Domaine technique
[0001] La présente invention concerne le domaine de l'horlogerie, plus précisément, la présente
invention concerne un régulateur mécanique horloger comprenant un échappement et un
oscillateur.
Etat de la technique
[0002] Un mécanisme régulateur d'horlogerie comprend typiquement un échappement tel qu'illustré
à la
figure 1. Un tel échappement 10 comprend typiquement une roue d'échappement 11 munie de dents
112 configurées pour coopérer avec des palettes 121 d'une ancre 12. L'ancre 12 comporte
une fourchette 122 coopérant avec une cheville 130 d'un plateau 131. Le plateau 131
est lié rigidement à un oscillateur (ou organe régulateur) non représenté. L'échappement
a pour but d'entretenir et de compter les oscillations de l'oscillateur. Un oscillateur
mécanique comporte un élément inertiel, un guidage et un élément de rappel élastique.
Par exemple, l'oscillateur mécanique peut comprendre un balancier spiral dans lequel
le balancier constitue l'élément inertiel, le guidage correspond à l'axe de balancier
et aux pierres de platine et pont, et le spiral constitue l'élément de rappel élastique.
[0003] La
figure 2a montre un diagramme reportant différents angles d'oscillation du balancier d'un oscillateur
balancier spiral, coopérant avec un échappement tel que décrit ci-dessus. Le balancier,
ayant une amplitude Ao de l'ordre 300°, peut être caractérisé par une portion d'oscillation
libre Θ
LI et une portion d'oscillation correspondant à l'angle de levée Θ
LE, de l'ordre de 50°, où le dégagement de la roue d'échappement et l'impulsion de l'échappement
à l'élément inertiel se produisent. L'amplitude Ao est la position angulaire maximale,
par rapport à la ligne des centres, que prend l'élément inertiel durant une oscillation
(ou alternance). La ligne des centres θ
0 est définie comme la position angulaire de l'élément inertiel à l'équilibre sans
l'échappement (lorsque l'élément de rappel élastique est complètement détendu).
[0004] Un oscillateur horloger sur guidage flexible, ou à pivot flexible, est un oscillateur
dont l'élément inertiel (pouvant comprendre un balancier) est guidé en rotation par
un agencement de parties élastiques et non pas par un axe de rotation physique tournant
dans des paliers classiques (ex : palier rubis), comme dans le cas d'un balancier
spiral. En plus de sa fonction de guidage en rotation, le pivot flexible exerce un
couple de rappel élastique sur le balancier à l'instar du spiral d'un oscillateur
balancier spiral. La
figure 2b montre un diagramme reportant différents angles d'oscillation d'un oscillateur sur
guidage flexible (par exemple, tel que celui représenté en figure 19) coopérant avec
un échappement tel que décrit ci-dessus. Dans cette configuration, l'élément inertiel,
ayant une amplitude Ao typiquement comprise entre 10° et 50°, est caractérisé par
une portion d'oscillation libre Θ
LI typiquement de l'ordre de 10° à 20°, et par un angle de levée Θ
LE, de l'ordre de 6° maximum. Par rapport à un oscillateur de type balancier spiral,
un oscillateur sur guidage flexible se démarque par une rigidité plus importante de
l'élément de rappel élastique et par des amplitudes d'oscillations Ao plus faibles.
[0005] Le demi-angle de levée Θ
LE/2 d'un oscillateur correspond à l'angle entre la ligne des centres de l'élément inertiel
θ
0 et sa position angulaire en fin d'impulsion θ
IM. Ainsi, minimiser l'angle de levée Θ
LE revient à rapprocher la position angulaire de fin d'impulsion θ
IM de la ligne des centres θ
0 et donc de diminuer le couple de rappel élastique de l'oscillateur en fin d'impulsion,
ce qui facilite l'auto-démarrage.
[0006] Dans le cas d'un échappement 10 traditionnel à ancre suisse coopérant avec un oscillateur
sur guidage flexible, il n'est pas possible de redimensionner la fourchette pour rendre
cette dernière compatible avec un angle de levée Θ
LE au balancier de 6° ou moins. En effet, dans ce cas, les jeux et sécurités entre la
fourchette et la cheville de plateau seraient irréalisables en pratique. Par ailleurs,
du fait de la rigidité plus élevée de l'élément de rappel élastique d'un oscillateur
sur guidage flexible par rapport à un balancier spiral, il est alors difficile d'assurer
l'auto-démarrage d'un oscillateur sur guidage flexible.
[0007] L'auto-démarrage est la propriété d'un échappement qui démarre uniquement grâce au
couple fourni par la roue d'échappement suite au remontage du barillet dans sa zone
de travail. L'auto-démarrage garantit le démarrage de l'oscillateur sans aide extérieure
pendant la phase de remontage du barillet, par exemple après une longue période de
stockage de la montre. L'auto-démarrage est une propriété avantageuse à tout échappement
d'une montre bracelet car celle-ci est régulièrement sujette à des chocs ce qui provoque
des freinages du balancier contre ses antichocs. Ces freinages peuvent mener à des
arrêts momentanés du balancier. Si l'échappement n'est pas auto-démarrant, le balancier
restera bloqué jusqu'à l'intervention de l'utilisateur ou d'un horloger. Ainsi un
échappement qui n'est pas auto-démarrant pose des problèmes de fiabilité dans le contexte
de la montre bracelet.
[0008] Un système est auto-démarrant lorsque le couple à la roue d'échappement est suffisant
pour, entre autres, achever la phase d'impulsion. Le couple de rappel élastique de
l'oscillateur (ce couple de rappel élastique est directement proportionnel à la raideur
du ressort de rappel et à la position angulaire de fin d'impulsion θ
FI) est alors contrebalancé par le couple à la roue d'échappement. Augmenter le couple
à la roue d'échappement pour assurer l'auto-démarrage d'un oscillateur sur guidage
flexible revient à en augmenter la consommation énergétique, ce qui n'est pas une
solution satisfaisante étant donné que l'énergie disponible dans une montre bracelet
est limitée.
[0009] Le document
CH715589A1 décrit un échappement à repos frottant qui est adapté à un oscillateur sur guidage
flexible. L'avantage d'un échappement à repos frottant est qu'il peut être dimensionné
pour être compatible avec un angle de levée Θ
LE au balancier inférieur à 6°, ce qui est avantageux pour l'auto-démarrage. L'inconvénient
est que le balancier est lié à l'ancre (élastiquement dans ce cas précis) ce qui implique
une rotation permanente de l'ancre durant l'oscillation du balancier et donc un contact
frottant permanent entre la roue d'échappement et l'ancre. La perte d'énergie consécutive
à ce contact frottant est substantielle, ce qui limite de facto les amplitudes de
fonctionnement de l'oscillateur à de faibles valeurs, de l'ordre de 6 à 8°. Par opposition,
l'échappement à ancre suisse est un échappement libre car il n'entre en contact avec
l'oscillateur que pendant l'angle de levée pour effectuer les phases de dégagement
et d'impulsion.
[0010] Un exemple d'échappement libre qui a été adapté pour un oscillateur sur guidage flexible
est présenté dans le document
CH714361. Ce document décrit un régulateur avec résonateur à pivot flexible muni d'un échappement
libre à ancre avec fourchette élargie par rapport à celle d'une ancre suisse classique.
L'échappement est particulièrement adapté au pivot flexible présenté dans le document
EP3035126 et va de pair avec le mécanisme de résonateur sur guidage flexible dévoilé dans le
document
EP3545365. Ce dernier document décrit un échappement libre à ancre avec un angle de levée Θ
LE de 10°, avec des éléments inertiels aux propriétés spécifiques. Cet échappement a
une cinématique traditionnelle avec une phase d'oscillation libre, puis un dégagement
suivi d'une phase d'impulsion. Du fait de son angle de levée trop grand (10°), l'échappement
en question ne peut pas être à la fois auto-démarrant et avoir un couple à la roue
d'échappement suffisamment petit pour avoir une consommation énergétique raisonnable.
Bref résumé de l'invention
[0011] La présente invention concerne un régulateur mécanique horloger comprenant un échappement
coopérant avec un oscillateur mécanique horloger pourvu d'un élément inertiel oscillant
dans un plan d'oscillation grâce à un élément de rappel élastique. L'échappement comprend
une cheville liée rigidement à l'élément inertiel, une ancre et une roue d'échappement.
L'ancre comporte une fourchette configurée pour coopérer avec la cheville, une palette
d'entrée et une palette de sortie, chacune des palettes étant configurée pour coopérer
avec des dents de la roue d'échappement. L'échappement est configuré de sorte que,
pendant une phase de dégagement, la cheville pousse la fourchette afin de libérer
la roue d'échappement de l'une des palettes et, pendant une phase d'impulsion, la
fourchette pousse la cheville afin de transmettre à l'élément inertiel le couple de
la roue d'échappement qui est en contact avec l'une des palettes. Le régulateur est
configuré de sorte que la phase de dégagement est précédée d'une première phase de
repos frottant, elle-même précédée par une première phase d'oscillation libre, et
la phase d'impulsion est suivie par une seconde phase de repos frottant, elle-même
suivie d'une seconde phase d'oscillation libre. Pendant chacune des phases d'oscillation
libre, l'élément inertiel oscille librement sans contact entre la cheville et la fourchette;
et pendant la première et seconde phase de repos frottant, la cheville est en contact
avec la fourchette de manière à la pousser, une dent de la roue d'échappement étant
en contact frottant avec l'une des palettes.
[0012] L'échappement est à repos frottant pendant une portion d'oscillation donnée, mais
est libre en dehors de cette portion d'oscillation. Les portions d'oscillation en
repos frottant permettent de garantir l'auto-démarrage de l'oscillateur car, grâce
à elles, il est possible de construire un mécanisme fourchette-cheville avec un très
faible angle de levée ainsi que des jeux et sécurités raisonnables. Par exemple, l'angle
de levée peut être au moins deux fois plus petit que ce qui est atteignable avec les
échappements proposés dans l'état de la technique, soit typiquement entre 2° et 6°.
L'échappement permet ainsi de récupérer la propriété d'auto-démarrage de l'oscillateur,
même dans le cas où l'amplitude de fonctionnement de l'oscillateur est faible et sa
rigidité importante.
[0013] Le régulateur selon l'invention permet également une portion d'oscillation de l'élément
inertiel en grande partie libre et il n'y a donc pas de contact frottant entre la
roue d'échappement et l'ancre durant une grande partie de l'oscillation de l'élément
inertiel. Cela permet de minimiser la perte d'énergie du régulateur et donc d'obtenir
une amplitude de l'élément inertiel plus élevée. Cela permet de garantir l'isochronisme
d'un oscillateur à guidage flexible (pour la plupart des oscillateurs à guidage flexible
et des échappements, les défauts d'isochronisme sont en général critiques en dessous
de 10° d'amplitude) et rend l'élément inertiel moins perturbable par des chocs contre
des butées.
[0014] Le régulateur décrit ici peut être appliqué à tout type d'échappement dont la roue
et l'ancre forment un échappement à double impulsion. Par exemple, le principe peut
être facilement appliqué dans le cas d'un échappement libre à ancre. Le régulateur
proposé ici simplifie grandement la conception de l'oscillateur par rapport à la solution
proposée dans le document
CH714361. Par exemple, étant donné les faibles amplitudes caractérisant les oscillateurs sur
guidages flexibles, l'ancre de la présente invention n'a pas besoin de dard pour coopérer
avec un tel oscillateur. L'ancre et la roue peuvent donc être des pièces produites
sur un seul niveau.
[0015] Le régulateur décrit ici est simple dans sa mise en oeuvre et permet d'assurer une
faible consommation énergétique et l'auto-démarrage d'un oscillateur sur guidage flexible.
Brève description des figures
[0016] Des exemples de mise en oeuvre de l'invention sont indiqués dans la description illustrée
par les figures annexées dans lesquelles :
la figure 1 illustre un régulateur classique d'horlogerie;
les figures 2a et 2b montrent l'amplitude d'oscillation et l'angle de levée pour un
oscillateur de type balancier spiral (figure 2a) et pour un oscillateur sur guidage
flexible (figure 2b) ;
la figure 3 montre un régulateur dont l'échappement comprend une cheville, une fourchette
et une roue d'échappement, selon un mode de réalisation;
les figures 4a-4c montrent un détail de la palette d'entrée (figure 4a), de la palette
de sortie (figure 4b) de la fourchette et d'une dent de la roue d'échappement (figure
4c);
Les figures 5a et 5b montrent un diagramme reportant différents angles d'oscillation
d'un élément inertiel d'un oscillateur sur guidage flexible coopérant avec l'échappement
10, lorsque l'oscillateur oscille dans le sens anti-horaire (figure 5a) et horaire
(figures 5b);
la figure 6 montre l'échappement au début d'une première phase de repos frottant lorsque
l'oscillateur oscille dans le sens anti-horaire;
la figure 7 montre l'échappement au début d'une phase de dégagement;
la figure 8 montre l'échappement pendant un premier rattrapage de jeu de fourchette;
la figure 9 montre l'échappement au début d'une phase d'impulsion;
la figure 10 montre l'échappement pendant la phase d'impulsion;
la figure 11 montre l'échappement au début d'une première chute de la roue d'échappement;
la figure 12 montre l'échappement au début d'une seconde phase de repos frottant après
un deuxième rattrapage de jeu de fourchette;
la figure 13 montre l'échappement à la fin d'une seconde phase de repos frottant;
la figure 14 montre l'échappement pendant une phase d'oscillation libre;
la figure 15 montre l'échappement pendant la première phase de repos frottant, lorsque
l'oscillateur oscille dans le sens horaire;
les figures 16a-16f montrent des phases de l'échappement aux faibles amplitudes de
l'oscillateur;
Les figures 17a-17b illustrent l'ébat et la pénétration (figure 17a) de la cheville
dans la fourchette dans une position de début d'impulsion et l'ébat de dégagement
(figure 17b) de la cheville dans la fourchette dans une position de fin de second
repos frottant;
les figures 18a-18b montrent des phases de l'échappement pour des amplitudes d'oscillation
au-delà du demi-angle de repos frottant;
les figures 19a-19f illustrent différentes positions de la fourchette et d'une dent
par rapport aux palettes, pour des amplitudes d'oscillation de l'élément inertiel
au-delà du demi-angle de repos frottant;
la figure 20 montre l'échappement coopérant avec oscillateur sur guidage flexible,
selon un premier exemple; et
la figure 21 montre un détail de l'échappement de la figure 20.
Exemple(s) de mode de réalisation de l'invention
[0017] La
figure 3 montre un régulateur 1 comportant un échappement 10, selon un mode de réalisation.
L'échappement 10 comprend une roue d'échappement 11 munie de dents 112 configurées
pour coopérer avec une palette d'entrée 121 et une palette de sortie 127 d'une ancre
12. L'ancre 12, montée pivotante sur un axe, comporte une fourchette 122 coopérant
avec une came d'impulsion 130 (ici une cheville) d'un plateau 131. L'échappement 10
coopère avec un oscillateur (non représenté) comportant un élément inertiel 21 (par
exemple un balancier ou autre) apte à osciller autour d'un axe d'oscillateur 23 grâce
à un élément de rappel élastique. Le plateau 131 est destiné à coopérer avec l'oscillateur.
Par exemple, le plateau 131 peut être arrangé concentrique avec l'oscillateur de manière
à pivoter avec élément inertiel, comme dans un mécanisme régulateur d'horlogerie conventionnel.
[0018] La
figure 4a montre un détail de la palette d'entrée 121, la
figure 4b montre un détail de la palette de sortie 127 et la
figure 4c montre un détail d'une dent 112 compotant un bec de dent 112a et un talon de dent
112b. Chacune de la palette d'entrée 121 et la palette de sortie 127 est dotée d'un
plan de repos frottant de palette P
RF, un plan de dégagement de palette P
DE, et un plan d'impulsion de palette P
IM. Ici, le plan de dégagement de palette P
DE correspond à un plan de repos, c'est-à-dire, le plan sur lequel appuie une dent 112
de la roue d'échappement au moment de son dégagement.
[0019] Dans l'exemple des figures 4a-4b, le plan d'impulsion de palette P
IM comporte trois sections à courbure variable, continues et tangentes. Cependant, le
plan d'impulsion de palette P
IM peut également être formé d'une seule ou de plusieurs sections courbes ou planes..
Le plan de repos frottant de palette P
RF et le plan de dégagement de palette P
DE sont également représentés comme deux sections continues de courbures différentes
mais ces deux plans pourraient également être réalisés comme une seule surface plane
. Préférablement, le plan de repos frottant de palette P
RF est à tirage et le plan de dégagement de palette P
DE peuvent être ou non à tirage. Le tirage signifie que ces deux plans de palette peuvent
être orientés de telle sorte que la force exercée par le bec de dent 112a de la dent
112 contre l'un de ces plans de palette engendre un couple à l'ancre 12 provoquant
la rotation de cette dernière contre l'une de ses butées 125a, 125b. Le tirage permet
de s'assurer que l'ancre s'arrête dans une position bien déterminée, définie par ses
butées 125, durant l'oscillation libre de l'élément inertiel 21. Pendant la première
phase d'oscillation libre il n'y a pas de contact entre la cheville 130 et la fourchette
122. Un contact entre la cheville 130 et la fourchette 122 se produit pendant la première
phase de repos frottant.
[0020] Les palettes 121, 127 de l'ancre 12 de l'échappement 10 comportent donc un plan de
repos additionnel, le plan de repos frottant de palette P
RF, configuré pour bloquer la roue d'échappement 11 lors des repos frottant de l'échappement.
[0021] Les
figures 5a et
5b montrent un diagramme reportant différents angles d'oscillation d'un élément inertiel
d'un oscillateur sur guidage flexible coopérant avec l'échappement 10, lorsque l'oscillateur
oscille dans le sens antihoraire (figure 5a) et horaire (figures 5b). L'échappement
10 possède deux régimes différents de fonctionnement. Au démarrage, l'échappement
10 fonctionne comme un échappement à repos frottant, c'est-à-dire que l'amplitude
d'oscillation de l'élément inertiel est supérieure au demi-angle de levée Θ
LE/2 et inférieure au demi-angle de repos frottant Θ
RF/2. L'angle de levée Θ
LE correspond à la portion d'oscillation de l'élément inertiel depuis la position angulaire
de début de dégagement θ
DE jusqu'à la position angulaire de fin de l'impulsion θ
IM. L'angle de repos frottant Θ
RF correspond à la portion d'oscillation depuis la position angulaire de l'élément inertiel
du début du premier repos frottant θ
RF1 jusqu'à la position angulaire de fin du second repos frottant θ
RF2.
[0022] A plus grande amplitude d'oscillation de l'élément inertiel, supérieure au demi-angle
de repos frottant à Θ
RF/2, l'oscillateur a également une portion d'oscillation libre (angle d'oscillation
libre Θ
LI).
[0023] Les figures 6 à 15 montrent l'échappement 10 pendant les différentes phases de son
fonctionnement. Le diagramme de la figure 5 est également reproduit : l'angle de l'oscillateur
2 correspondant à la phase illustrée y est indiqué par une flèche. Notons qu'une chute
(ou rattrapage de jeu de fourchette) intervient comme une transition entre deux phases
de fonctionnement de l'échappement et n'est pas considérée comme une phase de l'échappement.
A noter que, pour faciliter l'analyse et la compréhension d'un échappement, il est
d'usage de faire l'approximation que l'élément inertiel ne pivote pas pendant une
chute. La chute est ajoutée dans la construction de l'échappement afin d'éviter le
blocage du mécanisme qui serait provoqué par un double contact entre deux pièces d'échappement
(sécurités de l'échappement). La chute est dimensionnée en fonction des tolérances
d'assemblage et de fabrication du système. Elle doit être minimisée car elle occasionne
une perte d'énergie non-contributive à la précision de la base de temps du système.
Fonctionnement normal (à grande amplitude)
[0024] La
figure 6 montre l'échappement 10 au début d'une première phase de repos frottant, lorsque
l'oscillateur oscille dans le sens anti-horaire. La première phase de repos frottant
se produit à la suite d'une première phase d'oscillation libre pendant laquelle l'élément
inertiel 21 oscille librement sans contact entre la cheville 130 et la fourchette
122 . La première phase de repos frottant se produit avant une phase de dégagement
de l'échappement 10. Dans la première phase de repos frottant, qui n'existe pas dans
un échappement libre à ancre conventionnel, la roue d'échappement 11 est bloquée par
l'ancre 12 et ne peut pas avancer. La cheville 130 (par exemple arrangée coaxiale
avec un axe de l'élément inertiel) tourne dans le sens anti-horaire et rencontre un
premier plan de fourchette 122a de la fourchette 122. L'ancre 12 pivote alors dans
le sens horaire (autour de son axe de pivotement 126). Sous l'action de la cheville
130 sur la fourchette 122, la palette 121 va faire légèrement reculer la roue d'échappement
11. Une dent 112 de la roue d'échappement est en contact frottant sur le plan de repos
frottant de palette P
RF de la palette d'entrée 121.
[0025] Pendant la première phase de repos frottant d'entrée, l'ancre 12 tourne tandis que
la roue d'échappement 11 est presque immobile. Il existe donc un contact frottant
entre une dent 112 et la palette d'entrée 121 (sur le plan de repos frottant de palette
P
RF) de l'ancre 12. Pendant la première phase de repos frottant, l'élément inertiel oscille
depuis la position angulaire de début du premier repos frottant θ
RF1 à la position angulaire de début de dégagement θ
DE.
[0026] La
figure 7 montre l'échappement 10 au début d'une phase de dégagement, correspondant à la fin
du premier repos frottant. Pendant la phase de dégagement, la cheville 130 de balancier
continue à tourner dans le sens anti-horaire et à pousser sur le premier plan de fourchette
122a de la fourchette 122. La roue d'échappement 11 est immobile, ou recule légèrement,
et l'ancre 12 continue à tourner dans le sens horaire. Une dent 112 de la roue d'échappement
11 quitte le plan de repos frottant de palette P
RF pour rejoindre le plan de dégagement de palette P
DE de la palette d'entrée 121. Au début de la phase de dégagement, la position angulaire
de l'élément inertiel est celle de début de dégagement θ
DE.
[0027] La
figure 8 montre l'échappement 10 au début du rattrapage de jeu de la fourchette 122 se produisant
à la fin de la phase de dégagement. Le début du rattrapage de jeu de la fourchette
122 est identique à celle d'un échappement à ancre classique. La cheville 130 continue
à tourner dans le sens anti-horaire. Une dent 112 de la roue d'échappement 11 quitte
le plan de dégagement de palette P
DE pour rejoindre le plan d'impulsion de palette P
IM de la palette d'entrée 121. La roue d'échappement 11 va alors actionner l'ancre 12
ce qui va permettre au second plan de fourchette 122b de rattraper la cheville 130
et la percuter à la fin du rattrapage de jeu de la fourchette 122. Le couple de rappel
élastique de l'oscillateur doit au moins être dimensionné pour pouvoir ramener, sans
élan, l'échappement 10 dans la position de la figure 8. Dans le cas contraire l'échappement
10 n'est pas auto-démarrant.
[0028] La
figure 9 montre l'échappement 10 au début d'une phase d'impulsion se produisant à la fin de
la première chute de fourchette et correspond au début de l'impulsion de la palette
d'entrée 121. Cette première phase d'impulsion est identique à celle d'un échappement
à ancre classique. La cheville 130 continue à tourner dans le sens anti-horaire. Le
second plan de fourchette 122b de la fourchette 122 a rejoint la cheville 130 et commence
à pousser la cheville 130 dans le sens anti-horaire. La roue d'échappement 11 continue
à tourner dans le sens horaire et actionne la cheville 130 par l'intermédiaire de
l'ancre 12. Le bec de dent 112a de la dent 112 de la roue d'échappement 11 pousse
sur le plan d'impulsion de palette P
IM de la palette d'entrée 121.
[0029] La
figure 10 montre l'échappement 10 en cours de phase d'impulsion, à la transition entre l'impulsion
du bec de dent 112a sur le plan de palette et l'impulsion de plan de dent sur bec
de palette. La cheville 130 continue à tourner dans le sens anti-horaire et le second
plan de fourchette 122b continue à pousser la cheville 130 dans le sens anti-horaire.
La roue d'échappement 11 continue également à tourner dans le sens horaire et actionne
la cheville 130 par l'intermédiaire de l'ancre 12. La seconde partie de phase d'impulsion,
et avec elle la première impulsion, se termine lorsque le bec de palette 128 rejoint
le talon de dent 112b de la roue d'échappement 11 (voir aussi la figure 4a).
[0030] La
figure 11 montre l'échappement 10 pendant une première chute de la roue d'échappement 11 et
une seconde chute de fourchette 122 se produisant à la fin de la phase d'impulsion.
Cette transition est identique à celle d'un échappement à ancre conventionnel pour
la chute de la roue d'échappement 11. Cependant, dans un échappement conventionnel,
il n'y a pas de seconde chute de fourchette 122 car la cheville 130 quitte la fourchette
122 à la fin de l'impulsion sans rejoindre le premier plan de fourchette 122a. Dans
la présente transition, la cheville 130 continue à tourner dans le sens anti-horaire.
La cheville 130 quitte le second plan de fourchette 122b car l'ancre 12 n'est plus
actionnée par la roue d'échappement 11. Une dent 112 de la roue d'échappement 11 se
sépare de l'extrémité du plan d'impulsion de palette P
IM de la palette d'entrée 121. La roue d'échappement 11 chute, c'est-à-dire tourne dans
le vide, et va rejoindre le plan de repos frottant de palette P
RF de la palette de sortie 127.
[0031] Durant cette transition correspondant à la chute de la roue d'échappement et de la
seconde chute de fourchette, la position angulaire de l'élément inertiel correspond
approximativement à la position angulaire de fin d'impulsion θ
IM par rapport à la position de référence de la ligne des centres θ
0 (cela correspond au demi-angle de levée Θ
LE/2). A la différence d'un échappement conventionnel, l'échappement 10 est caractérisé
par un angle de levée Θ
LE typiquement d'au plus 6°.
[0032] La
figure 12 montre l'échappement 10 au début d'une seconde phase de repos frottant se produisant
après la phase d'impulsion, à la fin de la chute de la roue d'échappement 11 et de
la seconde chute de fourchette 122. Cette seconde phase de repos frottant n'existe
pas dans un échappement à ancre classique. La cheville 130 continue à tourner dans
le sens anti-horaire, rejoint le premier plan de fourchette 122a et pousse la fourchette
122 pour s'en dégager. La roue d'échappement 11 est bloquée par l'ancre 12 mais pivote
très légèrement dans le sens horaire du fait du tirage. L'ancre 12 pivote toujours
dans le sens horaire sous l'action de la cheville 130. Le bec de dent 112a de la dent
112 de la roue d'échappement 11 va donc frotter contre le plan de repos frottant de
palette P
RF de la palette de sortie 127. Il y a donc un contact frottant entre la roue d'échappement
11 et l'ancre 12 et entre l'ancre 12 et la cheville 130.
[0033] Ici, l'expression "contact frottant" signifie qu'au point de contact entre la dent
112 et le plan de repos frottant de palette P
RF et entre la cheville 130 et le premier plan de fourchette 122a, il y a un déplacement
relatif régulier entre ces pièces d'échappement pendant la première et la seconde
phase de repos frottant.
[0034] Pendant la seconde phase de repos frottant, la position angulaire de l'élément inertiel
va de la position angulaire de fin d'impulsion θ
IM jusqu'à la position angulaire de fin du second repos frottant θ
RF2.
[0035] La
figure 13 montre l'échappement 10 à la fin de la seconde phase de repos frottant. La cheville
130 a terminé de pousser le premier plan de fourchette 122a et s'en libère. L'ancre
12 n'a pas encore rejoint la butée de sortie 125b, le tirage n'est donc pas terminé.
Une dent 112 de la roue d'échappement 11 est en appui sur le plan de repos frottant
de palette P
RF de la palette de sortie 127. La roue d'échappement 11 transmet un couple à l'ancre
12 qui lui permet de pivoter toujours dans le sens horaire pour rejoindre la butée
de sortie 125b et sa position de repos.
[0036] Pendant le tirage, la position angulaire de l'élément inertiel est légèrement supérieure
à la position angulaire de fin du second repos frottant θ
RF2. Similairement aux chutes, on ne considère pas, dans ce document, le tirage comme
une phase de l'échappement à proprement parlé.
[0037] La
figure 14 montre l'échappement 10 pendant une seconde phase d'oscillation libre se produisant
après la seconde phase de repos frottant. La cheville 130 est libre et va le rester
jusqu'à la prochaine phase de repos frottant. La fourchette 122 de l'ancre 12 a rejoint
la butée de sortie 125b. La roue d'échappement 11 est bloquée par l'ancre 12 et sont
tous deux à l'arrêt. Pendant la seconde phase d'oscillation libre il n'y a pas de
contact entre la cheville 130 et la fourchette 122. Un contact entre la cheville 130
et la fourchette 122 se produit pendant la seconde phase de repos frottant.
[0038] Pendant la seconde phase d'oscillation libre, la position angulaire de l'élément
inertiel est supérieure à la position angulaire de fin du second repos frottant θ
RF2.
[0039] La
figure 15 montre l'échappement 10 au début de la première phase de repos frottant, lorsque
l'oscillateur oscille dans le sens horaire. Cette phase n'existe pas dans un échappement
à ancre classique. La cheville 130, qui tourne dans le sens horaire, rencontre le
second plan de fourchette 122b de l'ancre 12 qui s'apprête à tourner dans le sens
anti-horaire. Dans cette position, si le système était à l'arrêt, c'est le couple
élastique de l'oscillateur qui ferait tourner l'échappement 10. La roue d'échappement
11 est bloquée par l'ancre 12 et ne peut pas avancer. Lorsque l'ancre 12 tourne, sous
l'action de la cheville 130 sur le second plan de fourchette 122b de la fourchette
122, la roue d'échappement 11 va reculer légèrement, repoussée par le plan de repos
frottant de palette P
RF de la palette de sortie 127.
[0040] Pendant la première phase de repos frottant, l'élément inertiel pivote depuis la
position angulaire de début du premier repos frottant θ
RF1 à la position angulaire de début de dégagement θ
DE.
[0041] La cheville 130 est donc configurée pour pousser la fourchette 122 durant la première
phase de repos frottant et la seconde phase de repos frottant. Pendant ces phases,
une dent 112 de la roue d'échappement 11 est en contact frottant contre le plan de
repos frottant de palette P
RF de la palette d'entrée 121 ou de la palette de sortie 127. La cheville 130 n'est
pas en contact avec la fourchette 122 sur les portions d'oscillations libres de l'élément
inertiel, précédant la première phase de repos frottant et suivant la seconde phase
de repos frottant.
[0042] Il faut noter que l'auto-démarrage de l'échappement 10 ne dépend pas de l'angle de
repos frottant Θ
RF mais uniquement de l'angle de levée Θ
LE. Ainsi comme l'ajout de ces phases de repos frottant permet de réduire l'angle de
levée Θ
LE, l'échappement proposé facilite considérablement l'auto-démarrage de l'oscillateur.
La présence de la première phase de repos frottant et de la première phase d'oscillation
libre permet de caractériser l'échappement 10 comme un échappement semi-libre. L'échappement
10 est également auto-démarrant.
[0043] L'échappement 10 peut être configuré pour que l'angle de repos frottant Θ
RF, correspondant à la portion d'oscillation depuis la position angulaire de l'élément
inertiel du début du premier repos frottant θ
RF1 jusqu'à la position angulaire de fin du second repos frottant θ
RF2, soit d'au plus 12°.
[0044] Les mêmes phases que celles décrites ci-dessus se reproduisent lorsque l'oscillateur
oscille dans le sens horaire.
[0045] On notera que pour que la première et la seconde phase de repos frottant puissent
se produire, l'échappement doit être configuré pour que la cheville 130 soit en contact
avec la fourchette 122 de manière à la pousser lorsque la position angulaire de l'élément
inertiel par rapport à la ligne des centre θ
0 est plus petite que le demi-angle de repos frottant Θ
RF/2 et plus grand que le demi-angle de levée Θ
LE/2. Plus particulièrement, le premier plan de fourchette 122a et le second plan de
fourchette 122b doivent être dimensionnés pour qu'ils puissent être engagés avec la
cheville 130 dans cette plage angulaire.
Démarrage et faibles amplitudes
[0046] Au démarrage de l'oscillateur 2 ou en fonctionnement à amplitudes inférieures ou
égales au demi-angle de repos frottant Θ
RF/2, l'échappement 10 fonctionne comme un échappement à repos frottant. Dans ce mode,
les organes anti-renversement sont inutiles puisque la cheville ne quitte pas la fourchette.
Si l'échappement 10 peut pousser l'élément inertiel 21 jusqu'à la limite du demi-angle
de levée Θ
LE/2 (correspondant à la position angulaire de fin d'impulsion θ
IM), alors le système est auto-démarrant. La cinématique de l'échappement 10 au démarrage
de l'oscillateur ou en fonctionnement à amplitudes inférieures ou égales à un demi-angle
de repos frottant à Θ
RF/2 est illustré aux figures 16a-16c lorsque l'oscillateur oscille dans le sens horaire
et aux figures 16d à 16f lorsque l'oscillateur oscille dans le sens antihoraire.
[0047] A la figure 16a, une dent 112 est en appui contre le plan de repos de sortie d'ancre
127a de la palette de sortie 127. Le second plan de fourchette 122b de la fourchette
122 est en contact avec la cheville 130 et suit l'élément inertiel 21 dans son oscillation.
Si l'oscillation est suffisamment grande, alors la roue d'échappement 11 esquisse
un léger mouvement dû au tirage du plan de repos de sortie d'ancre 127a.
[0048] A la figure 16b, l'élément inertiel 21 est entré dans l'angle de levée Θ
LE et a terminé le dégagement. La fourchette a rattrapé son jeu et pousse la cheville
130 avec le premier plan de fourchette. La dent 112 fournit son impulsion sur la palette
de sortie 127, via le plan d'impulsion de sortie d'ancre 127b.
[0049] A la figure 16c, l'élément inertiel 21 atteint la limite de l'angle de levée Θ
LE. A la fin de l'impulsion sur le plan d'impulsion de sortie d'ancre 127b de la palette
de sortie 127, une autre dent 112' chute sur le plan de repos d'entrée d'ancre 121a
de la palette d'entrée 121. La cheville 130, toujours engagée dans la fourchette 122,
entraînant cette dernière avec elle.
[0050] Les figures 16d-16f illustrent les mêmes phases que les figures 16a-16c, respectivement.
Une dent 112 vient en contact avec le plan de repos d'entrée d'ancre 121a de la palette
d'entrée 121 (figures 16a et 16b). L'élément inertiel 21 et l'ancre 12 tournent dans
le sens contraire au sens illustré aux figures 16a-16c. Lorsque le balancier 21 atteint
la limite de l'angle de levée Θ
LE (figure 16f), une autre dent 112' chute sur le plan de repos de sortie d'ancre 127a
de la palette de sortie 127.
Sécurité et suretés
[0051] Le mécanisme fourchette-cheville de l'échappement 10 doit être doté de sécurités
et suretés suffisantes afin d'éviter que l'échappement ne puisse être amené dans une
position de blocage. Concrètement, les sécurités et suretés en question sont des distances
entre la cheville 130 et la fourchette 122 dans des positions particulières de l'échappement
10 et doivent être dimensionnées en fonction des imprécisions de fabrication et d'assemblage
des pièces d'échappement. La figure 17a illustre l'ébat E et la pénétration P de la
cheville 130 dans la fourchette 122 dans une position de début d'impulsion (correspond
à la position de l'échappement à la figure 9). L'ébat E sert à éviter que la cheville
ne se coince dans la fourchette et la pénétration P à garantir que le second plan
de fourchette 122b pousse la cheville lors de l'impulsion. La figure 17b illustre
l'ébat de dégagement D de la cheville 130 dans la fourchette 122 dans une position
de fin de second repos frottant (correspond à la position de la figure 13, au tirage
près). L'ébat de dégagement D sert à garantir que la cheville 130 puisse sortir de
la fourchette 122. Ce sont ces trois distance (E, P et D) qui deviennent trop petite
lorsque l'on construit un échappement à ancre libre traditionnel (sans repos frottant)
pour des angles de levée inférieur à 10° environ.
[0052] Comme montré aux
figures 18a et
18b, pour des amplitudes d'oscillation de l'élément inertiel 21 au-delà du demi-angle
de repos frottant Θ
RF/2, la cheville 130 sort de la fourchette 122. L'ancre 12 est alors au repos, en appui
contre la butée d'entrée 125a (figure 18a) ou la butée de sortie 125b (figure 18b),
et la roue d'échappement 11 reste à l'arrêt. L'échappement 10 doit alors comprendre
un organe empêchant le renversement, c'est-à-dire empêchant le basculement de l'ancre
12 qui provoquerait la rencontre entre la cheville 130 de plateau et la corne 123.
Un organe empêchant le renversement peut comprendre un dard 124 et/ou une paire de
cornes 123. Dans le cas d'un oscillateur 2 destiné à l'échappement 1 décrit ici, ses
oscillation ont des amplitudes typiquement faibles : Le dard 124 peut alors se révéler
inutile et la paire de cornes 123, ou tout système équivalent, peut suffire. Dans
le cas où la fourchette (ou la cheville) est suffisamment large il n'y également pas
besoin de dard.
[0053] Les
figures 19a-19f illustrent différentes positions de la fourchette 122 et d'une dent 112 par rapport
aux palettes 121, 127, pour des amplitudes d'oscillation de l'élément inertiel 21
au-delà du demi-angle de repos frottant Θ
RF/2. En se référant aux figures 19a et 19d, l'élément inertiel 21 parcourt librement
son arc supplémentaire. Grâce au tirage de la dent 112 sur le plan de repos frottant
de palette P
RF de la palette de sortie 127, la fourchette 122 est calée contre la butée de sortie
125b ou contre tout autre organe de limitation. La position de repos est telle qu'au
retour de l'élément inertiel 21, la cheville 130 entre librement dans la fourchette
122.
[0054] En se référant aux figures 19b et 19e, à la suite d'un choc, la fourchette 122 quitte
sa position de repos. Le dard 124 et le petit plateau 132 remplissent leur rôle d'organes
anti-renversement. La pointe du dard 124 entre en contact avec le petit plateau 132,
empêchant l'ancre 12 de passer du mauvais côté. Le bec de dent 112a est toujours en
prise avec le plan de repos frottant de palette P
RF de la palette de sortie 127. Une fois le choc passé, l'ancre 12 est remise en position
de repos grâce au tirage. La cheville 130 passe librement devant la corne 123.
[0055] En se référant aux figures 19c et 19f, le dard 124 est entré dans l'encoche 132a
du petit plateau 132. Dans cette configuration, le dard 124 est inactif et incapable
de retenir l'ancre 12. C'est alors la corne 123, bloquée par la cheville 130, qui
empêche le renversement en cas de choc. Le bec de dent 112a de la dent 112 est toujours
engagée sur le plan de repos frottant de palette P
RF de la palette de sortie 127. Une fois le choc passé, l'ancre 12 retrouve sa position
d'équilibre grâce au tirage.
Autres aspects
[0056] L'échappement 10 selon l'invention, c'est-à-dire l'ancre 12, la cheville 130, et/ou
la roue d'échappement 11, peut être réalisé en silicium en utilisant les techniques
de gravure habituelles. Ce matériau possède de nombreux atouts : il ne subit pas de
rupture en fatigue, est amagnétique et ne comporte pas de domaine plastique. En outre,
le silicium permet de fabriquer des pièces en série avec une grande précision d'usinage,
tout en offrant une grande liberté de conception. Alternativement, l'échappement 10
peut être fabriqué en un matériau sélectionné à partir du groupe de matériaux comprenant
une céramique, un verre, un alliage ou verre métallique. Par exemple le matériau sélectionné
peut comprendre le nitrure de silicium, le carbure de silicium, l'acier, l'or ou l'un
de ses alliages, le nickel, le nickel-phosphore, le laiton, l'acier, un alliage amorphe,
un alliage cuivreux, le cuivre-béryllium, ou le maillechort.
[0057] Comme l'échappement 10 peut être configuré pour que l'angle de repos frottant Θ
RF soit d'au plus 12°, et que les cornes 123 peuvent empêcher tout renversement de l'ancre
jusqu'à une amplitude de 36°, ainsi l'ancre 12 peut ne pas comprendre le dard 124.
Il est alors possible de fabriquer l'ancre 12 sur un seul niveau, c'est-à-dire que
l'ancre 12 peut être comprise dans un seul plan, sans le dard 124 fixé sur un niveau
au-dessus (ou au-dessous) du niveau de l'ancre 12 et de la fourchette 122.
Exemples d'implémentation
[0058] Le régulateur 1 décrit ici est particulièrement adapté à un oscillateur 2 sur guidage
flexible. Un exemple d'intégration de l'échappement 10 à un oscillateur de type CR3
tel que décrit dans le brevet
EP3299905B1 par la présente demanderesse est illustré à la
figure 20. La
figure 21 montre un détail de l'échappement 10.
[0059] Dans cet exemple, la cheville 130 qui interagit avec l'ancre 12, ainsi que les butées
125a, 125b, sont directement intégrées dans l'élément inertiel 21 de l'oscillateur
2. Outre la cheville 130 interagissant avec l'ancre 12, l'oscillateur 2 comprend un
élément de rappel élastique comprenant un pivot flexible comportant des lames flexibles
22. Le pivot flexible 22 assure à la fois le rôle de rappel élastique et de guidage
en rotation de l'élément inertiel 21. Le pivot flexible 22 est d'un côté fixé à une
platine (non-représentée) et de l'autre lié à l'élément inertiel 21.
[0060] L'oscillateur 2 a typiquement 20° d'amplitude. Les cornes 123 peuvent empêcher tout
renversement de l'ancre 12 jusqu'à une amplitude de 36°, ainsi un dard est inutile
dans cet exemple. L'angle de repos frottant Θ
RF est d'environ 10° et l'angle de levée Θ
LE est d'environ 5°.
[0061] Il est possible de substituer l'oscillateur de type CR3 par un oscillateur de type
Wittrick tel que décrit dans le brevet
EP3299905B1 par la présente demanderesse.
[0062] Bien sûr, ces deux exemples ne sont pas limitatifs et, par sa conception, le présent
échappement n'est pas limité à une famille spécifique d'oscillateurs sur guidages
flexibles.
Numéros de référence employés sur les figures
[0063]
- 1
- régulateur mécanique horloger
- 10
- échappement
- 11
- roue d'échappement
- 112, 112'
- dent
- 112a
- bec de dent
- 112b
- talon de dent
- 12
- ancre
- 121
- palette d'entrée
- 122
- fourchette
- 122a
- premier plan de fourchette
- 122b
- second plan de fourchette
- 123
- corne
- 124
- dard
- 125
- butée
- 125a
- butée d'entrée
- 125b
- butée de sortie
- 126
- axe de pivotement de l'ancre
- 127
- palette de sortie
- 128
- bec d'impulsion de la palette
- 130
- came d'impulsion, cheville
- 131
- plateau
- 132
- petit plateau
- 132a
- encoche du petit plateau
- 2
- oscillateur
- 21
- élément inertiel, balancier
- 22
- élément de rappel élastique, lame flexible
- 23
- axe d'oscillateur
- θDE
- position angulaire de début de dégagement
- θIM
- position angulaire de fin d'impulsion
- θRF1
- position angulaire de début du premier repos frottant
- θRF2
- position angulaire de fin du second repos frottant
- ΘLE
- angle de levée
- ΘLI
- angle d'oscillation libre
- ΘRF
- angle de repos frottant
- Ao
- amplitude d'oscillation
- M
- couple
- PDE
- plan de dégagement de palette
- PIM
- plan d'impulsion de palette
- PRF
- plan de repos frottant de palette
- E
- ébat entre la fourchette et la cheville
- P
- pénétration de la cheville dans la fourchette
- D
- ébat de dégagement de la cheville