DOMAINE DE L'INVENTION
[0001] La présente invention concerne le domaine de l'énergie, et, plus précisément, les
installations fonctionnant à base de combustion, de gazéification, ou tout autre processus
thermochimique impliquant des combustibles solides.
[0002] Elle concerne plus particulièrement un procédé de sécurisation d'une centrale de
combustion ou de gazéification à combustible solide contre les incendies, ladite centrale
comprenant un foyer de combustion du combustible solide, ce foyer étant alimenté,
en combustible solide, par un système d'alimentation.
[0003] Elle concerne en outre une centrale de combustion ou de gazéification à combustible
solide équipée de moyens pour la mise en œuvre du procédé précité de sécurisation.
ART ANTERIEUR
[0004] Les centrales industrielles de combustion ou de gazéification à combustible solide,
par exemple, à combustion de biomasse, présentent, de même que les centrales thermiques
à gaz ou à fioul, des risques d'incendies. Même si, dans les centrales de combustion
ou de gazéification à combustible solide, le risque d'explosion est minime, il subsiste
toujours, du fait de la présence de poussières et de la possibilité de fuite de gaz
combustible issus de la pyrolyse du combustible solide.
[0005] En outre, une des zones les plus à risque des centrales de combustion ou de gazéification
à combustible solide est l'alimentation en combustible. Le feu peut en effet se propager
dans cette zone, et remonter dans le système d'alimentation vers la réserve en combustible
et ainsi causer des dégâts importants sur la centrale.
[0006] Il est par suite nécessaire de prévenir et de lutter contre les risques d'incendie
dans ces centrales.
[0007] A cet effet, on connait, selon l'art antérieur, des centrales équipées de systèmes
de protection contre les incendies à clapets ou à guillotine, de systèmes rotatifs,
ou de systèmes utilisant directement les moyens de convoyage pour empêcher une remontée
de feu.
[0008] Les systèmes à clapets sont les systèmes anti-feu les plus répandus et certainement
les plus anciens. Ils mettent en œuvre une trappe, pivotante autour d'un axe, obstruant,
en cas de nécessité, le passage entre le foyer et l'alimentation en combustible. Le
document brevet
US2873703 illustre cette technologie pour une centrale à charbon.
[0009] Les systèmes à guillotine sont assez similaires aux systèmes à clapets. Une différence
majeure entre les système à guillotine et les systèmes à clapets concerne la mise
en mouvement de la trappe. Dans les systèmes à guillotine il s'agit d'une trappe guidée
en translation permettant de séparer le système d'alimentation en deux zones distinctes.
Il est essentiel de coupler ce type de système avec un dispositif qui dégage la biomasse
pour ne pas gêner la course de la trappe. Le document brevet
FR2615931 décrit un tel système. A noter que, dans un système à guillotine, la guillotine est
surélevée par rapport au reste de l'alimentation pour éviter le blocage du système
coupe-feu par un surplus de matière. Il s'agit d'un système finalement «intelligent»,
qui redémarre automatiquement lorsque la température descend en dessous d'un seuil.
[0010] Les systèmes rotatifs sont constitués d'un ensemble mis en rotation autour d'un axe
à l'intérieur du système d'alimentation. A la différence des deux précédents systèmes,
les systèmes rotatifs sont des systèmes étanches même durant les phases de fonctionnement
normales. Ce sont des systèmes de type vanne-sas assurant la distribution de la matière
et l'étanchéité du système. Le document brevet
CN178166860 illustre cette technologie. Il décrit un système composé d'une vanne-sas situé au-dessus
d'une trémie permettant d'empêcher un retour de feu.
[0011] Certaines technologies utilisent directement leur dispositif d'alimentation dans
un mode spécialement prévu pour empêcher les retours de feu. C'est le cas par exemple
du système présenté dans le document brevet
RU2287474. Ce système est composé d'une vis d'alimentation, d'un thermocouple et d'une injection
d'eau. Lorsque le thermocouple mesure une température au-delà du seuil programmé,
la vis sans fin se met automatiquement en route et le système injecte de l'eau tant
que la température est trop élevée. Le système fait ainsi parvenir de la biomasse
mouillée dans la chaudière.
[0012] Par ailleurs, le document brevet
EP3015136 décrit une solution de détection des départs de feu dans un stockage de biomasse
grâce à un analyseur en continu de l'humidité de l'air. En effet lorsque la biomasse
brûle, l'eau contenue dans celle-ci s'évapore, augmentant le taux d'humidité de l'air.
[0013] Le document brevet
CN106056824 concerne une solution redondante et intelligente de détection et de lutte contre
le risque incendie dans les centrales biomasse. Il comprend deux capteurs différents
: un premier ensemble de thermocouples au contact de la biomasse et une caméra infra-rouge
permettant également la détection de départ de feu. Les deux capteurs sont reliés
à un système intelligent contrôlant un dispositif d'extinction. Ce dispositif peut
être utilisé dans trois configurations suivant la volonté de l'opérateur : entièrement
automatique, contrôlé à distance ou manuel.
[0014] Enfin, le document brevet
CN202554782 présente un dispositif de lutte contre les incendies inhérent à l'alimentation biomasse.
Ce système est composé de trois thermocouples directement installés dans l'alimentation
en biomasse et reliés à des vannes de régulation elles-mêmes disposées sur un système
d'injection d'eau. Lorsque les thermocouples dépassent la valeur fixée les vannes
s'ouvrent, injectant de l'eau dans l'alimentation en biomasse.
[0015] Les systèmes précités, ainsi que leurs procédés de mise en œuvre, présentent de nombreux
inconvénients.
[0016] Les combustibles solides sont très irréguliers. Les systèmes mécaniques à clapets
ou à guillotine sont très souvent obstrués empêchant l'isolement correct de la biomasse.
De plus, l'installation de systèmes mécaniques et l'adaptation de l'alimentation en
fonction de ces derniers sont souvent très couteuses. Les systèmes mécaniques de types
à clapets et à guillotines nécessitent une maintenance régulière et tombent très facilement
en panne. Les systèmes rotatifs perturbent la bonne alimentation en biomasse, ils
sont régulièrement responsables de bourrages et de formation de voûtes. Ils ne sont
pas adaptés pour des combustibles irréguliers. Par ailleurs, un système coupe-feu
doit le moins possible interagir avec le foyer. Il parait essentiel de ne pas injecter
de biomasse détrempée dans celui-ci pour ne pas l'endommager ou le rendre indisponible
un trop long moment.
RESUME DE L'INVENTION
[0017] Compte tenu de ce qui précède, un problème que ce propose de résoudre l'invention,
est de réaliser un procédé de sécurisation d'une centrale de combustion ou de gazéification
à combustible solide comprenant un foyer de combustion du combustible solide, ledit
foyer étant alimenté, en combustible solide, par un système d'alimentation, qui pallie
aux inconvénients précités de l'art antérieur.
[0018] La solution proposée de l'invention à ce problème posé a pour premier objet un Procédé
de sécurisation, contre des incendies, d'une centrale de combustion ou de gazéification
à combustible solide comprenant un foyer de combustion du combustible solide, ledit
foyer étant alimenté, en combustible solide, par un système d'alimentation, caractérisé
en ce qu'il comporte les étapes suivantes selon lesquelles :
on injecte un liquide non inflammable dans le combustible contenu dans le système
d'alimentation en combustible ;
on forme un bouchon de combustible dans le système d'alimentation en combustible ;
et
on crée un espace vide de combustible dans le système d'alimentation en combustible.
[0019] De manière avantageuse, - le combustible solide comprend de la biomasse, des combustibles
solides de récupération et/ou des déchets - le système d'alimentation en combustible
solide comprend au moins une vis sans fin, le combustible solide étant amené au foyer
de combustion par ladite au moins une vis sans fin ; - le système d'alimentation comprend
une première vis sans fin positionnée sensiblement horizontalement par rapport au
sol et une seconde vis sans fin positionnée à l'extrémité terminale de la première
vis sans fin, et le combustible solide est convoyé, à partir d'un bac de stockage
du combustible disposé en amont de la première vis sans fin au foyer de combustion
disposé au aval de la seconde vis sans fin, au moyen de la première puis de la seconde
vis sans fin ; - pour la formation du bouchon de combustible et pour la création de
l'espace vide de combustible dans le système d'alimentation en combustible, on fait
fonctionner ladite au moins une vis sans fin en marche arrière après avoir injecté
le liquide dans le combustible contenu dans le système d'alimentation ; - le système
d'alimentation en combustible solide de la centrale comprend en outre un ou plusieurs
capteurs, et le procédé comprend en outre une étape selon laquelle on détecte, au
moyen desdits capteurs, une remontée de feu dans le système d'alimentation en combustible
; - les capteurs sont des capteurs de température, des capteurs de CO
2, des capteurs infrarouge et/ou des capteurs d'humidité ; - la centrale de combustion
est équipée d'un automate, les capteurs communiquent avec ledit automate, et l'automate
commande l'injection du liquide non-inflammable dans le combustible contenu dans le
système d'alimentation en combustible et/ou la formation du bouchon de combustible
dans le système d'alimentation en combustible et/ou la création d'un espace vide de
combustible dans le système d'alimentation en combustible ; et - la centrale comprend
en outre un système général de lutte contre les incendies comprenant des capteurs
disposés sur l'ensemble de la centrale, un moyen d'extinction des incendies par arrosage
de la centrale en liquide et/ou en gaz ininflammable, et un automate de sécurité.
[0020] La solution proposé de l'invention au problème précité a pour second objet une centrale
de combustion ou de gazéification à combustible solide sécurisée contre des incendies,
pour la mise en œuvre du procédé tel que décrit ci-dessus, comprenant un foyer de
combustion du combustible solide, ledit foyer étant alimenté, en combustible solide,
par un système d'alimentation, caractérisé en ce qu'il comporte en outre des moyens
pour injecter un liquide non-inflammable dans le système d'alimentation, des moyens
pour former un bouchon de combustible dans le système d'alimentation en combustible,
et des moyens pour créer un espace vide de combustible dans le système d'alimentation
en combustible.
[0021] De manière avantageuse, le système d'alimentation comprend au moins une vis sans
fin et au moins un injecteur de liquide non-inflammable.
[0022] Les phases les plus à risque des centrales de combustion ou de gazéification à combustible
solide sont les phases d'extinction. Ainsi, pour prévenir le risque incendie lors
de ces phases, il est nécessaire de priver le système d'un des trois éléments suivants
: le combustible, le comburant ou la source de chaleur aussi appelée élément déclencheur.
Dans les centrales à combustibles solides et, plus généralement, dans toutes les centrales
thermiques, la source de chaleur est présente dès la phase de démarrage de l'installation
jusqu'au refroidissement total de la centrale qui peut avoir lieu plusieurs heures
après l'extinction de celle-ci. Un combustible solide ne peut être que très difficilement
isolé de l'air, séparer le comburant et le combustible dans ces conditions n'est pas
une solution envisageable. Un objectif atteint par l'invention est donc d'isoler le
combustible de la source de la chaleur pour éviter tout départ de feu. Dans le cas
où un feu est déclaré, l'énergie dégagée par la réaction entre le dioxygène et le
combustible entretient la combustion. Pour lutter contre l'incendie l'invention permet
de priver la réaction d'un de ces réactifs en installant un système coupe-feu.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0023] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description non limitative qui
suit, rédigée au regard des dessins annexés, dans lesquels :
la figure 1 illustre, de manière schématique, une centrale sécurisée selon le procédé
de l'invention ;
la figure 2A illustre, de manière schématique, le fonctionnement classique d'une centrale
sécurisée selon le procédé de l'invention, en détaillant la progression du combustible
solide dans le système d'alimentation ;
la figure 2B illustre, de manière schématique, la formation du bouchon et la création
de l'espace vide lors de la mise en œuvre du procédé selon l'invention ;
la figure 3 est une représentation schématique d'une configuration possible d'une
installation pour la mise en œuvre du procédé selon l'invention ; et
la figure 4 est un logigramme représentatif des étapes mises en œuvre dans le procédé
selon l'invention, suite à un arrêt d'une centrale de combustion ou de gazéification
à combustible solide.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0024] Le procédé selon l'invention est un procédé complet de prévention et de lutte contre
le risque incendie, la principale source de ce risque étant la remonté de feu dans
un système d'alimentation en combustible solide dans une centrale thermique. Ce risque
existe en effet notamment dans plusieurs cas de figures, à savoir, lors de l'arrêt
de la centrale dans le fonctionnement normal, ou lors d'un disfonctionnement de la
centrale qui peut être dû à - un problème technique du système d'extraction des fumées,
- l'utilisation d'un combustible non adapté à la centrale thermique, - une erreur
humaine lors du pilotage de la centrale, ou - une panne du système de contrôle/commande
qui entraine l'arrêt du système, par exemple l'arrêt de l'alimentation en combustible
ou du ventilateur de tirage.
[0025] L'invention concerne en particulier un procédé de sécurisation ou de protection d'une
centrale thermique de combustion ou de gazéification à combustible solide contre les
incendies.
[0026] Le combustible solide utilisé dans de telles centrales est, dans un exemple, de la
biomasse, des combustibles solides de récupération (CSR) et/ou des déchets tels que
des déchets ménagers. Il s'agit alors de combustibles dont la structure et la nature
ne sont pas homogènes. Il peut cependant s'agir d'autres combustibles, par exemple
de combustibles fossiles tels que le charbon.
[0027] Les centrales de combustion sont des centrales thermiques, qui produisent une énergie
électrique et/ou une énergie thermique à partir d'une source de chaleur, produite
par la combustion du combustible solide dans un foyer de combustion.
[0028] Ainsi que cela est illustré en figure 1, le foyer de combustion 1 d'une centrale
de combustion 2, est alimenté en combustible solide 3, par un système d'alimentation
4.
[0029] Dans un exemple, le système d'alimentation 4 en combustible solide comprend au moins
une vis sans fin 4-1, 4-2 et la biomasse 3 est convoyée au foyer de combustion 1 par
ladite au moins une vis sans fin 4-1, 4-2. Dans un exemple préférentiel, le système
d'alimentation 4 comprend une première vis sans fin 4-1 positionnée sensiblement horizontalement
par rapport au sol et une seconde vis sans fin 4-2 positionnée, à l'extrémité de la
première vis sans fin 4-1, sensiblement verticalement. Le combustible solide 3 est
convoyé à partir d'un bac de stockage 5 disposé en amont de la première vis sans fin
4-1 au foyer de combustion 1 disposé en aval de la seconde vis sans fin 4-2 au moyen
de la première 4-1 puis de la seconde 4-2 vis sans fin.
[0030] Le procédé selon l'invention se caractérise en ce qu'il comprend les étapes ci-après.
[0031] Dans une première étape, on injecte un liquide non-inflammable dans le combustible
contenu dans le système d'alimentation en combustible. Il s'agit, dans un exemple,
d'eau.
[0032] L'injection est réalisée au moyen d'un ou plusieurs injecteurs 6-1, 6-2, 6-3 répartis
le long du système d'alimentation et, en particulier, le long de la première vis sans
fin 4.1, à savoir la vis sans fin horizontale. Ces injecteurs sont schématisés par
des flèches à la figure 1. Ces injecteurs 6-1, 6-2, 6-3 forment un dispositif d'extinction
installé sur l'alimentation indépendant du moyen d'extinction du système de lutte
général contre les incendies, qui est généralement présent pour toutes les centrales.
[0033] Le liquide non-inflammable injecté mouille le combustible 3 contenu dans le système
d'alimentation et forme des agglomérats de combustible mouillé, à l'endroit des injections
de liquide.
[0034] Dans une autre étape du procédé selon l'invention, on forme un bouchon 7 de combustible
3 dans le système d'alimentation 4 en combustible. Un tel bouchon 7 est schématisé
à la figure 2B.
[0035] Pour la formation de ce bouchon 7, on fait fonctionner la vis sans fin 4-1 en marche
arrière, c'est-à-dire dans le sens inverse à son sens de fonctionnement normal. Lorsque
la vis sans fin fonctionne en marche arrière, l'agglomérat de combustible mouillé
ne se déplace pas avec la même vitesse dans la vis sans fin que le combustible qui
n'a pas été mouillé. Le combustible qui n'a pas été mouillé, et qui est situé en aval
du combustible mouillé va venir se tasser sur l'agglomérat et l'agglomérat lui-même
va subir un compactage. Le bouchon 7 résulte du compactage de l'agglomérat sous l'action
de la marche arrière de la vis sans fin et du tassement du combustible en aval de
l'agglomérat. En pratique, lorsque le combustible solide est de la biomasse, la dureté
du bouchon 7 obtenu dans la vis sans fin est de l'ordre de celle d'un bouchon de champagne.
Il s'agit donc d'une très grande dureté.
[0036] Dans une autre étape du procédé selon l'invention, on crée un espace 8 vide de combustible
dans le système d'alimentation en combustible. Cet espace vide 8 résulte en partie
du tassement de la biomasse non-mouillée formant le bouchon 7, mais aussi, du fait
que la vis sans fin fonctionne en marche arrière et qu'aucune source de combustible
n'est apportée à l'entrée de la vis sans fin.
[0037] Ainsi que cela est illustré à la figure 3, le système d'alimentation en combustible
solide de la centrale comprend en outre un ou plusieurs capteurs. Selon l'invention,
on détecte, au moyen desdits capteurs, une remontée de feu dans le système d'alimentation
en combustible. Les capteurs sont avantageusement des capteurs de température notés
TC sur la figure 3, pour thermocouple, des capteurs de CO
2, des capteurs infrarouge IR et/ou des capteurs d'humidité.
[0038] Par ailleurs, la centrale est avantageusement équipée d'un automate. Les capteurs
précités communiquent alors avec ledit automate. L'automate contrôle les étapes du
procédé selon l'invention, à savoir l'injection du liquide non-inflammable dans le
combustible contenu dans le système d'alimentation en combustible et/ou la formation
du bouchon de combustible dans le système d'alimentation en combustible et/ou la création
d'un espace vide de combustible dans le système d'alimentation en combustible.
[0039] L'automate précité est, dans un exemple de mise en œuvre de l'invention, l'automate
assurant le contrôle et la commande de la centrale. Il est noté Automate Principal
Contrôle-Commande à la figure 3. Une fonction de cet automate est finalement de faire
communiquer les capteurs avec le dispositif d'extinction de l'alimentation combustible.
Il permet aussi d'envoyer des alarmes à l'opérateur via l'interface homme-machine.
Lorsque le système de capteurs détecte un incendie dans le convoyeur, l'automate déclenche
le dispositif d'extinction du système d'alimentation en biomasse. Ce dispositif d'extinction
comprend les moyens d'amener de l'eau aux injecteurs à partir de la réserve d'eau
et/ou du réseau d'eau public, et les moyens de commande de la rotation des vis sans
fin et notamment de la vis sans fin horizontale qui fait marche arrière.
[0040] Bien entendu, le procédé de sécurisation selon l'invention, ainsi que les moyens
de mise en œuvre de ce procédé, n'exclut pas la présence d'un système général de lutte
contre les incendies, destiné à permettre d'éteindre des incendies sur l'ensemble
de la centrale. Un tel système général fonctionne sur une alimentation électrique
différente du système de lutte particulier selon l'invention décrit précédemment et,
de préférence, sur une alimentation secourue en cas de coupure électrique. Il est
également composé de trois parties communicant entre elles.
[0041] Il s'agit, premièrement, d'un système de capteurs disposés sur l'ensemble de la centrale,
par exemple, des capteurs UV ou IR destinés à la détection de feu sur batterie ou
des capteurs de température, de CO
2 ou encore d'humidité. Ces capteurs sont disposés à différents endroits de la centrale
où un risque incendie a été identifié, par exemple au lieu du stockage du combustible,
au niveau des convoyeurs, sur le système de filtration des fumées, au niveau de l'électronique
de puissance. De la même manière que pour le système pour la mise en œuvre du procédé
selon l'invention, les capteurs sont au minimum doublés.
[0042] Il s'agit, deuxièmement, d'un moyen d'extinction indépendant de celui utilisé par
le moyen de lutte particulier selon l'invention, qui est composé d'un réseau d'eau
permettant d'arroser toutes les zones où le risque incendie est identifié. Une des
ramifications du système donne directement dans le système d'alimentation de la centrale.
Il est activé par une source électrique au minimum secourue et dans la meilleure des
configurations, totalement indépendante du réseau électrique.
[0043] Il s'agit, troisièmement, d'un automate de sécurité, différent de l'automate utilisé
pour le système de contrôle-commande de la centrale. Cet automate a une source d'alimentation
électrique secourue et/ou indépendante du réseau électrique. Cet automate gère de
façon autonome les capteurs d'incendie et le déclenchement des actions d'alarme et
d'extinction incendie. Il communique également les alarmes à l'automate de contrôle-commande
gérant la centrale.
[0044] En définitive, le procédé selon l'invention forme un système de lutte anti-incendie
efficace, qui permet à la fois de prévenir le risque d'incendie et de le combattre
si un incendie se déclenche. Dans des installations de combustion, le risque incendie
est très présent, mais la combustion est aussi le cœur du métier et, par suite, la
source de revenu. Devant un enjeu aussi important, il n'est pas concevable qu'un problème
technique ou mécanique mette en péril l'intégralité de l'installation. Le procédé
selon l'invention permet de prévenir ce risque.
[0045] La prévention contre l'incendie consiste en une série d'actions réalisées automatiquement
lors de l'arrêt de la centrale, qui est la phase la plus à risques, cet arrêt pouvant
subvenir suite à un arrêt normal demandé par un opérateur, ou suite à un incident
soudain et/ou imprévisible dû à des erreurs humaines ou des défaillances techniques.
[0046] Pour limiter les risques de départ de feu lors de l'arrêt de la centrale, une routine
préventive qui comporte deux phases est mise en place. Une première phase rend non-inflammable
le combustible présent dans le système d'alimentation. Il peut s'agir d'une injection
d'eau qui imbibe le combustible et le rend incombustible. Le combustible présent dans
le convoyeur ne peut alors pas prendre feu. Une seconde phase permet de former un
bouchon de combustible tout en créant un espace « vide » de combustible. Cela permet
de limiter les risques de remontée de feu ou de fumées via le système d'alimentation
grâce au bouchon de combustible humide formé. Cela sert aussi de double sécurité en
cas de défaillance de la première action. En effet, l'espace vide limite les risques
de remontée de feu et le bouchon de combustible formé permet de ralentir le feu et
diminuer l'apport d'air à la combustion en cours. Le bouchon formé est ainsi avantageusement
pérenne jusqu'au refroidissement total de la centrale. Il sera évacué au
redémarrage de celle-ci.
[0047] Les phases précitées peuvent être réalisées manuellement mais, dans un mode de réalisation
préféré de l'invention, il s'agira d'une séquence programmée dans le système de contrôle-commande
de la centrale.
[0048] Par ailleurs, lors d'une défaillance technique ou humaine provoquant un défaut de
la centrale, ladite centrale peut se mettre automatiquement en position dite de sécurité
à l'arrêt afin de limiter les risques humains, matériels et d'incendie. Dans la présente
invention les deux phases préventives présentées précédemment sont mises en place,
à savoir l'injection d'un liquide pour rendre le combustible ininflammable et la mise
en œuvre une séquence automatique du convoyeur créant un espace vide en combustible
et un « bouchon » de combustible.
[0049] Ces deux phases ne se déroulent pas nécessairement dans les mêmes conditions que
dans le cas d'un arrêt normal.
[0050] Les quantités de liquide non-inflammable injectées peuvent être différentes, la séquence
de formation du bouchon peut aussi être différente. Seul le principe reste le même.
[0051] Le procédé selon l'invention présente donc de nombreux avantages répondant aux problématiques
posées de l'art antérieur. Dans l'invention, l'intégralité du système correctif est
redondante. Cette répétition permet de ne pas mettre en péril toute l'installation
pour un simple problème technique ou un défaut de capteurs. Les systèmes énergétiques
permettant le fonctionnement des deux parties préventives et correctives sont totalement
différenciés. Cela permet de maintenir une protection en cas de défaut d'alimentation
de l'un comme de l'autre. Le système préventif, notamment le système coupe-feu du
système d'alimentation, est un dispositif simple et adapté aux combustibles solides.
Du fait de l'absence d'élément mécanique supplémentaire dédié au dispositif coupe-feu,
ce système est très peu couteux et robuste. Du fait de la configuration du système
et des précautions prises dans la partie préventive de l'invention, le risque de retour
de feu pendant le fonctionnement normal de la centrale est très limité et quasiment
inexistant. Le système de prévention du retour de flamme est limité spatialement à
l'alimentation du combustible, ce qui préserve le foyer de la centrale.
[0052] On notera que, dans le mode de réalisation préféré de l'invention, à savoir le mode
de réalisation présenté dans les figures 1, 2A, 2B et 3, la centrale peut être arrêtée
pour deux raisons : soit l'opérateur décide d'éteindre la centrale et l'éteint via
une Interface Homme-Machine ; soit un incident intervient et déclenche la mise en
sécurité de la centrale. Dans ces conditions une procédure d'arrêt accélérée est déclenchée
afin de refroidir rapidement la centrale de couper tout apport de combustible.
[0053] Pour limiter les risques de retour de flamme dû à la présence de biomasse immobile
à proximité du foyer, on met en œuvre des étapes en séquence automatique d'injection
d'eau et de formation d'un bouchon de combustible. La vis verticale est stoppée pour
arrêter l'alimentation du réacteur en combustible. Une électrovanne s'ouvre pour injecter
de l'eau du réseau dans la vis afin d'humidifier le combustible. La vis horizontale
recule afin de créer un bouchon de combustible humide tout en créant un espace vide
de biomasse. De l'eau est régulièrement injectée pour s'assurer qu'aucune remontée
de feu ne se fasse.
[0054] Un exemple de séquence du contrôle-commande permettant de réaliser l'arrosage du
combustible et de former le bouchon de combustible lors d'un arrêt normal est donné
dans le logigramme montré à la figure 4. La séquence lors d'un arrêt accidentel sera
proche en terme de logigramme. Les temporisations, les quantités d'eau injectées et
les vitesses de recul des vis seront différentes et dépendent du combustibles et de
la configuration de la centrale.
[0055] La centrale selon l'invention comporte donc deux systèmes correctifs totalement indépendants
et redondants. Il s'agit du système de lutte particulier relatif à l'alimentation
en combustible et du système général de lutte contre l'incendie.
EXEMPLE : SYSTEME DE LUTTE PARTICULIER RELATIF A L'ALIMENTATION EN COMBUSTIBLE
[0056] L'alimentation en combustible étant le point le plus sensible il est important d'assurer
une redondance du système anti-incendie en ce point. Dans cet exemple, le système
particulier de lutte contre l'incendie de la présente invention est tel que décrit
dans la présente demande. Elles sont résumées ci-après. L'intégralité du système fonctionne
sur le réseau électrique et dispose d'un système de batterie en cas de coupure.
Système de détection
[0057] Il se compose de trois thermocouples TC (voir Fig. 3) qui mesurent la température
en trois point différents au niveau du système d'alimentation. Ils sont fixés sur
la goulotte de la vis de convoyage. Ces thermocouples sont des transmetteurs qui communiquent
leurs informations au contrôle-commande de la centrale.
Automate programmable
[0058] Il s'agit de l'automate programmable industrielle du contrôle commande de la centrale.
En cas de défaut relevé par les thermocouples TC, différents niveaux sont atteints.
Niveau 1 : alarme pour l'opérateur, pas d'action particulière. Niveau 2 : ouverture
de l'électrovanne utilisée dans le système préventif qui est raccordée au réseau d'eau.
Niveau 3 : transmission de l'alarme à l'automate de sécurité incendie général. Ce
dernier niveau permet de faire une redondance sur l'injection d'eau car le système
déclenché par l'automate de sécurité incendie général utilise une autre source d'eau,
à savoir un réservoir indépendant. Lorsqu'une alarme provient de l'automate de sécurité
incendie général (feu détecté ailleurs sur la centrale), le système particulier de
lutte contre l'incendie est déclenché par sécurité
Système d'extinction
[0059] Ce système comprend trois parties. It s'agit tout d'abord d'une tuyauterie alimentée
par l'eau sous pression du réseau d'eau potable. Il s'agit ensuite d'une électrovanne
communiquant avec le système de contrôle-commande ainsi qu'une vanne manuelle de by-pass,
cette dernière permettant à un opérateur d'agir directement et d'arroser la biomasse
même sans électricité ou sans automate s'il détecte un incendie. Il s'agit enfin d'une
buse d'injection disposée directement à l'intérieur du système d'alimentation en combustible.
EXEMPLE : SYTEME GENERAL DE LUTTE CONTRE L'INCENDIE
[0060] Le système général de lutte contre l'incendie s'inscrit dans un système plus grand
de lutte contre les risques industriels tels que la production de CO, de CH
4 ou d'H
2. Dans cet exemple, il comprend, selon l'invention, trois parties redondantes et indépendantes
du système de lutte particulier relatif à l'alimentation en combustible. Ces trois
parties sont présentées ci-après.
Système de détection
[0061] Il est composé de deux détecteurs de flammes UV/IR pour s'assurer de la redondance
de la mesure qui détectent d'éventuelles flammes. Ces capteurs utilisent 2 technologies,
UV et IR, afin d'augmenter la pertinence de la mesure. Ils communiquent leurs informations
à un automate de sécurité indépendant. Ils fonctionnent grâce une batterie interne.
Automate programmable indépendant
[0062] Il s'agit de l'automate de sécurité indépendant responsable de l'intégralité du système
de lutte contre les risques liés au feu et au gaz sur l'ensemble de la centrale. Dans
le cas où les capteurs de flammes détectent une anomalie, cet automate déclenche le
système d'extinction général de la centrale, prévient l'opérateur et le personnel
par une signalétique sonore et visuelle, et transmet l'alarme à l'automate industrielle
programmable. L'automate fonctionne grâce à une batterie interne.
Système d'extinction
[0063] Ce système est composé de différentes parties : - une réserve de 10 m
3 d'eau, le volume dépendant de la taille de la centrale et des zones de stockage ;
- une pompe Diesel permettant d'envoyer l'eau du réservoir sur l'ensemble du réseau
incendie ; - un réseau d'eau incendie indépendant du réseau d'eau public et totalement
dédié à ce système, relié à la cuve et à la pompe ; et - un ensemble de buses d'injection
d'eau positionné au-dessus de chaque réserve de biomasse, système de convoyage de
combustible ou autre zone avec un risque d'incendie identifié.
[0064] En pratique, lors du déclenchement du système général, la pompe démarre automatiquement
et envoie l'eau du réservoir à travers le réseau incendie. L'eau est alors projetée
à tous les endroits susceptibles d'être en feu. Cela permet d'avoir une certitude
d'envoyer de l'eau sur le lieu de l'incendie mais aussi d'éviter un effet d'emballement.
Ainsi, si l'incendie n'est pas arrêté là où il a débuté car il est trop violent ou
pour tout autre raison, l'ensemble des autres zones susceptibles d'apporter une charge
au feu est humidifié et inhibé.
1. Procédé de sécurisation, contre des incendies, d'une centrale (2) de combustion ou
de gazéification à combustible solide (3) comprenant un foyer de combustion (1) du
combustible solide (3), ledit foyer (1) étant alimenté, en combustible solide (3),
par un système d'alimentation (4),
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes selon lesquelles :
on injecte un liquide non inflammable dans le combustible (3) contenu dans le système
d'alimentation (4) en combustible ;
on forme un bouchon (7) de combustible (3) dans le système d'alimentation (4) en combustible
; et
on crée un espace (8) vide de combustible dans le système d'alimentation en combustible.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le combustible solide (3) comprend de la biomasse, des combustibles solides de récupération
et/ou des déchets.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 ou 2, en ce que le système d'alimentation
(4) en combustible solide comprend au moins une vis sans fin, le combustible étant
amené au foyer (1) de combustion par ladite au moins une vis sans fin.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le système d'alimentation (4) comprend une première vis sans fin (4-1) positionnée
sensiblement horizontalement par rapport au sol et une seconde vis sans fin (4-2)
positionnée à l'extrémité terminale de la première vis sans fin (4-1), et en ce que le combustible solide (3) est convoyé, à partir d'un bac de stockage (5) du combustible
disposé en amont de la première vis sans fin (4-1) au foyer de combustion (1) disposé
au aval de la seconde vis sans fin, au moyen de la première (4-1) puis de la seconde
(4-2) vis sans fin.
5. Procédé selon l'une des revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que, pour la formation du bouchon (7) de combustible et pour la création de l'espace
(8) vide de combustible dans le système d'alimentation (4) en combustible, on fait
fonctionner ladite au moins une vis sans fin (4-1) en marche arrière après avoir injecté
le liquide dans le combustible (3) contenu dans le système d'alimentation (4).
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que le système d'alimentation (4) en combustible solide (3) de la centrale comprend en
outre un ou plusieurs capteurs, et en ce qu'il comprend en outre une étape selon laquelle on détecte, au moyen du ou desdits capteurs,
une remontée de feu dans le système d'alimentation (4) en combustible.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le ou les capteurs sont des capteurs de température, des capteurs de CO2, des capteurs infrarouge et/ou des capteurs d'humidité.
8. Procédé selon l'une des revendications 6 ou 7, caractérisé en ce que la centrale de combustion (2) est équipée d'un automate, en ce que le ou les capteurs communiquent avec ledit automate, et en ce que l'automate commande l'injection du liquide non-inflammable dans le combustible (3)
contenu dans le système d'alimentation (4) en combustible et/ou la formation du bouchon
(7) de combustible dans le système d'alimentation en combustible et/ou la création
de l'espace (8) vide de combustible dans le système d'alimentation (4) en combustible.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la centrale comprend en outre un système général de lutte contre les incendies comprenant
des capteurs disposés sur l'ensemble de la centrale, un moyen d'extinction des incendies
par arrosage de la centrale en liquide et/ou en gaz ininflammable, et un automate
de sécurité.
10. Centrale (2) de combustion ou de gazéification à combustible solide (3) sécurisée
contre des incendies, pour la mise en œuvre du procédé selon l'une des revendications
1 à 8, comprenant un foyer (1) de combustion du combustible solide (3), ledit foyer
(1) étant alimenté, en combustible solide (3), par un système d'alimentation (4),
caractérisée en ce qu'elle comporte en outre des moyens pour injecter un liquide non-inflammable dans le
système d'alimentation (4), des moyens pour former un bouchon (7) de combustible (3)
dans le système d'alimentation (4) en combustible, et des moyens pour créer un espace
(8) vide de combustible dans le système d'alimentation en combustible.
11. Centrale (2) selon la revendication 10, caractérisée en ce que le système d'alimentation (4) comprend au moins une vis sans fin (4-1, 4-2) et au
moins un injecteur (6-1, 6-2, 6-3) de liquide non-inflammable.