Domaine de l'invention
[0001] La présente invention concerne l'intégration d'un procédé de conversion de déchets
plastiques en fractions hydrocarbonées liquides avec un procédé de conversion de pneus
usagés par dégradation thermique.
Etat de la technique
[0002] Les procédés de conversion par décomposition thermique des pneus usagés visent en
général à produire des fractions gazeuses, liquides et solides. Le pneu est en général
broyé initialement pour obtenir soit des broyats de pneus contenant encore une partie
des fibres textiles ou fils métalliques contenus dans le pneu (typiquement des pièces
de 10 cm) ou des granulats (de dimensions généralement inférieures à 5 mm) exempts
de fibres textiles ou fils métalliques. Il est possible de faire réagir ces charges
ainsi préparées en les exposant à la température pour décomposer le pneu usagé et
récupérer une fraction gazeuse, une fraction liquide et une fraction solide. Pour
arriver à décomposer le pneu, il faut en général exposer le pneu à une température
assez élevée, généralement comprise entre 300 et 900°C pendant des temps de réactions
allant de 30 minutes à plusieurs heures.
[0003] Il existe de nombreuses technologies de mise en œuvre de ces réactions. On peut par
exemple mettre en contact les pneus avec la température dans des fours tournants (
Lewandowski et al., Journal of Analytical and Applied Pyrolysis, 140, 2019, 25-53), ou dans des lits mobiles (
EP2661475). Ces technologies sont robustes mais nécessitent en général de travailler à des
températures assez élevées, généralement en moyenne au-delà de 500°C. Dans ces procédés,
le noir de carbone, présent en général dans la charge à hauteur de 25-40% en poids
et constitué à l'origine de très fines particules / agglomérats sub-micrométriques
ou micrométriques, tend à s'agglomérer en présence de la gomme décomposée qui forme
un coke liant ces structures à différentes échelles, le solide sortant souvent du
réacteur sous la forme de blocs de plusieurs millimètres / centimètres qu'il faut
alors broyer finement afin de réutiliser ce solide en tant que noir de carbone, ce
qui requiert une dépense énergétique importante. Dans ces procédés, les conditions
de température sont élevées et on trouve dans le réacteur essentiellement des fractions
gazeuses et solides.
[0004] Les liquides produits résultent alors de la condensation des produits gazeux en aval
du réacteur. Ces conditions de température élevée tendent par ailleurs à favoriser
les réactions de polycondensation et de cokage pour former des structures polyaromatiques
à partir de réactions de cyclisation impliquant les structures aromatiques et oléfiniques
présentes (
M.F. Laresgoiti, B.M. Caballero, I. de Marco, A. Torres, M.A. Cabrero, M.J. Chomón.
J. Anal. Appl. Pyrolysis 71 (2004) 917-934) ou du coke. Plus la température est élevée, et plus les teneurs en structures polyaromatiques
formées et en coke formé augmentent. Or, si les molécules aromatiques sont d'une part
de bons solvants et trouvent d'autre part de nombreuses applications, notamment comme
bases pétrochimiques, les structures polyaromatiques par contre sont préjudiciables
à la qualité du liquide formé et très difficiles à raffiner ou à convertir. Elles
sont de plus des précurseurs de coke idéal. Il y a donc intérêt à essayer de limiter
au maximum les réactions de polycondensation pour produire un minimum de structures
polyaromatiques en préservant les structures mono-aromatiques présentes.
[0005] Pour améliorer la qualité de la phase solide et limiter la formation de coke sur
le noir de carbone, il est possible de baisser la pression partielle d'hydrocarbure
en injectant de la vapeur pendant les réactions de craquage qui nécessitent néanmoins
une température élevée au-delà de 500°C pour réaliser le craquage dans des conditions
essentiellement gaz-solide (
US2016/0083657). Ces procédés gaz-solide induisent en général des productions de gaz incondensables
dans les conditions atmosphériques qui sont très élevées et comprises entre 10 et
25% poids par rapport à la charge de pneu entrant dans le réacteur. Or la valorisation
des gaz de réaction est localement complexe. Ces gaz sont donc en général utilisés
pour produire la chaleur requise pour faire les réactions mais cela se fait au détriment
de la quantité de produits liquides facilement valorisables qui est donc alors limitée.
Ces fractions liquides sont en effet ensuite éventuellement valorisées pour produire
de nouvelles coupes hydrocarbonées (naphta, essence, kérosène, gazole, distillat sous
vide, résidus) utilisées en raffinerie pour produire des carburants ou en pétrochimie
pour produire des bases servant ensuite à élaborer des matières plastiques. Il faut
néanmoins raffiner ces coupes afin de les mettre aux spécifications désirées. Plus
les structures polyaromatiques sont nombreuses, et plus le raffinage est complexe.
[0006] Une voie alternative consiste à mettre en contact les charges de pneus en contact
avec un liquide, à monter ce liquide en température et à dissoudre et convertir les
pneus dans une phase liquide homogène dans laquelle la charge de pneu est agitée et
disparait progressivement. Un exemple de cette mise en œuvre est donné dans
US 3,978,199 et
US 3,704,108. Ce type de procédé permet de récupérer le noir de carbone en phase liquide après
filtration sans qu'il y ait eu agglomération de ces particules ou dépôt de coke à
leur surface comme c'est le cas dans les réactions opérant en phase gaz-solide. La
mise en œuvre dans des conditions de température limitée inférieures à 450°C limite
par ailleurs les réactions de polycondensation des aromatiques, la formation de coke
à la surface des particules de noir de carbone et la formation de gaz qui est en général
comprise entre 1 et 7% poids de la charge rentrante. La mise en œuvre d'un solvant
contenant des fractions aromatiques, préférentiellement mono-aromatiques, est favorable
et permet de mieux dissoudre la charge dans le réacteur. Comme naturellement les pneus
sont composés de différentes gommes dont des quantités importantes de caoutchouc synthétique
composé de gommes styrène-butadiène (SBR ou «
Styrene Butadiene Rubber » selon la terminologie anglo-saxonne), les fractions liquides produites contiennent
des fractions importantes d'aromatiques et il peut être avantageux de séparer et de
recycler une partie du liquide formé pendant la réaction pour l'utiliser comme solvant,
alors que la fraction liquide non recyclée peut être envoyée en raffinerie pour être
raffinée puis valorisée comme coupe hydrocarbure pour alimenter les pools produits
ou la pétrochimie.
Il faut souligner que ces procédés de traitement de pneus usagés sont en général dispersés
sur le territoire et consistent en des installations de capacités limitées, typiquement
entre 5 et 50 kilotonnes/an de pneus entrants.
[0007] Les plastiques usagés sont présents en grande quantité dans les filières post consommation.
Il existe de nombreuses filières (emballage, déchets d'équipements électriques et
électroniques, agriculture, automobile, bâtiment, jouet) caractérisées par des organisations
et modes de collectes spécifiques. En fonction des usages on retrouve dans les filières
les grandes résines plastiques utilisées, à savoir les polyoléfines (polyéthylène
et polypropylène), le polychlorure de vinyle (PVC), le polytéréphtalate d'éthylène
(PET), les polyuréthanes, le polystyrène ainsi que de nombreuses autres matières plastiques
en plus petites quantités. Les plastiques usagés qui sont collectés dans ces filières
sont en général triés et il en résulte des flux de matières contenant essentiellement
une résine, par exemple le PET ou le PVC ou le Polyéthylène, dont le recyclage peut
être envisagé soit mécaniquement, soit chimiquement pour refaire des résines plastiques
réutilisables. A l'issue de la collecte et du tri, il existe également des flux de
plastiques mélangés, dont le recyclage pour refaire des résines plastiques n'est pas
envisageable car trop complexe et donc trop cher. Dans ce cas, d'autres voies de valorisation
peuvent être plus pertinentes comme la décomposition thermique, appelée également
craquage, ou pyrolyse, qui peut être mise en œuvre en présence ou non d'un catalyseur
(
Chika Muhammad, Jude A. Onwudili, and Paul T. Williams, Energy Fuels 2015, 29, 2601-2609), ces voies étant généralement conduites en absence d'un solvant liquide dans les
conditions de réactions. Dans le brevet
US9,920,255 cependant, un procédé utilisant un solvant liquide est utilisé pour faciliter la
mise en œuvre réactionnelle, et il est bien spécifié que ce solvant liquide est importé
et est issu de pétrole, sa teneur en aromatique devant être supérieure à 25%. L'utilisation
de coupes aromatiques telles que les coupes de distillat moyen ou les coupes de distillat
lourd qui sont produites en raffinerie est en effet possible. Cependant l'utilisation
de ces solvants pose plusieurs problèmes, en particulier lorsque le site de traitement
est un site de capacité limitée (comprise par exemple entre 5 et 50 kilotonnes/an
[kt/a]) et délocalisé loin d'une raffinerie. Ces solvants ne sont alors pas disponibles
sur le site et leur acheminement est couteux. De plus l'usage de solvants issus directement
du raffinage de pétrole contribuerait à diluer des produits issus du recyclage avec
des produits fossiles vierges.
[0008] La décomposition thermique des plastiques permet de produire des fractions liquides
qui sont ensuite éventuellement valorisées pour produire de nouvelles coupes hydrocarbonées
(naphta, essence, kérosène, gazole, distillat sous vide, résidus) utilisables en raffinerie
pour produire des carburants ou en pétrochimie pour produire des bases servant ensuite
à élaborer des matières plastiques. Valoriser ces coupes produites nécessite néanmoins
de raffiner en aval ces coupes afin de les mettre aux spécifications désirées. Dans
cette optique, il est souhaitable d'éviter de traiter des plastiques contenant des
hétéro-éléments, comme le PVC qui contient des halogénés, ou des plastiques comme
le PET et les polyuréthanes qui contiennent beaucoup d'oxygénés et dont la structure
chimique favorise la production de coke. Il est donc bien connu que pour produire
des fractions liquides par décomposition thermique ou catalytique, les plastiques
les plus intéressants sont les polyoléfines et le polystyrène. Il existe de nombreux
flux contenant en majorité des polyoléfines qui sont difficiles à recycler mécaniquement
et qui peuvent donc être convertis par décomposition thermique ou catalytique. On
citera par exemple les flux de films plastiques agricoles ou les films plastiques
mélangés collectés dans les ordures ménagères.
[0009] Les procédés de décomposition thermique des plastiques sont bien connus depuis de
nombreuses années. La mise en œuvre peut être réalisée de multiples façons, par exemple
dans des réacteurs parfaitement agités (
DE19702539,
WO2011/077479), dans des fours tournants, dans des filières animées par des vis sans fin ou dans
des lits fluidisés. La mise en œuvre de la décomposition thermique des polyoléfines
en réacteur parfaitement agité en phase liquide est assez complexe en l'absence d'un
solvant ajouté liquide dans les conditions de réaction ; en effet, il faut d'abord
fondre le plastique (par exemple dans une extrudeuse), puis mélanger le plastique
fondu avec les produits ayant réagi, ce qui est complexe car la décomposition des
polyoléfines conduit à former essentiellement des chaines hydrocarbonées longues de
paraffines et d'oléfines, qui conduisent à des liquides de viscosité élevée et qui
figent facilement dans des zones de faible température. Ces molécules ont par ailleurs
un pouvoir de dissolution des polyoléfines beaucoup plus limité que les molécules
aromatiques. Le contrôle des transferts (chaleur, matière), de la température et de
l'agitation dans le milieu réactionnel est donc complexe. Pour remédier à tout cela,
il est d'usage de conduire les réactions à des températures suffisamment élevées,
au-delà de 450°C pour limiter les problèmes de transfert de chaleur et les problèmes
d'agitation. Dans ces conditions cependant, les réactions de polycondensation, de
cokage et la production de gaz deviennent de plus en plus conséquentes lorsque la
température de réaction augmente.
[0010] Comme pour les pneus usagés, il faut souligner que ces procédés de traitement de
plastiques usagés concernent en général des petites capacités généralement inférieures
à 50 kilotonnes/an, car les plastiques usagés sont en général dispersés sur le territoire
en fonction de la consommation et le transport des déchets est couteux car la masse
volumique des déchets solides même compactés reste faible. Il est donc avantageux
de traiter les déchets à proximité des centres de tri pour minimiser le transport.
La conversion des pneus usagés ou des plastiques usagés en fractions liquides par
décomposition thermique permet de densifier la matière et rend le transport de la
fraction liquide pour le valoriser plus économique.
[0011] Il faut cependant souligner qu'à l'issue de la conversion des plastiques usagés,
la qualité du liquide résultant de la conversion est insuffisante pour que le liquide
soit directement valorisable en carburant, en base pétrochimique ou en produit. Des
étapes ultérieures de raffinage combinant souvent distillation, conversion catalytique,
hydrogénation ou hydrotraitement sont requises pour ajuster les points de coupe, la
teneur en hétéro-éléments ou la structure chimique. Pour être économiquement intéressantes,
ces étapes ne peuvent être envisagées que dans des raffineries ou plateformes pétrochimiques
dans lesquelles les procédés existent et disposent de très grosses capacités, souvent
de l'ordre du million de tonnes par an.
[0012] Pour pallier à tous ces inconvénients, la Demanderesse a mis au point un nouveau
procédé combinant la valorisation des pneus usagés avec la valorisation des plastiques
usagés par décomposition thermique, ce procédé étant caractérisé par le fait que les
produits liquides de la décomposition des pneus, qui contiennent des composés aromatiques,
et plus particulièrement des composés mono-aromatiques, sont utilisés pour servir
de solvant lors de l'étape de décomposition thermique des plastiques usagés. L'utilisation
de ce solvant, maintenu essentiellement liquide dans les conditions de réaction de
décomposition thermique, permet de limiter la température à laquelle la décomposition
thermique est conduite, typiquement à une température inférieure ou égale à 425°C
dans la zone de décomposition thermique des pneus usagés et à une température inférieure
ou égale à 450°C dans la zone de décomposition thermique des plastiques usagés. Cela
permet alors de limiter la production de gaz incondensables contenant de 1 à 4 atomes
de carbone à un niveau inférieur à 5% en poids par rapport au poids total de la charge
solide. Le procédé selon l'invention permet également de maximiser la production de
noir de carbone résultant de la décomposition thermique des pneus usagés qui est séparé
du liquide avant mise en contact avec le plastique usagé.
Objets de l'invention
[0013] La présente invention concerne un procédé de conversion d'une charge plastique et
de conversion de pneus usagés pour obtenir du noir de carbone comprenant au moins
les étapes suivantes :
- a) on envoie une charge solide à base de pneus usagés dans une zone réactionnelle
en présence d'un solvant liquide comprenant des composés aromatiques pour dissoudre
au moins en partie ladite charge solide et décomposer thermiquement à une température
inférieure ou égale à 425°C ladite charge solide au moins partiellement dissoute afin
d'obtenir au moins du noir de carbone et une première fraction liquide hydrocarbonée
;
- b) on envoie une charge plastique à l'état fondu ensemble avec au moins une partie
de la première fraction liquide hydrocarbonée obtenue à l'issue de l'étape a) dans
une zone de conversion pour dissoudre au moins en partie ladite charge plastique à
l'état fondu et décomposer thermiquement à une température inférieure ou égale à 450°C
ladite charge plastique partiellement dissoute afin d'obtenir au moins en partie une
seconde fraction liquide hydrocarbonée.
[0014] Avantageusement, ledit procédé comprend en outre les étapes suivantes :
c) on envoie au moins en partie la fraction liquide hydrocarbonée issue de l'étape
a) vers une zone de fractionnement pour obtenir au moins une coupe hydrocarbonée intermédiaire
dont la température d'ébullition initiale est comprise entre 250 et 325°C et la température
d'ébullition finale est comprise entre 350 et 450°C, une coupe légère et une coupe
lourde ;
d) on envoie au moins en partie une fraction de la coupe hydrocarbonée intermédiaire
vers la zone de réaction de l'étape a) en tant que solvant liquide.
[0015] Avantageusement, ladite première fraction liquide hydrocarbonée a une teneur en composés
aromatiques comprise entre 30 et 70% en poids par rapport au poids total de ladite
première fraction liquide.
[0016] Avantageusement, ladite coupe hydrocarbonée intermédiaire a une teneur en composés
aromatiques comprise entre 30 et 70% poids par rapport au poids total de ladite coupe
hydrocarbonée.
[0017] Avantageusement, on envoie une partie de la seconde fraction liquide hydrocarbonée
vers la zone de fractionnement.
[0018] Avantageusement, on envoie au moins en partie une fraction de la coupe hydrocarbonée
intermédiaire vers la zone de conversion en tant que solvant liquide complémentaire.
[0019] Avantageusement, on envoie au moins en partie la coupe hydrocarbonée intermédiaire
vers une unité d'enrichissement en composés aromatiques pour obtenir un flux riche
en composés aromatiques et un flux pauvre en composés aromatiques, ledit flux riche
en composés aromatiques étant envoyé dans la zone réactionnelle en tant que solvant
liquide.
[0020] Avantageusement, on envoie au moins en partie ledit flux riche en composés aromatiques
vers la zone de conversion en tant que solvant liquide complémentaire.
[0021] Avantageusement, ladite unité d'enrichissement en composés aromatiques est choisie
parmi les unités d'extraction au solvant furfural, phénol ou N-méthyl-2-pyrrolidone.
[0022] Avantageusement, ladite charge plastique est un mélange de plastiques contenant au
moins 90% en poids de polyoléfines et de polystyrène par rapport au poids total de
ladite charge.
[0023] Avantageusement, la première fraction liquide hydrocarbonée et/ou la seconde fraction
liquide hydrocarbonée comprend au moins 40% en poids de composés dont la température
d'ébullition initiale est supérieure à 300°C.
[0024] Avantageusement, le ratio entre le débit du solvant liquide et le débit de ladite
charge solide injectés dans la zone réactionnelle est compris entre 1 et 10 poids/poids.
[0025] Avantageusement, le ratio entre la somme des débits de la fraction liquide hydrocarbonée
et le solvant liquide complémentaire divisée par le débit de la charge plastique à
l'état fondu est compris entre 1 et 10 poids/poids.
[0026] Dans un mode de réalisation selon l'invention, l'étape a) comprend les sous-étapes
suivantes :
a1) on envoie ladite charge solide et ledit solvant liquide dans un premier réacteur
agité pour dissoudre au moins en partie ladite charge solide ;
a2) on envoie ladite charge solide au moins en partie dissoute obtenu à l'issue de
l'étape a1) dans un second réacteur agité pour décomposer thermiquement à une température
inférieure ou égale à 425°C ladite charge solide et obtenir un effluent liquide contenant
des particules de noir de carbone en suspension ;
a3) on refroidit ledit effluent liquide obtenu à l'issue de l'étape a2) à une température
inférieure à 150°C ;
a4) on filtre, on lave et on sépare les particules de noir de carbone de l'effluent
liquide refroidi obtenu à l'issue de l'étape a3) pour obtenir du noir de carbone et
une première fraction liquide hydrocarbonée.
[0027] Avantageusement, l'étape b) comprend les sous-étapes suivantes :
b1) on envoie ladite charge plastique à l'état fondu et au moins une partie de la
première fraction liquide hydrocarbonée dans un premier réacteur agité pour dissoudre
au moins en partie ladite charge plastique à l'état fondu ;
b2) on envoie ladite charge plastique au moins en partie dissoute obtenue à l'issue
de l'étape b1) dans un second réacteur agité pour décomposer thermiquement à une température
inférieure ou égale à 450°C ladite charge plastique et obtenir au moins en partie
une seconde fraction liquide hydrocarbonée.
Description des figures
[0028]
La figure 1 est une représentation schématique du procédé selon l'invention selon
un mode de réalisation.
La figure 2 est une représentation schématique du procédé selon l'invention selon
un autre mode de réalisation.
La figure 3 est une représentation schématique détaillée du procédé selon l'invention
tel qu'illustré en figure 1.
[0029] Les références des figures 2 et 3 identiques à celles de la figure 1 désignent les
mêmes éléments.
Description détaillée de l'invention
[0030] Selon l'invention, le procédé de conversion d'une charge plastique et de conversion
de pneus usagés pour obtenir du noir de carbone comprend au moins les étapes suivantes
(figure 1):
- a) on envoie une charge solide 100 à base de pneus usagés dans une zone réactionnelle 10 en présence d'un solvant liquide 340 comprenant des composés aromatiques pour dissoudre au moins en partie ladite charge
solide et décomposer thermiquement à une température inférieure ou égale à 425°C,
de préférence comprise entre 375 et 425°C, ladite charge solide au moins partiellement
dissoute afin d'obtenir au moins du noir de carbone 160 et une première fraction liquide hydrocarbonée 120 ;
- b) on envoie une charge plastique 200 à l'état fondu ensemble avec au moins une partie de la première fraction liquide
hydrocarbonée 120 obtenue à l'issue de l'étape a) dans une zone de conversion 20 pour dissoudre au moins en partie ladite charge plastique à l'état fondu 200 et décomposer thermiquement à une température inférieure ou égale à 450°C, de préférence
comprise entre 375 et 425°C, ladite charge plastique partiellement dissoute afin d'obtenir
au moins en partie une seconde fraction liquide hydrocarbonée 230 ;
- c) optionnellement, on envoie au moins en partie la première fraction liquide hydrocarbonée
120 issue de l'étape a) vers une zone de fractionnement 30 pour obtenir au moins une coupe hydrocarbonée intermédiaire 360 (appelée aussi ici fraction intermédiaire ou coupe intermédiaire) dont la température
d'ébullition initiale est comprise entre 250 et 325°C et la température d'ébullition
finale est comprise entre 350 et 450°C, une coupe légère et une coupe lourde ;
- d) optionnellement, on envoie au moins en partie une fraction de la coupe hydrocarbonée
intermédiaire 360 vers la zone réactionnelle 10 de l'étape a) en tant que solvant liquide 340 ;
- e) optionnellement, on envoie au moins en partie une fraction de la coupe hydrocarbonée
intermédiaire 360 vers la zone réactionnelle 20 de l'étape b) en tant que solvant liquide complémentaire 350 ;
- f) optionnellement, on envoie au moins en partie la seconde fraction liquide hydrocarbonée
230 issue de l'étape b) vers la zone de fractionnement 30.
[0031] La charge solide
100 utilisée dans le cadre de la présente invention est avantageusement à base de pneus
résultant du traitement de pneus usagés pouvant provenir de toute origine, telle que
les véhicules légers (VL) ou les poids lourds (PL) par exemple. Ladite charge solide
peut se présenter avantageusement sous la forme de granulats de pneus, i.e. sous la
forme de particules de tailles inférieures à 5 mm et sensiblement exemptes de fibres
textiles et fils métalliques, et/ou de broyats de pneus, i.e. des morceaux de pneus
broyés, de taille caractéristique généralement inférieure à 20 cm et non exemptes
de fibres textiles et fils métalliques.
[0032] Lors de l'étape a) du procédé, la gomme contenue dans la charge solide à base de
pneus usagés est dissoute au contact d'un solvant liquide
340 puis est décomposée thermiquement. Au cours de la dissolution et de la décomposition
thermique, l'étape a) est de préférence réalisée à une température inférieure ou égale
à 425°C, de préférence à une température comprise entre 375 et 425°C. A l'issue de
l'étape a), les matières solides contenues dans les déchets de pneus sont libérées
et séparées de la fraction liquide hydrocarbonée
120 obtenue à l'issue de cette étape. On récupère ainsi à l'issue de l'étape a) le noir
de carbone
160 et éventuellement d'autres matériaux solides présents non dissous, tels que les fils
métalliques
150. Avantageusement, les fractions gazeuses
110 sont évacuées de la zone réactionnelle
10 et peuvent éventuellement être utilisées pour produire une partie de l'énergie nécessaire
au procédé.
[0033] Lors de l'étape b) du procédé selon l'invention, on envoie une charge plastique
200 à l'état fondu ensemble avec au moins une partie de la première fraction liquide
hydrocarbonée
120 obtenue à l'issue de l'étape a) dans une zone de conversion
20 pour dissoudre au moins en partie ladite charge plastique à l'état fondu
200 et décomposer thermiquement à une température inférieure ou égale à 450°C, de préférence
comprise entre 375 et 425°C, ladite charge plastique partiellement dissoute afin d'obtenir
au moins en partie une seconde fraction liquide hydrocarbonée
230.
[0034] La charge plastique
200 comprend, de préférence est constituée de, un mélange de plastiques contenant au
moins 90% en poids de polyoléfines (par exemple le polyéthylène, le polypropylène)
et de polystyrène par rapport au poids total de ladite charge, les 10% en poids restants
pouvant contenir au moins 80% d'autres plastiques et des impuretés éventuellement
présentes comme du papier, du carton, des fibres textiles, des métaux, ou toute autre
charge solide pouvant être présente dans les déchets.
Préférentiellement, la charge plastique
200 a été déchiquetée au préalable en fraction dont la taille caractéristique (dimension
la plus grande) est inférieure à 10 cm, préférentiellement inférieure à 2 cm, et encore
plus préférentiellement inférieure à 1 cm.
[0035] Avant son introduction dans la zone de conversion
20, la charge plastique
200 est tout d'abord fondue à une température généralement comprise entre 100 et 250°C,
préférentiellement entre 100 et 180°C, en fonction de la nature et de la composition
de la charge plastique. La charge plastique
200 à l'état fondu est ensuite mise en contact avec au moins une partie de la fraction
liquide hydrocarbonée
120 résultant de la conversion des pneus usagés, et éventuellement avec un solvant liquide
complémentaire
350 pour réaliser la décomposition thermique de la charge plastique à une température
inférieure à 450°C, de préférence comprise entre 350 et 425°C. Avantageusement, les
fractions de la charge plastique non fondues et les résidus solides éventuels de réaction
sont récupérés via la ligne
250. Avantageusement, les fractions gazeuses
210 résultant de la décomposition thermique sont évacuées de la zone réaction de conversion
20 et peuvent éventuellement être utilisées pour produire une partie de l'énergie nécessaire
au procédé.
[0036] Dans un mode de réalisation selon l'invention, on envoie au moins en partie la fraction
liquide hydrocarbonée
120 issue de l'étape a) vers une zone de fractionnement
30 pour obtenir au moins une coupe hydrocarbonée intermédiaire
360 dont la température d'ébullition initiale est comprise entre 250°C et 325°C et la
température d'ébullition finale est comprise entre 350°C et 450°C. De manière préférentielle,
la zone de fractionnement
30 permet de produire au moins une fraction légère
310 dont la température d'ébullition finale sera préférentiellement comprise entre 250°C
et 325°C, une fraction intermédiaire
360, dont la température d'ébullition initiale sera préférentiellement comprise entre
250°C et 325°C, et la température d'ébullition finale sera préférentiellement comprise
entre 350°C et 450°C, et au moins une fraction lourde
330, dont la température d'ébullition initiale sera préférentiellement comprise entre
350°C et 450°C.
[0037] Dans un mode de réalisation préféré selon l'invention, on envoie au moins en partie
une fraction de la coupe hydrocarbonée intermédiaire
360 vers la zone de réaction
10 de l'étape a) en tant que solvant liquide
340. De préférence, le ratio entre le débit du solvant liquide
340 et le débit de la charge solide
100 injectés dans la zone réactionnelle
10 est compris entre 1 et 10 poids/poids (pds/pds), préférentiellement compris entre
3 et 5 pds/pds. En effet, une des caractéristiques de la coupe intermédiaire
360 et de la fraction liquide hydrocarbonée
120 issu de la zone réactionnelle
10 est qu'elles contiennent respectivement une teneur en aromatiques comprise entre
30 et 70% poids par rapport au poids total de la coupe intermédiaire ou de la fraction
liquide hydrocarbonée, préférentiellement entre 40 et 60% en poids, lesdites fractions
comprenant une teneur d'au moins 70% en poids, préférentiellement d'au moins 80% en
poids de composés mono-aromatiques par rapport au poids total de composés aromatiques,
permettant de dissoudre efficacement la charge solide
100 et de réduire efficacement la viscosité du milieu réactionnel dans la zone de conversion
20. Un autre avantage du procédé selon l'invention est que l'utilisation de la coupe
intermédiaire
360 dont la température d'ébullition est assez élevée (au-delà de 250°C) en tant que
solvant liquide
340 ou
350 permet de limiter la pression dans les réacteurs à un niveau inférieur à 1,5 MPa
compte tenu de la production limitée de gaz et d'hydrocarbures légers dans la zone
réactionnelle
10 et la zone de conversion
20.
[0038] Avantageusement, on envoie également au moins en partie la fraction intermédiaire
360 vers la zone de conversion
20 de l'étape b) en tant que solvant liquide complémentaire
350 pour être mélangée avec la charge plastique à l'état fondu et ainsi fluxer le milieu
réactionnel dans la zone de conversion
20. De préférence, la somme des débits de fraction liquide hydrocarbonée
120 et de solvant liquide complémentaire
350 divisée par le débit de la charge plastique
200 à l'état fondu est compris entre 1 et 10 pds/pds, préférentiellement compris entre
1,5 et 3 pds/pds. En fonction du rapport entre la charge solide
100 et de la charge plastique
200, le liquide fluxant la zone de conversion
20 sera préférentiellement la fraction liquide hydrocarbonée
120 provenant de la zone réactionnelle
10, complétée si besoin d'un solvant complémentaire
350 provenant de la fraction intermédiaire
360 issue de la zone de fractionnement
30.
[0039] Dans un mode de réalisation selon l'invention, afin d'enrichir la fraction liquide
recyclée dans la zone réactionnelle
10 et éventuellement dans la zone de conversion
20, il est possible d'utiliser en aval de la zone de fractionnement
30 une unité
40 permettant d'enrichir la fraction recyclée en aromatiques, comme représenté par exemple
sur la figure 2. La fraction intermédiaire
360 issue de la zone de fractionnement
30, est séparée en au moins deux flux, un premier flux
370 qui n'est pas recyclé, et un second flux
380 qui est envoyé dans l'unité d'enrichissement en composés aromatiques
40 permettant de produire une coupe
410 riche en composés aromatiques, destinée à être utilisée en tant que solvant liquide
340 pour la zone réactionnelle
10 et éventuellement en tant que solvant liquide complémentaire
350 pour la zone de conversion
20, et une autre coupe
420 pauvre en aromatiques qui n'est pas recyclée en tant que solvant et pouvant être
éventuellement mélangée avec le premier flux
370. L'unité
40 peut être constituée de tout moyen de séparation qui permet d'obtenir un flux riche
en aromatiques comme par exemple un procédé d'extraction au solvant furfural, phénol
ou N-méthyl-2-pyrrolidone connu aussi sous le nom NMP.
[0040] Les fractions
310, 420, 370 et
330 qui ne sont pas recyclées peuvent éventuellement être mélangées, avant d'être transportées
dans un complexe de traitement, sur le site ou distant, qui permet le raffinage desdites
fractions. Ces fractions sont caractérisées par le fait qu'elles contiennent uniquement
des constituants issus du recyclage des déchets plastiques et des pneus usagés.
[0041] De manière à mieux comprendre l'invention, la description donnée ci-après à titre
d'exemple d'application concerne un procédé de conversion d'une charge plastique et
de conversion de pneus usagés permettant de maximiser la récupération de noir de carbone.
En se reportant à la figure 3, la zone réactionnelle
10 permettant la dégradation thermique des pneus usagés comprend un silo
11 contenant la charge de pneus usagés relié à un premier réacteur agité
13 par une vis sans fin
12 permettant l'alimentation du réacteur
13. Ce premier réacteur est alimenté en solvant liquide
340 et vise à favoriser la dissolution des granulats ou broyats de pneu contenus dans
la charge solide
100. La température dans le réacteur
13 est préférentiellement comprise entre 200°C et 300°C, préférentiellement entre 250°C
et 280°C. Dans le réacteur
13, les broyats ou les granulats sont dissous. Le temps nécessaire pour réaliser cette
dissolution est préférentiellement compris entre 30 minutes et 2 heures. Les morceaux
de gommes, et le noir de carbone qui se libère progressivement de la gomme, restent
en suspension grâce à une agitation mécanique telle que représentée sur la figure
3 ou hydrodynamique, induite par exemple par un flux ascendant de liquide résultant
d'une recirculation par convection forcée, ou par tout autre moyen permettant de maintenir
le milieu agité. Les fils métalliques ou fibres textiles
150, éventuellement présentes dans la charge solide et qui n'auraient pas été dissoutes,
sédimentent et sortent du réacteur
13 à sa base. Dans ces conditions, la température est trop faible pour que les réactions
de craquage carbone-carbone démarrent significativement et seules les liaisons de
réticulation entre polymères, telles que les liaisons S-S liées à la vulcanisation
des gommes peuvent craquer de manière conséquente. La fraction liquide obtenue contenant
les matières solides résiduelles en suspension est dirigée vers un second réacteur
agité
14 dans lequel on réalise les réactions de dégradation thermique dans des conditions
de température modérée, i.e. à une température inférieure ou égale à 425°C, de préférence
entre 375°C et 425°C, et pendant un temps limité (correspondant au temps de séjour
de la fraction liquide dans le réacteur
14) préférentiellement compris entre 30 minutes et 2 heures, préférentiellement entre
45 minutes et 90 minutes. La quantité de chaleur nécessaire pour réaliser les réactions
de dégradation thermique peut être apportée par un échangeur localisé sur un tourne
en rond
15 («
pump-around » selon la terminologie anglo-saxonne) autour du réacteur
14 comme représenté sur la figure 3, ou par tout autre moyen tel qu'un échangeur à la
paroi du réacteur ou un échangeur ou un four sur la charge en amont du réacteur par
exemple. L'agitation dans le réacteur
14 est maintenue grâce à un système d'agitation mécanique comme représenté sur la figure
3 ou par le système de tourne en rond
15 ou par tout autre moyen connu de l'homme du métier. De manière préférentielle, la
pression du réacteur est maintenue à un niveau inférieur à 1,5 MPa grâce à une vanne
de régulation (non représentée sur les figures). Avantageusement, les effluents gazeux
des réacteurs
13 et
14 sont partiellement condensés dans une zone de séparation
19 afin d'obtenir un flux gazeux
110 et un flux liquide qui est mélangé ensuite avantageusement avec les autres flux liquides
issus de la zone réactionnelle
10 pour former le flux
120. L'essentiel des produits gazeux sont produits dans le deuxième réacteur
14 où s'effectue la majorité des réactions de dégradation thermique.
[0042] L'effluent liquide contenant les particules de noir de carbone en suspension est
avantageusement refroidi dans des échangeurs
25, 26 qui permettent par ailleurs de réchauffer avantageusement les flux liquides circulant
dans la zone de conversion
20 comprenant les réacteurs
23 et
27 tels que représentés sur la figure 3. En sortie des échangeurs
25 et
26, la température est suffisamment basse pour permettre la filtration des particules
de noir de carbone, par exemple sur un filtre rotatif
16, fonctionnant préférentiellement à une température comprise entre 50° et 200°C. Ensuite,
le gâteau de noir de carbone obtenu est lavé dans une unité de lavage-séchage
17 par un solvant aromatique léger tel que le toluène, à une température comprise préférentiellement
entre 50 et 100°C, permettant de récupérer le noir de carbone
160. Le solvant aromatique léger peut être récupéré ensuite en tête d'une colonne de distillation
18. Le noir de carbone
160 séparé, lavé et séché peut ensuite être avantageusement pelletisé avec de l'eau pour
former des pastilles de quelques millimètres par exemple pour faciliter son transport
et sa valorisation. Le noir de carbone ainsi produit peut à nouveau être utilisé dans
l'industrie des élastomères comme agent renforçant, ou comme pigment pour d'autres
applications dans les encres ou les peintures par exemple, après des étapes de traitement
ultérieur et de conditionnement de la matière en fonction des usages et des applications.
La fraction liquide hydrocarbonée
120 séparée directement de la filtration du noir de carbone après le filtre rotatif
16, extraite du gâteau de filtration sortant alors en fond de colonne de distillation
18 ou obtenue par condensation des effluents gazeux des réacteurs
13 et
14 est alors dirigée au moins en partie vers la zone de conversion
20 des plastiques, après avoir été réchauffée dans l'échangeur
26 à une température comprise entre 160 et 300°C. Elle peut être éventuellement dirigée
au moins en partie vers la zone de fractionnement
30. La répartition entre les deux flux dépendant du besoin en solvant pour fluxer la
charge de plastique à l'état fondu, comme évoqué ci-avant.
[0043] Une partie des effluents gazeux
110 peut également être collectée par exemple dans un ballon de flash à pression atmosphérique
situé sur la coupe légère
310 en aval de la zone de fractionnement
30 (non représentée sur la figure 3).
[0044] Comme décrit précédemment, un des avantages de l'invention est d'utiliser le liquide
produit pendant la décomposition thermique des pneus usagés pour mettre en œuvre la
décomposition thermique des plastiques à une température plus basse que celle utilisée
classiquement dans l'art antérieur (i.e. à une température inférieure à 450°C) pour
maximiser les fractions liquides produites tout en préservant la quantité et la qualité
des produits liquides grâce à la limitation des réactions de polycondensation conduisant
à la formation de composés polyaromatiques, la limitation de la production de gaz
et des réactions de cokage. En effet, la fraction liquide résultant de la conversion
des pneus usagés contient des parts significatives de composés aromatiques qui sont
de bons solvants pour les plastiques fondus et vont permettre de fluxer le milieu
réactionnel et favoriser ainsi les transferts de matière et de chaleur. La fraction
liquide hydrocarbonée
120 sortant de la zone réactionnelle
10 au niveau du filtre rotatif
16 ou au fond de la colonne de séparation
18 est dirigée au moins en partie vers la zone de conversion
20 avec un rapport entre la somme des débits liquides du flux
120 (et éventuellement
350) et le débit de charge plastique
200 compris avantageusement entre 1 et 10 pds/ pds, préférentiellement compris entre
1,5 et 3 pds/pds. Si la quantité de liquide produite dans la zone de réaction
10 est plus importante, alors au moins une partie de la fraction liquide hydrocarbonée
120 peut être dirigée vers la zone de fractionnement
30. Au contraire, si la quantité fraction liquide hydrocarbonée produite dans la zone
réactionnelle
10 est insuffisante, alors une partie de solvant liquide complémentaire
350 issue de la coupe intermédiaire
360 produite dans la zone de fractionnement
30 peut être utilisée à ces fins pour compléter le flux liquide requis pour fluxer la
charge plastique.
[0045] La zone de conversion
20 permettant la décomposition thermique de la charge plastique
200 à l'état fondu comprend un silo
21 contenant la charge de plastiques usagés reliée à un premier réacteur agité
23 par une vis sans fin
22 permettant l'alimentation du réacteur
23. Préférentiellement, dans cette vis sans fin
22 , le plastique usagé est fondu, grâce à des moyen de chauffe en paroi dans la vis
22 qui est maintenue en charge. La température est préférentiellement ajustée et généralement
comprise entre 100 et 250°C, préférentiellement entre 150 et 180°C en fonction de
la nature et de la composition de la charge plastique. Le réacteur
23 est alimenté en fraction liquide hydrocarbonée
120 et éventuellement en solvant liquide complémentaire
350 pour favoriser la dissolution de la charge plastique, son mélange et sa dispersion
dans un milieu de faible viscosité. La température dans le réacteur
23 est préférentiellement comprise entre 150 et 300°C en fonction de la nature des plastiques,
et dans le cas de mélanges, on ajustera préférentiellement la température entre 250
et 300°C, ce qui permet de dissoudre la totalité des plastiques présents. Le temps
nécessaire pour réaliser cette dissolution est préférentiellement compris entre 30
minutes et 2 heures. Les matières non solubles sont mises en suspension grâce à une
agitation mécanique telle que représentée sur la figure 3 ou hydrodynamique, induite
par exemple par un tourne en rond
24. Les matières solides non solubles en suspension sont ensuite évacuées, par exemple
à la sortie en fond de réacteur
23 par décantation
250. Dans ces conditions, la température est trop faible pour que les réactions de craquage
carbone-carbone démarrent significativement et seules les liaisons de réticulation
entre polymères peuvent craquer de manière conséquente (en effet, certains polyéthylènes
par exemple peuvent être réticulés).
[0046] La quantité de chaleur nécessaire à la dissolution et au mélange dans le réacteur
23 est induite par des échanges qui sont réalisables soit par réchauffage de la fraction
liquide hydrocarbonée
120, voire
350, grâce à un échangeur tel que l'échangeur
26 représenté sur la figure 3, ou par un échange sur le tourne en rond
24 ou par chauffage à la paroi du réacteur
23 ou sur la vis sans fin
22.
[0047] Le produit liquide obtenu est ensuite évacué vers un deuxième réacteur
27 après avoir éventuellement subi un réchauffage dans un échangeur
25 permettant d'augmenter la température du liquide à une température avantageusement
inférieure à 450°C. Dans le réacteur
27, les réactions de dégradation thermique se poursuivent dans des conditions de température
modérée, i.e. à une température inférieure ou égale à 450°C, préférentiellement entre
375°C et 425°C, et pendant un temps limité correspondant au temps de séjour de la
fraction liquide dans le réacteur
27, préférentiellement compris entre 30 minutes et 6 heures, préférentiellement compris
entre 1 heure et 4 heures. La quantité de chaleur nécessaire à la réaction peut être
apportée par un échangeur localisé sur un tourne en rond autour du réacteur
28 comme représenté sur la figure 3, ou par tout autre moyen tel qu'un échangeur à la
paroi du réacteur ou un four en amont du réacteur. L'agitation dans le milieu est
maintenue grâce à un système d'agitation mécanique comme représenté ou par un système
de tourne en rond
28 ou par tout autre moyen connu de l'homme du métier pour maintenir une température
uniforme dans le réacteur et favoriser les transferts. De manière préférentielle,
la pression du réacteur
27 est maintenue à un niveau inférieur à 1,5 MPa grâce à une vanne de régulation (non
représentée sur les figures). Les effluents gazeux des réacteurs
23 et
27 sont partiellement condensés dans une zone de séparation
29 afin d'obtenir un flux gazeux
210 et un flux liquide qui est ensuite mélangé avantageusement avec le flux liquide issu
du réacteur
27 pour former le flux
230. L'essentiel des produits gazeux sont produits dans ce deuxième réacteur
27 où s'effectue l'immense majorité des réactions de dégradation thermique.
[0048] Une partie des effluents gazeux
210 peut également être collecté par exemple dans un ballon de flash à pression atmosphérique
situé sur la coupe légère
310 en aval de la zone de séparation
30.
[0049] La seconde fraction liquide hydrocarbonée
230 sortant de la zone de conversion
20 via le second réacteur
27, et éventuellement de la zone de séparation
29, est éventuellement mélangée avec la première fraction liquide hydrocarbonée
120 excédentaire issue de la zone réactionnelle
10 qui n'est pas utilisée comme solvant dans la zone de conversion
20 et est éventuellement refroidie et dirigée vers la zone de fractionnement
30. Cette zone permet de séparer préférentiellement les fractions liquides hydrocarbonées
en trois coupes, à savoir une fraction légère
310 dont le point d'ébullition final est préférentiellement compris entre 250°C et 325°C,
une fraction intermédiaire
360 dont le point d'ébullition initial est préférentiellement compris entre 250°C et
325°C et le point d'ébullition final est préférentiellement compris entre 350°C et
450°C, et au moins une fraction lourde
330, dont le point d'ébullition initial est préférentiellement compris entre 350°C et
450°C. La zone de fractionnement
30 peut ainsi être constituée d'une colonne de distillation contenant un soutirage en
tête, un soutirage en fond et un soutirage latéral, ou d'un enchainement de plusieurs
colonnes de distillation, tel qu'un enchaînement d'une colonne de distillation à pression
atmosphérique opérant avec un soutirage en tête et un soutirage en fond, suivie d'une
colonne de distillation opérant sous un vide peu poussé mais permettant de séparer
les fractions hydrocarbonées à une température comprise entre 350°C et 450°C. Cette
zone de fractionnement 30 permet donc de produire une coupe intermédiaire
360, dont une partie peut être recyclée comme solvant liquide
340 dans la zone réactionnelle
10 ou éventuellement en tant que solvant liquide complémentaire
350 dans la zone de conversion
20, le reste pouvant être valorisé comme produit.
[0050] Les fractions liquides
310, 360, et
330 qui ne sont pas recyclées sont ensuite éventuellement mélangées, avant d'être transportées
dans un complexe de traitement, sur le site ou distant, qui permet le raffinage.
[0051] La mise en œuvre des réactions de décomposition thermique à une température inférieure
ou égale à 425°C dans la zone de conversion des pneus usagés, et inférieure ou égale
à 450°C dans la zone de conversion des plastiques usagés et en présence d'un solvant
favorisant le mélange et les transferts (chaleur, matière) présente deux avantages.
D'une part, la coupe intermédiaire
360 est composée d'au moins 40% en poids de molécules par rapport au poids total de la
fraction dont la température d'ébullition est supérieure à 300°C, et préférentiellement
40 % en poids dont la température d'ébullition est supérieure à 350°C. Cette fraction
liquide est essentiellement composée de molécules oléfiniques, de paraffines et mono-aromatiques
dont la conversion est aisée dans les structures de raffinage classiques qui sont
équipées d'outils optimisés comme le craquage catalytique, l'hydrocraquage ou l'hydroconversion
des résidus pétroliers. Le deuxième avantage est que cette fraction liquide est constituée
d'une fraction très limitée de molécules contenant des cycles aromatiques polycondensés
d'au moins deux cycles. En effet, si les conditions de mise en œuvre du procédé sont
optimisées, la fraction polyaromatique condensée représente moins de 15% en poids
de la fraction liquide totale, préférentiellement moins de 10 % en poids de la fraction
liquide totale.
[0052] Lors du démarrage de l'installation, en l'absence de production d'une coupe intermédiaire
stabilisée, il est possible d'utiliser temporairement un solvant importé qui sera
préférentiellement constitué d'une teneur en molécules aromatiques supérieure à 50%
poids par rapport au poids total de la coupe. Cette coupe pourra donc être constituée
par exemple d'effluents de conversion du procédé de craquage catalytique FCC (abréviation
de la terminologie anglo-saxonne "
Fluid Catalytic Cracking", qui signifie craquage catalytique en lit fluidisé), de distillat moyen (LCO ou
«
light cycle oil » selon la terminologie anglo-saxonne) ou de distillat lourd (HCO ou «
heavy cycle oil » selon la terminologie anglo-saxonne) par exemple.
[0053] Afin de minimiser la consommation d'énergie du procédé selon l'invention, il est
préférable de limiter la quantité de solvant recyclé. Dans ces conditions, il est
préférable que la quantité de solvant liquide complémentaire
350 injecté dans la zone de conversion
20 soit minimisée. Avantageusement, la quantité de charge plastique
200 est ajustée en fonction de la quantité de charge solide
100 pour minimiser la quantité de solvant liquide complémentaire
350.
Exemples
[0054] Les exemples suivants illustrent des modes de réalisations préférentiels du procédé
selon la présente invention sans toutefois en limiter la portée. Le procédé utilisé
pour illustrer l'invention est conforme à celui décrit sur la figure 3.
Exemple 1 (conforme à l'invention)
[0055] Dans un premier exemple, le procédé selon l'invention traite 12 000 tonnes/an de
granulats de pneus usagés (charge solide), exempts de fibres textiles et de fils métalliques.
Ces granulats, produits par des granulateurs utilisant des broyeurs, proviennent de
pneus poids lourds et les grains résultant du broyage ont une taille voisine de 2
millimètres. Le procédé traite également 20 000 tonnes/an de films plastique issus
des filières de Déchets d'Activité Economique (DAE), qui arrivent sur le site de production
en balles contenant au minimum 99% de films polyéthylène. Ces films sont tout d'abord
séchés et déchiquetés pour faire des morceaux dont la taille n'excède pas 10 centimètres.
Les granulats de pneus sont introduits en continu dans un réacteur de dissolution
où ils sont mélangés au solvant liquide
340 issu du recycle de la coupe intermédiaire de la zone de fractionnement
30. Cette coupe intermédiaire sert de solvant et possède un point d'ébullition initial
d'environ 280°C, et un point d'ébullition final d'environ 380°C. La quantité de solvant
qui est recyclée dans le réacteur
13 est de 36000 tonnes/an, correspondant à un taux de solvant/granulat égal à 3 pds/pds.
Dans le réacteur
13, la température est maintenue égale à 260°C ce qui permet de dissoudre les granulats.
Les fractions liquides et le noir de carbone en suspension sont ensuite dirigées vers
le réacteur
14 où la température est maintenue égale à 390°C pendant une heure. En sortie du réacteur
14, la fraction liquide hydrocarbonée est séparée du noir de carbone au moyen d'un filtre
rotatif
16 opérant à 140°C. Un lavage du solide filtré est effectué avec du toluène. La fraction
liquide
120 collectée en sortie de la section
16, en fond de colonne
18 et en sortie de la section
19 correspond à un débit de 43178 tonnes/an et est envoyée en intégralité vers la zone
de conversion
20.
[0056] Dans la deuxième partie du procédé, les films plastiques déchiquetés et séchés sont
introduits dans le réacteur
23 avec une extrudeuse chauffée à 180°C pour fondre le plastique. Le plastique à l'état
fondu est mélangé dans le réacteur
23 avec les 43178 tonnes/an de fraction liquide hydrocarbonée
120 produits dans la zone réactionnelle
10 auxquels on ajoute 16822 tonnes/an de solvant liquide complémentaire
350 recyclé de la zone de fractionnement
30. Le débit total de solvant correspondant à la somme des flux
120 et
350 rapporté au débit de plastique usagé est donc maintenu à une valeur de 3 pds/pds.
La température dans le réacteur
23 est maintenue à 200°C pendant 30 minutes pour finir la dissolution et bien mélanger
le plastique fondu dans le solvant. L'effluent liquide obtenu est ensuite dirigé vers
le réacteur
27 où la température est maintenue égale à 410°C pendant 4 heures. La seconde fraction
liquide hydrocarbonée
230 collectée en sortie du réacteur
27 et en sortie de la section
29, dont le débit est de 78 830 tonnes/an est envoyée vers la zone de fractionnement
30 qui produit une fraction légère
310 dont le point d'ébullition final est de 280°C avec un débit de 5 970 tonnes/an, une
coupe intermédiaire
360 dont le point d'ébullition initial est de 280°C et le point d'ébullition final est
de 380°C, dont le débit est de 58 232 tonnes/an, dont 5 410 tonnes/an sont exportées
comme produits valorisés et 52 822 tonnes/an sont recyclées dans la zone réactionnelle
10 et la zone de conversion
20, et une coupe lourde
330 de point d'ébullition initial de 380°C, dont le débit est de 14 628 tonnes/an.
[0057] Pour évaluer les rendements nets dans la zone de conversion
20, on considère que le liquide utilisé comme solvant (provenant de la zone
10 ou de la zone
30), ne réagit pas pendant la décomposition thermique des plastiques dans la zone
20. En effet, le liquide utilisé comme solvant a déjà été exposé à des conditions de
dégradation thermique dans des conditions similaires et sa réactivité est donc très
fortement diminuée.
[0058] Les conditions opératoires, les rendements nets ainsi que les débits réels circulant
dans les zones
10 et
20 sont consignés dans les tableaux 1 et 2 ci-après.
Tableau 1
| |
|
Zone de conversion des pneus 10 |
Zone de conversion des plastiques 20 |
| Conditions Opératoires |
| Type de charge |
|
Granulats PL |
Films plastiques PE DAE |
| Débit de charge |
t/a |
12000 |
20000 |
| Température décomposition thermique |
°C |
390 |
410 |
| Temps de séjour décomposition thermique |
h |
1 |
4 |
| Taux de solvant |
pds/pds |
3 |
3 |
| Rendements nets |
| Gaz incondensables |
t/a |
132 |
690 |
| Noir de carbone 160 |
t/a |
4440 |
|
| Autres solides (150;250) |
t/a |
250 |
480 |
| Liquide (ASTM - D2887) |
|
|
|
| Point inital-150°C |
t/a |
1211 |
602 |
| 150-220°C |
t/a |
971 |
936 |
| 220-280°C |
t/a |
911 |
1339 |
| 280-380°C |
t/a |
1659 |
3751 |
| 380-520°C |
t/a |
1747 |
6989 |
| 520°C-Point final |
t/a |
681 |
5212 |
Tableau 2
| Débit (t/a) |
N° de flux |
| 340 |
110 |
120 |
350 |
210 |
230 |
310 |
360 |
330 |
| Gaz |
|
132 |
|
|
690 |
|
|
|
|
| Liquide (ASTM - D2887) |
Point inital-150°C |
|
|
1211 |
|
|
1813 |
1813 |
|
|
| 150-220°C |
|
|
971 |
|
|
1907 |
1907 |
|
|
| 220-280°C |
|
|
911 |
|
|
2250 |
2250 |
|
|
| 280-380°C |
36000 |
|
37659 |
16822 |
|
58232 |
|
58232 |
|
| 380-520°C |
|
|
1747 |
|
|
8735 |
|
|
8735 |
| 520°C-Point final |
|
|
681 |
|
|
5893 |
|
|
5893 |
| Total |
36000 |
132 |
43178 |
16822 |
690 |
78830 |
5970 |
58232 |
14628 |
[0059] Dans le tableau 3 ci-après, on compare les compositions de la première fraction liquide
hydrocarbonée en net (i.e. sans intégrer le recyclage de la coupe intermédiaire) et
en réel (i.e. en intégrant le recyclage de la coupe intermédiaire), dans la section
de valorisation des pneus usagés.
Tableau 3
| |
Zone de conversion des pneus 10 |
Zone de conversion des plastiques 20 |
| Distillation simulée ASTM-D2887 |
Liquide sans recycle solvant |
Liquide avec recycle solvant |
Liquide sans recycle solvant |
Liquide avec recycle solvant |
| % pds par rapport au poids total de la fraction liquide |
| T < 150°C |
17% |
3% |
3% |
2% |
| T < 220°C |
30% |
5% |
8% |
5% |
| T < 280°C |
43% |
7% |
15% |
8% |
| T < 380°C |
66% |
94% |
35% |
81% |
| T < 520°C |
91% |
98% |
72% |
93% |
[0060] On constate que le recyclage de la coupe intermédiaire
360 permet d'alléger très significativement la composition du liquide présent dans les
réacteurs. Ainsi, en sortie de la zone réactionnelle
10, dans la fraction liquide hydrocarbonée nette (correspondant à la production de liquide
par décomposition de pneus sans intégrer le recyclage de solvant), la fraction inférieure
à 380°C (correspondant à des distillats atmosphériques) correspond à seulement 66%
en poids par rapport au poids total de la fraction liquide, alors que celle-ci est
de 94% en poids lors du recyclage de la coupe intermédiaire
360 en tant que solvant liquide
340. De même, on constate que la fraction de liquide de température d'ébullition initiale
supérieure à 520°C, qui correspond à un résidu non distillable, même sous vide, est
de 9% en poids dans le liquide net, mais est seulement de 2% en poids lors du recyclage
de la coupe intermédiaire
360 en tant que solvant liquide
340. La mise en contact du solvant liquide issu de la coupe intermédiaire dans le réacteur
permet de diminuer la proportion de fractions lourdes et cela facilite donc les transferts
et l'agitation, en baissant notamment la viscosité du milieu réactionnel.
[0061] Dans le tableau 3, on compare également les compositions de la seconde fraction liquide
hydrocarbonée en net (i.e. sans intégrer le recyclage de la coupe intermédiaire) et
en réel (i.e. en intégrant le recyclage de la coupe intermédiaire), pour la zone de
conversion
20 des plastiques usagés. On constate que le recyclage de la coupe intermédiaire
360 permet d'abaisser très significativement la courbe d'ébullition du liquide présent
dans les réacteurs
23 et
27. Ainsi, en sortie de la zone de conversion
20 de décomposition thermique des plastiques usagés, dans la seconde fraction liquide
hydrocarbonée nette (i.e. correspondant à la production de liquide par décomposition
du plastique sans intégrer le recyclage de solvant liquide complémentaire), la fraction
inférieure à 380°C (correspondant à des distillats atmosphériques) correspond à seulement
35% en poids seulement par rapport au poids total de la fraction liquide, alors que
celle-ci est de 81% en poids lors du recyclage de la coupe intermédiaire en tant que
solvant liquide
340 et solvant liquide complémentaire
350. De même, on constate que la part supérieure à 520°C, qui correspond à un résidu non
distillable, même sous vide, est de 28% poids dans la seconde fraction liquide hydrocarbonée
nette, mais est seulement de 7% en poids lors du recyclage. La mise en contact de
la première fraction liquide hydrocarbonée avec la charge plastique à l'état fondu
dans la zone de conversion
20 de permet de diminuer la proportion de fractions lourdes et cela facilite donc les
transferts et l'agitation, en baissant notamment la viscosité. Dans le cas des plastiques
usagés, l'effet est encore amplifié par le fait que la teneur en aromatiques de la
première fraction liquide hydrocarbonée (jouant le rôle de solvant) est conséquente,
alors que les molécules résultant de la dégradation thermique des polyoléfines sont
essentiellement des paraffines et des oléfines linéaires ou peu ramifiées.
[0062] L'analyse des produits formés montre que la teneur en produits mono-aromatiques dans
la fraction liquide hydrocarbonée résultant de la décomposition thermique des pneus
est de 38% en poids par rapport au poids total de la fraction liquide, et que la teneur
en molécules contenant des cycles aromatiques polycondensés (essentiellement di-aromatiques)
est de 6% poids. L'analyse montre également que l'essentiel des produits liquides
résultants de la décomposition thermique des plastiques usagés contiennent essentiellement
des paraffines et des oléfines, la teneur en aromatiques étant inférieure à 3% poids.
Dans ces conditions les fractions liquides hydrocarbonées résultant de la dégradation
thermique des pneus usagés et des plastiques usagés contiennent entre 10 et 11% poids
de produits mono-aromatiques et entre 1,5 et 2% en poids de molécules contenant des
cycles aromatiques polycondensés (essentiellement di-aromatiques) par rapport au poids
total desdites fractions liquides.
Exemple 2 (conforme à l'invention)
[0063] Par rapport à l'exemple 1, une partie de la fraction liquide hydrocarbonée
120 produits dans la zone réactionnelle
10 est envoyée vers la zone de conversion
20, l'autre partie étant envoyée dans la zone de fractionnement
30.
Dans le second exemple, le procédé selon l'invention traite 15 000 tonnes/an de granulats
de pneus usagés, exempts de fibres textiles et fils métalliques. Ces granulats, produits
par des granulateurs utilisant des broyeurs, proviennent de pneus poids lourds et
les grains résultant du broyage ont une taille voisine de 2 millimètres. Le procédé
traite également 15 000 tonnes/an de films plastique issus des filières de Déchets
d'Activité Economique (DAE), qui arrivent sur le site de production en balles contenant
au minimum 99% poids de films en polyéthylène. Ces films sont aussi séchés et déchiquetés
pour faire des morceaux dont la taille n'excède pas 10 centimètres. Les granulats
de pneus sont introduits en continu dans un réacteur de dissolution où ils sont mélangés
au solvant liquide
340 issue du recycle de la coupe intermédiaire de la zone de fractionnement
30. Cette coupe intermédiaire sert de solvant et possède un point d'ébullition initial
d'environ 280°C, et un point d'ébullition final d'environ 380°C. La quantité de solvant
qui est recyclée dans le réacteur
13 est de 45 000 tonnes/an, correspondant à un taux de solvant/granulat égal à 3 pds/pds.
Dans le réacteur
13, la température est maintenue égale à 260°C ce qui permet de dissoudre les granulats.
Les fractions liquides et le noir de carbone en suspension sont ensuite dirigées vers
le réacteur
14 où la température est maintenue égale à 390°C pendant une heure. En sortie du réacteur
14, la fraction liquide hydrocarbonée est séparée du noir de carbone au moyen d'un filtre
rotatif
16 opérant à 140°C. Un lavage du solide filtré est effectué avec du toluène. La fraction
liquide
120 collectée en sortie de la section
16 et en fond de colonne
18 et en sortie de la section
19 correspond à un débit de 54 035 tonnes/an et est envoyée en partie vers la zone de
conversion
20 et en partie vers la zone de fractionnement
30.
[0064] Dans la deuxième partie du procédé, les films plastiques déchiquetés et séchés sont
introduits dans le réacteur
23 avec une extrudeuse chauffée à 140°C pour fondre le plastique. On souhaite mélanger
le plastique avec un solvant à un taux de solvant/plastique de 3, comme dans l'exemple
1, ce qui requiert l'introduction de 45000 tonnes/an de fraction liquide hydrocarbonée
120 produits dans la zone réactionnelle
10, le débit restant étant envoyé dans la zone de fractionnement
30. Il n'est donc pas nécessaire ici de recycler une part de la coupe intermédiaire
360 produite à la section
30 en tant que solvant liquide complémentaire
350. Le débit total de solvant correspondant au flux
120 envoyé vers la zone de conversion
20 rapporté au débit de plastique usagé est donc à une valeur de 3 pds/pds. La température
dans le réacteur
23 est maintenue à 180°C pendant 30 minutes pour finir la dissolution et bien mélanger
le plastique fondu dans le solvant. L'effluent liquide obtenu est ensuite dirigé vers
le réacteur
27 où la température est maintenue égale à 410°C pendant 4 heures. La seconde fraction
liquide hydrocarbonée
230 en sortie du réacteur
27, dont le débit est de 59 123 tonnes/an est envoyée vers la zone de fractionnement
30 qui produit une fraction légère
310 dont le point d'ébullition final est de 280°C avec un débit de 6 051 tonnes/an, une
coupe intermédiaire
360 dont le point d'ébullition initial est de 280°C et le point d'ébullition final est
de 380°C, dont le débit est de 49 901 tonnes/an, dont 4 901 tonnes/an sont exportées
comme produits valorisés et 45 000 tonnes/an sont recyclées dans la zone réactionnelle
10, et une coupe lourde
330 de point d'ébullition initial de 380°C, dont le débit est de 12 206 tonnes/an.
[0065] Pour évaluer les rendements nets dans la zone de conversion
20, on considère que le liquide utilisé comme solvant (provenant de la zone
10 ou de la zone
30), ne réagit pas pendant la décomposition thermique des plastiques dans la zone
20. En effet, le liquide utilisé comme solvant a déjà été exposé à des conditions de
dégradation thermique dans des conditions similaires et sa réactivité est donc très
fortement diminuée
[0066] Les conditions opératoires, les rendements nets ainsi que les débits réels circulant
dans les zones
10 et
20 sont consignées dans les tableaux 4 et 5 ci-après.
Tableau 4
| |
|
Zone de conversion des pneus 10 |
Zone de conversion des plastiques 20 |
| Conditions Opératoires |
| Type de charge |
|
Granulats PL |
Films plastiques PE DAE |
| Débit de charge |
t/a |
15000 |
15000 |
| Température décomposition thermique |
°C |
390 |
410 |
| Temps de séjour décomposition thermique |
h |
1 |
4 |
| Taux de solvant |
pds/pds |
3 |
3 |
| Rendements nets |
| Gaz |
t/a |
165 |
518 |
| Noir de carbone 160 |
t/a |
5550 |
|
| Autres solides (150;250) |
t/a |
250 |
360 |
| Liquide (ASTM - D2887) |
|
|
|
| Point inital-150°C |
t/a |
1524 |
452 |
| 150-220°C |
t/a |
1222 |
702 |
| 220-280°C |
t/a |
1147 |
1005 |
| 280-380°C |
t/a |
2088 |
2813 |
| 380-520°C |
t/a |
2198 |
5242 |
| 520°C-Point final |
t/a |
857 |
3909 |
Tableau 5
| Débit (t/a) |
N° de flux |
| 340 |
110 |
120 |
120 vers zone 20 |
120 vers zone 30 |
210 |
230 |
310 |
360 |
330 |
| Gaz |
|
165 |
|
|
|
518 |
|
|
|
|
| Liquide (ASTM - D2887) |
Point inital-150°C |
|
|
1524 |
1269 |
255 |
|
1721 |
1976 |
|
|
| 150-220°C |
|
|
1222 |
1017 |
204 |
|
1719 |
1924 |
|
|
| 220-280°C |
|
|
1147 |
955 |
192 |
|
1959 |
2151 |
|
|
| 280-380°C |
45000 |
|
47088 |
39214 |
7873 |
|
42028 |
|
49901 |
|
| 380-520°C |
|
|
2198 |
1831 |
368 |
|
7072 |
|
|
7440 |
| 520°C-Point final |
|
|
857 |
713 |
143 |
|
4623 |
|
|
4766 |
| Total |
45000 |
165 |
54035 |
45000 |
9035 |
518 |
59123 |
6051 |
49901 |
12206 |
[0067] Dans le tableau 6, ci-après on compare les compositions de la première fraction liquide
hydrocarbonée en net (i.e. sans intégrer le recyclage de la coupe intermédiaire) et
en réel (i.e. en intégrant le recyclage de la coupe intermédiaire), dans la section
de valorisation des pneus usagés.
Tableau 6
| |
Zone de conversion des pneus 10 |
Zone de conversion des plastiques 20 |
| Distillation simulée ASTM-D2887 |
Liquide sans recycle solvant |
Liquide avec recycle solvant |
Liquide sans recycle solvant |
Liquide avec recycle solvant |
| % pds par rapport au poids total de la fraction liquide |
| T < 150°C |
17% |
3% |
3% |
3% |
| T < 220°C |
30% |
5% |
8% |
6% |
| T < 280°C |
43% |
7% |
15% |
9% |
| T < 380°C |
66% |
94% |
35% |
80% |
| T < 520°C |
91% |
98% |
72% |
92% |
[0068] On constate que le recyclage de la coupe intermédiaire
360 permet d'alléger très significativement la composition du liquide présent dans les
réacteurs. Ainsi, en sortie de la zone réactionnelle
10, dans la fraction liquide hydrocarbonée nette (correspondant à la production de liquide
par décomposition de pneus sans intégrer le recyclage de solvant), la fraction inférieure
à 380°C (correspondant à des distillats atmosphériques) correspond à seulement 66%
en poids par rapport au poids total de la fraction liquide, alors que celle-ci est
de 94% en poids lors du recyclage de la coupe intermédiaire
360 en tant que solvant liquide
340. De même, on constate que la fraction de liquide de température d'ébullition initiale
supérieure à 520°C, qui correspond à un résidu non distillable, même sous vide, est
de 9% en poids dans le liquide net, mais est seulement de 2% en poids lors du recyclage
de la coupe intermédiaire
360 en tant que solvant liquide
340. La mise en contact du solvant liquide issu de la coupe intermédiaire dans le réacteur
permet de diminuer la proportion de fractions lourdes et cela facilite donc les transferts
et l'agitation, en baissant notamment la viscosité du milieu réactionnel.
Dans le tableau 6, on compare également les compositions de la seconde fraction liquide
hydrocarbonée en net (i.e. sans intégrer le recyclage de la coupe intermédiaire) et
en réel (i.e. en intégrant le recyclage de la coupe intermédiaire), pour la zone de
conversion
20 des plastiques usagés. On constate que le recyclage de la coupe intermédiaire
360 permet d'abaisser très significativement la courbe d'ébullition du liquide présent
dans les réacteurs
23 et
27. Ainsi, en sortie de la zone de conversion
20 de décomposition thermique des plastiques usagés, dans la seconde fraction liquide
hydrocarbonée nette (i.e. correspondant à la production de liquide par décomposition
du plastique sans intégrer le recyclage de solvant liquide complémentaire), la fraction
inférieure à 380°C (correspondant à des distillats atmosphériques) correspond à seulement
35% en poids seulement par rapport au poids total de la fraction liquide, alors que
celle-ci est de 80% en poids lors du recyclage de la coupe intermédiaire en tant que
solvant
340. De même, on constate que la part supérieure à 520°C, qui correspond à un résidu non
distillable, même sous vide, est de 28% poids dans la seconde fraction liquide hydrocarbonée
nette, mais est seulement de 8% en poids lors du recyclage. La mise en contact de
la première fraction liquide hydrocarbonée avec la charge plastique à l'état fondu
dans la zone de conversion
20 de permet de diminuer la proportion de fractions lourdes et cela facilite donc les
transferts et l'agitation, en baissant notamment la viscosité. Dans le cas des plastiques
usagés, l'effet est encore amplifié par le fait que la teneur en aromatiques de la
première fraction liquide hydrocarbonée (jouant le rôle de solvant) est conséquente,
alors que les molécules résultant de la dégradation thermique des polyoléfines sont
essentiellement des paraffines et des oléfines linéaires ou peu ramifiées.
[0069] L'analyse des produits formés montre que la teneur en produits mono-aromatiques dans
la fraction liquide hydrocarbonée résultant de la décomposition thermique des pneus
est de 38% en poids par rapport au poids total de la fraction liquide, et que la teneur
en molécules contenant des cycles aromatiques polycondensés (essentiellement di-aromatiques)
est de 6% poids. L'analyse montre également que l'essentiel des produits liquides
résultants de la décomposition thermique des plastiques usagés contiennent essentiellement
des paraffines et des oléfines, la teneur en aromatiques étant inférieure à 3% poids.
[0070] Dans ces conditions les fractions liquides hydrocarbonées résultant de la dégradation
thermique des pneus usagés et des plastiques usagés contient entre 14 et 15% poids
de produits mono-aromatiques et entre 2,0 et 2,5% en poids de molécules contenant
des cycles aromatiques polycondensés (essentiellement di-aromatiques) par rapport
au poids total desdites fractions liquides.
[0071] En comparant les résultats de l'exemple 1 et de l'exemple 2, on constate que, bien
que les quantités traitées soient différentes, et que la façon d'ajuster le solvant
soit différente dans les deux exemples, les bénéfices liés à la mise en œuvre du procédé
selon l'invention avec le recyclage du solvant restent similaires.