Domaine technique
[0001] La présente description relève du domaine des préparateurs d'eau chaude sanitaires
et de leur protection contre la corrosion.
Technique antérieure
[0002] Généralement, un préparateur d'eau chaude, de préférence sanitaire, notée ECS, comprend
un réservoir de stockage d'eau et un échangeur de chaleur conformé pour permettre
un échange de chaleur entre l'eau stockée dans le réservoir et un autre fluide chauffé
par un générateur de chauffage.
[0003] Des températures très élevées, pouvant par exemple atteindre 1600°C, peuvent être
observées dans l'échangeur de chaleur lorsque le fluide contenu dans l'échangeur de
chaleur est chauffé par le générateur de chauffage. Des températures importantes pouvant
atteindre 150°C peuvent être mesurées sur la paroi de l'échangeur de chaleur en contact
avec l'eau stockée dans le réservoir.
[0004] De façon connue, les températures importantes relevées sur la paroi de l'échangeur
de chaleur en contact avec l'eau stockée dans le réservoir créent une accumulation
de dépôts sur la paroi de l'échangeur de chaleur en contact avec l'eau stockée dans
le réservoir.
[0005] Les dépôts sont notamment issus de la précipitation des ions contenus dans l'eau
stockée dans le réservoir et se composent principalement de carbonate de calcium ;
il s'agit alors de dépôt de tartre.
[0006] Les dépôts de tartre sont le plus fréquemment observés lorsque l'eau stockée dans
le réservoir est dure, c'est-à-dire lorsque le titre hydrotimétrique, TH, de l'eau
stockée dans le réservoir est supérieur à 20°f.
[0007] La présence de dépôts sur la paroi de l'échangeur en contact avec l'eau issue du
réservoir engendre une dégradation des propriétés du préparateur d'eau chaude sanitaire
et réduisent la durée de vie du préparateur d'eau chaude sanitaire.
[0008] Par exemple, dans le cas d'un préparateur d'eau chaude sanitaire comportant un échangeur
en acier inoxydable, la présence de dépôts crée une cavité entre les dépôts et la
paroi en acier inoxydable de l'échangeur en contact avec l'eau stockée dans le réservoir.
Ce phénomène est accentué dans les zones de l'échangeur où la température est la plus
élevée. Il s'en suit une concentration des sels contenus dans l'eau stockée dans le
réservoir, en particulier les chlorures, sur la paroi de l'échangeur. Ainsi, des phénomènes
de corrosion peuvent être constatés. Plus particulièrement, des phénomènes de corrosion
caverneuse, ou corrosion par aération différentielle, ainsi que des phénomènes de
corrosion par piqûre et corrosion sous contrainte peuvent être observés.
[0009] Les phénomènes de corrosion engendrent des fuites de l'échangeur qui rendent le préparateur
d'eau chaude sanitaire rapidement inutilisable.
[0010] Des solutions pour pallier les phénomènes de corrosion sont connues. Par exemple,
on peut recourir à un adoucisseur d'eau en amont du préparateur d'eau chaude sanitaire
en acier inoxydable, ce qui permet de réduire la concentration en ions calcium de
l'eau contenue dans le préparateur d'eau chaude sanitaire et ainsi réduire le titre
hydrotimétrique de l'eau à une valeur inférieure à 20°f.
[0011] Néanmoins, l'installation d'un tel adoucisseur se révèle onéreuse. En outre, un entretien
régulier de l'adoucisseur est nécessaire, sans quoi les phénomènes de corrosion précités
sont observés. De surcroît, l'utilisation d'un adoucisseur d'eau peut poser des problèmes
sanitaires, la consommation d'eau trop douce pouvant engendrer des problèmes de santé.
Résumé
[0012] Le but de la présente description est de remédier aux inconvénients précités.
[0013] A cet effet, la présente description a pour objet un système de chauffage d'eau chaude,
destiné de préférence à une eau dure, comprenant un réservoir de stockage d'eau en
acier inoxydable, un échangeur de chaleur en acier inoxydable et conformé pour permettre
un échange de chaleur entre l'eau stockée dans le réservoir et un autre fluide, par
exemple chauffé par un générateur de chauffage, caractérisé en ce que le système comprend
un dispositif de protection cathodique comprenant au moins une anode et un moyen de
génération d'un courant électrique dans ladite au moins une anode.
[0014] Grâce au dispositif de protection cathodique, il est possible d'abaisser un potentiel
électrochimique de l'échangeur de chaleur, ce qui permet une passivation de l'acier
inoxydable. L'échangeur de chaleur est ainsi protégé contre les phénomènes de corrosion,
notamment en présence de dépôts de tartre. En particulier, une durée de vie de l'échangeur
de chaleur est significativement augmentée notamment lorsque l'eau stockée dans le
réservoir est dure.
[0015] De plus, le système selon la présente invention est issu d'un procédé de fabrication
simple, du fait que le dispositif de protection cathodique peut être adjoint à un
ensemble préexistant comprenant le réservoir de stockage d'eau ainsi que l'échangeur
de chaleur.
[0016] En outre, le système selon la présente description est modulable, dans la mesure
où l'au moins une anode peut être avantageusement positionnée en fonction de l'échangeur,
permettant ainsi de protéger préférentiellement certaines zones de l'échangeur de
chaleur qui pourraient être davantage soumises aux phénomènes de corrosion. De plus,
le courant dans l'au moins une anode peut être configuré de sorte que le système soit
adapté à différentes conditions de fonctionnement.
[0017] Selon une autre caractéristique de la description, l'au moins une anode est positionnée
en regard d'une zone de l'échangeur de chaleur dont une température de peau est supérieure
à une valeur seuil lorsque le système est en fonctionnement.
[0018] Selon une autre caractéristique de la description, la valeur seuil de température
est 120°C.
[0019] Selon une autre caractéristique de la description, l'au moins une anode est positionnée
en regard d'une zone de l'échangeur telle qu'un transfert thermique entre l'eau et
l'autre fluide est supérieur à une valeur seuil lorsque le système est en fonctionnement.
[0020] Selon une autre caractéristique de la description, la valeur seuil de transfert thermique
est 4 W/cm
2.
[0021] Selon une autre caractéristique de la description, le système comprend un brûleur
de chauffage de l'autre fluide.
[0022] Selon une autre caractéristique de la description, l'échangeur de chaleur comprend
un conduit de circulation comportant au moins un foyer cylindrique, une canne de retour
et/ou un enroulement hélicoïdal.
[0023] Selon une autre caractéristique de la description, l'au moins une anode est positionnée
en regard du foyer.
[0024] Selon une autre caractéristique de la description, l'au moins une anode est positionnée
en regard de la canne de retour.
Brève description des dessins
[0025] D'autres caractéristiques, détails et avantages apparaîtront à la lecture de la description
détaillée ci-après, et à l'analyse des dessins annexés, sur lesquels :
Fig. 1
[Fig. 1] est une vue schématique en coupe longitudinale d'un système de préparation
d'eau chaude selon la présente invention.
Fig. 2
[Fig. 2] est une vue schématique en perspective d'une partie du système de préparation
d'eau chaude de la figure 1.
Fig. 3
[Fig. 3] est une vue en perspective d'un échangeur de chaleur pour le système de la
figure 1 selon une première variante de réalisation.
Fig. 4
[Fig. 4] est une vue en perspective d'un échangeur de chaleur pour le système de la
figure 1 selon une deuxième variante de réalisation.
Description des modes de réalisation
[0026] La présente description a pour objet un système de préparation d'eau chaude, de préférence
sanitaire, référencé 1. Le système 1 est de préférence destiné à alimenter en eau
chaude un local, tel qu'une habitation domestique, individuelle ou collective.
[0027] Le système 1 est particulièrement adapté aux eaux dures, c'est-à-dire dont le titre
hydrotimétrique est au moins d'une valeur de 20°f, voire supérieur à 30°f, voire de
l'ordre de 40°f.
[0028] Comme visible sur les figures, le système 1 comprend principalement un réservoir
de stockage d'eau 2, un échangeur de chaleur 3 et un dispositif de protection cathodique
4, détaillés ci-après.
[0029] Le réservoir 2 est de préférence constitué à partir d'acier inoxydable.
[0030] Comme particulièrement visible sur les figures 1 et 2, le réservoir 2 présente une
forme générale cylindrique comportant une paroi longitudinale 5 s'étendant entre un
fond 6 et un sommet 7. La paroi longitudinale 5 est délimitée par une surface interne
5' et une surface externe 5".
[0031] Le réservoir 2 comprend en outre un piquage 8 d'entrée d'eau froide dans le réservoir
2 et un piquage 9 de sortie d'eau chaude hors du réservoir 2. Le piquage 9 peut être
disposé dans le sommet 7, tandis que le piquage 8 peut être disposé en partie basse
du réservoir 2, à proximité du fond 6, comme illustré à la figure 1.
[0032] Comme déjà indiqué, le système de préparation 1 comprend un échangeur de chaleur
3, de préférence constitué à partir d'acier inoxydable. Sur le mode de réalisation
illustré, l'échangeur de chaleur 3 se présente sous la forme d'un serpentin. Néanmoins,
l'invention n'est pas limitée à ce type d'échangeur et l'échangeur 3 peut par exemple
être un échangeur à plaques.
[0033] Comme il ressort des figures 1 à 4, le serpentin 3 comprend un conduit 10 s'étendant
entre une entrée 11 et une sortie 12.
[0034] Le gaz est avantageusement un gaz naturel, constitué d'un mélange de butane et propane,
de façon non limitative. Néanmoins, l'invention n'est pas limitée à un type précis
de fluide, ni à un fluide gazeux, et l'on pourrait envisager d'utiliser de l'eau liquide.
[0035] L'entrée 11, autrement appelée foyer cylindrique, est munie d'un générateur de chauffage
de gaz G, illustré sur la figure 1. Le générateur G est de préférence un brûleur.
Entre l'entrée 11 et la sortie 12, le conduit 10 comporte une canne, dite de retour
13, suivie d'un enroulement hélicoïdal 14. On fait pénétrer des combustibles gazeux
dans le foyer 11 où les combustibles sont chauffés puis des fumées chaudes, issues
de la combustion des gaz, circulent dans l'enroulement 14 jusqu'à la sortie 12.
[0036] Le conduit 10 est délimité par une paroi comprenant une surface interne 15 et par
une surface externe 16. La surface interne 15 est destinée à être en contact avec
le gaz, tandis que la surface externe 16 est destinée à être en contact avec l'eau
stockée dans le réservoir 2.
[0037] Comme il ressort également des figures, l'échangeur 3 est plongé dans le réservoir
2, ce qui permet les échanges thermiques entre l'eau contenue dans le réservoir et
le gaz chauffé par le générateur G, via les surfaces 15 et 16. On note que l'enroulement
hélicoïdal 14 assure une optimisation des échanges entre les deux fluides.
[0038] On note que dans l'échangeur 3 illustré, l'eau du réservoir 2 et le gaz sont séparés
par une simple paroi de l'échangeur 3, ce qui contribue également à une optimisation
des échanges thermiques.
[0039] Selon une première variante illustrée sur la figure 3 et 4, on a illustré deux variantes
de réalisation de l'échangeur de chaleur 3.
[0040] L'enroulement hélicoïdal 14 délimite un volume interne V. Comme visible à la figure
3, selon une première variante, le foyer 11 est disposé en dehors du volume interne
V, ce qui permet d'optimiser une circulation des fumées chaudes issues de la combustion
du gaz dans l'enroulement 14 sous l'effet de la gravité. Alternativement, comme représenté
à la figure 4, le foyer 11 est disposé dans le volume interne V, ce qui permet de
réduire un encombrement de l'échangeur 3.
[0041] Selon la présente invention, chaque partie du réservoir 2 et de l'échangeur 3 destinée
à être en contact avec l'eau du réservoir est en acier inoxydable. En d'autres termes,
la surface interne 5' du réservoir 2 et la surface externe 16 de l'échangeur 3 sont
en acier inoxydable.
[0042] On note que, lorsque le système 1 est en mode chauffage, le gaz chauffé par le brûleur
G atteint des températures très élevées, par exemple de l'ordre de 1600°C. Il en résulte
une température de la surface 16 pouvant atteindre 150°C, température appelée par
la suite « température de peau côté eau » ou « température de surface côté eau ».
[0043] Comme déjà indiqué, le système 1 comprend un dispositif de protection cathodique
4.
[0044] Le dispositif 4 comprend au moins une anode et un moyen 17 de génération d'un courant
électrique dans l'anode. On parle d'anode à courant imposé. Le moyen 17 est par exemple
un générateur de tension continue.
[0045] Ladite au moins une anode est placée dans le réservoir 2 en regard d'une zone de
l'échangeur 3 où la température de peau côté eau est supérieure ou égale à une valeur
seuil. La valeur seuil est avantageusement comprise entre 110°C et 150°C, de préférence
entre 115°C et 125°C, de préférence encore de l'ordre de 120°C.
[0046] Alternativement ou en combinaison, ladite au moins une anode est placée dans le réservoir
2 en regard d'une zone de l'échangeur 3 où une valeur de densité surfacique de puissance
thermique, représentant le niveau de transferts thermiques entre l'eau et le gaz,
est supérieure ou égale à une valeur seuil. La valeur seuil est avantageusement comprise
entre 3W/cm
2 et 5 W/cm
2, de préférence de l'ordre de 4W/cm
2.
[0047] Selon un mode de réalisation non illustré, le dispositif 4 comprend une anode unique,
disposée de préférence en regard du foyer 11. Sur le mode de réalisation illustré,
le dispositif 4 comprend une première anode 18, et une deuxième anode 19.
[0048] Le courant électrique généré par chaque l'anode permet de faire descendre le potentiel
de l'échangeur en acier inoxydable. Cela permet la passivation de l'acier inoxydable
et empêche le phénomène de corrosion sous dépôt. Malgré des conditions très agressives
sous dépôt de calcaire, telles que surchauffe, ébullition et concentration de sels,
le système 1 permet une protection durable contre la corrosion. Afin de garantir cette
durabilité, le système s'adapte aux conditions de fonctionnement sur le terrain. Le
potentiel de la cuve est mesuré régulièrement pour adapter le courant si nécessaire
et garantir une protection permanente.
[0049] Chacune des anodes est réalisée en titane (Ti), ou en titane avec un revêtement de
mélange d'oxydes mixtes métalliques (TiMMO). On note que chaque anode est inaltérable,
c'est-à-dire qu'elle reste inaltérée au cours de la vie du système 1.
[0050] Chacune des anodes a par exemple une surface cylindrique ou conique. Une hauteur
de l'anode 18, 19 peut par exemple être comprise entre 80 cm et 50 cm, de préférence
de l'ordre de 60 cm.
[0051] Sur les figures 1 et 2, la première anode 18 est disposée en regard du foyer 11 tandis
que la deuxième anode 19 est disposée en regard de la canne de retour 13.
[0052] Le moyen de génération de courant 17 peut alimenter les deux anodes 18, 19, ou, alternativement,
le dispositif 4 comprend un générateur 17 dédié à chaque anode 18, 19.
[0053] Chaque générateur 17 est piloté par une carte électronique, non illustrée.
[0054] La carte électronique permet un auto-ajustement du système via une estimation du
potentiel du réservoir 2 à intervalle régulier, par exemple toutes les secondes. Avantageusement,
l'une au moins des anodes sert de capteur, la chute de tension à ses bornes étant
mesurée lorsque l'anode n'est pas alimentée en courant électrique.
[0055] La carte électronique peut donc être configurée pour mettre en œuvre un asservissement
du courant à imposer dans chaque anode 18, 19 pour obtenir la valeur consigne du potentiel
électrochimique à atteindre en partant de la mesure du potentiel électrochimique au
sein du réservoir de stockage 2. La valeur de courant à imposer dans les anodes 18,
19 peut être ajustée en temps réel.
[0056] Comme il ressort de la description qui précède, le système 1 est protégé de toute
corrosion grâce au dispositif de protection cathodique 4.
1. Système de chauffage d'eau chaude (1), destiné de préférence à une eau dure, comprenant
:
- un réservoir de stockage d'eau (2) en acier inoxydable,
- un échangeur de chaleur en acier inoxydable (3) et conformé pour permettre un échange
de chaleur entre l'eau stockée dans le réservoir (2) et un autre fluide, par exemple
chauffé par un générateur de chauffage (G),
caractérisé en ce que le système (1) comprend un dispositif de protection cathodique (4) comprenant au
moins une anode (18, 19) et un moyen de génération d'un courant électrique (17) dans
ladite au moins une anode (18, 19).
2. Système (1) selon la revendication 1, dans lequel ladite au moins une anode (18, 19)
est positionnée en regard d'une zone de l'échangeur de chaleur (3) dont une température
de peau est supérieure à une valeur seuil lorsque le système (1) est en fonctionnement.
3. Système (1) selon la revendication précédente, dans lequel ladite valeur seuil de
température est 120°C.
4. Système (1) selon l'une des revendications précédentes, dans lequel ladite au moins
une anode (18, 19) est positionnée en regard d'une zone de l'échangeur (3) telle qu'un
transfert thermique entre l'eau et l'autre fluide est supérieur à une valeur seuil
lorsque le système (1) est en fonctionnement.
5. Système (1) selon la revendication précédente, dans lequel la valeur seuil de transfert
thermique est 4 W/cm2.
6. Système (1) selon l'une des revendications précédentes, comprenant un brûleur de chauffage
dudit autre fluide.
7. Système (1) selon l'une des revendications précédentes, dans lequel l'échangeur de
chaleur (3) comprend un conduit de circulation comportant au moins :
- un foyer cylindrique (11),
- une canne de retour (13),
- un enroulement hélicoïdal (14).
8. Système (1) selon la revendication précédente, dans lequel ladite au moins une anode
(18, 19) est positionnée en regard du foyer (11).
9. Système (1) selon l'une des revendications 7 ou 8, dans lequel ladite au moins une
anode (18, 19) est positionnée en regard de la canne de retour (13).