Domaine technique de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte à une boîte de montre munie d'une lunette tournante,
et plus spécifiquement à la nature du ressort liant la carrure à la lunette tournante.
Arrière-plan technologique
[0002] Il est connu de monter une lunette tournante sur une carrure par l'intermédiaire
d'un ressort polygonal engagé simultanément dans des gorges de la lunette et de la
carrure. Le ressort maintient en position la lunette dans la direction verticale tout
en lui laissant un degré de liberté en rotation. Ce ressort polygonal présente l'avantage
d'être une solution à bas coût d'assemblage et permet le démontage de la lunette moyennant
une force de démontage relativement élevée.
[0003] Ce ressort est formé d'un fil généralement métallique qui est soumis à des déformations
lors de son assemblage au sein des gorges de la carrure et de la lunette tournante.
Ces déformations peuvent être importantes et mener à une déformation plastique du
fil.
[0004] A cet égard, les figures 3 à 5 schématisent le procédé d'assemblage de la lunette
1 et du ressort 2 sur la carrure 3. Au début de l'assemblage schématisé à la figure
3, le ressort 2 se positionne contre le plan incliné 3c de la carrure 3 et se loge
dans la gorge 8 de la lunette 1. Lors de cette séquence d'assemblage, le ressort est
non contraint. Ensuite, à la séquence d'assemblage de la figure 4, le ressort 2 se
positionne contre la paroi verticale 3b à la suite de la paroi inclinée 3c de la carrure
3. Il est alors fortement contraint radialement avant de se relâcher lors de son logement
dans les gorges 7,8 de la carrure 3 et de la lunette 1 prévues pour son fonctionnement
(figure 5). Les déplacements appliqués et les contraintes correspondantes dans la
séquence de la figure 4 varient d'une pièce à l'autre en fonction des tolérances de
fabrication. Dans certains produits, cette contrainte est critique car elle déforme
plastiquement le ressort. Cela implique que la répétabilité du couple de frottement
lors de la rotation de la lunette et la force nécessaire au démontage sont variables
d'une pièce à l'autre. Ces déformations plastiques modifient le couple de frottement
entre la lunette et la carrure et donc le ressenti sensoriel perçu par le client,
ce qui est un désavantage majeur.
Résumé de l'invention
[0005] L'invention a pour objet de pallier au désavantage précité en proposant un ressort
réalisé dans un matériau pouvant être soumis à des contraintes importantes sans se
déformer plastiquement. Plus spécifiquement, le ressort est réalisé dans un alliage
à mémoire de forme exploité pour ses propriétés de superélasticité. Ces matériaux
autorisent une grande plage de déplacement sans déformation plastique résiduelle grâce
à un phénomène de transformation de phases. Il en résulte que malgré les grandes contraintes
et les grands déplacements lors de l'insertion du ressort pendant l'assemblage, le
couple perçu par l'utilisateur est plus répétable et indépendant de la géométrie lors
de l'insertion du ressort. L'invention permet ainsi de réduire les dimensions des
lunettes par des géométries de gorges qui seraient critiques avec des constructions
et matériaux traditionnels tout en conservant un couple ressenti stable.
[0006] Plus précisément, la présente invention se rapporte à une boîte de montre comprenant
une lunette tournante, une carrure et un ressort de liaison entre la lunette tournante
et la carrure, ledit ressort de liaison étant logé dans une première gorge ménagée
dans une paroi extérieure de la carrure et dans une deuxième gorge ménagée dans une
paroi intérieure de la lunette tournante, lesdites première et deuxième gorges étant
agencées de préférence en regard l'une de l'autre, la boîte de montre étant caractérisée
en ce que le ressort de liaison est réalisé dans un alliage à mémoire de forme.
[0007] De préférence, l'alliage à mémoire de forme est un alliage à base de cuivre, un alliage
à base de nickel et de titane, un alliage à base de nickel ou un alliage à base de
fer.
[0008] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description détaillée qui va suivre, en référence aux dessins annexés.
Brève description des figures
[0009]
La figure 1 représente une boîte de montre munie du ressort de liaison selon l'invention.
La figure 2 représente le ressort de liaison utilisé dans la boîte de montre selon
l'invention.
Les figures 3 à 5 représentent les séquences d'assemblage du ressort au sein des gorges
de la carrure et de la lunette selon l'art antérieur.
La figure 6 représente la courbe contrainte en fonction du déplacement d'un alliage
à mémoire de forme.
La figure 7 représente une alternative au ressort de liaison de la figure 2.
Description détaillée de l'invention
[0010] La boîte de montre 6 comporte une lunette tournante 1 montée sur la carrure 3 (fig.1).
La carrure 3 et la lunette tournante 1 comportent respectivement une gorge 7 et une
gorge 8. La gorge 7 est ménagée dans la paroi extérieure 3a de la carrure 3 et la
gorge 8 est ménagée dans la paroi intérieure 1a de la lunette tournante 1. Les gorges
7 et 8 sont agencées de préférence en regard l'une de l'autre et servent de logement
au ressort de liaison 2 selon l'invention. Grâce à ce ressort 2, la lunette tournante
1 est pressée vers le bas contre un épaulement 3d de la carrure 3. Tel que représenté
à la figure 2, le ressort de liaison peut avoir une forme polygonale. Selon une variante
représentée à la figure 7, le ressort de liaison peut avoir une forme annulaire avec
des protubérances circulaires 2a disposées en alternance sur la face intérieure et
sur la face extérieure de l'anneau. D'autres formes sont également envisageables sans
sortir du cadre de l'invention.
[0011] Le ressort de liaison est réalisé dans un alliage à mémoire de forme. La figure 6
illustre le comportement superélastique d'un alliage à mémoire de forme qui présente
à température ambiante une structure austénitique qui se transforme en martensite
sous l'application d'une contrainte, ce qui permet de déformer le matériau de façon
réversible de plusieurs pourcents. La courbe de traction présente d'abord un comportement
linéaire élastique jusqu'à une contrainte critique où la transformation martensitique
induit un comportement superélastique avec une déformation croissante sous une contrainte
quasi constante. C'est le plateau qu'on observe à la figure 6. Dès que la contrainte
est relâchée, la transformation inverse de la martensite vers l'austénite s'opère
et l'alliage reprend sa dimension première.
[0012] De préférence, l'alliage à mémoire de forme est un alliage à base de nickel et de
titane. Cet alliage est complètement biocompatible et très résistant à la corrosion.
L'alliage à base de nickel et de titane est constitué de nickel avec un pourcentage
en poids compris entre 52.5 et 63%, de titane avec un pourcentage en poids compris
entre 36.5 et 47% et d'impuretés éventuelles avec un pourcentage inférieur ou égal
à 0.5%. Avantageusement, il pourrait s'agir d'un alliage comportant 55.8% de titane,
44% de nickel et des impuretés éventuelles avec une teneur inférieure ou égale à 0.2%
en poids.
[0013] Il pourrait également s'agir d'un alliage à base de cuivre. Plus spécifiquement,
l'alliage à base de cuivre est un des alliages ayant la composition suivante en poids
avec un pourcentage en impuretés éventuelles inférieur ou égal à 0.5% :
- Cu entre 64.5 et 85.5%, Zn entre 9.5 et 25% et Al entre 4.5 et 10%,
- Cu entre 79.5 et 84.5%, Al entre 12.5 et 14% et Ni entre 2.5 et 6%,
- Cu entre 87 et 88.2%, Al entre 11 et 12% et Be entre 0.3 et 0.7%,
pour un pourcentage total de 100%.
[0014] Il pourrait également s'agir d'un alliage à base de fer, par exemple un alliage Fe-Mn-Si.
Il pourrait aussi s'agir d'un alliage à base de nickel sans titane.
[0015] Ces alliages présentent à température ambiante, en l'absence de contraintes, une
microstructure austénitique.
Nomenclature
[0016]
- 1.
- Lunette tournante
- 1a.
- paroi intérieure
- 2.
- Ressort
- 3.
- Carrure
- 3a.
- paroi extérieure
- 3b.
- paroi verticale
- 3c.
- paroi inclinée
- 3d.
- épaulement
- 4.
- Joint
- 5.
- Glace
- 6.
- Boîte de montre
- 7.
- Gorge de la carrure, aussi dite première gorge
- 8.
- Gorge de la lunette, aussi dite deuxième gorge
1. Boîte de montre (6) comprenant une lunette tournante (1), une carrure (3) et un ressort
de liaison (2) entre la lunette tournante (1) et la carrure (3), ledit ressort de
liaison (2) étant logé dans une première gorge (7) ménagée dans une paroi extérieure
(3a) de la carrure (3) et dans une deuxième gorge (8) ménagée dans une paroi intérieure
(1a) de la lunette tournante (1), ladite boîte de montre (6) étant caractérisée en ce que le ressort de liaison (2) est réalisé dans un alliage à mémoire de forme.
2. Boîte de montre (6) selon la revendication précédente, caractérisée en ce que l'alliage à mémoire de forme est un alliage à base de cuivre, un alliage à base de
nickel, un alliage à base de nickel et de titane ou un alliage à base de fer.
3. Boîte de montre (6) selon la revendication précédente, caractérisée en ce que l'alliage à base de nickel et de titane est constitué en poids de nickel avec un
pourcentage compris entre 52.5 et 63%, de titane avec un pourcentage compris entre
36.5 et 47% et d'impuretés éventuelles avec un pourcentage inférieur ou égal à 0.5%.
4. Boîte de montre (6) selon la revendication 2,
caractérisée en ce que l'alliage à base de cuivre est un des alliages ayant la composition suivante en poids
avec un pourcentage d'impuretés éventuelles inférieur ou égal à 0.5% :
- Cu entre 64.5 et 85.5%, Zn entre 9.5 et 25% et Al entre 4.5 et 10%,
- Cu entre 79.5 et 84.5%, Al entre 12.5 et 14% et Ni entre 2.5 et 6%,
- Cu entre 87 et 88.2%, Al entre 11 et 12% et Be entre 0.3 et 0.7%.
5. Boîte de montre (6) selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que le ressort de liaison (2) a une forme polygonale.
6. Boîte de montre (6) selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que le ressort de liaison (2) a une forme annulaire avec des protubérances circulaires
disposées en alternance sur la face intérieure et sur la face extérieure de l'anneau.
7. Boîte de montre (6) selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que lesdites première et deuxième gorges (7,8) sont agencées en regard l'une de l'autre.