[0001] La présente invention concerne un procédé de fluidification des boues qui se forment
dans les bacs de stockage, de transfert ou de transport d'hydrocarbures et de leur
revalorisation immédiate chez l'utilisateur.
[0002] L'homme de l'art sait que dans les bacs de stockage et de transport d'hydrocarbures,
tels que les pétroles bruts, les fuels lourds ou légers, les slops, etc ..., se forment
au cours du temps des boues constituées par des dérivés lourds de ces hydrocarbures
ou par leurs émulsions avec de l'eau. Ces boues ayant une viscosité relativement élevée
ne sont pas évacuées lors de la vidange normale des bacs et s'y accumulent donc pour
occuper, après un certain nombre de mouvements du bac, une partie importante de leur
volume.
[0003] Il en résulte une immobilisation inutile et coûteuse de matière première exploitable
et une réduction progressive des capacités de stockage, entraînant de ce fait une
augmentation des frais à engager pour leur exploitation et en tout cas l'obligation
de procéder finalement à un traitement particulier de ces boues si on ne veut pas
condamner l'utilisation des bacs.
[0004] On connaît plusieurs manières d'effectuer ces traitements. En dehors des procédés
manuels qui sont à proscrire en raison de leur insalubrité, la plupart d'entre eux
recourt généralement à une fluidification totale de la masse de boues afin de la rendre
suffisamment liquide pour être évacuée.
[0005] Ces procédés mettent en oeuvre des moyens de fluidification différents, tels que
des solvants organiques généralement chauds, de l'eau, utilisés seuls ou en combinaison
et additionnés éventuellement de certains produits destinés à "casser" les émulsions
ou à améliorer la fluidité. L'efficacité de ces traitements est parfois accrue par
l'emploi de dispositifs mécaniques particuliers permettant de brasser les boues avec
le produit fluidifiant et d'améliorer ainsi son pouvoir de dissolution.
[0006] Parmi ces procédés, on peut citer notamment ceux qui ont été décrits dans la revue
"Hydrocarbon Processing" de janvier 1980, p. 82 à 86, et qui concernent un traitement
à chaud (40 à 65°C) en présence d'un additif soit avec de l'eau, soit avec un solvant
organique.
[0007] Dans le cas du procédé avec un solvant organique, après avoir déterminé la composition
des boues et leur quantité, on évacue d'abord du bac tout ce qui est liquide. Puis,
on arrose ou pulvérise à la surface des boues un solvant organique de manière à les
rendre plus fluides et on chauffe le mélange pendant environ 24 heures en essayant
de pomper et de recycler le solvànt sur les boues le plus rapidement possible. Après
arrêt du recyclage, on injecte au sommet du bac un agent tensioactif dispersant, puis
on reprend le recyclage du mélange en assurant un chauffage vers 65°C. On recouvre
alors complètement les boues avec une quantité de solvant "porteur" égale à quatre
fois leur volume et poursuit les opérations de recyclage, de chauffage et de mélange.
Quand le contenu du bac est devenu homogène, on l'envoie vers une installation de
traitement des slops pour obtenir des produits dont une partie pourra être éventuellement
traitée en raffinerie.
[0008] Dans le cas du procédé avec de l'eau, il ne s'agit pas d'eau pure car initialement
on a laissé dans le bac du pétrole en quantité correspondant à environ trois fois
le volume de boues. Ce pétrole va recouvrir complètement les boues et servir d'agent
porteur. Par ailleurs, les conditions de chauffage, de mélange, de recyclage sont
les mêmes que dans l'autre procédé. Toutefois, quand le contenu du bac semble homogène,
on procède à une décantation pendant six jours, puis transfère la couche supérieure
vers un autre bac, tandis que la couche inférieure est soumise à une nouvelle décantation;
on transfère à nouveau la couche supérieure vers un séparateur, tandis que l'émulsion
restante est cassée par une troisième décantation avec éventuellement ajout d'un additif
pour accélérer le phénomène. L'eau est ensuite séparée par écoulement à la base du
bac.
[0009] Dans le procédé RUSH, des lances à injection de liquide sont placées sur les trous
d'hommes du bac et des volumes prédéterminés d'additifs chimiques, d'eau et de solvants,
sont mélangés et envoyés au moyen de lances sur les boues et renvoyés vers un bac
de mélange. Une circulation en continu est maintenue jusqu'à ce que les boues soient
complètement émul- sifiées. Puis on laisse décanter pour que les phases organique
et aqueuse se séparent, séparation favorisée par des agents chimiques. 10 % environ
de la masse initiale des boues restent au fond du bac comme résidu semi- solide.
[0010] Dans le procédé BOYCLEAN, on utilise des lances tenues manuellement à l'intérieur
du bac et qui projettent du fuel sur les boues. Simultanément, une pompe extérieure
au bac aspire le liquide pour le refouler vers un autre bac.
[0011] Suivant le procédé PAKTANK, on introduit par le toit du bac de l'eau et du brut léger
jusqu'à mise en flottaison du toit. De l'eau est introduite à l'emplacement des béquilles
au moyen de cannes et a pour effet de faire flotter les sédiments. Puis, on brasse
avec des agitateurs durant un temps qui peut aller jusqu'à une semaine. Après arrêt
du brassage, on laisse décanter pendant plusieurs jours et pompe le produit fluidifié
par le toit et extrait l'eau à la partie basse par les purges placées sur la robe.
[0012] En ce qui concerne les dispositifs particuliers mis en oeuvre pour nettoyer les bacs,
on peut citer la machine P43 de BUTTER WORTH qui est mpn- tée sur les bous d'homme
latéraux des bacs. Cette machine propulse sur les boues un jet immergé de pétrole
brut à grande vitesse qui, par rotation lente, balaye le fond du bac suivant une vitesse
programmée et remet les boues en suspension dans le pétrole brut. D'après le constructeur,
cette machine assure une mise en suspension rapide qui se limite à la portée du jet
et permet des économies importantes d'énergie électrique par rapport aux mélangeurs
classiques.
[0013] Cet examen des techniques de l'art antérieur montre les faits suivants :
- la plupart des procédés mettent en oeuvre de l'eau qui contribue à la formation
d'émulsions inutilisables en l'état dans une raffinerie. C'est pourquoi, on casse
ces émulsions au moyen d'additifs; mais cela nécessite des durées de brassage, puis
de décantation très longues et des capacités de stockage complémentaires pour effectuer
ces opérations. En dépit de ces traitements, le produit pétrolier contient encore
de l'eau et il ne peut emprunter les circuits normaux de raffinage du brut qu'après
avoir subi une opération spéciale pour l'en débarrasser.
- Beaucoup de ces procédés qui utilisent de l'eau et un solvant organique ont recours
à des additifs chimiques ayant pour effet soit de casser les émulsions, soit de jouer
un rôle de dispersion pour mieux fluidifier les boues. Mais ces additifs peuvent avoir
certaines actions catalytiques indésirables au cours du raffinage. C'est pourquoi
le raffineur par souci de sécurité de marche de ses installations et de bonne qualité
des produits fabriqués aura tendance à diluer au maximum les produits de récupération
dopés, c'est-à-dire de les utiliser au "compte gouttes", entraînant de ce fait une
immobilisation très longue des bacs dans lesquels ils sont stockés et le risque d'une
nouvelle formation de boues.
- Certains procédés nécessitent de porter les boues à une température voisine de 60°C,
ce qui entraîne des dépenses d'énergie calorifique relativement importantes.
- L'utilisation de dispositifs sophistiqués, en dehors de leur prix et de certaines
difficultés d'adaptation sur les bacs pour éviter les "zones d'ombre" dans l'attaque
des boues ne sont pas à l'abri des problèmes posés par la présence d'eau ou d'additifs.
- Tous ces procédés présentent un moyen commun qui consiste à recouvrir complètement
la masse de boues par le solvant. Cette immersion totale des boues a pour inconvénient,
même en employant parfois certains dispositifs de brassage, de former à la surface
des boues des couches de solvants saturées en boues et dont la viscosité élevée freine
les échanges entre le solvant pur et les boues. sous-jacentes. Ceci entraîne à la
fois une diminution du pouvoir de dissolution du solvant et une hétérogénéité de composition
et par suite de viscosité du liquide formé.
- En fait, le but de tous ces procédés est de fluidifier pour nettoyer, mais aucun
ne s'attache vraiment à la possibilité d'une revalorisation immédiate du produit extrait.
On en a pour preuve l'utilisation fréquente de l'eau ou d'additifs chimiques. Or,
le souci du raffineur est d'éviter que les opérations de nettoyage ne consistent qu'à
former d'autres produits qui vont encombrer de nouveaux stockages en attente de traitement
ou qui ne pourront être utilisés qu'après dilution.
[0014] Si on veut parer à ces difficultés, il est indispensable que le produit issu du traitement
de fluidification soit, non seulement exempt d'eau et d'additifs, mais aussi qu'il
possède une viscosité compatible avec celle des produits mis en oeuvre dans les raffineries.
[0015] C'est ppurquoi le but de la présente invention est de proposer un procédé avec lequel,
tout en supprimant les inconvénients consécutifs à l'utilisation d'eau, de chaleur,
d'additifs, et en apportant ainsi le bénéfice d'un gain de temps et de chauffage et
d'une réduction des capacités de stockage nécessaires au traitement, on apporte l'énorme
avantage de fournir un produit de viscosité correspondant aux souhaits du raffineur
et qui peut donc être valorisé par introduction directe dans les installations normales
de raffinage.
[0016] Ce procédé de fluidification des boues qui se forment dans les bacs de stockage d'hydrocarbures
et de leur revalorisation immédiate chez l'utilisateur, consiste, de manière connue,
à vidanger le liquide résiduel du bac, à traiter à froid les boues préalablement analysées
avec un solvant organique de composition connue, dépourvu d'additifs que l'on propulse
sous forme de jets à l'intérieur du bac au moyen de buses orientables et à récupérer
le liquide formé par les orifices de vidange du bac. Mais, il est caractérisé en ce
que l'on établit d'abord un relevé du relief des boues, que l'on dirige les buses
vers les parties des boues formant saillie, que l'on envoie un volume de solvant tel
qu'au moins une partie de la surface des boues reste émergée, que l'on contrôle la
viscosité du liquide formé.
[0017] L'invention consiste donc, d'abord, à établir un relevé du relief des boues contenues
dans le bac. La demanderesse a en effet constaté au cours de l'examen des bacs que
les boues ne se déposaient pas régulièrement par strates horizontales, mais suivant
un profil formé de creux et de bosses et qu'il fallait en tenir compte pour mener
à bien le processus de fluidification et de revalorisation. Pour faire ce relevé,
elle utilise une sonde appropriée et en rapporte les indications sur une carte de
manière à obtenir une reproduction des lignes de niveau des boues.
[0018] Ce relevé va servir, au cours de la deuxième phase du procédé, à déterminer la manière
suivant laquelle on va attaquer les boues au moyen des jets de solvant et par suite
à fixer la position des buses orientables sur le bac.
[0019] Il a en effet été montré au cours des essais que l'efficacité des jets en matière
de fluidification était plus grande lorsque ceux-ci étaient dirigés directement vers
les parties des boues qui étaient à nu que lorsqu'ils avaient à traverser une couche
de liquide surnageant comme cela se fait dans tous les procédés de l'art antérieur.
[0020] C'est pourquoi la connaissance de la topographie des boues va permettre de placer
de façon judicieuse les buses sur les ouvertures du bac et d'orienter leur jet de
manière telle que le solvant soit propulsé vers les parties des boues formant saillie.
De préférence, au début du traitement, ces parties sont choisies parmi celles qui
sont situées le plus près possible des ouvertures de vidange du bac, afin de faciliter
l'évacuation du liquide formé. C'est ainsi que dans les bacs à fond concave, et donc
avec vidange centrale, l'attaque débute vers les parties en saillie situées au milieu
du bac. Par contre, s'il s'agit d'un bac à fond convexe, et donc à vidange périphérique,
l'attaque des buses débute vers les parois latérales du bac. La progression de l'attaque
se poursuit respectivement dans chacun des cas, soit vers la périphérie, soit vers
le centre du bac.
[0021] Ainsi, le solvant ayant dissous une fraction des boues s'écoule immédiatement et,
facilement vers le ou les points bas du bac sans donner lieu à la formation de poches
de liquide, ce qui permet aux jets de ne pas rencontrer de couches de liquide et d'exercer
leur énergie cinétique exclusivement à la solubilisation des boues.
[0022] En raison de son efficacité, cette manière de procéder évite tout recours à des adjuvants
de fluidification, à des apports de calories quelle que soit la température extérieure
ou à des dispositifs surdimensionnés travaillant sous pression qu'il est nécessaire
d'employer pour brasser des masses importantes de boues et de liquide. C'est pourquoi
on utilise des canons pour mettre en oeuvre l'invention. Les boues ainsi soumises
à l'action directe des jets de solvants vont se dissoudre de façon progressive et
continue et conduire à l'obtention d'un liquide dont la viscosité va varier de façon
régulière, et sans-à-coups, jusqu'à atteindre progressivement la limite supérieure
de viscosité prédéterminée.
[0023] Cependant, au cours du temps, la quantité de liquide présente dans le bac par rapport
à la quantité de boues va croissant et si l'on veut continuer à bénéficier des effets
de l'attaque directe de ces dernières par le solvant, il faut éviter leur submersion.
C'est pourquoi le volume de solvant envoyé dans le bac doit être tel qu'à tout moment
au moins une partie des boues reste émergée. Cette condition est facilement réalisée
grâce à la connaissance du relief qui permet de calculer les volumes relatifs de solide
et de liquide et de déterminer les apports convenables à son maintien.
[0024] Il est évident que le relief va aussi évoluer dans le temps en fonction de l'avancement
de la fluidification. Il est donc nécessaire de procéder à de nouveaux relevés à des
intervalles de temps plus ou moins rapprochés suivant les quantités de solvant mises
en oeuvre et leur pouvoir de fluidification, afin de pouvoir continuer à orienter
convenablement les buses vers les nouvelles parties en saillie qui se sont formées.
[0025] Le procédé selon l'invention ayant principalement pour but de permettre une revalorisation
immédiate des boues liquéfiées, il est nécessaire, comme on l'a vu plus haut, que
le liquide formé dans le bac ait une viscosité convenable. C'est pourquoi on contrôle
cette dernière en continu de manière à en suivre l'évolution et à pouvoir décider
si le liquide peut être dirigé vers son utilisation finale ou au contraire s'il y
a lieu de le recycler pour ramener la valeur de cette viscosité à l'intérieur d'une
fourchette donnée, de manière à la maintenir dans les limites du Pour Point localement
admissible.
[0026] Les valeurs retenues pour la fourchette dépendent à la fois du solvant utilisé, de
la nature des boues, de la température à laquelle s'effectue le traitement et des
impératifs de l'utilisateur.
[0027] Cette viscosité est déterminée généralement au moyen de la coupe de FORD et elle
est mesurée sur le liquide sortant du bac.
[0028] Cette mesure de viscosité en continu peut également servir à faciliter le processus
de revalorisation en agissant sur les débits d'alimentation en solvant des jets et
sur les débits de prélèvement du liquide formé, au moyen de vannes réglables. Ces
débits sont contrôlés à l'aide de volumè- tres placés sur les différentes tuyauteries
dé circulation des fluides. A partir de la mesure de ces débits dans le temps, on
peut également à tout moment et a fortiori lors d'une vidange complète du liquide
du bac, connaître par différence entre la quantité de solvant entrée et la quantité
de produit sorti, qu'elle est la masse de boues qui a été fluidifiée.
[0029] Il est à noter que le solvant utilisé dans le présent procédé est généralement du
pétrole brut provenant d'un stockage disponible.
[0030] De ce fait, ce procédé trouve une application particulièrement intéressante dans
la fluidification en continu des boues. Il est en effet possible d'alimenter le circuit
des buses par le réseau de transfert existant, de procéder à la fluidification, qui
est d'autant plus aisée que le solvant mis en oeuvre a une viscosité minimum et a
donc un pouvoir de dissolution maximum, puis de renvoyer le liquide formé directement
vers le lieu d'utilisation, puisque celui-ci a une viscosité régulière et contrôlée.
[0031] On dispose ainsi d'un moyen particulièrement efficace de fluidification et de revalorisation
car il contribue à libérer rapidement des stockages f encombrés, à valoriser immédiatement
leur contenu sans nécessiter de transfert vers des stockages intermédiaires, source
de pollution, ni causer de perturbation sur les fonctionnements des installations.
[0032] Par ailleurs, le procédé selon l'invention présente également des caractéristiques
particulières quant à la sécurité contre les risques d'explosion ou d'incendie. En
effet, en raison des phénomènes d'électricité statique consécutifs à l'utilisation
de jets de liquide à grande vitesse, on peut craindre la formation d'étincelles à
l'intérieur des bacs et l'inflammation des mélanges détonnants qu'ils contiennent
généralement. C'est pourquoi, on pratique une mise sous gaz inerte du volume du bac
avant toute intervention. Ceci peut être réalisé au moyen d'azote ou de tout autre
gaz que l'on injecte après avoir étanché toutes les ouvertures du bac au moyen de
vessies gonflables ou de poches en plastique ou encore de films en polyane maintenus
par bandes magnétiques sur la robe et le toit du bac.
[0033] Cette mise sous gaz inerte est réalisée dans des conditions qui dépendent du type
de bac à nettoyer. Ainsi, dans le cas d'un bac à toit flottant, qui est le plus fréquent,
on vidange d'abord le bac jusqu'à la pose du toit sur ses béquilles à la limite de
flottaison avant d'introduire le gaz.
[0034] Dans le cas d'un bac à toit fixe, on procède à l'injection de gaz inerte simultanément
à la vidange du liquide résiduel et suivant le même débit.
[0035] Dans les deux cas, on évite le balayage du volume du bac et réduit considérablement
la consommation de gaz.
[0036] Cette atmosphère est contrôlée en permanence au moyen de plusieurs lignes de prélèvement
disposées judicieusement et reliées à un analyseur par l'intermédiaire d'un distributeur,
de manière à pouvoir intervenir au cas où la teneur en oxygène venait à dépasser un
taux de 5 % en volume.
[0037] Egalement par mesure de sécurité, toutes les précautions sont prises pour assurer
par shunts une parfaite conductibilité électrique de toutes les installations utilisées
pour la mise en oeuvre du procédé de manière à assurer une mise à la terre convenable.
[0038] La projection du solvant sur les boues est assurée par un système de buses multidirectionnelles
qui concentrent une énergie maximum au point d'impact du jet sur les boues. Ce système
appelé canon comporte généralement des buses à diamètre variable pour permettre d'assurer
un débit unitaire de 100 à 200 m
3/h de solvant sous une pression d'au moins 12 bar sur une surface d'impact dont la
projection sur un plan perpendiculaire à la direction du jet est au maximum de 4 dm
2 et pour une vitesse à la buse de l'ordre de 28 à 60 m/sec. L'ensemble de ces paramètres
sont susceptibles d'être adaptés en fonction des dimensions, de la capacité, de la
nature et de la quantité de boues à revaloriser.
[0039] Le montage de ces canons se fait de préférence sur le toit du bac, et à défaut sur
la robe en tenant compte du relief des boues. Les canons sont généralement alimentés
simultanément par 2, par un moteur thermique entraînant deux pompes en série, capables
par exemple d'un débit de 280 m
3/ h sous 15 bar.
[0040] Le liquide résultant de la fluidification des boues est généralement prélevé en bas
du bac au moyen d'un groupe de pompage comportant une pompe à vide qui assure des
débits compatibles avec ceux de l'alimentation des buses.
[0041] Toutes les tuyauteries d'aspiration et de refoulement des produits sont très largement
dimensionnées pour éviter les pertes de charge préjudiciables à une bonne mise en
oeuvre du procédé.
[0042] De même, poux conserver dans wn intégralité la puissance disponible au niveau de
la buse, l'entraînement du canon est effectué par un moteur auxiliaire indépendant
du liquide en circulation. Ce principe évite les pertes de charge consécutives à l'entraînement
par turbine et train d'engrenages.
[0043] L'installation est complètée par une batterie de filtres panier permutables, placée
à l'aspiration du liquide formé et qui piège les particules insolubles afin d'éviter
toute détérioration du matériel et de fournir à l'utilisateur un liquide conforme
à ses spécifications.
[0044] La présente invention peut être illustrée au moyen de la figure jointe qui représente
un bac (1) à toit flottant (2) à fond convexe (3) équipé latéralement des vannes de
vidange (4) et (5) reliées par les tuyauteries (6) et (7) à une conduite (8) sur laquelle
est placée à la suite des filtres permutables (9) une pompe aspirante (10) qui refoule
le liquide ayant fluidifié les boues vers l'utilisation, par l'intermédiaire d'un
viscosimètre (11) et d'un volumètre (12). Ce bac a été équipé de joints d'étanchéité
(13) afin de pouvoir maintenir le volume (14) à l'abri de l'oxygène de l'air. Sur
le toit on a placé deux canons (15) dont les buses (16) ont été orientées vers les
parties en saillie (17) et (.18) des boues. Ces canons sont alimentés en solvant par
la canalisation (19) par l'intermédiaire de la pompe (20) du volumètre (21) et des
vannes d'admission (26), (22) et (23), la vanne (25) étant fermée.
[0045] Suivant cette disposition, on peut traiter les boues avec un solvant en provenance
du stockage de l'utilisateur suivant (19) et renvoyer le liquide résultant de la fluidification
directement vers l'utilisateur par l'intermédiaire de la vanne (24) au moyen de la
pompe (10) tout en contrôlant sa viscosité en (11). Mais on peut aussi, par ouverture
de la vanne (25) et fermeture des vannes (24)et (26) recycler celiguide plusieurs
fois à travers le bac, contrôler au moyen du volumètre (12) les volumes de produits
véhiculés et l'évolution de la viscosité au moyen du viscosimètre (11). Lorsque la
valeur de cette viscosité est convenable, on ferme la vanne (25) et ouvre la vanne
(24) de manière à refouler le liquide vers les installations de l'utilisateur.
[0046] L'invention sera mieux comprise à l'aide des 2 exemples d'application suivants :
- le premier exemple concerne un traitement avec recyclage : un bac à toit flottant
et fond convexe contenant 4000 m3 de boues a été sondé, après l'avoir rendu étanche, rempli de gaz inerte et pris toutes
les précautions de sécurité nécessaires, et les données obtenues ont été rapportées
sur une carte. Cette carte a permis de déterminer qu'il fallait disposer les canons
en des points du toit éloignés du centre du toit de 26 m et situés sur des diamètres
formant entre eux des angles de 60°. Cette carte a également fourni des indications
sur l'orientation des buses à savoir, entre 30 degrés et 60 degrés par rapport à la
verticale et dans des plans diamétraux formant respectivement entre eux des secteurs
de 60 degrés.
[0047] Après analyse des boues, on a envoyé sur celles-ci et en faisant un contrôle au moyen
du volumètre, environ 200 m
3 de pétrole brut du type Mer du Nord à raison de 280 m
3/h sous une pression de 14 bar au moyen de deux canons équipés de buses de diamètre
35 mm.
[0048] Un nouveau sondage a montré que les boues n'étaient pas complètement submergées.
Après réorientation des buses à partir des données du nouveau sondage, on a procédé
à un recyclage du liquide contenu dans le bac en contrôlant la viscosité en continu.
Après recyclage pendant 3 heures, au cours desquelles la viscosité a évolué de 7 à
30 secondes, un nouveau relevé a été fait qui a entraîné une réorientation des canons.
[0049] On a renouvelé ces opérations au cours de 33 recyclages successifs à la fin desquels
le liquide avait une viscosité de 90 secondes. Le liquide après chaque recyclage a
alors été envoyé vers l'utilisateur pour revalorisation. Après évacuation de 320 m
3 environ de liquide, la viscosité a atteint 90 secondes et on a alors stoppé l'envoi
du liquide et renvoyé dans le bac 300 m
3 de solvant pur que l'on a recyclé de la même manière que précédemment pendant 6 heures.
Au bout de 33 ajouts de solvant pur représentant au total environ 12600 m
3, on a constaté que la viscosité demeurait constante et que les quantités extraites
étaient identiques aux quantités introduites, ce qui marquait que la fluidification
des boues était complète.
[0050] Ce traitement s'est effectué dans des conditions de température extérieure variant
entre -15°C la nuit et +8°C, sans apport de calories et sans altération du produit
restitué.
- Le deuxième exemple concerne un traitement en continu sur un bac contenant 3500
m3 de boues. Après avoir procédé aux mêmes opérations que dans l'exemple 1 au sujet
de l'étanchéité, de l'inertage et du relevé du relief et de la mise en place des canons,
on a alimenté les mêmes buses que dans l'exemple 1, dans les mêmes conditions de débit
et de pression avec du pétrole brut Arabian Light, provenant du stockage de l'utilisateur,
suivant un débit de 260 m3/h.
[0051] Les premières fractions de liquide issu de la fluidification avaient une viscosité
de 12 secondes. Puis cette viscosité a varié au cours des 240 heures qu'a durée l'opération
entre 9 et 14 secondes. Ce liquide a été envoyé en continu vers son utilisateur. Le
bac a été débarrassé de ses boues après passage de 9600 m 3 de solvant sans que jamais
la valeur de la viscosité ne dépasse 14 secondes et sans qu'on constate une perturbation
dans le fonctionnement des installations.
[0052] La présente invention trouve son application dans tous les stockages pétroliers :
champs d'extraction, terminaux portuaires, tankers, dépôts et raffineries, où on cherche
à valoriser immédiatement et directement au niveau de l'utilisation les boues contenues
dans ces capacités.
1. Procédé de fluidification des boues qui se forment dans les bacs de stockage d'hydrocarbures
et de leur revalorisation immédiate chez l'utilisateur consistant, après vidange du
liquide résiduel, à traiter à froid les boues préalablement analysées avec un solvant
organique de composition connue, dépourvu d'additifs que l'on propulse sous forme
de jets à l'intérieur du bac au moyen de buses orientables et à récupérer le liquide
formé par les orifices de vidange du bac, caractérisé en ce que l'on établit d'abord
un relevé du relief des boues, que l'on dirige les buses vers les parties des boues
formant saillie, que l'on envoie un volume de solvant tel qu'au moins une partie de
la surface des boues reste émergée, que l'on contrôle la viscosité du liquide formé.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on retourne le liquide
formé vers le bac de stockage pour modifier sa viscosité.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on utilise comme solvant
le produit stocké par l'utilisateur et que l'on renvoie le liquide formé directement
vers les bacs en exploitation.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on étanche le bac et
travaille sous atmosphère inerte de manière à avoir moins de 5 % en volume d'oxygène.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'injection de gaz inerte
se fait simultanément à la vidange du liquide résiduel de manière à éviter tout balayage.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que les buses utilisées débitent
unitairement entre 100 et 200 m3/h de solvant sous une pression d'au moins 12 bar.
7. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la projection sur un plan
perpendiculaire à la direction du jet de la surface d'impact du solvant est au maximum
de 4 dm2.
8. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la vitesse d'impact du
jet de solvant est comprise entre 28 et 60 m/sec.