Domaine technique
[0001] La présente invention concerne le domaine des centrales nucléaires, en particulier
celles comprenant des réacteurs nucléaire à eau pressurisée (REP). Plus particulièrement,
elle concerne le domaine des petits réacteurs dits de petite ou moyenne puissance
ou SMR en anglais (acronyme de « Small Modular Reactor »), à vocation calogène.
[0002] L'invention a ainsi pour objectif principal la simplification forte de l'exploitation
d'un réacteur REP à vocation calogène qui fonctionne à basse pression, typiquement
inférieure à 15 bar et qui est destiné à fournir une relativement faible puissance
thermique, de l'ordre de quelques dizaines de MWth.
[0003] En particulier, l'invention vise à réaliser un couplage entre un réacteur nucléaire
et un stockage de chaleur pour lisser la production de chaleur du réacteur, jusqu'à
pouvoir le faire fonctionner toute l'année à 100% de sa puissance en se servant du
stockage pour gérer l'intermittence de consommation d'un réseau de chaleur basse température,
typiquement inférieure à 100°C, auquel le réacteur est destiné. Il peut s'agir d'un
réseau de chaleur urbain, rural ou industriel.
[0004] Par « réacteur SMR », on entend ici et dans le cadre de l'invention, le sens technologique
usuel, à savoir un réacteur nucléaire à fission, de taille et puissance plus faibles
que celles des réacteurs conventionnels REP, qui est fabriqué en usine et transporté
sur un site d'implantation nucléaire pour y être installé.
[0005] Bien que décrite en référence à un réacteur SMR à vocation calogène à convection
naturelle des fluides aux circuits primaire et secondaire, l'invention s'applique
à tout type de réacteur REP susceptible d'être immergé dans un bassin d'eau avec ses
circuits primaire et secondaire à convection naturelle ou forcée.
[0006] Par « réacteur SMR », on entend ici et dans le cadre de l'invention, le sens technologique
usuel, à savoir un réacteur nucléaire à fission, de taille et puissance plus faibles
que celles des réacteurs conventionnels REL, dont un bloc est fabriqué en usine et
transporté sur un site d'implantation nucléaire pour y être installé.
[0007] Par « bloc de réacteur », on entend ici et dans le cadre, la cuve, dite cuve de réacteur
ainsi que l'ensemble des composants et partie de circuit fluidique, notamment le coeur
du réacteur créant de la chaleur par des réactions nucléaires de fission, qui est
logé à l'intérieur de la cuve de réacteur.
[0008] Par « à vocation calogène », on entend ici et dans le cadre de l'invention, une installation
nucléaire, une centrale nucléaire ou un réacteur nucléaire dont la puissance est dédiée
majoritairement à la fourniture de chaleur. La puissance d'un réacteur à vocation
calogène peut être à 100% pour fournir de la chaleur. Une faible part de sa puissance
peut tout de même servir à fournir de l'électricité.
[0009] Par « à vocation électrogène », on entend ici et dans le cadre de l'invention, une
installation nucléaire, une centrale nucléaire ou un réacteur nucléaire dont la puissance
est dédiée majoritairement à la fourniture d'électricité. La puissance d'un réacteur
à vocation électrogène peut être à 100% pour fournir de l'électricité. Une faible
part de sa puissance peut tout de même servir à fournir de la chaleur.
Technique antérieure
[0010] Un des sujets actuels de développements pour les réacteurs nucléaires concerne les
réacteurs dits calogènes destinés à fournir un niveau de puissance thermique de quelques
dizaines de MWth, à des fins principalement de fourniture de chaleur dite urbaine,
c'est-à-dire dans des réseaux urbains, pour des villes/agglomérations de plusieurs
centaines de milliers d'habitants.
[0011] Parmi les différentes solutions technologiques qui fournissent de la chaleur à partir
d'une fission nucléaire, il est communément admis qu'à ce jour, les réacteurs à eau
pressurisée (REP) sont les plus adaptés pour fournir de la chaleur à relativement
basse température.
[0012] En effet, les réacteurs à eau bouillante (REB) ont pour vocation la production de
vapeur dans un circuit primaire directement exploitée dans un groupe turbo-alternateur
afin de produire de l'électricité.
[0013] Les réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération (RNR), fournissent une chaleur
à des niveaux de température au-delà des requis nécessaires, et ont principalement
comme inconvénients un coût de construction et d'exploitation qui les rend incompatibles
avec la fourniture exclusive de chaleur urbaine.
[0014] De même, les réacteurs à modérateur graphite et à caloporteur gaz sont destinés à
fournir de la chaleur à relativement haute température.
[0015] Enfin, les concepts émergeants de type réacteurs à sels fondus n'ont pas la maturité
technologique suffisante pour un déploiement à relativement court terme.
[0016] On rappelle qu'un réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) comprend trois cycles
(circuits fluidiques) dont le principe général de fonctionnement normal est le suivant.
[0017] L'eau sous haute pression d'un circuit primaire, prélève l'énergie fournie, sous
forme de chaleur, par la fission des noyaux d'uranium, et le cas échéant de plutonium,
dans le coeur du réacteur.
[0018] Ensuite, cette eau sous haute pression et haute température, typiquement 155 bars
et 300 °C, entre dans un générateur de vapeur (GV) et transmet son énergie à un circuit
secondaire, lui aussi utilisant de l'eau sous pression comme fluide caloporteur. Cette
eau sous forme de vapeur, à haute pression, typiquement à environ 70 bars, est ensuite
détendue via un organe de détente transformant la variation d'enthalpie du fluide
en travail mécanique puis électrique en présence d'une génératrice électrique.
[0019] L'eau du circuit secondaire, est ensuite condensée via un condenseur utilisant un
troisième cycle, le cycle tertiaire ou de refroidissement, comme source froide.
[0020] Les principes de conception des réacteurs REP selon ces trois cycles sont sensiblement
les mêmes depuis le début de la mise en service des premiers exploités.
[0021] Les principaux éléments d'un circuit primaire de REP sont montrés à la figure 1 :
- un bâtiment réacteur 1 assurant différentes fonctions dont notamment une contribution
à la fonction de sûreté de confinement,
- une cuve de réacteur 20, implantée au centre du bâtiment 1, logeant le coeur C du
réacteur,
- un circuit primaire 2 en eau pressurisée comprenant la cuve 20.
[0022] Ces principaux éléments sont donc communs, leur constitution et le nombre de composants
variant selon la puissance du réacteur.
[0023] Typiquement, l'enveloppe du bâtiment du réacteur 1 peut être constitué de plusieurs
épaisseurs. Par exemple, comme illustré à la figure 1, un bâtiment du réacteur 1 peut
être constitué d'une paroi extérieure en béton armé 12, d'une paroi intérieure en
béton précontraint 10 séparée de la paroi extérieure 12 par un espace annulaire 13
dénué de matière, et d'une peau métallique 11 sur l'intérieur de la paroi en béton
précontraint 10, pour un réacteur de 1650 MWe.
[0024] Comme illustré sur la figure 2, issue de la publication [1], le circuit primaire
2 est constitué des principaux composants suivants :
- une cuve de réacteur 20,
- des boucles primaires 21 comprenant chacune une pompe primaire 22 et un générateur
de vapeur 23,
- un unique pressuriseur 24.
[0025] En outre, on distingue sur cette figure 2, les mécanismes de barres de contrôle du
coeur de réacteur et de grappes de contrôle 25.
[0026] En fonction de la puissance du réacteur, le nombre de boucles peut être de trois
pour un réacteur de 900MWe ou 4 pour un réacteur de 1300 MWe et plus.
[0027] Le bâtiment du réacteur 1 est donc dimensionné, entres autres, pour loger l'intégralité
des composants du circuit primaire 2.
[0028] La figure 3 illustre le cycle de transfert d'énergie (chaleur puis électricité) d'un
réacteur REP. Sur cette figure 3, on distingue notamment la répartition du positionnement
des composants par rapport au bâtiment du réacteur 1, qui assure la fonction de troisième
barrière de confinement.
[0029] Les liaisons fluidiques entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment du réacteur
1 sont assurées par les lignes 30, 31 du circuit externe des générateurs de vapeur
23 vers le circuit secondaire 3 comprenant une turbine 32 relié au générateur électrique
33, un condenseur 34, une pompe alimentaire 35 et un réchauffeur non représenté.
[0030] Plus précisément, pour un générateur de vapeur 23 donné, le bâtiment du réacteur
1 est traversé par une ligne dite ligne chaude 30 qui évacue la vapeur du générateur
de vapeur 23 pour l'évacuation de la puissance et l'amener jusqu'à la turbine 32,
et par une ligne dite froide 31 qui alimente en eau liquide le générateur de vapeur
23.
[0031] Parmi les solutions déjà étudiées de réacteur REP à vocation calogène, on peut distinguer
trois principales catégories correspondant aux architectures principales de conception
du circuit primaire, à savoir respectivement les réacteurs dit de type « piscine »,
ceux à boucle(s) primaire(s), et ceux de type intégré généralement illustrés dans
les réacteurs de petite puissance, désignés sous l'acronyme anglo-saxon SMR (« Small
Modular Reactor »), à vocation électrogène. On pourra se référer aux publication [2]
et [3].
[0032] Un réacteur piscine a généralement été mis en oeuvre à titre expérimental avec une
faible puissance, typiquement de 10 MWth, : la pression dans le circuit primaire peut
être proche de la pression atmosphérique, impliquant à la fois des fluences neutroniques
modérées au sein du coeur, et la température du circuit primaire est limitée et voisine
de 100°C maximum. Dans ce réacteur piscine, la hauteur d'eau liquide au-dessus du
coeur permet toutefois d'augmenter légèrement la pression primaire au sein du coeur
fissile, tout en restant dans l'ordre de grandeur de quelque bar. L'avantage d'un
tel réacteur réside dans la simplicité de conception, la cuve de réacteur n'étant
pas considérée comme une enceinte soumise à la pression, le puits de cuve en béton
et son cuvelage interne étanche formant la cuve de réacteur entourant le circuit primaire.
C'est donc principalement le maintien de confinement radiologique, comme dans le cas
d'une piscine de stockage du combustible, qui régit la qualité de conception de ce
composant « sandwich » constitué du puits de cuve en béton et son cuvelage étanche
interne. La cuve réacteur en elle-même est assemblée sur site, et doit bien sûr résister
à toutes les agressions externes extrêmes, séisme majeur et chute d'avions notamment.
De plus, le béton doit être soumis à des températures compatibles avec le maintien
de ses caractéristiques mécaniques dans le temps. Ce type de conception n'est plus
mis en valeur actuellement du fait des contraintes fortes de démonstration de qualité
de réalisation et de contrôle sur site pour la réalisation de la deuxième barrière
de confinement d'une chaudière nucléaire, règles fixées par le RCC-M, qui est le code
français définissant les règles de conception et de construction des matériels mécaniques
des îlots nucléaires des réacteur REP. Une cuve métallique autoportée, réalisée en
usine, est privilégiée, et permet également de monter à des pressions primaires supérieure.
[0033] Un exemple d'un réacteur piscine est représenté par le projet SLOWPOKE mené dans
les années 1970-1980 par le Canada (AECL) concernant les réacteurs NHP (acronyme anglo-saxon
« Nuclear Heating Plants »). La figure en page 13 de la publication [3] illustre ce
réacteur de démonstration, de puissance thermique fournie de 10 MWth, dont le puits
de cuve rempli d'eau contient l'ensemble du circuit primaire et les échangeurs entre
circuit primaire et circuit secondaire, le tout étant refermé par une dalle au niveau
du sol. Dans ce réacteur bassin, la circulation du fluide primaire est réalisée par
convection naturelle, ce qui simplifie ainsi les transitoires de perte électrique,
et la maintenance générale des systèmes. Le réacteur dispose également d'une inertie
thermique importante, du fait de l'importance de l'inventaire en eau du circuit primaire
vis-à-vis de la puissance du réacteur, ce qui apporte également un gain dans la sûreté
générale vis-à-vis des transitoires incidentels, et la conduite. Enfin, l'épaisseur
du puits de cuve et son absence de traversées latérales ou inférieures assure par
conception l'impossibilité de vidange du circuit primaire, ni sa dépressurisation.
Un tel réacteur bassin remplit donc beaucoup de critères de simplicité de design,
de sûreté à la conception, et de facilité de pilotage.
[0034] Un exemple plus récent de réalisation avec le projet chinois DHR 400 de la compagnie
CNNC semble montrer sa reproductibilité, puisque la cuve de réacteur est constituée
par un composant sandwich à enveloppe épaisse de béton précontraint, typiquement de
l'ordre d'un mètre, revêtue en partie interne d'un liner en acier inoxydable de 5mm
d'épaisseur, le tout étant enfermé dans un cylindre externe d'acier au carbone de
10mm d'épaisseur. Mais, ce réacteur ne peut être raisonnablement retenu qu'à la condition
que les critères de modularité et de maximisation de fabrication des composants en
usine, avec transport sur site, qui sont prépondérants, soient respectés.
[0035] Un exemple de réacteur piscine, avec un puits de cuve traditionnel et cuvelage associé,
est présenté dans le projet de réacteur russe RUTA-70 de la société NIKIET.
[0036] Un exemple de réacteur à boucle(s) à vocation calogène est le réacteur chinois HAPPY
200 de la société SPIC, dédié au chauffage urbain de la ville de Pékin. D'une puissance
unitaire de 200 MWth, il est conçu par tranche de deux unités, égalant ainsi les performances
du projet précité DHR400 de CNNC. Contrairement à ce dernier, la cuve réacteur est
une structure autoportante en acier, conçue en usine et assemblée sur place, avec
toutefois un soudage complet de la boucle primaire, nécessitant ainsi des travaux
lourds de chantier. La puissance thermique est évacuée du coeur par l'intermédiaire
de deux boucles primaires alimentant des échangeurs à plaques, par convection forcée
au moyen de deux pompes. Une piscine d'eau entoure l'ensemble de la cuve du réacteur,
mais sans contact direct du fait d'une double enveloppe. En situation de transitoire
accidentel, cette double enveloppe est noyée par l'eau froide présente dans la piscine.
Cette configuration de réacteur à boucles présente ainsi l'avantage de pouvoir fournir
une chaleur à température relativement voisine de celle sortant du coeur, grâce à
la convection forcée au circuit primaire, ce qui facilite l'extraction de puissance
thermique, et du fait de la présence d'échangeurs à plaques entre circuits primaire
et secondaire, ce qui permet également un faible gradient thermique entre températures
du circuit primaire et du circuit secondaire.
[0037] La dernière catégorie est celle des réacteurs dit intégrée, qui comprennent un bloc
délimité par une cuve de réacteur entièrement réalisée en usine et transportée sur
site, et qui loge le circuit primaire dans sa totalité, et notamment les échangeurs
entre circuits primaire et secondaire. Ce type de réacteur intégré a la même configuration
que les principaux concepts de réacteurs dits SMR existants actuellement, à fonction
électrogène, à savoir une configuration basée sur l'intégration du générateur de vapeur,
voire de tous les composants du circuit primaire notamment le pressuriseur et les
pompes primaires, à l'intérieur de la cuve de réacteur. Ces SMR sont dénommés SMR
intégrés.
[0038] Les réacteurs SMR ont pour avantages primordiaux par rapport aux REP existants, de
permettre une simplification des systèmes, principalement à des fins de sûreté, une
capacité de modularité accrue par une fabrication importante des composants en usine
pour un transport sur site de construction.
[0039] Outre le gain de compacité, des SMR intégrés ont pour avantage de ne plus nécessiter
de lignes fluidiques aériennes en eau pressurisée, ce qui réduit considérablement
les risques d'accident et conséquences associées liés à la rupture des lignes du circuit
primaire. Ainsi l'installation sur site est grandement facilitée en se limitant à
des connections de tuyauterie secondaires, hormis les piquages du système de volumétrie
et de chimie du circuit primaire, qui sont de faible diamètre.
[0040] A titre d'exemple, le projet de centrale nucléaire d'acronyme NUWARD
™, est une centrale à vocation électrogène, constituée de deux SMR intégrés, de puissance
unitaire égale à 170MWe, dont chacun comprend un bloc logeant tous les composants
du circuit primaire à l'intérieur de la cuve de réacteur.
[0041] D'autres projets de SMR intégré à vocation électrogène, sont en développement ou
ont été étudiés, parmi lesquels on peut citer le projet SCOR d'une puissance de 150
à 200 MWe au nom de la Demanderesse ou le projet ACP100 de puissance égale à 100 MWe.
[0042] On a représenté sur la figure 4 un exemple de SMR intégré actuellement en projet.
Un tel réacteur SMR intégré dont le bloc est globalement désigné sous la référence
numérique 4 comprend un compartiment fixe 40 et un compartiment amovible 41 sous la
forme d'un couvercle, pour les phases de manutention du combustible ou de maintenance
des internes du réacteur.
[0043] Un concept précurseur de réacteur intégré à vocation calogène est le projet THERMOS
mené conjointement par la Demanderesse et la société Technicatome: [4]. Le réacteur
selon ce projet avait une puissance thermique de 100 MWth et était destiné à alimenter
en chaleur urbaine la ville de Grenoble. Selon ce projet, la cuve de réacteur intègre
l'ensemble du circuit primaire, permettant ainsi un fonctionnement sous une pression
supérieure à celle d'un réacteur bassin, nécessaire pour fournir une chaleur urbaine
voisine de 120°C. D'un diamètre de 5m et d'une hauteur de 9m, la cuve de réacteur
qui était proposée était ainsi entièrement assemblée en usine, et logeait notamment
les échangeurs entre circuits primaire et secondaire dans sa partie supérieure. Le
faible gradient de température dans le coeur imposait la présence de groupes de pompage
du fluide primaire, agencés dans la partie chaude, ce qui n'est pas idéal en termes
de sûreté et facilité de maintenance. De plus, l'inertie thermique des circuits primaire
et secondaire est relativement limitée, le bassin dans laquelle le réacteur est immergée
étant déconnectée thermiquement du fonctionnement normal du réacteur, ce qui nuit
à la sûreté de fonctionnement et aux lissages des transitoires d'appels de puissance
du réseau de chaleur client.
[0044] Des études récentes sont dédiées aux réacteurs calogènes en Finlande, menées principalement
par l'organisme VTT, pour le chauffage urbain de la ville d'Helsinki :[5]. En particulier,
il a été étudié un réacteur d'une puissance thermique de 50 MWTh de type à cuve intégrée,
contenant les échangeurs entre circuits primaire et secondaire dans sa partie supérieure,
la cuve de réacteur étant elle-même contenue dans une enceinte de confinement proche.
La circulation du fluide primaire se fait par convection naturelle en fonctionnement
nominal, et le circuit secondaire est un circuit liquide à boucle dont un échangeur
avec le circuit tertiaire qui fonctionne par convection forcée au moyen d'une pompe.
L'ensemble cuve et enceinte de confinement est plongé dans une piscine qui est celle
de manutention des combustibles (IRWST acronyme anglo-saxon pour «
In-containment Refueling Water Storage Tank »). Plus précisément, la piscine IRWST comprend une fosse formant le puits de cuve
à l'intérieur duquel est partiellement plongé l'ensemble constitué par la cuve de
réacteur et l'enceinte de confinement. Cette piscine IRWST fait en outre office de
source froide pour les accidents de dimensionnement. Ce type de réacteur intégré présente
les mêmes avantages de constructibilité en usine et de modularité, que ceux des SMR
intégrés à fonction électrogène, notamment de l'entreprise NuScale Power.
[0045] A l'instar d'autres énergies, il y aurait un avantage considérable à réaliser un
couplage entre un réacteur nucléaire calogène et un système de stockage de chaleur
afin de lisser la production de chaleur du réacteur, jusqu'à pouvoir le faire fonctionner
toute l'année à 100% de sa puissance en se servant du stockage pour gérer l'intermittence
de consommation d'un réseau de chaleur.
[0047] En particulier, le
brevet US4294311 évoque le stockage possible de la chaleur d'un réacteur nucléaire de type REP dans
une fosse remplie d'un média, de type PTES (acronyme anglo-saxon « Pit thermal Energy
Storage ») avec des couches de température différentes séparées par des membranes
en polyuréthane. Non seulement une telle fosse semble coûteuse à mettre en oeuvre
mais, en outre aucun réel détail n'est donné sur le couplage entre le réacteur et
la fosse PTES.
[0048] Il existe donc un besoin pour améliorer les installations à réacteur envisagé en
tant que réacteur calogène et à système de stockage thermique de la chaleur produite
par le réacteur, afin de pallier les inconvénients évoqués ci-avant.
[0049] Le but de l'invention est donc de répondre au moins en partie à ce besoin.
Exposé de l'invention
[0050] Pour ce faire, l'invention concerne, sous l'un de ses aspects, une installation nucléaire
comprenant :
- au moins un réacteur nucléaire à vocation calogène comprenant une cuve de réacteur;
- un puits de cuve logeant la cuve de réacteur, un circuit primaire et une partie d'un
circuit secondaire;
- un circuit tertiaire comprenant :
- une fosse de stockage thermique, creusée dans le sol, remplie d'eau et dans le fond
de laquelle le puits de cuve est excavé ou posé, la fosse étant configurée pour réaliser
une stratification thermique verticale entraînant la formation d'une thermocline délimitée
entre le fond de la fosse à une température dite froide et le haut de la fosse à une
température dite chaude,
- au moins un échangeur de chaleur avec le circuit secondaire dont au moins une entrée
est reliée fluidiquement à une zone de la fosse en-dessous de la thermocline et au
moins une sortie est reliée fluidiquement à une zone de la fosse au-dessus de la thermocline
de sorte que l'eau de la fosse circule en convection naturelle ou forcée entre l'entrée
et la sortie de l'échangeur de chaleur;
- un réseau de chaleur dont au moins une entrée est reliée fluidiquement à une zone
de la fosse en-dessous de la thermocline et au moins une sortie est reliée fluidiquement
à une zone de la fosse au-dessus de la thermocline.
[0051] Par « puits de cuve posé dans le fond de la fosse », on entend ici et dans le cadre
de l'invention, que la fosse n'est pas excavé en tant que telle pour modifier l'altimétrie
des différents composants du réacteur et des échangeurs afférents de sorte à permettre
une circulation par convection naturelle de l'eau tertiaire. Ainsi, un puits de cuve
posé sur le sol implique une circulation en convection forcée de l'eau tertiaire.
[0052] Afin de mieux isoler thermiquement la fosse de l'air ambiant, la fosse est avantageusement
recouverte d'une couverture thermiquement isolante .
[0053] Selon une variante avantageuse de réalisation, la fosse est creusée artificiellement
dans le sol et comprenant un revêtement d'étanchéification, de préférence thermiquement
isolant, recouvrant son fond et ses parois latérales.
[0054] De préférence, le revêtement est une membrane adaptée pour épouser la forme du fond
et des parois latérales de la fosse.
[0055] La couverture thermiquement isolante ou le revêtement d'étanchéification peut comprendre
une ou plusieurs d'isolation thermique en matériau(x) choisi(s) parmi l'acier inoxydable,
un polymère tel que le polyéthylène haute densité (PEHD), ou un élastomère.
[0056] Selon un mode de réalisation avantageux, l'installation comprend :
- au moins une tuyauterie reliée à l'entrée du circuit tertiaire de l'échangeur de chaleur
dont l'extrémité formant un collecteur de soutirage débouche directement dans la zone
de la fosse en-dessous de la thermocline,
- au moins une tuyauterie reliée à la sortie du circuit tertiaire de l'échangeur de
chaleur dont l'extrémité formant un collecteur d'injection débouche directement dans
la zone de la fosse en-dessus de la thermocline,
[0057] Selon un autre mode de réalisation avantageux, l'installation comprend :
- au moins une tuyauterie reliée à l'entrée du réseau de chaleur dont l'extrémité formant
un collecteur d'injection débouche directement dans la zone de la fosse en-dessous
de la thermocline,
- au moins une tuyauterie reliée à la sortie du réseau de chaleur dont l'extrémité formant
un collecteur de soutirage débouche directement dans la zone de la fosse en-dessus
de la thermocline.
chaque collecteur de tuyauterie comprenant un dispositif de répartition de débit hydraulique
adapté pour élargir le débit d'eau entrant ou sortant dans les zones de la fosse au-dessous
ou en-dessus de la thermocline.
[0058] Selon encore un autre mode de réalisation avantageux, l'installation comprend :
- une tuyauterie reliant directement la partie de circuit secondaire logée dans le puits
de cuve à une entrée de l'échangeur avec le circuit tertiaire;
- une tuyauterie reliant directement la partie de circuit secondaire logée dans le puits
de cuve à une sortie de l'échangeur avec le circuit tertiaire.
[0059] Le puit de cuve excavé ou posé est de préférence fermé par un couvercle métallique
amovible formant la paroi de séparation avec le volume de la fosse.
[0060] Le puit de cuve excavé ou posé peut comprendre une paroi en béton formant la paroi
de séparation avec le sol et le volume de la fosse.
[0061] La hauteur He du puits de cuve excavée en dessous du fond de la fosse est avantageusement
au moins égale à 15m.
[0062] Avantageusement, le réacteur est un réacteur de type SMR calogène.
[0063] Ainsi, l'invention consiste essentiellement à positionner un réacteur de type REP
au fond d'une fosse de stockage thermique délimitant une thermocline et à les coupler
thermiquement.
[0064] Pour ce faire, le circuit tertiaire du réacteur est constitué par la fosse en elle-même
et un (des) échangeur(s) avec le circuit secondaire dont l'entrée est reliée fluidiquement
dans une zone à température froide en-dessous de la thermocline et la sortie est reliée
fluidiquement dans une zone à température chaude en-dessus de la thermocline de sorte
à assurer une convection naturelle ou forcée de l'eau dans ledit circuit tertiaire
et ce quelle que soit la saison de l'année et l'appel de puissance du réseau de chaleur
dont les entrées et sortie sont reliées de préférence respectivement aux zones à températures
froide et chaude.
[0065] Le réseau de chaleur comprend en lui-même un circuit de pompage et de rejet d'eau
et d'échange thermique avec le réseau.
[0066] Les avantages de l'invention sont nombreux parmi lesquels on peut citer :
- du fait du couplage entre le réacteur calogène 4 et la fosse de stockage thermique
de type PTES, la possibilité de faire fonctionner le réacteur à 100% de sa puissance
toute l'année, à l'exception des phases de rechargement/déchargement du coeur, durant
lesquelles la fosse permet de continuer à alimenter le réseau de chaleur. Le rendement
économique de l'installation est donc maximal. L'adaptation de la production à l'intermittence
de consommation de chaleur d'un réseau de chaleur de type urbain est gérée par le
stockage thermique dans l'eau au sein de la fosse, dont le dimensionnement est adapté
pour gérer cette intermittence, en particulier lors de changements de saison. La fosse
de stockage thermique permet le décalage temporel d'une grande quantité de chaleur,
typiquement plusieurs GW.h, produite l'été par le réacteur vers une consommation pendant
l'hiver,
- une sûreté accrue du réacteur contre les agressions externes du fait de son positionnement
en dessous de la fosse de stockage thermique, typiquement sous plusieurs mètres d'eau,
- la suppression des situations incidentelles de type « perte de refroidissement » avec
la présence d'une source froide passive et quasi-infinie constituée par l'eau tertiaire
au sein de la fosse, au-dessus du réacteur,
- une protection radiologique accrue par la présence d'une hauteur d'eau tertiaire importante
au-dessus du réacteur, typiquement sous quelques mètres d'eau, de préférence au moins
4 mètres d'eau,
- le positionnement du réacteur nucléaire au moins en partie en dessous de la fosse
de stockage thermique avec une hauteur d'eau importante au-dessus du réacteur permet,
en cas d'évènement extrêmes conduisant à une perte prolongée de moyens électriques
et de source froide normale, du type de l'accident survenu à Fukushima Daishi, d'avoir
la proximité directe d'un réservoir d'eau (fosse remplie d'eau tertiaire) illimité
en regard des besoins en refroidissement du réacteur en fonctionnement de puissance
résiduelle. A titre d'exemple, l'eau à 1 bar de pression a une enthalpie de vaporisation
de 2257 kJ/kg, soit pour un volume d'eau dans la fosse de l'ordre de 800 000 m3, une énergie thermique potentiellement évacuable par évaporation de 500 GW.h. En
première approximation, en considérant une puissance résiduelle du réacteur de 1%
de MWth, soit 200kWth, l'énergie potentielle de 500GW.h offre une capacité de refroidissement
d'une durée d'environ 280 ans. Plus raisonnablement, en considérant une loi de puissance
résiduelle pénalisante pour le coeur du réacteur dont la puissance nominale est de
20 MWTh, l'énergie thermique totale dégagée par les produits de fissions nucléaires
pendant une période de 1000 ans est d'environ 28 GW.h, soit 6% de la réserve disponible
d'une fosse remplie d'eau à l'ébullition.
- la possibilité de mutualiser les coûts d'excavation et de génie civil entre la fosse
de stockage thermique et le puits de cuve du réacteur, et de minimiser l'empreinte
au sol totale de l'installation,
- une augmentation de la hauteur motrice disponible pour la circulation par convection
naturelle de l'ensemble des circuits du réacteur (primaire, secondaire et tertiaire),
ce qui minimise voire annule de fait la puissance de pompage nécessaire dans ces circuits,
- la démonstration de l'élimination pratique de l'accident de fusion du coeur du réacteur
à vocation calogène REP, dont l'origine proviendrait d'un manque prolongé de moyens
de refroidissement du coeur du réacteur, car il est agencé au moins en partie sous
une fosse de stockage thermique remplie d'eau,
- l'optimisation du fonctionnement neutronique du réacteur et de son pilotage grâce
à son fonctionnement possible à 100% de sa puissance toute l'année, ce qui permet
de supprimer les paliers de puissances intermédiaires qui sont nécessaires en cas
de fonctionnement réduit puis relancé. Notamment, il n'y a plus d'effet xénon à contrôler,
plus de contrainte liée à la prise en compte du phénomène d'Interaction Pastille Gaine
(IPG) dans le pilotage du réacteur.
- une minimisation des fuites thermiques du réacteur puisqu'une partie d'entre elles
peut être récupérée dans la fosse de stockage thermique, ce qui optimise d'autant
l'efficacité énergétique d'ensemble de l'installation.
[0067] L'installation telle que prévue avec son réacteur calogène est destinée à alimenter
des réseaux de chaleur urbaine, alimenter des procédés industriels de type désalinisation,
dessiccation, transformation de produits alimentaires.
[0068] Avantageusement, il peut être également adjoint une unité de production électrique
complémentaire, à l'aide d'un cycle organique de Rankine, pour obtenir une production
électrique locale de secours en cas de besoin ultime complémentaire des solutions
classiques de parc de batteries généralement utilisés. Pour des questions de simplicité
de conception et de maintenance, il n'est pas prévu la mise en place de moyens actifs
classés de secours, de type à combustion au diesel.
[0069] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention ressortiront mieux à la lecture
de la description détaillée d'exemples de mise en oeuvre de l'invention faite à titre
illustratif et non limitatif en référence aux figures suivantes.
Brève description des dessins
[0070]
[Fig 1] la figure 1 est une vue schématique en perspective et en coupe partielle d'un
réacteur nucléaire de type REP existant.
[Fig 2] la figure 2 est une vue schématique d'un circuit primaire de réacteur nucléaire
de type REP selon l'état de l'art dans une configuration à trois boucles primaires.
[Fig 3] la figure 3 est une vue schématique des trois cycles d'un réacteur nucléaire
de type REP selon l'état de l'art.
[Fig 4] la figure 4 est une vue schématique en perspective d'un réacteur SMR de type
intégré tel qu'il est actuellement envisagé.
[Fig 5] la figure 5 est une vue schématique en perspective schématique en perspective
d'un réacteur SMR à vocation calogène selon l'invention.
[Fig 5A] la figure 5A est une vue éclatée en perspective des parties de la cuve réacteur
SMR calogène selon l'invention.
[Fig 6] la figure 6 est une vue en coupe longitudinale du réacteur selon la figure
5, et qui illustre la circulation par convection naturelle de l'eau du circuit primaire
et du circuit secondaire.
[Fig 6A] la figure 6A est une vue schématique de détail d'un ensemble de grappe de
contrôle, la tige de commande, et le mécanisme de commande de barre d'un réacteur
SMR calogène selon l'invention.
[Fig 7] [Fig 8] les figures 7 et 8 sont des vues de détail en perspective montrant
la vanne de régulation du débit d'eau du circuit respectivement dans une position
intermédiaire et la position complètement ouverte.
[Fig 9] la figure 9 est une vue en perspective d'une partie du réacteur selon la figure
5, et qui montre en détail l'implantation d'une vanne de régulation du débit d'eau
du circuit secondaire.
[Fig 10A] [Fig 10B] [Fig 10C] les figure 10A, 10B et 10C sont des vues en perspective
montrant un exemple de vanne de régulation du débit d'eau du circuit secondaire et
son intégration dans un collecteur de sortie d'échangeur, la vanne étant respectivement
dans la position complètement ouverte, une position intermédiaire et la position complètement
fermée.
[Fig 11] la figure 11 est une vue partielle en coupe longitudinale de la partie supérieure
du réacteur selon les figures 5 et 6 montrant un pressuriseur selon l'invention.
[Fig 12] la figure 12 est une vue schématique en coupe longitudinale et en transparence
d'une installation nucléaire selon l'invention avec un réacteur calogène selon les
figures 5 et 6 dans un puits de cuve étanche agencé en-dessous du fond d'une fosse
de stockage thermique de type PTES remplie d'eau qui constitue l'eau du circuit tertiaire.
[Fig 13], [Fig 14] les figures 13 et 14 illustrent des variantes de réalisation de
dispositif de répartition de débit au sein de la fosse de stockage thermique de l'installation
selon l'invention.
[Fig 15] la figure 15 est une vue schématique en perspective et en transparence d'une
installation nucléaire selon l'invention avec un réacteur calogène selon les figures
5 et 6 dans un puits de cuve étanche, agencé en-dessous du fond d'une fosse de stockage
thermique dont l'eau constitue une partie du circuit tertiaire en convection naturelle.
[Fig 16] la figure 16 est une vue schématique en perspective et en transparence d'une
installation nucléaire selon l'invention avec un réacteur calogène selon les figures
5 et 6 dans un puits de cuve étanche, agencé sur le fond d'une fosse de stockage thermique
dont l'eau constitue une partie du circuit tertiaire en convection forcée.
[Fig 16A] la figure 16A est une vue de détail de la figure 16 montrant le bas du puits
de cuve avec l'implantation d'une pompe de circulation de l'eau de la fosse de stockage
thermique.
Description détaillée
[0071] Dans l'ensemble de la présente demande, les termes « vertical », « inférieur », «
supérieur», « bas », « haut », « dessous » et « dessus » sont à comprendre par référence
par rapport à un réacteur nucléaire SMR, tel qu'il est prévu en configuration verticale
de fonctionnement et dont le puits de cuve est sur le fond ou excavé en dessous de
la fosse de stockage thermique selon l'invention.
[0072] Par « eau primaire », « eau secondaire », « eau tertiaire », on entend l'eau qui
constitue le fluide respectivement du circuit primaire, secondaire et tertiaire.
[0073] Les figures 1 à 4 ont déjà été détaillées en préambule, elles ne seront donc pas
commentées ci-après.
[0074] On précise que les différentes températures, puissances, volumes, débits ...indiqués
le sont uniquement à titre indicatif. Par exemple, d'autres températures peuvent être
envisagées selon les configurations notamment de puissance de réacteur SMR, de volume
d'eau dans le bassin secondaire, de besoin de puissance pour le réseau de chaleur...
[0075] On précise également que les figures ne sont pas nécessairement à l'échelle. En particulier,
sur la figure, le puits de cuve 100 ainsi que le réacteur 4 qui y est logé sont en
réalité bien plus petits relativement à la fosse de stockage thermique 9.
[0076] On décrit en référence aux figures 5 et 6, un réacteur nucléaire 4 de type à eau
pressurisée, selon une configuration de circuit primaire de type SMR intégré selon
un mode de réalisation de l'invention.
[0077] Ce réacteur 4 est d'une puissance unitaire de 20 MW thermique, à vocation calogène
c'est-à-dire dédié à la fourniture d'eau chaude, typiquement à 90°C. Sa puissance
unitaire peut toutefois varier à la hausse ou à la baisse, dans une gamme d'environ
10 MW à 100 MW, et la température de fourniture d'eau chaude peut également évoluer.
[0078] Le réacteur 4 d'axe central X comprend un bloc délimité par une cuve 40, 41 métallique
en acier inoxydable préférentiellement, d'une épaisseur de l'ordre de 10 à 20mm, et
formée d'un fond de cuve hémisphérique et d'un cylindre vertical. Cette cuve de réacteur
est constituée d'un compartiment fixe 40 et d'un compartiment amovible 41, au-dessus
du coeur du réacteur pour les phases de manutention du combustible ou de maintenance
des internes du réacteur. Ce compartiment amovible 41 est un couvercle sous la forme
d'un dôme 5 dont la cheminée centrale intègre une vanne de laminage 64 adaptée pour
le refroidissement du pressuriseur du réacteur comme détaillé par la suite.
[0079] Le coeur C du réacteur comprend un ensemble d'assemblages combustibles 42 tels que
ceux qu'on utilise classiquement dans les réacteurs de type REP mais avec une hauteur
fissile adaptée pour obtenir la puissance thermique totale souhaitée. Chaque assemblage
combustible possède plusieurs emplacements manquant de crayon combustible, remplacés
par des crayons absorbants qui peuvent monter ou descendre dans l'assemblage pour
le pilotage de la réaction. Des données issues d'études préliminaires réalisées par
la Demanderesse considèrent un nombre de 52 assemblages et une durée de vie de 10
ans, avec une hauteur fissile de 1,5 m.
[0080] L'enveloppe métallique 40 loge dans sa partie basse un cylindre 43 supportant un
panier d'assemblages usuellement désigné sous la dénomination « panier support coeur
», dédié à la tenue des assemblages combustibles 42, et une enveloppe de séparation
40 avec son réflecteur neutronique périphérique 440 destiné à assurer le maintien
du flux neutronique dans le coeur.
[0081] Deux brides 45 sont boulonnées entre le compartiment fixe 40 et le dôme 41. L'étanchéité
entre une bride 45 et chacun des deux compartiments 40, 41 est avantageusement assurée
par un joint métallique. Le démontage de cette bride 45 permet la manutention intégrale
des assemblages combustible pendant les phases de rechargement du coeur. Les études
réalisées par la Demanderesse prévoient des arrêts pour rechargement de combustible
programmés en visite décennale, sans intervention sur le coeur entre ces périodes.
[0082] Au-dessus du coeur C, des guides 46 de grappe de tiges permettent l'insertion de
barres de contrôle 42 de la réactivité nucléaire, de manière similaire à ce que l'on
rencontre usuellement dans les réacteurs REP classiques. Les barres de contrôle 42
sont des crayons en matériau absorbant neutronique.
[0083] Le volume libre au-dessus du coeur de réacteur C permet le positionnement complètement
sorti des barres de contrôle 42, ainsi que la position en attente de crayons absorbants
dits d'urgence, dédié à l'arrêt de sécurité de la réaction nucléaire.
[0084] Au-dessus de barres de contrôle 42, est fixée une plaques à trous 48 ajourée, permettant
le libre passage du fluide primaire chaud issu du coeur à travers les trous 480, ainsi
que les tiges de commande de déplacement de la couronne de laminage 481.
[0085] A la périphérie de la plaque 48, est agencée une vanne de régulation 481 de débit
de l'eau du circuit primaire, aussi appelée de laminage du débit. Cette vanne est
sous la forme d'une couronne de laminage 481 qui épouse la périphérie intérieure du
compartiment 45 de la cuve et s'étend sur une hauteur comprise entre la plaque 48
et les ouvertures de sortie de l'eau primaire, permet de régler le débit de cette
dernière.
[0086] Cette vanne de laminage 481 a pour fonction de réguler le débit de circulation naturelle
de l'eau du circuit primaire passant à travers les ouvertures 400 qui constituent
les entrées des collecteurs d'eau primaire des échangeurs 49 entre circuit primaire
et secondaire. La commande de positionnement de cette vanne de régulation est effectuée
par un moteur électrique pilotant le déplacement vertical de la tige de commande 482
lié à la couronne 481, qui est avantageusement identique à ceux utilisés par les tiges
de commandes des barres de contrôle de réactivité 46.
[0087] Dans une position intermédiaire, comme illustré à la figure 7, la couronne de laminage
481 laisse partiellement dégagées les ouvertures 400 régulant ainsi le débit d'eau
primaire destiné aux échangeurs 49.
[0088] En cas de panne électrique ou déclenchement d'arrêt d'urgence, la chute gravitaire
des barres 46 couplées mécaniquement aux crayons absorbants 42 déclenche également
la chute gravitaire de la vanne de régulation du fluide primaire 481. Dans la position
extrême basse, comme illustrée à la figure 8, cette vanne de régulation 481 laisse
totalement passer l'eau du circuit primaire à travers les ouvertures 400, permettant
ainsi de maximiser l'échange thermique dans les échangeurs 49 entre circuits primaire
et secondaire, afin d'évacuer la puissance résiduelle et refroidir le circuit primaire.
Ce fonctionnement par chute gravitaire de cette vanne de régulation, garantit une
fiabilité et une sécurité en cas de perte électrique ou de panne du réacteur.
[0089] Dans le réacteur 4 des figures 5 et 6, en fonctionnement normal, la puissance thermique
créée par la réaction nucléaire en chaîne au sein du coeur du réacteur est évacuée
par le fluide du circuit primaire qui s'élève par convection naturelle de façon ascensionnelle,
pour arriver dans la partie supérieure, où il peut alors s'écouler suivant les différentes
ouvertures de sortie 400 correspondant aux collecteurs d'entrées des échangeurs 49
entre circuit primaire et secondaire et dans une portion centrale supérieure du coeur,
sous la forme d'une cheminée. Cette cheminée centrale non détaillée, appelée riser,
contient outre les mécanismes de pilotage des barres de contrôle, les capteurs d'instrumentions
des paramètres du coeur, et au-dessus les moteurs de déplacement 47 des barres de
contrôle de la réactivité 42.
[0090] Ainsi, l'enveloppe de séparation 44 du coeur C permet de séparer l'eau, fluide du
circuit primaire, dans ses températures dites froide et chaude. Ainsi, l'eau primaire
à température froide entourant le coeur C à l'intérieur de l'enveloppe 40, tandis
que l'eau primaire à température chaude, échauffée en circulant de façon ascensionnelle
dans le coeur C, se retrouve dans la portion centrale supérieure du coeur.
[0091] Au-dessus des ouvertures de sortie 400, au sein du réacteur 4, une plaque de séparation
7 séparant l'intérieur du dôme 41 de la cuve contenant un pressuriseur, du riser.
Cette plaque de séparation 7 contient une plaque à trous 70 débouchant permettant
d'assurer les fonctions d'isolement thermique et différences de pression du pressuriseur
intégré. Cette plaque de séparation peut être du type celle déjà décrite dans la demande
de
brevet WO2012/158929 A3.
[0092] La partie du-dessus intégrant le pressuriseur du réacteur sera détaillée plus loin
en référence à la figure 11.
[0093] Après son refroidissement à travers les échangeurs 49 de manière descendante, l'eau
du circuit primaire passe à travers les ouvertures 401 qui constituent les collecteurs
de sorties d'eau primaire des échangeurs 49 puis retourne en circuit fermé vers la
partie inférieure du coeur du réacteur. D'abord en périphérie de la virole 40, dans
une zone appelée classiquement « down corner », puis se retourne en fond de cuve,
traverse le panier de supportage coeur 43, et va s'échauffer à travers le coeur C.
La circulation en circuit fermé P uniquement par convection naturelle de l'eau primaire
est symbolisée par les flèches blanches en figures 5 et 6. La force motrice du circuit
primaire en convection naturelle est pilotée par la différence de hauteur entre la
position altimétrique moyenne des échangeurs 49 (source froide primaire), et la hauteur
moyenne de la zone fissile du coeur C (source chaude primaire).
[0094] Comme déjà évoqué, le réglage de la pression de l'eau primaire est réalisé par la
vanne de laminage 481 dont les mécanismes de commande sont logés dans un des trous
480 de la plaque 48. La température d'entrée et de sortie de l'eau primaire se règle
grâce aux conditions de fluence neutronique c'est-à-dire de la puissance thermique
du coeur, par les positions des barres de contrôle 42 de réactivité dans le coeur,
et aux conditions de température et de pression de saturation dans le pressuriseur.
Ici du fait de la circulation uniquement en convection naturelle, c'est-à-dire en
l'absence de moyen actif de pompage d'eau primaire, c'est la vanne de laminage du
débit d'eau primaire qui fixe les conditions de circulation d'échange entre circuits
primaire et secondaire par rapport à la puissance produite en coeur. De fait, le pilotage
du fonctionnement du réacteur calogène peut être réalisé simplement avec, un contrôle
de la pression et température au niveau du pressuriseur à l'aide du système de refroidissement
6 de vapeur primaire et des chaufferettes 8 , un réglage du débit de circulation naturelle
primaire évacuant la puissance thermique du coeur par la couronne de laminage 481,
et le réglage de la puissance du coeur par l'ensemble des barres de contrôle 42.
[0095] Les échangeurs 49 entre circuit primaire et secondaire sont de préférence des échangeurs
à plaque, avantageusement en acier inoxydable, et conçus pour résister à la pression
de l'eau du circuit primaire. Avantageusement, ces échangeurs 49 sont fabriques par
empilement constitué de plaques métalliques rainurées assemblées entre elles soit
par compression isostatique à chaud (CIC), soit par compression uniaxiale à chaud
(CUC) de sorte à obtenir un soudage par diffusion entre les plaques métalliques, soit
par brasage.
[0096] Au sein d'un échangeur 49, l'écoulement est descendant pour l'eau primaire, et ascendant
pour l'eau secondaire.
[0097] Comme représenté en figure 6, le circuit secondaire de ce réacteur 4 n'est pas un
circuit à boucle fermée comme dans les réacteurs REP classiques, mais comprend un
bassin d'eau B, tel que schématisé à la figure 11. Ce bassin B est contenu dans l'espace
du puits de cuve réacteur formant la troisième barrière de confinement, et la cuve
de réacteur 4 y est immergée.
[0098] Ce circuit secondaire à bassin d'eau liquide B est un milieu ouvert délimité par
le puits de cuve, sans pompe de circulation.
[0099] Avec un tel bassin d'eau liquide B pour le circuit secondaire, les échangeurs 49
ne sont pas intégrés à la cuve de réacteur 40, 41 mais agencés et fixés à l'extérieur
de celle-ci. Un tel agencement et possible car l'éventualité improbable de rupture
des tuyauteries d'entrée ou de sortie de l'eau primaire, provoquant alors une brèche
de grand diamètre de perte de cette dernière, n'a pas de conséquences accidentelles
importantes pour le réacteur. En effet, le bassin d'eau liquide B enveloppe complètement
la cuve de réacteur 4, et un accident de ce type ne peut conduire à un risque de dénoyage
du coeur, mettant en danger l'intégrité physique du coeur du réacteur.
[0100] Le circuit interne au sein d'un échangeur 49 qui fait partie du circuit secondaire
du réacteur 4 voit donc passer un débit d'eau liquide en tant que fluide secondaire
qui s'échauffe au contact de l'eau primaire au sein de l'échangeur 49, par aspiration
naturelle depuis son collecteur d'entrée 490 en bas vers leur collecteur de sortie
491 en haut de celui-ci. L'eau secondaire crée alors un volume supérieur à une température
dite chaude. La couche de séparation entre une température dite froide et la température
dite chaude d'eau secondaire est désigné sous la dénomination de thermocline, comme
symbolisé sous la dénomination thermocline 1 en figure 6.
[0101] Autrement dit, lorsque le réacteur SMR est en fonctionnement normal, le bassin d'eau
B est configuré pour, réaliser une stratification thermique verticale entraînant la
formation d'une thermocline délimitée entre le bas du bassin à une température froide
dans lequel la cuve de réacteur 4 est immergée et le haut du bassin à la température
chaude. C'est la hauteur de la couche de thermocline qui va fixer le débit de refroidissement
du circuit secondaire à travers les échangeurs 49. La circulation en circuit fermé
S uniquement par convection naturelle de l'eau secondaire est symbolisée par les flèches
en gris en figures 5 et 6.
[0102] Le débit par convection naturelle de l'eau secondaire se règle par des vannes de
régulation 5 intégrées dans chacun des collecteurs de sortie 491 des échangeurs 49,
comme illustrées à la figure 9. La température froide d'eau secondaire est régie par
les conditions de température du bassin B d'eau secondaire. La température chaude
est fixée par les vannes de régulation dans les collecteurs de sortie 491, et par
l'échange thermique au sein même des échangeurs 49.
[0103] Un exemple d'intégration d'une vanne de régulation 5 sous la forme d'une vanne 5
à papillon 50 dans un collecteur de sortie 491 est montrée aux figures 10A, 10B, 10C
qui montrent la vanne dans une position respectivement complètement ouverte dans laquelle
le maximum de débit d'eau secondaire du bassin peut passer, intermédiaire, et une
complètement fermée dans laquelle aucun débit ne peut passer. Le papillon 5 est entrainé
en rotation par l'arbre de sortie 51 d'un moteur électrique 52.
[0104] Avantageusement, l'extrémité de l'arbre 51 opposée à celle liée au papillon 50 est
liée à une masselotte déportée 53. Comme montré en figure 10A, en cas de panne électrique
ou déclenchement d'arrêt d'urgence, la chute gravitaire de la masselotte 53 met la
vanne 5 dans sa position complètement ouverte de sorte à faire circuler le débit maximal
d'eau secondaire du bassin B.
[0105] En phase de démarrage du réacteur nucléaire, la thermocline 1 est totalement confondue
avec le niveau libre supérieur du bassin d'eau secondaire B. La hauteur motrice de
circulation d'eau secondaire est alors maximale du fait du poids maximal de la colonne
d'eau froide alimentant les entrées des échangeurs 49. L'appel de puissance thermique
vers le circuit primaire est alors maximal, et la température moyenne de l'eau primaire
baisse. L'abaissement de la température de l'eau primaire conduit à un refroidissement
moyen du modérateur dans le coeur, induisant de fait une augmentation de la réactivité
du coeur, et donc une augmentation de sa puissance thermique. Des conditions maximales
de chauffage thermique du volume d'eau secondaire sont accompagnées d'une augmentation
naturelle de la puissance du coeur, le réacteur 4 est donc naturellement stable. Comme
déjà évoqué, la position de la vanne de laminage d'eau primaire, combinée aux positions
de barre de pilotage 42 de la réactivité permettent toutefois de limiter l'augmentation
de la réactivité du coeur, pour rester dans la gamme de montée en température de l'ensemble
du bloc réacteur 4 et de son puits de cuve.
[0106] A contrario, lorsque la thermocline 1 baisse de niveau, cela implique une élévation
de la couche d'eau chaude secondaire, et donc une baisse de la hauteur motrice d'eau
secondaire à travers les échangeurs 49 puisque la hauteur de colonne d'eau froide
diminue. Alors, la circulation d'eau secondaire par convection naturelle diminue,
diminuant de fait l'échange thermique entre circuits primaire et secondaire. A puissance
neutronique constante dans le coeur C, la baisse de l'évacuation de puissance conduit
à une élévation de la température moyenne de l'eau primaire, et donc une élévation
de la température moyenne du modérateur dans le coeur. Il y a donc de fait une baisse
de la réactivité par dilatation du modérateur, et la puissance neutronique et thermique
produite baisse. Le réacteur est donc naturellement stable pour l'évacuation et le
stockage thermique vers le volume d'eau secondaire défini par le bassin B.
[0107] Le volume d'eau secondaire est dimensionné par les dimensions du puits de cuve d'une
part et par la hauteur dédiée aux zones froide et chaude de l'eau secondaire d'autre
part. Typiquement, le volume d'eau secondaire sont de l'ordre de 300 à 400 m
3 pour la zone froide, et de 100 à 150 m
3 pour la zone chaude, soit un volume total pour le bassin B compris entre 400 et 550
m
3.
[0108] La position de la thermocline 1 ne peut être maintenue à une position fixée qu'à
la condition qu'il y ait un prélèvement continu d'une quantité de l'eau secondaire
à sa température chaude et un remplacement par la même quantité d'eau secondaire à
sa température froide. Ce prélèvement continu est détaillé par la suite en relation
avec la figure 12, de sorte qu'il y ait un équilibre entre la puissance thermique
produite par la coeur du réacteur, et son extraction par ce prélèvement et remplacement.
[0109] Il existe donc un système de pompage réglable permettant de transporter, vers un
réseau de chaleur, la puissance correspondant à la demande du client, c'est-à-dire
requise par le réseau de chaleur.
[0110] Selon l'invention, comme détaillé par la suite, la chaleur évacuée par le réacteur
peut être stockée, avant son transport vers un réseau de chaleur, par une fosse de
stockage thermique.
[0111] En cas d'arrêt intempestif de cette évacuation de chaleur, ou arrêt fortuit du système
de pompage, les conditions de stabilité décrites précédemment permettent de stocker
temporairement la puissance produite par le coeur du réacteur en modifiant le rapport
entre l'eau secondaire à sa température froide et à sa température chaude, et en abaissant
le niveau de la thermocline 1. Au bout de plusieurs minutes de fonctionnement, l'évacuation
continue de la puissance thermique produite par le réacteur sans échappatoire externe,
conduit à provoquer l'arrêt du réacteur, pour évacuer seulement la puissance résiduelle,
à travers des systèmes d'évacuation de puissance résiduelle spécifiquement dédiés.
Typiquement, une puissance continue de 50 MW thermique, avec une fourniture d'eau
secondaire à 90°C et un retour à 45°C, exige un pompage de 270 litres par seconde,
ou 970 m
3 par heure depuis la couche d'eau chaude au-dessus de la thermocline 1 et un retour
de la même quantité en fond de puits de cuve. Préférentiellement, cette évacuation
et ce retour peuvent être mis en oeuvre au moyen d'une tuyauterie provenant de la
partie supérieure du puits de cuve, afin d'éviter des connexions latérales susceptibles
de provoquer des fuites ou des problèmes de tenue mécanique latérale contraignant
la dilatation ou la résistance au séisme.
[0112] La présence de cette tuyauterie ne doit pas nuire au transport de l'ensemble du bloc
réacteur, comme détaillé par la suite pour sa sortie du puits de cuve à l'aide des
moyens de manutention lourds.
[0113] Comme précisé précédemment, le circuit primaire du réacteur fonctionne uniquement
par convection naturelle, c'est-à-dire sans groupe de pompage.
[0114] Par conséquent, les inventeurs ont été confronté à une problématique de réalisation
d'un pressuriseur dont la partie de refroidissement et condensation des vapeurs du
fluide primaire ne peut pas être conçu avec un dispositif d'aspersion/d'injection
d'eau liquide, à partir d'un prélèvement du circuit primaire comme selon l'état de
l'art (du fait de l'absence de groupes de pompage primaire).
[0115] Les inventeurs ont alors pensé à moduler les pertes thermiques par conduction à travers
le dôme 6, pour contrôler la dépressurisation de la vapeur primaire du pressuriseur,
en mettant à profit le fait que l'enveloppe métallique 60 du couvercle 41 est de faible
épaisseur, typiquement comprise entre 10 et 20 mm.
[0116] Ainsi, comme illustré à la figure 11, la partie de refroidissement et de condensation
de la vapeur comprend un dôme 6 à double-paroi 60, 61 distantes l'une de l'autre en
formant un espace E à l'intérieur duquel peut circuler de l'eau liquide du bassin
B depuis le bas vers le haut du dôme formant une cheminée d'évacuation centrale 62.
Typiquement, l'espace E a une hauteur constante de l'ordre de 1 à 3 cm.
[0117] En fonctionnement normal, le niveau de la thermocline 1 est fixé suffisamment au-dessus
du pressuriseur, notamment de manière à se situer au-dessus de la cheminée d'évacuation
centrale 62, comme illustré à la figure 11.
[0118] Ainsi, comme illustré à la figure 11, l'eau liquide qui circule ainsi uniquement
par convection naturelle dans l'espace E délimité par les deux parois 60, 61, depuis
une température froide en-dessous de la thermocline 1, va condenser la vapeur saturante
du circuit primaire à l'intérieur de la cuve et ainsi diminuer la pression au sein
de la cuve. Typiquement la température froide d'eau liquide pénétrant dans l'espace
E en bas du dôme 6 est autour de 50°C, ce qui permet un refroidissement efficace et
rapide du dôme 6, et en particulier de la paroi interne 60 formant l'enceinte de résistance
mécanique à la pression du circuit primaire, et par-là de la vapeur d'eau primaire
qui y est sous-jacente.
[0119] La cheminée centrale 62 intègre en son sein une vanne de régulation 64 ou autrement
dit de laminage qui permet de régler le débit d'eau liquide secondaire qui circule
dans l'espace E et donc de réguler le refroidissement liquide en tant que tel. En
effet, dans une position de fermeture totale de la vanne 64, la couche d'eau est piégée
et stratifiée dans l'espace E. A contrario, dans une position d'ouverture, notamment
totale, de la vanne 64, l'eau chaude monte naturellement dans l'espace E puis à travers
la cheminée centrale 62 et va rejoindre la couche d'eau chaude supérieure du bassin
B, tandis que l'eau froide du bassin B est aspirée par l'entrée en position basse
de la double paroi 60, 61.
[0120] La vanne 64 peut être une vanne à papillon comme la vanne 5 du débit secondaire illustrée
aux figures 10A, 10B, 10C.
[0121] Les deux parois 60, 61 du dôme 6 sont métalliques, de préférence en acier inoxydable.
[0122] La paroi externe 61 du dôme 6 est avantageusement recouverte d'une coiffe 63 logeant
en son sein un isolant thermique.
[0123] Selon une variante avantageuse, le réacteur 4 comprend, en tant que dissipateur thermique
passif, une pluralité d'ailettes de refroidissement 65 agencées à l'intérieur de la
paroi interne 60, en étant réparties de préférence uniformément sur la surface de
cette dernière, de préférence en étant soudées ou brasées. Ces ailettes 65 augmentent
ainsi la surface de contact avec la vapeur du circuit primaire et donc permettent
d'améliorer l'échange thermique par conduction entre ladite vapeur et le dôme 6. Dans
l'exemple illustré, ces ailettes 65 sont rectilignes et s'étendent sur une majeure
partie de la hauteur du dôme. Ces ailettes 65 sont de préférence dans le même matériau
que les parois 60, 61 du dôme 6, et typiquement d'une épaisseur de quelques cm et
d'une longueur de quelques dizaines de cm le long à l'intérieur de la paroi 60.
[0124] Par ailleurs, la partie de chauffage du pressuriseur comprend une pluralité de résistances
électriques 8 enveloppées dans un isolant électrique et alimentées par des câbles
électriques, agencées à l'intérieur du dôme, de préférence sur la plaque de séparation
7 qui en son centre comprend une portion à trous 70 permettant d'assurer les fonctions
d'isolation thermique et différence de pression du pressuriseur intégré. Une telle
portion à trous 70 est par exemple comme selon le dispositif décrit dans la demande
brevet WO 2012/158929A3. Les résistances électriques 8 peuvent être du type de celles décrites dans le
brevet US4135552.
[0125] Selon l'invention, afin de lisser la production de chaleur du réacteur 4, jusqu'à
pouvoir le faire fonctionner toute l'année à 100% de sa puissance, les inventeurs
ont prévu un couplage thermique entre ce dernier et une fosse de stockage thermique
9 remplie d'eau délimitant une thermocline qui va permettre de gérer l'intermittence
de consommation d'un réseau de chaleur.
[0126] En outre, les inventeurs ont prévu de positionner le puits de cuve 100 du réacteur
4 en dessous du fond d'une fosse de stockage thermique 9 creusée artificiellement,
de type PTES (acronyme anglo-saxon de « Pit Thermal Energy Storage »), remplie d'eau.
Comme illustré à la figure 12, le positionnement du puits de cuve excavé 100 est au
milieu de la fosse 9 qui est de forme symétrique. On pourra se reporter à la publication
[6] qui décrit la réalisation d'une telle fosse 9.
[0127] Le fond 90 et les parois latérales 91 de la fosse sont revêtus d'un revêtement d'étanchéification
sous la forme d'une membrane (liner). A titre d'exemple, cette membrane peut être
en polyéthylène haute densité (PEHD).
[0128] La fosse 90 est recouverte d'une couverture 92 thermiquement isolante pour limiter
les pertes thermiques dans l'air atmosphérique.
[0129] Une telle fosse 9 de type PTES permet de réaliser une stratification thermique verticale
entraînant la formation d'une thermocline délimitée entre le fond 90 de la fosse à
une température dite froide et le haut de la fosse à une température dite chaude.
Cette thermocline est désignée comme étant la thermocline 2 en figure 12.
[0130] A titre d'exemple indicatif, on peut envisager un volume de l'ordre de 800 000m
3 pour un WPS de géométrie pyramide à base rectangulaire tronquée avec une petite base
(fond du stockage) de 100m* 100m, une grande base (haut du stockage) de 180m* 180m
et une hauteur d'eau de 40m. Les températures froide et chaude du réseau de chaleur
peuvent être respectivement égales à 45°C et 90°C.
[0131] Les principaux avantages inhérents à une telle fosse de stockage thermique 9 peuvent
être résumés comme suit :
- une dynamique rapide de charge et de décharge thermique,
- lorsqu'elle est remplie avec de l'eau, une stratification significative et une densité
de stockage élevée (64 kWh/m3 par exemple pour des températures chaude et froide de respectivement 90°C et 35°C).
- un coût de construction faible quand les caractéristiques géologiques sont réunies.
[0132] Au sein de la fosse 9 remplie d'eau, la position de la thermocline 2 évolue en fonction
de la saison et des températures de l'atmosphère et du sol afférentes. Plus précisément,
la position de la thermocline 2 évolue plutôt au premier ordre en fonction de l'énergie
chargée et déchargée volontairement depuis le réacteur 4 et/ou vers le réseau de chaleur
300. Puis, au second ordre, elle se dégrade naturellement à cause en premier lieu
de la conduction thermique entre la couche chaude et la couche froide de la thermocline
2, et aussi à cause des pertes thermiques vers l'extérieur qui peuvent dépendre effectivement
de la saison et des températures de l'atmosphère. On précise ici que la température
du sol varie très peu et n'a qu'un effet à la marge.
[0133] On pourra se reporter à la publication [7] qui détaille l'avancée d'une thermocline
dans une cuve de stockage thermique. Ainsi, en fin de période estivale, la couche
d'eau froide au sein de la fosse 9 est minimale et la thermocline est au plus bas,
comme symbolisé par la ligne en pointillés sur la figure 12.
[0134] Selon l'invention, comme montré à la figure 9, le puits de cuve 100 excavé en dessous
du fond 90 de la fosse de stockage thermique 9 comprend une paroi périphérique 101
en béton précontraint revêtu intérieurement d'un revêtement métallique, de préférence
sous la forme d'une membrane en acier inoxydable. Un tel revêtement a pour fonction
de servir de structure rigide à la cuve de réacteur 40, 41, 42 formant la troisième
barrière de confinement, et la paroi en béton précontraint 101 a pour fonction quant
à elle de répondre aux conditions de pression et température de l'eau secondaire,
et l'assurance de l'intégrité physique de la troisième barrière.
[0135] Comme montré également à la figure 12, l'ensemble constitué par la cuve de réacteur
40, 41, 42 formant un bloc réacteur 4 auquel sont fixés les échangeurs 49 est supporté
par une embase métallique 102, préférentiellement en acier inoxydable, ou en acier
noir revêtu d'un dépôt anti-corrosion. Préférentiellement, cette embase est maintenue
dans le fond du puits de cuve 100 par un système de verrouillage mécanique, non représenté,
adapté pour empêcher son déplacement et son soulèvement en cas de séisme. Toutefois,
lors des phases de manutention combustible ou remplacement de composant, l'embase
102 et le bloc réacteur 4 qu'elle supporte peuvent être soulevés et amenés en haut
du puits de cuve. Pour ce faire, le système de verrouillage mécanique de l'embase
doit pouvoir être déverrouillé de façon simple par des outils accessibles depuis le
haut du puits de cuve 100.
[0136] L'embase 102 qui supporte le bloc réacteur 4 est relié rigidement à un radier de
fondation 103, et le revêtement métallique dont la paroi en béton précontraint 101
est revêtue est fixé de façon rigide et étanche au radier 103. Comme déjà évoqué,
le réacteur 4 possède une impossibilité physique totale d'occurrence d'accident grave,
avec fusion significative du coeur et percement de la cuve du circuit primaire. Il
n'y a donc pas de dispositif spécifique de récupération du corium en fond de puits
de cuve.
[0137] Le puits de cuve 100 est fermé par un bouchon couvercle 104, amovible et étanche,
adapté pour résister à la pression du circuit secondaire. De préférence, le bouchon
couvercle 104 est une dalle métallique, mécanosoudée, de préférence encore alvéolaire
ou formée de caissons.
[0138] Un ciel de gaz 105, de préférence d'azote, est délimité par le niveau libre du volume
d'eau secondaire dans le puits de cuve 100. Ce ciel de gaz 105 permet de contrôler
la pression d'eau secondaire, d'adapter les variations de niveau libre et dilatation
d'eau secondaire, et d'empêcher la présence d'oxygène. La liaison mécanique entre
le revêtement métallique du puits de cuve et le bouchon couvercle est constituée par
un joint métallique ou un joint élastique haute température, afin de conserver une
étanchéité totale.
[0139] Si besoin, en tant que système de refroidissement du puits de cuve 100, une tuyauterie
non représentée avec une circulation d'eau en son sein, peut être noyée dans la paroi
en béton 101, à une distance proche de l'intérieur et du revêtement métallique formant
la troisième barrière.
[0140] Selon l'invention, le circuit tertiaire du réacteur est constitué par la fosse 9
en elle-même et au moins un échangeur 200 avec le circuit secondaire dont l'entrée
201 est reliée fluidiquement dans une zone à température froide en-dessous de la thermocline
et la sortie 202 est reliée fluidiquement dans une zone à température chaude en-dessus
de la thermocline.
[0141] Et un réseau de chaleur 300 a au moins une entrée 301 qui est reliée fluidiquement
à une zone de la fosse en-dessous de la thermocline et au moins une sortie 302 reliée
fluidiquement à une zone de la fosse au-dessus de la thermocline. Ces piquages permettent
de garantir une stabilité des couches de l'eau tertiaire à températures froide et
chaude et donc de la thermocline au sein de la fosse 9.
[0142] Plus précisément, comme illustré à la figure 12, une tuyauterie 210 est reliée à
l'entrée du circuit tertiaire de l'échangeur de chaleur 200 et son extrémité 211 formant
un collecteur de soutirage débouche directement dans la zone de la fosse en-dessous
de la thermocline.
[0143] Une tuyauterie 220 est reliée à la sortie du circuit tertiaire de l'échangeur de
chaleur et son extrémité 221 formant un collecteur d'injection débouche directement
dans la zone de la fosse en-dessus de la thermocline.
[0144] En considérant l'altitude du collecteur de soutirage 211 dans la zone en-dessous
de la thermocline, c'est-à-dire la couche froide la plus basse de l'eau de la fosse
9, quelle que soit la saison, on garantit une hauteur motrice d'eau minimale nécessaire
à l'établissement d'une convection naturelle d'eau dans la fosse 9, c'est-à-dire au
circuit tertiaire de l'installation. La circulation en circuit fermé T uniquement
par convection naturelle ou forcée de l'eau tertiaire est symbolisée par les flèches
en points-tirés en figure 12. On précise que cette circulation T est montrée dans
la fosse 9 à des fins de clarté mais qu'en réalité la branche montante de la convection
passe par la tuyauterie 220 et que la branche descendante n'existe pas en tant que
telle, puisque c'est un piston naturel qui avance sur toute la section de la thermocline
2.
[0145] En outre, une tuyauterie 310 est reliée à l'entrée 301 du réseau de chaleur et son
extrémité 311 formant un collecteur d'injection débouche directement dans la zone
de la fosse en-dessous de la thermocline.
[0146] Une tuyauterie 320 est reliée à la sortie 302 du réseau de chaleur et son extrémité
321 formant un collecteur de soutirage débouche directement dans la zone de la fosse
en-dessus de la thermocline.
[0147] Pour la partie du circuit secondaire qui est reliée à l'échangeur 200, l'installation
comprend :
- une tuyauterie 230 débouche directement dans l'eau secondaire du puits de cuve 100
et est reliée à une entrée 203 de l'échangeur 200;
- une tuyauterie 240 reliée à une sortie 204 de l'échangeur 200 débouche directement
dans l'eau secondaire du puits de cuve 100.
[0148] La configuration d'implantation réacteur en fosse de stockage 9 telle que montrée
aux figures 12 et 15 permet une circulation par convection naturelle. Pour ce faire,
comme montré on implante le puits de cuve 100 en partie en-dessous du fond 90 de la
piscine 9, c'est-à-dire avec un puits de cuve 100 excavé d'une hauteur He telle que
l'on peut s'affranchir de pompe, la tuyauterie 210 d'amenée d'eau de la fosse 9 à
sa température froide débouchant dans le fond 90 de la fosse.
[0149] Pour un réacteur d'une puissance égale à 20MW, avec une fosse de stockage thermique
9, la hauteur d'excavation He peut être comprise entre 16 et 18m.
[0150] On peut également envisager une configuration d'implantation du réacteur en fosse
9 comme montrée en figures 16 et 16A selon laquelle le puits de cuve est en quelque
sorte posé sur le fond 90 de la fosse de stockage thermique 9. Une telle configuration
implique une circulation par convection forcée de l'eau tertiaire au moyen de pompes
270, avantageusement agencées dans la paroi de béton 101 du puits de cuve 100.
[0151] Les inventeurs ont réalisés des calculs de prédimensionnement thermo hydrauliques
sur l'ensemble des circuits primaire, secondaire et tertiaire de l'installation selon
la figure 12 à partir d'un logiciel de calcul thermomécanique. Il peut s'agir d'un
logiciel classique de thermo-hydraulique connu sous la dénomination CATHARE :[8].
[0152] En considérant un pincement de 15°C pour les échangeurs 49 entre circuit primaire
et secondaire et un pincement identique pour l'échangeur secondaire/tertiaire 200,
et une fourniture d'eau chaude au réseau 300 à 90°C, les calculs donnent une température
moyenne en sortie du coeur de réacteur C de 120°C.
[0153] On rappelle ici qu'un pincement d'échangeur 49 est l'écart de température minimum
entre l'eau primaire et l'eau secondaire en un point de l'échangeur donné.
[0154] Avec un gradient de température de 40°C entre l'entrée et la sortie du coeur du réacteur,
on obtient les paramètres de fonctionnement thermo hydrauliques permettant de pré
dimensionner les échangeurs 49, et un estimatif de positionnement de ces derniers
vis-à-vis du coeur.
[0155] Le tableau 1 suivant synthétise ces différents paramètres pour un réacteur de 20
MWTh.
[Tableau 1]
Paramètres |
Valeurs |
Pression de l'eau primaire |
4 bars |
Température en entrée du coeur C |
80°C |
Température en sortie du coeur C |
120°C |
Débit de l'eau primaire |
118,6 kg/s |
Pression de l'eau secondaire |
5 bars |
Température T1 en entrée d'échangeurs 49 |
65°C |
Température T2 en sortie d'échangeurs 49 |
105°C |
Débit de l'eau secondaire |
119,1 kg/s |
Hauteur motrice d'équilibre d'eau entre le coeur et les échangeurs 49 |
3,16 m |
[0156] A partir de ces données, un estimatif de volume des échangeurs 49 peut être établi,
avec une implantation à une hauteur minimale de 3,16 m par rapport à l'altitude moyenne
de la zone fissile. La pression de l'eau primaire de 4 bars est déterminée de telle
sorte que la marge à ébullition vis-à-vis de la température moyenne en sortie de coeur
est de 20°C.
[0157] La cuve de réacteur 40, 41 du bloc réacteur 4 a une hauteur hors tout d'environ 9
m, avec un diamètre hors-tout de 3 m intégrant la virole principale 42 avec un diamètre
du compartiment inférieur 40 de la cuve de 2,74 m et un diamètre du compartiment supérieur
41 de 2,15 m.
[0158] Un nombre de trois échangeurs identiques 49 est retenu avec pour chacun un volume
d'échange thermique utile d'environ 1,2 m
3 et une hauteur d'échange entre circuits primaire et secondaire de 2m. Les trois échangeurs
49 sont fixés avec leurs collecteurs 400, 401, 490, 491 à 120° l'un de l'autre aux
compartiments 40, 42 de la cuve de réacteur.
[0159] De fait l'épaisseur de la cuve de réacteur n'est pas dictée par des considérations
de résistance à la pression puisqu'immergée dans l'eau secondaire du bassin B, mais
plutôt à des contraintes de rigidité mécanique, de résistance au flambage et de supportage
du coeur. Une épaisseur moyenne d'environ 20 mm est donc retenue. On rappelle ici
que la pression primaire est inférieure à la pression secondaire.
[0160] Le matériau envisagé pour la cuve de réacteur 4, et les échangeurs 49 est de l'acier
inoxydable.
[0161] La conception assistée par ordinateur (CAO) donne un volume d'eau secondaire d'environ
200 m
3 pour sa température froide T1 et d'environ 100 m
3 pour sa température chaude T2.
[0162] La température moyenne de l'eau secondaire se situe autour de 85 °C, soit une température
inférieure à la température d'ébullition de l'eau à l'atmosphère.
[0163] Le volume d'eau primaire est de l'ordre de 30 m
3, soit un facteur 10 environ inférieur à celui du volume d'eau secondaire.
[0164] Il en résulte donc une inertie thermique très importante contribuant fortement à
la sûreté de fonctionnement du bloc réacteur 4, 102, à la fois en termes d'absorption
des éventuels échauffements de l'eau primaire, mais également vis-à-vis de la montée
en pression de l'eau primaire en cas de défaut d'évacuation de la puissance résiduelle.
[0165] De plus, les conséquences d'un Accident de Perte de Refroidissement Primaire (APRP)
sont fortement amoindries de par la configuration de l'eau secondaire enveloppant
intégralement le circuit primaire.
[0166] Le tableau 2 suivant illustre caractéristiques du dimensionnement thermo hydraulique
des circuits secondaires et tertiaires. La CAO indique un nombre de trois échangeurs
200, qui pourrait être réduit à deux, pour des questions d'optimum économiques.
[Tableau 2]
Paramètres |
Valeurs |
Température T1 en entrée d'échangeurs 49 |
65°C |
Température T2 en sortie d'échangeurs 49 |
105°C |
Débit de l'eau secondaire |
119,1 kg/s |
Pression de l'eau secondaire |
5 bars |
Température T3 en entrée 201 d'échangeurs 200 |
35°C |
Température T4 en sortie 202 d'échangeurs 200 |
90°C |
Débit de l'eau tertiaire |
86,9 kg/s |
Hauteur motrice d'équilibre de convection naturelle S d'eau secondaire |
2,7 m |
[0167] Les conditions de fonctionnement sont donc sensiblement identiques à celles régissant
la circulation d'eau primaire.
[0168] Un nombre de trois échangeurs identiques 200 est retenu avec pour chacun un volume
d'échange thermique utile d'environ 1,1 m
3 et une hauteur d'échange entre circuits secondaire et tertiaire de 1,7m.
[0169] Le pincement dans un échangeur 200 est augmenté comparativement à celui d'un échangeur
49 du fait de l'écart de température entre la couche d'eau froide à 35°C dans la fosse
9, et la couche d'eau chaude à 90°C.
[0170] La hauteur motrice de convection naturelle de l'eau secondaire est d'au moins 2.7
m, ce qui fixe la position maximale en altitude de la thermocline 1. On peut envisager
une hauteur d'environ 3,5 m afin de prendre des marges de dimensionnement concernant
les pertes de charge en tuyauterie, et avoir des marges de réglage en modulant le
débit de de l'eau tertiaire.
[0171] La hauteur motrice minimale nécessaire à l'établissement de la convection naturelle
de l'eau tertiaire correspond à la différence d'altimétrie entre la position médiane
d'un échangeur 200, et la position de la thermocline de séparation entre couche froide
et couche chaude dans la fosse 9. Cette thermocline évolue de façon saisonnière et
en fin de période estivale, avant la mise en route de la fourniture de chaleur au
réseau 300, la couche d'eau froide est minimale et comme cela ressort déjà de ce qui
précède, la valeur conservative choisie est l'altitude du collecteur de soutirage
211 de l'eau tertiaire. Le pré dimensionnement réalisé se base sur la minimisation
des pertes de charge permettant l'établissement de la convection naturelle à hauteur
motrice modérée. La hauteur calculée minimale est de l'ordre de 2 m, ce qui permet
une implantation compacte, malgré les conditions cumulées de convection naturelle
des circuits primaire, secondaire et tertiaire qui conduisent à un enfouissement relativement
profond du bloc réacteur 4.
[0172] Le niveau du radier 103 du puits de cuve se situe à environ 50 m par rapport au sol,
lorsque le puits de cuve 100 est totalement excavé, c'est-à-dire enterré complètement
en-dessous du fond 91 de la fosse 9. Dans la conception CAO, le fond de la fosse 9
se situe à 32 m de la surface du sol. Dans l'hypothèse d'une fosse 9 plus profonde,
par exemple 40 m, la profondeur du radier serait alors plus proche de 60 m, à cause
de la nécessité d'établissement d'une convection naturelle de l'eau tertiaire.
[0173] Les injections d'eau dans la fosse de stockage thermique 9 et de soutirage vers le
réacteur 4 sont prévues pour avoir des débits constants toute l'année correspondant
à un fonctionnement du réacteur à 100% de puissance.
[0174] Les débits aller et retour du réseau de chaleur 300 sont quant à eux variables selon
l'appel de puissance du réseau. Les variations de charge hydrostatique dans la fosse
9 pendant l'année peuvent nécessiter l'ajout d'un dispositif de régulation du débit
de soutirage vers le réacteur pour maintenir ce dernier constant.
[0175] Le différentiel de débits entre les injection/soutirage du réacteur 4 et les aller
et retour du réseau de chaleur 300 dans les tuyauteries 310, 320 conduit au déplacement
de la thermocline vers le haut ou vers le fond de la fosse 9, comme suit :
- si le débit vers le réseau de chaleur 300 est inférieur au débit d'injection/soutirage
du réacteur 4, alors la thermocline se déplace vers le fond 90 et le stockage thermique
est en mode de charge, c'est-à-dire que l'énergie thermique qui y est stockée augmente,
- si le débit vers le réseau de chaleur 300 est supérieur au débit d'injection/soutirage
du réacteur 4 alors la thermocline se déplace vers le haut et le stockage est en mode
de décharge, c'est-à-dire que l'énergie thermique qui y est stockée diminue,
- si le débit vers le réseau de chaleur 300 est égal au débit d'injection/soutirage
du réacteur 4, alors la thermocline ne se déplace pas, et l'énergie thermique stockée
reste constante.
[0176] Pour optimiser la stabilité de formation de la thermocline, les différents collecteurs
de soutirage 211 ou d'injection 221 d'eau tertiaire ou de soutirage 321 et d'injection
311 du réseau de chaleur 300 peuvent être réalisés selon une configuration préférée.
[0177] Il peut s'agir avantageusement d'un dispositif de répartition de débit hydraulique
adapté pour élargir le débit d'eau entrant ou sortant, de type connu sous la désignation
de pavillon comme illustré aux figures 13 et 14 pour une injection d'eau tertiaire
à la température chaude.
[0178] L'invention n'est pas limitée aux exemples qui viennent d'être décrits ; on peut
notamment combiner entre elles des caractéristiques des exemples illustrés au sein
de variantes non illustrées.
[0179] D'autres variantes et modes de réalisation peuvent être envisagés sans pour autant
sortir du cadre de l'invention.
[0180] Sur la figure 12, par souci de clarté, on a illustré un seul échangeur 200. Il va
de soi que le nombre d'échangeurs 49 entre circuits primaire et secondaire et d'échangeurs
200 entre circuit secondaire et tertiaire n'est illustré qu'à titre indicatif et sera
à adapter en fonction des configurations de l'installation requises pour la fourniture
d'eau chaude à un réseau de chaleur 300.
[0181] Également, par souci de simplification et de clarté, l'échangeur 200 entre circuit
secondaire et tertiaire est représenté en figure 12 à l'intérieur de la fosse 9. De
préférence, le ou les échangeurs 200 est(sont) agencé(s) en dehors du volume d'eau
secondaire, de préférence encore derrière le puits de cuve 100 dans la paroi de béton
101, comme illustré aux figures 16 et 16A, avec une vanne d'isolement 212 sur chaque
tuyauterie d'entrée et de sortie, afin de pouvoir isoler le circuit secondaire et
compléter l'étanchéité de la troisième barrière de confinement radioactive.
[0182] Par ailleurs, si le réacteur à vocation calogène 4 décrit est prévu avec une circulation
d'eau primaire et d'eau secondaire uniquement par convection naturelle, on peut envisager
tout réacteur REP avec des débits d'eau des circuits primaires et secondaires générés
par des pompes, c'est-à-dire selon une convection forcée ou par un thermosiphon peut
convenir au couplage par son circuit tertiaire en convection naturelle avec une fosse
de stockage thermique remplie d'eau telle que décrit précédemment.
Liste des références citées