[0001] La présente invention concerne un échappement d'horlogerie, c'est-à-dire un mécanisme
servant à entretenir et compter les oscillations d'un oscillateur horloger.
[0002] La présente invention concerne plus particulièrement un échappement à force constante
comprenant un organe élastique bistable recevant périodiquement de l'énergie d'un
organe moteur, par exemple un barillet, et la communiquant à l'oscillateur. Des échappements
de ce type sont décrits dans les demandes de brevet
WO 99/64936,
WO 2009/118310,
CH 705674,
WO 2014/037319 et
WO 2016/113704. Ces échappements délivrent périodiquement une même quantité d'énergie à l'oscillateur
et rendent donc ses oscillations indépendantes de l'état d'armage de l'organe moteur.
[0003] Concrètement, de tels échappements comprennent une lame élastique bistable à laquelle
sont couplées une bascule d'armage et une bascule dite d'impulsion ou de détente.
La bascule d'armage est entraînée périodiquement pendant des phases d'armage par un
ou des mobiles d'échappement pour armer la lame élastique bistable depuis l'un de
ses états stables jusqu'à un état métastable proche d'un état instable correspondant
à un armage maximum. Après chaque phase d'armage, l'oscillateur frappe la bascule
d'impulsion - on appelle cette action le « dégagement » - afin de fournir à la lame
élastique bistable l'énergie manquante pour la déformer au-delà de son état instable,
ce qui déclenche le basculement de la lame élastique bistable vers son autre état
stable. Ce basculement entraîne la bascule d'impulsion, laquelle communique une impulsion
d'énergie mécanique à l'oscillateur.
[0004] Pour la précision du moment où l'impulsion est communiquée à l'oscillateur, et donc
pour la bonne régularité des oscillations, il est important que la lame élastique
bistable soit réactive, c'est-à-dire que son basculement soit déclenché dès que l'oscillateur
vient frapper la bascule d'impulsion. Cela nécessite d'armer la lame élastique bistable
précisément jusqu'à l'état métastable pour qu'elle soit le plus proche possible de
l'état instable à la fin de l'armage, ce qui en pratique est très difficile à obtenir
compte tenu de la sensibilité de la lame. La présente invention vise à remédier à
cet inconvénient.
[0005] A cette fin, il est proposé un échappement d'horlogerie selon la revendication 1,
à savoir un échappement d'horlogerie comprenant un organe d'entraînement, un organe
élastique bistable, un organe d'armage agencé pour être entraîné par l'organe d'entraînement
afin d'armer l'organe élastique bistable pendant des phases d'armage, un organe de
blocage pour bloquer l'organe d'entraînement à la fin de chaque phase d'armage et
un organe d'impulsion agencé pour être entraîné par une détente de l'organe élastique
bistable déclenchée par un oscillateur après chaque phase d'armage afin de communiquer
une impulsion à l'oscillateur, caractérisé en ce qu'il est agencé pour que, à la fin
de chaque phase d'armage, l'organe élastique bistable soit déformé au-delà d'un état
instable d'armage maximum.
[0006] La présente invention propose aussi une pièce d'horlogerie, notamment une montre-bracelet,
comprenant un échappement d'horlogerie tel que défini ci-dessus.
[0007] La présente invention propose enfin un procédé de fonctionnement d'un échappement
d'horlogerie selon la revendication 16 et un procédé de réalisation d'un échappement
d'horlogerie selon la revendication 17.
[0008] La présente demanderesse a constaté que dans les échappements à lame élastique bistable
selon la technique antérieure, surtout ceux dans lesquels la lame élastique bistable
est solidaire de la bascule d'armage et de la bascule d'impulsion à ses deux extrémités
(
WO 2014/037319 et
WO 2016/113704), la lame élastique bistable peut occuper un état métastable intermédiaire avant
son état instable d'armage maximum pendant la rotation de la bascule d'impulsion lors
du dégagement. Cet état métastable intermédiaire apparaît lorsque l'armage à la fin
des phases d'armage n'est pas suffisant en ce sens que l'état métastable proche de
l'état instable d'armage maximum n'est pas atteint. Cet état métastable intermédiaire
constitue un point dur qu'il faut surmonter pendant le dégagement et qui retarde la
libération d'énergie, entraînant une perte de réactivité de la lame élastique bistable
et donc une imprécision de l'instant de l'impulsion. Dans la présente invention, en
déformant l'organe élastique bistable au-delà de son état instable d'armage maximum
pendant la phase d'armage, l'organe élastique bistable commence à basculer avant la
fin de la phase d'armage, c'est-à-dire avant d'être immobilisé par l'organe de blocage,
si bien que dès le dégagement il libère son énergie qui est ainsi immédiatement délivrée
à l'organe d'impulsion.
[0009] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront à la
lumière de la description détaillée suivante faite en référence aux dessins annexés
dans lesquels :
- les figures 1 à 10 montrent en vue de dessus, et à différents instants pendant son
cycle de fonctionnement, un échappement d'horlogerie selon un mode de réalisation
particulier de l'invention, coopérant avec un oscillateur ;
- la figure 11 montre une succession d'états que peut prendre une lame élastique bistable
pendant un demi-cycle de fonctionnement d'un échappement selon la technique antérieure.
[0010] Dans la suite de cette description, les expressions « sens horaire » et sens antihoraire
» se rapporteront à l'échappement tel qu'il est représenté en vue de dessus aux figures
1 à 10.
[0011] En référence à la figure 1, un échappement 1 selon un mode de réalisation particulier
de l'invention, pour un mouvement horloger mécanique notamment pour montre-bracelet,
comprend un mobile d'échappement 2, une bascule d'armage 3, une bascule de blocage
et d'impulsion 4, dite également bascule de détente ou ancre, et une lame élastique
5 reliant les bascules 3, 4.
[0012] Le mobile d'échappement 2 comprend une roue d'échappement 2' et un pignon d'échappement
2" coaxiaux et solidaires. Le mobile d'échappement 2 est entraîné de manière classique
dans le sens horaire autour d'un premier axe imaginaire A1 par l'organe moteur du
mouvement horloger via un rouage de finissage (non représenté) dont la dernière roue
engrène avec le pignon d'échappement 2". L'organe moteur du mouvement horloger (non
représenté) est typiquement constitué par un ou plusieurs barillets.
[0013] La bascule d'armage 3 est rotative autour d'un deuxième axe imaginaire A2 et comprend
une première dent d'armage 3a et une deuxième dent d'armage 3b.
[0014] La bascule de blocage et d'impulsion 4 est rotative autour d'un troisième axe imaginaire
A3 et comprend un premier bec de blocage 4a, un deuxième bec de blocage 4b et une
fourchette 4c. La fourchette 4c comprend des première et deuxième cornes 4d, 4e et
peut être munie d'un dard à l'instar d'une ancre classique.
[0015] La bascule d'armage 3 et la bascule de blocage et d'impulsion 4 sont montées autour
d'axes physiques 7, 8 qui définissent les deuxième et troisième axes imaginaires A2,
A3. En variante, toutefois, ces axes physiques 7, 8 pourraient être remplacés par
des pivots flexibles, par exemple des pivots flexibles à lames croisées séparées.
[0016] La bascule de blocage et d'impulsion 4 coopère par sa fourchette 4c avec une cheville
ou ellipse 9a solidaire en rotation d'un oscillateur 10 (représenté schématiquement)
servant de base de temps au mouvement et oscillant autour d'un quatrième axe imaginaire
A4, la cheville 9a étant excentrée par rapport à cet axe A4. Dans l'exemple illustré,
la cheville 9a est constituée par l'extrémité d'un doigt 9 coaxial et solidaire en
rotation de l'oscillateur 10. La cheville 9a pourrait néanmoins être sous la forme
classique d'un cylindre porté par l'une des deux faces d'un plateau coaxial et solidaire
de l'oscillateur 10. L'oscillateur 10 peut être sous la forme d'un balancier-spiral
ou d'un oscillateur à pivot flexible sans axe de rotation physique, par exemple. Des
première et deuxième butées 11a, 11b limitent le déplacement angulaire de la bascule
de blocage et d'impulsion 4 dans les deux sens de rotation.
[0017] Les quatre axes imaginaires A1 à A4 sont typiquement distincts les uns des autres
mais l'invention n'exclut pas que certains d'entre eux soient confondus.
[0018] Les deux extrémités 5a, 5b de la lame élastique 5 sont solidaires angulairement de
la bascule d'armage 3 et de la bascule de blocage et d'impulsion 4, respectivement.
Elles sont par exemple soudées aux bascules 3, 4. La lame élastique bistable 5 pourrait
aussi être monobloc (en une seule pièce de fabrication) avec les bascules 3, 4. La
distance entre ces deux extrémités 5a, 5b est plus courte que la longueur de la lame
élastique 5 au repos, si bien que la lame élastique 5 dans l'échappement 1 est précontrainte
en flambage. La lame élastique 5 peut ainsi occuper des premier et deuxième états
stables, correspondant à des niveaux d'énergie bas, où elle présente une forme convexe
(déformation de premier ordre), la convexité s'inversant d'un état stable à l'autre.
[0019] Les figures 1 à 10 montrent les différentes phases du cycle de fonctionnement de
l'échappement.
[0020] Dans une première phase (figures 1 et 2), le mobile d'échappement 2 est entraîné
en rotation dans le sens horaire par l'organe moteur du mouvement et la lame élastique
5 maintient la bascule de blocage et d'impulsion 4 en appui contre la première butée
11a. Une dent 2a de la roue d'échappement 2' entre en contact avec la première dent
d'armage 3a et glisse sur un flanc de cette dernière, contre l'action de la lame élastique
5, pour faire pivoter la bascule d'armage 3 dans le sens horaire. Ce pivotement de
la bascule d'armage 3 arme la lame élastique 5 depuis son premier état stable jusqu'à
ce qu'une autre dent 2b de la roue d'échappement 2' vienne buter contre le premier
bec de blocage 4a de la bascule de blocage et d'impulsion 4, comme montré à la figure
3. L'appui de cette dent 2b contre le premier bec de blocage 4a, par un effet de tirage,
maintient la bascule de blocage et d'impulsion 4 contre la première butée 11a et bloque
la roue d'échappement 2'. Le dimensionnement des composants 2', 3, 4 et 5 est choisi
pour que, dans la configuration de blocage illustrée à la figure 3, la lame élastique
5 soit déformée au-delà d'un état instable d'armage maximum, c'est-à-dire ait déjà
commencé à basculer vers son deuxième état stable. Dans cette configuration, la lame
élastique 5 présente une forme ondulée (déformation de deuxième ordre), correspondant
à un niveau d'énergie haut, légèrement moins haut que le niveau d'énergie de l'état
instable d'armage maximum. Ainsi, avant le blocage, la lame élastique 5 commence à
se détendre, ce qui éloigne la bascule de blocage et d'impulsion 4 de la première
butée 11a, mais les dents de la roue d'échappement 2' sont suffisamment longues pour
que la dent 2b puisse attraper le bec de blocage 4a et plaquer la bascule de blocage
et d'impulsion 4 contre la première butée 11a. Le blocage de la bascule de blocage
et d'impulsion 4 par la roue d'échappement 2' empêche la lame élastique 5 de poursuivre
son basculement vers son deuxième état stable.
[0021] Pendant cette première phase, d'armage et de blocage, l'oscillateur 10 effectue son
arc supplémentaire, c'est-à-dire pivote sans interaction avec l'échappement 1. Après
avoir atteint son élongation maximale dans le sens antihoraire, son sens de rotation
s'inverse et la cheville 9a entre dans la fourchette 4c (figure 3).
[0022] Dans une deuxième phase, de dégagement et d'impulsion (figure 4), la cheville 9a
percute la face interne de la première corne 4d et fait ainsi pivoter la bascule de
blocage et d'impulsion 4 dans le sens antihoraire, ce qui libère la roue d'échappement
2' et la lame élastique 5 (dégagement). La lame élastique 5 bascule vers son deuxième
état stable (figure 5). L'énergie libérée par la lame élastique 5 pendant ce basculement
est transmise à la bascule de blocage et d'impulsion 4 qui pivote brusquement dans
le sens antihoraire pour percuter à son tour, mais avec une force bien plus grande,
la cheville 9a par la face interne de sa deuxième corne 4e et communiquer ainsi une
impulsion d'énergie mécanique à l'oscillateur 10, lequel poursuit son mouvement dans
le sens horaire. La roue d'échappement 2' perd le contact avec la bascule d'armage
3, plus précisément avec la première dent d'armage 3a, et parcourt une chute définie
pour garantir un bon déroulement de la séquence, notamment pour garantir que le début
du réarmage soit effectué après l'impulsion. A la fin de cette deuxième phase (figure
6), la lame élastique 5 est dans son deuxième état stable, la bascule de blocage et
d'impulsion 4 est en appui contre la deuxième butée 11b, la bascule d'armage 3 est
positionnée par la lame élastique 5 pour permettre une coopération entre la deuxième
dent d'armage 3b et la roue d'échappement 2' et la cheville 9a sort de la fourchette
4c.
[0023] Dans une troisième phase, une dent 2c de la roue d'échappement 2' entre en contact
avec la deuxième dent d'armage 3b et glisse sur un flanc de cette dernière, contre
l'action de la lame élastique 5, pour faire pivoter la bascule d'armage 3 dans le
sens antihoraire (figure 7). Ce pivotement de la bascule d'armage 3 arme la lame élastique
5 depuis son deuxième état stable jusqu'à ce qu'une autre dent 2d de la roue d'échappement
2' vienne buter contre le deuxième bec de blocage 4b de la bascule de blocage et d'impulsion
4, comme montré à la figure 8. L'appui de cette dent 2d contre le deuxième bec de
blocage 4b, par un effet de tirage, maintient la bascule de blocage et d'impulsion
4 contre la deuxième butée 11b et bloque la roue d'échappement 2'. Le dimensionnement
des composants 2', 3, 4 et 5 est choisi pour que, dans la configuration de blocage
illustrée à la figure 8, la lame élastique 5 soit déformée au-delà d'un état instable
d'armage maximum, c'est-à-dire ait déjà commencé à basculer vers son premier état
stable. Dans cette configuration, la lame élastique 5 présente une forme ondulée (déformation
de deuxième ordre), correspondant à un niveau d'énergie haut, légèrement moins haut
que le niveau d'énergie de l'état instable d'armage maximum. Ainsi, avant le blocage,
la lame élastique 5 commence à se détendre, ce qui éloigne la bascule de blocage et
d'impulsion 4 de la deuxième butée 11b, mais les dents de la roue d'échappement 2'
sont suffisamment longues pour que la dent 2d puisse attraper le bec de blocage 4b
et plaquer la bascule de blocage et d'impulsion 4 contre la deuxième butée 11b. Le
blocage de la bascule de blocage et d'impulsion 4 par la roue d'échappement 2' empêche
la lame élastique 5 de poursuivre son basculement vers son premier état stable.
[0024] Pendant cette troisième phase, d'armage et de blocage, l'oscillateur 10 effectue
son arc supplémentaire. Après avoir atteint son élongation maximale dans le sens horaire,
son sens de rotation s'inverse et la cheville 9a entre dans la fourchette 4c (figure
8).
[0025] Dans une quatrième phase, de dégagement et d'impulsion (figure 9), la cheville 9a
percute la face interne de la deuxième corne 4e et fait ainsi pivoter la bascule de
blocage et d'impulsion 4 dans le sens horaire, ce qui libère la roue d'échappement
2' et la lame élastique 5 (dégagement). La lame élastique 5 bascule vers son premier
état stable (figure 10). L'énergie libérée par la lame élastique 5 pendant ce basculement
est transmise à la bascule de blocage et d'impulsion 4 qui pivote brusquement dans
le sens horaire pour percuter à son tour, mais avec un force bien plus grande, la
cheville 9a par la face interne de sa première corne 4d et communiquer ainsi une impulsion
d'énergie mécanique à l'oscillateur 10, lequel poursuit son mouvement dans le sens
antihoraire. La roue d'échappement 2' perd le contact avec la bascule d'armage 3,
plus précisément avec la deuxième dent d'armage 3b, et parcourt une chute définie
pour garantir un bon déroulement de la séquence, notamment pour garantir que le début
du réarmage soit effectué après l'impulsion. A la fin de cette quatrième phase (figure
1), la lame élastique 5 est dans son premier état stable, la bascule de blocage et
d'impulsion 4 est en appui contre la première butée 11a, la bascule d'armage 3 est
positionnée par la lame élastique 5 pour permettre une coopération entre la première
dent d'armage 3a et la roue d'échappement 2' et la cheville 9a sort de la fourchette
4c.
[0026] Puis le cycle comprenant les première à quatrième phases se répète.
[0027] Cet échappement 1 est du type à force constante en ce sens qu'une même quantité d'énergie
est communiquée périodiquement à l'oscillateur 10 quel que soit l'état d'armage de
l'organe moteur du mouvement, favorisant ainsi l'isochronisme.
[0028] Le blocage de la roue d'échappement 2' au-delà du point d'instabilité de la lame
élastique 5 permet d'éviter la formation d'un état métastable intermédiaire (de troisième
ordre, c'est-à-dire à trois bosses) pendant le dégagement. Un tel état métastable
intermédiaire est montré à la figure 11(c) pour une lame élastique bistable 5' d'un
échappement selon la technique antérieure dont les deux extrémités sont solidaires
respectivement d'une bascule d'armage 3' et d'une bascule de blocage 4' (représentées
schématiquement). A la figure 11(a) on voit la lame élastique 5' dans son premier
état stable. A la figure 11(b) la lame élastique 5' est dans son état armé à la fin
de la phase d'armage et l'état instable d'armage maximum n'a pas encore été atteint.
Si cet état armé n'est pas suffisamment proche de l'état instable d'armage maximum
- il est difficile en pratique d'armer la lame élastique 5' avec précision en raison
de sa grande sensibilité - l'état métastable intermédiaire de troisième ordre illustré
à la figure 11(c) apparaît pendant le pivotement de la bascule de blocage 4' par l'oscillateur
lors du dégagement. Passer cet état métastable intermédiaire demande du temps et retarde
la libération d'énergie par la lame élastique 5'. Dans la présente invention, au contraire,
aucun point dur n'est à vaincre pendant le dégagement et la lame élastique 5 réagit
immédiatement après le dégagement. L'instant où l'impulsion est communiquée à l'oscillateur
10 peut être mieux maîtrisé, ce qui favorise aussi l'isochronisme.
[0029] Une autre caractéristique qui améliore la précision de l'instant de l'impulsion est
le fait que la bascule de blocage et d'impulsion 4 coopère directement avec la roue
d'échappement 2' pour le blocage et le déblocage de cette dernière. Cette coopération
directe évite en effet de faire intervenir la lame élastique 5 pour le déblocage de
la roue d'échappement 2', la lame élastique 5 restant donc libre de fournir son énergie
à la bascule de blocage et d'impulsion 4 au moment opportun. L'échappement 1 selon
l'invention présente ainsi l'avantage d'un fonctionnement statique et d'une construction
robuste.
[0030] De préférence, l'impulsion communiquée par la bascule de blocage et d'impulsion 4
à l'oscillateur 10 est telle que décrite dans la demande de brevet internationale
n°
PCT/IB2017/053706 de la demanderesse, qui est incorporée dans la présente demande par renvoi, c'est-à-dire
en un seul choc, sans accompagnement de la cheville 9a par la bascule de blocage et
d'impulsion 4. Une telle impulsion permet d'augmenter le rendement de l'échappement
et d'améliorer la chronométrie du mouvement.
[0031] Afin de favoriser l'obtention d'une impulsion en un seul choc, plus précisément afin
de permettre à la bascule de blocage et d'impulsion 4 de prendre suffisamment de vitesse
avant l'impulsion et créer ainsi les conditions d'une impulsion en un seul choc, l'écartement
E des cornes 4d, 4e (mesuré entre les points respectifs des cornes 4d, 4e qui percutent
la cheville 9a lors des impulsions, cf. figure 5) est supérieur à 1,2 fois, de préférence
à 1,3 fois, de préférence à 1,4 fois, de préférence à 1,5 fois, de préférence à 1,6
fois, de préférence à 1,7 fois, de préférence à 1,8 fois, de préférence à 1,9 fois,
de préférence encore à 2 fois, le diamètre D de la cheville 9a. Le diamètre D de la
cheville 9a est son diamètre à proprement parler, lorsque la cheville 9a est de forme
semi-circulaire comme représenté, ou plus généralement sa plus grande dimension perpendiculairement
au plan qui contient l'axe de rotation A4 de l'oscillateur 10 et qui constitue un
plan de symétrie pour la cheville 9a. L'écartement E selon l'invention est ainsi supérieur
à l'écartement de 1,06 (=0,35/0,33) fois le diamètre de la cheville que l'on observe
classiquement dans les échappements.
[0032] Indépendamment de sa fonction de permettre une accélération de la bascule de blocage
et d'impulsion 4 avant l'impulsion, le grand écartement E selon l'invention facilite
la gestion du moment de déclenchement de l'impulsion par rapport à la position de
l'oscillateur 10. Il est par exemple possible d'effectuer le dégagement et l'impulsion
symétriquement par rapport à la ligne des centres (c'est-à-dire par rapport au plan
contenant les axes A3 et A4), ou d'effectuer le dégagement sur la ligne des centres
et l'impulsion après la ligne des centres, le choix se faisant en fonction des gains
chronométriques.
[0033] Grâce aux butées 11a, 11b et au tirage que lui applique la roue d'échappement 2,
la bascule de blocage et d'impulsion 4 est bien positionnée pour recevoir la cheville
9a et est aussi sécurisée contre les chocs extérieurs pendant le blocage. La lame
élastique 5 peut donc être dimensionnée spécifiquement pour transmettre une quantité
d'énergie souhaitée à l'oscillateur 10, elle n'a pas besoin d'être dimensionnée pour
assurer la sécurité de la bascule de blocage et d'impulsion 4. Dans une variante de
l'invention, les butées 11a, 11b sont remplacées par une forme particulière des becs
de blocage 4a, 4b, à l'instar des palettes de certaines ancres d'échappement de la
technique antérieure (cf. par exemple
WO 2011/121432), cette forme particulière limitant, en coopération avec les dents de la roue d'échappement
2', le déplacement angulaire de la bascule de blocage et d'impulsion 4.
[0034] La bascule d'armage 3 est, elle, sécurisée contre les chocs par sa géométrie qui
lui permet de buter immédiatement contre la roue d'échappement 2' en cas de choc reçu
pendant le blocage de la roue d'échappement 2' (cf. figures 3 et 8) quel que soit
le sens dans lequel le choc tend à faire tourner la bascule d'armage 3, la bascule
d'armage 3 conservant ainsi sa position angulaire. Dans l'exemple illustré, pendant
le blocage se produisant au cours de la première phase du cycle de fonctionnement
(figure 3), un prolongement 3c de la bascule d'armage 3 bute immédiatement contre
le sommet d'une dent de la roue d'échappement 2' en cas de choc tendant à faire tourner
la bascule d'armage 3 dans le sens horaire, et le sommet de la première dent d'armage
3a bute immédiatement contre le sommet d'une autre dent de la roue d'échappement 2'
en cas de choc tendant à faire tourner la bascule d'armage 3 dans le sens antihoraire.
Pendant le blocage se produisant au cours de la troisième phase du cycle de fonctionnement
(figure 8), le sommet de la deuxième dent d'armage 3b bute immédiatement contre le
sommet d'une dent de la roue d'échappement 2' en cas de choc tendant à faire tourner
la bascule d'armage 3 dans le sens horaire, et le sommet de la première dent d'armage
3a bute immédiatement contre la serge de la roue d'échappement 2' en cas de choc tendant
à faire tourner la bascule d'armage 3 dans le sens antihoraire. La forme de la bascule
d'armage 3 est aussi choisie pour équilibrer cette dernière, c'est-à-dire pour que
son centre de masse soit sur l'axe de rotation A2.
[0035] Le nombre limité de pièces constituant l'échappement 1 et la faible inertie de ces
pièces - chacun des composants 2', 3, 4, comme l'oscillateur 10 et son doigt 9, peut
être fait au moins majoritairement dans un matériau léger tel que le silicium ou le
verre - autorisent un fonctionnement à haute fréquence, de plusieurs dizaines de Hertz.
[0036] La lame élastique 5 peut être compensée thermiquement pour que son module d'élasticité
ne varie pas, ou varie peu, en fonction de la température. Pour ce faire, on peut
par exemple la revêtir d'une couche d'un matériau présentant un premier coefficient
thermique du module d'élasticité de signe opposé à celui du matériau de base de la
lame élastique 5. Si la lame élastique 5 est en silicium, la couche pourra être en
oxyde de silicium, formé par exemple par oxydation thermique.
[0037] L'échappement 1 tel que décrit ci-dessus, dans lequel la bascule d'armage 3 et la
bascule de blocage et d'impulsion 4 coopèrent chacune directement avec le mobile d'échappement
2, plus précisément avec la roue d'échappement 2', et dans lequel la lame élastique
5 est jointe à ses deux extrémités auxdites bascules 3, 4, est également avantageux
en ce qu'il présente un faible encombrement. Cependant, la présente invention peut
s'appliquer aussi à une lame élastique bistable dont les deux extrémités ou l'une
des deux extrémités sont/est fixe(s). Dans ce cas, par exemple, la lame élastique
5 serait plus longue et serait couplée à la bascule d'armage 3 et à la bascule de
blocage et d'impulsion 4 en étant guidée entre deux goupilles portées par chacune
de ces bascules.
[0038] Plus généralement, l'homme du métier comprendra que de nombreuses modifications de
l'échappement 1 sont possibles.
[0039] L'invention pourrait par exemple s'appliquer aux agencements tels que décrits dans
les demandes de brevet internationales n°
PCT/IB2017/053666 et
PCT/IB2017/053706 de la demanderesse et dans les demandes de brevet citées dans la partie introductive
de la présente demande, toutes ces demandes de brevet étant incorporées dans la présente
demande par renvoi, à condition d'en modifier le dimensionnement pour que la phase
d'armage se poursuive au-delà de l'état instable d'armage maximum.
[0040] Au lieu d'être solidaires et même de former une seule pièce monobloc, à savoir la
bascule de blocage et d'impulsion 4, comme représenté, l'organe de blocage que constituent
les becs de blocage 4a, 4b et l'organe d'impulsion que constitue la fourchette 4c
pourraient être séparés, par exemple sous forme de deux bascules mobiles l'une par
rapport à l'autre mais couplées l'une à l'autre.
[0041] La bascule d'armage 3 et la bascule de blocage et d'impulsion 4 pourraient être reliées
par plusieurs lames élastiques bistables plutôt que par une seule comme représenté.
[0042] L'échappement 1 pourrait comporter plusieurs mobiles d'échappement comme décrit dans
la demande de brevet
WO 99/64936.
[0043] Une autre modification pourrait consister à intervertir la fourchette 4c et la cheville
9a de telle sorte que la fourchette 4c fasse partie de l'oscillateur 10 et que la
cheville 9a fasse partie de la bascule de blocage et d'impulsion 4.
[0044] Enfin, la bascule d'armage 3 et la bascule de blocage et d'impulsion 4, ou l'une
d'entre elles, pourraient être remplacées par des organes mobiles en translation.
1. Echappement d'horlogerie (1) comprenant un organe d'entraînement (2), un organe élastique
bistable (5), un organe d'armage (3) agencé pour être entraîné par l'organe d'entraînement
(2) afin d'armer l'organe élastique bistable (5) pendant des phases d'armage, un organe
de blocage (4a, 4b) pour bloquer l'organe d'entraînement (2) à la fin de chaque phase
d'armage et un organe d'impulsion (4c) agencé pour être entraîné par une détente de
l'organe élastique bistable (5) déclenchée par un oscillateur (10) après chaque phase
d'armage afin de communiquer une impulsion à l'oscillateur (10), caractérisé en ce qu'il est agencé pour que, à la fin de chaque phase d'armage, l'organe élastique bistable
(5) soit déformé au-delà d'un état instable d'armage maximum.
2. Echappement d'horlogerie (1) selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'organe élastique bistable (5) comprend au moins une lame élastique bistable.
3. Echappement d'horlogerie (1) selon la revendication 2, caractérisé en ce que les extrémités (5a, 5b) de la lame élastique bistable (5) ou de l'une au moins des
lames élastiques bistables (5) sont solidaires respectivement de l'organe d'armage
(3) et de l'organe d'impulsion (4c).
4. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'organe de blocage (4a, 4b) et l'organe d'impulsion (4c) sont solidaires l'un de
l'autre.
5. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que l'organe de blocage (4a, 4b) et l'organe d'impulsion (4c) forment une seule pièce
monobloc.
6. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'organe de blocage (4a, 4b) est agencé pour coopérer directement avec l'organe d'entraînement
(2).
7. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que l'organe d'armage (3) est agencé pour coopérer directement avec l'organe d'entraînement
(2).
8. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que l'organe d'entraînement (2) comprend au moins un mobile d'échappement (2).
9. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'organe d'entraînement (2) est un mobile d'échappement (2).
10. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisé en ce que l'organe d'armage (3) est sous la forme d'une bascule.
11. Echappement d'horlogerie (1) selon la revendication 10, caractérisé en ce que l'organe d'armage (3) comprend des parties (3a, 3b, 3c) lui permettant de buter immédiatement
contre l'organe d'entraînement (2) en cas de choc reçu pendant le blocage de l'organe
d'entraînement (2), quel que soit le sens dans lequel le choc tend à faire tourner
l'organe d'armage (3).
12. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 11, caractérisé en ce que l'organe de blocage (4a, 4b) et l'organe d'impulsion (4c) font partie d'une même
bascule (4).
13. Echappement d'horlogerie (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens (11a, 11b) de limitation du déplacement angulaire de l'organe
d'impulsion (4c).
14. Dispositif d'horlogerie (1, 10) comprenant un échappement (1) selon l'une quelconque
des revendications 1 à 13 et un oscillateur (10) tel que mentionné dans la revendication
1, caractérisé en ce que l'organe d'impulsion (4c) ou l'oscillateur (10) comprend une fourchette (4c) agencée
pour coopérer avec une cheville (9a) de l'oscillateur (10) ou de l'organe d'impulsion
(4c) respectivement, la fourchette comprenant des première et deuxième cornes (4d,
4e), et en ce que l'écartement (E) des première et deuxième cornes (4d, 4e) est supérieur à 1,2 fois,
de préférence à 1,3 fois, de préférence à 1,4 fois, de préférence à 1,5 fois, de préférence
à 1,6 fois, de préférence à 1,7 fois, de préférence à 1,8 fois, de préférence à 1,9
fois, de préférence encore à 2 fois, le diamètre (D) de la cheville (9a), ledit écartement
(E) étant mesuré entre les points respectifs des première et deuxième cornes (4d,
4e) qui percutent ou sont percutés par la cheville (9a) lors desdites impulsions.
15. Pièce d'horlogerie, notamment montre-bracelet, comprenant un échappement selon l'une
quelconque des revendications 1 à 13 ou un dispositif selon la revendication 14.
16. Procédé de fonctionnement d'un échappement d'horlogerie (1) comprenant un organe d'entraînement
(2), un organe élastique bistable (5), un organe d'armage (3), un organe de blocage
(4a, 4b) et un organe d'impulsion (4c), le procédé comprenant des phases d'armage
pendant lesquelles l'organe d'armage (3) est entraîné par l'organe d'entraînement
(2) afin d'armer l'organe élastique bistable (5), l'organe d'entraînement (2) étant
bloqué à la fin de chaque phase d'armage, l'organe d'impulsion (4c) étant entraîné
par une détente de l'organe élastique bistable (5) déclenchée par un oscillateur (10)
après chaque phase d'armage afin de communiquer une impulsion à l'oscillateur (10),
caractérisé en ce que, à la fin de chaque phase d'armage, l'organe élastique bistable (5) est déformé au-delà
d'un état instable d'armage maximum.
17. Procédé de réalisation d'un échappement d'horlogerie (1) comprenant un organe d'entraînement
(2), un organe élastique bistable (5), un organe d'armage (3) agencé pour être entraîné
par l'organe d'entraînement (2) afin d'armer l'organe élastique bistable (5) pendant
des phases d'armage, un organe de blocage (4a, 4b) pour bloquer l'organe d'entraînement
(2) à la fin de chaque phase d'armage et un organe d'impulsion (4c) agencé pour être
entraîné par une détente de l'organe élastique bistable (5) déclenchée par un oscillateur
(10) après chaque phase d'armage afin de communiquer une impulsion à l'oscillateur
(10), le procédé comprenant une étape de conception de l'échappement (1) suivie d'une
étape de fabrication de l'échappement (1), le procédé étant caractérisé en ce que, lors de l'étape de conception, les composants de l'échappement (1) sont dimensionnés
pour qu'à la fin de chaque phase d'armage, l'organe élastique bistable (5) soit déformé
au-delà d'un état instable d'armage maximum.