Domaine technique de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte au domaine de l'horlogerie. Plus précisément, elle
concerne un procédé de fabrication d'un composant horloger, notamment d'un composant
horloger en silicium.
État de la technique
[0002] Dans le domaine de l'horlogerie, certaines applications requièrent l'utilisation
de composants complexes nécessitant d'assembler plusieurs éléments fabriqués séparément.
C'est le cas par exemple des ancres, dans lesquelles le dard est assemblé sur et surmonte
la fourchette destinée à coopérer avec un organe réglant d'un mécanisme horloger.
[0003] Par le passé, cet assemblage était réalisé par une technique dite de chassage, qui
consiste à introduire à force un axe d'un élément à assembler dans un trou de l'autre
élément.
[0004] Il y a quelques années, on a commencé à utiliser de nouveaux matériaux pour la fabrication
des composants horlogers, dont le silicium.
[0005] Une majorité de composants horlogers produits aujourd'hui sont issus d'un substrat
de type SOI comprenant une première couche à base de silicium dans laquelle les composants
doivent être formés, une deuxième couche appelée « support » également à base de silicium
et servant à rigidifier le substrat et, entre ces deux couches, une couche intermédiaire
aussi appelée « couche d'arrêt », en oxyde de silicium.
[0006] Les composants sont découpés dans la première couche par gravure réactive ionique
profonde (DRIE) à travers un masque de résine photosensible formé par photolithographie
sur ladite première couche. La couche d'arrêt située derrière la première couche étant
moins sensible à la gravure, elle n'est pas entamée ou dans une très faible mesure,
lors de la gravure DRIE. Le support et la couche d'arrêt sont ensuite retirés localement,
ou supprimés totalement, par gravure chimique, de manière que soit libérée une plaquette
issue de la première couche du substrat et portant les composants ou parties de composants.
[0007] Le silicium étant un matériau fragile, il est difficilement compatible avec la méthode
d'assemblage par chassage mentionnée précédemment. Une telle méthode est en particulier
peu adaptée à la production industrielle de composants en silicium, la proportion
d'éléments brisés au cours de l'assemblage et mis au rebut restant trop importante.
[0008] Il existe donc toujours un besoin d'améliorer le procédé de fabrication de composants
complexes en silicium.
Résumé de l'invention
[0009] Un but de la présente invention est de proposer un procédé de fabrication d'un composant
horloger en silicium, qui permette de s'affranchir des inconvénients de l'art antérieur
précité et qui puisse notamment être mis en œuvre à l'échelle industrielle.
[0010] Selon un premier aspect, l'invention concerne un procédé de fabrication d'au moins
un composant horloger, ledit procédé comprenant au moins les étapes suivantes:
- Fournir une plaquette monolithique en silicium,
- Sur un premier côté de la plaquette, réaliser un premier masque de gravure primaire
muni d'au moins une ouverture,
- Graver la plaquette à travers ladite au moins une ouverture du premier masque de gravure
primaire pour former des bords d'un premier niveau du composant, la profondeur cible
de gravure primaire étant telle que ladite gravure primaire ne traverse pas la plaquette,
- Réaliser au moins une couche d'arrêt sur le premier côté gravé de la plaquette
- Sur le deuxième côté de la plaquette opposé au premier côté, réaliser un deuxième
masque de gravure secondaire muni d'au moins une ouverture,
- Graver la plaquette à travers ladite au moins une ouverture du deuxième masque pour
former des bords d'un deuxième niveau du composant, la profondeur cible de gravure
secondaire étant telle qu'au moins localement ladite gravure secondaire atteint ladite
au moins une couche d'arrêt.
[0011] Le procédé selon l'invention permet de réaliser de manière simple un ou plusieurs
composants multiniveaux, en s'affranchissant de l'étape d'assemblage de l'art antérieur
qui, d'une part est laborieuse lorsqu'il s'agit de fabriquer de grandes séries de
composants, et d'autre part peut s'avérer complexe du fait du caractère fragile du
silicium.
[0012] Le procédé permet de fabriquer rapidement un grand nombre de composants : Bien que
le procédé vise la fabrication d'au moins un composant, en pratique une pluralité
de composants (identiques ou différents) sera généralement formée simultanément dans
une même plaquette de silicium.
[0013] Le composant obtenu étant par ailleurs monolithique, les problèmes de désolidarisation
éventuelle des différents niveaux sont écartés.
[0014] Le procédé selon l'invention peut notamment, mais non limitativement, être mis en
œuvre pour la fabrication d'ancres ou de roues ou de plateaux ou d'aiguilles ou de
spiraux ou un élément à lame(s) flexible(s).
[0015] Par composant complexe ou multiniveau, on entend, dans la présente demande, un composant
sur lequel il est possible d'identifier au moins deux parties superposées dans une
direction dite transversale (correspondant à la direction de la gravure ayant permis
de former ledit composant ou à la direction de l'épaisseur de la plaquette dans laquelle
le composant est formé).
[0016] Dans un composant multiniveau conforme à l'invention, les parties superposées sont
des couches ou niveaux d'un bloc monolithique. Les limites entre niveaux ne sont donc
pas matérialisées physiquement, mais ces niveaux sont définis comme suit :
- chaque niveau est défini entre deux plans limite orthogonaux à la direction transversale,
- chaque niveau a une épaisseur constante (à une tolérance de profondeur de gravure
près) dans la direction transversale.
[0017] Les composants obtenus peuvent avoir uniquement deux niveaux. Comme variante, ils
peuvent avoir, en plus, un niveau intermédiaire entre le premier et le deuxième niveau
: dans ce cas, le niveau intermédiaire a un plan limite commun avec chacun des deux
autres niveaux.
[0018] Dans la présente demande, le premier et le deuxième côté de la plaquette sont opposés
dans la direction transversale. La gravure réalisée sur le premier côté de la plaquette
est désignée comme gravure primaire et celle réalisée sur le deuxième côté est la
gravure secondaire. Plus généralement, les adjectifs primaire et secondaire sont utilisés
en référence au premier et au deuxième côté de la plaquette respectivement. Ainsi,
une surface primaire est orientée vers le premier côté de la plaquette et une surface
secondaire est orientée vers son deuxième côté.
[0019] Dans la présente demande, une surface primaire ou une surface secondaire d'un niveau
du composant s'étend dans un plan orthogonal à la direction transversale. Un bord
est globalement orthogonal à ces surfaces primaires et/ou secondaires (moyennant l'inclinaison
des flancs résultant du procédé de gravure).
[0020] Par ailleurs, on entend par bords du premier et du deuxième niveau, les bords desdits
niveaux à l'exclusion éventuellement d'une zone formant attache conservée pour maintenir
un lien entre le composant et le reste de la plaquette au cours de la fabrication
et pouvant être rompue à l'issue du procédé pour libérer le composant. Ladite zone
peut être prévue sur le premier niveau, sur le deuxième niveau, ou peut s'étendre
sur toute l'épaisseur du composant et donc sur ses deux niveaux, tant qu'elle permet
in fine le détachement du composant (pour cela elle doit normalement être sur le contour
tout à fait extérieur du composant).
[0021] Dans la présente demande, on entend par monolithique un élément (notamment une plaquette
ou un composant) fait d'un seul matériau. Autrement dit, une plaquette de silicium
qui est monolithique est une plaquette faite d'un seul matériau, ledit matériau étant
du silicium. Une telle plaquette est donc un bloc, massif, formant en particulier
une couche unique de silicium.
[0022] Pour assurer une bonne qualité de surface sur les deux côtés du composant, la plaquette
est de préférence polie sur ses deux côtés.
[0023] La plaquette de silicium monolithique est gravée à travers les ouvertures d'un premier
masque de gravure primaire sur le premier côté et d'un deuxième masque de gravure
secondaire sur le deuxième côté de la plaquette.
[0024] La gravure primaire et/ou secondaire est typiquement une gravure ionique réactive
profonde (DRIE).
[0025] La gravure primaire réalisée à travers ladite au moins une ouverture du premier masque
est destinée à former au moins des bords, de préférence les bords, du premier niveau
du (ou de chaque) composant. Dans certains cas elle peut, en plus, former certains
bords d'un niveau intermédiaire, et/ou une surface primaire du deuxième niveau orientée
vers le premier côté de la plaquette.
Autrement dit, la ou les cavités issues de cette gravure primaire sont au moins partiellement
délimitées par ce qui devra être les bords du premier niveau et éventuellement certains
bords d'un niveau intermédiaire et/ou une surface primaire du deuxième niveau.
[0026] Selon un exemple particulier, la surface primaire du deuxième niveau du composant
formée par gravure primaire est, au moins sur une partie limite, délimitée par un
bord du deuxième niveau, et l'ouverture du premier masque recouvre ladite surface
primaire prévisionnelle élargie, au droit de ladite partie limite, d'une distance
de sécurité supérieure à 10 microns, de préférence comprise entre 10 et 100 microns.
L'élargissement de l'ouverture du premier masque évite que le bord de la gravure secondaire
- formant ledit bord du deuxième niveau - coïncide avec le bord de la gravure primaire.
La distance de sécurité assure que le bord de gravure secondaire formant le bord du
deuxième niveau intersecte la couche d'arrêt à la profondeur souhaitée et évite la
formation d'un résidu de matière indésirable au niveau de ce bord.
[0027] La gravure secondaire réalisée à travers ladite au moins une ouverture du deuxième
masque est destinée à former au moins des bords, de préférence les bords, du deuxième
niveau du (ou de chaque) composant. Dans certains cas elle peut, en plus, former certains
bords d'un niveau intermédiaire, et/ou une surface secondaire du premier niveau orientée
vers le deuxième côté de la plaquette.
Autrement dit, la ou les cavités issues de cette gravure secondaire sont au moins
partiellement délimitées par ce qui devra être les bords du deuxième niveau et éventuellement
certains bords d'un niveau intermédiaire et/ou une surface secondaire du premier niveau.
[0028] Selon un exemple particulier, ladite surface secondaire du premier niveau du composant
formée par gravure secondaire est, au moins sur une partie limite, délimitée par un
bord du premier niveau, et l'ouverture du deuxième masque recouvre ladite surface
secondaire élargie, au droit de ladite partie limite, d'une distance de sécurité supérieure
à 10 microns, de préférence comprise entre 10 et 100 microns. Là encore, l'élargissement
de l'ouverture sur une distance de sécurité évite que des résidus de matière soient
conservés en bordure de la surface secondaire du premier niveau et empêchent plus
tard le détachement du composant et/ou que la gravure secondaire endommage le premier
niveau du composant.
[0029] Selon un exemple, au moins une partie d'une ouverture du premier masque, respectivement
du deuxième masque, définissant un contour du premier niveau, respectivement du deuxième
niveau, présente une largeur comprise entre 20 et 200 microns, de préférence constante.
L'inclinaison des flancs de gravure dépendant de la largeur de la surface gravée,
il est préférable, pour assurer que l'inclinaison (par rapport à la direction transversale)
des bords ou d'un maximum de bords du composant soit constante, que la largeur d'un
liseré de gravure autour d'un niveau dudit composant soit constante aux endroits où
cela est possible.
[0030] Chaque masque peut être formé d'une unique couche ou de plusieurs couches en matériaux
différents. Dans le cas où un masque est réalisé à partir de ou comprend plusieurs
couches, ces couches ne sont pas nécessairement réalisées ou déposées à un même stade
du procédé.
[0031] Par ailleurs, le masque de gravure secondaire peut indifféremment être réalisé, en
tout ou partie, avant la gravure primaire, ou après celle-ci.
[0032] Le masque de gravure secondaire peut aussi être réalisé indifféremment avant ou après
le masque de gravure primaire.
[0033] De plus, le masque de gravure secondaire peut être réalisé avant ou après le dépôt/la
réalisation d'au moins une couche d'arrêt, ou être réalisé conjointement avec une
telle couche d'arrêt.
[0034] Pour garantir l'alignement du premier et du deuxième niveau, le premier et le deuxième
masque sont référencés l'un par rapport à l'autre. Plus spécifiquement, le procédé
peut comprendre, lors de la réalisation de l'un parmi le premier et le deuxième masque,
l'identification d'une position d'une gravure déjà réalisée sur le côté opposé, et
l'indexation du masque à réaliser sur ladite position. On réalise par exemple des
marques d'alignement sur un côté de la plaquette et que l'on fait coïncider avec des
marques d'un masque de photolithographie utilisé pour la gravure sur l'autre côté,
éventuellement au moyen d'un système de référencement par caméra.
[0035] Selon un exemple, la réalisation du masque de gravure primaire et/ou la réalisation
du masque de gravure secondaire comprend la structuration par photolithographie d'une
couche de résine déposée sur le premier côté, respectivement le deuxième côté, de
la plaquette, pour former des ouvertures définissant les bords du premier niveau,
respectivement du deuxième niveau, du composant.
[0036] Selon un premier exemple de mise en œuvre, la couche de résine peut être déposée
directement sur la plaquette en silicium (i.e. sur la surface primaire, respectivement
la surface secondaire de la plaquette).
[0037] Comme alternative, il peut être opportun de réaliser préalablement une couche d'oxyde
de silicium sur le premier côté, respectivement le deuxième côté de la plaquette,
et de déposer la couche de résine sur le premier côté, respectivement le deuxième
côté de la plaquette, sur cette couche d'oxyde de silicium. Dans ce cas, la réalisation
du masque de gravure primaire et/ou la réalisation du masque de gravure secondaire
peut comprendre :
- le dépôt d'une couche de résine sur une couche d'oxyde préalablement réalisée sur
le premier côté, respectivement le deuxième côté de la plaquette,
- la structuration par photolithographie de ladite couche de résine pour former des
ouvertures définissant au moins les bords du premier niveau du composant, respectivement
au moins du deuxième niveau.
- l'ouverture de la couche d'oxyde au niveau des dites ouvertures,
et éventuellement l'élimination de la couche de résine.
[0038] Une couche d'oxyde de silicium peut être déposée sur la plaquette en silicium (notamment
par Physical Vapor Déposition) ou obtenue par croissance d'oxyde de silicium (autrement
dit par oxydation thermique de la plaquette). Dans le deuxième cas de figure (croissance
d'oxyde de silicium), l'oxydation, réalisée dans un four d'oxydation thermique, s'effectue
de manière égale sur tout l'ensemble de la plaquette et a fortiori conjointement sur
le premier et le deuxième côté de la plaquette.
[0039] Dans certains modes de réalisation, le procédé comprend, après gravure de la plaquette
à travers le masque de gravure primaire, l'oxydation de la plaquette de sorte que
la couche d'oxyde issue de cette oxydation forme une couche d'arrêt sur le premier
côté gravé de la plaquette, puis la formation du masque de gravure secondaire à partir
de ladite couche d'oxyde sur le deuxième côté de la plaquette.
[0040] Dans ce cas, le procédé peut comprendre spécifiquement, dans cet ordre :
- la réalisation du premier masque de gravure primaire, incluant éventuellement la réalisation
préalable d'une couche d'oxyde sur au moins le premier côté de la plaquette, avantageusement
par oxydation thermique de la plaquette,
- la gravure primaire,
- le cas échéant, la suppression de l'oxyde de silicium ainsi que l'éventuelle résine
issus de l'étape de réalisation du premier masque;
- la réalisation du deuxième masque de gravure secondaire, incluant une oxydation préalable
de la plaquette, et
- la réalisation de la gravure secondaire (la couche d'oxyde servant de couche d'arrêt
pour ladite gravure secondaire).
[0041] Selon une disposition avantageuse, au moins une couche d'arrêt supplémentaire peut
être réalisée en plus sur le premier côté gravé de la plaquette, après l'oxydation
de la plaquette: dans ce cas, on a finalement deux couches d'arrêt sur le premier
côté au moment de la gravure secondaire: une couche d'oxyde et la couche d'arrêt supplémentaire.
[0042] La au moins une couche d'arrêt déposée ou formée sur le premier côté de la plaquette
épouse les surfaces et les parties du composant définies lors de la gravure primaire.
[0043] Une couche d'arrêt est constituée d'un matériau moins sensible à la gravure, notamment
la gravure DRIE, de sorte qu'elle est adaptée pour arrêter la gravure secondaire (en
étant elle-même peu ou pas détériorée) si celle-ci parvient à son contact.
[0044] La couche d'arrêt évite le passage des gaz de procédé entre les deux côtés de la
plaquette, qui entraînerait une dégradation de la gravure.
[0045] Selon un exemple, la au moins une couche d'arrêt peut comprendre une couche d'oxyde
de silicium et/ou une couche d'aluminium et/ou une couche de parylène.
[0046] Elle peut par exemple comprendre une couche de parylène d'épaisseur comprise entre
1 et 5 microns et/ou une couche d'oxyde de silicium d'épaisseur comprise entre 0.5
et 5 microns, et/ou une couche d'aluminium d'épaisseur comprise entre 0.1 et 5 microns.
[0047] On peut prévoir une unique couche d'arrêt. Comme alternative, on peut aussi déposer
et/ou former plusieurs couches d'arrêt de sorte que celles-ci soient superposées sur
le premier côté de la plaquette.
[0048] Les profondeurs cibles de gravure sur les premier et deuxième côtés sont les profondeurs
que l'on vise théoriquement pour la gravure. L'homme de l'art sait déterminer, par
exemple par calcul ou de manière empirique, une durée de gravure ou un nombre de cycles
de gravure (la gravure DRIE étant réalisée par étapes/couches successives) pour obtenir
ces profondeurs.
[0049] La profondeur effective de gravure en un point donné peut être différente de la profondeur
cible lorsque pendant le temps de gravure ou la succession de cycles de gravure précités,
la cavité ou une partie de la cavité de gravure rencontre la couche d'arrêt. Préférentiellement
d'ailleurs, dans un cas où la gravure s'arrête sur la couche d'arrêt, on choisira
une profondeur cible supérieure à la profondeur effective pour éviter des bords de
gravure arrondis aux extrémités.
[0050] Selon l'invention, la profondeur cible de gravure secondaire est telle qu'au moins
localement la gravure secondaire atteint la couche d'arrêt. La somme des profondeurs
cibles de gravure primaire et secondaire est au moins égale à une épaisseur de la
plaquette (mesurée dans la direction transversale).
[0051] Selon un exemple, la somme des profondeurs cibles de gravure primaire et secondaire
est strictement supérieure à une épaisseur de la plaquette (mesurée dans la direction
transversale), de façon à garantir le croisement des gravures primaire et secondaire.
[0052] La somme des profondeurs cible de gravure primaire et secondaire est entendue ici
comme la somme desdites profondeurs en valeur absolue, sans tenir compte du sens de
gravure.
[0053] Selon un exemple, la somme des première et deuxième profondeur cibles de gravure
est telle que le composant formé à l'issue de la gravure secondaire comporte, entre
le premier et le deuxième niveau, un niveau intermédiaire dont certains bords sont
dans le prolongement de bords du premier niveau et d'autres bords sont dans le prolongement
de bords du deuxième niveau.
[0054] Selon un exemple, le procédé comprend en outre, à l'issue de la gravure secondaire,
le retrait de la ou les couches d'arrêt.
[0055] Selon un exemple, le procédé comprend en outre, à l'issue de la gravure secondaire
et éventuellement du retrait de la ou les couches d'arrêt, au moins une séquence d'oxydation
et désoxydation de la plaquette portant le au moins un composant, en vue de lisser
les surfaces du ou des composant(s) et/ou d'en modifier les dimensions.
[0056] Selon un exemple, le procédé comprend en outre, à l'issue de la gravure secondaire
et éventuellement du retrait de la couche d'arrêt et/ou de ladite au moins une séquence
d'oxydation- désoxydation, au moins une oxydation (dite finale) de la plaquette portant
le au moins un composant, en vue d'en améliorer les caractéristiques mécaniques.
[0057] Selon un exemple, le procédé comprend en outre, à l'issue de la gravure secondaire
et éventuellement du retrait de la couche d'arrêt et/ou de ladite au moins une séquence
d'oxydation- désoxydation et/ou de ladite oxydation finale de la plaquette, une étape
dans laquelle ledit au moins un composant est détaché de la plaquette.
[0058] Selon un deuxième aspect, l'invention concerne un composant horloger, notamment obtenu
par mise en œuvre du procédé tel que défini précédemment, en particulier une ancre
ou une roue ou un plateau ou une aiguille ou un spiral ou un élément à lame(s) flexible(s),
ledit composant comprenant au moins un premier niveau et un deuxième niveau au moins
partiellement superposés dans une direction transversale dudit composant, et ledit
composant étant un composant monolithique.
Brève description des dessins
[0059] Les particularités et les avantages de la présente invention apparaîtront plus en
détails dans le cadre de la description qui suit avec un exemple de réalisation donné
à titre illustratif et non limitatif en référence aux dessins annexés qui représentent
:
- La figure 1 est une vue d'ensemble d'un composant horloger fabriqué selon l'invention,
- La figure 2 est une vue en coupe selon le plan de symétrie P1 du composant,
- Les figures 3a à 3j montrent des vues en section selon P1 illustrant des étapes correspondantes
respectivement a à j du procédé selon un exemple particulier de mise en œuvre,
- La figure 4 est une vue en section selon le plan P2 illustré sur la figure 1, à l'issue
des opérations de gravure du procédé,
- La figure 5 illustre le premier masque de résine utilisé pour la gravure du premier
côté de la plaquette,
- La figure 6 illustre le deuxième masque de résine utilisé pour la gravure du deuxième
côté de la plaquette.
[0060] La figure 1 représente une ancre multiniveau 10 pouvant être fabriquée par la mise
en œuvre du procédé selon l'invention.
[0061] Une telle ancre 10 est destinée à équiper un échappement d'un mouvement d'horlogerie
(non représenté). L'ancre 10 illustrée comprend une partie de fixation 30, percée
d'un trou 37 destiné à accueillir un axe de pivotement de l'ancre (non représenté).
[0062] Dans l'exemple, la partie de fixation 30 présente une forme globale de T avec une
tige centrale 30a et, à une extrémité de ladite tige 30a, une tête 30b s'étendant
sensiblement orthogonalement à la tige 30a. Le trou 37 est ici situé à la jonction
entre la tige 30a et la tête 30b.
[0063] L'ancre 10 comporte également deux palettes 31, 32, reliées à la partie de fixation
30, et destinées à coopérer avec une roue de l'échappement (non représentée). Comme
illustré, chaque palette 31, 32 est respectivement fixée à une extrémité de la tête
30b.
[0064] L'ancre 10 comprend encore une fourchette 33 destinée à coopérer avec un organe réglant
(non représenté) du mouvement, par exemple un balancier-spiral. La base 33a de la
fourchette 33 est reliée à la partie de fixation 30, ici à l'extrémité de la tige
30a opposée à la tête 30b.
[0065] La fourchette 33 comprend deux cornes 34, 35 délimitant entre elles un logement 36.
Le logement 36 est surmonté d'un dard 20 solidaire d'un support de dard 21 surmontant
la base 33a de la fourchette 33.
[0066] Les éléments précités forment un ensemble à trois niveaux 11, 13, 12 superposés dans
cet ordre selon une direction transversale Z, comme illustré sur la figure 2, qui
est une vue en coupe selon le plan P1.
[0067] Pour toute la suite de la présente description, on définit un premier côté 10a de
l'ancre 10 comme le côté sur lequel est situé le dard 20, dans la direction transversale
Z. On définit le deuxième côté 10b comme le côté opposé à ce premier côté.
[0068] Par ailleurs, dans la suite, un plan limite, une surface ou une partie primaire d'un
élément ou d'un niveau est situé(e) vers le premier côté de l'ancre, dans la direction
transversale Z. Un plan limite, une surface ou une partie secondaire d'un élément
ou d'un niveau est situé(e) vers le deuxième côté de l'ancre, dans la direction transversale
Z.
[0069] Enfin, une épaisseur ou une profondeur sera mesurée selon la direction transversale
Z, tandis qu'une largeur sera mesurée dans un plan orthogonal à ladite direction transversale
Z.
[0070] Un premier niveau 11 de l'ancre est délimité par les plans limite primaires PL1 et
secondaire PL2 du dard 20. L'épaisseur de ce premier niveau 11 est l'épaisseur du
dard 20, c'est-à-dire z1.
[0071] Un deuxième niveau 12 de l'ancre est délimité par les plans limite primaire PL3 et
secondaire PL4 de la partie de fixation 30, des palettes 31, 32 et de la fourchette
33. L'épaisseur de ce deuxième niveau 12 est z2.
[0072] Dans l'exemple, l'épaisseur z3 du support de dard 21 est supérieure à l'épaisseur
z1 du dard 20. Par ailleurs, les surfaces primaires du dard 20 et du support de dard
21 sont définies dans le même plan limite PL1, tandis que les surfaces secondaires
du dard 20 et du support de dard 21 sont situées respectivement dans le plan PL2 et
dans le plan PL3. Le dard 20 se trouve ainsi décalé d'une distance z4 égale à z3-
z1 par rapport à la fourchette 33, dans la direction transversale Z de l'ancre.
[0073] Un niveau intermédiaire 13 de l'ancre est ainsi délimité par les plans PL2 et PL3
et formé par la partie 23 du support de dard 21, ci-après appelée partie secondaire
du support de dard, d'épaisseur z4.
[0074] Les étapes de fabrication d'une telle ancre 10 selon un exemple de mise en œuvre
du procédé selon l'invention va à présent être décrit en référence aux figures 3a
à 3j. En pratique cependant, on fabriquera généralement une pluralité d'ancres 10
identiques et/ou d'autres composants simultanément (dans une même plaquette).
[0075] Dans une étape a) du procédé, on fournit une plaquette de silicium monolithique 100.
[0076] La plaquette est avantageusement réalisée en silicium monocristallin et dopé, notamment
dopé au phosphore. Avantageusement, le silicium est dopé de manière à posséder une
résistivité inférieure ou égale à 0,1 Ω.cm-1, par exemple une résistivité égale à
0,05 Ω.cm-1. Le silicium dopé, électriquement conducteur, est plus stable dimensionnellement
et de meilleure résistance mécanique. De préférence, le silicium utilisé est d'orientation
{1,1,1}. Comme variante, on pourra toutefois utiliser tout silicium adapté, notamment
polycristallin et/ou non dopé et/ou d'orientation différente de l'orientation {1,1,1}.
[0077] La plaquette 100 présente une surface primaire 100a, plane, sur un premier côté 101
et une surface secondaire 100b, plane et parallèle à la surface primaire 100a, sur
son deuxième côté 102.
[0078] On définit pour la suite une direction transversale Z de la plaquette, orthogonale
aux surfaces primaire 100a et secondaire 100b.
[0079] Les surfaces primaire et secondaire 100a, 100b sont de préférence polies.
[0080] Dans une étape b) du procédé, on réalise, sur le premier côté 101 de la plaquette
100, un premier masque de gravure primaire 200 muni, pour chaque ancre à fabriquer,
d'au moins une ouverture 210 telle qu'une gravure primaire réalisée à travers cette
ouverture 210 forme les bords du premier niveau 11 de l'ancre 10, une partie des bords
du niveau intermédiaire 13, ainsi que la surface primaire 12a du deuxième niveau 12.
[0081] Dans l'exemple, le premier masque de gravure 200 comporte, pour chaque ancre 10 à
fabriquer, une ouverture 210. La figure 5 illustre une portion du premier masque 200
incluant une telle ouverture 210.
[0082] La gravure primaire est destinée à former les bords du dard 20 et du support de dard
21 qui forment le premier niveau 11.
[0083] Le masque 200 est donc ouvert sur une première zone 211 présentant une bordure, ici
intérieure 2111, délimitant le contour du premier niveau 11. Une largeur L1 de cette
première zone 211 est avantageusement comprise entre 20 et 200 microns et de préférence
constante, pour garantir une inclinaison adéquate des flancs de gravure.
[0084] Dans l'exemple particulier considéré, la gravure primaire est aussi destinée à former
la surface primaire 12a du deuxième niveau 12. Dans ce but, le masque 200 est également
ouvert sur une deuxième zone 212 recouvrant cette surface primaire prévisionnelle
du deuxième niveau 12 (délimitée par des pointillés sur la figure 5). Pour des raisons
qui seront explicitées dans la suite, et comme illustré, la deuxième zone 212 est
avantageusement plus large que ladite surface prévisionnelle, là où celle-ci est délimitée
par un bord du deuxième niveau 12. L'élargissement de l'ouverture, ou distance de
sécurité S, est constante ou non et de préférence supérieure à 10 microns, encore
préférentiellement comprise entre 10 et 100 microns (mesurée orthogonalement au contour
de la surface primaire prévisionnelle).
[0085] En l'espèce, les première et deuxième zones 211, 212 se superposant partiellement,
elles forment ensemble l'ouverture 210 du premier masque 200.
[0086] Le premier masque de gravure 200, muni, pour chaque ancre 10, de son ouverture 210,
est par exemple réalisé de la façon décrite ci-dessous. Bien que par souci de simplification,
la description et les dessins font référence à une seule ancre 10, chaque étape est
en pratique réalisée de façon simultanée pour chaque ancre ou composant fabriqué dans
la même plaquette.
[0087] Dans une première sous-étape b1), on fait croître, sur l'ensemble de la surface de
la plaquette 100, une couche d'oxyde de silicium 230.
[0088] Puis on dépose une couche de résine photosensible 240 sur cette couche d'oxyde de
silicium 230, du premier côté 101 de la plaquette (sous-étape b2).
[0089] Dans une sous-étape b3), on expose la couche de résine 240 au rayonnement lumineux
R d'une source lumineuse (non illustrée), à travers un masque photolithographique
250 muni d'une fenêtre 251 correspondant aux contours de gravure primaire souhaités.
Le rayonnement R peut notamment être un rayonnement comprenant des UV, c'est-à-dire
des ultra-violets, voire être constitué d'UV.
[0090] Puis, dans le cas d'une résine positive telle que représentée, on élimine localement
la résine photosensible irradiée en la solubilisant dans un bain chimique approprié,
pour former une ouverture 241 correspondant aux contours de gravure primaire souhaités.
[0091] Dans une sous-étape b4), la couche d'oxyde de silicium 230 est ensuite gravée sous
l'ouverture 241 de la résine, notamment par gravure au plasma, formant une ouverture
correspondante 231.
[0092] Puis dans une étape b5), la couche de résine 240 est retirée, notamment par gravure
au plasma. Le masque 200 n'est alors plus formé que par la couche 230 d'oxyde de silicium
dont l'ouverture 231 forme l'ouverture 210 du masque.
[0093] Comme variante, la couche de résine 240 peut être conservée pour la gravure primaire.
Dans ce cas, le masque de gravure 200 est formé de la couche de résine 240 et de la
couche d'oxyde de silicium 230 dont les ouvertures respectivement 231 et 241 coïncident
pour former l'ouverture 210 du masque 200.
[0094] Comme autre variante, la couche d'oxyde de silicium pourrait aussi être omise. Dans
ce cas, le masque 200 est formé par la seule couche de résine 240 dont l'ouverture
241 forme l'ouverture du masque 200.
[0095] Une fois le premier masque 200 en place, et dans une nouvelle étape c) du procédé,
on grave la plaquette 100 à travers l'ouverture 210 du masque 200 pour former le premier
niveau 11 de l'ancre 10, la surface primaire 12a du deuxième niveau 12, et des bords
du niveau intermédiaire 13.
[0096] La gravure est une gravure ionique réactive profonde, encore appelée gravure DRIE
(acronyme de « deep reaction ion etching », qui est la désignation anglaise de la
gravure ionique réactive profonde) ou gravure selon le procédé Bosch.
[0097] La profondeur cible d1 de gravure primaire est inférieure à une épaisseur d de la
plaquette correspondant à l'épaisseur de silicium entre les surfaces 100a, 100b, dans
une direction Z transversale auxdites faces, au moment de la gravure. Ainsi, la gravure
primaire ne traverse pas la plaquette 100.
[0098] La profondeur cible d1 correspond ici à la somme z3 des épaisseurs z1 et z4 respectivement
du premier niveau 11 et du niveau intermédiaire 13.
[0099] On détermine au préalable, par calcul ou de manière empirique, une durée de gravure
ou un nombre de cycles de gravure pour obtenir la profondeur d1.
[0100] Dans une étape suivante d) du procédé, le premier côté 101 de la plaquette 100, ainsi
gravé, est recouvert d'au moins une couche d'arrêt 400.
[0101] Par couche d'arrêt 400, on entend une couche réalisée dans un matériau peu sensible
à la gravure, notamment à la gravure DRIE, de sorte qu'elle est adaptée pour arrêter
une telle gravure (en étant peu ou pas détériorée) si celle-ci parvient à son contact.
[0102] Si une couche de résine photosensible 240 a été conservée pour former le premier
masque de gravure 200, cette couche est préalablement retirée, notamment par plasma,
avant réalisation de la couche d'arrêt.
[0103] Si une couche d'oxyde de silicium 230 a été formée comme décrit précédemment, elle
peut aussi être retirée à ce stade, ou elle peut être conservée, comme dans l'exemple
illustré.
[0104] La couche d'arrêt 400 épouse les surfaces et les parties du composant définies lors
de la gravure primaire de l'étape c).
[0105] On peut réaliser une unique couche 400, comme représenté sur la figure 3d, ou on
peut réaliser successivement plusieurs couches les unes au-dessus des autres.
[0106] Une couche d'arrêt 400 peut être par exemple une couche d'oxyde de silicium, notamment
d'épaisseur comprise entre 0.5 et 5 microns, ou une couche d'aluminium, notamment
d'épaisseur comprise entre 0.1 et 5 microns, ou une couche de parylène, notamment
d'épaisseur comprise entre 1 et 5 microns.
[0107] La couche d'arrêt 400 peut être déposée, par exemple par dépôt sous vide, notamment
si elle est en parylène ou en aluminium, comme dans l'exemple illustré. Lors d'un
tel dépôt d'une couche d'arrêt, on peut préalablement masquer le côté opposé.
[0108] Selon un mode de réalisation alternatif (non représenté), la couche d'arrêt peut
aussi être obtenue par croissance, notamment dans le cas d'une couche en oxyde de
silicium. Par exemple, la couche d'oxyde de silicium 230 peut être retirée, et la
plaquette, une nouvelle fois oxydée. Une nouvelle couche d'oxyde de silicium est dans
ce cas formée sur l'ensemble de la plaquette et en particulier sur son premier côté,
formant couche d'arrêt. Cette couche d'oxyde de silicium peut alors servir à la réalisation
du masque de gravure secondaire, d'une manière similaire à celle décrite dans la suite.
[0109] Dans une étape e) du procédé, on réalise, sur le deuxième côté 102 de la plaquette
100, un deuxième masque de gravure 300 muni d'au moins une ouverture 310, 320 telle
qu'une gravure secondaire réalisée à travers cette ouverture forme les bords du deuxième
niveau 12 de l'ancre 10 ainsi que la surface secondaire 11b du premier niveau 11.
[0110] Pour des raisons pratiques, la plaquette est généralement retournée entre les étapes
d) et e).
[0111] Dans l'exemple considéré, et comme illustré sur la figure 6, le deuxième masque de
gravure 300 comporte, pour chaque ancre 10 à fabriquer, deux ouvertures 310, 320,
définies comme suit.
[0112] La gravure secondaire est destinée à former les bords du deuxième niveau 12. Dans
l'exemple illustré, ces bords comprennent les bords du trou 37, ainsi que les bords
(externes) des palettes 31, 32, de la fourchette 33 et de la partie de fixation 30,
hormis sur une zone - référencée 324 dans l'exemple de la figure 6 - formant attache
destinée à maintenir un lien entre le composant et le reste de la plaquette.
[0113] Le masque doit donc au moins être ouvert sur des zones bordant lesdits bords, avec
une largeur des dites zones avantageusement comprise entre 20 et 200 microns et de
préférence constante, pour garantir une inclinaison adéquate des flancs de gravure.
[0114] Dans ce but, le masque 300 est ouvert sur une première zone 311, délimitant le trou
37. En l'espèce, la zone forme une première ouverture 310 circulaire du masque, le
diamètre du trou 37 étant trop petit pour la réalisation d'un liseré de gravure de
largeur constante.
[0115] Le masque 300 est également ouvert sur une deuxième zone 321 dont la bordure, ici
intérieure 3211, délimite le contour de la partie de fixation 30, des palettes 31,
32 et de la fourchette 30 de l'ancre 10 et de largeur L2 constante, comprise entre
20 et 200 microns.
[0116] La gravure secondaire étant par ailleurs destinée à former une surface secondaire
11b du premier niveau 11, le deuxième masque 200 est également ouvert sur une troisième
zone 322 recouvrant cette surface secondaire 11b. Comme illustré, la troisième zone
322 est avantageusement élargie d'une distance de sécurité S, de préférence supérieure
à 10 microns, encore préférentiellement comprise entre 10 et 100 microns.
[0117] En l'espèce, les deuxièmes et troisième zones 321, 322 se superposant partiellement,
elles forment ensemble une deuxième ouverture 320 du masque 300.
[0118] La réalisation du deuxième masque de gravure 300, muni de ses ouvertures 310, 320,
comprend par exemple des sous-étapes e1 à e4, similaires respectivement aux étapes
b2 à b5 décrites précédemment et détaillées dans la suite :
A ce stade du procédé, dans l'exemple illustré, une couche d'oxyde de silicium 230
est déjà présente sur le deuxième côté 102 de la plaquette 100, comme suite de l'étape
b1 réalisée précédemment.
[0119] (Dans le mode de réalisation alternatif mentionné précédemment, une couche d'oxyde
de silicium issue de la réoxydation de la plaquette après gravure primaire et formant
couche d'arrêt sur le premier côté 101 remplacerait cette couche 230 sur le deuxième
côté 102. Le reste du procédé resterait similaire.)
[0120] Dans une sous-étape e1), on dépose une couche de résine photosensible 340 sur ladite
couche d'oxyde de silicium 230.
[0121] Dans une sous-étape e2), on expose la couche de résine 340 au rayonnement lumineux
R d'une source lumineuse (non illustrée), à travers un masque photolithographique
350 muni de fenêtres 351, 352 correspondant aux contours de gravure secondaire souhaités.
[0122] Pour garantir le bon positionnement relatif des différents niveaux de l'ancre 10,
on peut à ce stade réaliser une étape complémentaire de référencement (non représentée)
consistant à indexer la position du masque photolithographique 350 sur des marques
d'alignement gravées lors de la gravure primaire. On fait par exemple coïncider ces
marques d'alignement, avec des marques du masque photolithographique 350, éventuellement
au moyen d'un système de référencement par caméra.
[0123] Une fois l'opération de photolithographie achevée, on élimine localement la résine
photosensible irradiée en la solubilisant dans un bain chimique approprié, pour former
des ouvertures 341, 342 correspondant aux contours de gravure secondaire souhaités.
[0124] Dans une sous-étape e3), on grave la couche d'oxyde de silicium 230 sous les ouvertures
341, 342 de la résine 340, notamment par gravure au plasma, pour y former des ouvertures
232, 233 correspondantes.
[0125] Puis, dans une étape e4, la couche de résine 340 est retirée, notamment par gravure
au plasma. Dans ce cas, le masque 300 n'est plus formé que par la couche d'oxyde de
silicium 230 dont les ouvertures 232, 233 forment les ouvertures 310, 320 du deuxième
masque 300.
[0126] Comme expliqué précédemment, la couche de résine 340 pourrait être conservée pour
la gravure. Et la couche d'oxyde de silicium 230 pourrait aussi être omise.
[0127] Une fois le deuxième masque 300 en place, et dans une nouvelle étape f) du procédé,
la plaquette 100 est gravée à travers les ouvertures 310, 320 du masque 300 pour former
le deuxième niveau 12 de l'ancre 10, la surface secondaire 11b du premier niveau 11,
et des bords du niveau intermédiaire 13.
[0128] La gravure est là encore typiquement une gravure ionique réactive profonde.
[0129] Selon l'invention, la profondeur cible d2 de cette gravure secondaire est telle que
la gravure secondaire atteint au moins localement la couche d'arrêt 400. La profondeur
d2 est ici égales à la somme des épaisseurs z2 et z4 respectivement du deuxième niveau
12 et du niveau intermédiaire 13. En pratique, la somme des première et deuxième profondeurs
cibles d1, d2 est au moins égale à l'épaisseur d de la plaquette. Dans l'exemple particulier
de l'ancre 10 de la figure 1, cette somme excède l'épaisseur d d'une valeur z4. Autrement
dit :
- la gravure secondaire dépasse les surfaces de fond de gravure primaire, d'une profondeur
z4, sur les zones où la gravure n'est pas stoppée prématurément par la couche d'arrêt
400, et
- la gravure secondaire s'arrête à une profondeur d2' égale à d-d1 au droit des surfaces
de fond de gravure primaire.
[0130] Au droit du premier niveau 11, la gravure secondaire n'est stoppée qu'à la profondeur
cible d2. La surface de fond de gravure forme, dans ce cas, la surface secondaire
11b du premier niveau 11.
[0131] Grâce à la distance de sécurité S conservée lors de la gravure primaire, les bords
de gravure secondaire formant les bords du deuxième niveau 12 intersectent de façon
nette la couche d'arrêt 400 à la profondeur d2', évitant ainsi la formation d'un surplus
de matière.
[0132] La figure 4 illustre les bords de gravure secondaire délimitant les cornes 34, 35
de la fourchette 33. Du fait de la distance de sécurité S prévue lors de la gravure
primaire, ces bords intersectent nettement la couche d'arrêt 400. Dans l'exemple illustré,
la distance de sécurité S est égale à la largeur L2 d'un liseré de gravure secondaire.
Cet exemple n'est cependant par limitatif et la distance de sécurité S pourrait être
plus faible tout en restant non nulle.
[0133] De la même façon, grâce à la distance de sécurité S conservée lors de la gravure
secondaire, les surplus de matière sont évités en bordure du premier niveau.
[0134] Dans une étape suivante g) du procédé, la ou les couches d'arrêt 400 sont retirées.
[0135] Dans le cas où la couche d'arrêt 400 est une couche d'oxyde de silicium, la plaquette
100 est plongée dans un bain chimique adapté, typiquement un bain d'acide fluorhydrique.
Dans le cas d'une couche d'aluminium, la plaquette 100 est également plongée dans
un liquide adapté pour dissoudre l'aluminium. Enfin, on pourra utiliser un plasma
oxygène pour retirer une couche de parylène.
[0136] Optionnellement on peut ensuite, dans une étape h), procéder à une ou plusieurs séquence(s)
d'oxydation puis désoxydation de la plaquette 100, en vue de lisser les surfaces des
ancres 10 et/ou d'en modifier les dimensions.
[0137] On peut enfin procéder à une étape i) d'oxydation de la plaquette en vue d'en améliorer
les caractéristiques mécaniques des ancres 10.
[0138] Puis on détache ensuite les ancres 10 de la plaquette (étape j), en rompant les attaches
324 les maintenant au reste de la plaquette.
[0139] Dans le procédé décrit précédemment, les étapes peuvent se succéder dans l'ordre
a, b, c, d, e, f et le cas échéant g et/ou h et/ou i et/ou j, décrites précédemment.
Certaines étapes peuvent toutefois être interverties ou supprimées. Ainsi, par exemple,
l'étape e) peut être réalisée avant l'étape d) et même éventuellement avant l'étape
c) ou avant l'étape b).
[0140] De façon générale, le procédé n'est pas limité à une succession de séquences particulière,
et peut être réalisé selon toute succession d'étapes adaptées permettant de réaliser
la gravure primaire puis la gravure secondaire, en utilisant, pour stopper au moins
localement la gravure secondaire, au moins une couche d'arrêt réalisée préalablement
sur le premier côté de la plaquette une fois gravé.
1. Procédé de fabrication d'au moins un composant horloger (10), ledit procédé comprenant
au moins les étapes suivantes:
- Fournir une plaquette monolithique en silicium (100),
- Sur un premier côté de la plaquette (101), réaliser un premier masque (200) de gravure
primaire muni d'au moins une ouverture (210),
- Graver la plaquette (100) à travers ladite au moins une ouverture (210) du premier
masque (200) de gravure primaire pour former des bords d'un premier niveau (11) du
composant, la profondeur cible (d1) de gravure primaire (101) étant telle que ladite
gravure primaire ne traverse pas la plaquette,
- Réaliser au moins une couche d'arrêt (400) sur le premier côté (101) gravé de la
plaquette (100),
- Sur le deuxième côté de la plaquette (102) opposé au premier côté (101), réaliser
un deuxième masque (300) de gravure secondaire muni d'au moins une ouverture (310,
320),
- Graver la plaquette (100) à travers ladite au moins une ouverture (310, 320) du
deuxième masque (300) pour former des bords d'un deuxième niveau (12) du composant,
la profondeur cible de gravure secondaire étant telle qu'au moins localement ladite
gravure secondaire atteint ladite au moins une couche d'arrêt.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel la somme des profondeurs cibles de gravure
primaire et secondaire (d1, d2) est strictement supérieure à une épaisseur (d) de
la plaquette.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, dans lequel la somme des profondeurs cibles
de gravure primaire et secondaire (d1, d2) est telle que le composant formé à l'issue
de la gravure secondaire comporte, entre le premier et le deuxième niveau (11, 12),
un niveau intermédiaire (13) dont certains bords sont dans le prolongement de bords
du premier niveau et d'autres bords sont dans le prolongement de bords du deuxième
niveau.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, dans lequel la au moins une
couche d'arrêt (400) comprend une couche d'oxyde de silicium et/ou une couche d'aluminium
et/ou une couche de parylène.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, dans lequel la gravure primaire
de la plaquette (100) à travers ladite au moins une ouverture (210) du premier masque
(200) forme en outre une surface primaire (12a) du deuxième niveau (12) orientée vers
le premier côté (101) et éventuellement au moins une partie de bord d'un niveau intermédiaire
du composant.
6. Procédé selon la revendication 5, dans lequel ladite surface primaire du deuxième
niveau (12) du composant (10) est, au moins sur une partie limite, délimitée par un
bord du deuxième niveau, et l'ouverture du premier masque (200) recouvre ladite surface
primaire prévisionnelle élargie, au droit de ladite partie limite, d'une distance
de sécurité (S) supérieure à 10 microns, de préférence comprise entre 10 et 100 microns.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, dans lequel la gravure secondaire
de la plaquette (100) à travers ladite au moins une ouverture (310, 320) du deuxième
masque (300) forme en outre une surface secondaire (11b) du premier niveau (11) orientée
vers le deuxième côté (102) et éventuellement au moins une partie de bord d'un niveau
intermédiaire dudit composant.
8. Procédé selon la revendication 7, dans lequel ladite surface secondaire du premier
niveau (11) du composant (10) est, au moins sur une partie limite, délimitée par un
bord du premier niveau, et l'ouverture du deuxième masque (200) recouvre ladite surface
secondaire élargie, au droit de ladite partie limite, d'une distance de sécurité (S)
supérieure à 10 microns, de préférence comprise entre 10 et 100 microns.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, dans lequel au moins une
partie d'une ouverture du premier masque (200), respectivement du deuxième masque
(300), définissant un contour du premier niveau, respectivement du deuxième niveau,
présente une largeur comprise entre 20 et 200 microns.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, dans lequel la réalisation
du masque de gravure primaire et/ou la réalisation du masque de gravure secondaire
comprend la structuration par photolithographie d'une couche de résine déposée sur
le premier côté (101), respectivement le deuxième côté (102), de la plaquette (100),
pour former des ouvertures définissant les bords du premier niveau (11), respectivement
du deuxième niveau, du composant.
11. Procédé selon la revendication 10, dans lequel la réalisation du masque de gravure
primaire et/ou la réalisation du masque de gravure secondaire comprend :
- le dépôt d'une couche de résine sur une couche d'oxyde préalablement réalisée sur
le premier côté, respectivement le deuxième côté de la plaquette,
- la structuration par photolithographie de ladite couche de résine pour former des
ouvertures définissant au moins les bords du premier niveau (11), respectivement du
deuxième niveau, du composant.
- l'ouverture de la couche d'oxyde au niveau des dites ouvertures,
et éventuellement l'élimination de la couche de résine.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 11, dans lequel le procédé comprend,
après gravure de la plaquette à travers le masque de gravure primaire, une oxydation
de la plaquette de sorte que la couche d'oxyde issue de cette oxydation forme une
couche d'arrêt sur le premier côté gravé de la plaquette, puis la formation du masque
de gravure secondaire à partir de ladite couche d'oxyde sur le deuxième côté de la
plaquette.
13. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, dans lequel le au moins
un composant horloger (10) est une ancre ou une roue ou un plateau ou une aiguille
ou un spiral ou un élément à lame(s) flexible(s).
14. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 13, dans lequel la plaquette
(100) est polie sur ses deux côtés (101, 102).
15. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 14, comprenant en outre le retrait
de la au moins une couche d'arrêt (400).
16. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 15, comprenant en outre, à l'issue
de la gravure secondaire, une oxydation de la plaquette portant le au moins un composant
(100).
17. Composant horloger en silicium, notamment obtenu par mise en œuvre du procédé selon
l'une quelconque des revendications 1 à 16, ledit composant comprenant au moins un
premier niveau et un deuxième niveau au moins partiellement superposés dans une direction
transversale dudit composant, et ledit composant étant un composant monolithique.