[0001] La présente invention est relative à des alliages à base d'AI contenant essentiellement
du Cu, du Li et du Mg, possédant une très haute résistance mécanique spécifique et
utilisables en particulier, pour l'obtention de pièces traitées thermiquement de forme
complexe.
[0002] Il est connu des métallurgistes que l'addition de lithium diminue la densité (de
3 % par pourcent pondéral de lithium) et augmente te module d'élasticité et la résistance
mécanique des alliages d'aluminium. Ceci explique l'intérêt des concepteurs pour ces
alliages en vue d'applications dans l'industrie aéronautique qui requiert des alliages
dotés d'une résistance mécanique spécifique (rapport résistance mécanique sur densité)
et d'un module spécifique aussi élevés que possible, à condition toutefois que ces
alliages possèdent par ailleurs une ductilité (allongement à la rupture) et une ténacité
acceptables.
[0003] On sait que les alliages d'aluminium au lithium binaires possèdent une résistance
mécanique insuffisante ainsi qu'une ductilité rédhibitoire pour applications aéronautiques.
Les métallurgistes ont donc eu recours à des additions de cuivre dont l'effet bien
connu sur le durcissement structural des alliages d'aluminium est supérieur à celui
du lithium et superposable à ce dernier pour obtenir des alliages AI-Li-Cu à haute
résistance mécanique plus ductiles mais aussi plus denses que les alliages au lithium
binaires.
[0004] Il s'agit en particulier de l'alliage américain 2020 de composition nominale AI-4,5
% Cu-1,2 % Li-0,2 % Cd-0,5 % Mn et de l'alliage soviétique VAD 93, de composition
nominale AI-5,4 % Cu-1,2 % Li-0,2 % Cd-0,6 % Mn. Ces alliages, utilisés à l'état T651
(trempe - tra'ction contrôlée 2 % - revenu au maximum de la résistance mécanique)
possèdent des niveaux très élevés de résistance mécanique (notamment l'alliage VAD
93), mais il est apparu que les additions de lithium, quoique faibles, entraînaient
une perte appréciable de ductilité et de ténacité sans permettre un allègement significatif
des pièces de structure aéronautique, compte tenu de la densité relativement peu diminuée
de ces alliages par rapport à celle des alliages conventionnels sans lithium.
[0005] Plus récemment, des métallurgistes ont proposé un nouvel alliage expérimental de
composition nominale AI-3 % Li-2 % Cu-0,2 % Zr (à haute résistance faible densité
et faible ductilité), ainsi que de nouveaux alliages du système Aluminium-Lithium-Cuivre-Magnésium
à moyenne résistance, faible densité et ductilité améliorée. Il s'agit en particulier
de l'alliage de composition moyenne AI-2,4 % Li-1,25 % Cu-0,75 % Mg (- Cr-Mn-Zr-Ni)
qui a fait l'objet de la demande de brevet européen n° 0088511 du Secretary for Defence
du Royaume-Uni.
[0006] Or, on peut constater que tous les alliages au lithium à faible densité connus et
cités ci-dessus (hormis les alliages VAD 93 et 2020 très riches en cuivre) ne possèdent
pas des niveaux de résistance mécanique équivalents à celui des alliages d'aluminium
conventionnels actuellement les plus résistants (7075-T6, 7010-T 736) sauf si les
produits subissent entre trempe et revenu au maximum de durcissement un écrouissage
par déformation plastique de 2 à 4 % environ. L'effet favorable de cet écrouissage
sur la limite élastique, la charge de rupture et même la ductilité, est bien connu
des métallurgistes.
[0007] Ceci explique la relative abondance des résultats récents obtenus sur tôles minces
ou épaisses et produits filés en alliages AI-Li-Cu, AI-Li-Mg et AI-Li-Cu-Mg à l'état
T-651 et dont la gamme de fabrication doit obligatoirement comporter une traction
contrôlée de 2 à 4 % entre trempe et revenu de façon à permettre à ces alliages d'obtenir
leurs meilleurs niveaux de caractéristiques mécaniques.
[0008] Cette particularité des alliages au lithium connus constitue évidemment une importante
restriction pour l'utilisation d'alliages d'aluminium au lithium à haute résistance
mécanique spécifique dans la fabrication de pièces de géométrie complexe, telles que
les pièces matricées ou les produits moulés auxquelles il est généralement impossible
d'imposer une déformation plastique même par compresssion contrôlée entre trempe et
revenu.
[0009] On connaît également l'alliage AI-2,0-2,4 % Li-2,3-2,7 % Cu jusqu'à 0,9 % Mg jusqu'à
0,15 % Zr et Fe jusqu'à 0,12 % Si, qui a fait l'objet de la demande de brevet européen
n° EP-A-0 156 995 non encore publiée à la date de dépôt de la présente demande.
[0010] L'invention décrite ci-après permet de disposer de nouveaux alliages au lithium ne
présentant pas ces limitations. Ces alliages confèrent aux produits de toute configuration
de très hautes caractéristiques mécaniques à l'état T6 (équivalentes à celles des
alliages 7075-T 6 et 7010-T 736) combinées à une densité diminuée de 6 à 9 % par rapport
à celle des alliages conventionnels des séries 2000 ou 7000. A fortiori, les produits
en alliages selon l'invention possèdent une résistance mécanique spécifique encore
améliorée par écrouissage entre trempe et revenu (états T-651, T-652 ou T-8) mais
cette opération de déformation plastique peut être limitée par exemple au seul détentionnement
ou au planage des produits trempés.
[0011] Au cours d'essais métallurgiques, nous avons en effet trouvé et expérimenté de nouvelles
compositions d'alliages industriels du système AI-Li-Cu-Mg (Cr, Mn, Zr, Ti) plus résistants
et plus performants que les alliages au Li connus, du point de vue du compromis résistance
mécanique-densité.
[0012] Les alliages selon l'invention possèdent les compositions pondérales suivantes :
[0013] Les compositions optimales prises individuellement ou en combinaisons sont les suivantes
:
[0014] Il a été montré que ces alliages possèdent les caractéristiques optimales lorsque
la relation :
est vérifiée
[0015] Pour les valeurs inférieures à 5,0 on observe une chute notable des caractéristiques
de résistance et pour les valeurs supérieures à 5,8 on observe une chute notable de
la ductilité.
[0016] Les alliages selon l'invention possèdent leur niveau optimal de résistance et de
ductilité après des traitements d'homogénéisation des produits coulés et de mise en
solution des produits transformés comportant au moins un palier à une température
O
H comprise entre 520 et 545 °C pendant une durée suffisante soit pour dissoudre complètement
les composés intermétalliques des phases riches en Cu et Li et soit pour obtenir une
taille inférieure 5 µm. Les durées optimales de traitement thermique d'homogénéisation
à température O
H étaient de 0,5 à 8 heures pour les alliages élaborés par solidification rapide (atomisation-splat
cooling) et de 12 heures à 72 heures pour les produits moulés ou élaborés en coulée
semi-continue, pour lesquels il est préférable d'effectuer lors de l'homogénéisation
ou de la mise en solution un ou deux paliers intermédiaires de quelques heures à 500
°C, 515 °C ou 528 °C environ de façon à éviter la fusion commençant de l'alliage lors
de son maintien à la température On.
[0017] De plus, les essais de cinétique de revenu ont montré que ces alliages possèdent
leurs propriétés mécaniques optimales après revenus de durées de 8 heures à 48 heures
à des températures comprises entre 170 et 220 °C (de préférence entre 190 et 200 °C),
et qu'il était préférable de faire subir aux produits de forme adéquate (tôles, barres,
largets) un écrouissage donnant lieu à une déformation plastique de 1,5 à 5 % (préférentiellement
2 à 4 %) entre trempe et revenu, ce qui permet d'améliorer encore le compromis entre
résistance mécanique et ductilité de ces alliages.
[0018] Dans ces conditions, nous avons constaté que les alliages selon l'invention ont à
l'état T-6(51) une résistance mécanique équivalente à celle des alliages 7075 ou 7010
T-6(51). Ces niveaux élevés de limite élastique et de charge de rupture (équivalents
à ceux des meilleurs alliages actuels pour ces états de traitement thermique) sont
par ailleurs combinés avec des densités diminuées de 6 à 8 % par rapport à celles
des alliages d'aluminium aéronautiques conventionnels (sans lithium) et avec des niveaux
de ductilité ou allongements satisfaisants, ce qui montre l'intérêt des alliages selon
l'invention pour la fabrication de pièces de structure corroyées ou moulées à très
haute résistance mécanique spécifique et bonnes propriétés dynamiques (ténacité, résistance
à la fatigue), qu'il s'agisse de produits élaborés par coulée semi-continue, atomisation
ou splat-cooling.
[0019] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples suivants, comparant les caractéristiques
mécaniques spécifiques de divers alliages selon l'invention et hors de l'invention
à des alliages connus.
Exemple 1
[0020] Des lingotins dont l'analyse est reportée au tableau la ont été élaborés à partir
d'aluminium raffiné (AI 99,99 %), affinés par addition de 0,15% d'AT5B, puis coulés
en moules avec une structure analogue à celle obtenue par coulée semi-continue industrielle.
[0021] Tous ces alliages contiennent moins de 0,02 % (en poids) de Fe et moins de 0,02 %
de Si.
[0022] Ces alliages ont été homogénéisés dans les conditions permettant d'obtenir une dissolution
quasi complète des composés intermétalliques riches en lithium et en cuivre, et trempés
à l'eau à 20 °C. Ils ont subi une maturation d'au moins 5 jours et des traitements
de 24 heures à des températures de 150, 170, 190 et 210 °C.
[0023] Le tableau Ib donne les traitements thermiques et les duretés Vickers moyennes après
revenu, ainsi que le maximum de dureté spécifique de chacun de ces alliages (rapport
dureté Vickers/densité).
[0024] Ces résultats montrent que les nouveaux alliages selon l'invention possèdent un compromis
résistance mécanique/densité supérieur à celui de tous les autres alliages connus,
dans pratiquement tout le domaine des températures de revenu et même dans le domaine
des sous-revenus qui sont les plus aptes à conduire au meilleur compromis résistance
mécanique-ductilité.
[0025] Les très hauts niveaux de dureté spécifiques obtenus après trempe et revenu (sans
écrouissage intermédiaire par traction ou compression contrôlée) justifient l'intérêt
particulier de ces alliages légers pour les pièces de forme complexe telles que les
pièces moulées ou matricées.
Exemple 2
[0026] On a coulé en semi-continù sous forme de billettes Ø 200 mm, les alliages dont la
composition est reportée au Tableau Ila. Les billettes ont été homogénisées à 515
°C pendant 16 h + 24 h à 535 °C, écroûtées et filées en largets
50 x 20 mm à 430 °C (soit avec un rapport de filage de 12). Les largets ont été mis
en solution à 539 °C et trempés à l'eau et ont subi divers revenus.
[0027] Les caractéristiques mécaniques obtenues, dans le sens long, au pic de résistance
après revenu adapté, sont reportées dans le tableau Ilb, comparativement aux caractéristiques
des alliages classiques 7075 et 7150, selon les désignations de l'Aluminium Association.
1. Alliage à base d'Al à très haute résistance mécanique spécifique contenant essentiellement
du Cu, du Li et du Mg, caractérisé en ce qu'il contient (en poids %) :
2. Alliage selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il contient de 2,75 à 3,1
% de Cu et de préférence entre 2,75 et 3 %.
3. Alliage selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce qu'il contient de 2 à
2,5 % de Li. 4, Alliage selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce qu'il
contient de 0,1 à 0,5 % de Mg.
5. Alliage selon la revendication 4, caractérisé en ce que :
1. An aluminium based alloy of very high specific mechanical strength, essentially
containing Cu, Li and Mg, characterised in that it contains (as % by weight) :
2. The alloy of claim 1, characterised in that it contains from 2.75 to 3.1 % and
preferably from 2.75 to 3% Cu.
3. The alloy of claim 1 or 2, characterised in that it contains from 2 to 2,5 % of
Li.
4. The alloy of any of claims 1 to 3, characterised in that it contains from 0,1 to
0,5 %.
5. The alloy of claim 4, characterised in that :
1. Legierung auf Al-Basis mit sehr hoher spezifischer mechanischer Festigkeit, die
im wesentlichen Cu, Li und Mg enthält, dadurch gekennzeichnet, daß sie (gewichtsmäßig)
:
2. Legierung nach dem Anspruch 1, dadurch gekennzeichnet, daß sie 2,75 bis 3,1 % Cu
und vorzugsweise zwischen 2,75 und 3 % enthält.
3. Legierung nach dem Anspruch 1 oder 2, dadurch gekennzeichnet, daß sie 2 bis 2,5
% Li enthält.
4. Legierung nach einem der Ansprüche 1 bis 3, dadurch gekennzeichnet, daß sie 0,1
bis 0,5 % Mg enthält.
5. Legierung nach dem Anspruch 4, dadurch gekennzeichnet, daß