[0001] La présente invention concerne un procédé et un appareillage pour l'injection précise,
dans un métal liquide, de dérivés halogénés liquides ou en solution.
[0002] Elle est principalement destinée à l'injection précise de quantités prédéterminées
de dérivés halogénés liquides dans l'aluminium et les alliages à base d'aluminium.
[0003] Il est connu que l'aluminium et certains alliages à base d'aluminium doivent, avant
leur mise en forme, subir un traitement de purification ayant notamment pour but d'en
expulser les gaz occlus, d'en éliminer certains composants indésirables - tels que
le sodium - et de faciliter le rassemblement en surface des inclusions d'alumine ou
autres oxydes.
[0004] Ce traitement de purification peut être mis en oeuvre par des procédés différents,
mais qui se classent en deux catégories :
- l'injection de chlore gazeux, pur ou dilué dans un gaz inerte (azote, argon) par
tout myen connu tel que canne en graphite plongée dans le métal liquide, bouchon poreux
disposé au fond d'une poche, etc...
- l'injection d'un dérivé halogéné, dont la décomposition à la température du métal
liquide libère du chlore actif.
[0005] La présente invention appartient à cette deuxième catégorie. En effet, la manipulation
et l'utilisation du chlore dans les ateliers de fonderie pose des problèmes de sécurité,
d'hygiène, de pollution et de corrosion qui incitent à chercher d'autres solutions.
[0006] Parmi les dérivés halogénés, on a utilisé des chlorures métalliques anhydres, tels
que TiCl
4, A1C1
3, MnCl2, et des dérivés organiques tels que CCl
4 (tétrachlorure de carbone), C
2Cl
4 (perchloréthylène) ou C
2Cl
6 (hexachloréthane).
[0007] Ces procédés ont été décrits, en particulier. dans "Aluminium, Tome 1, Péchiney,
Editions Eyrolles, Paris 1964, pages 527-528; dans Aluminum, Kent R. Van Horn, Tome
III, American Society of Metals 1967, pages 31-32; dans "Aluminium Taschenbuch" 13,
Edition 1974, pages 373-375.
[0008] L'utilisation de l'hexachloréthane a également été décrite dans les brevets GB. 603
213 et 827 619 au nom de FOSECO.
[0009] Ce produit, qui est solide à la température ordinaire, se sublime vers 187° C. Pour
cette raison, on l'introduit habituellement dans l'aluminium sous forme de pastilles
disposées dans une chambre que traverse le métal liquide, ou, au moyen d'une cloche
perforée, en graphite, que l'on fait descendre, dans le métal liquide. De ce fait,
sa volatilisation et son craquage thermique sont extrêmement rapides et ne demandent
guère plus de 2 à 3 minutes. Mais cette rapidité exclut toute possibilité de dosage
précis et, surtout d'action continue sur un courant d'aluminium liquide. En outre,
les doses utilisées étant très supérieures à la quantité réellement nécessaire, l'excès
nécessite une captation efficace.
[0010] L'invention est basée sur l'utilisation d'une substance halogénée liquide à la température
ambiante et ayant un rapport atomique Cl/C au moins égal à 2 et, de préférence, compris
entre 2 et 4.
[0011] Le procédé, objet de l'invention, consiste à prendre la substance halo- gênée ou
la solution halogénée, liquide à la température ambiante, a l'introduire, au moyen
d'une micropompe doseuse, dans un vaporisateur porté à une température telle que la
substance soit amenée à une tempé-rature supérieure à sa température de vaporisation
et à injecter la vapeur, sous l'action d'un courant de gaz inerte, dans le métal liquide
à traiter.
[0012] Dans tout ce qui suit, nous désignerons par le terme "substance halogénée" une espèce
chimique définie, ou un mélange d'espèces chimiques définies, composée de carbone
et d'au moins un halogène choisi parmi le chlore et le fluor.
[0013] L'appareillage pour la mise en oeuvre du procédé comporte un réservoir de substance
halogénée liquide, une micro pompe doseuse, un réacteur muni d'un moyen de chauffage,
une source de gaz inerte sous pression, munie d'un moyen de réglage de la pression
et du débit, et d'un moyen d'injection dans le métal liquide à traiter.
[0014] La figure 1 schématise l'appareillage. Il se compose : d'un réservoir (1) muni d'un
couvercle étanche (2), d'un ajutage obturable (3) pour procéder au remplissage, d'une
jauge de niveau (4); un tube de prélèvement (5), muni d'une vanne d'arrêt (6), est
relié à une micropompe doseuse à piston (7) qui peut prélever et injecter, de façon
précise, la substance halogénée (8), à une cadence qui peut se situer, par exemple,
entre 0,1 et 10 millilitres par minute, sans que ces valeurs constituent une limitation
de l'invention.
[0015] La substance halogénée liquide (8) franchit un clapet antiretour (9) et pénètre dans
le vaporisateur (10) muni d'un moyen de chauffage (11) régulé et thermostaté, de tout
type connu, par exemple à résistance électrique.
[0016] Un gaz inerte, tel qu'azote, argon ou hélium, prélevé dans le moyen de stockage sous
pression (12) grâce à un détendeur (13) et à un débitmètre (14), pénètre également
dans le réacteur où il se mêle aux vapeurs de la substance halogénée et les entraîne,
par la canalisation d'injection (15) vers le moyen d'injection (16) qui peut être,
par exemple, une canne en graphite, plongé dans le métal liquide (17) traversant la
poche de traitement (18).
[0017] Une variante de l'appareil, pour des débits de gaz de traitement plus importants,
consiste à ajouter au système décrit ci-dessus, un débit supplémentaire de gaz : azote,
argon ou hélium, introduit en aval du vaporisateur (10) par un piquage (24) sur la
canalisation (15); cela permet, dans la plage de fonctionnement de la micro-pompe,
d'assurer la quantité d'halogène souhaitée avec un niveau de dilution prédéterminé
sans faire passer la totalité du débit gazeux dans le vaporisateur.
[0018] Le produit halogéné (8) peut être du perchloréthylène C1
2C
= CCl
2, liquide à la température ambiante (PF : - 22°C; PE : + 121°C), avec un rapport atomique
Cl/C = 2, et une teneur pondérale en C1 de 74,7 % ou, de préférence, une solution
d'hexachloréthane C
2C1
6, solide à la température ambiante, avec un rapport atomique Cl/C = 3 et une teneur
pondérale au chlore de 89,9 % dans du perchloréthylène C
2Cl
4. Cette solution a l'avantage d'une teneur pondérale en chlore plus élevée que celle
de C
2C1
4 pur, tout en conservant l'avantage de l'état liquide, qui permet son injection précise
par une pompe doseuse. Si l'on veut conserver au mélange son état liquide a des température
voisines de l'ambiante, on peut introduire jusqu'à environ 500 grammes/Litre de C
2Cl
6.
[0019] Afin d'éviter les problèmes de cristallisation au stockage, on a choisi une solution
contenant de 0,1 à 30 % et, de préférence, de 15 à 20 % en poids de C
2Cl
6.
[0020] L'usage du tétrachlorure de carbone CC1
4, bien que théoriquement attractif, en raison de son rapport Cl/C = 4, et de sa teneur
en chlore de 92,2 % est, en pratique, exclu en raison de sa toxicité.
[0021] La substance halogénée peut également être constituée, partiellement ou en totalité,
par des dérivés chlorofluorés, et notamment CC1
3F, CCl
3-CF
3, CCl
2F-CClF
2, CCl
3-CClF
2, CC1
2F-CC1
2F, CCl
3-CCl
2F, dont les points d'ébullition s'échelonnent entre 24 et 138° C.
[0022] Il est également possible d'ajouter à la substance halogénée certaines additions
physiquement et chimiquement compatibles, telles que le tétrachlorure de titane (TiCl
4), dont l'effet sur la grosseur de grain de l'aluminium est bien connu ou, éventuellement,
du trichlorure de bore (BC1
3), grâce auquel on peut provoquer l'élimination, sous forme de borures insolubles,
des impuretés ayant une influence néfaste sur la conductivité électrique de l'aluminium,
telles que le titane, le zirconium, le chrome, le vanadium.
[0023] La pompe d'injection est une pompe volumétrique à pistons étudiée pour débiter avec
précision de faibles volumes de liquide prédéterminé et avec une fiabilité de ± 1
% en volume. Une pompe à membrane pourrait aussi être utilisée.
[0024] Le vaporisateur comporte, de préférence, un tube en spirale ou un fais-- ceau de
tubes parallèles, de façon que la substance halogénée et le gaz vecteur puissent en
ressortir à une température qui peut atteindre 200°C et même au-delà, si c'est nécessaire,
mais suffisante pour éviter toute condensation et qui doit être adaptée au dérivé
halogéné choisi et à la pression sous laquelle est effectuée l'injection.
[0025] Le chauffage est assuré par une résistance électrique régulée à partir d'un capteur
de température disposé sur le trajet des gaz sortant du. vaporisateur.
[0026] L'injection dans le métal liquide peut être effectuée par différents moyens connus,
par exemple, par une canne en graphite (16) disposée dans le compartiment amont (19)
de la poche de traitement (18) dans laquelle arrive le métal à purifier ou par un
bouchon poreux (20) placé au fond de la poche selon une technique bien connue (brevet
français FR n° 1 031 504).
[0027] Le compartiment aval (21) est séparé du compartiment amont par une cloison (22) et
il peut comporter tout moyen de filtration connu tel que des billes ou granulés d'alumine
(23).
[0028] L'injection peut également être effectuée dans des dispositifs rotatifs tels que
le "Spinning Nozzle Inert flotation System" (SNIF) d'UNION CARBIDE (brevet US 3 870
511) en remplacement de l'injection de chlore, ou dans des dispositfs analogues à
hélice ou à turbine, dans lesquels l'arrivée des vapeurs halogénées et du gaz vecteur
se fait par l'axe.
[0029] Il peut être nécessaire de calorifuger la canalisation d'injection (15) lorsqu'elle
est relativement longue et que l'on craint qu'une partie du produit vaporisé ne se
recondense avant son arrivée dans le dispositif d'injection proprement dit.
[0030] Dans le cas représenté sur la figure 1, le métal est traité en continu au passage,
par injection de la substance halogénée. Mais il n'est pas contraire à l'invention
de traiter,.de la même façon, des charges de métal successives en creuset ou en four
à bassin.
EXEMPLE D'APPLICATION
[0031] On a construit un dispositif d'injection, conforme au schéma de la figure 1, comportant
un réservoir de 10 litres, d'un mélange à 80 % en poids de perchloréthylène et de
20 % en poids d'hexachloréthane.
[0032] La micropompe doseuse a un débit réglable entre 1 et 10 millilitres/ minute.
[0033] Le vaporisateur est préchauffé à (280 ± 5°C). Le gaz vecteur est de l'azote, injecté
sous une pression de 2,5 bars et un débit de 2 m3/ heure.
[0034] On a ainsi traité, de façon continue, de l'aluminium non allié, de qualité A5 (Al
≥ 99,5 %), destiné à la coulée semi-continue de bandes.
[0035] La quantité de mélange perchloréthylène-hexachloréthane a été ajustée à 250 millilitres/heure
correspondant à 100 grammes de chlore pour un débit d'aluminium, dans la poche de
traitement, de 2 tonnes/heure.
[0036] Les tests habituels ont montré que la teneur en hydrogène de l'aluminium coulé était
de 0,12 cm3/100 g, équivalent à celle obtenue par un traitement classique par mélange
argon-chlore.
[0037] Pendant le traitement, les fumées au-dessus de la poche étaient en quantité très
faible ou nulle, et on n'a pas détecté la présence de phosgène même à proximité immédiate
de la poche.
[0038] Au total, la mise en oeuvre de l'invention présente les avantages suivants :
- fonctionnement continu de l'injection, même sur une période de temps prolongée,
car on peut regarnir le réservoir de substance halogénée sans interrompre l'injection.
- dosage très précis, et réglable à volonté, ce qui écarte tout risque de surdosage
et conduit à un rendement en chlore proche de 100 %,
- aucun dégagement de produit nocif et pratiquement pas de dégagement de fumées au-dessus
de la cuve,
- compatibilité avec les moyens et appareillages de traitement de l'aluminium : tels
que poches, cannes d'injection, bouchons poreux; avec ou sans utilisation de moyens
de filtration ou de couvertures de flux halogéné,
- aucun problème pour le stockage de la substance halogénée, qui est stable, ininflammable,
non corrosive, et dont la tension de vapeur, relativement basse à la température ambiante,
assure un niveau de toxicité très faible.
[0039] Ce procédé élimine tous les problèmes liés à l'utilisation du chlore gazeux (stockage,
dangers de fuite, corrosion, maintenance des installations, traitement des effluents
gazeux, etc...)
1/ Procédé d'injection précise et continue dans un métal liquide d'une substance halogénée,
liquide à la température ambiante, constituée d'au moins une espèce chimique définie,
composée de carbone et d'au moins un halogène choisi parmi le chlore et le fluor,
telle que le perchloréthylène, l'hexachlorêthane, le tétrachlorure de carbone et les
dérivés chlorofluorés : CCl3, CC13-CF3, CCl2F-CClF2, CCl3-CClF2, CCl2F-CCl2F, CC12F, caractérisé en ce qu'on prélève ladite substance halogénée dans un réservoir, en
ce qu' on l'introduit, au moyen d'une pompe doseuse, dans un vaporisateur porté à
une température au moins égale à la température de vaporisation de ladite substance
sous la pression d'injection, et en ce qu'on l'entraîne, à l'état de vapeur, par un
courant de gaz inerte, vers un moyen d'injection débouchant au sein du métal liquide.
-
2/ Procédé d'injection, selon revendication 1, caractérisé en ce que l'on procède
à une introduction supplémentaire de gaz inerte, en aval du vaporisateur.
3/ Procédé d'injection, selon revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le moyen
d'injection est disposé dans une poche traversée par le courant de métal liquide.
4/ Procédé d'injection, selon revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le moyen
d'injection est disposé dans un creuset ou dans un four à bassin.
5/ Procédé d'injection selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que
la substance halogénée est constituée par une solution d'he xachloréthane dans du
perchloréthylène, à une concentration comprise entre 0,1 et 30 % en poids d'hexachloréthane
et, de préférence, comprise entre 15 et 20 %.
6/ Procédé d'injection selon la revendication 5, caractérisé en ce que la substance
halogénée peut contenir, en outre, au moins une halogénure métallique anhydre tel
que TiCl4 ou BCl3.
7/ Appareillage pour la mise en oeuvre du procédé d'injection précise et continue
d'une substance halogénée liquide à la température ambiante dans un métal liquide,
selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'il comporte
: un réservoir de produit halogéné (1), relié à l'entrée d'une micropompe doseuse
(7), dont la sortie débite sur un vaporisateur (10) muni d'un moyen de chauffage (11)
et relié à une source de gaz inerte (12), munie d'un moyen de réglage de pression
(13) et de débit (14), et une canalisation de liaison (15) entre le vaporisateur et
le moyen d'injection (16) de la substance halogénée.
8/ Appareillage selon revendication 7, caractérisé en ce qu'il comporte, en outre,
un moyen d'introduction supplémentaire (24) de gaz inerte en aval du vaporisateur.