Domaine technique
[0001] La présente invention concerne un caloduc de type à pompage capillaire à rainures
réentrantes.
[0002] La présente invention vise à améliorer le pompage capillaire, tout en assurant un
flux de chaleur surfacique élevé d'un tel caloduc.
Technique antérieure
[0003] Un caloduc est un dispositif thermique permettant de transférer une quantité d'énergie
depuis une source chaude vers une source froide, distantes d'une certaine longueur.
[0004] Un caloduc comporte une enceinte hermétiquement close, un fluide de travail et un
réseau capillaire. Lors de la fabrication, tout l'air présent dans le tube caloduc
est évacué et on introduit une quantité de liquide pur permettant de saturer le réseau
capillaire. Une fois l'enceinte close, et soumis à une source chaude, il y a établissement
d'un équilibre entre la phase liquide et la phase vapeur.
[0005] Sous l'effet d'une source chaude appliquée dans une zone à l'une des extrémités longitudinales,
désignée évaporateur, une partie de la phase liquide se vaporise et absorbe le flux
thermique sous forme latente en induisant une légère surpression qui provoque le mouvement
de la vapeur vers une zone à l'autre extrémité longitudinale, désignée condenseur
où la source froide s'applique. Au condenseur, la vapeur se condense et repasse en
phase liquide. Le fluide condensé (le condensat) circule dans le réseau capillaire
et revient vers l'évaporateur pour refaire un cycle, sous l'effet de forces capillaires,
lorsque le caloduc n'est pas soumis à la gravité. Le retour du fluide liquide du condenseur
à l'évaporateur est obtenu par pompage capillaire.
[0006] En effet, en l'absence de gravité, le moteur du caloduc est le pompage capillaire
du fluide qui s'opère au niveau des zones d'interface liquide-vapeur spécifiquement
configurées pour qu'un ménisque se forme, résultant de l'angle de contact entre le
fluide et le métal constituant le caloduc (lui-même dépendant de la tension superficielle
du fluide, et des tensions interfaciales solide/liquide et solide/vapeur). Plus les
forces de pompage capillaire sont grandes par rapport aux diverses forces de frottement
des phases du fluide avec les parois et entre elles, plus le caloduc est performant
et peut transporter une grande quantité d'énergie.
[0007] Les caloducs concernés par cette absence de gravité sont par exemple ceux mis en
oeuvre dans des conditions de fonctionnement spatiales, comme pour la thermalisation
de système de télécommunication des satellites.
[0008] En régime terrestre, avec la gravité, la problématique du retour de phase liquide
est tout autre, et d'autres configurations d'interface liquide-vapeur/paroi sont mises
en oeuvre.
[0009] Les caloducs à rainures fonctionnent sur le principe du pompage capillaire. Ils comportent
un tube, dans lequel la surface intérieure comporte des rainures axiales/longitudinales
[1] ou légèrement en forme de spirale. Les caloducs à rainures comportent un coeur
vapeur et un réseau capillaire périphérique dans lequel circule la phase liquide.
Du fait d'une variation de courbure de l'interface liquide-vapeur- entre la zone condenseur
et la zone évaporateur, un gradient de pression apparaît dans le liquide, qui mène
à une variation de pression capillaire. Plus la largeur des rainures est petite, plus
l'effet de pompage capillaire est important.
[0010] Par ailleurs, des rainures profondes permettent d'obtenir une section de passage
pour le retour liquide grande, et donc de minimiser la perte de pression.
[0011] La puissance maximale que peuvent transporter des caloducs à rainures est généralement
fixée par la limite capillaire dont le terme moteur est la pression capillaire, et
le terme limitant essentiellement la perte de pression liquide dans les rainures et,
dans une moindre mesure les pertes de charge de l'écoulement vapeur.
[0012] Les caloducs à rainures réentrantes sont des exemples particuliers de caloducs à
rainures, dans lesquels les rainures présentent un canal de liaison étroit par rapport
au reste de la rainure, ce qui permet d'augmenter l'effet de pompage capillaire tout
en limitant les pertes de charge dans la phase liquide. Ces caloducs sont utilisés
principalement dans le domaine spatial, par exemple pour la régulation thermique dans
les satellites et/ou les engins spatiaux.
[0013] Les techniques de réalisation connues des caloducs à rainures, et notamment des caloducs
à rainures réentrantes, ne permettent pas d'obtenir des rainures ayant une profondeur
sensiblement plus grande que leur largeur.
[0014] Ces caloducs sont réalisés essentiellement par extrusion avec ou sans mandrin flottant
comprenant le motif des rainures. Ce procédé permet de réaliser, généralement dans
des métaux relativement mous (aluminium ou cuivre), des tubes généralement cylindriques
pourvus de rainures internes longitudinales ou légèrement spiralées à l'intérieur
du tube.
[0015] Ces tubes sont également utilisés dans les évaporateurs et condenseurs, mais peuvent
également être utilisés pour réaliser des caloducs.
[0016] Les rainures sont généralement rectangulaires ou trapézoïdales et d'un rapport d'aspect
limité par le procédé d'extrusion. La profondeur des rainures peut aller généralement
jusqu'à 0,2mm avec un rapport d'aspect profondeur/largeur de l'ordre de 1 maximum.
[0017] Dans le cas des rainures réentrantes, les contraintes de fabrication sont encore
plus draconiennes, limitant la largeur, la longueur du rétrécissement et la section
de la partie réentrante.
[0018] Une autre technique utilise l'usinage mécanique, avec cette technique également le
rapport profondeur sur largeur n'est pas sensiblement supérieur à 1. En outre, cette
technique a un prix de revient relativement élevé et n'est pas adaptée à la fabrication
en moyenne et grande série.
[0019] Une autre technique utilise la gravure chimique. Mais elle ne permet pas non plus
d'avoir un rapport profondeur sur largeur important.
[0020] Pour pallier ces inconvénients, la demanderesse a proposé dans la demande de brevet
EP3553445A1 un caloduc réalisé par empilement de plaques solidarisées entre elles avec étanchéité,
dont les plaques d'extrémité formant des plaques de fermeture et les plaques intercalaires
sont structurées, de sorte que leur empilement délimite des rainures réentrantes s'étendant
sur toute la longueur du caloduc. Les plaques peuvent être assemblées par différentes
techniques de soudure, brasure ou collage.
[0021] Sur la plage de températures de fonctionnement d'un caloduc, différentes limites
physiques peuvent limiter ses performances.
[0022] La courbe de fonctionnement du caloduc, qui permet de connaitre sa capacité de transport
maximum, est obtenue par la réunion des courbes correspondant aux différentes limites
physiques de fonctionnement qui définissent au final le domaine de fonctionnement
du caloduc en termes de puissance maximale qu'il peut transférer.
[0023] La figure 1 illustre la courbe délimitant le domaine de fonctionnement pour un exemple
de caloduc à pompage capillaire. Sur cette figure 1, on rappelle que les portions
de courbe Qvisqueuse, Qsonique, Qentraînement, Qcapillaire, Qébullition, définissent
respectivement les limites visqueuse, sonique, d'entraînement, capillaire et d'ébullition.
[0024] En ce qui concerne la limite d'ébullition, dans un caloduc à pompage capillaire,
la pression motrice capillaire doit compenser les pertes de charge statiques liées
aux forces de volume et dynamiques générées par l'écoulement du fluide de travail
du caloduc (frottements entre les écoulements et les parois). Cette pression motrice
capillaire, qui correspond à la différence de pression capillaire entre l'évaporateur
et le condenseur, est fonction de la structure du caloduc, et les pertes de charge
dynamiques qui sont croissantes avec le débit massique du fluide de travail (et avec
la longueur du caloduc), lui-même fonction de la puissance thermique imposée à l'évaporateur
: la limite capillaire est atteinte lorsque la pression motrice capillaire est égale
à la somme des pertes de charges (phase liquide et phase vapeur). Autrement dit, un
caloduc ne fonctionne que si la pression motrice capillaire est supérieure, en conditions
de microgravité, aux pertes de charge, et donc en dessous de la limite capillaire.
[0025] Cette limite s'exprime généralement en W.m : elle est inversement proportionnelle
à la longueur efficace du caloduc, c'est-à-dire que pour un même design (même section
transversale sur toute la longueur), la limite capillaire, exprimée en W, d'un caloduc
de 2 mètres est la moitié de celle d'un caloduc de 1 mètre.
[0026] Les pertes de charge par frottement dans un écoulement s'expriment par l'équation
de Darcy-Weisbach comme suit :

dans laquelle :
f est le coefficient de perte de charge (dépendant du régime d'écoulement du fluide,
et que l'on peut déterminer via le nombre de Reynolds à partir de corrélations),
v la vitesse du fluide de travail (proportionnelle à la puissance thermique à transporter),
ρ la masse volumique du fluide de travail et
Dh le diamètre hydraulique.
[0027] Le diamètre hydraulique est lui-même défini par l'équation suivante:

avec S la section du fluide et Pm le périmètre mouillé.
[0028] On comprend donc que pour maximiser la limite capillaire, il faut privilégier des
canaux de liquide et de vapeur de section élevée, afin de minimiser les vitesses de
fluides dans ces canaux sans réduire le débit, qui est proportionnel à la puissance
thermique transférée dans le caloduc.
[0029] Il est également nécessaire d'avoir une largeur de rainure à l'interface faible,
afin d'avoir une pression capillaire élevée. Mais cette largeur de rainure ne peut
être trop faible pour être réalisable technologiquement par une opération de brasure
selon le procédé de la demande
EP3553445A1. En effet, une largeur trop faible induirait un risque de bouchage par la brasure.
[0030] Par ailleurs, le rapport des sections entre le canal et la rainure ne doit pas être
trop élevé, afin de faciliter l'évacuation des bulles de vapeur pouvant éventuellement
apparaitre dans les canaux.
[0031] Par ailleurs également, lors de l'évaporation se réalisant au niveau du ménisque
de l'interface liquide/vapeur dans la rainure qui délimite un canal de liaison, le
ménisque recule dans cette dernière, d'autant plus que le flux thermique est élevé.
Si le ménisque recule trop, il peut atteindre le canal réentrant. Dans ce cas, le
rayon capillaire à l'interface augmente et donc la pression capillaire, moteur du
caloduc diminue; il y a alors risque de désamorçage du caloduc.
[0032] Il est donc avantageux d'avoir un volume important de liquide dans un canal de liaison,
afin de minimiser ce phénomène.
[0033] La résistance thermique globale d'un caloduc peut être évaluée en faisant une analogie
de réseau de résistances thermiques indépendantes.
[0034] Un tel réseau est schématisé en figure 2 dans laquelle un flux de chaleur Q émis
par une source chaude SC doit être évacué par un caloduc jusqu'à une source froide
SF.
[0035] D'un point de vue thermique, le caloduc peut être considéré comme un ensemble d'un
nombre de onze résistances thermiques R1 à R11 en série et/ou en parallèle comme représenté
sur cette figure 2. Les résistances axiales de la paroi extérieure R10 et du réseau
capillaire R11 sur la longueur du caloduc sont immenses. Par conséquent, le chemin
du flux thermique privilégié est celui passant par la section de circulation de la
vapeur. Ce chemin est constitué de cinq résistances différentes, comme suit :
- la résistance entre la source extérieure et la paroi R1, R9 respectivement à l'évaporateur
et au condenseur;
- la résistance de la paroi extérieure R2, R8 respectivement à l'évaporateur et au condenseur;
- la résistance des canaux liquides (réseau capillaire) R3, R7 respectivement à l'évaporateur
et au condenseur ;
- la résistance de l'interface entre liquide et vapeur R4, R6 respectivement à l'évaporateur
et au condenseur et
- la résistance de l'écoulement de vapeur R5.
[0036] Sur ce chemin, la résistance thermique limitante est celle des canaux liquides (réseau
capillaire), respectivement à l'évaporateur et au condenseur (R3, R7).
[0037] Pour l'évaporateur, l'auteur de la publication [2] a proposé un modèle de résistance
thermique avec un chemin à travers le liquide dans la rainure en parallèle d'un chemin
conductif dans la dent puis dans le film d'évaporation.
[0038] Dans ce modèle très conservatif, la conductivité équivalente du film est donnée par
une formule empirique selon l'équation 3 :

[0039] Dans un caloduc à parois en aluminium et rempli d'ammoniac en tant que fluide de
travail, étant donné l'écart de conductivité thermique entre l'ammoniac liquide (0,4
W/m/K) et l'aluminium (150 W/m/K), le chemin privilégié du flux thermique entre la
source chaude et la vapeur va passer par les parois métalliques entre canaux liquides.
[0040] Le même schéma se produit au condenseur, où le chemin privilégié du flux thermique
entre la vapeur et la source froide va passer par les parois entre canaux.
[0041] Il ressort donc que, pour augmenter la conductance thermique à l'évaporateur et au
condenseur, il est avantageux que les parois entre canaux liquides aient une section
la plus élevée possible.
[0042] Enfin, la résistance de film dépend notamment de la longueur des lignes triples de
contact entre liquide, vapeur et solide.
[0043] La résistance mécanique d'un caloduc à rainures réentrantes peut également aussi
impacter ses performances. En particulier, dans la demande de brevet
EP3553445A1, un canal de liaison entre un canal liquide et un canal vapeur est complètement ouvert
sur toute sa longueur selon l'axe longitudinal du caloduc, l'assemblage brasé, collé
ou soudé des plaques empilées ne peut donc être réalisé que sur les parois périphériques
de celles-ci, ce qui entraîne des épaisseurs de paroi importantes pour résister à
la pression interne du caloduc.
[0044] On connaît par ailleurs un autre type de caloduc, dit à artère, comme divulgué dans
le brevet
US4422501A, qui est un caloduc dont le retour liquide des condensats est physiquement séparé
du canal où circule la vapeur après évaporation.
[0045] Le principal avantage d'un caloduc à artère est d'annihiler le flux maximum d'entrainement
des particules liquides par la vapeur en supprimant les interfaces liquide/vapeur
dans la zone adiabatique du caloduc.
[0046] De plus, la réalisation d'un caloduc à artère est bien moins onéreuse et simple à
mettre en place qu'un caloduc à réseau périphérique capillaire fritté. Avec une artère
de faible diamètre, suivant le fluide et les matériaux sélectionnés, si les forces
capillaires sont assez importantes, un fonctionnement contre la gravité peut être
escompté avec de bonnes performances.
[0047] Un tel caloduc 1 à artère est représenté aux figures 3, 3A et 3B : tout comme les
autres caloducs rectilignes, il comprend une enceinte étanche délimitée par une paroi
10 et s'étend entre une première extrémité longitudinale, destinée à être échauffée
par un flux thermique Φ
E émis par une source chaude, pour former, au sein de l'enceinte, un évaporateur Z
E et une deuxième extrémité longitudinale destinée à sortir un flux thermique Φ
S vers une source froide pour former, au sein de l'enceinte, un condenseur Zc où la
vapeur V se condense, l'enceinte étanche délimitant une zone adiabatique Z
A entre l'évaporateur et le condenseur.
[0048] Un tel caloduc 1 à artère intègre un canal liquide 11 formant une artère qui ramène
le liquide depuis le condenseur Zc vers l'évaporateur Z
E, qui est dissocié du canal vapeur 13. Dans un tel caloduc, il n'y a pas d'interface
liquide-vapeur hormis à l'évaporateur Z
E et au condenseur Zc. Cela permet en outre de réduire les forces de frottement de
la phase liquide. En plus, la phase liquide au niveau de l'évaporateur Z
E n'est pas directement soumise au flux de chaleur Φ
E de la source chaude, et cela joue un rôle dans l'éloignement de la limite d'ébullition.
[0049] Une configuration très intéressante pour une application terrestre, c'est-à-dire
où la gravité s'applique, consiste à intégrer une ou plusieurs des artères 11 dans
un milieu poreux 14, périphérique au canal vapeur 13, comme illustré à la figure 4.
Ce milieu poreux 14, aussi appelé mèche, peut avoir des pores d'une taille moyenne
de quelques centaines de microns au millimètre. En plus de la perte de pression liquide
réduite qu'il induit, le milieu poreux 14 assure une très bonne limite d'ébullition
au niveau de l'évaporateur par une démultiplication de lignes et de points triples
P, c'est-à-dire de points de contact solide-liquide-vapeur, qui sont très favorables
à l'évaporation.
[0050] Les caloducs à rainures, notamment à rainures réentrantes ont pour inconvénient majeur
d'avoir une résistance thermique élevée à l'évaporateur, et un flux thermique radial
qu'il est possible de transmettre dans l'évaporateur également limité par les phénomènes
d'ébullition dans les rainures. Typiquement, ce flux est limité à environ 15 W/cm
2 pour un caloduc ammoniac.
[0051] Les caloducs avec une structure capillaire poreuse, telle qu'une poudre frittée,
permettent d'atteindre des performances plus élevées que les caloducs à rainures.
En particulier, ces caloducs avec structure capillaire poreuse permettent notamment
d'accommoder des flux thermiques surfaciques à l'évaporateur beaucoup plus élevés,
et d'avoir une résistance thermique à l'évaporateur plus faible. Néanmoins, ils présentent
deux inconvénients majeurs suivants:
- pour une structure réalisée par poudre frittée, il est nécessaire de fritter celle-ci
à l'intérieur du caloduc, ce qui est difficilement réalisable sur des longueurs de
plusieurs mètres, typiquement rencontrées dans des applications spatiales (satellites)
;
- la taille des pores de la structure capillaire poreuse étant de quelques microns,
les pertes de pression du retour de liquide dans ladite structure deviennent vite
rédhibitoires sur des longueurs de plusieurs mètres, ce qui limite la puissance thermique
transportable.
[0052] Le brevet
US9618275B1 décrit un caloduc à structure hybride, i.e. avec des rainures qui s'étendent longitudinalement
dans la partie adiabatique et le condenseur et avec un insert poreux de forme cylindrique
dans l'évaporateur. Ce caloduc à structure hybride répond partiellement à la problématique
mentionnée ci-avant des caloducs à rainures. Il présente cependant plusieurs inconvénients.
Tout d'abord, le retour du liquide (dans la zone évaporateur) se fait longitudinalement
dans l'épaisseur de l'insert poreux cylindrique, ce qui induit une perte de pression
liquide élevée. En effet, la taille des pores de l'insert poreux est intrinsèquement
faible de manière à obtenir une pression capillaire élevée, mais avec la contrepartie
d'induire nécessairement une perméabilité faible. Le mode de la réalisation de la
figure 6 de ce brevet apporte une solution à ce problème de faible perméabilité :
il prévoit un élargissement du diamètre de l'insert poreux dans l'évaporateur. Or,
un tel élargissement induit nécessairement une augmentation de la résistance thermique
dans cette zone du caloduc (évaporateur). Par ailleurs, l'insert poreux cylindrique
divulgué doit assurer une continuité fluidique avec les rainures de la zone adiabatique,
faute de quoi le pompage capillaire risque de se désamorcer. Or, concrètement, cette
continuité fluidique semble difficile à garantir, et nécessite des solutions chères
et complexes (usinage de doigts dans l'insert poreux pénétrant dans les rainures),
et aléatoire.
[0053] Par conséquent, il existe un besoin pour améliorer encore les caloducs à rainures,
en particulier réentrantes, et ce afin de pallier les inconvénients précités, notamment
la résistance thermique élevée à l'évaporateur et la limitation du flux thermique
radial à l'évaporateur, typiquement de l'ordre de 15 W/cm
2 pour un caloduc rempli d'ammoniac.
[0054] Le but général de l'invention est alors de répondre au moins en partie à ce besoin.
Exposé de l'invention
[0055] Pour ce faire, l'invention a tout d'abord pour objet un caloduc à pompage capillaire
à rainures réentrantes, s'étendant le long d'une première direction longitudinale
(X), comprenant une enceinte étanche s'étendant entre une première extrémité longitudinale,
destinée à être échauffée par une source chaude SC pour former, au sein de l'enceinte,
un évaporateur et une deuxième extrémité longitudinale destinée à être refroidie par
une source froide SF pour former, au sein de l'enceinte, un condenseur, l'enceinte
étanche délimitant une zone adiabatique entre l'évaporateur et le condenseur, l'enceinte
étanche comprenant un empilement de plaques selon une deuxième direction, orthogonale
à la première direction, dont deux plaques de fermeture et au moins un nombre de n
modules les uns sur les autres avec n étant un entier supérieur ou égal à 1, chaque
module comprenant au moins une plaque intercalaire entre les plaques de fermeture,
la ou les plaques intercalaires comprenant au moins une première plaque intercalaire
comportant au moins une fenêtre dont les bords délimitent en partie au moins un canal
vapeur s'étendant le long de la première direction (X) entre l'évaporateur et le condenseur,
dans lequel la vapeur est destinée à circuler, et sur au moins un côté latéral de
la fenêtre selon une troisième direction (Y) orthogonale aux première (X) et deuxième
direction (Z), au moins une structuration dont les bords délimitent en partie au moins
un canal liquide dans l'évaporateur et le condenseur, le caloduc comprenant, au moins
dans l'évaporateur, au moins une zone d'échange définissant une interface liquide-vapeur
et délimitée entre la au moins une plaque intercalaire et au moins une autre plaque
intercalaire ou une plaque de fermeture, reliant le(s) canal(ux) vapeur(s) et le(s)
canal(ux) liquide(s), chaque zone d'échange comprenant au moins un canal de liaison
débouchant.
[0056] Selon l'invention, au moins une partie des canaux de liaison débouchant de l'évaporateur
logeant chacun un insert en matériau poreux qui s'étend au moins en partie dans le(s)
canal(ux) liquide(s) et dans le(s) canal(ux) vapeur, l'insert poreux étant adapté
pour amener par capillarité le liquide depuis le(s) canal(ux) liquide(s) jusqu'au(x)
canal(ux) vapeur dans lequel(lesquels) il s'évapore.
[0057] Selon une configuration avantageuse, le condenseur du caloduc comprend également
au moins une zone d'échange définissant une interface liquide-vapeur et délimitée
entre la au moins une plaque intercalaire et au moins une autre plaque intercalaire
ou une plaque de fermeture, reliant le(s) canal(ux) vapeur(s) et le(s) canal(ux) liquide(s),
chaque zone d'échange comprenant au moins un canal de liaison débouchant, au moins
une partie des canaux de liaison débouchant du condenseur logeant chacun un insert
en matériau poreux qui s'étend au moins en partie dans le(s) canal(ux) liquide(s)
et dans le(s) canal(ux) vapeur, l'insert poreux étant adapté pour condenser la vapeur
dans le(s) canal(ux) vapeur et amener par capillarité le liquide condensé vers le
canal liquide.
[0058] Les inserts poreux à l'évaporateur peuvent être réalisés dans le même matériau constitutif,
avoir la même forme et/ou les mêmes dimensions que les inserts poreux au condenseur.
[0059] Selon une autre configuration avantageuse, la zone adiabatique du caloduc comprend
au moins une zone d'échange entre le(s) canal(ux) vapeur(s) et le(s) canal(ux) liquide(s),
définissant une interface liquide-vapeur et délimitée entre la au moins une plaque
intercalaire et au moins une autre plaque intercalaire ou une plaque de fermeture,
chaque zone d'échange comprenant au moins un canal de liaison débouchant exempt d'insert.
[0060] On peut combiner ces deux configurations et donc avoir des inserts poreux dans l'évaporateur
et dans le condenseur du caloduc tout en ayant une zone adiabatique exempte d'inserts
poreux. De préférence, les canaux liquides sont présents dans toutes les zones du
caloduc (évaporateur, zone adiabatique, condenseur), afin de minimiser la perte de
pression du retour de liquide.
[0061] Avantageusement, l'insert poreux de l'évaporateur et le cas échéant du condenseur
s'étend(ent) sur toute la largeur du canal vapeur selon la troisième direction (Y).
[0062] Avantageusement encore, l'insert poreux de l'évaporateur et le cas échéant du condenseur
s'étend(ent) sur toute la largeur du canal liquide selon la troisième direction (Y).
[0063] Selon une variante de réalisation avantageuse, l'insert poreux a la forme d'une feuille
plane. Selon un mode de réalisation avantageux, au moins une partie des plaques intercalaires
comprend, dans l'évaporateur et le cas échéant dans le condenseur, au moins une encoche
longitudinale s'étendant selon la première direction (X) formant une surface d'appui
et de maintien de la feuille plane poreuse.
[0064] De préférence, le matériau constitutif d'un insert poreux est à base de graphite,
de préférence non mouillable par un métal d'apport pour brasage. Un tel matériau a
pour avantage d'avoir une porosité et une conductivité thermique élevées, une masse
volumique faible et est légèrement compressible. De plus, il n'est pas mouillable
par l'alliage eutectique d'aluminium lors d'un procédé d'assemblage des plaques de
l'empilement par brasure eutectique. A contrario, il est parfaitement mouillable avec
l'ammoniac, qui est un fluide référence pour le remplissage de l'enceinte du caloduc.
On peut citer par exemple les feuilles de graphite commercialisées sous la dénomination
SIGRACET
® ou encore celle sous la dénomination AvCarb
®.
[0065] De préférence, la largeur d'un insert poreux est comprise entre 0,1 et 1mm, de préférence
de l'ordre de 0,6mm. Cette largeur détermine son épaisseur et est avantageusement
légèrement supérieure ou égale à la largeur des canaux de liaison, de manière à assurer
une continuité de l'écoulement du liquide, et simplifier la réalisation des plaques
intercalaires.
[0066] De manière générale, l'insert poreux est compressible et légèrement plus épais que
la largeur des canaux de liaison dans le plan YZ de sorte à assurer un bon calage
dans les plaques intercalaires. Un bon calage permet un bon contact thermique avec
les plaques et par là une conduction efficace de la chaleur entre l'entrée du flux
de chaleur sur les plaques et la zone d'évaporation sur les faces de l'insert poreux
dans le canal vapeur.
[0067] Dans la configuration du cas où le condenseur loge également un ou plusieurs inserts
poreux, le flux de chaleur s'applique entre les faces de chaque insert poreux dans
le canal vapeur, et l'extraction du flux de chaleur se fait par les faces extérieures
du caloduc.
[0068] De préférence encore, la taille moyenne des pores d'un insert poreux est comprise
entre 1 et 100 µm, de préférence de l'ordre de 50 µm.
[0069] Le matériau constitutif des plaques formant l'enceinte étanche est de préférence
choisi parmi l'aluminium, le cuivre, le nickel, ou un alliage à base d'au moins deux
de ceux-ci. Le ou les matériaux utilisés pour la fabrication du caloduc sont choisis
en fonction des contraintes de masse, d'assemblage, de la robustesse requise, de la
compatibilité avec le fluide...
[0070] La technique d'assemblage des tôles dépend du matériau.
[0071] Par exemple, dans le cas de plaques en alliage d'aluminium, on peut utiliser la brasure
sous vide avec tôles cladées, la brasure au bain de sel, la brasure sous gaz inerte,
le soudage par ultrasons, la soudure laser, la soudure par friction-malaxage (« Friction
Stir Welding » en langage anglo-saxon), le collage...
[0072] Dans le cas de plaque en cuivre, en acier inoxydable ou en superalliage, on peut
utiliser la soudure diffusion, la soudure laser, la brasure diffusion, le collage...
[0073] Dans le cas de plaques en aciers inoxydables, super alliages, on peut utiliser la
soudure diffusion, la soudure laser, la brasure diffusion, le collage...
[0074] A titre d'exemple, l'assemblage de plaques en alliage d'aluminium est obtenu par
brasure eutectique. On utilise de manière connue des plaques en alliage d'aluminium
dont une ou les deux faces est ou sont revêtue(s) d'un alliage aluminium à plus bas
point de fusion.
[0075] Par exemple, on utilise une tôle en alliage de la série AA3xxxx à coeur, avec un
revêtement avec un alliage eutectique de la série AA4xxxx comprenant du silicium à
plus bas point de fusion. Le revêtement se fait typiquement par une technique de roll-bond.
L'épaisseur totale des plaques est typiquement de 0,05 mm à 5 mm, avec un revêtement
typiquement de 5% à 10% de l'épaisseur totale sur une ou les deux faces. En pressant
à chaud deux plaques d'aluminium ainsi revêtues à une température supérieure à la
température de fusion de l'eutectique, mais inférieure à la température de l'alliage
à coeur, l'alliage eutectique en surface fond et forme un alliage de brasure d'assemblage
étanche entre les deux plaques. Le brasage est réalisé de préférence sous pression
grâce à un système de maintien mécanique, qui maintient en pression l'empilement pendant
le brasage en four sous vide. Des découpes et/ou des pliages sont requis dans le procédé
de fabrication pour alléger et/ou mettre en forme la structure. Ils sont de préférence
réalisés après l'assemblage. Il est à noter que la découpe des fenêtres dans les plaques,
par exemple les fenêtres centrales, est réalisée avant assemblage.
[0076] Le procédé de réalisation d'un caloduc selon l'invention peut avantageusement consister
en les étapes suivantes :
Etape a/ : Des plaques en un matériau donné sont découpées suivant la forme extérieure souhaitée
pour le caloduc. Les inserts poreux sont également découpés, avantageusement sous
forme de feuilles planes.
Etape b/ : Les plaques intercalaires sont structurées, par exemple par poinçonnage, usinage,
découpe laser, par découpe au jet d'eau ou par gravure chimique traversante...afin
de réaliser les fenêtres spécifiques dans les différentes plaques, de sorte qu'une
fois assemblées un caloduc à rainures réentrantes soit formé.
Etape c/ : Les plaques sont ensuite empilées dans un ordre donné, en alternant entre deux
plaques intercalaires un insert poreux à l'évaporateur et le cas échéant au condenseur.
Puis deux plaques de fermeture sont disposées aux extrémités de l'empilement pour
fermer le ou les canaux. L'empilement est réalisé de sorte à ce qu'un insert poreux
soit pris en sandwich entre deux plaques intercalaires ou entre une plaque intercalaire
et une plaque de fermeture, de préférence en étant comprimé. Eventuellement des canaux
de refroidissement sont prévus sur une ou les deux faces de l'empilement.
Etape d/ : Les plaques sont alors assemblées entre elles selon une technique d'assemblage choisie
en fonction du ou des matériaux des plaques, par exemple soudage, brasage, collage...L'assemblage
final des plaques est étanche. Le ou les matériaux des plaques est ou sont choisis
en fonction du fluide de travail, qui est lui-même choisi en fonction des spécifications
de thermalisation du système à réaliser.
Etape e/ : Le caloduc est ensuite rempli. Afin de remplir le caloduc du fluide de travail,
on peut utiliser un queusot de remplissage inséré sur la tranche de l'enceinte. On
peut également utiliser un queusot fixé sur un orifice ménagé à travers l'une ou l'autre
des plaques de fermeture, et perpendiculairement à celle-ci. Le fluide est choisi
en fonction des conditions de fonctionnement du caloduc (température de fonctionnement...)
et de la compatibilité avec le ou les matériaux du caloduc.
[0077] Selon une ou plusieurs caractéristiques avantageuses qui peuvent être combinées entre
elles :
- les plaques intercalaires présentent une épaisseur comprise entre 0,5 à 6mm, de préférence
de l'ordre de 2mm,
- les plaques de fermeture présentent une épaisseur comprise entre 1 et 3mm, de préférence
de l'ordre de 2mm,
- la largeur dans le plan YZ d'un canal de liaison est comprise entre 0,1 et 1mm, de
préférence de l'ordre de 0,2mm,
- l'épaisseur de structuration dans le plan YZ délimitant l'espace entre deux canaux
de liaison adjacents est comprise entre 0,2 et 2mm, de préférence de l'ordre de 0,4mm,
- la largeur dans le plan YZ d'un canal liquide est comprise entre 0,5 et 4mm, de préférence
de l'ordre de 3mm.
[0078] Selon une configuration avantageuse, le caloduc comporte n modules les uns sur les
autres, n étant un entier supérieur ou égal à 1, définissant un canal vapeur unique
et n canaux liquides sur au moins un côté latéral, notamment sur chaque côté latéral
du canal vapeur. De préférence, le caloduc comprend un canal vapeur unique central
agencé entre n canaux liquides répartis latéralement de part et d'autre du canal vapeur.
[0079] Selon une variante de réalisation avantageuse, au moins une des plaques d'extrémité
présente une surface supérieure à celle des plaques intermédiaires dans une direction
transversale à celle (Z) de l'empilement de sorte à former des diffuseurs thermiques.
Avec de tels diffuseurs thermiques, le flux de chaleur entrant et sortant du caloduc
est étalé sur une plus grande surface et réduit localement la densité de flux maximale
qui serait atteinte sans diffuseur .
[0080] Selon une autre variante de réalisation avantageuse, la section transversale dans
le plan XY de l'évaporateur intégrant l'insert poreux et/ou celle du condenseur, de
préférence rectangulaire, est supérieure à celle de la zone adiabatique du caloduc.
Dans le cas d'un flux de chaleur perpendiculaire au plan principal des plaques, cette
variante permet d'augmenter la surface d'échange à l'évaporateur et/ou au condenseur
et donc minimiser les résistances thermiques externes, tout en limitant l'augmentation
de masse du caloduc.
[0081] Dans le cas d'un flux de chaleur parallèle au plan des plaques, la taille des canaux
liquides et/ou vapeur dans le plan YZ peut être augmentée, permettant d'augmenter
la limite capillaire du caloduc.
[0082] En cas d'absence de canaux liquides sous un insert poreux, mais uniquement un retour
capillaire du liquide dans l'insert poreux, il est préférable d'augmenter la largeur
d'un insert poreux dans la zone liquide, afin de limiter les pertes de pression dans
celui-ci.
[0083] Selon encore une autre variante de réalisation avantageuse les structurations de
l'évaporateur et le cas échéant du condenseur comprennent une pluralité de plots répartis,
de préférence uniformément, le long de la première direction (X). Ces plots permettent
de minimiser la perte de pression dans un insert poreux, tout en assurant un maintien
mécanique de ce dernier. Cette variante avec plots peut être réalisée pour des configurations
avec canaux liquides sur les côtés de l'enceinte du caloduc ou dans la partie centrale
de celle-ci.
[0084] Selon un mode de réalisation avantageux, le caloduc comprend des moyens d'échange
thermique au niveau de la première extrémité et/ou deuxième extrémité, les moyens
d'échange thermique au niveau de la deuxième extrémité comportant avantageusement
une ou plusieurs ailettes en contact thermique avec au moins une des plaques de fermeture.
[0085] Selon ce mode, les moyens d'échange thermique peuvent comprendre un circuit fluidique
en contact thermique avec au moins une des plaques de fermeture, ledit circuit étant
formé par une plaque structurée de sorte à délimiter des canaux, lesdits canaux étant
fermés par ladite plaque de fermeture et une plaque de fermeture supplémentaire, les
moyens d'échange thermique comportant également des moyens pour alimenter en fluide
caloporteur ledit circuit fluidique.
[0086] De manière générale, on peut intégrer au sein même du caloduc au niveau de l'évaporateur
et/ou du condenseur un circuit fluidique formant la source chaude et/ou la source
froide. Ce circuit prendra la forme d'une tôle de fermeture plissée ou ajourée afin
de former un radiateur à air intégral. Alternativement, il peut prendre la forme d'un
circuit liquide ou diphasique formant la source chaude et/ou froide.
[0087] Avantageusement, la section transversale dans le plan YZ du canal vapeur et du(des)
canal(ux) liquide(s), de préférence rectangulaire, est constante sur toute la longueur
du caloduc.
[0088] Selon une variante de réalisation, des découpes des canaux de liaison étroits peuvent
être réalisées droites, ou avec une forme ondulée ou en dent de scie sur tout ou partie
de la longueur des canaux. Une telle forme permet d'obtenir des parois non mouillées
par le film de condensation, dans le condenseur du caloduc, aux sommets des ondulations
ou dents de scie. Cela permet également d'augmenter le coefficient d'échange en condensation
en minimisant la résistance d'interface du film de condensation.
[0089] L'invention a également pour objet un système comprenant :
- une source froide (SF) ;
- une source chaude (SC) et
- au moins un caloduc à rainures réentrantes tel que décrit précédemment, le caloduc
étant agencé de sorte que le flux de chaleur (φE ) de la source chaude (SC) sur l'évaporateur soit sur au moins une face latérale
de l'enceinte en regard du canal vapeur ou sur au moins une face latérale en regard
du(des) canal(ux) liquide(s), tandis que l'extraction de chaleur au condenseur vers
la source froide (SF) est sur au moins une face latérale de l'enceinte en regard du(des)
canal(ux) liquide(s), ou sur une face latérale perpendiculaire à celui-ci (ceux-ci).
[0090] Un même caloduc selon l'invention peut être mis en oeuvre pour réaliser un contrôle
thermique, un transfert de chaleur, un refroidissement de composant... La source de
chaleur peut donc être par exemple un composant électrique ou électronique, un stockage
de chaleur, un réacteur chimique exothermique, les puits de chaleur d'ailettes en
convection forcée, des plaques froides en écoulement mono ou diphasique, un stockage
de froid, une réaction chimique endothermique...
[0091] La source froide peut être constituée d'un radiateur en convection naturelle ou forcée.
[0092] On peut envisager différentes technologies de radiateur : ailettes plissées, ailettes
extrudées, ailettes skivées, ailettes picots, ailettes moulées, ailettes fixées par
moletage, ailettes réalisées par impression 3D, ou toute autre ailette obtenue par
une technique de réalisation d'extension de surface connue de l'homme de l'art.
[0093] Un ou des radiateurs à ailettes tels que décrits ci-dessus peuvent être mis en oeuvre
dans un caloduc selon l'invention, monocanal ou multicanaux droit ou présentant toute
autre forme.
[0094] Ainsi, l'invention consiste essentiellement à proposer un caloduc dont au moins l'évaporateur
intègre en son sein un insert poreux qui s'étend dans un canal de liaison entre canal
vapeur et canal(ux) liquide(s).
[0095] La réalisation d'un tel caloduc est mise en oeuvre avec un procédé comme selon la
demande de brevet
EP3553445, qui consiste à empiler puis assembler entre elles par collage, soudage, de préférence
par brasage sous vide, des plaques métalliques poinçonnées ou usinées pour définir
les différents canaux de caloduc. Les inserts poreux selon l'invention ne modifient
pas le process d'assemblage, puisqu'ils s'intercalent directement en alternance avec
les plaques dans l'empilement qui est assemblé.
[0096] L'invention trouve particulièrement une application dans le domaine spatial.
[0097] Pour un caloduc configuré pour une application dans le domaine spatial, les contraintes
rencontrées sont de plusieurs types qui peuvent être énumérés comme suit :
- à l'évaporateur, généralement de faible longueur, il est requis des flux radiaux élevés
à cause des composants électroniques que l'on cherche à refroidir, dont les densités
de puissance ne cessent d'augmenter. De plus, il faut une résistance thermique faible
et, afin d'assurer une pression motrice au caloduc, il faut une pression capillaire
élevée assurée par un faible rayon capillaire à l'interface liquide/vapeur ;
- dans la zone adiabatique, généralement de grande longueur, il faut limiter les pertes
de pression dans le canal vapeur et dans les canaux liquides, afin d'avoir une limite
capillaire de transport de chaleur axiale élevée.
- au condenseur, qui peut être également de grande longueur, il faut également limiter
les pertes de pression, mais aussi assurer une condensation efficace pour minimiser
la résistance thermique dans cette zone.
[0098] L'invention décrite ici permet de répondre à ces contraintes, en permettant des configurations
différentes dans chaque zone de caloduc afin de l'optimiser au mieux suivant les critères
de performance recherchés.
[0099] Plus particulièrement, les inserts poreux insérés longitudinalement dans l'évaporateur
du caloduc, vont permettre de transporter par capillarité le liquide entre le(s) canal(ux)
liquide(s) et le canal vapeur. L'évaporation du liquide en surface d'un insert poreux
permet l'obtention d'une pression capillaire élevée, tout en assurant un flux de chaleur
surfacique plus élevé qu'un caloduc à rainures réentrantes ou à capillaire fritté,
selon l'état de l'art.
[0100] Par exemple, la limite pratique de flux thermique surfacique avec un caloduc rempli
d'ammoniac, à rainures réentrantes selon l'état de l'art est de l'ordre de 15 W/cm
2. Avec un caloduc selon l'invention, cette limite pratique peut monter à plus de 50
W/cm
2.
[0101] La résistance thermique est également améliorée dans l'évaporateur grâce à une plus
grande surface d'évaporation du liquide.
[0102] Dans les zones évaporateur et éventuellement condenseur, il existe des canaux liquides,
la circulation de liquide dans le poreux se faisant uniquement sur les petites distances
entre canal liquide et canal vapeur, permettant de limiter les pertes de charges dans
le poreux.
[0103] Dans la zone adiabatique, il n'y a pas de poreux, des rainures longitudinales définissant
les canaux de liaison permettent quant à eux de minimiser la perte de pression du
liquide, même sur de grandes distances.
[0104] Le fait d'agencer également des inserts poreux longitudinalement dans le condenseur
permet de réduire la résistance thermique dans cette zone, même si cela peut se faire
au détriment d'une perte de charge liquide augmentée dans cette zone.
[0105] En outre, un caloduc selon l'invention présente une pression capillaire élevée grâce
à la faible taille des pores d'un insert poreux. Et donc, il est susceptible de fonctionner
sans gravité, voire même contre la gravité. Cela rend le caloduc selon l'invention
particulièrement adapté pour des missions spatiales à proximité d'objets célestes
où il peut exister une gravité non nulle (lune, mars, astéroïdes...).
[0106] D'autres avantages et caractéristiques ressortiront mieux à la lecture de la description
détaillée, faite à titre illustratif et non limitatif, en référence aux figures suivantes.
Brève description des dessins
[0107]
[Fig 1] la figure 1 illustre la courbe délimitant le domaine de fonctionnement pour
un exemple de caloduc à pompage capillaire.
[Fig 2] la figure 2 est une représentation symbolique d'un réseau de résistances thermiques
qui s'établissent pour un caloduc.
[Fig 3] la figure 3 est une vue schématique d'un caloduc à artère selon l'état de
l'art (Exemple 1).
[Fig 3A], [Fig 3B] les figures 3A et 3B sont des vues en coupe transversale de la
figure 3, respectivement au niveau de l'évaporateur et du condenseur du caloduc à
artère selon l'état de l'art (Exemple 1).
[Fig 4] la figure 4 est une vue en coupe transversale d'une variante de caloduc à
artères selon l'état de l'art.
[Fig 5] la figure 5 est une reproduction photographique d'un exemple de caloduc à
rainures réentrantes à section transversale en Oméga selon l'état de l'art (Exemple
1).
[Fig 6] la figure 6 est une vue schématique de côté d'un caloduc à rainures réentrantes,
selon l'état de l'art (Exemple 2).
[Fig 7] la figure 7 est une vue en perspective et coupe transversale de la figure
6, au niveau de l'évaporateur du caloduc à rainures réentrantes selon la demande de
brevet EP3553445 (Exemple 2).
[Fig 8] la figure 8 est une vue de détail et en coupe transversale de la figure 7.
[Fig 9] la figure 9 est une vue en éclaté d'un caloduc à rainures réentrantes à canaux
de liaison transversaux réalisé par empilement de plaques métalliques assemblées,
avec des inserts poreux à l'évaporateur, selon un troisième exemple de l'invention
avec un rapport d'aspect de caloduc carré.
[Fig 10] la figure 10 est une vue de détail et en coupe transversale de la figure
9, au niveau de l'évaporateur, selon le troisième exemple de l'invention.
[Fig 11] la figure 11 est une vue de détail et en coupe transversale selon un troisième
exemple de l'invention , au niveau du condenseur et de la zone adiabatique du caloduc.
[Fig 12] la figure 12 est une vue de détail et en coupe transversale, au niveau de
l'évaporateur, d'un caloduc à rainures réentrantes à canaux de liaison transversaux
réalisé par empilement de plaques métalliques assemblées selon un quatrième exemple
de l'invention, avec un rapport d'aspect du caloduc rectangulaire plat.
[Fig 13] la figure 13 est une vue en éclaté d'un caloduc à rainures réentrantes à
canaux de liaison transversaux réalisé par empilement de plaques métalliques assemblées
selon un cinquième exemple de l'invention.
[Fig 14] la figure 14 est une vue de détail et en coupe transversale de la figure
13, au niveau de l'évaporateur selon le cinquième exemple de l'invention.
[Fig 15] la figure 15 est une est une vue de détail et en coupe transversale, au niveau
du condenseur et de la zone adiabatique du caloduc selon le cinquième exemple de l'invention.
[Fig 16] la figure 16 est une vue de détail et en coupe transversale, au niveau de
l'évaporateur, d'un caloduc à rainures réentrantes à canaux de liaison transversaux
réalisé par empilement de plaques métalliques assemblées selon un sixième exemple
de l'invention.
[Fig 17] la figure 17 illustre sous forme de courbes les limites capillaires des différents
exemples de caloducs selon l'état de l'art et selon l'invention.
[Fig 18] la figure 18 est une vue en éclaté d'un caloduc à rainures réentrantes à
canaux de liaison transversaux réalisé par empilement de plaques métalliques assemblées
selon un autre mode de réalisation de l'invention.
[Fig 19] la figure 19 est une vue de détail et en coupe transversale de la figure
18, au niveau de l'évaporateur.
[Fig 20] la figure 20 est une vue de détail et en coupe transversale de la figure
18, au niveau de la zone adiabatique du caloduc.
[Fig 21] la figure 21 est une vue en perspective et de détail d'une variante de réalisation
de l'évaporateur d'un caloduc selon l'invention, comprenant des diffuseurs de chaleur
intégrés au niveau de l'évaporateur.
[Fig 22] la figure 22 est une vue en perspective et en éclaté, de détail d'une autre
variante de réalisation de l'évaporateur d'un caloduc selon l'invention.
[Fig 23] la figure 23 est une vue en perspective et en éclaté, de détail d'une autre
variante de réalisation de l'évaporateur d'un caloduc selon l'invention.
[Fig 24], [Fig 25] les figures 24 et 25 sont des vues en perspectives d'autres exemples
de réalisation des canaux de liaison au niveau de la fenêtre centrale avec des plaques
intercalaires d'un caloduc selon l'invention.
[Fig 26] la figure 26 est une vue en perspective d'un autre exemple de réalisation
d'un caloduc selon l'invention agencé dans plusieurs plans.
[Fig 27A], [Fig 27B], [Fig 27C], [Fig 27D], [Fig 27E], [Fig 27F], [Fig 27G], [Fig
27H] les figures 27A à 27H sont des vues en perspective d'exemples d'ailettes applicables
à un caloduc selon l'invention.
[Fig 28] la figure 28 est une vue éclatée d'un caloduc selon un exemple de réalisation
comportant un échangeur thermique au niveau du condenseur.
Description détaillée
[0108] Les figures 1 à 4 ont déjà été commentées en préambule. Elles ne sont pas détaillées
ci-après.
[0109] Par souci de clarté, un même élément selon l'art antérieur et l'invention est désigné
par la même référence numérique.
[0110] On précise ici que la référence SC utilisée dans les figures désigne la source chaude
ou, par extension, la zone d'application du flux thermique émis par la source chaude
directement sur la face latérale d'une enceinte de caloduc. Φ
E désigne le flux de chaleur émis par la source chaude vers un caloduc, et Φ
S désigne le flux thermique émis par un caloduc vers une source froide.
[0111] On décrit ci-après différents exemples de caloducs à rainures réentrantes selon l'état
de l'art et selon l'invention afin de pouvoir comparer leurs performances, comme détaillés
par la suite.
[0112] On précise que pour tous ces exemples, les canaux liquides sont présents à la fois
dans l'évaporateur et dans le condenseur.
[0113] Tous les caloducs selon ces exemples présentent une même longueur totale, une même
longueur d'évaporateur, une même longueur de la zone adiabatique, et une même longueur
du condenseur.
[0114] La section transversale externe définissant l'encombrement latéral de chaque caloduc
selon ces exemples est égale à 13,2mm x 13,2mm.
[0115] Exemple 1 (selon l'état de l'art) : le caloduc à rainures réentrantes 1 est obtenu par extrusion selon l'état de l'art
avec des rainures réentrantes, tel que représenté sur la figure 5.
[0116] L'évaporateur d'un tel caloduc 1, axisymétrique de forme générale cylindrique, comprend
une paroi périphérique 10 dans laquelle sont réalisés une pluralité de canaux 11 à
section transversale en forme générale d'Oméga, régulièrement répartis angulairement
et débouchant par l'intermédiaire d'un canal de liaison 12 sur un creux central cylindrique
13 dans lequel circule la phase vapeur. La paroi périphérique 10 est en contact avec
une source chaude (SC).
[0117] Exemple 2 (selon l'état de l'art) : Sur les figures 6 à 8, on peut voir un exemple de caloduc 1 à pompage capillaire
à rainures réentrantes réalisé selon la demande de brevet
EP3553445.
[0118] Cet exemple de caloduc 1 à pompage capillaire s'étendant selon un axe longitudinal
X est vu de l'extérieur sur la figure 6.
[0119] Le caloduc 1 comporte une enceinte étanche 2 s'étendant selon l'axe longitudinal
X entre une première extrémité longitudinale 3 et une deuxième extrémité longitudinale
4. La première extrémité 3 est par exemple destinée à être à être échauffée par une
source chaude SC pour former au sein de l'enceinte un évaporateur Z
E. La deuxième extrémité longitudinale 4 est destinée à être refroidie par une source
froide SF pour former au sein de l'enceinte un condenseur Zc.
[0120] L'enceinte étanche 2 délimite intérieurement une zone adiabatique Z
A entre l'évaporateur et le condenseur.
[0121] La source chaude est par exemple un composant électrique ou électronique, un stockage
de chaleur, un réacteur chimique exothermique. La source froide est par exemple une
surface radiative, des ailettes en convection forcée, des plaques froides en écoulement
mono ou diphasique, un stockage de froid, une réaction chimique endothermique...
[0122] L'enceinte étanche 2 est réalisée par empilement et assemblage de plaques d'extrémité
22 aussi appelés plaques de fermeture et de modules de plaques intercalaires 20 agencés
entre les plaques d'extrémité 22, selon un procédé décrit dans la demande de brevet
EP3553445.
[0123] Un module comprend au moins deux plaques intercalaires, les plaques des différents
modules de plaques intermédiaires 20 comprenant des fenêtres ou d'autres structurations,
étant empilées de sorte à délimiter des canaux 11, 12, 13 comme détaillé par la suite.
Un module peut aussi comprendre une unique plaque usinée sur ses deux faces principales.
[0124] La réalisation, l'empilement et l'assemblage des plaques n'est pas détaillé ici,
on pourra se reporter à la demande précitée
EP3553445. Néanmoins, les plaques 20, 22 sont préférentiellement en alliage d'aluminium et
assemblées par brasure sous vide. Les plaques en alliage d'aluminium peuvent être
préférentiellement revêtues d'un clading eutectique.
[0125] Un mode de réalisation préférentiel consiste à usiner des plaques 20 cladées sur
leurs deux faces principales, puis réaliser l'assemblage de ces tôles par brasure
eutectique sous vide. A titre de variante, on peut réaliser un usinage sur une seule
face principale des plaques cladées.
[0126] Pour l'assemblage, différents procédés sont envisageables : brasure au bain de sel,
brasure sous gaz inerte, soudage par ultrasons, soudure par friction-malaxage (« Friction
Stir Welding » en anglais), collage...
[0127] Les dimensions extérieures des caloducs sont comprises entre quelques centimètres
et quelques mètres. La taille maximale des caloducs est en général limitée par l'outillage
disponible. En effet, l'assemblage des tôles par brasure sous vide requiert des fours
sous vide de grande taille, de quelques mètres de longueur.
[0128] Pour la découpe et l'usinage des tôles, des machines de grande taille sont également
requises. En outre, la tenue mécanique de tôles avec des découpes de faible largeur
et de grande longueur est à prendre en compte.
[0129] Par exemple, des fenêtres sont réalisées par poinçonnage, découpage, par exemple
au laser ou au jet d'eau.
[0130] Dans l'exemple illustré, toutes les plaques 20 présentent les mêmes dimensions extérieures,
l'empilement définissant l'enceinte étanche 2 est alors de forme parallélépipédique
rectangle avec quatre faces longitudinales parallèles au plan XY ou au plan XZ, ayant
chacune une grande surface favorisant les échanges de chaleur avec la source chaude
SC et la source froide SF. Dans l'exemple illustré, la face longitudinale 21 parallèle
au plan XY, est celle qui reçoit le flux de chaleur (φ
E) de la source chaude (SC).
[0131] L'empilement de plaques 20 avec leurs fenêtres ou leurs structurations 14, délimite
intérieurement, dans l'évaporateur Z
E, des canaux liquides 11, un canal vapeur 13 relié aux canaux liquide 11 par des canaux
de liaison 12.
[0132] Plus précisément, le canal vapeur 13 de section transversale rectangulaire constante
s'étend le long de l'axe longitudinal X. Le canal vapeur 13 sert à la circulation
de la phase vapeur de l'évaporateur Z
E au condenseur Zc en passant par la zone adiabatique Z
A.
[0133] Un canal liquide 11 peut être relié ou non au canal vapeur 13 en fonction de la zone
du caloduc. Lorsqu'il est relié au canal vapeur 13, comme dans l'évaporateur Z
E, un canal liquide 11 l'est par un canal de liaison 12 de section dans le plan XZ
plus faible que celle du canal liquide. Chaque canal liquide 11 est destiné à la circulation
du liquide du condenseur Zc à l'évaporateur Z
E.
[0134] Un canal de liaison 12 forme une rainure réentrante en définissant une zone d'échange
entre la vapeur et le liquide. Autrement dit, un canal de liaison 12 en définissant
au moins une interface liquide-vapeur.
[0135] Ainsi, dans l'état de l'art, comme illustré en figures 7 et 8, les canaux de liaison
12 s'étendent selon la direction longitudinale X du caloduc. Comme symbolisé sur la
figure 8, cette réalisation des canaux 12 a notamment pour inconvénient que les zones
de brasage B entre plaques intermédiaires 20 au sein de l'empilement et avec les plaques
d'extrémité 22 ne peuvent être présentes physiquement que sur un côté longitudinal
des canaux liquides 11.
[0136] A titre d'exemple, notamment pour un caloduc en alliage d'aluminium utilisant l'ammoniac
comme fluide de travail, les plaques intercalaires 20 ont une épaisseur comprise entre
0,5 mm et 6 mm, de préférence égale à 2 mm.
[0137] Les plaques d'extrémité 22 ont une épaisseur comprise entre 1 mm et 3 mm, de préférence
égale à 2 mm.
[0138] La largeur dans le plan YZ d'un canal de liaison 12 est comprise entre 0,1 et 1mm,
de préférence de l'ordre de 0,2mm.
[0139] La largeur dans le plan YZ d'un canal liquide 11 comprise entre 0,5 et 4mm, de préférence
de l'ordre de 3mm.
[0140] Exemple 3 (selon l'invention) : Dans cet exemple illustré aux figures 9 à 11, l'évaporateur comprend une pluralité
d'inserts poreux 15 en graphite, chacun de préférence sous la forme d'une feuille
plane.
[0141] Un insert poreux 15 est en appui à l'intérieur d'une encoche longitudinale 16 prévue
à cet effet dans une plaque intercalaire 20.
[0142] L'empilement des plaques intercalaires 20 est réalisé en alternant entre deux plaques
intercalaires un insert poreux 15 à l'évaporateur Z
E. Puis, les deux plaques de fermeture 22 sont disposées aux extrémités de l'empilement
pour fermer le ou les canaux 11, 12, 13. L'empilement est réalisé de sorte à ce qu'un
insert poreux 15 soit pris en sandwich entre deux plaques intercalaires 20 ou entre
une plaque intercalaire 20 et une plaque de fermeture 22 en étant compressé.
[0143] Dans cet exemple 3, l'insert poreux 15 s'étend à travers toute la largeur selon la
direction Y à la fois des canaux liquide 11, de liaison 12 et vapeur 13. L'insert
poreux 15 permet par capillarité d'amener le liquide de chaque canal liquide 11 vers
le canal vapeur 13 où il s'évapore en surface.
[0144] La zone adiabatique Z
A et le condenseur Zc sont exempts d'inserts.
[0145] Le flux de chaleur Φ
E provenant de la source chaude parvient sur la face latérale 23 de l'enceinte 2 du
caloduc, c'est-à-dire en étant parallèle au plan des plaques 20, 22 et les canaux
liquides 11 sont donc à l'opposé de la face 23.
[0146] Dans cet exemple 3, le fait d'avoir plusieurs canaux 11 en parallèle permet d'augmenter
le flux de chaleur transmis et/ou la surface d'échange. Dans cet exemple 3, le retour
du liquide se fait donc sur le côté opposé à celui 23 par laquelle le flux de chaleur
Φ
E est apporté, ce qui repousse l'apparition de bulles dans les canaux liquides 11 (limite
d'ébullition).
[0147] Au condenseur Zc, le flux de chaleur Φ
S est extrait par la face latérale 24, c'est-à-dire celle du côté des canaux liquides
11. On peut aussi envisager une extraction de chaleur sur la face 23 côté canal vapeur,
voire sur les autres côtés du caloduc.
[0148] Exemple 4 (selon l'invention) : Cet exemple illustré à la figure 12 est identique à l'exemple 3 à ceci près que
le rapport d'aspect entre la largeur et la hauteur du caloduc est différent de manière
à avoir un caloduc plus plat.
[0149] Exemple 5 (selon l'invention) : Dans cet exemple illustré aux figures 13 à 15, l'évaporateur comprend également
une pluralité d'inserts poreux 15 en graphite, chacun de préférence sous la forme
d'une feuille plane.
[0150] Un insert poreux 15 est en appui à l'intérieur d'une encoche longitudinale 16 prévue
à cet effet dans une plaque intercalaire 20.
[0151] L'empilement des plaques intercalaires 20 est réalisé en alternant entre deux plaques
intercalaires un insert poreux 15 à l'évaporateur Z
E. Puis, les deux plaques de fermeture 22 sont disposées aux extrémités de l'empilement
pour fermer le ou les canaux 11, 12, 13.
[0152] L'empilement est réalisé de sorte à ce qu'un insert poreux 15 soit pris en sandwich
entre deux plaques intercalaires 20 ou entre une plaque intercalaire 20 et une plaque
de fermeture 22 en étant comprimé.
[0153] Dans cet exemple 5, l'insert poreux 15 s'étend à travers toute la largeur selon la
direction Y à la fois des canaux liquides 11, de liaison 12 et vapeur 13. Pour maintenir
encore mieux l'insert poreux 15, on peut envisager une encoche longitudinale prévue
à cet effet sur le bord extérieur des canaux liquides 11.
[0154] Ici, chaque extrémité latérale d'un insert poreux 15 selon la direction Y est au-dessus
d'un canal liquide 11. Autrement dit, deux canaux liquides 11 sont agencés symétriquement
de part et d'autre du canal vapeur 13 à l'intérieur duquel s'étendent les inserts
poreux 15 en étant parallèles les uns aux autres.
[0155] La zone adiabatique Z
A et le condenseur Zc sont exempts d'inserts et sont donc identiques à ceux de l'exemple
2 selon l'état de l'art.
[0156] Le flux de chaleur Φ
E provenant de la source chaude parvient sur la face latérale 21 de l'enceinte 2 du
caloduc en étant perpendiculaire au plan des plaques 20, 22.
[0157] Au condenseur Zc, le flux de chaleur Φ
S est extrait par les faces latérales 23 ou 24. On peut aussi envisager une extraction
par la face latérale 21 ou celle en regard.
[0158] Exemple 6 (selon l'invention) : Dans cet exemple illustré à la figure 16, l'évaporateur comprend également une
pluralité d'inserts poreux 15 en graphite, chacun de préférence sous la forme d'une
feuille plane.
[0159] Un insert poreux 15 est en appui à l'intérieur d'une encoche longitudinale 16 prévue
à cet effet dans une plaque intercalaire 20.
[0160] L'empilement des plaques intercalaires 20 est réalisé en alternant entre deux plaques
intercalaires un insert poreux 15 à l'évaporateur Z
E. Puis, les deux plaques de fermeture 22 sont disposées aux extrémités de l'empilement
pour fermer le ou les canaux 11, 12, 13.
[0161] L'empilement est réalisé de sorte à ce qu'un insert poreux 15 soit pris en sandwich
entre deux plaques intercalaires 20 ou entre une plaque intercalaire 20 et une plaque
de fermeture 22 en étant comprimé.
[0162] Dans cet exemple 6, l'insert poreux 15 s'étend à travers toute la largeur selon la
direction Y à la fois des canaux liquides 11, de liaison 12 et vapeur 13.
[0163] Ici, la partie centrale d'un insert poreux 15 selon la direction Y est au-dessus
d'un unique canal liquide 11 qui est central et qui est relié à deux canaux vapeur
13 de part et d'autre par l'intermédiaire d'un canal de liaison 12.
[0164] L'insert poreux 15 permet par capillarité d'amener le liquide du canal central 11
vers les deux canaux vapeur 13 où il s'évapore en surface.
[0165] La zone adiabatique Z
A et le condenseur Zc sont exempts d'inserts.
[0166] Le flux de chaleur Φ
E provenant de la source chaude parvient sur les deux faces latérales 23, 24 de l'enceinte
2 du caloduc en étant parallèle au plan des plaques 20, 22. Les canaux liquides centraux
11 sont donc éloignés des faces 23, 24 où arrivent les flux de chaleur et ont donc
un risque réduit d'avoir une ébullition en leur sein.
[0167] Au condenseur Zc, le flux de chaleur Φ
S peut être extrait par n'importe quelle face latérale 21, 23, 24 de l'enceinte 2 du
caloduc.
[0168] Les performances des exemples 1 et 2 selon l'état de l'art sont comparées avec celles
des exemples 3 à 6 selon l'invention.
[0169] Les critères de comparaison choisis sont respectivement la limite capillaire, la
limite d'ébullition, la résistance thermique à l'évaporateur, comme énoncées dans
la publication [3].
[0170] La limite capillaire peut être définie comme la puissance limite déterminée par l'écart
entre la pression motrice à l'interface liquide/vapeur à l'évaporateur et les pertes
de pression des phases liquide et vapeur migrant inversement dans le caloduc. Cette
limite est calculée à l'aide de modèles thermo hydrauliques, et calculée en valeur
absolue et en relatif par rapport au caloduc de l'exemple 1 selon l'état de l'art
(caloduc cylindrique à rainures réentrantes).
[0171] La limite d'ébullition peut quant à elle être définie comme étant le flux au-delà
duquel des bulles peuvent naitre dans les rainures et nuire au mouvement du liquide
dans celle-ci. Cette limite peut être évaluée en calculant à l'aide d'un modèle aux
éléments finis la surchauffe maximum dans les rainures, et est exprimée en relatif
par rapport à la surchauffe dans le caloduc de l'exemple 1 selon l'état de l'art (caloduc
cylindrique à rainures réentrantes).
[0172] Enfin, la résistance thermique à l'évaporateur R peut être évaluée par la formule
suivante :

[0173] Dans laquelle tsemelle : température moyenne de la paroi sur laquelle on applique
le flux de chaleur (°C)
tvapeur : température de la vapeur du caloduc (°C)
flux : flux de chaleur sur la semelle (W/m2).
[0174] On donnera également cette valeur en relatif par rapport à l'exemple 1 selon l'état
de l'art (caloduc cylindrique à rainures réentrantes).
[0175] La figure 17 illustre sous formes de courbes de limite capillaire les différents
exemples en fonction de la température du caloduc.
[0176] Le tableau 1 ci-dessous résume les gains en termes de limite capillaire, limite d'ébullition
et résistance thermique à l'évaporateur des différents exemples de caloducs par rapport
au caloduc de l'exemple 1 selon l'état de l'art (caloduc cylindrique à rainures réentrantes)
dont les valeurs de référence sont égales à 1. On précise que les valeurs indiquées
ont été calculées pour une température adiabatique de 60°C.
[Tableau 1]
Exemples |
1 (Etat de l'art) |
2 (Etat de l'art) |
3 (Invention) |
4 (Invention) |
5 (Invention) |
6 (Invention) |
Gains |
limite capillaire |
1 |
3,9 |
3,4 |
4,7 |
4,0 |
3,1 |
limite d'ébullition |
1 |
1,3 |
4,8 |
4,3 |
2,3 |
6,9 |
résistance thermique à l'évaporateur |
1 |
1,3 |
2,7 |
2,7 |
2,0 |
3,1 |
[0177] De ce tableau, il ressort que quel que soit l'exemple selon l'invention, tous les
paramètres mesurant la performance sont significativement augmentés par rapport aux
exemples 1 et 2 selon l'état de l'art. L'exemple 6 selon l'invention présente les
meilleures performances.
[0178] Un autre mode de réalisation de l'invention est illustré aux figures 18 à 20.
[0179] Dans cet autre mode, l'évaporateur Z
E comprend une pluralité d'inserts poreux 15 en graphite, chacun de préférence sous
la forme d'une feuille plane.
[0180] Un insert poreux 15 est en appui à l'intérieur d'une encoche longitudinale 16 prévue
à cet effet dans une plaque intercalaire 20.
[0181] Le condenseur Zc comprend également une pluralité d'inserts poreux 17 en graphite,
chacun de préférence sous la forme d'une feuille plane, comme montré sur la figure
18. Le matériau constitutif des inserts poreux 17 peut être le même que celui des
inserts poreux 15.
[0182] L'empilement des plaques intercalaires 20 est réalisé en alternant entre deux plaques
intercalaires un insert poreux 15 à l'évaporateur Z
E, et un insert poreux 17 au condenseur Zc. Puis, les deux plaques de fermeture 22
sont disposées aux extrémités de l'empilement pour fermer le ou les canaux 11, 12,
13. L'empilement est réalisé de sorte à ce qu'un insert poreux 15 et un insert poreux
17 soient pris en sandwich entre deux plaques intercalaires 20 ou entre une plaque
intercalaire 20 et une plaque de fermeture 22 en étant comprimés.
[0183] Dans cet autre mode, l'insert poreux 15 et l'insert poreux 17 s'étendent à travers
toute la largeur selon la direction Y à la fois des canaux liquide 11, de liaison
12 et vapeur 13.
[0184] Ici, la partie centrale d'un insert poreux 15 ou d'un insert poreux 17 selon la direction
Y est au-dessus d'un unique canal liquide 11 qui est central et qui est relié à deux
canaux vapeur 13 de part et d'autre par l'intermédiaire d'un canal de liaison 12.
[0185] L'insert poreux 15 permet par capillarité d'amener le liquide du canal central 11
vers les deux canaux vapeur 13 où il s'évapore en surface.
[0186] La zone adiabatique Z
A est quant à elle exempte d'inserts.
[0187] Cet autre mode est avantageux par rapport aux exemples 3 à 6 précités car même si
la limite capillaire est diminuée, il permet d'améliorer la résistance thermique au
condenseur Zc.
[0188] La figure 21 illustre une variante avantageuse selon laquelle les plaques de fermeture
22 d'un empilement définissant une enceinte de caloduc selon l'invention, sont de
plus grande surface dans le plan XY, afin de les utiliser comme diffuseurs thermiques
pour étaler le flux de chaleur sur une zone plus large, au niveau de l'évaporateur
et/ou du condenseur.
[0189] Dans le cadre de l'invention, on peut réaliser un caloduc plus ou moins large suivant
les zones évaporateur, adiabatique et condenseur, ce qui permet d'optimiser la masse
du caloduc.
[0190] Dans le cas d'un flux perpendiculaire aux plaques 20, 22, cela permet d'augmenter
la surface d'échange à l'évaporateur, et/ou au condenseur et donc minimiser les résistances
thermiques externes.
[0191] Dans le cas d'un flux de chaleur parallèle au plan des plaques 20, 22, la taille
des canaux liquides et/ou vapeur est augmentée, permettant d'augmenter la limite capillaire
du caloduc.
[0192] En l'absence de canaux liquides 11 sous un insert poreux 15 ou 17, et donc avec un
retour capillaire du liquide uniquement dans ledit insert 15 ou 17, il est préférable
d'augmenter la largeur de l'insert poreux 15 là où se trouvent les canaux liquides
11, afin de limiter les pertes de pression dans celui-ci, comme illustré à la figure
22.
[0193] La figure 23 illustre une variante avantageuse dans laquelle les structurations 14
de l'évaporateur et le cas échéant du condenseur comprennent une pluralité de plots
18 répartis uniformément dans les canaux de liaison 12 le long de la direction (X).
Ces plots 18 permettent d'assurer un maintien mécanique de l'insert poreux . La présence
de ces plots 18 peut être réalisée pour les exemples avec canaux liquides sur les
côtés ou centraux comme sur cette figure 23.
[0194] Les découpes des canaux de liaison 12 peuvent être réalisées droites, ou avec une
forme ondulée (figure 24) ou en dent de scie (figure 25) sur tout ou partie de la
longueur des canaux.
[0195] Cette forme réalisée au condenseur ZC permet d'obtenir des parois non mouillées par
le film de condensation aux sommets soit des ondulations soit des dents de scie. Cela
permet également d'augmenter le coefficient d'échange en condensation en minimisant
la résistance d'interface du film de condensation.
[0196] Un caloduc selon l'invention peut être rectiligne ou agencé dans différents plans.
Il est possible de réaliser un ou plusieurs changements de direction par la forme
des plaques 20, 22 et/ou des pliages sur l'enceinte 2 afin de se conformer à l'application
pour laquelle le caloduc est destiné. Les pliages peuvent être faits dans un ou plusieurs
plans suivant les besoins, à un angle de pliage quelconque.
[0197] Une limitation au pliage proviendrait d'un rayon de pliage trop faible comparé à
l'épaisseur du caloduc qui pourrait conduire à l'écrasement des canaux lors du pliage,
et au délaminage des plaques assemblées ensemble.
[0198] Il n'est par ailleurs pas possible de plier le caloduc dans la zone évaporateur,
du fait de la fragilité des inserts poreux 15.
[0199] La figure 26 illustre une telle variante avec un caloduc comprenant une partie rectiligne
25 intégrant le condenseur ZC du caloduc et une autre partie rectiligne 26, coudée
à 90° de la partie rectiligne 25, qui intègre sur une partie de sa longueur l'évaporateur
Z
E. La zone adiabatique s'étend donc dans les deux parties rectilignes 25, 26 à 90°
l'une de l'autre.
[0200] Cette figure 26 montre également la présence d'ailettes 27 formant un radiateur au
condenseur ZC.
[0201] Elle montre enfin la présence d'un queusot de remplissage 28 qui permet de remplir
le caloduc avec le fluide de travail. Le queusot de remplissage peut être fixé sur
un orifice ménagé sur les plaques de fermeture 22, et perpendiculairement à celle-ci.
[0202] Les figures 27A à 27H illustrent différentes formes d'ailettes qui peuvent être utilisées
en tant que radiateur, à savoir des ailettes droites extrudées, des ailettes skivées,
des ailettes plissées : droites à section rectangulaire, à section triangulaire, ondulées,
de type OSF, droites perforées, à persienne.
[0203] On peut intégrer directement dans un caloduc un circuit liquide ou diphasique en
tant source chaude et/ou froide.
[0204] La figure 28 illustre une telle intégration : un circuit de refroidissement 30 dans
lequel est destiné à circuler un fluide caloporteur est directement en contact avec
le condenseur. Dans l'exemple représenté, le circuit de refroidissement 30 est formé
par une plaque supplémentaire 31, dans laquelle sont réalisées des rainures 32 définissant
les parois latérales du circuit, et la plaque de fermeture 22 et une plaque de fermeture
supplémentaire 22 forment les parois d'extrémité du circuit de refroidissement. La
plaque de fermeture 22 comporte deux orifices 29 débouchant chacun à une extrémité
du circuit et permettant la circulation du fluide caloporteur.
[0205] D'autres avantages et améliorations pourront être apportés sans pour autant sortir
du cadre de l'invention.
[0206] L'invention n'est pas limitée aux exemples qui viennent d'être décrits; on peut notamment
combiner entre elles des caractéristiques des exemples illustrés au sein de variantes
non illustrées.
[0207] Toutes les variantes peuvent être combinées ou non entre elles : on peut par exemple
avoir des rainures longitudinales non débouchantes 16 combinées avec des canaux de
liaison transversaux 12 sur toute la hauteur des plaques intercalaires 20, par exemple
en quinconce, et le cas échéant avec des rainures longitudinales de brasage à l'interface
entre plaques 20 ou 20, 22.
[0208] Un caloduc est rempli d'un fluide diphasique, il peut s'agir d'un fluide bien connu
de l'homme du métier. Celui-ci est choisi par exemple en fonction de la gamme de température
de fonctionnement et de stockage du dispositif, en fonction des contraintes dues à
la pression, l'inflammabilité, la toxicité du fluide et de la compatibilité chimique
entre le fluide et le matériau formant le caloduc.
[0209] De plus, certains fluides ne sont pas compatibles avec certains matériaux, des réactions
d'oxy-réduction pouvant conduire à des phénomènes corrosifs impliquant des produits
de réaction, par exemple des gaz incondensables, dégradant le fonctionnement hydrodynamique
des caloducs.
[0210] A titre d'exemple, pour un caloduc selon l'invention réalisé en alliage d'aluminium
en nickel, en cuivre ou en alliage à base d'une combinaison d'entre eux, assemblé
par brasure eutectique, on peut utiliser comme fluide l'ammoniac, l'eau, l'acétone,
le méthano.... Le fluide de remplissage privilégié est l'ammoniac (NH3).
[0211] Du fait des limites d'utilisation, entre les fluides de travail et les métaux cités,
les couples envisagés peuvent être comme suit :
Fluide de travail |
Métal(ux) du caloduc |
Ammoniac |
Aluminium, acier, acier inoxydable, nickel |
Méthanol |
Cuivre, acier inoxydable |
Acétone |
Aluminium, acier inoxydable |
Eau |
Cuivre, nickel, titane |
Liste des références citées