[0001] La présente invention concerne le domaine des poudres d'alliage métallique sensibles
à l'oxygène et en particulier la protection de ces poudres d'alliages métalliques
contre l'oxydation. Selon un second aspect, l'invention propose un procédé de stockage
desdites poudres d'alliages métalliques.
[0002] Les poudres métalliques sensibles à l'oxygène, par exemple les poudres pyrophoriques,
doivent être protégées de l'oxydation par un matériau inerte, notamment pour faciliter
leur manipulation et leur stockage. En vue de leur utilisation ultérieure, lorsque
ces poudres sont protégées par un enrobant, celui-ci doit être dégradé sans laisser
de contamination organique durant la mise en oeuvre de la poudre d'alliage métallique
à hautes températures. Aucun résidu contaminant susceptible de modifier les propriétés
des poudres ne doit perdurer. Parmi les solutions disponibles à ce jour, l'une d'entre
elles utilise un enrobage de substrats massifs métalliques par une composition de
copolymère éthylène alcool vinylique (EVOH), peu perméable à l'oxygène et à la vapeur
d'eau, combiné à une faible quantité de silanes pour augmenter l'hydrophobie de l'enrobage.
Cette composition forme une protection efficace contre l'oxydation de substrats massifs
métalliques. Toutefois, l'utilisation d'un tel enrobage pour protéger des poudres
sensibles à l'oxydation, à la place de substrats massifs, conduirait à la pollution
de la poudre d'alliage métallique par des atomes de silicium résiduels de la dégradation
thermique de l'enrobant à haute température. Ces résidus de silicium sont susceptibles
de modifier la composition de la poudre d'alliage et donc de modifier ses propriétés.
Ainsi, contrairement à l'enrobage de substrats massifs, ces résidus auraient pour
effet d'impacter la qualité du frittage réalisé ultérieurement sur ces poudres d'alliage
métalliques contaminées.
[0003] Le même inconvénient est susceptible de se produire avec la poudre de l'alliage de
NdFeB. Cet alliage métallique est un matériau pyrophorique et très sensible à la contamination
en oxygène. Il est utilisé dans la réalisation d'aimants permanents, par exemple par
un procédé PIM (acronyme anglo saxon de Powder Injection Molding), pour lesquels les
performances magnétiques (rémanence et coercivité) sont fortement impactées par la
présence de carbone ou d'oxygène résiduel. Il est donc important de proposer une protection
efficace contre l'oxydation, qui ne laisse pas de résidus après sa dégradation par
pyrolyse, à l'issue du de la réalisation des aimants permanents, avant l'étape de
frittage de la poudre d'alliage métallique.
[0004] Un des buts de la présente invention est de pallier au moins l'un des inconvénients
précités. A cet égard, la présente invention propose une poudre d'alliage métallique
protégée comprenant :
- une poudre d'alliage métallique sensible à l'oxygène,
- un enrobant organique formé d'au moins un matériau organique imperméable à l'oxygène
et à la vapeur d'eau, l'enrobant organique enveloppant la poudre d'alliage métallique
de sorte à empêcher l'oxydation de ladite poudre d'alliage métallique.
[0005] Ainsi enrobée, la poudre d'alliage métallique est efficacement protégée de l'oxydation
car le contact avec l'oxygène de l'air ou la vapeur d'eau est évité. La poudre peut
ainsi être manipulée ou stockée en toute sécurité dans une boite à gant pendant au
moins 1 mois, ou plusieurs heures sous air à température ambiante, avant son utilisation
finale.
[0006] Selon une possibilité, la poudre d'alliage métallique est protégée par une protection,
la protection étant destinée à être retirée sans laisser de contamination, par pyrolyse
entre 100 et 700°C, en particulier entre 200 et 450°C, notamment par traitement thermique
de pré-frittage, la poudre d'alliage métallique protégée comprenant une poudre d'alliage
métallique sensible à l'oxygène, ladite protection étant constituée d'un enrobant
organique imperméable à l'oxygène et à la vapeur d'eau, l'enrobant organique enveloppant
la poudre d'alliage métallique de sorte à empêcher l'oxydation de ladite poudre d'alliage
métallique.
[0007] Selon une disposition, la poudre d'alliage métallique présente des grains d'une taille
comprise entre 0,1 et 100 µm.
[0008] De manière concrète, la taille des grains de la poudre d'alliage métallique de NdFeB
est d'environ 5 µm.
[0009] Selon une possibilité, l'enrobant organique est totalement constitué de matériau
organique. Ainsi l'enrobant ne contient aucun élément inorganique susceptible de rester,
même à l'état de trace, sur la poudre d'alliage après le retrait de l'enrobant organique.
La contamination et les modifications des propriétés de la poudre d'alliage métallique
sont alors évitées.
[0010] Selon une disposition, l'enrobant organique est thermiquement dégradable et sa dégradation
génère un taux de résidus inférieur à 1000 ppm en carbone et de préférence inférieur
à 500 ppm en carbone. Grâce à ces propriétés, l'enrobant organique peut être facilement
retiré par simple pyrolyse à haute température, notamment dans une plage de température
comprise entre 100°C et 700°C, sans affecter la poudre d'alliage métallique. Compte
tenu de la nature organique de l'enrobant, les résidus sont principalement du carbone
et de l'oxygène et l'invention permet avantageusement de limiter leur présence résiduelle
sur la poudre d'alliage métallique. Après retrait de l'enrobant organique par pyrolyse,
la composition de la poudre d'alliage métallique récupérée n'est pas modifiée et un
frittage peut avoir lieu dans les conditions classiques sans observer aucune perturbation.
[0011] Selon une possibilité, la dégradation thermique de l'enrobant a lieu pendant l'étape
de déliantage thermique des pièces vertes, constituées de l'ensemble poudre métallique
enrobée et autres liants.
[0012] Selon une disposition, une rampe en température est appliquée avec une vitesse la
plus faible possible, (par exemple +1 °C/min, voire en deçà), de la température ambiante
jusqu'à une température maximale à laquelle la microstructure de la poudre risquerait
d'être modifiée. Sur cette rampe, sont fixés des plateaux isothermes permettant de
dégrader préférentiellement chacun des liants.
[0013] Lorsque l'enrobant est par exemple en EVOH ou l'EVA, un pallier entre 250 et 400°C
est appliqué pour sa dégradation. Le mode de dégradation dépend ensuite de la nature
de l'enrobant: par exemple hydrolyse des ramifications dans un premier temps et scission
des chaines de polyéthylène ensuite.
[0014] Selon une possibilité, l'enrobant organique est configuré de telle que sorte que
le taux d'oxygène est inférieur à 5000 ppm au sein de la poudre d'alliage métallique
protégée et reste constant pendant plusieurs heures sous air à température ambiante.
Ceci permet de garantir d'excellentes conditions de stockage et de manipulation de
la poudre d'alliage métallique.
[0015] De manière concrète, l'enrobant organique présente un taux de transmission à l'oxygène
(OTR) inférieur à 10 cm
3.mm.m
-2.j
-1.atm
-1, par exemple inférieur à 1 cm
3.mm.m
-2.j
-1.atm
-1 et un taux de transmission de la vapeur d'eau (WVTR) inférieur à 10 g.mm.m
-2.j
-1, par exemple inférieur à 5 g.mm.m
-2.j
-1.
[0016] L'expression 'taux de transmission de la vapeur d'eau' est également connue de l'homme
de l'art sous l'expression WVTR, acronyme anglosaxon de Water Vapor Transmission Rate.
De même, l'expression 'taux de transmission à l'oxygène' est également connue de l'homme
de l'art sous l'expression OTR, acronyme anglosaxon de Oxygen Transmission Rate.
[0017] Selon une possibilité, l'enrobant organique présente une épaisseur comprise entre
10 nm et 100 µm. Cette fine épaisseur suffit à protéger la poudre d'alliage métallique.
L'enrobant organique fourni donc une solution efficace, elle nécessite une faible
quantité de matériau, elle est facilement mise en oeuvre et est peu coûteuse.
[0018] Selon une disposition, la poudre d'alliage métallique protégée se présente sous la
forme d'une pluralité de granulats organiques, chacun des granulats organiques comprenant
un ou plusieurs grains de la poudre d'alliage métallique. Le diamètre moyen des granulats
organiques est compris entre 1 µm et quelques dizaines de millimètres, selon le nombre
de grains de poudre qui y est enrobé. Le fait d'obtenir une poudre d'une granulométrie
légèrement supérieure à celle de la poudre d'alliage métallique initiale permet d'utiliser
les mêmes outils de manipulation que ceux traditionnellement utilisés pour la poudre
sans l'enrobant organique et avec moins de précaution contre l'oxydation.
[0019] Selon une variante de mise en oeuvre de l'invention, l'enrobant organique présente
une forme globale d'enveloppe scellée hermétiquement, l'enveloppe contenant l'ensemble
de la poudre d'alliage métallique. Par exemple, l'enrobant organique est utilisé sous
forme de film conformé en enveloppe (ou sachet) hermétiquement scellée dans laquelle
la poudre d'alliage métallique est ensachée. Ceci permet une manipulation et un stockage
de la poudre d'alliage métallique facilités.
[0020] De manière concrète, le matériau organique comprend un polymère organique choisi
parmi les copolymères d'éthylène alcool vinylique (EVOH), les copolymères éthylène-acétate
de vinyle (EVA), et un mélange de ces copolymères. Comme on le verra par la suite,
le polymère organique est mis en oeuvre par fusion, par dissolution dans un solvant
ou sous la forme d'un film. Il n'est pas réticulé sur la poudre d'alliage métallique.
[0021] Par ailleurs, il est entendu que le taux d'alcool vinylique et d'acétate de vinyle
respectivement dans les copolymères d'EVOH et d'EVA est choisi de sorte que ces derniers
présentent un taux de transmission à l'oxygène (OTR) inférieur à 10 cm
3.mm.m
-2.j
-1.atm
-1, et un taux de transmission de la vapeur d'eau (WVTR) inférieur à 10 g.mm.m
-2.j
-1. Par exemple, le taux d'alcool vinylique et d'acétate de vinyle est compris entre
1 % et 60% mol.
[0022] Selon une possibilité, l'enrobant organique comprend en outre d'un matériau anti-oxydant
de sorte à compléter la protection fournie par le matériau organique imperméable,
la teneur en matériau anti-oxydant étant notamment inférieure à 5 % massique. Le matériau
anti-oxydant est une matière organique et ne laisse pas de résidu suite à la pyrolyse.
Il est choisi par exemple parmi de l'hydroxytoluène butylé (BHT), du1-amino-4-methylpiperazine
(AMP), du 5-Methyl-1H-Benzothiazole (5-mBTA), de l'Acide ascorbique (vitamine C),
du 2-Mercaptobenzothiazole (2-MBT) et un mélange d'au moins deux de ces matériaux
anti-oxydant.
[0023] Selon une disposition, l'enrobant organique comprend un matériau inhibiteur de corrosion
de sorte à compléter la protection fournie par le matériau organique imperméable,
la teneur en matériau inhibiteur de corrosion étant notamment inférieure à 5 % massique.
Le matériau inhibiteur de corrosion est une matière organique, telle que des dérivés
d'acide tannique, de l'alcool propargylique de l'ammonium quaternaire et des imidazolines,
et ne laisse pas de résidu suite à une pyrolyse.
[0024] Selon une variante, l'enrobant organique comprend un matériau anti-oxydant et un
matériau inhibiteur de corrosion tels que précédemment décrits.
[0025] Selon une réalisation particulière de l'invention la poudre d'alliage métallique
est en NdFeB et/ou en SmCo.
[0026] Selon d'autres caractéristiques, la poudre d'alliage métallique protégée selon l'invention
comporte une ou plusieurs des caractéristiques optionnelles suivantes considérées
seules ou en combinaison :
- Le rapport d'enrobant organique sur la poudre d'alliage métallique est compris entre
0,001 à 5% en poids, notamment entre 0,1 et 4% en poids.
- L'enrobant organique est uniquement formé de matériau(x) organique(s).
- L'enrobant organique est seulement constitué d'un matériau organique, d'un anti-oxydant
et/ou d'un matériau inhibiteur de corrosion.
- L'enrobant organique est totalement inerte vis-à-vis de la poudre d'alliage métallique.
- L'enrobant organique est dépourvu de dérivés inorganiques, et notamment des dérivés
de silicium, de sorte à ne pas impacter les propriétés de la poudre d'alliage métallique.
- L'enrobant organique est imperméable.
- Les matériaux organiques constitutifs de l'enrobant organique sont imperméables.
- La dégradation thermique de l'enrobant est obtenue par une étape pyrolyse, notamment
pendant une étape de déliantage.
- L'étape de pyrolyse de dégradation thermique de l'enrobant, notamment une étape de
pré-frittage, est réalisée à une température comprise entre 100°C et 700°C, par exemple
entre 200°C et 450°C.
[0027] Selon un autre aspect, l'invention propose un procédé de stockage avant frittage
d'une poudre d'alliage métallique sensible à l'oxygène, le procédé comprenant les
étapes suivantes :
- fournir une poudre d'alliage métallique sensible à l'oxygène,
- envelopper la poudre d'alliage métallique par un enrobant organique formé d'au moins
un matériau organique imperméable à l'oxygène et à la vapeur d'eau, de sorte à former
une protection à ladite poudre d'alliage métallique et obtenir la poudre d'alliage
métallique protégée telle que précédemment décrite
- stocker la poudre d'alliage métallique protégée pendant au moins un mois dans un environnement
sous gaz inerte, telle qu'une boite à gant, ou plusieurs heures sous air à température
ambiante, et
- appliquer un traitement thermique à une température comprise entre 100°C et 700°C,
de sorte à permettre la dégradation de l'enrobant organique et récupérer ladite poudre
d'alliage métallique avec un taux de résidus provenant de la dégradation de l'enrobant
organique inférieur à 1000 ppm de carbone, en vue du frittage de la poudre d'alliage
métallique.
Ainsi, grâce au procédé de l'invention, il est possible de stocker en toute sécurité
et sans dégradation de la poudre d'alliage métallique sensible à l'oxygène. Une fois
le traitement thermique de pré frittage réalisée, la protection laisse très peu de
résidu, ce qui garantit l'absence interférence sur le processus de frittage ultérieur
et n'affecte pas les propriétés initiales de l'alliage métallique et ne dégrade pas
ses performances dans l'application visée.
[0028] D'autres aspects, buts et avantages de la présente invention apparaîtront mieux à
la lecture de la description suivante des différentes variantes de réalisation de
celle-ci, données à titre d'exemple non limitatif et fait en référence aux dessins
annexés. Les figures ne respectent pas nécessairement l'échelle de tous les éléments
représentés de sorte à améliorer leur lisibilité. Dans la suite de la description,
par souci de simplification, des éléments identiques, similaires ou équivalents des
différentes formes de réalisation portent les mêmes références numériques :
- [Fig.1] illustre de façon schématique une poudre d'alliage métallique protégée selon
un premier mode de réalisation de l'invention.
- [Fig.2] illustre des courbes de cinétiques de prise de masse à 30°C de poudres métalliques
protégées par différents enrobants.
- [Fig.3] illustre des courbes de cinétiques de prise de masse à 130°C de poudres métalliques
protégées par différents enrobants.
[0029] Comme illustré sur la figure 1, une poudre d'alliage métallique 1, par exemple du
NdFeB qui est pyrophorique et donc sensible à l'oxygène, est protégée par un enrobant
organique 2 uniquement formé par un matériau organique imperméable à l'oxygène et
la vapeur d'eau. Le matériau organique utilisé ici est un copolymère EVOH obtenu avec
un taux d'alcool vinylique d'environ 60% de sorte à présenter un taux de transmission
à l'oxygène (OTR) inférieur à 10 cm
3.mm.m
-2.j
-1.atm
-1 et un taux de transmission de la vapeur d'eau (WVTR) inférieur à 10 g.mm.m
-2.j
-1. Selon d'autres possibilités non visibles sur les figures, le matériau organique
est choisi parmi l'éthylène-acétate de vinyle (EVA), l'éthylène alcool vinylique (EVOH)
et un mélange de ces polymères.
[0030] Selon une autre variante de réalisation non illustrée, l'enrobant organique 2 est
en outre formé d'un matériau anti-oxydant et/ou un matériau inhibiteur de corrosion
de sorte à renforcer la protection de la poudre d'alliage métallique 1 contre l'oxydation.
La concentration cumulée de ces deux matériaux anti-oxydant et inhibiteur de corrosion
est au plus de 10 % massique.
[0031] L'enrobant organique 2 présente une épaisseur comprise entre 10 nm et 100 µm. Comme
illustré, la poudre d'alliage métallique protégée 100 prend la forme de granulats
organiques qui contiennent entre un et plusieurs grains de la poudre 1 de NdFeB. Les
granulats organiques présentent un diamètre moyen compris entre un µm et plusieurs
millimètres, selon le nombre de grains enrobés et la taille de chacun des grains.
Ainsi, l'enrobant 2 enveloppe totalement le grain de poudre d'alliage métallique 1
ou quelques grains ensembles, dans chacun des granulats.
[0032] La poudre d'alliage métallique protégée 100 peut être obtenue par voie fondue. La
voie fondue comprend tout d'abord le chauffage du matériau organique polymère à une
température supérieure à sa température de fusion de sorte à le rendre fluide. La
poudre d'alliage métallique 1 est ensuite ajoutée au fluide sous agitation, idéalement
sous atmosphère inerte (argon, azote) de sorte à ne pas oxyder la poudre à cette étape.
Le mélange est laissé revenir à température ambiante et la poudre d'alliage métallique
enrobée 100, formant des granulats est récupérée. La poudre d'alliage métallique 1
est alors efficacement protégée contre l'oxydation.
[0033] Selon un autre exemple de réalisation, l'enrobant organique 2 et la protection contre
l'oxydation est obtenue par voie solvant. Le matériau organique (0,7 g de EVA) est
dissout dans un solvant anhydre (150 ml de chloroforme) et la poudre d'alliage 1 (100g
de NdFeB) y est ajoutée sous agitation, de préférence sous atmosphère inerte dans
un ballon. L'agitation peut être réalisée par un évaporateur rotatif sous argon. Une
fois un mélange homogène obtenu (quelques minutes), le solvant est évaporé par l'évaporateur.
Cette particularité permet de réaliser des cycles de remplissage/pompage de l'évaporateur
rotatif pour limiter la présence d'oxygène lors de l'enrobage. Une fois le solvant
éliminé, l'enrobant organique 2 est fixé sur la poudre d'alliage métallique 1 et on
obtient la poudre d'alliage métallique protégée 100 qui est alors stockée sous forme
de granulats en boite à gants, sous gaz inerte.
[0034] Afin de vérifier l'efficacité de la protection, des tests d'oxydation sont réalisés
sur différentes poudres d'alliage métalliques protégées 100 à différentes températures.
Les résultats des tests sont consignés sur les courbes des figures 2 et 3 ci-dessous.
[0035] Pour réaliser ces tests, la poudre d'alliage métallique protégée 100 est introduite
dans un creuset adapté à l'analyse thermogravimétrique (ATG analyseur STA449F1 - Netzsch,
Allemagne) en boîte à gants. La poudre 100 y est recouverte d'un solvant inerte vis
à vis de l'enrobage et imperméable à l'air, tel que l'hexane. Le creuset est transporté
jusqu'à l'ATG dans une bouteille imperméable. Le creuset est introduit dans l'ATG,
le solvant protégeant la poudre de l'oxydation lors de la transition entre la bouteille
et le four de l'ATG. Le vide est fait dans le four jusqu'à évaporation complète du
solvant. Le four est ensuite rempli d'argon et régulé à la température désirée. Une
fois la balance stabilisée, une partie de l'argon est remplacée par de l'air, ce qui
permet de suivre l'oxydation de la poudre, à la température sélectionnée pour les
tests. Un premier test est réalisé à 30°C pour comparer l'efficacité de différents
enrobants pendant le stockage de la poudre à l'air libre (ou entre deux étapes du
procédé PIM) et un second test est réalisé à 130°C pour comparer l'efficacité de différents
enrobants aux températures de préparation du mélange « poudres inorganiques + polymères
injectables », un enrobant efficace devant protéger la poudre pendant cette étape
à haute température.
[0036] La figure 2 illustre les cinétiques de reprise en oxygène à 30 °C d'une poudre d'alliage
métallique 1 de NdFeB (nue), d'une poudre protégée par un enrobant 2 à l'acide stéarique
(AS), d'une poudre protégée par un enrobant 2 au polyéthylène LLDPE, et d'une poudre
protégée par un enrobant 2 en copolymère éthylène-acétate de vinyle (EVA) contenant
18 %mol d'acétate de vinyle. Comme on peut le voir sur cette figure 2 :
- A 30°C, une poudre de NdFeB placée sous air, s'oxyde rapidement (+400 ppm en 3h).
- Un enrobage à l'acide stéarique (AS) n'est clairement pas efficace, avec une prise
en masse qui semble plus importante. Ce test était intéressant à réaliser car l'AS
est un tensioactif, conventionnellement utilisé dans les mélanges PIM, pour améliorer
l'interface poudre/polymère. La partie polaire (carboxyle) se positionne du côté du
métal ; la partie alcane côté polymère. Il permet surtout de limiter l'augmentation
des propriétés rhéologiques induites par l'incorporation de la poudre métallique dans
la formulation de polymères injectable.
- Un enrobage avec un polyéthylène permet de ralentir légèrement cette oxydation.
- Les meilleurs résultats sont obtenus avec une poudre enrobée à l'EVA, qui ne s'oxyde
que de 100-120 ppm en 3h. L'oxydation peut être limitée à 50 ppm, la première heure
de manipulation.
[0037] La figure 3 illustre les cinétiques d'oxydation à 130 °C, d'une poudre de NdFeB brute
(nue) ou enrobée à l'acide stéarique (AS), au polyéthylène LLDPE, avec un copolymère
éthylène-acétate de vinyle (EVA) contenant 18 % mol d'acétate de vinyle, ou avec un
copolymère éthylène alcool vinylique (EVOH) contenant 11% mol d'alcool vinylique et
7 % mol d'acétate de vinyle. Les conclusions que l'on peut tirer de ces cinétiques
sont identiques à celles tirées des cinétiques réalisées à 30°C : les enrobants à
l'EVA ou à l'EVOH fournissent les meilleures protections contre l'oxydation de la
poudre. Ceci illustre le fait que l'enrobage avec ces matériaux permet de protéger
la poudre pendant cette étape à haute température (NB : l'enrobant est toujours présent
autour de la poudre à 130°C)
[0038] Lorsque la poudre d'alliage métallique 1 est préparée en vue de son utilisation finale,
notamment dans un procédé PIM, il est nécessaire de retirer l'enrobant organique 2
de la poudre protégée 100 sans laisser de contaminants pouvant modifier la composition
de l'alliage et altérer ses propriétés physiques. Après mise en oeuvre de la poudre
d'alliage protégée 100, les pièces sont alors portées à une température comprise entre
100°C et 700°C selon le matériau organique utilisé, de sorte à obtenir la pyrolyse
de celui-ci. Une fois terminée, du fait de la composition de l'enrobant en matière(s)
organique(s) 2, la pyrolyse conduit à un taux de résidu inférieur à 1000 ppm, voire
500 ppm en carbone, voire moins ou pas du tout de résidus. Ceci est très avantageux
car les résidus peuvent comprendre du carbone et de l'oxygène susceptibles d'impacter
la poudre 1. Un matériau organique anti-oxydant et/ou anti-corrosion est avantageusement
ajouté à la composition de l'enrobant organique 2.
[0039] Ainsi, la présente invention propose une poudre d'alliage métallique protégée 100
de l'oxygène de l'air ou de la vapeur d'eau par un enrobant organique 2 simple à mettre
en oeuvre, peu coûteux et très efficace. De plus, l'enrobant organique 2 est facilement
retiré par pyrolyse en laissant très peu ou pas du tout de résidus pouvant impacter
poudre d'alliage métallique 1.
1. Poudre d'alliage métallique protégée (100) comprenant :
- une poudre d'alliage métallique (1) sensible à l'oxygène,
- un enrobant organique (2) formé d'au moins un matériau organique imperméable à l'oxygène
et à la vapeur d'eau, l'enrobant organique (2) enveloppant la poudre d'alliage métallique
(1) de sorte à empêcher l'oxydation de ladite poudre d'alliage métallique (1).
2. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon la revendication 1, la poudre d'alliage
métallique protégée (100) étant protégée par une protection destinée à être retirée
sans laisser de contamination, ladite protection étant constituée de l'enrobant organique
(2) imperméable à l'oxygène et à la vapeur d'eau, l'enrobant organique (2) imperméable
enveloppant la poudre d'alliage métallique (1) de sorte à empêcher l'oxydation de
ladite poudre d'alliage métallique protégée (100).
3. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon la revendication 2, dans laquelle
l'enrobant organique (2) imperméable enveloppe la poudre d'alliage métallique (1)
de manière à garantir un taux d'oxygène inférieur à 5000 ppm au sein de ladite poudre
d'alliage métallique protégée (100).
4. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 2 à 3, dans
laquelle l'enrobant organique (2) imperméable de la protection comprend une composition,
notamment une teneur en carbone, telle que les résidus après pyrolyse de la protection,
notamment par pré-frittage, contiennent moins de 1000 ppm de carbone.
5. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 4, dans
laquelle l'enrobant organique (2) est thermiquement dégradable et sa dégradation génère
un taux de résidus inférieur à 1000 ppm de carbone.
6. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 5, dans
laquelle l'enrobant organique (2) est configuré de telle sorte que le taux d'oxygène
est inférieur à 5000 ppm au sein de ladite poudre d'alliage métallique protégée (100)
et reste constant pendant plusieurs heures sous air à température ambiante.
7. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 6, dans
laquelle l'enrobant organique (2) présente un taux de transmission à l'oxygène (OTR)
inférieur à 10 cm3.mm.m-2.j-1.atm-1 et un taux de transmission de la vapeur d'eau (WVTR) inférieur à 10 g.mm.m-2.j-1.
8. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 7, dans
laquelle l'enrobant organique (2) présente une épaisseur comprise entre 10 nm et 100
µm.
9. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 8, la
poudre d'alliage métallique protégée (100) se présentant sous la forme d'une pluralité
de granulats organiques, chacun des granulats organiques comprenant un ou plusieurs
grains de la poudre d'alliage métallique (1).
10. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 9, dans
laquelle l'enrobant organique (2) présente une forme globale d'enveloppe scellée hermétiquement,
l'enveloppe contenant l'ensemble de la poudre d'alliage métallique (1).
11. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 10,
dans laquelle le matériau organique comprend un polymère organique choisi parmi les
copolymères d'éthylène alcool vinylique (EVOH), les copolymères éthylène-acétate de
vinyle (EVA), et un mélange de ces copolymères.
12. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 11,
dans laquelle l'enrobant organique (2) comprend en outre :
- un matériau anti-oxydant de sorte à compléter la protection fournie par le matériau
organique imperméable, la teneur en matériau anti-oxydant étant notamment inférieure
à 5 % massique, et/ou
- un matériau inhibiteur de corrosion de sorte à compléter la protection fournie par
le matériau organique imperméable, la teneur en matériau inhibiteur de corrosion étant
notamment inférieure à 5 % massique.
13. Poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 12,
dans laquelle la poudre d'alliage métallique (1) est en NdFeB et/ou en SmCo.
14. Procédé de stockage avant frittage d'une poudre d'alliage métallique (1) sensible
à l'oxygène, le procédé comprenant les étapes suivantes :
- fournir une poudre d'alliage métallique (1) sensible à l'oxygène,
- envelopper la poudre d'alliage métallique (1) par un enrobant organique (2) formé
d'au moins un matériau organique imperméable à l'oxygène et à la vapeur d'eau, de
sorte à former une protection à ladite poudre d'alliage métallique (1) et obtenir
la poudre d'alliage métallique protégée (100) selon l'une des revendications 1 à 13,
- stocker la poudre d'alliage métallique protégée (100) pendant au moins un mois dans
un environnement sous gaz inerte, telle qu'une boite à gant, ou plusieurs heures sous
air à température ambiante, et
- appliquer un traitement thermique à une température comprise entre 100°C et 700°C,
par exemple entre 200°C et 450°C, de sorte à permettre la dégradation de l'enrobant
organique (2) et récupérer ladite poudre d'alliage métallique (1) avec un taux de
résidus provenant de la dégradation de l'enrobant organique (2) inférieur à 1000 ppm
en carbone, en vue d'un frittage de la poudre d'alliage métallique (1).