DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention concerne un procédé pour insérer des motifs guillochés contenant
des données codées et un dispositif d'insertion desdits motifs guillochés. Elle concerne,
de plus, un procédé pour extraire et authentifier des motifs guillochés contenant
des données codées. Elle concerne également un dispositif d'authentification ainsi
qu'un document sécurisé ayant besoin d'être authentifié tel qu'une carte d'identité,
un permis de conduire, un acte notarié, etc. L'invention trouve des applications dans
le domaine de la sécurisation de documents et, en particulier, de l'authentification
de documents sécurisés même lorsque ceux-ci sont endommagés.
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0002] De façon connue, les documents de sécurité, comme par exemple les documents d'identité,
comprennent généralement une photographie d'identité de son détenteur ainsi que des
données alphanumériques telles que, par exemple, le nom du détenteur, sa date de naissance,
sa taille, son adresse, le numéro du document, la date de délivrance du document et/ou
l'identité de l'autorité ayant délivré le document.
[0003] Pour sécuriser ces documents d'identité, il est connu d'associer la photographie
d'identité à des guilloches. Ces guilloches forment un réseau de lignes ondulées,
superposées à la photographie et visibles à l'oeil nu. Les guilloches sont destinées
à rendre discernable, lors d'un contrôle d'identité, toute modification frauduleuse
de la photographie. Elles permettent notamment de se prémunir contre des modifications
de teinte de la photographie, par exemple lors de l'ajout d'une barbe ou de cheveux.
Ainsi, les guilloches permettent généralement la mise en oeuvre des contrôles de sécurité
de niveau 1 (contrôle visuel à l'oeil nu) et/ou de niveau 2 (contrôle visuel avec
un simple appareillage optique tel qu'une loupe ou une lampe ultraviolet).
[0004] Par ailleurs, il est connu également de mettre en oeuvre des moyens de protection
des données alphanumériques mentionnées sur les documents d'identité afin de se prémunir
contre des altérations de ces données comme, par exemple, des modifications de ces
mentions alphanumériques.
[0005] La protection des données alphanumériques peut être obtenue par des techniques de
tatouage numérique (ou watermarking, en termes anglo-saxons) destinées à intégrer
des éléments invisibles à l'oeil nu dans une photographie d'identité, ces éléments
codant des informations prédéfinies. Le tatouage numérique fournit une sécurité de
niveau 3 (vérification automatique des données encodées) lors d'un contrôle de sécurité.
Ainsi, au moyen d'un appareil de traitement et d'analyse numérique, la photographie
d'identité est analysée et les données qui y sont tatouées sont extraites. Une vérification
de la cohérence de ces données est ensuite effectuée.
[0006] Toutefois, le tatouage numérique présente un certain nombre d'inconvénients. En effet,
puisqu'il n'est pas visible à l'oeil nu, le tatouage numérique ne permet pas de mettre
en oeuvre une sécurité de niveau 1 ou 2. La vérification des documents sécurisés tatoués
nécessite donc un personnel formé, équipé de moyens d'analyse importants, ce qui limite
les contrôles de sécurité notamment les contrôles itinérants. En outre, les tatouages
numériques peuvent s'avérer sensibles aux dégradations du document d'identité, dégradations
qui peuvent être induites, pendant la durée de validité du document, par l'usure naturelle,
l'exposition aux rayons UV, le manque de soins de la part du détenteur, etc. L'analyse
des tatouages numériques dégradés peut alors aboutir à une lecture erronée des tatouages,
ou bien à une impossibilité de lecture lors du contrôle.
[0007] Une autre technique connue permet également de sécuriser les données alphanumériques
mentionnées sur les documents d'identité. Cette technique propose d'insérer, sur la
photographie d'identité, des guilloches variables encodant tout ou partie des données
alphanumériques. Des exemples de procédés de sécurisation de documents utilisant de
telles guilloches variables sont décrits notamment dans les demandes de brevet
EP 2 325 022 A1 et
US 2010/0260372 déposées au nom de la demanderesse.
[0008] Ces guilloches doivent permettre la mise en oeuvre à la fois d'une sécurité de niveau
1 et d'une sécurité de niveau 3. Pour mettre en oeuvre une sécurité de niveau 1, les
guilloches ne doivent pas perturber la perception visuelle du contenu sous-jacent
du document, en particulier de la photographie, et ne pas empêcher une bonne lisibilité
des traits caractéristiques du détenteur du document sécurisé.
[0009] Par ailleurs, et de façon antinomique, les guilloches doivent être suffisamment marquées
pour pouvoir être extraites automatiquement au moyen d'un dispositif d'authentification
et ainsi répondre à un niveau de sécurité 3. En effet, la mise en oeuvre d'une sécurité
de niveau 3 nécessite, préalablement à toute extraction des guilloches, une phase
d'impression de la photographie sur le document puis une phase de numérisation par
scanner de l'image formée de la photographie et des guilloches superposées. Or, ces
phases d'impression et de numérisation (appelées « print-scan » en termes anglo-saxons)
génèrent une double dégradation de la qualité de l'image, le degré de dégradation
dépendant notamment de la qualité du système d'impression et de numérisation. Un exemple
d'une image originale et de ses images dégradées est représenté sur la figure 1. En
particulier, l'image (a) de la figure 1 représente un exemple d'image numérique originale,
comportant une photographie du détenteur du document sécurisé sur laquelle sont superposées
des guilloches. Les images (b), (c) et (d) représentent l'image (a) dégradée par un
système d'impression et de numérisation, respectivement, de haute qualité, de moyenne
qualité et de basse qualité. Outre la double dégradation d'impression et numérisation,
les documents sécurisés ont tendance à subir des dégradations supplémentaires au cours
de leur durée de validité, comme l'usure naturelle, les effets des rayons UV, les
agressions physiques, etc. Aussi, pour que l'extraction automatique des guilloches,
en niveau de sécurité 3, ne soit pas entravée par les dégradations subies par le document
de sécurité, il est important que ces guilloches soient insérées de façon suffisamment
marquée dans le document.
[0010] En outre, pour mettre en oeuvre une sécurité de niveau 3, les guilloches apposées
sur la photographie doivent pouvoir être extraites automatiquement au moyen d'un dispositif
d'authentification afin de pouvoir être vérifiées et/ou authentifiées. Une vérification/authentification
de niveau 3 d'un document sécurisé par des guilloches nécessite, préalablement à toute
extraction des guilloches, une phase d'impression de la photographie sur le document
puis une phase de numérisation par scanner de l'image formée de la photographie et
des guilloches superposées. Or, ces phases d'impression et de numérisation (appelée
« print-scan » en termes anglo-saxons) génère une double dégradation de la qualité
de l'image, le degré de dégradation dépendant notamment de la qualité du système d'impression
et de numérisation. Un exemple d'une image originale et de ses images dégradées est
représenté sur la figure 6. En particulier, l'image (a) de la figure 6 représente
un exemple d'image numérique original, comportant une photographie du détenteur sur
laquelle sont superposées des guilloches. Les images (g), (h) et (j) représentent
l'image (a) dégradée par un système d'impression et de numérisation, respectivement,
de haute qualité, de moyenne qualité et de basse qualité.
[0011] En outre, comme tout document sécurisé, les documents sécurisés par des guilloches
subissent des dégradations supplémentaires au cours de leur durée de validité, comme
l'usure naturelle, les effets des rayons UV, les agressions physiques, etc.
[0012] La double dégradation de la phase d'impression et de numérisation, à laquelle peuvent
s'ajouter des dégradations supplémentaires, a pour effet d'entraver l'extraction des
guilloches, ce qui conduit à une impossibilité de vérifier/authentifier les données
alphanumériques encodées dans les guilloches et compromet la mise en oeuvre du niveau
3 de sécurité.
RESUME DE L'INVENTION
[0013] Pour répondre au double problème évoqué ci-dessus de lisibilité à l'oeil nu du document
avec guilloches et d'extraction des guilloches lorsque le document sécurisé est dégradé,
le demandeur propose d'insérer les guilloches, ou motifs guillochés, avec une intensité
d'insertion déterminée en fonction du niveau de gris moyen du document au voisinage
des motifs guillochés.
[0014] Pour répondre au problème évoqué ci-dessus de l'impossibilité de contrôler un document
sécurisé par guilloches lorsque la qualité des guilloches est dégradée, le demandeur
propose d'extraire les guilloches, ou motifs guillochés, à partir de trajectoires
générées en fonction des contrastes du document sécurisé.
[0015] Selon un premier aspect, l'invention concerne un procédé d'insertion de motifs guillochés
sur un document, chaque motif guilloché étant apte à encoder des données alphanumériques
variables assurant un aspect différent à chaque motif guilloché de sorte à sécuriser
ledit document. Ce procédé se caractérise par le fait qu'il comporte une opération
de détermination d'une intensité d'insertion de chaque motif guilloché préalablement
généré en fonction d'un niveau de gris moyen du document au voisinage dudit motif
guilloché.
[0016] Ce procédé permet d'insérer les motifs guillochés avec une intensité qui dépend du
niveau de gris du document à l'endroit où le motif guilloché est apposé. Le marquage
du motif guilloché sur le document est ainsi plus ou moins marqué est fonction de
l'environnement photographique.
[0017] Ce procédé peut s'appliquer à toutes sortes de documents sécurisés. Il peut s'appliquer
en particulier :
- aux documents d'identité tels que les cartes d'identité, les passeports, les permis
de conduire, etc., où les motifs guillochés sont généralement appliqués sur la photographie
du détenteur,
- à des documents sécurisés avec ou sans photographie, tels que les actes d'état civil,
les actes notariés (« brider documents » en termes anglo-saxons) ou encore les documents
d'identité mobiles (« mobile ID » en termes anglo-saxons), où la totalité du document
contient des motifs guillochés, ou
- à des documents de protection des marques (« brand protection » en termes anglo-saxons)
ou autre marquage physique (par exemple emballages et objets de luxe) dont on cherche
à authentifier l'origine.
[0018] De façon avantageuse, l'intensité d'insertion d'un motif guilloché comprend une valeur
de contraste et une épaisseur dudit motif guilloché. La variation de l'épaisseur et
du contraste d'un motif guilloché permettent de marquer plus ou moins ledit motif
sur le document.
[0019] Selon certains modes de réalisation, la détermination de l'intensité d'insertion
du motif guilloché comporte une opération de calcul, en chaque pixel dudit motif guilloché,
de la valeur de contraste entre une zone interne au motif guilloché et une zone externe,
voisine de ladite zone interne.
[0020] Selon un ou plusieurs modes de réalisation, la valeur de contraste est obtenue par
comparaison entre le niveau de gris moyen de la zone interne et le niveau de gris
moyen de la zone externe.
[0021] Selon certains modes de réalisation, la comparaison entre le niveau de gris moyen
de la zone interne et le niveau de gris moyen de la zone externe est réalisée par
un traitement d'images logarithmique (appelé « Logarithmic Image Processing » ou LIP).
[0022] Selon certains modes de réalisation, la détermination de l'intensité d'insertion
du motif guilloché comporte une opération de sélection d'une épaisseur du motif guilloché.
[0023] Selon certains modes de réalisation, la zone externe est une zone de pixels contigüe
à la zone interne.
[0024] Selon certains modes de réalisation, le motif guilloché est un motif sinusoïdal,
apposé sensiblement horizontalement sur le document, la zone externe étant positionnée
à la verticale du ou des pixels du motif guilloché.
[0025] Selon certains modes de réalisation, le motif guilloché est un ensemble de stries
correspondant à une empreinte digitale, par exemple celle du titulaire du document,
les zones interne et externe étant positionnées le long d'une normale à la courbe
au pixel considéré. Selon un second aspect, l'invention concerne un dispositif d'insertion
de motifs guillochés sur un document, comprenant un ordinateur comportant un ensemble
d'instructions qui amènent ledit ordinateur à mettre en oeuvre le procédé d'insertion
de motifs guillochés tel que défini ci-dessus. Ce dispositif permet d'insérer des
motifs guillochés avec un marquage plus ou moins marqué en fonction de l'environnement
photographique.
[0026] Selon un troisième aspect, l'invention concerne un document sécurisé sur lequel sont
apposés des motifs guillochés encodant des données alphanumériques, caractérisé en
ce que les motifs guillochés sont insérés sur le document par le procédé d'insertion
défini ci-dessus.
[0027] Selon un quatrième aspect, l'invention concerne un document d'identité comportant
une photographie d'identité et des données alphanumériques relatives au détenteur,
caractérisé en ce que la photographie d'identité comporte de façon visible des motifs
guillochés codant les données alphanumériques, insérés par le procédé d'insertion
défini ci-dessus.
[0028] Selon un cinquième aspect, l'invention concerne un procédé d'extraction des motifs
guillochés d'un document sécurisé susceptible d'être dégradé, le procédé comportant
les opérations suivantes :
- détermination d'une carte des contrastes d'une portion au moins du document sécurisé
incluant les motifs guillochés ;
- identification, sur cette carte des contrastes, d'une trajectoire de percolation optimale
; et
- extraction de la trajectoire de percolation optimale, ladite trajectoire correspondant
au motif guilloché.
[0029] Ce procédé permet d'extraire des motifs guillochés même lorsque ceux-ci sont difficilement
perceptibles à l'oeil nu. Il permet donc d'extraire les motifs guillochés de documents
sécurisés ayant subi des dégradations.
[0030] Ce procédé peut s'appliquer à toutes sortes de documents sécurisés. Il peut s'appliquer
en particulier :
- aux documents d'identité tels que les cartes d'identité, les passeports, les permis
de conduire, etc., où les motifs guillochés sont généralement appliqués sur la photographie
du détenteur,
- à des documents sécurisés avec ou sans photographie, tels que les actes d'état civil,
les actes notariés (brider documents, en termes anglo-saxons) ou encore les documents
d'identité mobiles (mobile ID, en termes anglo-saxons), où la totalité du document
contient des motifs guillochés, ou
- à des documents de protection des marques (brand protection, en termes anglo-saxons)
ou autre marquage physique (par exemple emballages et objets de luxe) dont on cherche
à authentifier l'origine.
[0031] De façon avantageuse, la carte des contrastes est construite au moyen d'un modèle
de traitement d'images logarithmique (LIP). Ce modèle LIP permet de déterminer des
contrastes compatibles avec la vision humaine.
[0032] Selon certains modes de réalisation, l'opération d'identification de la trajectoire
de percolation optimale comporte :
- une identification, sur la carte des contrastes, de toutes les trajectoires susceptibles
de traverser le document sécurisé pour relier un point de départ d'un motif guilloché
à un point d'arrivée dudit motif ;
- une détermination d'une fonction de coût de chacune des trajectoires, ladite fonction
de coût évaluant une variabilité du contraste entre le contraste déterminé pour chaque
trajectoire et un contraste attendu ;
- une comparaison des fonctions coûts de toutes les trajectoires ; et
- une détermination de la fonction coût minimale, la trajectoire comportant la fonction
coût minimale correspondant au motif guilloché.
[0033] Selon un ou plusieurs modes de réalisation, lorsque le document et en particulier
la photographie est en couleurs, la carte des contrastes est calculée à partir de
l'image de luminance associée à l'image couleur.
[0034] Selon un sixième aspect, l'invention concerne un procédé d'authentification des motifs
guillochés d'un document sécurisé susceptible d'être dégradé, ce procédé comportant
:
- les opérations d'extraction des motifs guillochés définies précédemment, et
- une opération de comparaison de chaque motif guilloché extrait avec un motif guilloché
théorique correspondant.
[0035] Ce procédé d'authentification permet de contrôler un document sécurisé avec un niveau
3 de sécurité, même lorsque le document sécurisé est détérioré et/ou que la qualité
des motifs guillochés est dégradée.
[0036] Selon un ou plusieurs modes de réalisation, lorsque chaque motif guilloché encode
des données alphanumériques variables mentionnées sur ledit document sécurisé, le
motif guilloché théorique est obtenu par reconnaissance optique de caractères (OCR)
des données alphanumériques mentionnées sur le document sécurisé et génération des
motifs guillochés théoriques correspondants.
[0037] Selon certains modes de réalisation, lorsque le document sécurisé comporte une puce
électronique, le motif guilloché théorique est un motif guilloché original, préalablement
mémorisé dans la puce lors de la génération du motif guilloché apposé sur le document
sécurisé
[0038] Selon un ou plusieurs modes de réalisation, l'opération de comparaison des motifs
guillochés extraits et théoriques comporte une estimation d'un score basé sur une
distance entre chaque point du motif guilloché extrait et un point correspondant du
motif guilloché théorique.
[0039] Selon une variante, le score est calculé par cumul des distances pour tous les points
du motif guilloché.
[0040] Selon certains modes de réalisation, la distance est calculée en nombre de pixels.
[0041] Selon certains modes de réalisation, un poids est affecté à chaque distance, les
distances éloignées ayant un poids plus important que les distances courtes. Ce poids
peut être modulable.
[0042] Selon un septième aspect, l'invention concerne un dispositif d'authentification de
motifs guillochés comprenant un ordinateur comportant un ensemble d'instructions qui
amènent ledit ordinateur à mettre en oeuvre le procédé d'authentification de motifs
guillochés défini ci-dessus.
[0043] Selon un huitième aspect, l'invention concerne un document d'identité comportant
des données alphanumériques relatives au détenteur et une photographie d'identité
sur laquelle sont apposés des motifs guillochés encodant les données alphanumériques,
caractérisé en ce que les motifs guillochés sont aptes à être authentifiés par le
procédé défini ci-dessus.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0044] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description, illustrée par les figures dans lesquelles :
- La figure 1, déjà décrite, représente un exemple d'un document sécurisé d'origine
et de documents sécurisés détériorés ;
- La figure 2 représente un exemple d'une photographie d'origine, de cette même photographie
avec guilloches et de cette photographie sécurisée après impression et numérisation
;
- La figure 3 représente un exemple d'une tranche d'un motif guilloché à partir duquel
est calculée la valeur de contraste ;
- La figure 4 représente des exemples de photographies avec des motifs guillochés insérés
selon le procédé de l'invention et, pour chacune de ces photographies, un exemple
des motifs guillochés détectés lors d'une vérification de sécurité de niveau 3 ;
- La figure 5 représente un diagramme fonctionnel d'un exemple de procédé d'insertion
selon l'invention.
- La figure 6, déjà décrite, représente un exemple d'un document sécurisé d'origine
et de documents sécurisés détériorés ;
- La figure 7 représente un exemple des différents états d'un document sécurisé pendant
le procédé d'extraction selon l'invention ;
- La figure 8 représente un exemple d'un motif guilloché extrait et d'un motif guilloché
théorique ;
- La figure 9 représente des exemples de documents sécurisés authentifiables et de documents
sécurisés non-authentifiables selon le procédé de l'invention ;
- La figure 10 représente un diagramme fonctionnel d'un exemple de procédé d'authentification
selon l'invention.
DESCRIPTION DETAILLEE D'AU MOINS UN MODE DE REALISATION
[0045] Un exemple de réalisation d'un procédé pour insérer des motifs guillochés dans un
document sécurisé est décrit en détail ci-après, en référence aux dessins annexés.
Un exemple de réalisation d'un procédé pour authentifier des motifs guillochés d'un
document sécurisé, même lorsque ledit document sécurisé est dégradé, est également
décrit en détail ci-après, en référence aux dessins annexés. Ces exemples illustrent
les caractéristiques et avantages de l'invention. Il est toutefois rappelé que l'invention
ne se limite pas à ces exemples.
[0046] Sur les figures, les éléments identiques sont repérés par des références identiques.
Pour des questions de lisibilité des figures, les échelles de taille entre éléments
représentés ne sont pas respectées.
[0047] Le procédé de l'invention propose d'insérer des motifs guillochés sur une portion
ou sur la totalité d'un document sécurisé tel que ceux cités précédemment. Dans la
description qui va suivre, le procédé sera décrit lorsqu'il est appliqué à une portion
d'un document sécurisé telle qu'une photographie sur laquelle sont superposés les
motifs guillochés, appelés aussi guilloches. Dans la description, le terme « photographie
» sera compris indifféremment comme une portion de document sécurisé ou un contenu
sous-jacent. L'homme du métier comprendra également que le procédé tel qu'il va être
décrit peut aussi être mis en oeuvre pour un document dont la totalité dudit document
comporte des motifs guillochés.
[0048] Ces motifs guillochés sont, par exemple, des motifs monodimensionnels, ou motifs
guillochés 1D, adaptés pour encoder des données alphanumériques telles que les données
personnelles du détenteur mentionnées sur les documents d'identité. Chaque motif guilloché
1D se présente sous la forme d'une ligne ondulée variable, visible à l'oeil nu, sur
un contenu sous-jacent, et en particulier sur une photographie.
[0049] Selon l'invention, la saillance visuelle est suffisamment peu intense pour ne pas
perturber la perception visuelle du contenu sous-jacent, c'est-à-dire de la portion
du document sécurisé positionnée sous les motifs guillochés - par exemple la photographie
- tout en étant suffisamment marquée pour permettre une extraction automatique même
lorsque le document sécurisé est dégradé pour des raisons telles que celles évoquées
précédemment.
[0050] Des exemples d'une photographie d'un document sécurisé sont représentés sur la figure
2. L'image (a) de cette figure 2 représente une photographie numérique du détenteur.
L'image (b) de cette figure 2 représente la photographie (a) sur laquelle ont été
apposés des motifs guillochés selon l'invention. Comme le montre cette image (b),
les motifs guillochés ne perturbent pas la lisibilité de la photographie ; autrement
dit, le détenteur est reconnaissable à l'oeil nu, malgré la présence des motifs guillochés.
Le niveau 1 de sécurité est donc assuré. L'image (c) de cette figure 2 représente
un exemple de l'image (b) lorsqu'elle a été détériorée par un procédé d'impression
et de numérisation. Cette image (c) montre que, même en présence de détériorations,
les motifs guillochés insérés selon le procédé de l'invention restent suffisamment
marqués pour pouvoir être détectés automatiquement par une machine d'authentification,
de sorte à assurer le niveau 3 de sécurité.
[0051] Pour que les motifs guillochés soient insérés sur la photographie de façon suffisamment
marquée pour assurer le niveau 3 de sécurité tout en permettant la lisibilité de la
photographie, le procédé de l'invention propose d'adapter l'intensité d'insertion
de chaque motif guilloché en fonction du niveau de gris de la photographie. L'intensité
d'insertion est déterminée, pour chaque pixel du motif guilloché, en fonction du niveau
de gris moyen des pixels de la photographie autour dudit motif guilloché. Selon l'invention,
l'intensité d'insertion est définie par l'épaisseur du motif guilloché et par le niveau
de contraste entre la photographie et ledit motif guilloché.
[0052] Dans le procédé de l'invention, l'épaisseur est le nombre de pixels alignés suivant
une même direction (par exemple horizontale ou verticale) pour former le motif guilloché
inséré sur la photographie.
[0053] D'une façon générale, le contraste est une propriété d'une image qui quantifie la
différence de luminosité entre les parties claires et sombres de l'image. Dans le
procédé de l'invention, le contraste est la différence de luminosité entre le motif
guilloché et la zone de la photographie au voisinage dudit motif guilloché. Le contraste
est une valeur sans unité, calculée pour chaque pixel de chaque motif guilloché.
[0054] Pour calculer le contraste, le procédé de l'invention propose de calculer le contraste
entre le niveau de gris moyen d'une zone interne au motif guilloché et le niveau de
gris moyen d'au moins une zone externe audit motif guilloché. La figure 3 représente
un exemple d'une portion de photographie comportant une zone interne zi au motif guilloché
et deux zones externes ze audit motif guilloché. Cette portion de photographie comporte
plusieurs pixels p1 - pn alignés suivant une même direction. La zone interne zi comporte
les pixels d'une tranche du motif guilloché. Chaque zone externe ze comporte des pixels
de la photographie, alignés avec les pixels de la zone interne zi. Dans l'exemple
de la figure 3, les pixels p1 - pn sont alignés verticalement car le motif guilloché
est un motif ayant une forme sinusoïdale s'étendant suivant une direction globalement
horizontale, comme cela sera décrit plus en détail par la suite.
[0055] La portion de photographie de la figure 3 comporte ceux des pixels p1 - pn qui forment
la tranche du motif guilloché. Elle comporte en particulier le pixel px, appelé pixel
courant, dont on cherche à déterminer le contraste. Ces pixels de la zone interne
zi constituent l'épaisseur du motif guilloché. Cette épaisseur est variable. Dans
l'exemple de la figure 3, l'épaisseur est de 5. Elle peut aussi être, par exemple,
de 7 ou de 9, comme dans les exemples de la figure 4 décrite ultérieurement. L'épaisseur
de la guilloche ainsi que le contraste - la force d'insertion - sont choisis en fonction
de l'impact psycho-visuel (les guilloches ne doivent pas perturber l'observation de
la photographie) et de la robustesses (l'extraction des motifs guillochés doit fonctionner
correctement, même après vieillissement). L'épaisseur choisie est, en outre, fortement
dépendante de la qualité du système d'impression et de numérisation : l'étape d'impression
et l'étape de numérisation ont chacune leur propre résolution (dimension d'un pixel),
en général moins bonne que celle de l'image initiale. Cela a pour effet de perturber
les couleurs des pixels situés à la frontière du motif guilloché : il faut que l'épaisseur
du motif guilloché soit suffisante pour que les couleurs des pixels centraux (près
de l'axe dudit motif guilloché) soient correctes, afin de préparer une future extraction.
[0056] La portion de photographie de la figure 3 comporte également des zones externes ze
contigües à la zone interne zi. Chacune de ces zones externes ze comporte les pixels
de la photographie qui sont au voisinage de la zone interne zi. Le nombre de pixels
de chaque zone externe ze est prédéfini. Dans l'exemple de la figure 3, la zone externe
ze1, comme la zone externe ze2, comporte deux pixels sélectionnés dans la continuité
et l'alignement des pixels de la zone interne zi. Ainsi, les pixels des zones externes
ze1, ze2 et de la zone interne zi sont alignés suivant une même direction. Dans l'exemple
de la figure 3, les pixels des externes ze1 et ze2 sont alignés verticalement avec
les pixels de la zone interne zi, respectivement au-dessus et au-dessous de la zone
interne zi, dans la mesure où le motif guilloché est globalement horizontal.
[0057] En effet, l'homme du métier comprendra que si le motif guilloché est apposé suivant
une direction horizontale sur la photographie, une tranche dudit motif guilloché comporte
des pixels alignés verticalement ; les zones interne et externes sont alors alignées
verticalement, comme dans l'exemple de la figure 3. Au contraire, si le motif guilloché
est apposé suivant une direction verticale sur la photographie, alors la tranche dudit
motif guilloché comporte des pixels alignés horizontalement ; les zones interne et
externes sont alors alignées horizontalement.
[0058] Dans certains modes de réalisation, le motif guilloché est un motif sinusoïdal, traversant
de part en part la photographie horizontalement ou verticalement, voire de biais.
Lorsque le motif guilloché est sinusoïdal, la direction dudit motif est la direction
globale de traversée de la photographie.
[0059] Dans certains modes de réalisation, le motif guilloché peut être constitué des stries
d'une empreinte, par exemple une empreinte digitale du détenteur. Dans ce cas, les
zones interne et externe sont positionnées le long d'une normale à la courbe au point
considéré, c'est-à-dire orthogonalement à une direction de tangente estimée au voisinage
dudit point.
[0060] Selon l'invention, le contraste est calculé pour chaque pixel px de la zone interne
zi en comparant le niveau de gris moyen de la zone interne zi et le niveau de gris
moyen des zones externes ze. Dans le cas d'une image en couleurs, le niveau de gris
moyen est déterminé à partir de l'image de luminance associée à l'image en couleurs.
[0061] La comparaison entre le niveau de gris moyen de la zone interne et le niveau de gris
moyen de la zone externe est réalisée par un traitement d'images logarithmique connu
sous le nom de LIP (ou « Logarithmic Image Processing », en termes anglo-saxons) et
décrit, par exemple, dans le document de
M. Jourlin et J-C. Pinoli , « A Model for Logarithmic Image Processing », Journal
of Microscopy, 149 (1), pp 21-35, 1988 ou dans le document de
M. Jourlin, « Logarithmic Image Processing : Theory and Applications », Advances in
Imaging and Electron Physics, Vol. 195, 253 p, 2016.
[0062] Ainsi, en chaque pixel du motif guilloché, une valeur de contraste est calculée qui
est ajoutée ou soustraite à l'image au sens LIP de manière à obtenir un contraste
additif LIP choisi entre les niveaux de gris moyens de la zone interne zi et des zones
externes ze. On applique ensuite la même valeur de contraste à tous les points de
la zone interne zi. Ainsi, les pixels d'une même tranche de motif guilloché présentent
tous la même valeur de contraste. Par contre, le motif guilloché peut présenter une
valeur de contraste variable d'une tranche à l'autre. Autrement dit, un même motif
guilloché peut présenter un contraste qui varie sur sa longueur. Dans l'exemple de
la figure 2, les motifs guillochés peuvent être plus marqués dans les zones de chevelure
du personnage que dans les zones de fond d'image
[0063] La figure 4 représente plusieurs exemples d'une même photographie sur laquelle sont
apposés des motifs guillochés d'intensité d'insertion différente. Bien qu'elle puisse
être différente d'un motif guilloché à un autre, l'intensité d'insertion des motifs
guillochés est choisie identique pour tous les motifs d'une même image, dans les exemples
de la figure 4. Dans ces exemples de la figure 4, l'intensité d'insertion diffère
d'une image à l'autre. Les images (a1) (b1) et (c1) sont des images, après impression
et numérisation, d'un même détenteur. Les motifs guillochés de l'image (a1) ont une
épaisseur de 5, ce qui correspond à une tranche de motif guilloché de 5 pixels alignés
verticalement. Les motifs guillochés de l'image (b1) ont une épaisseur de 7 et les
motifs guillochés de l'image (c1) ont une épaisseur de 9. La valeur de contraste de
chacun de ces exemples a été déterminée comme les épaisseurs, en fonction de la qualité
du système d'impression et de numérisation : un contraste plus fort prépare une extraction
plus aisée. On voit que, bien que les motifs guillochés soient insérés plus intensément
sur l'image (c1) que sur l'image (a1), le personnage de l'image (c1) est bien reconnaissable
à l'oeil nu.
[0064] Les images (a2) (b2) et (c2) de la figure 4 sont des images après détection automatique
des motifs guillochés lors d'une vérification de niveau 3. Les guilloches visibles
sur ces figures (a2) (b2) et (c2) sont les guilloches détectées (reconstruites) par
la machine d'authentification lors d'une sécurité de niveau 3. On voit que, même si
les motifs guillochés sont insérés moins intensément sur l'image (a1) que sur l'image
(c1), les images respectives (a2) et (c2) montrent que la détection des motifs guillochés
donne d'aussi bons résultats avec les motifs guillochés de l'image (a1) qu'avec ceux
de l'image (c1).
[0065] Sur la figure 5, est représenté un exemple de diagramme fonctionnel montrant les
différentes étapes du procédé d'insertion selon l'invention. Ce procédé comporte une
première étape 100 de génération d'un motif guilloché. Le motif guilloché est une
courbe issue d'une fonction, par exemple sinusoïdale, qui encode des données alphanumériques.
De nombreuses documentations décrivent des méthodes de génération de guilloches. La
génération des motifs guillochés ne sera donc pas décrite dans cette demande.
[0066] Les motifs guillochés générés sont ensuite positionnés - étape 200 - sur la photographie
(ou autre document) avec un écartement prédéfini qui dépend, par exemple, du nombre
de motifs guillochés à apposer et/ou de l'importance de la modulation utilisée lors
de la génération des motifs guillochés.
[0067] Le procédé comporte ensuite une étape 300 de sélection et d'application d'une épaisseur
de guilloche. Lorsque la guilloche est générée et que son épaisseur a été définie,
une étape 400 de calcul de la valeur de contraste est effectuée pour chaque pixel
de la guilloche. Tant que tous les N pixels du motif guilloché n'ont pas été traités,
l'opération 400 de calcul de la valeur de contraste est réitérée pour le pixel n suivant
(étapes 410 et 420).
[0068] Lorsque la valeur de contraste est déterminée, la guilloche est insérée sur le document
à l'étape 500. Tant que toutes les K guilloches n'ont pas été insérées sur le document
(étapes 510 et 520), le procédé est réitéré à partir de l'étape 300 d'application
de l'épaisseur pour la guilloche k suivante. Lorsque toutes les guilloches ont été
insérées (étape 510), le document est sécurisé (étape 600).
[0069] La valeur de contraste déterminée, associée à l'épaisseur choisie du motif guilloché,
constitue l'intensité d'insertion d'une guilloche. L'intensité d'insertion permet
un marquage plus ou moins intense de chaque motif guilloché, qui dépend directement
du niveau de gris du document sur lequel il est apposé. L'intensité du marquage est
donc directement dépendante du niveau de gris du document dans le voisinage de la
guilloche. Cela permet que, quel que soit l'état du document, le contenu sous-jacent
est lisible à l'oeil nu et les motifs guillochés peuvent être détectés et les données
encodées authentifiées.
[0070] Le procédé d'insertion tel qu'il vient d'être décrit peut être mis en oeuvre dans
un dispositif d'insertion de motifs guillochés sur un document. Ce dispositif comporte
au moins un ordinateur exécutant un ensemble d'instructions qui amènent ledit ordinateur
à mettre en oeuvre ce procédé d'insertion des guilloches.
[0071] Le procédé de l'invention propose d'authentifier des motifs guillochés insérés dans
une portion ou dans la totalité d'un document sécurisé tel que ceux cités précédemment.
Dans la description qui va suivre, le procédé sera décrit lorsqu'il est appliqué à
une portion d'un document sécurisé telle qu'une photographie sur laquelle sont superposés
des motifs guillochés, appelés aussi guilloches. L'homme du métier comprendra que
le procédé tel qu'il va être décrit peut aussi être mis en oeuvre pour un document
dont la totalité dudit document comporte des motifs guillochés. Ces motifs guillochés
sont, par exemple, des motifs monodimensionnels, ou motifs guillochés 1D, adaptés
pour encoder des données alphanumériques telles que les données personnelles du détenteur,
mentionnées sur les documents d'identité. Chaque motif guilloché 1D se présente sous
la forme d'une ligne ondulée variable, visible à l'oeil nu, sur un contenu sous-jacent,
et en particulier sur une photographie, mais dont la saillance visuelle est suffisamment
peu intense pour ne pas perturber la perception visuelle du contenu sous-jacent, c'est-à-dire
de la portion du document sécurisé positionnée sous les motifs guillochés.
[0072] Un exemple d'un document sécurisé par des motifs guillochés 601-608 est représenté
sur l'image (a) de la figure 7. Dans cet exemple, la portion 600 du document sécurisé
est une photographie sur laquelle sont superposés des motifs guillochés 1 D, référencés
601 - 608. Comme le montre le document sécurisé 600, les motifs guillochés 601-608
sont des ensembles de lignes ondulées et irrégulières, dont les irrégularités correspondent
à des données codées. Les motifs guillochés 601-608 sont différents les uns des autres.
Ils sont tous faiblement saillants, ce qui permet de ne pas perturber visuellement
les traits principaux du personnage de la photographie 600. Autrement dit, la saillance
des motifs guillochés sur le contenu sous-jacent est limitée afin que l'attention
du contrôleur ne soit pas focalisée sur les guilloches mais sur ledit contenu sous-jacent.
[0073] Dans la suite de la description, le contenu sous-jacent sur lequel sont apposés les
motifs guillochés sera appelé indifféremment photographie, contenu sous-jacent ou
image (a).
[0074] Un exemple du procédé d'authentification selon l'invention est représenté sur la
figure 10. Ce procédé comporte plusieurs opérations 710 - 730 permettant d'extraire
les motifs guillochés du document sécurisé numérisé 600. En effet, comme expliqué
précédemment, le niveau 3 de sécurité nécessite, avant la mise en oeuvre du procédé
d'authentification, une phase d'impression et de numérisation par scanner du document
sécurisé. Or, cette phase d'impression et de numérisation dégrade la qualité des informations
contenues dans le document sécurisé, et en particulier celle de la photographie et
des motifs guillochés. Un exemple d'une photographie avec guilloches d'origine, nommée
image (a), et de la même photographie avec guilloches après dégradation par la phase
d'impression et de numérisation, nommée image (b), sont représentées sur la figure
7. Comme le montre la comparaison entre les images (a) et (b), les motifs guillochés
de l'image (b) sont sensiblement dégradés par rapport à ceux de l'image (a), ce qui
rend l'extraction automatique de ces motifs guillochés plus complexe. Pour extraire
les motifs guillochés de l'image (b), il est donc nécessaire d'effectuer la suite
d'opérations décrites ci-dessous.
[0075] Le procédé d'extraction selon l'invention comporte tout d'abord une opération 710
de détermination d'une carte des contrastes de la portion 600 du document sécurisé.
Cette opération, qui a pour but de révéler les contrastes le long des motifs guillochés
de l'image (b), comporte un calcul, en chaque point de chaque motif guilloché, du
contraste entre le niveau de gris moyen d'une zone interne et le niveau de gris moyen
d'une zone externe dudit point.. La zone interne du motif guilloché est définie comme
le voisinage vertical du pixel considéré, avec une épaisseur prédéterminée, par exemple
de deux pixels, de part et d'autre dudit pixel. La zone externe du motif guilloché
est définie comme le voisinage vertical autour de la zone interne, avec une épaisseur
prédéterminée, par exemple de quatre pixels, autour de ladite zone interne.
[0076] Le calcul du contraste, selon certains modes de réalisation, est basé sur le modèle
LIP (Logarithmic Image Processing) décrit, par exemple, dans le document de
M. Jourlin et J-C. Pinoli, « A Model for Logarithmic Image Processing », Journal of
Microscopy, 149 (1), pp 21-35, 1988 ou dans le document de
M. Jourlin, « Logarithmic Image Processing : Theory and Applications », Advances in
Imaging and Electron Physics, Vol. 195, 253 p, 2016. Le principe général de ce calcul du contraste est que, en chaque pixel du motif
guilloché, on calcule le contraste additif LIP choisi entre les valeurs de gris moyennes
de la zone interne au motif guilloché et la zone externe.
[0077] Le calcul du contraste en chaque point des motifs guillochés permet de générer une
carte des contrastes, comme représenté par l'image (c) de la figure 7.
[0078] Lorsque le document, et en particulier la photographie, est en couleurs, la carte
des contrastes est calculée à partir de l'image de luminance associée à l'image en
couleur. Pour cela, une image de luminance (en niveaux de gris) calculée à partir
des trois plans couleur est préalablement extraite.
[0079] Le procédé d'extraction comporte ensuite une opération 720 d'identification, sur
cette carte des contrastes, de la trajectoire de percolation optimale. Selon certains
modes de réalisation, cette opération 720 comporte une identification de toutes les
trajectoires de percolation susceptibles de traverser l'image (c) pour relier un point
de départ d'un motif guilloché à un point d'arrivée dudit motif guilloché. En effet,
les motifs guillochés 1 D sont positionnés, dans le document sécurisé, selon une direction
globale horizontale. Chaque motif guilloché traverse donc l'image de part en part,
de gauche à droite. Le procédé propose alors de rechercher, dans l'image (c) de contrastes,
toutes les trajectoires qui traversent l'image de gauche à droite. L'homme du métier
comprendra que dans le cas où les motifs guillochés ont une direction globale non-horizontale,
par exemple verticale ou de biais, les points de départ et les points d'arrivée des
trajectoires de percolation recherchées ne sont pas nécessairement à gauche et à droite
de l'image mais, par exemple, en haut et en bas de l'image.
[0080] Le procédé propose ensuite de déterminer, parmi toutes les trajectoires de percolation
détectées, la trajectoire de percolation optimale, c'est-à-dire la trajectoire qui
a la direction la plus privilégiée. Cette détection de la trajectoire de percolation
optimale est obtenue en calculant une fonction de coût pour chacune des trajectoires
et en déterminant la fonction de coût minimale. La fonction de coût d'une trajectoire
correspond à la variabilité du contraste entre le contraste déterminé pour chaque
trajectoire et un contraste attendu, préalablement déterminé. Plus le contraste est
proche du contraste attendu, plus la fonction coût est faible. La fonction coût favorise
donc les points présentant des niveaux de contraste voisins de la valeur de contraste
choisie pour l'insertion du motif guilloché dans le document sécurisé. La trajectoire
de percolation optimale est donc, parmi toutes les trajectoires de percolation détectées,
celle qui présente la plus petite fonction coût.
[0081] Selon le procédé, il est considéré que cette trajectoire de percolation optimale
est le motif guilloché. Le motif guilloché est donc extrait (étape 730 de la figure
10) dès lors que la trajectoire de percolation optimale a été déterminée. Dans l'exemple
de la figure 7, l'image (d) montre les trajectoires de percolation optimales, c'est-à-dire
les motifs guillochés 611-618 issus de l'image de contraste (c). Une comparaison de
l'image (d) avec l'image (a) de la figure 7 permet de comprendre que les motifs guillochés
extraits 611-618 avec le procédé décrit précédemment - image (d) - sont proches des
motifs guillochés d'origine 601-608 de l'image (a). Ces motifs guillochés extraits
611-618, bien qu'issus d'une image (b) où ils sont peu visibles, sont exploitables
au niveau de sécurité 3. Une authentification de ces motifs guillochés peut alors
être mise en oeuvre.
[0082] Le procédé d'authentification selon l'invention comporte une opération 740 de comparaison
de chaque motif guilloché extrait avec le motif guilloché théorique correspondant.
Selon certains modes de réalisation, le motif guilloché théorique est le motif guilloché
d'origine, c'est-à-dire celui qui a été généré initialement et apposé sur le contenu
du document à sécuriser. Dans ces modes de réalisation, chaque motif guilloché est
mémorisé dans une puce électronique logée dans le document sécurisé. Au moment de
l'authentification du motif guilloché, le motif guilloché extrait (par exemple le
motif 618) est comparé au motif guilloché correspondant qui est mémorisé dans la puce
(par exemple le motif 608). La comparaison de chacun des motifs guillochés extraits
avec les motifs guillochés d'origine permet de déterminer si le document sécurisé
a été falsifié ou non.
[0083] Dans d'autres modes de réalisation, le motif guilloché théorique est obtenu au moyen
d'une reconnaissance optique de caractères, de type OCR, réalisée par exemple lors
du scan (numérisation par scanner) du document sécurisé. Dans ces modes de réalisation,
les données alphanumériques mentionnées sur le document sécurisé à côté de l'image
(a) sont déterminées par reconnaissance optique et des motifs guillochés théoriques
sont générés à partir de ces données alphanumériques reconnues. Les motifs guillochés
extraits sont alors comparés à ces motifs guillochés théoriques et leur comparaison
permet de déterminer si le document sécurisé a été falsifié ou non.
[0084] Quelle que soit la technique d'obtention des motifs guillochés théoriques, les motifs
guillochés extraits sont comparés avec les motifs guillochés théoriques, par exemple
en superposant lesdits motifs extraits et lesdits motifs théoriques. Cette comparaison
peut reposer sur une estimation d'un score calculé pour chaque paire de motifs guillochés,
une paire étant constituée d'un motif guilloché extrait et d'un motif guilloché théorique.
Cette opération d'estimation du score, référencée 741 sur la figure 10, peut être
obtenue en calculant, en chaque point de l'axe des abscisses (lorsque les motifs guillochés
s'étendent horizontalement), la distance séparant le motif guilloché extrait et le
motif guilloché théorique. Ainsi, dans un repère orthonormé XY, le score en un point
x de l'axe X correspond à la distance suivant l'axe Y entre le motif guilloché extrait
et le motif guilloché théorique. Cette distance est de préférence calculée en nombre
de pixels. Un exemple de calcul du score en un point x est représenté sur la figure
8. Dans cet exemple, au point x de l'axe X, la distance - référencée d - séparant
le motif guilloché extrait 618 du motif guilloché théorique 608 est la longueur suivant
l'axe Y entre les deux motifs 608 et 618. Les scores calculés en chaque point de l'axe
X, pour une paire de motifs guillochés, sont cumulés pour constituer le score du motif
guilloché extrait. Plus le score est petit, plus le motif guilloché extrait est proche
du motif guilloché théorique. Sur la figure 10, la comparaison du score avec un seuil
prédéterminé est représentée par l'étape 742. En-dessous d'un seuil de score prédéfini,
le motif guilloché est considéré comme authentifié (bloc 780 de la figure 10). Au-dessus
du seuil de score prédéfini, le motif guilloché est considéré comme non-authentifié
(bloc 790 de la figure 10).
[0085] Les scores de toutes les paires de motifs guillochés peuvent également être cumulés
pour authentifier ou non le document sécurisé dans son ensemble. Deux exemples d'images
(b) après impression et numérisation sont représentés sur la figure 9, chacune de
ces images (b) étant associée à un exemple d'image (e) authentifiée et un exemple
d'image (f) non-authentifiée. Chacune des images (e) et (f) comporte, superposé sur
la photographie, les motifs guillochés théoriques complétés des distances entre motifs
guillochés extraits et théoriques. Cette distance est symbolisée par l'épaisseur du
trait de guilloche. Dans le cas des images (e), les traits représentant les motifs
guillochés sont peu épais. Le score cumulé est inférieur ou égal au seuil prédéterminé.
L'image (e) est authentifiée. Au contraire, sur les images (f), les traits représentant
les motifs guillochés sont épais sur une grande longueur de chaque motif. Le score
cumulé est supérieur au seuil prédéterminé. L'image (f) n'est pas authentifiée.
[0086] Dans certains modes de réalisation, un poids est affecté à chaque score avant d'être
cumulé. En effet, l'extraction n'étant généralement pas parfaite, il est normal que
de petites distances existent entre deux motifs d'une même paire de motifs guillochés,
comme c'est le cas dans l'exemple des images (e) de la figure 9. Par contre, lorsque
les distances sont grandes, comme dans l'exemple des images (f) de la figure 9, il
y a suspicion de falsification. Le procédé propose donc d'attribuer un poids plus
important aux grandes distances qu'aux petites distances de sorte à optimiser le score
cumulé. On appelle « grande distance », une distance, entre un point d'un motif guilloché
extrait et le point correspondant (par exemple de même abscisse) du motif guilloché
théorique, qui génère une surépaisseur de la guilloche. A contrario, une « petite
distance » ne génère pas de surépaisseur dans la guilloche.
[0087] C'est ainsi que dans certaines variantes, les poids attribués aux scores peuvent
être ajustables. Par exemple, ils peuvent être proportionnels au carré de la distance,
à son exponentielle, etc. de façon à maximiser le score cumulé et rendre plus facilement
détectables les motifs guillochés falsifiés.
[0088] Bien que décrit à travers un certain nombre d'exemples, variantes et modes de réalisation,
le procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'invention comprend divers variantes,
modifications et perfectionnements qui apparaîtront de façon évidente à l'homme du
métier, étant entendu que ces variantes, modifications et perfectionnements font partie
de la portée de l'invention.
[0089] Bien que décrit à travers un certain nombre d'exemples, variantes et modes de réalisation,
les procédés d'extraction et d'authentification de motifs guillochés selon l'invention
comprennent divers variantes, modifications et perfectionnements qui apparaîtront
de façon évidente à l'homme du métier, étant entendu que ces variantes, modifications
et perfectionnements font partie de la portée de l'invention.
1. Procédé d'insertion de motifs guillochés sur un document, chaque motif guilloché étant
apte à encoder des données alphanumériques variables assurant un aspect différent
à chaque motif guilloché de sorte à sécuriser ledit document,
le procédé comportant une opération (300-600) de détermination d'une intensité d'insertion
de chaque motif guilloché préalablement généré (100) en fonction d'un niveau de gris
moyen du document au voisinage dudit motif guilloché.
2. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'intensité d'insertion d'un motif guilloché comprend une valeur de contraste et
une épaisseur dudit motif guilloché.
3. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la détermination de l'intensité d'insertion du motif guilloché comporte une opération
de calcul (400), en chaque pixel dudit motif guilloché, de la valeur de contraste
entre une zone interne (zi) au motif guilloché et une zone externe (ze), voisine de
ladite zone interne.
4. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon la revendication 3, caractérisé en ce que la valeur de contraste est obtenue par comparaison entre le niveau de gris moyen
de la zone interne (zi) et le niveau de gris moyen de la zone externe (ze).
5. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon la revendication 4, caractérisé en ce que la comparaison entre le niveau de gris moyen de la zone interne et le niveau de gris
moyen de la zone externe est réalisée par un traitement d'images logarithmique (LIP).
6. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
1 à 5, caractérisé en ce que la détermination de l'intensité d'insertion du motif guilloché comporte une opération
(300) de sélection d'une épaisseur du motif guilloché.
7. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
3 à 6, caractérisé en ce que la zone externe (ze) est une zone de pixels (p1-pn) contigüe à la zone interne (zi).
8. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
3 à 7, caractérisé en ce que le motif guilloché est un motif sinusoïdal, apposé sensiblement horizontalement sur
le document, la zone externe (ze) étant positionnée à la verticale du pixel (px) du
motif guilloché.
9. Procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
3 à 7, caractérisé en ce que le motif guilloché est un ensemble de stries correspondant à une empreinte digitale,
les zones interne (zi) et externe (ze) étant positionnées le long d'une normale à
la courbe au pixel considéré.
10. Dispositif d'insertion de motifs guillochés sur un document, comprenant un ordinateur
comportant un ensemble d'instructions qui amènent ledit ordinateur à mettre en oeuvre
le procédé d'insertion de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
1 à 9.
11. Document sécurisé sur lequel sont apposés des motifs guillochés encodant des données
alphanumériques, caractérisé en ce que les motifs guillochés sont insérés sur le document par le procédé selon l'une quelconque
des revendications 1 à 9.
12. Document d'identité comportant une photographie d'identité et des données alphanumériques
relatives au détenteur, caractérisé en ce que la photographie d'identité comporte de façon visible des motifs guillochés codant
les données alphanumériques, insérés par le procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 9.
13. Procédé d'extraction des motifs guillochés (601-608) d'un document sécurisé (600)
susceptible d'être dégradé, le procédé comportant les opérations suivantes :
- détermination (710) d'une carte des contrastes (c) d'une portion au moins du document
sécurisé incluant les motifs guillochés ;
- identification (720), sur cette carte des contrastes, d'une trajectoire de percolation
optimale ; et
- extraction (730) de la trajectoire de percolation optimale, ladite trajectoire correspondant
au motif guilloché.
14. Procédé d'extraction de motifs guillochés selon la revendication 1, caractérisé en ce que la carte des contrastes (c) est construite au moyen d'un modèle de traitement d'images
logarithmique (LIP).
15. Procédé d'extraction de motifs guillochés selon la revendication 1 ou 2,
caractérisé en ce que l'opération d'identification (720) de la trajectoire de percolation optimale comporte
:
- une identification, sur la carte des contrastes, de toutes les trajectoires susceptibles
de traverser le document sécurisé pour relier un point de départ d'un motif guilloché
à un point d'arrivé dudit motif;
- une détermination d'une fonction de coût de chacune des trajectoires, ladite fonction
de coût évaluant une variabilité entre le contraste déterminé en chaque point d'une
trajectoire et un contraste attendu ;
- une comparaison des fonctions coûts de toutes les trajectoires ; et
- une détermination de la fonction coût minimale, la trajectoire comportant la fonction
coût minimale correspondant au motif guilloché.
16. Procédé d'extraction de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
1 à 3, caractérisé en ce que, lorsque le document sécurisé est en couleurs, la carte des contrastes est calculée
à partir d'une image de luminance associée au document en couleur.
17. Procédé d'authentification des motifs guillochés d'un document sécurisé susceptible
d'être dégradé,
caractérisé en ce qu'il comporte :
- les opérations d'extraction des motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
1 à 4, et
- une opération (740) de comparaison de chaque motif guilloché extrait avec un motif
guilloché théorique correspondant.
18. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon la revendication 5, dans lequel
chaque motif guilloché encode des données alphanumériques variables mentionnées sur
ledit document sécurisé,
caractérisé en ce que le motif guilloché théorique est obtenu par reconnaissance optique de caractères
(OCR) des données alphanumériques mentionnées sur le document sécurisé et génération
des motifs guillochés théoriques correspondants.
19. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon la revendication 5 ou 6, dans
lequel le document sécurisé comporte une puce électronique,
caractérisé en ce que le motif guilloché théorique est un motif guilloché original, préalablement mémorisé
dans la puce lors de la génération du motif guilloché apposé sur le document sécurisé.
20. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
5 à 7, caractérisé en ce que l'opération de comparaison des motifs guillochés extraits et théoriques comporte
une estimation (741) d'un score basé sur une distance entre chaque point du motif
guilloché extrait et un point correspondant du motif guilloché théorique.
21. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon la revendication 8, caractérisé en ce que le score est calculé par cumul des distances pour tous les points du motif guilloché.
22. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon la revendication 8 ou 9, caractérisé en ce que la distance est calculée en nombre de pixels.
23. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
8 à 10, caractérisé en ce qu'un poids est affecté à chaque distance, les distances éloignées ayant un poids plus
important que les distances courtes.
24. Procédé d'authentification des motifs guillochés selon la revendication 11, caractérisé en ce que le poids affecté à chaque distance est modulable.
25. Dispositif d'authentification de motifs guillochés comprenant un ordinateur comportant
un ensemble d'instructions qui amènent ledit ordinateur à mettre en oeuvre le procédé
d'authentification de motifs guillochés selon l'une quelconque des revendications
5 à 12.
26. Document d'identité comportant des données alphanumériques relatives au détenteur
et une photographie d'identité sur laquelle sont apposés des motifs guillochés encodant
les données alphanumériques, caractérisé en ce que les motifs guillochés sont aptes à être authentifiés par le procédé selon l'une quelconque
des revendications 5 à 12.