Domaine Technique de l'invention
[0001] L'invention concerne un procédé de réglage de la recirculation partielle des gaz
d'échappement à l'admission d'un moteur à combustion interne à allumage par compression
(de type diesel).
[0002] Elle concerne plus précisément un procédé de réglage de la répartition du taux de
recirculation des gaz d'échappement à l'admission d'un moteur diesel entre, d'une
part, un taux de recirculation partielle à basse pression et, d'autre part, un taux
de recirculation partielle à haute pression desdits gaz d'échappement.
[0003] Elle trouve une application avantageuse sous la forme d'un procédé de réglage embarqué
dans un véhicule automobile équipé d'un moteur diesel suralimenté associé à deux circuits
de recirculation partielle des gaz d'échappement à l'admission du moteur, respectivement
à basse et à haute pression.
Etat de la technique
[0004] De nombreux moteurs à combustion interne diesel modernes, en particulier ceux des
véhicules automobiles, sont du type suralimenté par un turbocompresseur et sont équipés
à la fois d'un circuit de recirculation partielle à basse pression des gaz d'échappement
à l'admission du moteur et d'un circuit de recirculation partielle à haute pression
des gaz d'échappement à l'admission, comme il est illustré par la figure 1.
[0005] Sur la figure 1, on a représenté un moteur de type diesel suralimenté par un turbocompresseur,
qui sur cet exemple comporte quatre cylindres en ligne.
[0006] Le moteur est associé à un circuit d'admission d'air 2 et à un circuit d'échappement
3 des gaz de combustion du moteur. Il est aussi associé à un circuit d'alimentation
de carburant dont on a représenté des injecteurs de carburant 4, qui permettent d'injecter
du carburant (gazole) directement dans les chambres de combustion du moteur, par exemple
à partir d'une rampe commune 5 qui est elle-même alimentée en carburant à partir notamment
d'un réservoir, d'une pompe à basse pression et d'une pompe à haute pression non représentés.
[0007] Sauf précision contraire, les débits mentionnés dans la suite sont des débits massiques.
[0008] Le circuit d'admission d'air 2 comprend, d'amont en aval dans le sens de circulation
de l'air : un filtre à air 6, un débitmètre 7 apte à mesurer le débit d'air Qair entrant
dans le moteur ; un compresseur 8 d'un turbocompresseur 9 ; une vanne d'admission
10 des gaz d'admission dans le moteur; un refroidisseur 11 desdits gaz d'admission
quand ils sont comprimés par le compresseur 8 ; et, un collecteur d'admission 12,
ou répartiteur 12 du moteur.
[0009] Le circuit d'échappement 3 comprend, d'amont en aval dans le sens de circulation
des gaz d'échappement du moteur : un collecteur d'échappement 13 ; une turbine 14
du turbocompresseur 9, qui est montée sur un arbre commun au compresseur 8 ; et, une
pluralité de dispositifs de dépollution 15,16,17 des gaz de combustion du moteur.
Il peut comprendre en outre un volet de vannage à l'échappement 18.
[0010] Par exemple, un premier dispositif de dépollution 15 peut comprendre un piège à oxydes
d'azote 15, qui peut être associé à un premier catalyseur d'oxydation.
[0011] Par exemple, un deuxième dispositif de dépollution 16 peut comprendre un catalyseur
de réduction sélective des oxydes d'azote (dit aussi catalyseur SCR, de l'acronyme
en anglais pour : Sélective Catalytic Réduction) associé à un filtre à particules.
[0012] Par exemple, un troisième dispositif de dépollution 17 peut comprendre un deuxième
catalyseur d'oxydation, notamment monté sous la caisse du véhicule.
[0013] Ces exemples (types de dispositif de dépollution, nombre, et disposition les uns
par rapport aux autres) sont non limitatifs.
[0014] D'autre part, dans le cadre de l'invention, le circuit d'échappement 3 comprend deux
circuits de recirculation partielle 19,20 des gaz d'échappement à l'admission du moteur
:
Un premier circuit de recirculation partielle à basse pression 19, en abrégé circuit
EGR-LP (des acronymes en anglais EGR pour « Exhaust Gas Recycling » et LP pour « Low
Pressure »), prélève une partie des gaz d'échappement du moteur en un point du circuit
d'échappement 3 situé en aval de la turbine 14, ici de manière non limitative entre
la sortie du deuxième dispositif 16 et l'entrée du troisième dispositif 17 de dépollution.
Il les réintroduit en un point du circuit d'admission d'air 2 situé en amont du compresseur
8, plus précisément entre la sortie du débitmètre 7 et l'entrée du compresseur 9.
Le circuit EGR-LP 19 comprend un filtre 21, un refroidisseur 22 et une vanne de réglage
23, dite aussi vanne EGR-LP 23, dont la position angulaire permet de contrôler le
débit des gaz recyclés à basse pression Qegrlp circulant dans ledit circuit EGR-LP
19, seule ou en combinaison avec la position du volet de vannage à l'échappement 18,
dont un plus grand degré de fermeture permet d'augmenter la pression en amont de la
vanne EGR-LP 23.
Un deuxième circuit de recirculation partielle à haute pression 20, en abrégé circuit
EGR-HP (des acronymes en anglais EGR pour « Exhaust Gas Recycling » et HP « pour High
Pressure ») prélève une partie des gaz d'échappement en un point situé en amont de
la turbine 14, c'est-à-dire à la sortie du collecteur d'échappement 13, et il les
réintroduit en un point du circuit d'admission 2 situé en aval du compresseur 8, plus
précisément entre la sortie du refroidisseur 11 des gaz d'admission et l'entrée du
collecteur d'admission 12. Le circuit EGR-HP 20 comprend une vanne de réglage 24,
dite aussi vanne EGR-HP 24, dont la position angulaire permet de contrôler le débit
des gaz recyclés à haute pression Qegrhp circulant dans ledit circuit EGR-HP 20, seule
ou en combinaison avec la vanne d'admission 10, dont un plus grand degré de fermeture
permet d'abaisser la pression en aval de la vanne EHR-HP 24. Bien entendu, dans le
cas où on est amené à refermer partiellement la vanne d'admission 10, cela a aussi
tendance à diminuer le débit volumique d'air admis dans le moteur, mais on maintient
alors le débit massique en augmentant la pression de suralimentation et donc la masse
volumique admise.
[0015] Il est connu que l'utilisation d'une proportion de gaz d'échappement recyclés à l'admission
sur un moteur diesel permet principalement de diluer le mélange air-carburant avec
de tels gaz issus de la combustion, déjà brûlés et inertes, diminuant ainsi la pression
partielle d'oxygène dans les cylindres du moteur et augmentant la capacité calorifique
du mélange gazeux d'air et de gaz recyclés, ce qui permet ainsi d'abaisser la température
de la combustion dans le moteur et par conséquent de diminuer les émissions d'oxydes
d'azote (NOx) à la sortie du moteur. Par ailleurs, l'utilisation de la recirculation
à haute pression peut aussi permettre d'augmenter la température des gaz d'échappement,
ce qui est favorable à la montée en température rapide des dispositifs de dépollution
et donc à leur efficacité de traitement. Cependant, elle présente des inconvénients
:
- Notamment, ladite augmentation de la température des gaz d'échappement est défavorable
au compromis NOx / particules. En d'autres termes, la diminution des émissions d'oxydes
d'azote est obtenue en contrepartie d'une augmentation des émissions de particules
fines ou de suie (PM) qu'il faut compenser par des régénérations plus fréquentes du
filtre à particules.
- D'autre part, comme le circuit EGR-HP prélève des gaz brûlés dès la sortie du collecteur
d'échappement 13, le débit Qegrhp de ces gaz recyclés à haute pression (dits de manière
abrégée gaz EGR-HP) ne passe pas à travers la turbine 14. C'est autant d'énergie en
moins pour la suralimentation.
- D'autre part encore, le débit des gaz EGR-HP ne traversant pas les dispositifs de
dépollution 15,16,17 entraîne une diminution du flux thermique (i.e. du produit du
débit massique et de la température) qui est reçu par lesdits dispositifs, ce qui
est défavorable à leur montée en température et à leur efficacité de traitement.
[0016] L'utilisation de la recirculation à basse pression permet de pallier ces inconvénients,
mais elle présente aussi des désavantages :
- Notamment, la recirculation à basse pression ne peut pas être utilisée dans toutes
les conditions, en particulier pas par grand froid, car les gaz d'échappement recyclés
à basse pression (dits de manière abrégée gaz EGR-LP) sont susceptibles de faire condenser
la vapeur d'eau qu'ils contiennent dans le refroidisseur 22 du circuit EGR-LP. Les
gaz EGR-LP peuvent aussi faire condenser la vapeur d'eau que l'air frais d'admission
contient, lors de la rencontre entre l'air et les gaz EGR-LP, cette condensation pouvant
endommager les aubes du compresseur 8.
- D'autre part, pour atteindre des taux de recyclage élevés, c'est-à-dire pour obtenir
des débits Qegrlp de gaz EGR-LP importants relativement à la somme du débit d'air
Qair et du débit de gaz recyclés, il est parfois nécessaire de procéder à la fermeture
partielle du volet de vannage à l'échappement 18 afin d'augmenter l'écart de pression
entre l'échappement et l'admission du moteur dans les conditions de fonctionnement
du moteur où cet écart est trop faible pour que le débit Qegrlp de gaz recyclés à
basse pression puisse être obtenu uniquement en ouvrant la vanne EGR-LP 21. Cela entraîne
une augmentation des pertes par pompage du moteur et par conséquent de la consommation
de carburant du moteur.
[0017] Les conditions de fonctionnement du moteur étant très variées et les prestations
attendues (consommation de carburant, émissions de différents types de polluants,
etc...) multiples et souvent sujettes à des compromis, on a donc équipé beaucoup de
moteurs diesel modernes des deux types de circuit EGR, de manière à pouvoir disposer
du plus grand nombre de possibilités techniques pour régler le moteur de façon à obtenir
ces prestations.
[0018] Il est d'autre part avantageux de pouvoir utiliser simultanément la recirculation
à basse pression et la recirculation à haute pression pour pouvoir tirer parti des
avantages de chacun des circuits de recirculation 19,20.
[0019] On définit ainsi sur un tel moteur d'une part un taux de recirculation τegr dit aussi
« taux d'EGR » comme le rapport du débit total des gaz EGR divisé par le débit gazeux
total (air et gaz EGR) admis dans le moteur, selon l'équation 1 suivante :

[0020] On définit en outre un taux de répartition S dit aussi « taux de split » comme la
proportion de gaz EGR-HP dans le débit total des gaz EGR, selon l'équation 2 suivante
:

[0021] Notamment, quand le taux de répartition est égal à 1, il n'y a que des gaz EGR-HP,
et quand il est égal à 0, il n'y a que des gaz EGR-LP.
[0022] Il peut par exemple être avantageux d'utiliser un taux de répartition S différent
de 1 ou de 0 dans différentes situations.
- Pour obtenir un taux d'EGR τegr donné, on peut notamment maximiser le débit Qegrlp
de gaz EGR-LP uniquement en ouvrant la vanne EGR-LP 23 mais sans avoir recours au
volet de vannage à l'échappement 18, et fournir le complément de gaz recyclés sous
forme d'un débit Qegrhp de gaz EGR-HP.
- A faible régime et/ou à faible charge du moteur, il est avantageux d'utiliser plutôt
des gaz EGR-HP afin de maximiser la température des gaz d'échappement pour favoriser
la montée en température des dispositifs de dépollution. A plus forte charge, la température
est suffisante, et il devient au contraire avantageux d'utiliser plutôt des gaz EGR-LP
afin de diminuer les émissions d'oxydes d'azote, qui sont plus élevées qu'à faible
charge. En cas de transition brutale d'un point de fonctionnement du moteur peu chargé
vers un autre qui est plus chargé, par exemple lors d'une accélération franche qui
augmente la consigne de couple du moteur, il est avantageux de basculer progressivement
de la recirculation à haute pression vers la recirculation à basse pression en fonction
de la valeur courante du couple du moteur pendant la phase transitoire, en faisant
varier le taux de répartition, plutôt que de transiter brutalement d'un type de recirculation
vers l'autre, ce qui entraînerait des difficultés de contrôle du moteur (plus précisément
: mauvaise adéquation momentanée entre le débit réel d'air et le débit de gaz EGR,
en raison de la dynamique d'établissement plus lente du débit de gaz EGR-LP par rapport
au débit de gaz EGR-HP).
[0023] C'est un objectif général de l'invention que de définir dans toutes les conditions
d'utilisation, non seulement un taux d'EGR τegr qui, en association avec un débit
d'air Qair et un ou des débits de carburant Qcarb (et du ou des phasages correspondants),
soit adapté en fonction d'un objectif de niveau d'émissions d'oxydes d'azote, mais
aussi de définir le meilleur taux de répartition S possible entre le débit provenant
du circuit EGR-HP et celui qui provient du circuit EGR-LP.
[0024] Dans les moteurs connus de l'état de la technique, ce taux de répartition S est défini
notamment :
- selon le point de fonctionnement du moteur, c'est-à-dire en fonction d'un ensemble
de paramètres comprenant au moins le régime N, couple C, et généralement en outre
la température du liquide de refroidissement ;
- selon les conditions ambiantes dans lesquelles fonctionne le moteur, par exemple :
température ambiante, pression atmosphérique ;
- en fonction du taux d'EGR τegr requis et de la capacité du circuit EGR-LP à réaliser
ce taux à lui seul en augmentant le degré d'ouverture de la vanne EGR-LP 23 sans avoir
recours au vannage à l'échappement, comme mentionné plus haut.
[0025] Cependant, dans ces moteurs, la valeur du taux de répartition S est définie pour
répondre aux différentes contraintes évoquées plus haut sans tenir compte de l'efficacité
de traitement des oxydes d'azote des différents dispositifs de dépollution, ce qui
peut conduire dans de nombreuses situations à ne pas minimiser les émissions d'oxydes
d'azote rejetées dans l'atmosphère extérieure.
[0026] En effet, si un taux d'EGR τegr donné conduit à une réduction donnée des émissions
d'oxydes d'azote à la sortie du moteur de manière quasiment indépendante du taux de
répartition S, les gaz EGR-LP et les gaz EGR-HP ayant pratiquement le même effet sur
la combustion, à leur niveau de température près, il n'en va pas de même des émissions
d'oxydes d'azote par le véhicule, c'est-à-dire à la sortie du circuit d'échappement
3, puisque les débits gazeux parcourant les dispositifs de dépollution, et par voie
de conséquence, les efficacités respectives de traitement de ceux-ci, sont affectées
par ce taux de répartition S.
[0027] Un point notable dans les différences entre les gaz EGR-LP et les gaz EGR-HP est
le fait que les gaz EGR-LP passent à travers tout ou partie des dispositifs de dépollution
du moteur (selon l'endroit du circuit d'échappement où on prélève les gaz EGR-LP),
tandis que les gaz EGR-HP sont prélevés sans en traverser aucun. Dans l'exemple de
la figure 1, les gaz EGR-LP sont prélevés entre le deuxième 16 et le troisième dispositif
17 de dépollution, c'est-à-dire, après avoir traversé d'une part le piège à oxydes
d'azote du premier dispositif de dépollution 15 et le catalyseur SCR du deuxième dispositif
de dépollution 16 qui ont tous deux un effet de traitement des oxydes d'azote compris
dans les gaz de combustion issus du moteur.
[0028] Ainsi, si la recirculation à basse pression permet d'abaisser le niveau d'émission
des NOx directement à la sortie du moteur au même titre que la recirculation à haute
pression, on observe les deux phénomènes suivants :
Premièrement, le débit de NOx qui est vu par le ou les dispositifs de post-traitement
traversés est plus important quand on utilise un débit de gaz recyclés à basse pression
EGR-LP Qegrlp que si on utilise un débit équivalent de gaz recyclés à haute pression
Qegrhp, parce-que le débit de gaz brûlés total à traiter est égal à la somme du débit
d'air Qair, du débit de carburant Qcarb et du débit de gaz recyclés à basse pression
Qegrlp , tandis que dans le cas de la recirculation à haute pression, le débit de
gaz brûlés total à traiter est égal seulement à la somme du débit d'air Qair et du
débit de carburant.
[0029] Alors, à efficacité égale de traitement des NOx du ou des dispositifs concernés,
c'est-à-dire en supposant que le pourcentage traité des oxydes d'azote est identique,
les émissions à la sortie du circuit d'échappement sont susceptibles d'augmenter.
[0030] Par exemple, si on considère un taux d'EGR τegr qui est égal à 50% et une efficacité
de traitement des NOx des dispositifs de dépollution traversés 15,16 qui est égale
à 20% dans tous les cas :
- dans le cas où la recirculation se fait entièrement à haute pression (taux de répartition
S égal à 1), les émissions de NOx à la sortie du circuit d'échappement sont égales
à 80% des émissions du moteur, car le débit des NOx en sortie du moteur est multiplié
par un facteur égal à 1 - 0,2 ; tandis que,
- dans le cas où la recirculation se fait entièrement à basse pression (taux de répartition
S égal à 0), le débit vu par les dispositifs de dépollution est sensiblement égal
au double du débit d'air (en négligeant le débit de carburant), si bien que les émissions
de NOx à la sortie du circuit d'échappement sont augmentées de 60% par rapport aux
émissions à la sortie du moteur, car le débit des NOx à la sortie du moteur est multiplié
par un facteur égal à 2 × (1 - 0,2).
[0031] Bien entendu, une telle différence de comportement des émissions de NOx à la sortie
du circuit d'échappement, selon qu'on utilise la recirculation à haute ou à basse
pression, dépend à chaque fois du taux de recirculation et de l'efficacité de traitement
des NOx considérés.
[0032] Deuxièmement, l'efficacité de traitement des NOx du ou des dispositifs de post-traitement
est variable, et elle dépend notamment du débit volumique de gaz brûlés Qech,vol traversant
un tel dispositif. Pour un même débit (massique) d'air frais Qair et de carburant
Qcarb admis dans le moteur, ce débit volumique Qech,vol augmente avec l'utilisation
de la recirculation à basse pression. Or il est connu que d'une manière générale,
l'efficacité de traitement d'un dispositif de dépollution diminue quand la vitesse
volumique horaire VVH augmente. La vitesse volumique horaire VVH d'un dispositif de
dépollution est définie comme le rapport entre le débit volumique Qech,vol entrant,
exprimé en l/h, et le volume du pain catalytique du dispositif, exprimé en litres.
Elle représente l'inverse du temps de séjour des gaz dans le dispositif, c'est-à-dire,
la durée que les gaz mettent à traverser le dispositif. Plus le temps de séjour est
court, plus l'efficacité de traitement est faible, et ce d'autant plus dans les phases
de fonctionnement où l'efficacité maximale n'est pas atteinte.
[0033] On ne peut donc pas faire l'hypothèse que l'efficacité du ou des dispositifs de dépollution
traversés par les gaz brûlés est la même selon qu'on utilise la recirculation à haute
ou à basse pression.
[0034] Pour augmenter l'efficacité de traitement des NOx des dispositifs de dépollution,
il conviendrait de diminuer la vitesse volumétrique horaire VVH.
[0035] Ainsi, s'il semble judicieux de diminuer les émissions de NOx à la sortie du moteur,
en termes de concentration dans les gaz, en choisissant un taux d'EGR τegr approprié,
il convient aussi de considérer cette baisse au regard de l'augmentation du débit
et de la baisse de vitesse volumique horaire VVH qui peut être engendré par un choix
de taux de répartition S donné. Or, l'optimum de taux de répartition n'est pas constant
selon la sensibilité de l'efficacité du ou des différents dispositifs de post-traitement
à une pluralité de paramètres, dont la vitesse volumétrique horaire, la température,
la masse de NOx déjà stockée dans un piège à oxydes d'azote, le débit de réducteurs
(Adblue
®) injecté dans un catalyseur SCR ainsi que la quantité d'ammoniac AS qui y est stockée,
etc.
[0036] La modélisation de l'efficacité des différents dispositifs de dépollution étant très
complexe et obéissant à des phénomènes peu linéaires, les procédés selon l'état de
la technique ne tiennent pas compte des états particuliers des dispositifs de dépollution
lors de la définition du taux de répartition S. Les émissions de NOx à la sortie du
circuit d'échappement sont une conséquence indirecte des émissions à la sortie du
moteur, qu'on tente de minimiser, et du débit à l'échappement en amont des dispositifs
de dépollution ainsi que de l'efficacité de ceux-ci. On ne peut donc parvenir à une
optimisation des rejets de NOx dans l'atmosphère extérieure.
Présentation de l'invention
[0037] L'invention vise à remédier aux défauts des procédés de réglage connus de la recirculation
partielle des gaz d'échappement à l'admission d'un moteur diesel. Elle vise plus précisément
à améliorer le réglage du taux de répartition S, de manière à diminuer les émissions
de NOx à la sortie du circuit d'échappement du moteur.
Résumé de l'invention
[0038] Pour atteindre cet objectif, l'invention porte sur un procédé de réglage de la recirculation
partielle des gaz d'échappement à l'admission d'un moteur diesel suralimenté et associé
à un circuit de recirculation partielle à haute pression et à un circuit de recirculation
partielle à basse pression des gaz d'échappement à l'admission du moteur, ledit procédé
comprenant :
- déterminer (100) un ensemble de paramètres (N,C) représentatifs du point de fonctionnement
du moteur
- déterminer (200) une valeur de débit d'air (Qair), un débit de carburant (Qcarb),
un taux de recirculation (τegr) des gaz d'échappement à l'admission et un taux de
répartition initial (So) entre un débit de gaz recirculés à haute pression (Qegrlp)
et un débit de gaz recirculés à basse pression (Qegrlp), permettant de produire le
couple moteur (C) en respectant une concentration d'oxydes d'azote [NOx]eo donnée
à la sortie du moteur,
[0039] La principale caractéristique de l'invention est qu'il comprend des étapes suivantes
:
- faire varier de manière itérative (1200) le taux de répartition (S) par rapport à
la valeur de taux de répartition précédente (S,So) dans un premier sens de variation
tant qu'une valeur de débit d'oxydes d'azote (QNOx,tp) à la sortie du circuit d'échappement du moteur diminue ;
- dès que ledit débit d'oxydes d'azote à l'échappement (QNOx,tp) augmente, faire varier de manière itérative (1400) le taux de répartition (S)
dans un deuxième sens de variation contraire au premier sens de variation tant que
la valeur de débit d'oxydes d'azote (QNOx,tp) à la sortie du circuit d'échappement du moteur diminue.
Présentation des figures
[0040] L'invention sera mieux comprise à la lecture d'un mode de réalisation non limitatif
de celle-ci, à l'appui des figures annexées parmi lesquelles :
[Fig. 1] La figure 1 est une représentation schématique d'un premier exemple de dispositif
de motorisation apte à la mise en oeuvre du procédé selon l'invention.
[Fig. 2] La figure 2 est un logigramme qui représente les différentes étapes du procédé
selon l'invention, selon un mode de réalisation.
Description détaillée
[0041] La figure 1 a déjà été décrite plus haut et n'appelle pas de commentaires supplémentaires.
[0042] La figure 2 illustre les différentes étapes du procédé selon l'invention, dans un
mode de réalisation préféré de celle-ci.
[0043] Le procédé est itératif et il est mis en oeuvre par un calculateur du moteur, par
pas de temps successifs, tant que le point de fonctionnement du moteur reste suffisamment
stable, c'est-à-dire, tant que les variations du régime N et du couple moteur sont
sensiblement nulles.
[0044] Le procédé débute par une étape 100 de détermination du point de fonctionnement du
moteur par le calculateur. On détermine un ensemble de paramètres représentatifs du
point de fonctionnement comprenant au moins le régime N et le couple, et éventuellement
des paramètres supplémentaires comme la température du liquide de refroidissement
(température d'eau) Teau.
[0045] Le procédé se poursuit par une étape 200 de détermination d'un débit d'air Qair,
d'un débit de carburant Qcarb, d'un taux d'EGR τegr et d'un taux de répartition initial
So entre débit de gaz EGR-LP et débit de gaz EGR-BP, qui sont aptes, selon l'état
de la technique, à permettre la production du couple moteur C tout en assurant une
pluralité de prestations déjà mentionnées plus haut, notamment l'obtention d'une concentration
d'oxydes d'azotes à la sortie du moteur [NOx]eo. A l'étape 200, cette concentration
d'oxydes d'azotes à la sortie du moteur [NOx]eo, qui correspond aussi à la concentration
d'oxydes d'azote en amont des dispositifs de dépollution, est déterminée, par exemple
grâce à un capteur de concentration ou par un modèle.
[0046] Le procédé comprend ensuite un ensemble d'étapes itératives qui sont mises en oeuvre
dès que le calculateur détecte que le point de fonctionnement (étape 100) est suffisamment
stabilisé, et dont le déroulement est interrompu s'il détecte qu'il ne l'est plus.
Par exemple, pour conclure à la stabilité, le calculateur peut par exemple calculer
la dérivée temporelle du régime dN/dt et du couple dC/dt et constater que ces deux
dérivées sont inférieures à des seuils respectifs.
[0047] Le procédé comprend une étape 300 dans laquelle, selon l'invention, la valeur du
taux de répartition S est remplacée par une valeur modifiée. La première valeur retenue
correspond au taux de répartition initial So.
[0048] Le procédé comprend une étape 400 dans laquelle on calcule le débit total de gaz
recyclés Qegr, le débit de gaz EGR-HP Qegrhp et le débit de gaz EGR-LP Qegrlp, à partir
du débit d'air Qair, du taux d'EGR τegr et du taux de répartition S, en se servant
des équations 1 et 2.
[0049] Le procédé comprend ensuite une étape 500 de calcul du débit de gaz d'échappement
Qech à l'entrée du premier dispositif de dépollution 15, avant que des gaz EGR-LP
soient prélevés le cas échéant. Il s'agit de la somme du débit d'air Qair, du débit
de carburant Qcarb (qui peut être éventuellement négligé dans le cas d'un moteur diesel
fonctionnant en mélange pauvre) et du débit de gaz EGR-LP Qegrlp.
[0050] Dans le cadre de l'invention, au moins un dispositif de dépollution apte à avoir
une action de traitement des oxydes d'azote est traversé par les gaz d'échappement
avant que des gaz EGR-LP soient prélevés. Dans l'exemple particulier de la figure
1, il s'agit du premier dispositif de dépollution 15, qui comprend un piège à oxydes
d'azote, et du deuxième dispositif de dépollution 16, qui comprend un catalyseur SCR.
[0051] On supposera dans la suite pour simplifier la présentation du procédé que, contrairement
au cas présenté à la figure 1, les gaz EGR-LP sont prélevés dès la sortie du premier
dispositif de dépollution. Cependant le procédé est facilement adaptable mutatis mutandis
dans le cas où plusieurs dispositifs de dépollution successifs sont traversés avant
le point de prélèvement des gaz EGR-LP (par exemple deux dans le cas de la figure
1).
[0052] A l'étape 600 du procédé, on calcule le débit d'oxydes d'azote Q
NOx,ech entrant dans le premier dispositif de dépollution 15. Il s'agit du produit du
débit Qech calculé à l'étape 400 et de la concentration d'oxydes d'azote [NOx]eo déterminée
à l'étape 200.
[0053] A l'étape 700, on calcule le débit volumique de gaz d'échappement Qech,vol à l'entrée
du premier dispositif de dépollution, à partir du débit (massique) Qech calculé à
l'étape 500, en se servant de l'équation des gaz parfaits et à partir de la pression
et de la température à l'entrée ou dans ledit dispositif.
[0054] A l'étape 800, on en déduit la vitesse volumétrique horaire dans le premier dispositif
de dépollution, en divisant le débit volumique Qech,vol de l'étape 700 par le volume
du pain catalytique dudit dispositif.
[0055] Le procédé se poursuit par une étape 900 dans laquelle on détermine une pluralité
de paramètres supplémentaires qui exercent une influence sur l'efficacité de traitement
des NOx (réduction des NOx en diazote N
2 et en eau H
2O)) du premier dispositif de dépollution. Ces paramètres dépendent de la nature du
dispositif. Dans l'exemple de la figure 1, s'agissant d'un piège à oxydes d'azote,
on déterminera au moins la température T et la masse d'oxydes d'azote déjà stockée
dans le piège. Par exemple, dans le cas d'un catalyseur SCR, on détermine au moins
la température, le débit de réducteurs injectés et la quantité d'ammoniac AS stockée
dans le catalyseur SCR.
[0056] Le procédé se poursuit encore par une étape 1000 dans laquelle on détermine la valeur
de l'efficacité ε
red de traitement du premier dispositif. On peut notamment utiliser une cartographie
établie par des essais préalables en fonction des valeurs de la vitesse volumétrique
horaire VVH de l'étape 700 et des différents paramètres déterminés à l'étape 900.
[0057] A l'étape 1100, on détermine le débit d'oxydes d'azote à la sortie du circuit d'échappement
Q
NOx,tp , dit aussi débit de NOx « tail pipe », selon l'équation 3 suivante :

[0058] Selon l'invention, le procédé comprend ensuite une étape 1200 dans laquelle on fait
varier le taux de répartition S par rapport à la valeur précédemment déterminée et
stockée dans le calculateur à l'étape 300. Dans une première variante du procédé,
on diminue le taux de répartition S. Par exemple, on fait varier ledit taux d'une
valeur constante négative. Dans une deuxième variante du procédé, on augmente le taux
de répartition S. Par exemple, on fait varier ledit taux d'une valeur constante positive.
[0059] Cette action a, d'une part, un effet sur la vitesse volumétrique horaire et sur l'efficacité
des dispositifs de dépollution. D'autre part, elle a aussi une action sur la concentration
d'oxydes d'azote à la sortie du moteur [NOx]eo , et donc sur le débit d'oxydes d'azote
Q
NOx,ech entrant dans le premier dispositif de dépollution 15. Ces deux effets cumulés
peuvent conduire, selon les cas de figure, à savoir selon la sensibilité des émissions
d'oxydes d'azote par le moteur à la température des gaz EGR (selon qu'on utilise plutôt
de l'EGR-HP ou de l'EGR-LP) et selon la sensibilité de l'efficacité du dispositif
de dépollution 15 à la vitesse volumique horaire WH, à augmenter ou à diminuer le
débit d'oxydes d'azote à la sortie du circuit d'échappement Q
NOx,tp.
[0060] Le procédé se poursuit par une étape 1300 dans laquelle on détermine la nouvelle
valeur de débit d'oxydes d'azote à l'échappement Q
NOx,tp résultant de cette modification du taux de répartition S, et on réalise un test
qui consiste à vérifier si ledit débit Q
NOx,tp est inférieur à la valeur précédente.
[0061] Si tel est le cas, le procédé reprend à l'étape 300, dans laquelle la valeur du taux
de répartition est remplacée par la nouvelle valeur ayant conduit à une diminution
des émissions de NOx. On peut alors poursuivre au pas suivant par une nouvelle modification
du taux de répartition S, qui va dans le même sens de la diminution ou de l'augmentation
qu'au pas précédent, et d'une valeur identique, par exemple -0,005 ou +0,0005.
[0062] Dans le cas contraire, le procédé oriente vers une étape 1400 dans laquelle on fait
varier le taux de répartition dans le sens contraire de celui qui avait été retenu
de manière itérative à l'étape 1200. En d'autres termes, dans la première variante
du procédé, où on a diminué le taux de répartition S à l'étape 1200, on l'augmente
à l'étape 1400. De même, dans la deuxième variante du procédé, où on a augmenté le
taux de répartition S à l'étape 1200, on le diminue à l'étape 1400.
[0063] Le procédé se poursuit alors par une étape 1500 dans laquelle on détermine la nouvelle
valeur de débit d'oxydes d'azote à l'échappement Q
NOx,tp résultant de cette modification du taux de répartition S, et on réalise un test
qui consiste à vérifier si ledit débit est inférieur à la valeur précédente.
[0064] Si tel est le cas, le procédé se poursuit par une étape 1600, dans laquelle la valeur
du taux de répartition S est remplacée par la nouvelle valeur ayant conduit à une
diminution des émissions de NOx. On peut alors poursuivre au pas suivant par une nouvelle
modification du taux de répartition S, qui va dans le même sens de l'augmentation
ou de la diminution qu'au pas précédent, et qui peut être d'une valeur identique,
par exemple +0,005 ou -0,0005.
[0065] Dans le cas contraire, c'est-à-dire si on observe une augmentation du débit d'oxydes
d'azote à l'échappement Q
NOx,tp par rapport à la valeur immédiatement précédente, le procédé oriente vers une
étape 1700 dans laquelle on fige la valeur du taux de répartition S sur la valeur
immédiatement précédente.
[0066] Dans un mode de réalisation de l'invention, on peut limiter la variation totale cumulée
du taux de répartition S à une valeur constante prédéterminée, par exemple +0,10 ou
-0,10 de variation de taux de répartition par rapport à la valeur initiale So dans
les deux sens, c'est-à-dire tant à l'étape 1200 qu'à l'étape 1400, après quoi on fige
la valeur, jusqu'à ce que le point de fonctionnement du moteur soit modifié, ce qui
conduira à ce moment à définir une nouvelle valeur de taux de répartition initial
So à l'étape 300 et à reprendre les étapes itératives du procédé sur cette base.
[0067] En d'autres termes, si après une succession d'étapes 1200 de variation du taux de
répartition atteignant -0,1 (cas de la première variante du procédé) ou +0,1 (deuxième
variante du procédé) par rapport à la valeur initiale du taux de répartition So, on
continue d'observer une diminution du débit d'oxydes d'azote à l'échappement Q
NOx,tp , on arrête de faire varier ledit taux de répartition S et on le fige sur la dernière
valeur obtenue. Autrement dit le procédé ne reprend pas à l'étape 1200.
[0068] De la même manière, si après une première itération de l'étape 1200 de variation
du taux de répartition conduisant à une augmentation du débit d'oxydes d'azote à l'échappement
Q
NOx,tp qui conduite le procédé à se poursuivre par des étapes 1400 de variation du taux
de répartition en sens contraire, c'est-à-dire dans le sens de l'augmentation selon
la première variante du procédé ou dans le sens de la diminution selon la deuxième
variante du procédé, on observe qu'après une succession d'étapes 1400 de variation
du taux de répartition dans ledit sens contraire atteignant +0,1 (cas de la première
variante du procédé) ou -0,1 (deuxième variante du procédé) par rapport à la valeur
initiale du taux de répartition So, on continue d'observer une diminution du débit
d'oxydes d'azote à l'échappement Q
NOx,tp , on arrête de faire varier ledit taux de répartition S et on le fige sur la dernière
valeur obtenue. Autrement dit le procédé ne reprend pas à l'étape 1400.
[0069] Bien entendu, la variation totale cumulée du taux de variation S est toujours limitée
à une valeur maximale dans le sens de la diminution et dans le sens de l'augmentation
par le fait que le taux de répartition S est toujours compris entre 0 et 1, indépendamment
du fait que l'on prévoie ou non une valeur constante prédéterminée pour la variation
maximale cumulée du taux.
[0070] Ce procédé permet pas à pas et de manière empirique de diminuer efficacement les
rejets d'oxydes d'azote dans l'atmosphère sans qu'il soit besoin d'avoir recours à
une modélisation très complexe de la totalité du dispositif de motorisation.
[0071] On comprend de l'exposé des étapes qui précède, que l'invention permet de trouver
empiriquement un minimum local de débit d'oxydes d'azote à l'échappement Q
NOx,tp .