[0001] La présente invention concerne un procédé de traitement superficiel de pièces en
acier ou en fonte, notamment de pièces cylindriques, en vue de conférer à ces pièces
une résistance à l'usure et à la corrosion.
[0002] Les principaux procédés de traitement actuellement utilisés à cet effet sont la nitruration,
le chromage et autres dépôts électrolytiques, la boruration, la chromisation, l'oxydation.
[0003] Par les traitements de type chromisation ou boruration, on obtient de hautes caractéristiques
en résistance à l'usure, mais leur mise en oeuvre impose des températures élevées,
souvent incompatibles avec la structure et la stabilité dimensionnelle des pièces
à traiter.
[0004] Le chromage dur souvent utilisé dans ces applications présente une tenue à la corrosion
limitée du fait des micro-fissures qui le caractérisent. De plus, il impose des opérations
complexes et onéreuses avec une opération de superfinition finale.
[0005] La nitruration classique réalisée en bain de sel ou la nitruration ionique permet
d'obtenir des couches de nitrures de fer Fe
4N ou Fe
2-3 N ayant de bonnes caractéristiques en frottement, mais une résistance à la corrosion
limitée et présentant de plus un médiocre état de surface imposant généralement une
opération finale de superfinition.
[0006] Des variantes ont été proposées pour la nitruration en bain de sel, comportant en
phase finale une oxydation en bain oxydant, suivie d'un rodage et d'une nouvelle oxydation.
La tenue en corrosion obtenue est généralement satisfaisante, mais le rodage intermédiaire
est d'une mise en oeuvre difficile et, de plus, la quan- tite de matière extraite
par rodage n'est pas reproductible, ce qui rend les résultats dispersés.
[0007] La présente invention vise à fournir un procédé de traitement superficiel qui soit
d'une mise en oeuvre aisée et qui permette d'obtenir une bonne résistance à la corrosion.
[0008] A cet effet, la présente invention a pour objet un procédé de traitement superficiel
de pièces en acier ou en fonte pour conférer à ces pièces une résistance à l'usure
et à la corrosion, caractérisé en ce que l'on soumet successivement la surface des
pièces à une nitruration ionique, à une oxynitruration ionique et à une oxydation
ionique.
[0009] En pratique, les trois opérations successives peuvent être effectuées dans la même
enceinte d'ionisation en utilisant successivement un gaz nitrurant, un mélange de
gaz nitrurant et de gaz oxydant et un gaz oxydant.
[0010] Le procédé selon l'invention permet d'obtenir une couche de nitrures de fer (Fe
2-3N) et une couche d'oxyde de fer de type Fe304, ces couches étant séparées par une
couche de transition dans laquelle on passe progressivement des nitrures de fer à
l'oxyde de type Fe
3O
4.
[0011] Pour améliorer l'état de surface ainsi que la résistance à la corrosion, on effectue
avantageusement, après les trois opérations sous bombardement ionique, une opération
d'écrouissage superficiel qui a pour effet de comprimer les couches formées par bombardement
ionique.
[0012] Cet écrouissage superficiel peut être effectué notamment par galetage au défilé dans
le cas de pièces cylindriques.
[0013] Le procédé selon la présente invention peut être mis en oeuvre sur ces pièces ei
aciers recuits ou trempés revenus, en fonte grise ou en fonte à graphite sphéroidal.
[0014] Ainsi que cela a été indiqué précédemment, la première phase du procédé est une nitruration
ionique. Cette phase peut être effectuée de manière classique dans une enceinte contenant
un gaz nitrurant sous pression réduite. Les pièces à traiter sont disposées au coeur
de l'enceinte qui sert d'anode. Les pièces à traiter constituent la cathode. Une tension
de quelques centaines de volts est appliquée entre l'anode et la cathode. Les pièces
à traiter reçoivent un bombardement d'ions d'azote.
[0015] Le gaz nitrurant peut être un mélange gazeux à base d'azote et d'hydrogène ou d'ammoniac,
par exemple un mélange gazeux contenant 80 % en poids d'azote, 2 à 6 % en poids de
méthane, le reste étant de l'hydrogène. La pression peut être de l'ordre de 1,5 à
4.10
2 Pa. La température peut être de 550 à 600°C.
[0016] La durée de traitement peut être d'environ 15 à 60 minutes selon les pièces à traiter
et l'épaisseur de nitruration souhaitée.
[0017] L'épaisseur de la couche de nitrure obtenue peut être d'environ 10 à 30 microns.
[0018] Dans la seconde phase, on opère comme pour la première phase, mais on ajoute au gaz
nitrurant un gaz oxydant qui peut être 0
2, C0
2 ou H
20. La teneur en gaz cxydant est avantageusement de 0,5 à 2 % en poids (exprimé en
oxygène). Les températures et les pressions peuvent être les mêmes que pour la première
phase. La durée de traitement peut varier de 30 à 120 minutes.
[0019] L'épaisseur de la couche intermédiaire obtenue peut être de 2 à 10 microns.
[0020] Dans la troisième phase, on introduit dans l'enceinte un gaz oxydant. Ce gaz peut
être 0
2, CO
2,
H20 ou un mélange de ces gaz.
[0021] Cette troisième phase peut être réalisée sous décharge luminescente, les conditions
de température et de pression étant alors les mêmes que pour les deux premières phases.
La durée du traitement peut être d'environ 10 à 20 minutes.
[0022] Cette troisième phase peut être également réalisée en l'absence de décharge luminescente,
sous une pression de 1,5 à 2.10 Pa pendant une durée de 15 à 20 minutes, le gaz oxydant
étant introduit en continu et pompé en continu. La quantité de gaz oxydant utilisé
peut représenter de 50 à 100 Nl par m
2 de surface à traiter.
[0023] Au cours de cette troisième phase, la température des pièces descend jusqu'à environ
450°C.
[0024] L'épaisseur de la couche d'oxyde de type Fe
30
4 obtenue peut être de 0,5 à 4 microns.
[0025] Après cette troisième phase, on peut éventuellement effectuer dans la même enceinte
un décapage ionique sous faible pression d'azote (par exemple sous une pression d'azote
d'environ 0,5.10
2 Pa) pendant 10 à 20 minutes, afin d'éliminer de la surface des pièces les particules
non adhérentes.
[0026] Les pièces peuvent être ensuite refroidies sous atmosphère d'azote.
[0027] Les pièces ainsi obtenues peuvent avoir une rugosité inférieure ou égale à 1 micron.
[0028] L'état de surface peut être amélioré par l'opération d'écrouissage superficiel. Dans
le cas de pièces cylindriques, cet écrouissage peut être effectué par galetage au
défilé sous une pression de 2 à 5.10
6 Pa et avec une avance de 1 mm par tour.
[0029] Cette opération qui maintient l'intégralité des couches de revêtement comprime ces
couches et permet d'obtenir une rugosité inférieure à 0,4 microns.
[0030] La pression d'écrouissage est réglée en fonction de la rugosité finale souhaitée.
[0031] Les exemples suivants illustrent la présente invention.
EXEMPLE 1
[0032] On traite des tiges de vérin en acier XC38, ayant un diamètre de 12mm par le procédé
selon l'invention.
[0033] A cet effet, on place les tiges dans une enceinte d'ionisation, les tiges étant maintenues
sous une tension de -400 V par rapport aux parois de l'enceinte.
[0034] On introduit dans l'enceinte un mélange gazeux comprenant 80 % en poids d'azote,
3 % en poids de méthane et 17 % en poids d'hydrogène. La pression est de 2.10
2 Pa. La température est de 575°C. La durée du traitement est de 30 minutes.
[0035] On introduit ensuite 2 % en poids d'oxygène dans l'enceinte. La durée du traitement
est de 90 minutes.
[0036] On introduit ensuite dans l'enceinte de la vapeur d'eau sous une pression de 1,5.10
3Pa. La durée du traitement est de 20 minutes.
[0037] On obtient un revêtement comprenant une couche compacte de nitrure de fer Fe
2-3N d'une épaisseur d'environ 18 microns, une couche poreuse constituée d'un mélange
de nitrure de fer et de Fe
30
4 d'une épaisseur d'environ 5 microns et une couche superficielle d'aspect noir de
Fe
30
4 de 1 à 2 microns.
[0038] Le revêtement ainsi obtenu a une rugosité de l'ordre de 1 micron.
[0039] Les pièces sont soumises à un test de corrosion de type atmosphère marine.
[0040] Au bout de 90 jours on n'observe pratiquement pas de piqûres.
[0041] A titre comparatif, on traite les pièces en n'effectuant que la première phase de
nitruration. Dans le même test de corrosion, les pièces ainsi traitées présentent
une corrosion généralisée au bout de 90 jours.
EXEMPLE 2
[0042] On opère comme à l'exemple 1, mais on soumet en outre les tiges de vérins ainsi traitées
à un galetage au défilé sous une pression de 4.10
6 Pa avec une avance de 1 mm par tour. On obtient une rugosité de surface d'environ
0,2 micron.
1. Procédé de traitement superficiel de pièces en acier ou en fonte pour conférer
à ces pièces une résistance à l'usure et à la corrosion, caractérisé en ce que l'on
soumet successivement la surface des pièces à une nitruration ionique, à une oxynitruration
ionique et à une oxydation ionique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on effectue les trois opérations
successives dans la même enceinte en utilisant successivement un gaz nitrurant, un
mélange de gaz nitrurant et de gaz oxydant et un gaz oxydant.
3. Procédé selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en ce que pour
l'oxynitruration ionique on ajoute au gaz nitrurant de 0,5 à 2 % en poids de gaz oxydant,
ce pourcentage étant exprimé en oxygène.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que les conditions et les durées de traitement sont réglées de façon à déposer une
couche de nitrure de 10 à 30 microns, une couche intermédiaire de 2 à 10 microns et
une couche d'oxyde de 0,5 à 4 microns.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
qu'on effectue un décapage ionique juste après l'opération d'oxydation ionique.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que l'on effectue ensuite un écrouissage superficiel.
7. Procédé selon la revendication 6 pour le traitement des pièces cylindriques, caractérisé
en ce que l'on effectue le traitement d'écrouissage superficiel par galetage au défilé.