Domaine technique de l'invention
[0001] L'invention concerne une pièce notamment un composant horloger réalisé dans un acier
inoxydable paramagnétique ayant à coeur une dureté comprise entre 500 et 900 HV1 et
sur une partie de sa surface une dureté inférieure à 400 HV1. Elle concerne également
le procédé de fabrication de cette pièce en acier inoxydable.
Arrière-plan technologique
[0002] Les alliages métalliques durs et non ferromagnétiques trouvent des applications dans
de nombreux domaines, principalement pour des composants soumis à de fortes contraintes
mécaniques et/ou tribologiques et devant rester insensibles aux champs magnétiques.
C'est notamment le cas pour de nombreux composants horlogers, comme par exemple des
roues, des pignons, des axes ou encore des ressorts au niveau du mouvement. Pour l'habillage
externe, il est également intéressant d'obtenir des duretés élevées, par exemple pour
la carrure, la lunette, le fond, le fermoir ou encore la couronne. En effet, une dureté
élevée, à savoir supérieure à 500 HV, permet généralement d'obtenir une meilleure
résistance à la rayure et à l'usure et donc une bonne durabilité de ces composants
exposés à l'environnement extérieur. Les alliages présentant de tels niveaux de dureté
sont généralement ferromagnétiques et donc peu appropriés pour des composants horlogers.
[0003] Récemment, un acier inoxydable paramagnétique avec une dureté comprise entre 500
et 900 HV10 a été développé avec une composition et une microstructure divulguées
dans le document
EP 3 835 438. Cet acier comprend en poids :
- 26 ≤ Cr ≤ 40%,
- 0 ≤ Mn ≤ 5%,
- 5 ≤ Ni ≤ 20 %,
- 0 ≤ Mo ≤ 3%,
- 0 ≤ Al ≤ 5%,
- 0 ≤ Cu ≤ 2%,
- 0 ≤ Si ≤ 5%,
- 0 ≤ Ti ≤ 1%,
- 0 ≤ Nb ≤ 1%,
- 0 ≤ C ≤ 0.1%,
- 0 ≤ N ≤ 0.1%,
- 0 ≤ S ≤ 0.5%,
- 0 ≤ P ≤ 0.1%,
le solde étant constitué par du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune une
teneur inférieure ou égale à 0.5%. Il présente une microstructure formée d'une phase
sigma comprise dans un pourcentage massique compris entre 40 et 80% et d'une phase
austénitique comprise dans un pourcentage massique compris entre 20 et 60%.
[0004] Il est réalisé avec un procédé particulier comprenant les étapes suivantes :
- Mise à disposition ou réalisation d'une ébauche ayant la composition chimique précitée
et possédant une structure majoritairement ou complètement ferritique,
- Traitement thermique, dit traitement de durcissement, de l'ébauche pour obtenir la
pièce, le traitement de durcissement étant réalisé à une température comprise entre
650 et 900°C pendant un temps compris entre 30 minutes et 24 heures pour transformer
la ferrite de ladite structure en une phase austénitique et une phase intermétallique
sigma, le traitement de durcissement étant suivi d'un refroidissement jusqu'à température
ambiante.
[0005] Cette microstructure particulière constituée de deux phases non ferromagnétiques
permet notamment d'obtenir un très bon compromis entre dureté et ténacité, une bonne
résistance à la corrosion ainsi qu'une excellente aptitude à être poli.
[0006] On observe cependant que la microstructure et la composition de cet acier pourraient
être optimisées pour améliorer la capacité de la pièce à résister aux chocs à des
endroits spécifiques qui sont plus sollicités.
Résumé de l'invention
[0007] L'invention consiste à optimiser la composition et la microstructure de l'art antérieur
en des endroits spécifiques de la surface de la pièce qui sont plus sollicités.
[0008] A cet effet, le procédé de fabrication de l'acier susmentionné est modifié avec une
étape de traitement local de la surface avant le traitement thermique de durcissement.
Cette étape consiste à déposer sélectivement un élément gammagène, à savoir le nickel,
en ces endroits spécifiques et à réaliser un traitement thermique de diffusion, le
tout avant le traitement thermique de durcissement. Ce traitement thermique de diffusion
permet de diffuser le nickel sur une profondeur donnée et de transformer la ferrite
en une couche 100% austénitique qui a pour caractéristique d'être ductile améliorant
par là-même la résistance aux chocs.
[0009] Il en résulte une pièce en acier paramagnétique avec un coeur et une partie de la
surface entourant le coeur ayant une dureté élevée comprise entre 500 et 900 HV1 et
avec l'autre partie de la surface ayant une dureté inférieure à 400 HV1. Le coeur
et ladite partie de la surface comprend une microstructure formée de la phase sigma
et de la phase austénitique et l'autre partie de la surface est formée d'austénite
sans phase sigma, ce qui permet de réduire la dureté tout en conservant le caractère
paramagnétique de la pièce.
[0010] Plus précisément, il s'agit d'une pièce en acier inoxydable paramagnétique comportant
un coeur entouré par une surface comprenant au moins une première zone et au moins
une deuxième zone,
- le coeur et la deuxième zone ayant une composition chimique comprenant en poids :
- 26 ≤ Cr ≤ 40%,
- 0 ≤ Mn ≤ 5%,
- 5 ≤ Ni ≤ 20%,
- 0 ≤ Mo ≤ 3%,
- 0 ≤ Al ≤ 5%,
- 0 ≤ Cu ≤ 2%,
- 0 ≤ Si≤ 5%,
- 0 ≤ Ti ≤ 1%,
- 0 ≤ Nb ≤ 1%,
- 0 ≤ C ≤ 0.1%,
- 0 ≤ N ≤ 0.1%,
- 0 ≤ S ≤ 0.5%,
- 0 ≤ P ≤ 0.1%,
le solde étant constitué par du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune une
teneur inférieure ou égale à 0.5%,
ledit coeur et ladite deuxième zone ayant une dureté HV1 comprise entre 500 et 900,
et une microstructure formée d'une phase sigma comprise dans un pourcentage massique
compris entre 40 et 80% et d'une phase austénitique comprise dans un pourcentage massique
compris entre 20 et 60%,
la pièce étant caractérisée en ce que la première zone est enrichie en Ni par rapport
au coeur et à la deuxième zone, en ce que la première zone forme une couche formée
à 100% d'une phase austénitique, ladite couche étant appelée couche austénitique et
en ce que la couche austénitique a une dureté inférieure à 400 HV1.
[0011] Plus précisément, il s'agit du procédé de fabrication d'une pièce en acier inoxydable
paramagnétique comportant les étapes suivantes :
- a) Mise à disposition ou réalisation d'une ébauche ayant sensiblement la forme de
la pièce à fabriquer ou étant de forme différente, l'ébauche ayant la composition
chimique précitée et possédant une structure majoritairement ou complètement ferritique,
- b) Déposition d'une couche de Ni sur toute la surface ou uniquement sur la première
zone de la surface avec une étape b') de dissolution locale de la couche de Ni sur
la deuxième zone si la déposition est réalisée sur toute la surface ou avec une étape
d'usinage local sur la deuxième zone,
- c) Traitement thermique, dit traitement de diffusion, de l'ébauche à une température
comprise entre 1050°C et 1400°C pour diffuser le Ni sur une profondeur donnée de l'ébauche
en dessous de la première zone et pour transformer la ferrite au sein de ladite profondeur
donnée en une phase 100% austénitique formant la couche austénitique,
- d) Traitement thermique, dit traitement de durcissement, de l'ébauche pour obtenir
la pièce, le traitement de durcissement étant réalisé à une température comprise entre
650 et 900°C pendant un temps compris entre 30 minutes et 24 heures pour transformer
la ferrite au sein du coeur et de la deuxième zone en une phase austénitique et une
phase intermétallique sigma, le traitement de durcissement étant suivi d'un refroidissement
jusqu'à température ambiante.
Brève description des figures
[0012]
La figure 1 représente une vue en coupe observée en microscopie optique sous lumière
polarisée d'une pièce selon l'invention avec en surface une couche d'austénite ductile.
La figure 2 représente pour cette même pièce une vue en coupe observée en microscopie
optique sous lumière polarisée d'une partie de la surface dépourvue de la couche d'austénite
ductile avec cette partie de la surface et le coeur ayant une même microstructure
formée de la phase sigma et de la phase austénitique.
La figure 3 représente une vue en coupe observée en microscopie électronique d'une
pièce selon l'invention avec en surface une couche d'austénite ductile stoppant la
propagation des fissures lors d'une sollicitation.
La figure 4 est une vue schématique en coupe de la pièce selon l'invention.
La figure 5 représente une vue schématique d'une coiffe de couronne avec les zones
sollicitées lors d'un choc pointées par les flèches.
La figure 6 représente le travail à la rupture en Nmm pour des échantillons de différentes
épaisseurs avec certains échantillons comprenant une couche d'austénite ductile en
surface selon l'invention et certains échantillons dépourvus de la couche d'austénite
ductile en surface selon l'art antérieur.
Description détaillée de l'invention
[0013] L'invention concerne des pièces réalisées dans un acier inoxydable paramagnétique
ayant en majorité une dureté comprise entre 500 et 900 HV1 ainsi que le procédé de
fabrication de pièces réalisées avec ces aciers. On entend par dureté HV1 une dureté
Vickers mesurée selon la norme ISO 6507-1:2018. A titre d'exemple, la pièce peut être
un composant horloger. Il peut s'agir d'un composant d'habillage choisi parmi la liste
non exhaustive comprenant une carrure, un fond, une lunette, une couronne, un poussoir,
un maillon de bracelet, un bracelet, une boucle ardillon, un fermoir par exemple du
type boucle déployante, un cadran, une aiguille et un index de cadran. Il peut également
s'agir d'un composant du mouvement choisi parmi la liste non exhaustive comprenant
une roue dentée, un axe, un pignon, un ressort, un pont, une platine, une vis et un
balancier.
[0014] Les pièces 1 ont une composition chimique et une microstructure différentes entre
le coeur 2 de la pièce et une partie 3a de la surface autour du coeur 2 (figure 4).
Cette partie 3a de la surface, aussi appelée première zone, est enrichie en Ni par
rapport au coeur 2 de la pièce et le reste 3b de la surface, aussi appelé deuxième
zone, pour former après traitement thermique une couche d'austénite 4. Selon l'invention,
seules certaines zones de la surface sont ciblées. Il s'agit des zones les plus sollicitées
lors d'un choc. A titre d'exemple, la figure 5 montre à l'aide de flèches les zones
intérieures d'une coiffe de couronne qui sont sollicitées et nécessitent une couche
plus ductile pour améliorer la résistance aux chocs. Toute la surface n'est pas couverte
par la couche ductile car il serait néfaste d'avoir une couche ductile à l'extérieur
de la coiffe, une dureté plus élevée étant désirée pour l'extérieur de la pièce. On
peut citer pour autre exemple les carrures. Certaines parties de la carrure sont utilisées
pour la fermeture du fond et ont pour caractéristique d'être fines. Augmenter la ductilité
de ces parties grâce à une couche d'austénite serait hautement bénéfique.
[0015] La couche d'austénite enrichie en nickel a typiquement une épaisseur inférieure à
500 µm et plus typiquement de l'ordre de 10-20 µm. On précisera que le choix de l'épaisseur
de la couche sera fonction de la taille de la pièce, la couche ductile devant occuper
un volume relativement faible par rapport au volume total pour garder le bénéfice
d'une pièce globalement dure.
[0016] A coeur et sur la partie de la surface non enrichie en nickel, la pièce est réalisée
dans un acier inoxydable ayant la composition suivante en poids :
- 26 ≤ Cr ≤ 40%,
- 0 ≤ Mn ≤ 5%,
- 5 ≤ Ni ≤ 20 %,
- 0 ≤ Mo ≤ 3%,
- 0 ≤ Al ≤ 5%,
- 0 ≤ Cu ≤ 2%,
- 0 ≤ Si ≤ 5%,
- 0 ≤ Ti ≤ 1%,
- 0 ≤ Nb ≤ 1%,
- 0 ≤ C ≤ 0.1%,
- 0 ≤ N ≤ 0.1%,
- 0 ≤ S ≤ 0.5%,
- 0 ≤ P ≤ 0.1%,
le solde étant constitué par du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune une
teneur inférieure ou égale à 0.5%.
[0017] De préférence, l'acier inoxydable a la composition suivante en poids :
- 28 ≤ Cr ≤ 38%,
- 0 ≤ Mn ≤ 3%,
- 5 ≤ Ni ≤ 15%,
- 0 ≤ Mo ≤ 3%,
- 0 ≤ Al ≤ 3%,
- 0 ≤ Cu ≤ 2%,
- 0 ≤ Si≤ 5%,
- 0 ≤ Ti ≤ 1%,
- 0 ≤ Nb ≤ 1%,
- 0 ≤ C ≤ 0.05%,
- 0 ≤ N ≤ 0.05%,
- 0 ≤ S ≤ 0.5%,
- 0 ≤ P ≤ 0.1%,
avec toujours un solde constitué du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune
une teneur inférieure ou égale à 0.5%.
[0018] Plus préférentiellement, l'acier inoxydable a la composition suivante en poids :
- 30 ≤ Cr ≤ 36%,
- 0 ≤ Mn ≤ 3%,
- 5 ≤ Ni ≤ 10%,
- 0 ≤ Mo ≤ 1%,
- 0 ≤ Al ≤ 1%,
- 0 ≤ Cu ≤ 1%,
- 0 ≤ Si≤ 3%,
- 0 ≤ Ti ≤ 1%,
- 0 ≤ Nb ≤ 1%,
- 0 ≤ C ≤ 0.05%,
- 0 ≤ N ≤ 0.05%,
- 0 ≤ S ≤ 0.5%,
- 0 ≤ P ≤ 0.1%,
avec toujours un solde constitué du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune
une teneur inférieure ou égale à 0.5%.
[0019] Ce coeur avec la partie de la surface non enrichie en nickel a une dureté HV1 comprise
entre 500 et 900 et une microstructure formée d'une phase sigma comprise dans un pourcentage
massique compris entre 40 et 80% et d'une phase austénitique comprise dans un pourcentage
massique compris entre 20 et 60%.
[0020] L'autre partie de la surface a une composition proche de celle de celle du coeur
mais avec un enrichissement en nickel. Elle a une dureté inférieure à 400 HV1, de
préférence comprise entre 150 et 350 HV1. Elle est constituée à 100% d'une phase austénitique.
[0021] Selon l'invention, le procédé de fabrication d'une pièce en acier inoxydable comporte
une étape a) de mise à disposition ou réalisation d'une ébauche ayant une composition
tombant dans les gammes précitées. Cette ébauche présente une structure majoritairement
ferritique ou, de préférence, 100% ferritique. L'ébauche est obtenue à partir d'une
matière de base soumise à un traitement thermique ou thermomécanique à une température
comprise dans une gamme de températures entre 950°C et 1450°C suivi d'une trempe.
La matière de base peut être sous forme d'une poudre ou d'une matière consolidée.
Elle peut être réalisée par coulée, par pressage, par moulage, par injection (
MIM : Métal Injection Moulding), par fabrication additive, et de manière plus large par métallurgie des poudres.
Il est envisageable de réaliser la matière de base et le traitement thermique en une
seule étape, par exemple, par une technique de fabrication additive avec laser (
SLM : Selective Laser Melting). Ces différentes techniques permettent de réaliser une ébauche avec une matière
de base présentant des dimensions sensiblement égales à celles de la pièce à réaliser,
auquel cas une étape de mise en forme ultérieure n'est pas requise.
[0022] La composition de la matière de base est optimisée pour obtenir une structure majoritairement
ou complètement ferritique lors du maintien à la température comprise entre 950°C
et 1450°C pendant un temps compris entre 1 minute et 24 heures. La température est
choisie pour obtenir une fraction massique d'austénite inférieure ou égale à 40% et
une fraction massique de ferrite supérieure ou égale à 60%. La présence d'austénite
permet d'obtenir une dureté minimale et une ductilité maximale pour permettre une
mise en forme aisée, par exemple par forgeage, par découpage ou par usinage.
[0023] Le traitement thermique ou thermomécanique dans la gamme 950°C-1450°C peut être mis
à profit pour réaliser des traitements d'homogénéisation, de recristallisation ou
encore de relaxation des contraintes sur des matières de base obtenues par coulée
ou pour réaliser des frittages sur des matières de base sous forme de poudre. Le traitement
dans le domaine ferritique ou ferritique-austénitique peut être réalisé en un seul
cycle ou comporter plusieurs cycles de traitement thermique ou thermomécanique. Il
peut également être précédé ou suivi d'autres traitements thermiques ou thermomécaniques.
[0024] Après le maintien dans le domaine ferritique ou ferritique-austénitique, l'ébauche
est soumise à un refroidissement rapide, aussi qualifié de trempe, jusqu'à une température
inférieure à 500°C de manière à éviter la formation de nouvelles phases lors du refroidissement.
Ainsi, la structure ferritique ou ferritique-austénitique est conservée à température
ambiante. Grâce aux compositions selon l'invention, la structure ferritique est suffisamment
stable pour être conservée à température ambiante après un refroidissement rapide
mais suffisamment métastable pour être facilement et rapidement transformée en une
phase sigma et une phase austénitique lors d'un traitement thermique subséquent à
des températures intermédiaires comprises entre 650°C et 900°C.
[0025] A l'issue de l'étape a), l'alliage présente une faible dureté et une grande ductilité
permettant le cas échéant une mise en forme aisée, par exemple par forgeage, par découpage
ou par usinage.
[0026] Après l'étape a), le procédé comporte une étape optionnelle de mise en forme de l'ébauche
par usinage, découpage ou par toute opération impliquant une déformation telle que
le forgeage. Cette étape peut être réalisée en plusieurs séquences. Cette étape n'est
pas requise si l'ébauche à l'issue de l'étape a) présente déjà la forme finale de
la pièce à fabriquer. Cette étape pourrait également être réalisée après l'étape de
traitement thermique de diffusion ci-après. Comme mentionné par la suite, cette étape
pourrait également être mise à profit pour enlever sélectivement de manière mécanique
la couche enrichie en Ni.
[0027] Outre la mise en forme, une opération de déformation plastique peut être mise à profit
pour augmenter notamment la vitesse de transformation de la ferrite lors de l'étape
subséquente de transformation de la ferrite en austénite et en phase sigma. De plus,
comme le durcissement par écrouissage est faible pour les structures ferritiques et
que l'alliage selon l'invention est majoritairement ou totalement ferritique avant
le traitement par durcissement, cette étape de déformation plastique n'engendre pas
de durcissement problématique pour une mise en forme éventuelle par usinage ou découpage.
Cette déformation plastique en une ou plusieurs séquences peut être réalisée à une
température inférieure à 650°C.
[0028] Ensuite, le procédé comporte les étapes b) et c) faisant plus spécifiquement l'objet
de l'invention et visant à déposer sélectivement du nickel à la surface de l'ébauche
et à diffuser ce nickel sur une profondeur donnée de la pièce. On précisera à nouveau
que ces étapes pourraient éventuellement être réalisées avant l'étape de mise en forme
si il y a une étape de mise en forme.
[0029] Dans une étape b), le nickel est déposé soit sur toute la surface de l'ébauche, soit
sur une partie de la surface de l'ébauche. Typiquement, la couche est déposée par
galvanisation ou par PVD. La couche déposée a une épaisseur comprise entre 1 et 20
µm, de préférence entre 3 et 10 µm, plus préférentiellement entre 4 et 10 µm. Lorsque
le nickel est déposé seulement sur une partie de la surface de l'ébauche, la surface
est partiellement masquée de manière à cibler le dépôt de nickel. Le masquage peut,
par exemple, être réalisé avec une laque qui sera ultérieurement dissoute. Si le dépôt
de nickel est réalisé sur toute la surface, il y a une étape b') de dissolution du
dépôt là où il n'est pas souhaité ou une étape d'usinage visant à enlever sélectivement
la couche de nickel avant ou après l'étape de diffusion, voire après l'étape de traitement
thermique de durcissement. Une façon d'effectuer une dissolution locale de la couche
de nickel peut être de masquer les endroits où la couche est désirée par exemple à
l'aide d'une laque ou simplement en positionnant un élément tel qu'un bouchon s'il
s'agit d'un endroit creux à recouvrir d'une couche d'austénite et ensuite de tremper
la pièce dans un bain d'acide tel que du HNOs dilué, pendant quelques heures. La pièce
est ensuite rincée. A l'issue de l'étape de dépôt localisé de la couche de nickel,
une étape c) de traitement thermique de la pièce entre 1050°C et 1400°C, de préférence
entre 1200°C et 1300°C, pendant un temps compris entre 5 minutes et 5 heures, de préférence
entre 5 minutes et 1 heure, est effectuée pour diffuser le nickel dans l'alliage et
transformer cette zone préalablement formée majoritairement de ferrite en austénite.
Il en résulte une pièce avec une couche d'austénite ductile en certains endroits de
la surface. La couche est 100% austénitique, avec une épaisseur dépendant principalement
de deux facteurs liés à la diffusion du nickel dans l'alliage, à savoir l'épaisseur
de dépôt de Ni et le temps de traitement de diffusion à haute température.
[0030] A ce stade du procédé, le coeur et la partie de la surface non enrichie en nickel
sont toujours majoritairement ou complètement formés de ferrite. A l'étape d), un
traitement thermique de durcissement de l'ébauche entre 650°C et 900°C, de préférence
entre 700°C et 800°C, est réalisé pour obtenir les propriétés finales. La durée du
traitement thermique entre 650°C et 900°C est fixée de façon à garantir une transformation
totale de la ferrite et donc l'obtention d'une microstructure formée d'une phase sigma
et d'une phase austénitique au coeur de la pièce et sur la partie de la surface non
traitée, la couche enrichie en nickel formée d'austénite restant stable, sans transformation.
[0031] La vitesse de transformation de la ferrite en austénite + phase sigma dépend notamment
de la composition de l'alliage et de son histoire thermomécanique comme mentionné
précédemment. De manière générale, la durée du traitement se situe entre 30 minutes
et 24 heures. Après le traitement de durcissement, l'acier présente une fraction massique
de phase sigma comprise entre 40% et 80% et une fraction massique d'austénite comprise
entre 20% et 60%, les pourcentages étant fonction de la composition chimique et des
traitements thermiques réalisés. Le coeur et la surface de la pièce non enrichie en
Ni, ainsi obtenus ont une dureté élevée comprise entre 500 et 900 HV1 grâce au traitement
thermique de durcissement.
[0032] Comme pour tous les aciers inoxydables, d'éventuelles inclusions non métalliques
peuvent également être présentes en faible quantité, sans que cela n'affecte les propriétés
mécaniques et magnétiques. De plus, des inclusions permettant d'améliorer l'usinabilité,
comme par exemple des sulfures de manganèse, peuvent également être présentes en faible
quantité dans l'alliage.
[0033] Cette étape de traitement thermique de durcissement peut être suivie d'une éventuelle
étape e) de finition de surface telle que du polissage.
[0034] Par ailleurs, en présence d'une ébauche avec une structure austénite + ferrite à
l'étape a), le procédé de fabrication peut comporter une étape additionnelle avant
le traitement thermique de diffusion du Ni de l'étape b), dans la gamme de température
950°C-1450°C pour transformer la structure austénite + ferrite en une structure 100%
ferritique. En variante, cette étape peut former une seule et même étape avec l'étape
de diffusion.
[0035] En résumé, après le traitement thermique à haute température (950°C-1450°C) suivi
d'une trempe, les aciers présentent notamment les propriétés suivantes :
- Dureté entre 150 et 400 HV1.
- Bonne ductilité avec une déformation plastique sans fissuration supérieure à 50% en
compression à température ambiante.
- Comportement ferromagnétique, dû à la présence de ferrite.
[0036] Après le dépôt localisé de nickel avec diffusion et le traitement thermique de durcissement,
les aciers selon l'invention présentent notamment les propriétés suivantes :
- Dureté entre 500 et 900 HV1 au coeur et sur la partie de la surface non enrichie en
nickel.
- Dureté inférieure à 400 HV1 sur certaines zones de la surface.
- Comportement non ferromagnétique.
- Excellente aptitude à être poli, grâce à la microstructure très fine.
- Bonne résistance à l'usure.
- Meilleure résistance aux chocs dans les zones sollicitées.
- Bonne résistance à la corrosion.
[0037] Des essais ont été réalisés avec un dépôt de nickel galvanique d'une épaisseur de
5 µm sur toute la surface des pièces. La couche de nickel a été sélectivement dissoute
après masquage des zones où la couche est désirée. La dissolution a été réalisée par
trempage dans un bain de HNOs dilué, avec 20 ml de HNOs dans 100 ml d'H
2O pendant 19 heures. Le traitement thermique de diffusion du nickel a été réalisé
à 1250°C pendant quelques dizaines de minutes. Le traitement thermique de durcissement
a ensuite été réalisé à 750°C pendant 12 heures. Comme montré à la figure 1, la couche
d'austénite 4 a une épaisseur de 10-20 µm. A la figure 2, on observe les zones de
la surface sans couche d'austénite. La couche d'austénite 4 aide à stopper les fissures
5 qui se développent vers la surface de l'échantillon lors de la sollicitation et
ainsi à retarder la rupture (figure 3).
[0038] Des essais en flexion ont également été réalisés sur des échantillons comportant
une couche d'austénite sur toute la surface par opposition à des échantillons ne comportant
pas de couche d'austénite. Les échantillons étaient entièrement revêtus d'une couche
d'austénite à des fins de simplification des tests. On observe à la figure 6 que la
présence d'une couche d'austénite se traduit par une énergie absorbée plus importante
lors d'un essai de flexion.
1. Pièce (1) en acier inoxydable paramagnétique comportant un coeur (2) entouré par une
surface comprenant au moins une première zone (3a) et au moins une deuxième zone (3b),
- le coeur (2) et la deuxième zone (3b) ayant une composition chimique comprenant
en poids :
• 26 ≤ Cr ≤ 40%,
• 0 ≤ Mn ≤ 5%,
• 5 ≤ Ni ≤ 20 %,
• 0 ≤ Mo ≤ 3%,
• 0 ≤ Al ≤ 5%,
• 0 ≤ Cu ≤ 2%,
• 0 ≤ Si≤ 5%,
• 0 ≤ Ti ≤ 1%,
• 0 ≤ Nb ≤ 1%,
• 0 ≤ C ≤ 0.1%,
• 0 ≤ N ≤ 0.1%,
• 0 ≤ S ≤ 0.5%,
• 0 ≤ P ≤ 0.1%,
le solde étant constitué par du fer et des impuretés éventuelles ayant chacune une
teneur inférieure ou égale à 0.5%,
ledit coeur (2) et ladite deuxième zone (3b) ayant une dureté HV1 comprise entre 500
et 900, et une microstructure formée d'une phase sigma comprise dans un pourcentage
massique compris entre 40 et 80% et d'une phase austénitique comprise dans un pourcentage
massique compris entre 20 et 60%,
la pièce (1) étant caractérisée en ce que la première zone (3a) est enrichie en Ni par rapport au coeur (2) et à la deuxième
zone (3b), en ce que la première zone (3a) forme une couche formée à 100% d'une phase austénitique, ladite
couche étant appelée couche austénitique (4) et en ce que la couche austénitique (4) a une dureté inférieure à 400 HV1.
2. Pièce (1) selon la revendication 1, caractérisée en ce que la couche austénitique (4) a une dureté comprise entre 150 et 350 HV1.
3. Pièce (1) selon l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que ladite pièce (1) est un composant d'habillage ou du mouvement horloger.
4. Procédé de fabrication de la pièce (1) en acier inoxydable paramagnétique selon l'une
des revendications précédentes, comportant les étapes suivantes :
a) Mise à disposition ou réalisation d'une ébauche ayant sensiblement la forme de
la pièce (1) à fabriquer ou étant de forme différente, l'ébauche ayant la composition
chimique selon la revendication 1 et possédant une structure majoritairement ou complètement
ferritique,
b) Déposition d'une couche de Ni sur toute la surface ou uniquement sur la première
zone (3a) de la surface avec une étape b') de dissolution locale de la couche de Ni
sur la deuxième zone (3b) si la déposition est réalisée sur toute la surface ou avec
une étape d'usinage local sur la deuxième zone (3b),
c) Traitement thermique, dit traitement de diffusion, de l'ébauche à une température
comprise entre 1050°C et 1400°C pour diffuser le Ni sur une profondeur donnée de l'ébauche
en dessous de la première zone (3a) et pour transformer la ferrite au sein de ladite
profondeur donnée en une phase 100% austénitique formant la couche austénitique (4),
d) Traitement thermique, dit traitement de durcissement, de l'ébauche pour obtenir
la pièce (1), le traitement de durcissement étant réalisé à une température comprise
entre 650 et 900°C pendant un temps compris entre 30 minutes et 24 heures pour transformer
la ferrite au sein du coeur (2) et de la deuxième zone (3b) en une phase austénitique
et une phase intermétallique sigma, le traitement de durcissement étant suivi d'un
refroidissement jusqu'à température ambiante.
5. Procédé selon la revendication précédente, caractérisé en ce que la couche de Ni a une épaisseur comprise entre 1 et 20 µm, de préférence entre 3
et 10 µm, plus préférentiellement entre 4 et 10 µm.
6. Procédé selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que lorsque le Ni est déposé uniquement sur la première zone (3a) de la surface, ladite
surface est partiellement masquée de manière à cibler le dépôt de Ni.
7. Procédé selon l'une des revendications 4 à 6, caractérisé en ce que l'étape b') de dissolution locale est réalisée après avoir masqué la première zone
(3a).
8. Procédé selon l'une des revendications 4 à 7, caractérisé en ce que l'étape b') de dissolution locale est réalisée dans un bain d'acide tel que du HNOs.
9. Procédé selon l'une des revendications 4 à 8, caractérisé en ce qu'il comporte une étape de mise en forme de l'ébauche si ladite ébauche de l'étape a)
présente une forme différente de la pièce (1) à fabriquer, l'étape de mise en forme
étant réalisée entre les étapes a) et b) ou entre les étapes b) et c).
10. Procédé selon l'une des revendications 4 à 9, caractérisé en ce que la structure de l'ébauche à l'étape a) comporte une fraction massique d'austénite
inférieure ou égale à 40% et une fraction massique de ferrite supérieure ou égale
à 60%.
11. Procédé de fabrication selon l'une des revendications 4 à 10, caractérisé en ce que la structure de l'ébauche à l'étape a) comporte 100% de ferrite.