[0001] La présente invention concerne un dispositif de repositionnement pour un mécanisme
horloger, c'est-à-dire un dispositif conçu pour mettre et remettre un organe dans
une position prédéterminée. Dans un exemple d'application typique, le dispositif de
repositionnement est un dispositif de remise à zéro d'une aiguille, telle qu'une aiguille
de chronographe, de compteur de chronographe, de seconde ou de fraction de seconde.
[0002] Plus précisément, la présente invention concerne un dispositif de repositionnement
pour l'horlogerie comprenant une came de repositionnement, un marteau, un ressort
de rappel et un dispositif de commande. Le dispositif de commande est agencé pour
retenir le marteau dans une position de repos contre l'action du ressort de rappel,
libérer le marteau afin qu'il frappe la came de repositionnement sous l'action du
ressort de rappel et la fasse tourner jusqu'à la verrouiller dans une position prédéterminée,
et ramener le marteau dans sa position de repos contre l'action du ressort de rappel.
Le dispositif de commande est typiquement actionnable par l'utilisateur au moyen d'un
ou plusieurs poussoirs. Un tel dispositif de repositionnement est décrit par exemple
dans l'ouvrage
« Théorie d'horlogerie » de Charles-André Reymondin et al., octobre 1998, au chapitre
11.
[0003] Comme pour tout ressort traditionnel, la force du ressort de rappel dans un tel dispositif
de repositionnement augmente proportionnellement à sa déformation. La figure 7 représente
le graphe G du moment de force appliqué par le ressort de rappel au marteau en fonction
de la position angulaire du marteau, la position P0 étant la position du marteau verrouillant
la came de repositionnement, la position P1 étant la position de repos du marteau
éloignée de la came de repositionnement. La pente de ce graphe G est la raideur du
ressort. On constate que le moment de force Mmax à vaincre par le dispositif de commande
pour ramener le marteau dans sa position de repos P1 est élevé par rapport au moment
de force minimal Mmin de repositionnement de la came, ce qui implique un effort important
de la part de l'utilisateur. On peut réduire cet effort en diminuant la raideur du
ressort de rappel comme illustré par le graphe G', mais alors on diminue aussi la
force du ressort de rappel, laquelle risque de ne plus être suffisante pour repositionner
la came. En effet, on choisit généralement pour le repositionnement de la came une
force minimale afin d'éviter les déplacements brusques générateurs d'usure ou causes
de dysfonctionnements du mécanisme comme le détachement ou la déformation de l'aiguille
par exemple. Si la force qui actionne le dispositif de commande ne provient pas de
l'utilisateur mais d'un ressort moteur, par exemple dans le cas d'un dispositif de
commande actionnable automatiquement, le moment de force élevé à vaincre pour le retour
du marteau dans sa position de repos se traduit par une consommation d'énergie élevée
dans le mécanisme.
[0004] La présente invention vise à réduire le moment de force à vaincre par le dispositif
de commande pour le retour du marteau dans sa position de repos sans nuire à la fonction
de repositionnement de la came.
[0005] A cette fin, il est proposé un dispositif de repositionnement pour l'horlogerie selon
la revendication 1, des modes de réalisation particuliers étant définis dans les revendications
dépendantes.
[0006] L'invention propose en outre une pièce d'horlogerie, telle qu'une montre-bracelet
ou une montre de poche, comprenant ce dispositif de repositionnement.
[0007] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront à la
lecture de la description détaillée suivante faite en référence aux dessins annexés
dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en perspective de dessus d'un dispositif de repositionnement
selon un mode de réalisation particulier de l'invention ;
- la figure 2 est une représentation graphique schématique du moment de force exercé
par un ressort de rappel faisant partie du dispositif de repositionnement en fonction
de sa déformation ;
- la figure 3 représente les coordonnées de points définissant une forme particulière
d'un bras élastique constituant le ressort de rappel ;
- la figure 4 est une représentation graphique du moment de force exercé par le ressort
de rappel ayant la forme telle que représentée à la figure 3 en fonction de sa déformation
;
- la figure 5 est une représentation graphique d'un moment de force normalisé exercé
par un bras élastique ayant la forme telle que représentée à la figure 3 en fonction
de sa déformation, selon différentes variantes du bras élastique, à savoir un tel
bras à section constante (courbe C1) et un tel bras à section variable (autres courbes),
la section variant selon un premier mode de variation ;
- la figure 6 est une représentation graphique d'un moment de force normalisé exercé
par un bras élastique ayant la forme telle que représentée à la figure 3 en fonction
de sa déformation, selon différentes variantes du bras élastique, à savoir un tel
bras à section constante (courbe C1) et un tel bras à section variable (autres courbes),
la section variant selon un deuxième mode de variation ;
- la figure 7, déjà commentée, est une représentation graphique du moment de force exercé
par un ressort de rappel sur un marteau d'un dispositif de repositionnement selon
la technique antérieure, pour deux raideurs différentes du ressort de rappel.
[0008] Dans le contexte de la présente invention, on entend par le terme « raideur » la
raideur tangentielle.
[0009] A la figure 1 est représenté un dispositif de repositionnement 1 pour pièce d'horlogerie
selon un mode de réalisation particulier de l'invention, monté sur un bâti 2. Le dispositif
de repositionnement 1 comprend un organe de commande 3, un marteau 4 pivoté en un
point 5, un ressort de rappel 6 agissant sur le marteau 4 et une came de repositionnement
7 pivotée en un point 8. L'organe de commande 3 est ici une roue à colonnes comprenant
un rochet 9 et des colonnes 10, mais il pourrait être d'un autre type, par exemple
une came-navette. Le marteau 4 comprend un bec 11 agencé pour coopérer avec l'organe
de commande 3 et une surface d'actionnement 12 agencée pour coopérer avec la came
de repositionnement 7. La came de repositionnement 7, typiquement un cœur, est solidaire
d'un organe (non représenté) que l'on souhaite pouvoir remettre dans une position
prédéterminée, correspondant par exemple au zéro d'une graduation. L'organe peut ainsi
être un organe indicateur tel qu'une aiguille de chronographe, de compteur de chronographe,
de seconde ou de fraction de seconde. Dans le cas d'une aiguille de chronographe ou
de compteur de chronographe, le dispositif de repositionnement 1 fait partie du mécanisme
de chronographe et l'organe de commande 3 sert également à commander l'embrayage de
chronographe et/ou un frein de chronographe. Selon un autre exemple d'application,
l'organe solidaire de la came de repositionnement 7 est un élément d'une animation
que comprend la pièce d'horlogerie.
[0010] Le ressort de rappel 6 maintient le bec 11 du marteau 4 en appui contre une colonne
10 de l'organe de commande 3. Dans cette position du marteau 4, dite position de repos,
la surface d'actionnement 12 est hors de contact avec la came de repositionnement
7. Lorsque l'organe de commande 3 est tourné d'un certain angle, le bec 11 du marteau
4 tombe dans un vide entre deux colonnes 10 et la surface d'actionnement 12 vient
frapper la came de repositionnement 7 sous l'action du ressort de rappel 6. L'appui
de la surface d'actionnement 12 sur la came de repositionnement 7 fait tourner cette
dernière jusqu'à ce que la surface d'actionnement 12 vienne se placer en appui contre
deux épaules 13 de la came de repositionnement 7 pour exercer une force dirigée vers
le centre de la came 7, ce qui arrête à la fois le marteau 4 et la came de repositionnement
7. La came de repositionnement 7 et l'organe qui en est solidaire sont alors verrouillés
dans la position prédéterminée mentionnée plus haut. En déplaçant de nouveau l'organe
de commande 3, une colonne 10 coopère avec le bec 11 pour faire remonter le marteau
4 dans sa position de repos contre l'action du ressort de rappel 6.
[0011] La force motrice pour chaque déplacement de l'organe de commande 3 est fournie par
l'utilisateur via par exemple un poussoir agissant sur une bascule de commande agissant
sur le rochet 9 par l'intermédiaire d'un crochet de commande. Selon l'application
visée, on pourrait néanmoins prévoir un actionnement automatique de l'organe de commande
3 par un ressort moteur.
[0012] Dans le cas d'un mécanisme de chronographe, le marteau 4 est ramené dans sa position
de repos par une colonne 10 de l'organe de commande 3 lors du déclenchement du départ
du chronographe. Si le chronographe est à trois temps, c'est-à-dire ne comporte qu'un
seul poussoir pour commander successivement le départ, l'arrêt et la remise à zéro
de l'aiguille de chronographe, le bec 11 du marteau 4 est en appui contre une colonne
10 de l'organe de commande 3 pendant les phases de fonctionnement et d'arrêt du chronographe.
Si le mécanisme de chronographe est à deux temps, c'est-à-dire comporte un premier
poussoir pour commander le départ et l'arrêt de l'aiguille de chronographe et un second
poussoir pour commander la remise à zéro, le bec 11 du marteau 4 s'appuie contre une
colonne 10 de l'organe de commande 3 pendant la phase de fonctionnement mais est en
regard d'un vide entre deux colonnes 10 pendant la phase d'arrêt, le marteau 4 étant
alors retenu dans sa position de repos par un organe de commande auxiliaire, tel qu'un
verrou, commandé par le second poussoir, comme cela est connu en soi.
[0013] Selon l'invention, le ressort de rappel 6 est conformé spécialement pour diminuer
le moment de force à vaincre pour ramener le marteau 4 dans sa position de repos tout
en garantissant une force suffisante pour le repositionnement de la came de repositionnement
7 pendant la chute du marteau 4.
[0014] Comme montré à la figure 1, le ressort de rappel 6 est sous la forme d'un bras ou
lame élastique faisant partie d'une pièce 14 comprenant en outre une base 15 et un
élément rotatif 16, le bras élastique 6 reliant la base 15 à l'élément rotatif 16,
seul le bras élastique 6 se déformant pendant le fonctionnement du dispositif 1. La
base 15 est fixée, par exemple au moyen de goupilles ou de vis, au bâti 2. L'élément
rotatif 16 est fixé, par exemple au moyen de goupilles ou de vis, au marteau 4 pour
tourner autour du point 5 avec le marteau 4.
[0015] La pièce 14 est typiquement monobloc. Elle est par exemple en métal, alliage, silicium,
plastique, verre minéral ou verre métallique. Elle peut être réalisée par usinage
ou par la technique LIGA, notamment dans le cas où elle est faite d'un métal ou alliage,
par gravure ionique réactive profonde dite DRIE, notamment dans le cas où elle est
faite en silicium, par moulage, notamment dans le cas où elle est faite en plastique
ou verre métallique, ou par découpe laser, notamment dans le cas où elle est en verre
minéral.
[0016] Pour la compréhension de l'invention, le comportement de la pièce 14 considérée isolément,
c'est-à-dire libre de toute interaction avec le reste du dispositif 1, est décrit
ci-dessous.
[0017] En raison de la forme de son bras élastique 6, la pièce 14 possède un sens de rotation
privilégié de son élément rotatif 16 autour du point 5 par rapport à sa base 15, ce
sens étant défini comme celui qui permet, à partir d'un état de repos de la pièce
14 isolée dans lequel son bras élastique 6 est au repos (sans déformation), le plus
grand déplacement angulaire relatif de l'élément rotatif 16 par rapport à la base
15. Ce sens de rotation privilégié est le sens horaire à la figure 1.
[0018] Soit θ la position angulaire de l'élément rotatif 16 de la pièce 14 isolée par rapport
à la base 15, θ étant égal à zéro lorsque la pièce 14 isolée est au repos, c'est-à-dire
lorsque son bras élastique 6 est au repos, et augmentant avec le déplacement angulaire
relatif de l'élément rotatif 16 par rapport à la base 15 dans le sens de rotation
privilégié de la pièce 14 isolée ; la figure 2 illustre l'évolution M(θ) du moment
de rappel élastique exercé par le bras élastique 6 dans la pièce 14 isolée en fonction
de la position angulaire θ de l'élément rotatif 16 autour du point 5 par rapport à
la base 15.
[0019] De manière générale, lorsque l'élément rotatif 16 est dans la position angulaire
dans laquelle θ = x°, on dit que la pièce 14 est armée de x°.
[0020] Comme cela est visible sur la courbe M(θ) de la figure 2, ce moment de rappel élastique
suit une évolution en trois phases :
- pour un angle θ compris entre 0 et une première valeur θ1, le moment de rappel élastique augmente rapidement avec la position angulaire θ ;
- au-delà de cette première valeur θ1, la pièce 14 est dans une phase sensiblement stable. En effet, entre cette première
valeur θ1 et une seconde valeur θ2, le moment de rappel élastique est sensiblement constant par rapport à la position
angulaire θ.
On entend par moment « sensiblement constant » un moment ne variant pas de plus de
10%, de préférence 5%, de préférence encore 3%, étant entendu que ce pourcentage peut
être diminué davantage. Plus précisément, soient respectivement Mmin et Mmax les valeurs des moments minimum et maximum exercés dans la pièce 14 isolée sur une
plage [θ1, θ2] donnée de positions angulaires de l'élément rotatif 16 par rapport à la base 15,
le moment exercé dans cette pièce 14 isolée est sensiblement constant dès lors que
l'inéquation « (Mmax-Mmin)/((Mmax+Mmin)/2) ≤ 0,1 » est vérifiée, plus précisément, dès lors que l'inéquation « (Mmax-Mmin)/((Mmax+Mmin)/2) ≤ y% », avec y=10, de préférence y=5, de préférence encore y=3, est vérifiée.
Dans cette phase sensiblement stable, le moment de rappel élastique exercé par le
bras élastique 6 dans la pièce 14 isolée atteint toutefois localement un maximum pour
une position angulaire θa, puis est décroissant dans l'intervalle de positions angulaires compris entre les
valeurs θa et θb, où θa et θb sont compris entre θ1 et θ2 ;
- au-delà de la valeur θ2, le moment de rappel élastique augmente à nouveau jusqu'à atteindre une valeur limite
Mlimite, pour un déplacement angulaire θ=θ3. Cette valeur Mlimite dépend des propriétés du matériau dans lequel la pièce 14 est réalisée et correspond
à la contrainte maximale que peut subir cette pièce.
[0022] L'optimisation topologique dont il est question dans l'article précité utilise des
courbes polynomiales paramétriques telles que les courbes de Bézier pour déterminer
la forme géométrique du bras élastique.
[0023] Les courbes de Bézier se définissent, conjointement à une série de m=(n+1) points
de contrôle (Q
0, Q
1, ... Q
n), par un ensemble de points dont les coordonnées sont données par des sommes de polynômes
de Bernstein pondérées par les coordonnées desdits points de contrôle.
[0024] La forme géométrique du bras élastique 6 est une courbe de Bézier dont les points
de contrôle ont été optimisés pour prendre en compte, notamment, les dimensions de
la pièce 14 à concevoir ainsi qu'une contrainte « (M
max-M
min)/((M
max+M
min)/2) ≤ 0,05 ». L'inéquation « (M
max-M
min)/((M
max+M
min)/2) ≤ 0,05 » correspond à une constance du moment de rappel élastique de 5% sur une
plage angulaire.
[0025] D'une manière générale, le bras élastique ou ressort de rappel de bascule 6 est conçu,
notamment de par sa forme, pour exercer, dans la pièce 14, un moment de rappel élastique
sensiblement constant (constance de 5%) sur une plage de positions angulaires de l'élément
rotatif 16 par rapport à la base 15 d'au moins 10°, de préférence d'au moins 15°,
de préférence encore d'au moins 20°.
[0026] Plus précisément, la forme géométrique du bras élastique 6 est définie par l'ensemble
des points

avec t ∈ [0,1], où les

sont les polynômes de Bernstein donnés par la fonction

avec t ∈ [0, 1],
et où les Q
i sont les points de contrôle Q
0 à Q
n. Elle correspond à la représentation graphique dans un repère orthonormé de l'ensemble
des points définis par les couples de coordonnées (x ; y) définis respectivement par
les fonctions x(t) et y(t), t ∈ [0, 1], ci-dessous :

dans lesquelles Q
ix et Q
iy sont respectivement les coordonnées x et y des points de contrôle Q
i.
[0027] Les formules indiquées ci-dessus donnent les coordonnées d'une courbe de Bézier d'ordre
m, c'est-à-dire une courbe de Bézier basée sur m points de contrôle. Pour des raisons
pratiques, une telle courbe de Bézier peut être décomposée en une succession de courbes
de Bézier d'ordre inférieur à m, auquel cas la forme géométrique du bras élastique
est une succession de courbes de Bézier.
[0028] En utilisant ce principe, la demanderesse a conçu une pièce 14 particulière ayant
les dimensions suivantes :
Distance entre le centre de rotation 5 de l'élément rotatif 16 et le point de jonction
du bras élastique 6 à l'élément rotatif 16 : 2,25 mm ;
Distance entre le centre de rotation 5 de l'élément rotatif 16 et le point de jonction
du bras élastique 6 à la base 15 : 11,25 mm ;
Distance entre les deux extrémités du bras élastique 6 : 9 mm ;
Longueur curviligne du bras élastique 6 : 10,89 mm ;
Epaisseur (largeur) du bras élastique 6 : 63,2 µm ;
Hauteur de la pièce 14 : 0,3 mm.
[0029] Dans le cadre de cette conception, sept points de contrôle Q
0, Q
1, Q
2, Q
3, Q
4, Q
5, Q
6 ont été utilisés. Les coordonnées de ces points de contrôle sont indiquées dans le
tableau 1 ci-dessous.
Tableau 1 : Coordonnées des points de contrôle Q
0 à Q
6.
Variables |
Coordonnées x [mm] |
Coordonnées y [mm] |
Q0 |
1,70240625 |
1,47121875 |
Q1 |
4,2148125 |
3,64275 |
Q2 |
6,328125 |
-1,3303125 |
Q3 |
7,734375 |
1,020375 |
Q4 |
8,4375 |
2,32396875 |
Q5 |
9,84375 |
0 |
Q6 |
11,25 |
0 |
[0030] Avec ces sept points de contrôle il aurait été possible de réaliser une courbe de
Bézier d'ordre sept. Cependant, selon le principe indiqué ci-dessus, la courbe de
Bézier a été décomposée en deux segments, un premier segment correspondant à une courbe
de Bézier d'ordre 4 basée sur les points de contrôle Q
0 à Q
3 et un second segment correspondant à une courbe de Bézier d'ordre 4 basée sur les
points de contrôle Q
3 à Q
6.
[0031] En utilisant les coordonnées des points de contrôle Q
0 à Q
6 ci-dessus dans les fonctions x(t) et y(t) précitées, la demanderesse a obtenu les
coordonnées des points définissant la forme géométrique du bras élastique 6. Un certain
nombre de ces couples de coordonnées sont donnés dans le tableau 2 ci-après.
Tableau 2 : Coordonnées de points de passage du bras élastique optimisé.
X [mm] |
Y [mm] |
1,70240625 |
1,47121875 |
2,0762293 |
1,7451725 |
2,2608121 |
1,8453521 |
2,4437978 |
1,9228087 |
2,6251529 |
1,9788986 |
2,8048438 |
2,0149784 |
2,982837 |
2,0324044 |
3,159099 |
2,032533 |
3,3335963 |
2,0167206 |
3,5062954 |
1,9863237 |
3,6771628 |
1,9426987 |
3,8461649 |
1,8872018 |
4,0132683 |
1,8211897 |
4,1784394 |
1,7460186 |
4,3416447 |
1,663045 |
4,5028508 |
1,5736253 |
4,662024 |
1,4791158 |
4,8191309 |
1,3808731 |
4,974138 |
1,2802534 |
5,1270117 |
1,1786133 |
5,2777186 |
1,0773091 |
5,4262251 |
0,9776972 |
5,5724978 |
0,881134 |
5,716503 |
0,788976 |
5,85820734 |
0,70257953 |
5,99757725 |
0,62330101 |
6,13457924 |
0,55249686 |
6,26917978 |
0,49152347 |
6,40134537 |
0,44173726 |
6,53104248 |
0,40449463 |
6,65823761 |
0,38115199 |
6,78289725 |
0,37306575 |
6,90498788 |
0,38159231 |
7,02447599 |
0,40808809 |
7,14132806 |
0,45390948 |
7,25551059 |
0,52041291 |
7,36699006 |
0,60895476 |
7,47573296 |
0,72089146 |
7,58170578 |
0,8575794 |
7,684875 |
1,020375 |
7,80258923 |
1,18945129 |
7,92961763 |
1,30857778 |
8,06546995 |
1,38221814 |
8,209656 |
1,414836 |
8,36168555 |
1,41089502 |
8,52106838 |
1,37485884 |
8,68731427 |
1,31119112 |
8,859933 |
1,2243555 |
9,03843436 |
1,11881563 |
9,22232813 |
0,99903516 |
9,41112408 |
0,86947773 |
9,604332 |
0,734607 |
9,80146167 |
0,59888661 |
10,0020229 |
0,46678022 |
10,2055254 |
0,34275146 |
10,411479 |
0,231264 |
10,6193935 |
0,13678147 |
10,8287786 |
0,06376753 |
11,0391442 |
0,01668582 |
11,25 |
0 |
[0032] Le graphique de la figure 3 fait apparaître le bras élastique 6 de la pièce 14 particulière
que la demanderesse a conçue, la géométrie du bras 6 étant définie par une courbe
passant par l'ensemble des coordonnées de points défini dans le tableau 2 ci-dessus.
Ce graphique est réalisé dans un repère orthonormé.
[0033] La figure 4 représente les résultats d'une simulation de l'évolution du moment de
rappel élastique de la pièce 14 particulière ainsi réalisée en fonction de la position
angulaire θ de son élément rotatif 16 par rapport à sa base 15.
[0034] La simulation effectuée considère une pièce 14 réalisée en silicium recouvert d'une
couche d'oxyde de silicium, mais tout matériau approprié peut être utilisé. Par exemple
des matériaux tels que des verres métalliques (par exemple le Vitreloy 1b), des alliages
tels que le Nivaflex® 45/18 (alliage à base de cobalt, nickel et chrome), le nickel-phosphore
ou le CK101 (acier de construction non-allié), ou le plastique conviennent également.
Il est important de tenir compte du rapport entre la limite élastique et le module
de Young du matériau pour choisir le matériau constituant le bras élastique 6.
[0035] Il ressort de l'analyse des résultats présentés à la figure 4 qu'un moment de rappel
élastique localement maximum puis décroissant et enfin localement minimum est obtenu
lors d'un déplacement de l'élément rotatif 16 de la pièce isolée 14 particulière étudiée
par rapport à sa base 15 d'une position angulaire θ
a = 18° à une position angulaire θ
b = 34°, c'est-à-dire sur une plage de 16°.
[0036] La raideur de la pièce 14, plus précisément de son bras élastique 6, est la dérivée
de la fonction M(θ) définie précédemment.
[0037] Sur la plage de positions angulaires [θ
a, θ
b] la raideur est nulle aux positions angulaires θ
a et θ
b et négative entre ces positions θ
a et θ
b. Dans la présente invention, on se place dans cette plage [θ
a, θ
b] ou au moins en partie dans cette plage.
[0038] Au sein du dispositif 1, la pièce 14 est donc agencée pour que, à chaque déplacement
du marteau 4 de sa position où il verrouille la came de repositionnement 7 à sa position
de repos éloignée de la came de repositionnement 7 contre l'action du bras élastique
ou ressort de rappel 6, l'élément rotatif 16 se déplace dans une plage prédéterminée
de positions angulaires par rapport à la base 15, cette plage étant incluse dans la
plage de positions [θ
1, θ
2] associée à la pièce 14 et comprenant au moins une partie de la plage de positions
[θ
a, θ
b] dans laquelle la raideur du bras élastique 6 est nulle ou négative. Typiquement,
la raideur est nulle ou négative dans au moins 20%, de préférence au moins 40%, de
préférence au moins 60%, de préférence au moins 80% de la plaque prédéterminée. De
préférence, ladite plage prédéterminée est incluse dans la plage [θ
a, θ
b] ou constituée par cette dernière. De préférence encore, ladite plage prédéterminée
est incluse dans la plage ]θ
a, θ
b[ où la raideur est négative en chaque point.
[0039] Pour obtenir un tel agencement, la pièce 14 est pré-armée. Plus précisément, la base
15 est positionnée lors de son montage sur le bâti 2 de manière à ce que le ressort
de rappel 6 soit armé de θ
arm degrés lorsque la surface d'actionnement 12 est en appui contre les épaules 13 de
la came de repositionnement 7, cette valeur θ
arm étant la borne inférieure de la plage prédéterminée susmentionnée. La longueur de
la plage prédéterminée est définie par la course du marteau 4. Dans l'exemple illustré,
elle est de 15°.
[0040] Grâce à la raideur au moins en partie nulle ou négative du ressort de rappel 6 dans
la plage prédéterminée des positions angulaires que peut prendre l'élément rotatif
16 pendant le fonctionnement du dispositif 1, le moment de force à vaincre pour ramener
le marteau 4 dans sa position de repos peut être réduit par rapport à un ressort de
rappel traditionnel, pour une même force appliquée à la came de repositionnement 7
lorsqu'elle est dans sa position verrouillée. Les ressorts de rappel traditionnels,
à lame droite, en V, en U ou en spirale, présentent en effet tous un comportement
linéaire, leur raideur est positive et constante sur toute leur plage de travail.
[0041] Il est possible d'ajuster la valeur de raideur négative en concevant le ressort de
rappel ou bras élastique 6 avec une section variable. La figure 5 montre différentes
courbes représentatives d'un moment de force M(θ) normalisé exercé par le bras élastique
6 dans la pièce 14 isolée pour différentes variations de section du bras élastique
6. La courbe la plus haute, désignée par C1, correspond à un bras élastique 6 de section
constante et d'épaisseur (largeur) 70 µm. Les courbes situées au-dessous de la courbe
C1 correspondent à un bras élastique 6 dont l'épaisseur augmente linéairement de l'élément
rotatif 16 à la base 15, l'épaisseur au point de jonction avec la base 15 étant de
70 µm pour chaque courbe, l'épaisseur au point de jonction avec l'élément rotatif
16 étant de 69 µm pour la première courbe C2 sous la courbe C1, de 68 µm pour la deuxième
courbe C3 sous la courbe C1, de 67 µm pour la troisième courbe C4 sous la courbe C1,
et ainsi de suite par décrémentation de 1 µm. On constate que, pour les premières
courbes au moins, la raideur diminue (le moment de force décroît plus) dans la plage
d'angles d'armage d'intérêt où la raideur est négative lorsque l'on augmente la variation
de section. Il est à noter aussi que la longueur de la plage d'angles d'armage où
la raideur est négative augmente.
[0042] D'autres modes de variation de la section du bras élastique 6 peuvent être envisagés.
La figure 6 montre différentes courbes représentatives d'un moment de force M(θ) normalisé
exercé par le bras élastique 6 dans la pièce 14 isolée. La courbe la plus haute, désignée
par C1, correspond à un bras élastique 6 de section constante et d'épaisseur 70 µm.
Les courbes situées au-dessous de la courbe C1 correspondent à un bras élastique 6
dont l'épaisseur augmente linéairement de l'élément rotatif 16 au milieu du bras élastique
6 et diminue linéairement du milieu du bras élastique 6 à la base 15, l'épaisseur
au milieu du bras élastique 6 étant de 70 µm pour chaque courbe, l'épaisseur au point
de jonction avec l'élément rotatif 16 et au point de jonction avec la base 15 étant
de 69 µm pour la première courbe C2' sous la courbe C1, de 68 µm pour la deuxième
courbe C3' sous la courbe C1, de 67 µm pour la troisième courbe C4' sous la courbe
C1, et ainsi de suite par décrémentation de 1 µm.
[0043] De manière générale, dans les cas où le bras élastique 6 a une section variable,
celle-ci varie typiquement de manière strictement monotone (elle augmente ou diminue
sans interruption mais pas nécessairement linéairement) sur au moins une portion continue
du bras élastique représentant 10%, de préférence 20%, de préférence 30%, de préférence
40%, de la longueur (curviligne) du bras élastique. La variation de la section est
en outre choisie pour rendre plus négative la raideur du bras élastique 6 sur la plage
[θ
a, θ
b] ou au moins sur la partie de la plage prédéterminée qui se recoupe avec la plage
[θ
a, θ
b], par rapport à un bras élastique de même forme que le bras 6 mais de section constante.
[0044] Dans la présente invention, la forme de la came de repositionnement 7 peut être adaptée
au comportement du ressort de rappel 6 pour que le moment de force appliqué par le
marteau 4 à la came de repositionnement 7 soit sensiblement constant pendant le déplacement
de cette dernière. On évite ainsi des pics de force sur la came 7, générateurs d'usure
ou causes de dysfonctionnement. Si la raideur du ressort de rappel 6 est sensiblement
nulle dans la plage de travail, on choisira donc la forme de la came 7 pour que le
bras de levier soit sensiblement constant. Si la force du ressort de rappel 6 varie
dans la plage de travail, la forme de la came 7 sera telle que la variation du bras
de levier avec lequel le marteau 4 agit sur la came 7 compense la variation de la
force du ressort de rappel 6.
[0046] Il apparaîtra clairement à l'homme du métier qu'au lieu d'être constitué d'un seul
bras élastique, le ressort de rappel 6 pourrait comprendre plusieurs bras élastiques
reliant la base 15 à l'élément rotatif 16, à l'instar des dispositifs décrits dans
les deux articles « Design of adjustable constant-force forceps for robot-assisted
surgical manipulation » et « Functional joint mechanisms with constant-torque outputs
» mentionnés ci-dessus. Dans l'exemple de réalisation illustré à la figure 1, un seul
bras élastique 6 est suffisant puisque celui-ci n'a pas de fonction de guidage - l'élément
rotatif 16 est sur le marteau 4 qui est guidé par son axe - mais remplit seulement
une fonction de rappel élastique. On notera d'ailleurs que réaliser le ressort de
rappel 6 sous la forme d'un seul bras élastique présente l'avantage d'une plus grande
compacité. De manière générale, le choix du nombre de bras élastique(s), de leur longueur
et de leur épaisseur détermine l'intensité de la force produite. On peut aussi jouer
sur l'inclinaison du ou des bras élastiques par rapport à l'élément rotatif 16 (dans
le plan de la pièce 14) pour modifier l'intensité de la force produite.
[0047] Une autre modification de l'invention pourrait consister à rendre la pièce 14 dont
fait partie le ressort de rappel 6 monobloc avec le marteau 4.
[0048] Le marteau 4 pourrait comporter plusieurs surfaces d'actionnement agencées pour agir
sur plusieurs cames de repositionnement respectives.
[0049] On pourrait même avoir plusieurs marteaux du type du marteau 4 commandés chacun par
l'organe de commande 3, soumis à l'action de ressorts de rappel 6 respectifs et agissant
sur des cames de repositionnement 7 respectives. Dans ce cas, il est particulièrement
intéressant que la raideur de chaque ressort de rappel 6 soit négative dans la plage
de travail car le moment de force vu par l'organe de commande 3 est la somme des moments
exercés sur lui par les marteaux 4.
[0050] Par ailleurs, plutôt que de comporter une surface d'actionnement 12 plane comme illustré
à la figure 1, le ou chaque marteau 4 pourrait porter un galet qui coopérerait avec
la came de repositionnement 7 respective.
1. Dispositif de repositionnement (1) pour l'horlogerie comprenant une came de repositionnement
(7), un marteau (4), un ressort de rappel (6) et un dispositif de commande (3), le
dispositif de commande (3) étant agencé pour retenir le marteau (4) dans une position
de repos contre l'action du ressort de rappel (6), libérer le marteau (4) afin qu'il
frappe la came de repositionnement (7) sous l'action du ressort de rappel (6) et la
fasse tourner jusqu'à la verrouiller dans une position prédéterminée, et ramener le
marteau (4) dans sa position de repos contre l'action du ressort de rappel (6), le
ressort de rappel (6) étant agencé pour travailler dans une plage prédéterminée d'angles
d'armage pendant chaque retour du marteau (4) à sa position de repos, caractérisé en ce que le ressort de rappel (6) est un ressort à comportement non linéaire dont la raideur
est nulle ou négative dans au moins une partie de la plage prédéterminée.
2. Dispositif de repositionnement (1) selon la revendication 1, caractérisé en ce que la raideur du ressort de rappel (6) est nulle ou négative dans sensiblement toute
la plage prédéterminée.
3. Dispositif de repositionnement (1) selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la raideur du ressort de rappel (6) est négative dans sensiblement toute la plage
prédéterminée.
4. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 3,
caractérisé en ce que le ressort de rappel (6) comprend au moins un bras élastique.
5. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 4,
caractérisé en ce que le ressort de rappel (6) comprend un seul bras élastique.
6. Dispositif de repositionnement (1) selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que le ou chaque bras élastique est de forme sinueuse.
7. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 4 à 6,
caractérisé en ce que la forme géométrique du ou de chaque bras élastique est une courbe de Bézier ou une
succession de courbes de Bézier.
8. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 4 à 7,
caractérisé en ce que le ou chaque bras élastique présente une section variable dont la variation est choisie
pour rendre plus négative la raideur du ressort de rappel (6) dans ladite au moins
une partie de la plage prédéterminée, de préférence dans sensiblement toute la plage
prédéterminée, par rapport à un bras élastique de même forme mais de section constante.
9. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 8,
caractérisé en ce que le ressort de rappel (6) fait partie d'une pièce monobloc (14) comprenant en outre
une base (15) fixée à un bâti (2) du dispositif de repositionnement (1) et un élément
rotatif (16), le ressort de rappel (6) reliant la base (15) à l'élément rotatif (16).
10. Dispositif de repositionnement (1) selon la revendication 9, caractérisé en ce que l'élément rotatif (16) est solidaire du marteau (4) ou est constitué par le marteau
(4).
11. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 10,
caractérisé en ce que le dispositif de commande (3) est actionnable par l'utilisateur.
12. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 11,
caractérisé en ce que le dispositif de commande (3) comprend une roue à colonnes.
13. Dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque des revendications 1 à 12,
caractérisé en ce que la came de repositionnement (7) présente une forme telle que le moment de force exercé
sur elle par le marteau (4) est sensiblement constant pendant le déplacement de la
came de repositionnement (7).
14. Pièce d'horlogerie comprenant un dispositif de repositionnement (1) selon l'une quelconque
des revendications 1 à 13.