DOMAINE TECHNIQUE DE L'INVENTION
[0001] L'invention concerne un procédé et un dispositif de relaxation latérale des contraintes
en fin de compactage oedométrique d'un bloc constitué d'un agrégat et d'un liant,
mis en forme par vibrotassage ou pilonnage.
[0002] Elle s'applique en particulier, mais non exclusivement, à la fabrication de blocs
carbonés, constitués de coke et/ou d'anthracite (agrégat) et de brai (liant) destinés
à l'électrométallurgie, par exemple les anodes et les éléments cathodiques destinés
aux cuves de fabrication d'aluminium par électrolyse.
EXPOSE DU PROBLEME
[0003] Le compactage oedométrique d'un bloc ou d'une pièce de forme par vibrotassage ou
pilonnage consiste à placer le matériau à mettre en forme dans un moule muni d'un
couvercle, et à lui imposer un ou plusieurs cycles de contraintes. Ces contraintes
sont appliquées par la chute répétée d'une masse sur le matériau (pilon ou couvercle
de poids élevé).
[0004] Pour la bonne compréhension de l'invention, on rappelle que le vibrotassage est obtenu
par l'utilisation d'un lourd couvercle et l'application, sur le moule, d'une vibration
à une fréquence de quelques Hertz à quelques dizaines de Hertz, qui a pour effet de
soulever le couvercle qui retombe sous l'effet de son poids, sur le bloc à compacter.
[0005] Le pilonnage consiste à appliquer des chocs répétés sur le bloc au moyen d'un pilon
que l'on soulève et laisse retomber périodiquement.
[0006] Les figures 1, 2 et 3 se rapportent à l'art antérieur. Les figures 4, 5, 6, 7 et
8 se rapportent à l'invention.
[0007] Toutes les figures sont des coupes schématiques et elles se rapportent au cas particulier
où la contrainte principale s'exerce verticalement de haut en bas, mais elles restent
valables quelle que soit la position du moule dans l'espace.
[0008] Sur la figure 1, on voit que la contrainte principale Fa s'exerce verticalement sur
le matériau (1) disposé dans le moule (2). Les parois latérales (3) du moule, qui
sont fixes, exercent sur le matériau une réaction Fl proportionnelle à la contrainte
principale : Fl = k x Fa.
[0009] Dans tout ce qui suit, nous désignerons par "contrainte latérale" toute contrainte
s'exerçant dans une direction perpendiculaire ou sensiblement perpendiculaire à la
direction de la contrainte verticale.
INCONVENIENTS DE L'ART ANTERIEUR (fig. 1 à 3)
[0010] En fin de compactage (qui peut durer, par exemple, quelques minutes), on retire le
couvercle (4) ; le matériau (1) qui a emmagasiné les contraintes latérales va les
relâcher. Les parois latérales du moule (3) étant fixes, les contraintes ne peuvent
se relâcher que dans le sens de l'axe de compactage et peuvent provoquer la formation
de fissures (6) perpendiculaires à l'axe de compactage ; c'est ce qui se produit,
par exemple, lors du moulage des anodes pour la production d'aluminium par électrolyse,
lorsque la pâte carbonée, dans le moule, dépasse une certaine température critique.
OBJET DE L'INVENTION
[0011] L'objet de l'invention est un procédé de relaxation latérale des contraintes en fin
de mise en forme, par compactage oedométrique, d'un bloc constitué d'un agrégat et
d'un liant et sur lequel on applique une contrainte monoaxiale dans un moule rigide
comportant un fond et quatre parois latérales. Dans tout ce qui suit, nous désignerons
par "compactage", l'opération de mise en forme de blocs dans un moule, les termes
"fond" et "sommet" ne préjugeant pas de la position du moule dans l'espace.
[0012] Selon l'invention, au moins deux parois latérales opposées sont rendues mobiles de
façon à pouvoir reculer de quelques millimètres par rapport au bloc moulé (1) mais
elles sont fermement maintenues en place pendant toute la durée du compactage.
[0013] Il est également possible de rendre les 4 parois mobiles. Le compactage est assuré
soit par vibrotassage, soit par pilonnage. Un autre objet de l'invention est un dispositif
pour la mise en oeuvre du procédé de compactage qui permet d'assurer un recul limité
(de quelques millimètres) des parois mobiles après le compactage, tout en les maintenant
fermement bloquées pendant le compactage proprement dit.
[0014] Les figures 4 à 8 schématisent la mise en oeuvre de l'invention dans le cas particulier
où la contrainte principale est verticale.
[0015] La figure 4 schématise le compactage sous l'action de la force Fa exercée par le
couvercle (4) ou le ou les piston(s) (4) (4A).
[0016] Sur les figures schématiques 4, 5 et 6, le repère (4) désigne le couvercle d'un dispositif
de vibrotassage ou un pilon ; le repère (4A) désigne le fond fixe du moule.
[0017] Les parois du moule (7) et (8) soumises à une poussée latérale exercent une réaction
Fl.
[0018] En fin de compactage les parois mobiles (7 et/ou 8) sont éloignées de quelques millimètres
des parois correspondantes du bloc moulé, le couvercle (4) étant contrairement à la
pratique de l'art antérieur, maintenus en place sur le bloc (1) (fig. 5), ce qui permet
la relaxation latérale des contraintes. Le bloc est soumis de la part du couvercle
ou du ou des pistons à une contrainte résiduelle de 50 à 2000 kPa (kilopascals) et
de préférence comprise entre 100 à 500 kPa.
[0019] Après quelques secondes (1 à 20 par exemple) on relève le couvercle (4) (fig. 6).
[0020] Le bloc moulé est dégagé après ouverture des parois (7) et/ou (8) et enlèvement du
couvercle.
[0021] La figure 8 schématise un dispositif pour la mise en oeuvre de l'invention.
[0022] La paroi (7) est immobilisée, pendant le compactage, au moyen de la cale (9) qui
prend elle-même appui sur un montant rigide, fixe (8). Sur la paroi (7) sont fixées
deux tiges guides (10) terminées par une tête (11). Entre la tête (11) et la paroi
externe du montant fixe, on a placé un ressort (12) travaillant en compression.
[0023] En fin de compactage, on relève la cale (9) au moyen du vérin (13). Sous l'action
des ressorts (12), la tête (11) est repoussée vers l'extérieur, et elle tire sur la
paroi (7) qui recule de quelques millimètres, laissant ainsi, entre elle et le bloc
carboné pressé (1), un espace de quelques millimètres suffisant pour assurer la relaxation
des contraintes.
[0024] Ce dispositif n'est qu'un exemple particulier, non limitatif de l'invention, pour
assurer le dégagement latéral de la paroi (7) et la maintenir fermement immobilisée
pendant le compactage.
EXEMPLE DE MISE EN OEUVRE DE L'INVENTION
[0025] Une vibrotasseuse a été équipée, selon l'invention, de deux parois latérales mobiles
susceptibles de s'écarter des parois du bloc d'environ 5 mm, selon le dispositif de
la figure 8. De même, les deux portes (8) qui se relèvent pour permettre l'évacuation
de l'anode, sont animées d'un même mouvement de recul de 5 mm avant d'être relevées.
La relaxation des contraintes se fait donc dans les deux directions du plan horizontal
(la contrainte principale ayant été verticale).
[0026] Le tableau ci-dessous regroupe les résultats comparatifs obtenus :

[0027] On en conclut que la relaxation latérale des contraintes selon l'invention a permis
d'effectuer le compactage des blocs à 145°C au lieu de 140°C en l'absence de relaxation
latérale sans qu'il y ait formation de fissures. Il en est résulté un gain moyen de
0,011 point sur la densité des blocs carbonés, ce qui se traduit par une amélioration
sensible de la qualité des anodes et une suppression des rebuts pour cause de fissuration.
AVANTAGES PROCURES PAR L'INVENTION
[0028] La relaxation latérale des contraintes emmagasinées dans les blocs moulés alors qu'ils
sont encore soumis à une contrainte résiduelle dans l'axe du compactage (contrainte
résiduelle inférieure à 2000 kPa),permet d'élever la température à laquelle apparaissent
les fissures. Il est donc possible, dans le cas du moulage de blocs carbonés, de malaxer
et de compacter le mélange coke + brai à température plus élevée (d'au moins 5°C),
et d'améliorer ainsi les caractéristiques des blocs.
[0029] Les anodes destinées à la production d'aluminium par électrolyse, selon le procédé
Hall-Héroult, sont un des domaines privilégiés mais non exclusifs, de mise en oeuvre
de l'invention.
1/ Procédé de relaxation des contraintes latérales, en fin de mise en forme par compactage
d'un bloc constitué d'un agrégat et d'un liant, sur lequel on applique une contrainte
principale monoaxiale dans un moule rigide comportant un fond et quatre parois latérales,
ce compactage étant effectué par un moyen choisi parmi le vibrotassage et le pilonnage,
caractérisé en ce que, en fin de compactage, on maintient, selon l'axe de compactage
une contrainte résiduelle comprise entre 50 et 2000, et de préférence entre 100 et
500 kilopascals, puis on écarte de quelques millimètres au moins deux des parois latérales
du moule, puis on supprime la contrainte principale et on extrait le bloc moulé.
2/ Procédé, selon la revendication 1, caractérisé en ce que la contrainte résiduelle
est maintenue pendant une durée comprise entre 1 et 20 secondes après écartement des
parois latérales.
3/ Procédé, selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on écarte deux parois
opposées (7) du moule.
4/ Procédé, selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on écarte deux parois
adjacentes (7,8) du moule.
5/ Procédé, selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on écarte les quatre
parois du moule.
6/ Procédé, selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
les blocs sont constitués d'un mélange d'agrégat carboné tel que le coke ou l'anthracite
et d'un liant tel que le brai.
7/ Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 6, caractérisé en ce que deux au moins des parois latérales du moule sont munies
d'un moyen de déplacement en translation par rapport au bloc moulé.
8/ Dispositif selon revendication 7, caractérisé en ce que le moyen de déplacement
comporte d'une part, au moins un organe de guidage (10) fixé à une de ses extrémités
sur la face externe de la paroi mobile (7) et muni, à son extrémité opposée d'une
tête (11), et d'autre part, un montant rigide fixe (8) et, disposé entre la paroi
mobile (7) et le montant (8), une cale (9) amovible, et un moyen élastique en compression
(12) disposé entre le montant (8) et la tête (11).