Domaine technique
[0001] La présente invention concerne de manière générale un système d'alimentation en poudre
d'une partie d'une installation en aval, telle qu'un réacteur dans une installation
de conversion thermochimique.
[0002] Elle concerne en particulier les alimentations en poudres cohésives, telles que les
poudres de bois, c'est-à-dire qu'elles ont une tendance naturelle à former spontanément
des arches et des voûtes.
[0003] L'invention a trait plus particulièrement à une application d'alimentation, de contenants
pressurisés ou non, en poudres de charge de matière carbonée, telle que la biomasse,
le charbon ou tout autre type de poudres comme un broyat de déchets... Les contenants
à alimenter peuvent être avantageusement, des réacteurs de gazéification, ou d'autres
systèmes de conversion thermochimique. Dans cette application, les débits massiques
de solide peuvent être très variables, depuis quelques kilogrammes jusqu'à plusieurs
tonnes par heure en conditions industrielles.
[0004] L'invention vise à améliorer de tels systèmes d'alimentation en poudre.
[0005] Plus particulièrement, l'invention trouve son application dans un procédé de gazéification
de la biomasse et, plus généralement de charge de matière carbonée, dans un réacteur
de gazéification de type à flux entraîné, en vue de produire des combustibles ou des
carburants.
[0006] Bien que décrite en référence à la biomasse, pour une conversion en un combustible
ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse,
l'invention peut être utilisée pour la conversion d'autres charges de matière carbonée
(charbon, pet coke, déchets organiques...) ou de combustibles solides de récupération
(CSR).
Etat de la technique
[0007] On désigne sous l'appellation charge carbonée, tout matériau combustible constitué
de composés contenant du carbone.
[0008] Il peut donc s'agir de biomasse, c'est-à-dire tout matériau inhomogène d'origine
végétale contenant du carbone, tel que de la biomasse ligno-cellulosique, des résidus
forestiers ou agricoles (paille), ou des déchets ménagers. Toutes ces charges peuvent
être sèches ou humides.
[0009] Il peut aussi s'agir d'un combustible d'origine fossile, tel que le charbon.
[0010] Il peut aussi s'agir de déchets combustibles d'origine industrielle contenant du
carbone, tel que des matières plastiques. Il peut ainsi s'agir de combustibles solides
de récupération (CSR), tels que définis dans la norme EN 15359, i.e. des combustibles
solides préparés à partir de déchets non dangereux destinés à être valorisés énergétiquement
dans des installations d'incinération ou de co-incinération.
[0011] Il peut aussi s'agir d'une combinaison entre ces différentes charges.
[0012] Les procédés actuels en cours d'étude ou à l'échelle de pilote industriel, permettant
de convertir par voie thermochimique la biomasse ou les autres charges en carburant
liquide ou gazeux par une synthèse chimique, comprennent nécessairement une étape
de gazéification de la charge carbonée pour obtenir un gaz de synthèse contenant du
monoxyde de carbone (CO) et de l'hydrogène (H2).
[0013] L'étape de gazéification proprement dite est réalisée en continu à partir de la charge
carbonée de nature et de granulométrie différentes stockée habituellement à la pression
atmosphérique.
[0014] La gazéification de la biomasse et du charbon est connue depuis longtemps. De manière
générale, on peut la définir comme une transformation thermochimique de la biomasse
ou du charbon par l'action de la chaleur en présence d'agents gazéifiants. On cherche
à générer, à l'issue de la gazéification, un mélange de gaz dit gaz de synthèse qui
comprend du monoxyde de carbone et de l'hydrogène (CO+H2) entre autres.
[0015] Ainsi, les procédés de gazéification de la biomasse ligno-cellulosique permettent
de générer un gaz de synthèse qui permet de produire en aval soit des carburants liquides
soit d'autres produits organiques. Cette gazéification se déroule en présence typiquement
de vapeur d'eau vers 1300-1600°C pour des réacteurs à flux entrainé (RFE). Classiquement,
ces procédés convertissent le carbone de la biomasse avec un gaz en sortie du gazéifieur
avec une composition moyenne de 20-25 % en CO, 8-12 % en CH
4, 18-22 % en CO
2 et environ 38-42 % en H
2 et, des composés organiques C
2 à C
16 plus des composés inorganiques.
[0016] Il existe différents procédés de gazéification opérationnels ou au stade de recherche
que l'on peut regrouper comme suit: la gazéification en lit fixe à contre-courant,
à lit fixe à co-courant, en lit fluidifié et enfin, la gazéification à flux entraîné.
[0017] Dans un réacteur à flux entraîné (RFE), la réaction de combustion prend la forme
d'une flamme, ce qui implique un mode d'injection de la biomasse bien spécifique.
[0018] Ainsi, celle-ci doit être introduite dans le réacteur sous forme de poudre atomisée,
de granulométrie typiqument comprise entre 100µm et 1mm, en suspension dans un gaz
de transport ou gaz porteur.
[0019] La raison première de la réduction en poudre du matériau de biomasse est la nécessité
d'avoir une gazéification suffisamment rapide des particules qui la constituent. En
effet, pour que la poudre ait le temps d'être gazéifiée complètement lors de sa chute
dans le réacteur celle-ci doit être suffisamment fine.
[0020] Le jet atomisé est alors mis en contact avec l'agent oxydant, mélange d'oxygène et
de vapeur d'eau. Il faut, pour obtenir une bonne combustion, que le mélange avec l'oxydant
se fasse rapidement et de façon la plus homogène possible. Cela étant, la combustion
d'une partie du matériau est une option parmi d'autres pour apporter la chaleur nécessaire
au processus de gazéification. On peut très bien avoir un brûleur alimenté en oxygène
et/ou en méthane s'il l'on ne souhaite pas brûler le matériau à gazéifier.
[0021] La biomasse est injectée dans le réacteur à flux entrainé (RFE) de préférence via
un tube de faible diamètre, typiquément de 1 cm à quelques centimètres, ce qui permet
de limiter la remontée de chaleur et de gaz dans le système d'alimentation en biomasse.
[0022] L'alimentation en poudre de biomasse d'un réacteur de gazéification à flux entraîné
et plus généralement d'alimentation en poudre de contenants divers et variés, doit
être faite avec un dispositif de convoyage avec dosage des poudres, c'est-à-dire qui
permet de convoyer et contrôler la quantité de poudre, et en aval avec un dispositif
servant à l'injection de poudres dans un contenant, en continu ou en discontinu.
[0023] Parmi les dispositifs de convoyage avec dosage répandus, on peut citer les dispositifs
avec trémie de stockage reliée en aval à des vis sans fin, écluses rotatives ou les
sas de pressurisation, communément appelés « lock hoppers » en anglais.
[0024] Par exemple, la demande de brevet
WO2012/152742A1 divulgue une écluse rotative pour doser une poudre qui alimente directement depuis
l'écluse un pétrisseur.
[0025] Le brevet
US9227790B2 concerne une installation de gazéification de biomasse ou de charbon dans laquelle
la poudre est convoyée par un convoyeur à vis sans fin de type hélicoïdale.
[0026] On rencontre également des sas de pressurisation, dont le volume plus ou moins important
définit la finesse du dosage. Un avantage des écluses et des sas de pressurisation
est qu'ils ont également un effet d'étanchéité vis-à-vis d'éventuelles fluctuations
de pression en amont et en aval.
[0027] Le principal inconvénient de l'utilisation d'une trémie pour le stockage d'une poudre
cohésive est que son écoulement se fait en formant en quelque sorte une cheminée,
ou même avec des arches qui vont limiter le débit de poudre en sortie de trémie, voire
l'empêcher.
[0028] L'inconvénient majeur des vis doseuses, écluses et lock-hoppers est le caractère
fortement discontinu du débit de poudre généré. En outre, la compaction de la poudre
dans une vis sans fin peut conduire au blocage de cette dernière.
[0029] Afin de pallier ces inconvénients, plusieurs solutions existent.
[0030] Tout d'abord, il est connu d'utiliser des systèmes vibratoires pour assurer l'écoulement
de la poudre au sein de la trémie de stockage.
[0031] Par ailleurs, il est usuel de remplacer une vis sans fin par un convoyeur pneumatique,
ce qui est coûteux et ne garantit pas l'absence de compaction de la poudre convoyée.
[0032] Une autre solution consiste usuellement à agencer un grand nombre de dispositifs
de dosage, soit en série fluidique avec un volume, donc un pas de débit, décroissant,
par exemple des écluses rotatives avec un nombre croissants de godets de taille décroissante
en allant vers le point d'injection, soit en parallèle, avec un dosage alterné de
plusieurs dispositifs. Outre l'investissement et les contraintes de gestion du fonctionnement
alterné, cette solution a pour inconvénient de générer un encombrement non négligeable.
D'autre part, pour les poudres cohésives, des problèmes de bouchage par compaction
de la poudre dans les godets se produisent fréquemment.
[0033] Dans le domaine du convoyage et de la gazéification de poudre de charbon, la solution
consiste à contrôler le débit de solide par un débit additionnel de gaz : voir publications
[1], [2]. Un convoyage avec gaz, aussi désigné par « injection aérée », a pour avantage
de ne pas générer d'encombrement supplémentaire. En revanche, il génère un écoulement
à phase fortement diluée, ce qui peut ne pas être compatible avec bon nombre de procédés
en aval.
[0034] Cela est particulièrement problématique dans une installation de conversion thermochimique,
dans laquelle le gaz ne participe pas à la réaction et de ce fait en diminue le rendement.
Ceci peut être notamment pénalisant à haute pression, du fait de la densité accrue
du gaz, qui augmente les ratios entre débit de masse du gaz et débit de masse solide.
Par exemple, mettre en oeuvre un gaz de convoyage par dilution des particules de poudre
dans une installation de gazéification de biomasse nécessiterait d'utiliser une partie
de l'énergie de la réaction de gazéification pour réchauffer le gaz initialement froid,
ce qui aurait pour effet indésirable de diminuer le rendement global de la réaction.
[0035] En ce qui concerne les dispositifs d'injection, on peut citer la littérature ancienne
et fournie sur les silos de décharge. Ces éléments de type « entonnoir » en forme
de tronc de cône permettent d'injecter un matériau granulaire dans un contenant plus
petit. Par contre, ces entonnoirs, usuellement appelés cônes d'injection, n'ont pas
pour fonction de doser le matériau granulaire et en assurent juste une décharge par
gravité. Ainsi, dans ces dispositifs d'injection connus, la valeur du débit n'est
pas réglable.
[0036] L'inconvénient majeur des cônes d'injection est que la poudre peut provoquer des
bouchages en leur sein, du fait de l'arrivée irrégulière de poudre sous forme de paquets
et non d'écoulement constant, ces paquets pouvant de plus présenter une certaine cohésion
due au compactage dans le dispositif de convoyage en amont, comme une vis sans fin.
Une solution consiste à adjoindre un système vibratoire au cône d'injection, ce qui
tout comme pour la trémie d'injection est coûteux et ne garantit pas l'absence de
bouchage.
[0037] On peut également trouver différents dispositifs d'injection aérée par un gaz, pour
fluidiser la poudre, qui sont décrits en détail dans la publication [2]. Ainsi, comme
pour les dispositifs de convoyage avec dosage, ces dispositifs d'injection ne trouvent
une application qu'en phase diluée avec une fraction volumique solide atteinte qui
est de quelques %.
[0038] Un autre point pénalisant de ce type d'injection aéré est que les fonctions de dosage
et d'injection de poudre ne sont pas séparées puisque c'est le mélange diphasique
et donc le débit de gaz qui détermine en grande partie le débit de solide.
[0039] Enfin, pour des poudres très cohésives et/ou non aisément fluidisables, ce type d'injection
est complexe à réaliser et très dépendant de la nature des poudres, comme expliqué
par la publication [2].
[0040] Si dans l'art antérieur, on trouve des systèmes d'alimentation de poudres en phase
dense qui associent un dispositif de convoyage avec dosage de poudre et un dispositif
d'injection, les inconvénients propres à chaque dispositif subsistent.
[0041] Ainsi, toutes les solutions selon l'état de l'art augmentent le coût et la complexité
d'un système d'alimentation en poudre et ne garantissent pas de manière systématique
son bon fonctionnement suivant les propriétés de coulabilité de la poudre variables
en fonction du type de matériau(x) formant la poudre.
[0042] Il existe donc un besoin général pour améliorer les systèmes d'alimentation de poudre
d'un équipement industriel en aval, notamment afin d'éviter les problèmes de d'écoulement
en cheminée avec arches, de compaction de la poudre qui peuvent conduire au conduire
au bouchage de tout ou partie des systèmes et ce avec un dosage fin, précis et stable,
sans que cela ne nuise au coût de réalisation des systèmes.
[0043] Il existe un besoin particulier d'améliorer les systèmes d'alimentation en poudre
d'une charge de matière carbonée, de préférence de la biomasse ligno-cellulosique,
d'une installation en continu avec réacteur de gazéification de type à flux entraîné,
en vue de produire des combustibles ou des carburants, notamment en vue de s'assurer
un fonctionnement fiable et d'augmenter la rentabilité de l'installation globale.
[0044] Le but de l'invention est de répondre au moins partiellement à ce(s) besoin(s).
Exposé de l'invention
[0045] Pour ce faire, l'invention a pour objet un système d'alimentation en poudre, comprenant:
- un dispositif de convoyage avec dosage, adapté pour convoyer un ou des matériaux sous
la forme de granulés, selon un débit moyen donné;
- un dispositif d'injection alimenté en poudre par le dispositif de convoyage, le dispositif
d'injection étant sous la forme d'une enveloppe délimitée par un cylindre creux prolongé
par un tronc de cône comprenant un orifice de sortie;
- un circuit de circulation de gaz à l'intérieur de l'enveloppe, le circuit de gaz étant
fermé sur lui-même pour réinjecter à l'intérieur de l'enveloppe le gaz récupéré en
sortie de celle-ci, le circuit étant adapté pour générer un cyclone de gaz à l'intérieur
de l'enveloppe au moins sur une partie de la hauteur de cylindre, de sorte que le
cyclone généré entraîne les particules de poudre vers le bas de l'enveloppe afin qu'elles
soient évacuées par gravité par l'orifice de sortie.
[0046] Selon une variante de réalisation, le circuit de gaz comprend un conduit d'entrée
du gaz débouchant selon une direction tangentielle dans la partie supérieure du cylindre
de l'enveloppe.
[0047] Le conduit d'entrée peut être de section rectangulaire.
[0048] Selon une autre variante de réalisation, le circuit de gaz comprend un conduit de
sortie du gaz débouchant sur le dessus dans l'axe du cylindre de l'enveloppe.
[0049] De préférence, le conduit de sortie est un cylindre monté à l'intérieur et de manière
coaxiale au cylindre de l'enveloppe.
[0050] Selon une variante de réalisation avantageuse, le dispositif de convoyage avec dosage
comprend une vis sans fin dont la sortie débouche dans le cylindre de l'enveloppe.
[0051] L'invention a également pour objet, sous un autre de ses aspects, un procédé de gazéification
d'une charge de matière carbonée en un gaz de synthèse en vue de produire un combustible
ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit de synthèse,
comprenant les étapes suivantes :
- a/ convoyage avec dosage d'une poudre;
- b/ génération d'un cyclone de gaz au sein d'une enveloppe d'injection, de sorte à
entraîner la poudre convoyée, vers le bas de l'enveloppe,
- c/ injection par gravité de la poudre évacuée par gravité depuis l'enveloppe, dans
un réacteur de gazéification (4) de type à flux entrainé (RFE), de préférence à des
températures comprises entre 1300 et 1600°C.
[0052] Avantageusement, le débit de gaz formant le cyclone est de l'ordre de 3,5 l/s, pour
un débit de particules de poudre convoyée compris entre 0 et 50 kg/h.
[0053] Avantageusement encore, la taille des particules de poudre convoyée est comprise
entre 10µm et 1mm.
[0054] L'invention a enfin pour objet, une installation de gazéification de charge matière
carbonée, destinée à mettre en oeuvre en continu le procédé décrit précédemment, comprenant
:
- un système d'alimentation décrit précédemment,
- un réacteur de gazéification de type à flux entraîné (RFE), agencé en dessous du dispositif
d'injection du système d'alimentation.
[0055] Ainsi, l'invention consiste essentiellement à créer une fluidisation de la poudre
en générant cyclone de gaz d'entraînement des particules de poudre dans le volume
d'une enveloppe d'injection.
[0056] Le circuit de circulation est configuré pour faire circuler le gaz en circuit fermé
en récupérant le gaz ayant circulé sur le dessus de l'enveloppe pour le réinjecter
tangentiellement au cylindre de l'enveloppe dans sa partie supérieure.
[0057] Les vitesses de rotation du gaz au sein du cyclone sont suffisamment élevées pour
entraîner les particules de poudre qui sont évacuées par l'orifice de sortie du cône
par gravité, c'est-à-dire par leur propre poids.
[0058] De manière surprenante, bien que de nombreux travaux se sont penchés sur la problématique
du convoyage et de l'injection d'une charge carbonée sous la forme de poudre, il semble
que personne n'ait pensé à mettre en oeuvre une fluidisation de la poudre par cyclone
de gaz.
[0059] L'invention qui vient d'être décrite présente de nombreux avantages parmi lesquels
on peut citer :
- suppression des problèmes de blocage, arches, bouchon et autres que l'on rencontre
dans les systèmes d'alimentation en poudre selon l'état de l'art;
- du fait de la circulation du gaz, fluidisation de l'injection de poudre, sans risque
d'interférence avec une installation en aval, notamment un réacteur RFE que l'on souhaite
alimenter en poudre;
- simplicité de mise en oeuvre et dimensionnement d'un cyclone de gaz dans l'enveloppe
d'injection;
- faible puissance de fonctionnement nécessitée par la fluidisation avec cyclone;
- possibilité d'utiliser une plus grande variété de matière carbonée du fait qu'on peut
envisager de mettre en oeuvre la fluidisation par cyclone pour des poudres qui ne
sont pas considérées habituellement comme fluidisables, notamment pour un procédé
industriel aval de conversion thermochimique, en particulier pour la gazéification.
En effet, les vitesses de rotation du cyclone peut être très élevées pour renforcer
la dispersion de tout type de poudre qui est introduite dans l'enveloppe ;
- possibilité d'utiliser des poudres très fines de l'ordre de la dizaine de microns
car on peut aisément régler le diamètre de coupure du cyclone à créer qui est fonction
de sa vitesse de rotation.
Description détaillée
[0060] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention ressortiront mieux à la lecture
de la description détaillée de l'invention faite à titre illustratif et non limitatif
en référence aux figures suivantes parmi lesquelles :
- la figure 1 est une vue schématique d'une partie d'une installation de conversion
thermochimique en continu d'une charge de matière carbonée selon l'état de l'art mettant
en oeuvre un système d'alimentation en poudre de la charge, avant son injection dans
un réacteur de gazéification de type à flux entraîné;
- les figures 2A à 2F sont des vues schématiques en coupe de détail de différentes solutions
selon l'état de l'art de fluidisation de l'écoulement par injection de gaz continue
ou intermittente au travers de la paroi d'un cône ou d'une trémie d'injection de poudre
d'une charge carbonée ;
- la figure 3 est une vue schématique en perspective d'un système d'alimentation en
poudre de charge carbonée selon l'invention ;
- la figure 4 reprend en vue de coupe longitudinale le système selon la figure 3 avec
les dimensions symbolisées des différents éléments ;
- la figure 5 est une vue issue d'une simulation numérique, qui montre les trajectoires
du gaz dans la périphérie extérieure du cyclone formé selon l'invention ;
- la figure 6 est une vue issue d'une simulation numérique, qui montre les trajectoires
des particules d'une poudre de biomasse, suivie à l'intérieur du cyclone formé selon
l'invention.
[0061] Dans la description qui va suivre les termes « entrée », « sortie » « amont », «
aval », sont utilisés par référence avec la direction de transfert de la charge de
matière carbonée dans un système d'alimentation en poudre selon l'invention.
[0062] On précise que si, en figure 1, la trémie de stockage est montrée au-dessus du réacteur
de gazéification avec une vis sans fin à l'horizontale, il s'agit d'une représentation
schématique et qu'en pratique, la trémie repose sur le sol à côté du réacteur et la
vis sans fin est agencée à oblique et véhicule la poudre de charge carbonée de bas
en haut.
[0063] Telle qu'illustrée en figure 1, une installation en continu selon l'état de l'art
met en oeuvre le procédé d'une gazéification d'une charge carbonée par alimentation
de la charge sous d'une poudre par un système 1 adapté, dans un réacteur 4 de type
à flux entraîné.
[0064] Ainsi, le réacteur de gazéification 4 à flux entraîné (RFE ou EFR, acronyme anglais
de «
Entrained flow reactor ») fonctionnant de préférence à des températures comprises typiquement entre 1300-1600°C
et une pression comprise entre 30 et 50 bars est alimenté en continu par la charge
par une dispositif de convoyage avec dosage 2.
[0065] Plus précisément, la charge de matière carbonée est préparée par broyage pour être
mise sous la forme d'une poudre P qui est stockée dans une trémie de stockage adaptée
20.
[0066] L'alimentation en continu avec dosage est réalisée au moyen d'au moins une vis sans
fin 21, par exemple comme décrit dans la demande de brevet
WO 2005/092749.
[0067] En dessous de l'extrémité de la vis sans fin 21 est agencé un cône d'injection 3
qui permet d'injecter la poudre de charge carbonée directement dans le réacteur 4
situé en dessous dudit cône 3.
[0068] Dans ce type d'installation 1 selon l'état de l'art, il a pu être constaté en amont
du réacteur de gazéification 4, plusieurs problèmes liés à l'utilisation de la poudre
pour alimenter le réacteur.
[0069] Tout d'abord, la poudre peut s'écouler en formant une cheminée dans la trémie de
stockage 20, avec le cas échéant la formation d'arches qui vont limiter le débit de
poudre en sortie de trémie 20 voire l'empêcher.
[0070] En outre, la poudre peut avoir tendance à se compacter dans la vis sans fin 21, ce
qui peut conduire au blocage de cette dernière.
[0071] Enfin, l'arrivée irrégulière de la poudre sous forme de paquets et non d'écoulement
constant dans le cône d'injection 3 peut amener à son bouchage, les paquets pouvant
de plus présenter une certaine cohésion due au compactage dans la vis sans fin 21.
[0072] Les figures 2A à 2F montrent différentes variantes de dispositifs d'injection de
gaz sous pression pour fluidifier la poudre qui alimente un cône 3 ou trémie d'injection.
[0073] Un dispositif d'injection de gaz peut donc consister en :
- un cône 3 percé d'une pluralité de trous d'injection 30 de gaz pour former un cône
poreux 5.1 (figure 2A) ;
- un boitier d'aération 5.2 agencé dans une portion de la paroi du cône 3 (figure 2B);
- un élément formant un pommeau d'aération 5.3, monté à l'intérieur de la paroi du cône
3 (figure 2C) ;
- une buse d'aération 5.4, montée à l'intérieur de la paroi du cône 3 (figure 2D) ;
- une buse d'aération 5.5 qui peut en outre vibrer, montée à l'intérieur de la paroi
du cône 3 (figure 2E) ;
- un réservoir de de décharge 5.6 monté à l'extérieur de la paroi du cône 3 et avec
un tuyau d'injection 5.7 relié au réservoir qui débouche à l'intérieur du cône 3 (figure
2F).
[0074] Ces dispositifs d'injection de gaz présentent plusieurs inconvénients majeurs.
[0075] Tout d'abord, ils ne sont applicables que pour des poudres dites fluidisables, puisque
au final leur fonctionnement est assez proche des techniques du lit fluidisé.
[0076] Avec des poudres plus cohésives, comme la plupart des poudres de biomasse la fluidisation
ne se fait pas et on observe en général un phénomène dit de renardage où le gaz forme
des tunnels par lesquels il peut s'échapper.
[0077] L'injection de gaz présente aussi les inconvénients majeurs de créer des surpressions
dans le dispositif d'injection de poudre et de générer un flux gazeux qui est injecté
en sus dans le réacteur thermochimique en aval, ce qui n'est pas forcément souhaitable.
[0078] Les dispositifs vibratoires n'apportent pas réellement des solutions plus efficaces.
[0079] Par conséquent, l'inventeur a pensé à générer un cyclone dans le volume d'une enveloppe
d'un dispositif d'injection de poudre en réalisant une circulation gaz en son sein.
La circulation du gaz est avantageusement prévue pour récupérer le gaz injecté et
le réinjecter dans le volume d'enveloppe, de sorte qu'il ne s'échappe pas à travers
l'orifice de sortie de la poudre en bas de l'enveloppe.
[0080] Ainsi, selon l'invention, comme illustré en figure 3, le système d'alimentation en
poudre comprend tout d'abord un dispositif de convoyage de poudre 21 qui peut être
usuel pour amener la poudre à l'intérieur d'un dispositif d'injection de poudre sous
la forme d'une enveloppe 6.
[0081] Cette enveloppe 6 d'axe longitudinale X est constituée par un cylindre creux 60 prolongée
vers le bas par un tronc de cône 61 comprenant un orifice de sortie 62 ou d'évacuation
de la poudre P.
[0082] Le dispositif de convoyage de poudre 21 peut comprendre une vis sans fin dont la
sortie débouche dans le cylindre 60 de l'enveloppe 6.
[0083] Un circuit de circulation de gaz 7 permet d'injecter du gaz dans la partie supérieure
du cylindre 6.
[0084] Plus précisément, le gaz est injecté tangentiellement au cylindre 60 par un conduit
d'entrée 70, circule à l'intérieur sur au moins la hauteur du cylindre 60 en formant
un cyclone puis ressort par le conduit de sortie 71.
[0085] Le conduit de sortie 71 est formé par un cylindre creux coaxial et monté en partie
à l'intérieur du cylindre 60 de l'enveloppe 6.
[0086] La circulation du gaz s'effectue selon une boucle puisque le circuit 7 est prévu
avec un retour du gaz entre le conduit de sortie 71 et le conduit d'entrée 70. Ainsi,
le gaz est réinjecté dans l'enveloppe 6.
[0087] Grâce à cette configuration, les particules de poudre peuvent être entraînées par
le gaz en rotation selon le cyclone généré. On veille bien entendu à générer des vitesses
de rotation du gaz suffisamment élevées pour entrainer les particules de poudre P.
[0088] A la sortie, la poudre P est évacuée sous l'effet de son propre poids par l'orifice
de sortie 62.
[0089] La figure 4 illustre les formes et dimensions à donner aux différents composants
de l'alimentation en poudre 21, de l'enveloppe et du circuit de gaz 7, pour générer
correctement effectivement un cyclone.
[0090] A titre indicatif, un exemple de dimensionnement est donné ci-après pour les conditions
suivantes :
- la taille de particules de poudre de biomasse est comprise entre 0,2 mm et 1 mm avec
une taille moyenne de 0,5 mm et une forme possible de particules qui ne soit pas sphérique
;
- la densité des particules est de l'ordre de 700 kg/m3 ;
- le débit de biomasse est de 50kg/h et fourni par une vis sans fin 21 ;
- le gaz injecté et recirculant dans le circuit 7 est de l'azote.
[0091] On précise ici que l'inventeur a respecté les proportions géométriques données dans
la publication [3], en page 28 du chapitre 17, pour les nettoyeurs de gaz.
[0092] Avec les symboles utilisés en figure 4, les formes et dimensions sont les suivantes
:
- diamètre extérieur D21 de la vis sans fin 21 égal à 60 mm;
- cylindre 60 de hauteur H60 égale à 160 mm, de diamètre intérieur D61 correspondant à celui d'entrée du cône égal à 80mm;
- cône 61 de hauteur H61 égale à 160 mm ;
- diamètre intérieur D62 de l'orifice de sortie 62 de la poudre égal à 20 mm;
- conduit d'entrée du gaz 70, de section rectangulaire avec une hauteur H70 égale à 40 mm et une largeur L70 égale à environ 18mm ;
- conduit de sortie du gaz 71, sous la forme d'un cylindre de diamètre intérieur D71 égal à 40 mm emmanché coaxial et à l'intérieur du cylindre 60 sur une hauteur H71 de l'ordre de 50 mm.
[0093] Afin de valider la création de cyclone avec un tel dispositif, l'inventeur a procédé
à une simulation numérique à l'aide du code de calculs commercialisé sous la dénomination
FLUENT.
[0094] Pour obtenir la création du cyclone, il est nécessaire d'appliquer une différence
de pression d'environ 100 Pa dans la boucle de recirculation 7 du gaz. On obtient
alors un débit de gaz circulant à l'intérieur de l'enveloppe 6 de l'ordre de 3.5*10
-3 m
3/s. La puissance nécessaire à la génération du cyclone est donc de l'ordre de 0,35
W.
[0095] La vitesse de rotation du gaz en cyclone dans le cylindre creux 60 est de l'ordre
de 5 m/s.
[0096] La figure 5 montre les trajectoires du gaz G dans la périphérie extérieure du cyclone.
[0097] La figure 6 montre la trajectoire des particules de poudre de biomasse P. On vérifie
que les particules sont prises dans le mouvement tourbillonnant du cyclone, c'est-à-dire
entraînées par le cyclone, vers le bas du cône 61. Ces particules sont alors évacuées
par l'orifice de sortie 62. Aucune particule ne remonte au centre du cyclone du fait
du diamètre de coupure du cyclone bien inférieur au diamètre minimum des particules
injectées.
[0098] Pour une application de gazéification de biomasse ligno-cellulosique ou de combustibles
solides de récupération (CSR), les particules de la poudre P qui peuvent alimenter
le cyclone peuvent être très fines et typiquement avoir une dimension comprise entre
10 microns et 1 mm.
[0099] Bien que décrite en référence exclusivement à la biomasse, l'installation de conversion
en un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou un autre produit
de synthèse, l'invention peut être utilisée pour la conversion d'autres charges de
matière carbonée (charbon, pet coke, déchets organiques...) ou encore combustibles
solides de récupération (CSR).
[0100] D'autres variantes et améliorations peuvent être prévues sans pour autant sortir
du cadre de l'invention.
[0101] L'invention n'est pas limitée aux exemples qui viennent d'être décrits ; on peut
notamment combiner entre elles des caractéristiques des exemples illustrés au sein
de variantes non illustrées.
Références Citées
[0102]
[1]: "Pneumatic convection of solids", KLINGZING, G.E., RIZK, F., MARCUS, R. & LEUNG, L.S.,
third édition, 2010.
[2]: "Pneumatic conveying design guide", MILLS, D, Elsevier, 2006.
[3]: Perry's Chemical Engineers' Handbook, Eighth Edition
1. Système (1) d'alimentation en poudre (P), comprenant:
- un dispositif de convoyage (2, 21) avec dosage, adapté pour convoyer un ou des matériaux
sous la forme de granulés, selon un débit moyen donné;
- un dispositif d'injection (6) alimenté en poudre par le dispositif de convoyage,
le dispositif d'injection étant sous la forme d'une enveloppe délimitée par un cylindre
creux (60) prolongé par un tronc de cône (61) comprenant un orifice de sortie (62);
- un circuit (7) de circulation de gaz (G) à l'intérieur de l'enveloppe, le circuit
de gaz étant fermé sur lui-même pour réinjecter à l'intérieur de l'enveloppe le gaz
récupéré en sortie de celle-ci, le circuit étant adapté pour générer un cyclone de
gaz à l'intérieur de l'enveloppe au moins sur une partie de la hauteur de cylindre,
de sorte que le cyclone généré entraîne les particules de poudre vers le bas de l'enveloppe
afin qu'elles soient évacuées par gravité par l'orifice de sortie.
2. Système (1) d'alimentation selon la revendication 1, le circuit de gaz comprenant
un conduit d'entrée (70) du gaz débouchant selon une direction tangentielle dans la
partie supérieure du cylindre de l'enveloppe.
3. Système (1) d'alimentation selon la revendication 2, le conduit d'entrée étant de
section rectangulaire.
4. Système (1) d'alimentation selon l'une des revendications précédentes, le circuit
de gaz comprenant un conduit de sortie (71) du gaz débouchant sur le dessus dans l'axe
du cylindre de l'enveloppe.
5. Système (1) d'alimentation selon la revendication 4, le conduit de sortie étant un
cylindre monté à l'intérieur et de manière coaxiale au cylindre de l'enveloppe.
6. Système (1) d'alimentation selon l'une des revendications précédentes, le dispositif
de convoyage avec dosage comprenant une vis sans fin (21), dont la sortie débouche
dans le cylindre de l'enveloppe.
7. Procédé de gazéification d'une charge de matière carbonée en un gaz de synthèse en
vue de produire un combustible ou un carburant, notamment un carburant liquide, ou
un autre produit de synthèse, comprenant les étapes suivantes :
a/ convoyage avec dosage d'une poudre;
b/ génération d'un cyclone de gaz au sein d'une enveloppe d'injection, de sorte à
entraîner la poudre convoyée, vers le bas de l'enveloppe, le gaz générant le cyclone
circulant dans un circuit de circulation fermé sur lui-même pour réinjecter à l'intérieur
de l'enveloppe le gaz récupéré en sortie de celle-ci,
c/ injection par gravité de la poudre évacuée par gravité depuis l'enveloppe, dans
un réacteur de gazéification (4) de type à flux entrainé (RFE), de préférence à des
températures comprises entre 1300 et 1600°C.
8. Procédé de gazéification selon la revendication 7, le débit de gaz formant le cyclone
est de l'ordre de 3,5 l/s, pour un débit de particules de poudre convoyée compris
entre 0 et 50 kg/h.
9. Procédé de gazéification selon la revendication 7 ou 8, la taille des particules de
poudre convoyée étant comprise entre 10µm et 1mm.
10. Installation de gazéification de charge matière carbonée, destinée à mettre en oeuvre
en continu le procédé selon l'une des revendications 7 à 9, comprenant :
- un système d'alimentation (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 6,
- un réacteur de gazéification (4) de type à flux entraîné (RFE), agencé en dessous
du dispositif d'injection du système d'alimentation.