(57) La présente invention est relative à un procédé de frittage sous pression de poudres
d'alliages d'aluminium.
Elle consiste à placer la poudre dans une capsule, à revêtir la capsule d'une matière
vitreuse fusible, stable et de viscosité comprise entre 10
2 et 10
5 Po à la température de frittage et à la comprimer dans une presse unidirectionnelle.
Elle s'applique dans la métallurgie des poudres à l'obtention de pièces présentant
des propriétés mécaniques homogènes, ces pièces pouvant être des ébauches ou des pièces
finies.
[0001] La présente invention est relative à un procédé de frittage sous pression de poudres
d'alliages d'aluminium.
[0002] Outre les procédés traditionnels de moulage ou de corroyage de produits coulés, il
est connu que la mise en forme des alliages d'aluminium peut être réalisée par une
compression de poudres suivie d'un frittage.
[0003] Suivant ce dernier type de procédé, la compression des poudres peut être faite de
deux manières :
D'une part, de manière uniaxiale, c'est-à-dire que la charge de poudre placée dans
la cavité d'une matrice est soumise suivant une direction déterminée à l'action d'un
poinçon mobile se rapprochant de la table de presse. Dans ces conditions, on peut
atteindre en moyenne des pressions relativement élevées, de l'ordre de 800 MPa. Cependant,
ce type de compression présente un inconvénient dû au fait que les couches de poudres
situées au voisinage du poinçon mobile étant les plus comprimées viennent s'appuyer
sur les parois latérales de la matrice, et les frottements qui en résultent diminuent
d'autant l'effort de compression transmis aux couches inférieures de sorte que la
masse volumique de la pièce ainsi obtenue n'est pas uniforme et décroît suivant sa
hauteur. Cette hétérogénéité se traduit alors par des différences de propriétés mécaniques
d'un point à un autre de la pièce. Certes, l'utilisation de presses à deux poinçons
mobiles, ou encore l'addition de lubrifiant tel que des stéarates permettent d'atténuer
ce défaut mais dans des proportions le plus souvent insuffisantes pour atteindre l'homogénéité
souhaitée.
[0004] D'autre part, la compression peut aussi être effectuée de manière isostatique, c'est-à-dire
que la poudre est placée dans un moule en matériau flexible et étanche tel que le
caoutchouc ou une matière plastique que l'on plonge dans un fluide sur lequel on exerce
une pression.
[0005] L'avantage de cette compression isostatique résulte dans l'obtention. d'une masse
volumique uniforme en tout point de la pièce et, par suite, d'une homogénéité de ses
propriétés mécaniques. Toutefois, les pressions admissibles dans ce type de compression
sont au plus de 300 MPa et, donc, inférieures à celles qu'on peut atteindre dans les
presses unidirectionnelles.
[0006] Quelle que soit la manière de la comprimer, la pièce résultant d'une simple compression
à froid de poudres est certes relativement résistante mais elle manque totalement
de plasticité et présente une porosité importante. C'est pourquoi, on procède, après
compression, à une consolidation par un traitement thermique appelé "frittage" au
cours duquel disparaissent les frontières entre grains de poudre et s'élabore ainsi
une pièce de porosité plus faible et de meilleure plasticité mais dont lespropriétés
mécaniques sont encore assez différentes de celles des pièces obtenues par la métallurgie
traditionnelle.
[0007] Cependant, on a observé que lespropriétés des pièces frittées pouvaient être notablement
améliorées en combinant en une seule opération la compression et le frittage, ce qu'on
désigne sous le nom de frittage sous pression ou de compression à chaud.
[0008] Ce frittage sous pression peut être effectué suivant les deux types de compression
évoqués ci-dessus. Ainsi, en uniaxial, on applique la pression du poinçon sur la poudre
en chauffant simultanément la matrice, alors qu'en isostatique, on place d'abord la
poudre dans une capsule en métal, puis on porte l'ensemble à la température convenable
en exerçant en même temps une pression au moyen d'un gaz chaud et inerte tel que l'argon
ou l'azote.
[0009] Toutefois, on retrouve à chaud les défauts inhérents à chacun des types de compression
à savoir, pour l'uniaxial, des états de compression différents d'un point à l'autre
de la pièce et, par suite, une hétérogénéité des propriétés mécaniques ; pour l'isostatique,
une pression limitée à 300 MPa, inconvénient auquel vont s'ajouter des problèmes de
durées de cycle de montée et de descente en pression et en température relativement
longues par rapport à celles qu' exigent les opérations en uniaxial.
[0010] C'est pourquoi, la demanderesse a cherché à mettre au point un procédé de frittage
sous pression dont le but est d'atteindre les durées de cycle et les pressions réalisées
habituellement en uniaxial tout en conférant aux produits fabriqués l'homogénéité
de propriétés généralement obtenue en isostatique.
[0011] Ce procédé consiste à mettre en oeuvre une poudre préalablement placée dans une capsule
et se caractérise par le fait qu'on revêt la capsule d'une matière vitreuse fusible,
stable et de viscosité comprise entre 10
2 et 10
5 poises à la température de frittage et qu'on la comprime dans une presse unidirectionnelle.
[0012] Ainsi, l'invention consiste d'abord à "encapsuler" la poudre métallique qui doit
être traitée. On retrouve ici une des phases de la compression isostatique à chaud
au cours de laquelle la masse de poudre est chargée dans une capsule de forme voisine
de la pièce finale, chargement qui peut d'ailleurs s'effectuer en vibrant la capsule
de manière à tasser la poudre et à améliorer sa compacité. Après remplissage, la capsule
est mise en relation avec une pompe à vide de manière à en extraire l'air qu'elle
contient et à dégazer la poudre, puis elle est scellée.
[0013] Cette opération a pour but d'éviter d'emprisonner à l'intérieur de la capsule des
gaz susceptibles de provoquer des porosités au sein de la pièce frittée.
[0014] Le matériau constituant la capsule doit être suffisamment ductile et mince pour pouvoir
se déformer sans se déchirer sous l'action des contraintes auxquelles il est soumis
lors du chauffage et de la compression. Il doit aussi ne pas avoir d'action polluante
sur la poudre. Cette capsule peut être réalisée par exemple à partir d'une tôle en
A-G3, alliage d'aluminium contenant environ 3 % de magnésium. Dans cette opération
d'encapsulage, une variante consiste à introduire dans la capsule de la poudre ayant
subi au préalable une compression à froid, ce qui ne dispense pas de la nécessité
d'évacuer les gaz avant fermeture.
[0015] Cette capsule est alors soumise au procédé selon l'invention, à savoir tout d'abord
qu'elle est revêtue sur toute sa surface d'une matière vitreuse. Cette matière peut
avoir différentes compositions telles que celles connues notamment dans les techniques
de filage au verre de l'aluminium. Mais elle doit avoir pour propriétés d'être fusible
et de former, à une température voisine de la température de frittage de la poudre
traitée, un liquide dont la viscosité est comprise entre 10
2 et 10
5 poises à la température de traitement. La viscosité de cette matière ne doit pas
être trop faible de manière à adhérer à la surface de la capsule, ni trop forte de
manière à rester fluide. De plus, cette matière doit être stable (c'est-à-dire en
particulier ne pas recristalliser) pendant la durée de l'opération.
[0016] Le revêtement de la capsule peut se faire par projection au pistolet, enduction au
pinceau ou au trempé dans la matière fondue ou par tout autre procédé convenable.
Il doit être de préférence uniforme.
[0017] La capsule ainsi revêtue est alors placée dans la matrice d'une presse unidirectionnelle,
cette matrice ayant une forme sensiblement voisine de celle de la capsule, puis portée
à une température de frittage qui peut être comprise entre 450 et 550°C et soumise
à l'action du poinçon qui peut exercer une pression allant jusqu'à 800 MPa.
[0018] Après avoir séjourné pendant un temps prédéterminé dans les conditions convenables
de pression et de température propres à la nature de la poudre mise en oeuvre, la
pièce obtenue est alors débarrassée par usinage ou par traitement chimique de son
revêtement constitué par la paroi de la capsule et la matière vitreuse.
[0019] L'examen de cette pièce montre alors que, de façon surprenante, les , propriétés
mécaniques telles que la dureté, la résistance mécanique et l'allongement, mesurées
en différentes parties de la pièce, présentent chacune une uniformité remarquable,
comme si cette dernière avait été réalisée par compression isostatique. Un tel phénomène
peut s'expliquer par le-rôle joué par la matière vitreuse qui, lorsqu'elle est chauffée,
se comporte comme le fluide utilisé en compression isostatique, c'est-à-dire qu'elle
ne transmet pas la pression exercée par le poinçon dans une direction privilégiée,
mais la répartit régulièrement sur toutes les faces du produit. Le résultat du procédé
suivant l'invention est donc de permettre de regrouper dans un même procédé les avantages
propres à chacun des types de compression uniaxiale et isostatique et à en éliminer
les inconvénients. De plus, ce procédé donne la possibilité de travailler dans une
presse uniaxiale simultanément à des températures et à des pressions très élevées.
[0020] La présente invention peut être illustrée à l'aide de l'exemple de réalisation suivante
:
De la poudre d'aluminium alliée à du magnésium, du zinc et du cuivre de granulométrie
15 µm FISCHER a été chargée dans une capsule cylindrique de diamètre 12,5 cm et de
hauteur 30 cm, constituée par une tôle d'alliage d'aluminium de type A-G3, d'épaisseur
0,2 cm et présentant un couvercle muni d'une tubulure destinée à être reliée à un
groupe de pompage sous vide. Après avoir mis sous vide la capsule, la tubulure a été
fermée par soudure. La capsule a alors été chauffée et revêtue au moyen d'un pistolet
d'un film d'une matière vitreuse qui fondait au contact de la tôle. La capsule ainsi
revêtue a été placée dans la matrice d'une presse unidirectionnelle de diamètre voisin
de celui de la capsule, puis portée à une température de 500°C. Le poinçon de la presse
a été alors abaissé de manière à exercer une pression de 700 MPa, pression que l'on
a maintenue pendant 5 minutes. Le poinçon ayant été relevé, on a extrait la capsule
et procédé à un usinage de manière à mettre à nu totalement la pièce frittée. Celle-ci
a été ensuite soumise à un traitement thermique du type T6 et on a mesuré la dureté
Brinell aux différents points de sa surface : les valeurs obtenues oscillaient entre
160 et 170.
[0021] Ceci montre qu'il est possible, suivant l'invention, d'atteindre au point de vue
homogénéité des pièces, les performances d'une presse isostatique en utilisant simplement
une presse unidirectionnelle dans un domaine de température allant de 450 à 550°C
et en bénéficiant par ailleurs de ses avantages.
[0022] L'invention s'applique dans la métallurgie des poudres à l'obtention de pièces présentant
des propriétés homogènes et équivalentes ou supérieures à celles obtenues par métallurgie
traditionnelle, ces pièces pouvant être des ébauches ou des pièces finies.
1. Procédé de frittage sous pression de poudres d'alliages d'aluminium préalablement
placées dans une capsule et comprimées dans une presse unidirectionnelle, caractérisé
en ce que l'on revêt la capsule d'un film d'une matière vitreuse fusible, stable et
de viscosité comprise entre 102 et 105 poises à la température de frittage.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la poudre placée dans la
capsule est dégazée sous vide avant frittage sous pression.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la poudre a été initialement
comprimée avant d'être placée dans la capsule.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la capsule est en alliage
d'aluminium à 3 % de magnésium
5. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pression appliquée peut
atteindre 800 MPa.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la température de frittage
est comprise entre 450 et 550° C.