[0001] La présente invention a pour objet une machine ferroviaire pour la rectification
du champignon des rails.
[0002] Sur les machines connues de ce genre, des unités de rectification composées par exemple
chacune d'une meule rotative et de son moteur d'entraînement sont montées par groupes
de trois ou quatre sur des patins disposés parallèlement et au-dessus des files de
rails. Ces patins sont reliés au châssis roulant de ces machines par des organes de
liaison verticale et longitudinale ayant pour fonctions respectives de les abaisser
et de les relever pour leur mise en et hors service et pour les entraîner et les guider
le long de la voie pendant l'avance en travail.
[0003] Sur les patins, les unités de rectification sont montées soit toutes à une même position
angulaire dans un plan transversal à la voie pour rectifier toutes la même génératrice
du profil de la surface du champignon du rail soit chacune inclinée d'un petit angle
par rapport à l'autre dans ledit plan de façon a rectifier chacune une génératrice
peu espacée de la génératrice voisine. Dans ce dernier cas, l'écart d'orientation
entre les unités de rectification doit être faible pour obtenir une bonne qualité
du travail et pour réduire au minimum la largeur des facettes résultant de la rectification.
[0004] Cependant, du fait du nombre limité de patins que l'on peut monter sur une machine,
leur longueur étant en moyenne de deux mètres, il n'est pas possible dans ces deux
types de montage de rectifier la totalité du profil du champignon des rails. Pour
assurer cependant cet effet les unités peuvent être montées inclinées l'une par rapport
à l'autre d'un angle plus grand, suffisant pour que la totalité du profil soit rectifiée
avec le nombre total de patins dont on dispose. Mais alors le rectifiage obtenu est
irrégulier et les facettes usinées sont trop larges et se raccordent mal pour reconstituer
correctement le profil du champignon des rails.
[0005] Sur les grands trains de rectifiage connus et utilisés sur les grandes lignes le
problème ne se pose pas car ils sont composés de suffisamment de wagons pour permettre
l'installation du nombre de patins nécessaire pour assurer à la fois la qualité du
travail et la reconstitution totale correcte du profil du champignon des rails. En
contrepartie ces trains occupent un personnel important, sont chers aussi bien à l'achat
qu'à l'entretien, sont encombrants et peu maniables pour leur transfert d'un réseau
à un autre.
[0006] La tendance actuelle est à l'utilisation de machines compactes sur les grandes lignes
car elles nécessitent moins d'investissement et d'entretien, moins de personnel et
sont de transfert facile.
[0007] Les problèmes soulevés par le faible nombre de patins de rectification que l'on peut
installer sur ces machir.es, décrits ci-avant, acquièrent ainsi une importance accrue
et doivent être résolus pour rendre ces machines opérationnelles sur les grandes lignes
au même titre que les trains en ce qui concerne la fiabilité et la qualité du reprofilage
des rails.
[0008] L'invention a pour but de résoudre ces problèmes.
[0009] La solution proposée consiste à monter sur ces machines des patins porte-outils à
inclinaison variable dans un plan transversal à la voie, de manière à permettre le
déplacement angulaire de l'ensemble des unités de rectifiage montées sur chaque patin
autour du profil de la surface du champignon des rails, comme il sera montré plus
loin de manière détaillée. A qualité de reprofilage égale, cette solution permet de
pallier à l'insuffisance du nombre d'unités de rectifiage par un plus grand nombre
de passes à des angles d'inclinaison aussi réduits que néces- sairesentre les unités
de rectifiage montées sur chaque patin.
[0010] Le dessin annexé représente, à titre d'exemple, une forme d'exécution de l'objet
de l'invention, ainsi qu'une variante.
[0011]
La figure 1 est une vue d'ensemble en élévation de la forme d'éxécution.
La figure 2 en est une coupe partielle agrandie, selon l'axe de coupe I-I de la figure
1.
La figure 3 est une coupe, semblable à la figure 2, de la variante.
La figure 4 est une coupe partielle d'un rail illustrant le principe de l'invention.
[0012] La machine représentée à la figure 1 est un véhicule de rectification de la surface
de roulement des rails 1 d'une voie ferrée sur lesquelles son châssis roulant 2 repose
par deux essieux 3 et 4. Cette machine, du type dit "compact" est autonome et est
équipée à cet effet d'une centrale énergétique 5 fournissant l'énergie nécessaire
à ses déplacements et à l'entraînement et la commande de ses unités de rectifiage
6, et de deux postes de commande 7, avant et arrière, dans lesquels sont groupés les
organes de commande et de contrôle.
[0013] Dans l'exemple illustré les unités de rectifiage sont des unités de meulage 6, au
nombre de seize, montées par groupes de quatre sur quatre patins 8 disposés par deux
sur chaque file de rails, l'un à la suite de l'autre, entre les essieux 3 et 4. Chaque
patin 8, disposé parallèlement et au- dessus d'une file de rails 1, est relié au châssis
roulant 2 par un vérin 9 et par deux timons 10 articulés à une console 11 fixée sous
ledit châssis roulant.
[0014] Dans le plan vertical transversal à la voie, selon la coupe partielle représentée
à la figure 2, les deux patins 8 se faisant face, dont seul celui de gauche est représenté,
sont reliés par leur partie médiane à un élément de liaison 12. Ces patins 8 sont
déplaçables angulairement, dans un plan perpendiculaire à l'axe du rail. Dans l'exemple
illustré chaque patin est articulé sur un pivot 13. Un vérin hydraulique 14 à deux
effets est interposé entre chaque patin 8 et l'élément de liaison 12 est articulé
à ces deux éléments sur deux tourillons 15 et 16 formant avec le pivot 13 un triangle
déformable.
[0015] Chaque patin 8 est structuré en forme de cadre constitué de deux parois longitudinales
17 reliées par des traverses 18 formant ainsi des alvéoles à l'intérieur desquelles
sont montées les unités de meulage 6. Ces dernières se composent d'une meule rotative
cylindrique 60, ici une meule lapidaire travaillant sur champ, fixée en bout d'arbre
d'un moteur électrique d'entraînement 19. Chaque moteur 19 est fixé sur un bâti 20
comportant un coulisseau 21 monté sur une coulisse verticale 22 fixée à la paroi intérieure
17 du cadre du patin 8. Une commande α-vis et volant de manoeuvre 23 permet de régler
la position en hauteur de chaque coulisseau 21, donc de chaque meule 60, par rapport
au patin 8.
[0016] Le coulisseau 21 de chaque bâti 20 forme avec l'axe de rotation de la meule 60 un
angle D
l préétabli en fonction de l'écart angulaire désiré entre les quatre unités de meulage
ainsi montées sur le patin 8.
[0017] Les deux chambres du vérin hydraulique à deux effets 14 sont reliées à un circuit
hydraulique d'alimentation non représenté, comportant un distributeur à trois positions,
à double commande et rappels à ressorts permettant de régler l'inclinaison du patin
8 à un angle D
2 préétabli défini plus loin.
[0018] L'élément de liaison 12 est articulé par deux ferrures 24 et 25 aux deux timons 10
représentés à la figure 1 et chaque patin 8 est relié par une articulation 26 au vérin
9. Ce vérin 9 a ici pour fonction le relevage du patin 8 et le réglage de la pression
d'appui de ce dernier sur la file de rails 1.
[0019] Un appareil de contrôle de l'angle d'inclinaison D
2 de chaque patin 8 par rapport à l'élément de liaison, ici un potentiomètre 27, est
monté sur le pivot 13 et est relié à un cadran indicateur 28 disposé dans les postes
de commande 7 de la machine, pour permettre à l'opérateur de régler et de contrôler
ledit angle d'inclinaison D
2.
[0020] Ainsi réalisée, la machine selon l'invention permet de rectifier par meulage la surface
de roulement des deux files de rails 1 selon un processus de travail illustré par
la figure 4 et donné en exemple pour la rectification de la table de roulement d'un
rail UIC.60.
[0021] Sur ce type de rail le profil de la table de roulement se présente sous la forme
d'une courbe constituée par le raccordement d'un arc central de grand rayon encadré
de deux arcs de plus petit rayon, intercepté par un angle au centre O de 25,3 degrés
et dont la corde est de 52 millimètres.
[0022] Dans ce cas, les quatre unités de meulage 6 sont chacune inclinée par rapport à l'autre
d'un petit angle A
1, A
2, A
3, de façon à meuler chacune une génératrice
G1,
G2, G
3,
G4, sur un angle total B
1 égal par exemple au tiers de l'angle total 0, ce qui représente une longueur d'arc
de l'ordre de 17 millimètres. Cette longueur d'arc peut être meulée à la première
passe de la machine en orientant le patin 8 à l'aide du vérin 14 à un angle D
2 (fig. 2) fonction de l'angle 0 et de l'angle B
1. Le résultat de cette première passe se présentera en profil sous la forme d'une
enveloppe à quatre facettes raccordées de l'ordre de 5 à 6 millimètres de largeur
chacune. Aux deux passes suivantes de la machine, en inclinant successivement le patin
8 vers la droite d'un angle B
2 puis d'un angle B
3 la totalité de la table de roulement sera ainsi meulée et son profil reconstitué
sous forme d'une enveloppe à 12 facettes de très petite largeur qui constitue selon
les critères actuels de qualité un excellent résultat du meulage.
[0023] Bien entendu selon l'importance des défauts à rectifier, plusieurs passes peuvent
être effectuées à la même inclinaison du patin, avant de passer à l'inclinaison suivante.
Les deux autres patins de meulage 8 peuvent être soit utilisés de la même manière
lorsque seule la table de roulement doit être rectifiée, soit utilisés selon le même
principe pour meuler également le congé de raccordement avec le flanc intérieur de
chaque file de rails, ce congé se présentant également sous la forme d'un arc de cercle.
[0024] Ce processus, permettant de disposer les unités de meulage à des différences d'inclinaison
très faibles entre elles sur chaque patin présente en outre l'avantage d'obtenir un
excellent résultat dans l'élimination des déformations ondulatoires de grande longueur
d'onde, les quatre génératrices G
1, G
2, G
3, et G
4 meulées par le patin 8 étant très proches les unes des autres.
[0025] Il est également possible d'incliner les unités de meulage 6 d'un même patin 8 l'une
par rapport aux autres d'un angle plus grand. Dans une telle variante lors de la première
passe de rectification quatre facettes du champignon du rail seraient meulées, ces
facettes n'étant pas raccordées les unes aux autres mais distribuées sur toute la
surface du profil à meuler. En modifiant l'inclinaison du patin avant la seconde passe
on meulera lors de cette seconde passe des facettes situées entre les facettes précédemment
usinées. Ainsi, en trois passes avec des angles décalés des patins on peut également
reprofiler le rail en douze facettes se raccordant.
[0026] A la figure 3, l'inclinaison des unités de meulage 6 est réglable par le montage
des moteurs 19 à pivotement sur un pivot 29 porté par une console 30 solidaire d'un
coulisseau spécial 31 monté de la même manière et ayant la même fonction que le coulisseau
21 de l'exemple illustré à la figure 2 déjà décrit. Un vérin hydraulique à double
effet 32 est interposé entre ce coulisseau et le moteur 19 pour commander et régler
l'inclinaison D
3 de chaque unité de meulage 6 et est relié à cet effet à un circuit d'alimentation,
non représenté, comportant un distributeur de même type que celui du circuit d'alimentation
du vérin 14. Un potentiomètre 33 est monté sur le pivot 29 et relié à un cadran indicateur
34 pour contrôler l'inclinaison de chaque unité de meulage 6 de la même manière que
pour l'inclinaison du patin 8. Cette variante permet d'adapter le décalage angulaire
A
l, A
2, A
3 (figure 4) entre les unités de meulage 6 montées sur le patin 8 en fonction de l'importance
de l'arc d'angle B
1, B
2, B
3 que l'on désire meuler à chaque passe. Il est ainsi possible de réduire ou d'augmenter
le nombre de passes de meulage pour rectifier la table de roulement du rail 1 de la
figure 4 selon le degré de précision exigé.
[0027] Dans une autre variante, non représentée, qui peut être avantageuse pour l'automatisation
des pivotements successifs du patin 8, le circuit d'alimentation du vérin 14 comporte
une commande d'avance angulaire d'angle B
li B
2' B
3 du type pas-à-pas, commandé par l'inversion du sens de l'avance de la machine, entre
chaque passe de meulage. Dans ce cas, la commande du distributeur de ce circuit d'alimentation
est asservie à une boucle de régulation dans laquelle sont intégrés l'appareil indicateur
28 et un appareil d'affichage de la valeur d'angle choisie B
1, B
2' B
3' lui-même actionné par la commande pas-à-pas.
[0028] L'invention est applicable à tous types de patins de meulage avec les mêmes avantages.
Ainsi par exemple, pour des patins dits "de reprofilage", qui sont guidés sur les
rails par des galets et dans lesquels chaque unité de meulage est montée mobile en
hauteur et reliée à un vérin de réglage de sa pression de meulage, le dispositif de
commande de leur inclinaison transversale peut être réalisé par pivotement autour
d'un pivot porté par un support intermédiaire relevable équipé desdits galets de guidage,
ou par pivotement direct autour des galets.
[0029] Bien entendu le pivot d'articulation 13 du patin peut être remplacé par tout autre
organe de pivotement équivalent, tel que par exemple une coulisse curviligne ou une
combinaison de bielles concourantes créant un axe de pivotement réel ou fictif.
[0030] Enfin, dans une variante simplifiée, l'appareil de contrôle de l'inclinaison du patin
peut se réduire à de simples butées de limitation de course.
1. Machine de chantier ferroviaire pour la rectification du champignon des rails comportant
au moins un patin porte-outils (8) déplaçable en hauteur par rapport au châssis roulant
(12) portant au moins deux unités de rectifiage comportant chacune un outil de coupe
(60) et des moyens pour appliquer l'outil de coupe contre le rail avec une pression
déterminée, caractérisée par le fait que le patin porte-outils (8) est déplaçable
angulairement par rapport au châssis roulant (12) dans un plan perpendiculaire à l'axe
du rail et par le fait que chaque unité de rectifiage est individuellement déplaçable
angulairement par ,rapport audit porte-outils.
2. Machine selon la revendication 1 comportant deux patins de meulage se faisant face
disposés chacun sur l'une des deux files de rails de la voie, caractérisée en ce que
ces deux patins. (8) sont reliés à un élément de liaison (12, fig. 2, fig. 3) sur
lequel ils sont articulés, un vérin à double effet (14) reliant chaque patin à l'élément
de liaison.
3. Machine selon la revendication 1 ou la revendication 2,caractérisée par le fait
que le déplacement angulaire de chaque unité de rectifiage s'effectue dans un plan
parallèle au plan dans lequel s'effectue le déplacement angulaire du patin porte-outils.
4. Machine selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait qu'elle
comporte un mécanisme de commande pas-à-pas du déplacement angulaire du patin porte-outilspar
rapport au châssis roulant.
5. Machine selon la revendication 4,caractérisée par le fait que l'avance d'un pas
du mécanisme de commande de déplacement angulaire du patin porte-outils est commandée
par l'inversion du sens de marche de la machine.
6. Machine selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait qu'elle
comporte un appareil de contrôle de l'inclinaison du patin porte-outils par rapport
au châssis roulant.