé d'un
parallélogramme déformable situé dans un plan perpendiculaire à l'axe de bascule X.
Le parallélogramme déformable comporte un premier côté AB, fixe en référence à l'axe
de bascule X et perpendiculaire à la direction de référence, un deuxième côté CD,
opposé au premier côté AB et lié en translation à la goupille 5 selon la direction
perpendiculaire à la direction de référence. A cette fin, le deuxième côté comporte
une ouverture oblongue 11 s'étendant dans la direction de référence, c'est-à-dire
perpendiculairement aux premier AB et deuxième CD côtés du parallélogramme. La goupille
5 est au moins partiellement logée dans l'ouverture oblongue 11 dont la largeur est
sensiblement égale au diamètre de la goupille 5.
[0022] La figure 2 représente un schéma cinématique du mécanisme de l'invention. La bascule
1 est représentée avec une inclinaison d'un angle a entre la direction de la liaison
glissière du coulisseau 4 et la direction référence qui est ici la direction verticale.
L'angle a est proportionnel à la première valeur. La goupille 5 est située à une distance
radiale r de l'axe de bascule X, représentant la deuxième valeur. Le déplacement latéral
d de la goupille 5 selon la direction horizontale perpendiculaire à la direction de
référence est donné par la formule :

[0023] La goupille 5 étant lié cinématiquement en translation selon la direction horizontale
avec le deuxième coté CD, les points C et D se déplacent également d'une valeur d
selon la direction perpendiculaire à la direction angulaire de référence. Si R est
la longueur des côtés adjacents AC et BD du parallélogramme, la position angulaire
b des cotés adjacents par rapport à la direction de référence découle de la formule
:

[0024] Quelle que soit l'étendue des premières valeurs représentées par la position angulaire
de la bascule, l'angle a peut être choisi proportionnel à la première valeur de manière
à rester dans un intervalle [-π/4, +π/4], de préférence dans un intervalle [-π/8,
+π/8], dans lequel le sinus de l'angle a peut être approximé par la valeur de l'angle
a. De la même manière il est possible de construire le mécanisme de manière à ce que
l'angle b reste plus fermé que l'angle a, c'est-à-dire que la distance r ne dépasse
pas la longueur R des côtés adjacents du parallélogramme. En remplaçant les sinus
par leurs angles respectifs, on obtient :

[0025] Autrement dit, la position angulaire des cotés adjacents donnée par l'angle b, est
proportionnelle au produit a.r des première et deuxième valeurs.
[0026] La valeur de sortie déterminée par la position angulaire des troisième AC et quatrième
BD côtés du parallélogramme, adjacents au premier côté AB, peut être recueillie directement
à l'aide d'une aiguille d'affichage solidaire d'un des côtés latéraux du parallélogramme
déformable ou indirectement par le biais d'un secteur denté 12 entrainant un pignon
ou une crémaillère. La sortie du mécanisme multiplicateur peut également être reliée
cinématiquement à l'entrée d'un autre mécanisme multiplicateur afin de réaliser la
multiplication d'un nombre de valeurs supérieur à deux. Il est également possible
de réaliser des opérations de puissance en multipliant une valeur par elle-même à
plusieurs reprises.
[0027] Les figures 3 à 4 représentent le mécanisme en différentes positions selon la variation
de la deuxième valeur ce qui entraine le déplacement du coulisseau 4. Les figures
5 et 6 représentent le mécanisme dans lequel la bascule 1 pivote en fonction de la
variation de la première valeur.
[0028] Dans le mode de réalisation proposé, on a vu que le déplacement radial du coulisseau
4 était obtenu par la rotation du pignon 6 engrenant avec la crémaillère 7. Lorsque
la première valeur varie en provoquant une rotation de la bascule 1 autour de l'axe
de bascule X, la crémaillère 7 roule sur le pignon 6 en provoquant un déplacement
parasite du coulisseau 4 par rapport à la bascule 1 ce qui va modifier la position
radiale de la goupille 5 représentant la deuxième valeur. Pour limiter cet effet,
le rayon du pignon 6 sera choisi aussi petit que possible, de préférence inférieur
à dix fois la longueur de l'ouverture oblongue représentant la course maximum du coulisseau,
idéalement il sera choisi inférieur à vingt fois cette longueur. Même en réduisant
le rayon du pignon 6, le phénomène reste sensible lorsque la deuxième valeur est proche
de zéro comme c'est le cas à la figure 1. C'est pourquoi, si l'une des deux valeurs
à multiplier varie sans devenir nulle, elle sera, de préférence, affectée comme deuxième
valeur régissant le déplacement radial du coulisseau 4 par rapport à la bascule 1.
Ainsi l'influence de la position de la bascule 1 sur la position du coulisseau 4 sera
réduite.
[0029] Le mécanisme proposé par l'invention permet donc de réaliser une opération de multiplication
entre deux valeurs d'entrée indépendantes. La disposition essentiellement plane du
mécanisme permet de l'intégrer aisément dans un mouvement ou de l'adjoindre dans un
module indépendant.
[0030] Les valeurs d'entrée peuvent être des fonctions temporelles périodiques ayant des
périodes très différentes comme par exemple, la déclinaison de la terre, l'heure du
jour, le mois lunaire, etc. Les opérations de multiplication de ces données rendues
possible par le mécanisme de l'invention permettent d'obtenir mécaniquement une représentation
ou une indication de différents phénomènes naturelles comme l'affichage du terminateur,
le calcul des heures de lever et de coucher du soleil et de la lune, le calcul des
horaires et des coefficients de marée.
1. Mécanisme d'horlogerie
caractérisé en ce qu'il comporte :
- une bascule (1) mobile en rotation autour d'un axe de bascule (X), la position angulaire
de la bascule (1) représentant une première valeur, une valeur nulle de la première
valeur correspondant à une direction de référence,
- un coulisseau (4) monté mobile en translation sur la bascule (1) selon une direction
sensiblement perpendiculaire à l'axe de bascule (1) et comportant un élément de repère
dont la trajectoire en translation en référence à la bascule (1) est sécante avec
l'axe de bascule (X), la position radiale de l'élément de repère par rapport à l'axe
de bascule (X) représentant une deuxième valeur,
- un dispositif de sortie formé d'un parallélogramme déformable dans un plan perpendiculaire
à l'axe de bascule (X), le parallélogramme comportant un premier côté (AB) fixe en
référence à l'axe de bascule (X) et perpendiculaire à la direction de référence, un
deuxième côté (CD) opposé au premier côté (AB) et lié en translation à l'élément de
repère selon la direction perpendiculaire à la direction de référence,
et
en ce que la position angulaire des troisième (AC) et quatrième (BD) côtés du parallélogramme,
adjacents au premier côté (AB), est sensiblement proportionnelle au produit des première
et deuxième valeurs.
2. Mécanisme d'horlogerie selon la revendication 1, caractérisée en ce que les première et deuxième valeurs sont des fonctions temporelles.
3. Mécanisme d'horlogerie selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que la bascule (1) est positionnée angulairement par un premier mobile destiné à être
relié cinématiquement à un mouvement horloger.
4. Mécanisme d'horlogerie selon la revendication précédente caractérisé en ce que le premier mobile est une première came (3) agencée pour coopérer avec un suiveur
de came (2) solidaire de la bascule (1) et en ce que le mécanisme comporte un moyen de rappel élastique maintenant le suiveur de came
(2) au contact de la première came (3).
5. Mécanisme d'horlogerie selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que le coulisseau (4) comporte une crémaillère (7) s'étendant dans la direction de translation
et en ce que le mécanisme comporte un pignon (6) coaxial à l'axe de bascule (1) et en prise avec
la crémaillère (7), le pignon (6) engrenant en outre avec un deuxième mobile destiné
à être relié cinématiquement à un mouvement horloger.
6. Mécanisme d'horlogerie selon la revendication précédente caractérisé en ce que le deuxième mobile est une bascule (8) positionnée angulairement par une deuxième
came (10) destinée à être reliée cinématiquement à un mouvement horloger.
7. Mécanisme d'horlogerie selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que l'élément de repère est une goupille (5) au moins partiellement logée dans une ouverture
oblongue (11) que comporte le deuxième côté (CD) du parallélogramme déformable, l'ouverture
oblongue (11) s'étendant dans la direction de référence.
8. Mécanisme d'horlogerie selon les revendications 4 ou 5 et la revendication 7 caractérisé en ce que le rayon du pignon (6) est de préférence inférieur à dix fois la longueur de l'ouverture
oblongue (11), idéalement inférieur à vingt fois.
9. Mécanisme d'horlogerie selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la position angulaire de la bascule (1) est comprise dans un intervalle [-π/4, +π/4],
de préférence dans un intervalle [-π/8, +π/8].