[0001] L'invention s'inscrit dans le domaine du diagnostic des défaillances de composants
de véhicule automobile au cours de la vie du véhicule automobile concerné.
[0002] Il est connu d'utiliser des algorithmes embarqués de diagnostic qui détectent les
défaillances des composants. Ces algorithmes sont exécutés avec une périodicité donnée,
ou à la suite de la survenue d'un événement particulier, signalé par un calculateur
ou un opérateur.
[0003] Les méthodes de diagnostic des défaillances concernées par l'invention sont des méthodes
actives, qui sollicitent le composant avec un stress, de type électrique, mécanique
ou chimique. Elles concourent en conséquence à la dégradation du composant à surveiller.
[0004] On connait ainsi du document
FR2949865 une méthode de diagnostic de calculateurs mécatroniques recherchant les défaillances
de ceux-ci.
[0005] On cherche à minimiser la dégradation du composant à surveiller, tout en assurant
une fiabilité optimale dans le processus de diagnostic.
[0006] Pour cela, il est proposé un procédé de surveillance d'un composant embarqué de véhicule
automobile. Ce procédé est remarquable car il comprend une détermination d'une échéance
pour un diagnostic à effectuer sur le composant à l'aide d'une valeur représentative
d'une ampleur d'une utilisation du composant qui a été faite jusqu'à l'instant de
la détermination, en prenant en compte un risque de défaillance maximal désiré par
unité de temps, la détermination étant fondée sur une distribution statistique des
occurrences dans la vie du composant de défaillances relatives à au moins une cause
de défaillance du composant et éventuellement sur une répartition de plusieurs causes
de défaillance du composant, puis une surveillance de la survenue de l'échéance, et
enfin lors de la survenue de l'échéance, la mise en oeuvre d'une sollicitation du
composant pour détecter une éventuelle défaillance.
[0007] Les caractéristiques suivantes sont optionnelles et avantageuses :
- l'échéance est exprimée en kilomètres parcourus par le véhicule, en unités de temps,
ou en nombre d'activations du composant ;
- la détermination de l'échéance est un calcul mené en modélisant un état courant du
composant en l'un d'au moins deux états comprenant un état sans défaillance non diagnostiquée,
et un état avec défaillance non diagnostiquée ;
- l'échéance est calculée en extrayant une fréquence à laquelle effectuer un diagnostic
d'un tableau de correspondance entre fréquences à laquelle effectuer un diagnostic
et risque de défaillance maximal désiré par unité de temps ;
- alternativement la détermination est une extraction d'une table préenregistrée, présentant
des échéances successives (ou la fréquence de diagnostic équivalente), en fonction
du risque de défaillance maximal désiré par unité de temps ;
- le stress est un stress chimique, électrique ou mécanique ;
- la défaillance est fonctionnelle ou électrique.
[0008] Il est aussi proposé un dispositif de surveillance d'un composant embarqué de véhicule
automobile. Ce dispositif est remarquable car il comprend un moyen de détermination
d'une échéance pour un diagnostic à effectuer sur le composant à l'aide d'une valeur
représentative d'une ampleur d'une utilisation du composant qui a été faite jusqu'à
l'instant de la détermination, en prenant en compte un risque de défaillance maximal
désiré par unité de temps, la détermination étant fondée sur une distribution statistique
des occurrences dans la vie du composant de défaillances relatives à au moins une
cause de défaillance du composant et éventuellement sur une répartition de plusieurs
causes de défaillance du composant, un moyen de surveillance de la survenue de l'échéance,
et un moyen de mise en oeuvre lors de la survenue de l'échéance, de la sollicitation
du composant pour détecter une éventuelle défaillance.
[0009] L'invention sera mieux comprise, et d'autres buts, caractéristiques, détails et avantages
de celle-ci apparaîtront plus clairement dans la description explicative qui va suivre
faite en référence au dessin annexé donné uniquement à titre d'exemple illustrant
un mode de réalisation de l'invention,
- La figure 1 étant une vue d'un mode de réalisation de l'invention ;
- la figure 2 est la représentation d'un modèle utilisé pour l'invention.
[0010] Le véhicule automobile concerné par l'invention est équipé d'un calculateur 201,
chargé de surveiller un composant du véhicule. Le composant peut être un composant
électronique, un composant mécanique, ou encore un composant électromécanique.
[0011] Les données suivantes sont enregistrées dans le calculateur 201 :
- Une table 101 de taux de défaillance du composant en fonction d'éléments de métrique
comme le temps, le kilométrage du véhicule, ou encore le nombre d'activations du composant
; la table peut contenir, pour chaque valeur de la métrique utilisée, un ou plusieurs
taux de défaillance, si l'on considère plusieurs causes de défaillance distinctes
;
- Une valeur du risque d'exposition 102, enregistrée en mémoire ;
- Un algorithme 103 de calcul de l'échéance (la date, le kilométrage du véhicule, un
nombre d'utilisation du composant surveillé) du prochain diagnostic.
[0012] Le logiciel du calculateur 201 du véhicule comporte :
- un algorithme de surveillance 203 dédié notamment à la surveillance du composant 401,
- un compteur 204 par exemple temporel ou kilométrique, ou encore un compteur 204 comptant
le nombre d'utilisation du composant surveillé, qui compte le temps qui s'écoule ou
le nombre de kilomètres parcourus par le véhicule, ou encore le nombre d'activations
du composant ;
- un indicateur 301 de déclenchement de l'algorithme de surveillance 203 ;
- un comparateur 205 de date, de kilométrage ou encore de nombre d'activations du composant,
pour comparer l'échéance déterminée par l'algorithme 103 et la valeur courante déterminée
par le compteur 204.
[0013] À partir d'un retour d'expérience fondé soit sur des essais, soit sur les statistiques
issues d'une flotte de véhicule en circulation, les données suivantes sont recueillies,
pour chaque composant, de technologie (ou modèle) donné :
- causes de défaillance du composant ;
- ancienneté (l'ancienneté étant évaluée en temps depuis la fabrication ou la mise en
service, kilométrage parcouru, ou nombre d'utilisations du composant) à la défaillance
du composant pour une cause donnée.
[0014] Une analyse statistique par exemple de type analyse Weibull est réalisée afin de
connaitre la distribution statistique des instants de défaillance relatifs à chaque
cause (c
i) de défaillance du composant.
[0015] À chaque cause de défaillance c
i, un taux de défaillance spécifique est ainsi calculé

est la densité de la loi des instants en fonction de l'échéance de défaillance causée
par le défaut ci.
[0016] R(
t)
est la probabilité de ne manifester aucune défaillance entre les instants 0
et t
[0017] Le choix de la distribution de Weibull est avantageux du fait de sa capacité à modéliser
aussi bien les défaillances dites de jeunesse, les défaillances aléatoires et les
défaillances dites de vieillesse en fonction de ses trois paramètres (paramètre de
forme, paramètre d'échelle et paramètre de position).
[0018] La connaissance de la distribution statistique des instants de défaillance et de
la proportion p
i des causes de défaillance c
i permet de calculer un taux de défaillance général en fonction du temps suivant la
formule

[0019] Cette correspondance taux de défaillance - métrique (temps, kilométrage, nombre d'activations,...)
est enregistrée dans la mémoire du calculateur.
[0020] L'instant de la prochaine inspection est calculée grâce à une modélisation à deux
états comme montré en figure 2.
[0021] Un premier état est l'état 0, correspondant à une situation sans défaillance non
diagnostiquée du composant ;
Un deuxième état est l'état 1, correspondant à une défaillance du composant non diagnostiquée.
[0022] Le taux de transition de l'état 0 à l'état 1 (T
01) au temps t dépend du taux de défaillance à l'instant t.
[0023] Le taux de transition de l'état 1 à l'état 0 (T
10) dépend de la fréquence f du diagnostic.
[0024] On détermine à chaque instant t, la fréquence de diagnostic f qui permet d'avoir
un taux de séjour dans l'état 1 P
11(t+dt) égal au risque désiré sur l'intervalle de temps dt.
[0025] L'évolution du taux de séjour dans l'état P
11(t) est :

et celle du taux de séjour dans l'état 0 est :

[0026] Le système est donc représenté par un système d'équations différentielles d'ordre
1.
[0027] Pour chaque instant t on détermine les conditions initiales suivantes :
P00 (t,f)= P00 (t) : probabilité de ne pas avoir défaillance du composant non diagnostiquée à l'instant
t ;
P11 (t,f) = P11 (t) = 1- P00 (t) = probabilité d'avoir une défaillance non diagnostiquée à l'instant t.
[0028] Sur un intervalle d'utilisation du composant de véhicule, exprimé en temps, en kilométrage
du véhicule ou en nombre d'activations du composant, noté par simplification dt et
dont on suppose qu'il est assez court, on peut considérer que le taux de défaillance
instantanée est constant P
00 (t) = P
00 (t+dt).
[0029] À chaque instant t, il est donc possible de déterminer la fréquence de diagnostic
qui permet d'être dans l'état 1 avec la probabilité P
11 (f) égale au risque désiré en résolvant pour f

[0030] L'échéance (date, kilométrage ou nombre d'activations du composant) du prochain diagnostic
est égale au décompte actuel, établi par exemple par le compteur 204, auquel on ajoute
le résultat d'une fonction conversion f, qui permet de passer d'une fréquence f à
un intervalle de temps, kilométrage ou nombre d'activations.
[0031] Par exemple si f est égal à 0,01 diagnostic par heure, alors on utilise la fonction
1/f pour calculer la période adéquate ce qui donne une date du prochain diagnostic
égale à date actuelle à laquelle on additionne 100 heures.
[0032] Le processus de surveillance comprend les étapes suivantes :
Étape 1 : Initialiser l'indicateur 301 de déclenchement du diagnostic à FAUX ;
Étape 2 : Calculer l'échéance du prochain diagnostic, à l'aide de l'algorithme 103,
sous la forme par exemple d'une date ou d'un kilométrage ;
[0033] Parallèlement et en permanence, le compteur 204 est incrémenté en fonction soit du
temps écoulé, soit des kilomètres parcourus, soit des occurrences de l'utilisation
du composant 401.
[0034] Dès qu'une échéance est calculée, le comparateur 205 compare régulièrement l'échéance
avec la valeur courante du compteur 204.
[0035] Étape 3 : Si le comparateur 205 détecte que l'échéance du prochain diagnostic est
révolue alors l'indicateur de déclenchement du diagnostic 301 passe à la valeur VRAI
;
Étape 4 : Si l'indicateur de déclenchement du diagnostic 301 passe à la valeur VRAI
alors l'algorithme de surveillance 203 est déclenché et déroulé ;
Étape 5 : Une fois que l'algorithme de surveillance 203 est déroulé et terminé, l'indicateur
de déclenchement du diagnostic 301 repasse à FAUX ;
Étape 6 : le processus revient à l'étape 2.
[0036] Inversement, si le comparateur 205 détecte que l'échéance du prochain diagnostic
n'est pas atteinte alors l'indicateur de déclenchement du diagnostic 301 reste à FAUX,
et le comptage est poursuivi à l'aide du compteur 204.
[0037] Par rapport à un diagnostic sur le composant impliquant une sollicitation de celui-ci
à période fixe, l'invention est une avancée car elle réduit le nombre de sollicitations
du composant diagnostiqué et des composants qui participent au diagnostic lorsqu'il
y a peu de risque d'avoir une défaillance et son impact sur le vieillissement de ces
composants est donc faible.
[0038] Lorsque composant vieillit, la fréquence des sollicitations est au plus égale à celle
constatée avec un diagnostic à périodicité fixe dont la période aurait été définie
pour couvrir le risque accepté d'être exposé à une défaillance sur la durée entre
deux diagnostics.
[0039] Une variante consiste à calculer au préalable sur un moyen de traitement une table
des échéances successives de diagnostic et de charger dans la mémoire d'un calculateur
cette table des échéances successives.
[0040] Un compteur est alors utilisé pour déclencher le diagnostic dès que, les unes après
les autres, les échéances arrivent.
[0041] L'avantage de cette variante est de décharger le calculateur du véhicule du calcul
de l'échéance de diagnostic.
1. Procédé de surveillance d'un composant embarqué (401) de véhicule automobile, caractérisé en ce qu'il comprend une détermination d'une échéance (103) pour un diagnostic à effectuer
sur le composant à l'aide d'une valeur représentative d'une ampleur d'une utilisation
du composant qui a été faite jusqu'à l'instant de la détermination, en prenant en
compte un risque de défaillance maximal désiré par unité de temps (102), la détermination
étant fondée sur une distribution statistique (101) des occurrences dans la vie du
composant de défaillances relatives à au moins une cause de défaillance du composant
et éventuellement sur une répartition (101) de plusieurs causes de défaillance du
composant, puis une surveillance (205) de la survenue de l'échéance, et enfin lors
de la survenue de l'échéance, la mise en oeuvre d'une sollicitation (203) du composant
pour détecter une éventuelle défaillance.
2. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'échéance est exprimée en kilomètres parcourus par le véhicule, en unités de temps,
ou en nombre d'activations du composant.
3. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon la revendication 1 ou la revendication
2, caractérisé en ce que la détermination de l'échéance est un calcul mené en modélisant un état courant du
composant en l'un d'au moins deux états comprenant un état sans défaillance non diagnostiquée,
et un état avec défaillance non diagnostiquée.
4. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'échéance est calculée en extrayant une fréquence à laquelle effectuer un diagnostic
d'un tableau de correspondance entre fréquences à laquelle effectuer un diagnostic
et risque de défaillance maximal désiré par unité de temps.
5. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon la revendication 1 ou la revendication
2, caractérisé en ce que la détermination est une extraction d'une table préenregistrée.
6. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon l'une des revendications 1 à
5, caractérisé en ce que le stress est un stress chimique, électrique ou mécanique.
7. Procédé de surveillance d'un composant embarqué selon l'une des revendications 1 à
6, caractérisé en ce que la défaillance est fonctionnelle ou électrique.
8. Dispositif de surveillance (201) d'un composant embarqué (401) de véhicule automobile,
caractérisé en ce qu'il comprend un moyen de détermination d'une échéance (103) pour un diagnostic à effectuer
sur le composant à l'aide d'une valeur représentative d'une ampleur d'une utilisation
du composant qui a été faite jusqu'à l'instant de la détermination, en prenant en
compte un risque de défaillance maximal désiré par unité de temps (102), la détermination
étant fondée sur une distribution statistique (101) des occurrences dans la vie du
composant de défaillances relatives à au moins une cause de défaillance du composant
et éventuellement sur une répartition (101) de plusieurs causes de défaillance du
composant, un moyen de surveillance (205) de la survenue de l'échéance, et un moyen
de mise en oeuvre lors de la survenue de l'échéance, de la sollicitation (203) du
composant pour détecter une éventuelle défaillance.