DOMAINE DE L'INVENTION
[0001] L'invention appartient au domaine des structures de travaux publics, plus particulièrement
des ouvrages d'art tels que les ponts intégrant un ou plusieurs câbles de précontrainte.
[0002] Plus spécifiquement, l'invention vise la maintenance de tels ouvrages d'art, notamment
lorsque le ou les câbles de précontrainte qu'ils intègrent ont subi des détériorations,
nécessitant des mesures corrélatives à prendre pour sauvegarder l'intégrité dudit
ouvrage.
ETAT ANTERIEUR DE LA TECHNIQUE
[0003] La mise en oeuvre de câbles de précontrainte extérieurs au béton au sein d'ouvrages
d'art, et notamment de ponts, est aujourd'hui d'un usage largement répandu. De tels
câbles de précontrainte subissent dans le temps des phénomènes d'usure ou de corrosion,
susceptibles d'entraîner leur rupture et, corollairement, celle de l'ouvrage d'art
au sein duquel ils sont intégrés. Cette corrosion n'est généralement pas généralisée
sur l'ensemble du câble, mais concentrée au droit de défauts ponctuels, très majoritairement
soit au droit de raccords des gaines enveloppes des câbles, soit au droit de réparations
dites de fortune datant de l'exécution, soit aux ancrages.
[0004] Leur surveillance s'est tout particulièrement accrue au cours des dernières années,
en raison notamment des effondrements de ponts s'étant quelque peu multipliés, ou
plus généralement des effets du vieillissement se faisant sentir après trente à quarante
ans de service, puisque la précontrainte extérieure s'est généralisée à partir des
années 1980.
[0005] Dans le cadre de cette surveillance et de la maintenance qui lui est associée, il
convient le plus souvent de sécuriser le câble corrodé de part et d'autre de sa zone
de fragilité, puis d'envisager son remplacement. L'énergie élastique contenue dans
un câble de précontrainte peut largement dépasser les 100 kilojoules. Cette énergie
peut être libérée brutalement, notamment si le câble est injecté au coulis de ciment,
ce qui occasionne des effets dynamiques considérables, un risque pour les personnes
à proximité du câble, et un endommagement possible de l'ouvrage d'art au-delà de la
simple perte du câble.
[0006] A cet effet, il est connu, par exemple du document
FR 3 112 561, de positionner de part et d'autre de la zone de fragilité du câble des mordaches,
ou colliers, fixés notamment par boulonnage précontraint, et entre lesquels s'étendent
des éléments de traction essentiellement constitués de barres métalliques, et destinés
à reprendre les efforts initialement subis par ledit câble.
[0007] Cette typologie de technique est définie comme provisoire, c'est-à-dire permet une
détente douce du câble sans effet dynamique. Elle permet donc la dépose du câble,
généralement en vue de son remplacement, non pas sa conservation. Il est ainsi fréquent
de remplacer un câble de plus de 50 mètres linéaires, tandis que le défaut de corrosion
sur le même câble ne règne que sur une longueur de l'ordre du mètre.
[0008] De plus, ce genre de technique classique nécessite une préparation de surface particulière
pour atteindre le coefficient de frottement requis, ce qui augmente le temps d'exposition
des opérateurs au voisinage des zones potentielles de rupture.
[0009] De plus, cette typologie de reprise de tension est réalisée par la force de clouage
introduite dans les boulons, et est donc dépendante du périmètre disponible pour réaliser
le serrage. Il s'agit d'un système actif, nécessitant de garantir par des mesures
de suivi ou de contrôle la conservation de l'effort de clouage sur la durée du chantier.
[0010] Enfin s'agissant d'opérations pouvant être réalisées dans un contexte d'urgence,
l'emploi de ce type de solution nécessite la fabrication ou la mise à disposition
d'une mordache ajustée au type précis de câble rencontré - effort résiduel, périmètre
extérieur - ce qui peut occasionner des démarches d'études, de mise au point des méthodes,
de fabrication, dont le délai peut être pénalisant.
[0011] La présente invention vise à s'affranchir de la mise en place de telles mordaches
et donc, corollairement, de réduire l'encombrement nécessaire à leur mise en place
d'une part, et d'autre part, de permettre la conservation des linéaires de câble non
pontés sans nécessiter leur dépose.
EXPOSE DE L'INVENTION
[0012] A cet effet, l'invention vise tout d'abord un procédé pour la reprise locale de la
tension d'un câble de précontrainte d'une structure et notamment d'un ouvrage d'art,
en vue de sa détension. Ce procédé consiste :
▪ à positionner par calage au moins deux barres de précontrainte, lesdites barres
de précontrainte s'étendant sensiblement parallèlement audit câble au niveau de la
zone de reprise, et ce en amont et en aval de ladite zone ;
▪ à coffrer l'ensemble constitué par le câble et les barres de précontrainte en amont
et/ou en aval de la zone de reprise, et sur partie au moins de la zone de reprise,
définissant un volume sensiblement centré autour du câble ;
▪ à injecter, dans ledit volume, du béton fibré BFUP (béton fibré ultra haute performance)
ou une résine de caractéristiques équivalentes, venant occuper l'intégralité dudit
volume ;
▪ à confiner mécaniquement ledit volume alors rempli par le béton fibré BFUP ou la
résine ;
▪ à laisser le béton ou la résine prendre en masse ;
▪ à mettre sous tension les barres de précontrainte.
[0013] En d'autres termes, l'invention consiste à assurer le transfert par adhérence des
efforts initialement subis par le câble, et ce, sur une longueur de recouvrement adaptée
entre la ou les armatures ou les câbles existants et les profilés de pontage ou barres
de précontrainte, permettant ainsi de profiter de l'effet de confinement inhérent
au coffrage.
[0014] Ce coffrage est de préférence typiquement réalisé par des coques semi-cylindriques
métalliques, voire réalisées en matériau composite intégrant des fibres de verre ou
des fibres de carbone par exemple, notamment si l'on souhaite éviter de laisser à
demeure des éléments métalliques en atmosphère agressive.
[0015] Selon un mode de réalisation de l'invention, si la géométrie de l'environnement le
permet, il est possible de disposer des armatures de confinement se présentant typiquement
sous la forme de cerces métalliques recouverts en acier HA directement dans un coffrage
tubulaire provisoire, ce qui permet après décoffrage de disposer d'une peau externe
en béton, et en l'espèce en béton fibré ultra haute performance (BFUP), de pérennité
très avantageuse et d'entretien minimal.
[0016] En raison même de l'intégration des armatures ou barres de précontrainte au sein
d'un matériau présentant d'excellentes caractéristiques de résistance aux agressions
environnementales, le système ainsi implanté peut demeurer au sein de l'ouvrage sans
nécessiter de quelconques découpes et/ou d'évacuation de l'intégralité du câble en
question.
[0017] L'ancrage par adhérence, et non par clouage, procure une souplesse du système aux
différentes typologies de câbles. En effet, le transfert par adhérence dans un matériau
ne nécessite que l'adaptation du volume injecté (longueur et section) pour assurer
le transfert effectif d'effort entre le câble et le système de pontage par barres.
[0018] Par ailleurs, la composition du système de confinement est significativement simplifiée
par rapport à une mordache de serrage de l'art antérieur, reprenant par ailleurs les
efforts axiaux de barres de précontrainte, puisque le fonctionnement mécanique du
tube de confinement est intrinsèquement différent et a fortiori moins pénalisant.
[0019] Enfin, ce système de confinement ne nécessite pas d'être ajusté géométriquement au
type de câble rencontré. Il est possible de faire varier les dimensions de l'enveloppe
extérieure, typiquement de plusieurs centimètres par exemple, pour s'adapter à des
diamètres de produits du commerce de tube, ou tout simplement aux contraintes de géométrie
de l'ouvrage, par exemple la distance au parement le plus proche du câble.
[0020] Concernant plus spécifiquement le pontage d'un tel câble au niveau d'une zone proche
d'un ancrage, et donc nécessitant la mise en place de barres autour de l'ancrage d'un
côté de la zone pontée, cette latitude en termes d'ajustement permet de positionner
les barres de précontrainte dans les rares espaces éligibles d'un environnement généralement
fortement contraint par les dispositions constructives en place, pouvant induire des
contraintes fortes sur le nombre de barres (par exemple deux maximum), et l'espacement
entre les différents éléments, tenant compte du ferraillage en place.
[0021] L'invention vise également un système de pontage d'un câble de précontrainte d'une
structure et notamment d'un ouvrage d'art. Ce système comprend :
▪ au moins deux armatures ou barres de précontrainte destinées à venir se positionner
parallèlement audit câble au niveau d'une zone de reprise, et s'étendant en amont
et/ou en aval de ladite zone de reprise ;
▪ un coffrage apte à définir un volume entourant le câble et les barres de précontrainte,
non seulement au niveau de partie au moins de la zone de reprise mais de part et/ou
d'autre de celle-ci, et apte à remplir une fonction de confinement mécanique dudit
volume ;
▪ des moyens de positionnement relativement à l'ouvrage d'art, respectivement des
barres de précontrainte et du coffrage, par rapport au câble,
▪ des moyens de mise en tension des barres de précontrainte.
[0022] Typiquement et selon un premier mode de réalisation de l'invention, le coffrage est
constitué de deux demi-coques aptes à être assemblées l'une à l'autre et à définir
un volume sensiblement cylindrique, centré par rapport au câble en question.
[0023] Selon un autre mode de réalisation de l'invention, le coffrage, également cylindrique
est provisoire, et a donc vocation à être ôté après prise en masse du béton fibré
BFUP ou de la résine. Corollairement, des cerces métalliques en acier Haute Adhérence
(HA) de béton armé sont intégrés dans le volume défini par le coffrage préalablement
à l'injection du béton BFUP ou de la résine, et disposés autour du câble et des barres
de précontrainte munie de leur gaine, ces cerces se présentant sous la forme de demi-cercles
se recouvrant se recouvrant mécaniquement au niveau de leurs deux extrémités.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0024] La manière dont l'invention peut être réalisée et les avantages qui en découlent
ressortiront mieux de l'exemple de réalisation qui suit, donné à titre indicatif et
non limitatif, à l'appui des figures annexées.
La figure 1 est une représentation schématique en section longitudinale partielle
d'un pont, illustrant la mise en oeuvre d'un câble de précontrainte.
La figure 2 est une vue en section transversale de la figure 1.
La figure 3 est une vue schématique en section illustrant un exemple de fixation du
système de confinement de l'invention.
La figure 4 est une représentation schématique en section longitudinale d'une première
forme de réalisation de l'invention.
La figure 5 est une vue schématique en section transversale selon la ligne V-V de
la figure 4.
La figure 6 est une vue de détail de la figure 5.
La figure 7 est une représentation schématique en section longitudinale d'une deuxième
forme de réalisation de l'invention.
La figure 8 est une vue schématique en section transversale selon la ligne VIII-VIII
de la figure 7.
La figure 9 est une vue schématique de détail de la figure 8.
Les figures 10 à 15 illustrent schématiquement les différentes étapes de mise en oeuvre
du système de l'invention, et plus particulièrement du mode de réalisation illustré
en lien avec la figure 7.
La figure 16 est une représentation schématique en section longitudinale d'une troisième
forme de réalisation de l'invention.
La figure 17 est une vue schématique en section transversale selon la ligne XVII -
XVII de la figure 16.
La figure 18 est une vue schématique de détail de la figure 17.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0025] Comme évoqué supra, la figure 1 est une représentation schématique d'un ouvrage d'art,
en l'espèce d'un pont à caisson représenté partiellement. Au sein de celui-ci, on
a représenté sur la gauche de cette figure, par la référence (1), l'un des côtés dudit
pont et plus spécialement une zone d'ancrage d'un câble de précontrainte (2), ce dernier
s'étendant en outre dans un certain nombre de caissons accolés les uns aux autres
définis par les parois supérieure (3) et inférieure (4), et ce, de manière connue.
[0026] On a représenté, sur la figure 2, une vue schématique en section transversale d'un
tel caisson faisant apparaître le câble de précontrainte (2), étant entendu que, traditionnellement,
de tels ouvrages comportent plusieurs câbles de précontrainte de cette nature.
[0027] On a représenté en relation avec la figure 4, un premier mode de réalisation de l'invention,
plus particulièrement destiné à permettre la reprise en tension d'un tel câble de
précontrainte (2) présentant une zone de fragilité, le système de l'invention étant
plus spécifiquement destiné à être mis en oeuvre qu'au niveau de l'une des extrémités
du câble de précontrainte endommagé.
[0028] En l'espèce, on procède tout d'abord à l'enlèvement de la gaine de part et d'autre
de la zone choisie pour la découpe ultérieure du câble (2). Cette gaine est typiquement
en PVC (polychlorure de vinyle), en PEHD (polyéthylène haute densité), ou en acier,
et entoure traditionnellement le câble en question.
[0029] On procède alors à l'enlèvement du remplissage du matériau comblant l'espace entre
la gaine précité et les armatures de précontrainte constitutives du câble (2), ledit
matériau assurant en principe la protection du câble (2) contre la corrosion. Ce matériau
à ôter peut varier selon l'époque de construction et la technologie de précontrainte
en place ; pour les ouvrages antérieurs aux années 2000, il est fréquemment constitué
d'un coulis de ciment. A partir des années 2000, dans quelques pays comme la France,
la cire pétrolière est fréquemment rencontrée. Enfin, le câble (2) étant généralement
composé d'un faisceau d'unités plus petites, on peut rencontrer dans certaines situations
plus qualitative une protection individuelle des fils ou des torons composant le câble
(2) venant en complément d'un remplissage au coulis de la gaine générale, cette disposition
offrant ainsi une double barrière de protection. On peut citer comme exemple la technologie
répandue des monitorons gainés-graissés. Le cas échant, cette protection individuelle
est à retirer également.
[0030] Dans tous les cas, quels que soient les matériaux en présence entre la gaine et l'acier
du câble (2), l'objectif recherché est de dégager les armatures constitutives du câble
(2) en tension, afin de permettre l'adhérence du futur matériau, typiquement de type
BFUP ou de type résine, sur ces mêmes armatures.
[0031] Cet enlèvement ou dégagement du matériau de remplissage peut être réalisé par hydrodémolition,
notamment dans le cas fréquemment rencontré des ouvrages injectés au coulis de ciment.
[0032] Ce faisant, le câble dépourvu de la gaine et de son remplissage se présente généralement
sous la forme d'un certain nombre de fils ou de torons métalliques, selon le procédé
de précontrainte utilisé.
[0033] On rappelle que le câble (2) est généralement composé d'un faisceau d'unités plus
petites. Dans une telle configuration, il est possible que les fils ou torons les
plus extérieurs du câble masquent un volume intérieur contenant des fils ou torons
non accessibles, enrobés typiquement de coulis de ciment ; dans cette situation, il
convient de dégager le maximum des torons périphériques, puis d'adapter la longueur
du dispositif de l'invention à la surface d'adhérence effectivement disponible, via
une approche analogue à celle des calculs de longueur d'ancrage de paquets de barre
pour les aciers de béton armé, comme spécifié dans le corpus Eurocode 2.
[0034] On positionne de part et d'autre dudit câble (2) au moins deux barres (5, 6) de précontrainte,
lesdites barres (5, 6) traversant la tête d'ancrage (1) préalablement percée, typiquement
par carottage, aux fins de permettre leur insertion jusqu'au niveau du caisson au
sein duquel transitent les différents câbles de précontrainte, et notamment le câble
(2) fragilisé. Le maintien des barres (5, 6) est réalisé d'une part au niveau de l'ancrage,
d'autre part par des tuteurs, par exemple métalliques, précédant les coques demi-cylindriques
(7) décrites ci-après. Ces barres étant typiquement d'un diamètre de l'ordre de 40
millimètres pour des câbles courants de précontrainte, celles-ci possèdent une rigidité
importante et donc ne subissent que de très faibles déformations sur plusieurs mètres
sous poids propre, ce qui facilite leur mise en oeuvre.
[0035] Ces barres de précontrainte sont initialement pourvues d'une gaine PVC ou PEHD prévue
dans l'avis technique du fournisseur de précontrainte, qu'il convient d'ôter à l'aplomb
de la zone de fragilité du câble de précontrainte endommagé (2) dont on entend réaliser
le pontage. Ce dénudement des barres de précontrainte a pour objectif de permettre
leur ancrage ultérieur par adhérence dans le béton BFUP ou dans la résine, ainsi qu'il
sera décrit ultérieurement. Elles sont maintenues en position au moyen d'organes de
fixation ou de liaisonnement, par exemple des suspentes ou tuteurs fixés au parement
le plus proche, tel que par exemple illustrés sur les figures 11 et 12.
[0036] Corollairement, on se sert de ces organes de liaisonnement ou de fixation, pour positionner,
autour du câble de précontrainte (2), non seulement à l'aplomb de la zone de dégradation
du câble, mais également en amont et en aval de celle-ci, une coque métallique cylindrique
(7), dont l'axe de révolution est, en l'espèce, confondu avec le câble (2).
[0037] Une interface permettant un léger glissement lors de la mise en tension, est mise
en oeuvre entre la coque (7) elle-même et les organes de liaisonnement ou de fixation.
Une telle interface est par exemple constituée d'une feuille de PTFE (polytétrafluoroéthylène),
voire d'une couche de graisse.
[0038] On procède ensuite au calfeutrage des deux extrémités respectives du volume défini
par la coque cylindrique, puis on injecte dans ledit volume un béton fibré, avantageusement
de type BFUP, en l'espèce à ultra haute performance. Un tel béton est par exemple
commercialisé sous la référence « SMART Up » par la société VICAT, ou sous la référence
« BSI » par la société Eiffage. Ce béton peut être substitué par une résine, par exemple
commercialisés sous la référence « Sikadur 52 » par la société Sika.
[0039] Ce béton ou cette résine va donc venir occuper l'intégralité du volume défini précédemment,
et venir en contact respectivement du câble (2) et des barres de précontrainte (5,
6).
[0040] Les caractéristiques d'un béton ou d'une résine de ce type sont telles qu'il/elle
permet d'assurer une adhérence extrêmement efficace, d'une part avec le câble de précontrainte
(2), et d'autre part avec les barres de précontrainte (5, 6). Il/elle permet par ailleurs
de protéger les pièces ancrées par adhérence contre la corrosion ou autres agressions,
et contribue ainsi à la pérennité du dispositif à long terme.
[0041] Après prise en masse du béton, on procède alors à la mise sous tension des barres
de précontrainte (5, 6). Cette mise en tension est de préférence réalisée sur la base
d'un pilotage assisté par ordinateur, en se basant sur l'effort théorique du câble
et des mesures de déplacement, par exemple via des capteurs de type extensomètre disposés
entre des points fixes sur ouvrage d'une part, âme ou hourdis béton typiquement, et
plusieurs points de la coque cylindrique et des éléments tendus, barres de précontraintes
(5, 6) et le câble (2), d'autre part.
[0042] Avantageusement, la mise en tension sous asservissement hydraulique est réalisée
de telle façon que l'on puisse disposer jusqu'à une voie hydraulique par barre. Cet
asservissement ainsi dédié permet d'adapter l'effort de traction dans chaque barre
de précontrainte, et ainsi couvrir les effets des éventuels défauts d'implantation
desdites barres par rapport au câble. Dans le cas d'un système à deux barres uniquement,
le système de liaisonnement, illustré par les figures 11 et 12, contribue à reprendre
les effets d'un défaut d'implantation prévisible qui ne peut être repris de manière
satisfaisante par une simple différence de tension entre les barres.
[0043] Enfin, le cas échéant, on découpe le tronçon de câble endommagé.
[0044] Le mode de réalisation représenté en relation avec les figures 4 à 6, a vocation
à être mis en oeuvre qu'au niveau de l'une des extrémités du câble de précontrainte
endommagé.
[0045] Au sein de la figure 4, la zone (10) correspond à la section du câble endommagé et
la zone (11) correspond à la section du câble conservé. En l'espèce, le système de
l'invention est donc positionné à cheval sur les zones (10) et (11).
[0046] Les barres de précontrainte (5, 6) traversent la zone de calage (1) et des boulonnages
de tension (14) assurent la mise en tension des barres de précontrainte (5, 6) postérieurement
à la prise en masse du béton fibré.
[0047] On a représenté, par la référence (13), des cales inférieures, ayant vocation à être
fixées contre la paroi inférieure (4) d'un caisson, et par la référence (12), associé
à une cale complémentaire (15), le dispositif de fixation des deux demi-coquilles
ayant vocation à constituer la coque métallique cylindrique (7), destinée à définir
le volume au sein duquel est injecté ledit béton fibré.
[0048] Les figures 7 à 9 représentent une autre forme de réalisation de l'invention, dans
laquelle le système de l'invention est positionné de part et d'autre de la section
(17) du câble endommagé, c'est-à-dire également en partie au niveau des sections (16)
où le câble est conservé. Dans l'exemple décrit, le système est suspendu à la paroi
supérieure (3) d'un caisson au moyen de suspentes (18) fixées par tout moyen, notamment
par vissage.
[0049] L'extrémité inférieure des suspentes est reliée aux coques cylindriques (7) destinées
à définir le volume au sein duquel le béton fibré est injecté.
[0050] Dans cet exemple, on a représenté quatre barres de précontrainte (5, 6) supérieures
et inférieures régulièrement réparties par rapport au câble de précontrainte (2) endommagé.
[0051] Il convient de souligner que dans cette configuration, comme représenté sur la figure
14, les barres de précontraintes sont ancrées aux abouts des coques cylindriques,
via un système de plaques d'ancrage (22), communément utilisées en précontrainte par
barre. Les dimensions de ces plaques d'ancrage peuvent être réduites en tenant compte
des performances du matériau confiné, avantageusement un béton BFUP.
[0052] Dans cette configuration, les barres de précontrainte conservent leur gainage (23)
sur la longueur des coques cylindriques, sans ancrage par adhérence sur le matériau
confiné (24), avantageusement de type BFUP, et ceci dans l'objectif de permettre leur
mise en tension. En revanche, le câble (2) est quant à lui toujours ancré par adhérence
par l'intermédiaire de ce même matériau.
[0053] Les figures 10 à 15 illustrent schématiquement les différentes phases de mise en
place du système conforme à l'invention, conformément aux modes de réalisation décrits
en lien avec les figures 4 à 9.
[0054] Les figures 16 à 18 représentent une variante du mode de réalisation de l'invention
précédemment décrit. Selon cette variante, on positionne un coffrage provisoire (29),
typiquement métallique, voire réalisé en PVC selon le même lieu d'implantation que
celui décrit en lien avec les figures 7 à 9, et ce, à l'aide de suspentes (18). Corollairement,
on dispose autour du câble (2) et des barres de précontrainte (5, 6) munies de leur
gaine (23) des cerces (27, 28) constituant des demi-éléments se recouvrant mécaniquement
au niveau de leurs deux extrémités, ces cerces étant typiquement réalisés en acier
HA, c'est-à-dire des aciers présentant de hautes propriétés d'adhérence. Ces cerces
sont plus ou moins régulièrement répartis, et ce à raison d'une dizaine par mètre
de coffrage environ.
[0055] Ces cerces peuvent par exemple être directement disposées contre les demi-coques
du coffrage provisoire via des cales d'enrobage, une ligature sur le tube, et des
aciers longitudinaux de montage, ces dispositions évitant une mise en oeuvre a posteriori
de la réalisation du coffrage. Le recouvrement des cerces, tel que représenté dans
la figure 18 sans les éventuels aciers longitudinaux, est amélioré par l'emploi du
BFUP en comparaison d'une situation de béton armé traditionnel.
[0056] Cette forme de réalisation de l'invention permet de disposer à ces niveaux directement
d'une peau extérieure en BFUP, ne nécessitant pas de remise en peinture ou d'entretien
régulier, et permettant en outre la détection d'éventuelles fissures sur le système
dans le cadre de la surveillance courante de l'ouvrage en général, typiquement lors
des inspections détaillées périodiques dans le cadre d'un pont routier.
[0057] Il convient de souligner que l'invention est applicable dans le cas d'une détension
du câble (2) en vue de son remplacement. A cet effet, on procède tout d'abord au choix
du point de découpe dudit câble en fonction des contraintes d'accès et de protection
du personnel.
[0058] Les opérations consécutives sont similaires aux modes de réalisation précédemment
décrits. Après découpe du tronçon de câble ponté, le système de barres de précontraintes
est détendu de manière progressive afin de libérer la tension de manière douce, sans
effet dynamique.
1. Procédé pour la reprise locale de la tension d'un câble de précontrainte (2) d'une
structure et notamment d'un ouvrage d'art, en vue de sa dépose ou de sa conservation,
consistant :
▪ à positionner par calage au moins deux barres de précontrainte (5, 6) de part et
d'autre du câble en question, lesdites barres de précontrainte s'étendant sensiblement
parallèlement audit câble au niveau de la zone de reprise, c'est-à-dire de la zone
de fragilité dudit câble, et ce en amont et en aval de ladite zone ;
▪ à coffrer l'ensemble constitué par le câble (2) et les barres de précontrainte (5,
6) en amont et/ou en aval de la zone de reprise, et sur partie au moins de la zone
de reprise, définissant un volume sensiblement centré autour du câble ;
▪ à injecter, dans ledit volume, du béton fibré BFUP (béton fibré ultra haute performance)
ou une résine de caractéristiques équivalentes, venant occuper l'intégralité dudit
volume ;
▪ à confiner mécaniquement ledit volume alors rempli par le béton fibré BFUP ou la
résine ;
▪ à laisser le béton ou la résine prendre en masse ;
▪ à mettre sous tension les barres de précontrainte (5, 6).
2. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art, en vue de sa dépose ou de sa conservation, comprenant :
▪ au moins deux armatures ou barres de précontrainte (5, 6) destinées à venir se positionner
de part et d'autre dudit câble au niveau d'une zone de reprise, et s'étendant en amont
et/ou en aval de ladite zone de reprise ;
▪ un coffrage (7) apte à définir un volume entourant le câble et les barres de précontrainte,
non seulement au niveau de partie au moins de la zone de reprise mais de part et/ou
d'autre de celle-ci, et apte à remplir une fonction de confinement mécanique dudit
volume ;
▪ des moyens de positionnement relativement à l'ouvrage d'art, respectivement des
barres de précontrainte et du coffrage, par rapport au câble,
▪ des moyens de mise en tension des barres de précontrainte (5, 6).
3. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art selon la revendication 2, dans lequel le coffrage (7) est constitué
de deux demi-coques aptes à être assemblées l'une à l'autre et à définir un volume
sensiblement cylindrique, centré par rapport au câble de précontrainte (2).
4. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art selon la revendication 3, dans lequel les coques semi-cylindriques sont
réalisées en métal ou en matériau composite intégrant des fibres de verre ou des fibres
de carbone.
5. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art en vue de sa dépose ou de sa conservation, comprenant :
▪ au moins deux armatures ou barres de précontrainte (5, 6) destinées à venir se positionner
de part et d'autre dudit câble au niveau d'une zone de reprise, et s'étendant en amont
et/ou en aval de ladite zone de reprise ;
▪ un coffrage provisoire (26) apte à définir un volume entourant le câble et les barres
de précontrainte, non seulement au niveau de partie au moins de la zone de reprise
mais de part et/ou d'autre de celle-ci, et apte à remplir une fonction de confinement
mécanique dudit volume ;
▪ des moyens (27, 28) de confinement mécanique dudit volume ;
▪ des moyens de positionnement relativement à l'ouvrage d'art, respectivement des
barres de précontrainte et du coffrage, par rapport au câble,
▪ des moyens de mise en tension des barres de précontrainte (5, 6).
6. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art selon la revendication 5, dans lequel les moyens de confinement mécanique
sont constitués de cerces métalliques (27, 28) intégrés dans le volume défini par
le coffrage provisoire (26), et disposés autour du câble (2) et des barres de précontrainte
(5, 6) munies de leur gaine (23).
7. Système de pontage d'un câble de précontrainte (2) d'une structure et notamment d'un
ouvrage d'art selon la revendication 6, dans lequel les cerces (27, 28) sont constitués
de demi-éléments se recouvrant mécaniquement au niveau de leurs deux extrémités.