[0001] La présente invention concerne un dispositif support asservi au mouvement d'un corps
mobile par rapport à une structure environnante, le corps étant un casque porté par
la tête d'un opérateur. Plus précisément, l'invention permet d'asservir le dispositif
aux mouvements de la tête, lesquels s'exercent dans un volume délimité, de manière
à faire supporter par le dispositif des équipements normalement montés sur le casque
et libérer l'opérateur de la charge correspondante.
[0002] L'utilisation de l'invention est plus particulièrement envisagée dans le domaine
avionique pour résoudre le problème de visualisation d'image vidéo dans un grand champ
et avec une haute résolution. En effet, le pilote à bord d'un appareil chasseur se
trouve installé dans un habitacle de petites dimensions et, le plus souvent, sa position
est allongée ce qui ne lui facilite guère la visualisation des appareils de la planche
de bord. Un appareil indicateur cathodique qui représenterait une visualisation vidéo
élaborée n'est donc perçu de toute façon que sous un angle réduit et perd de son efficacité.
La visualisation collimatée montée sur un casque restitue un certain confort visuel
pour le pilote mais elle reste limitée à des petits champs ou pour des champs plus
élevés à une résolution moyenne, par exemple une image de 250 points par ligne et
de 250 lignes. L'installation sur casque d'une visualisation grand champ et à haute
résolution (on entend par haute résolution supérieure à 1000 points par ligne) se
traduit par un poids prohibitif non compatible avec les accélérations à subir pouvant
aller jusqu'à 8g environ.
[0003] Le but de l'invention est de remédier à ces inconvénients et limitations en utilisant
un dispositif support découplé mécaniquement du casque du pilote, placé à faible
distance de celui-ci dans une position définie et qui est asservi aux mouvements de
la tête et donc du casque porté par le pilote. Ce dispositif support peut ainsi jouer
le rôle du casque pour porter, à sa place, le matériel optoélectrique nécessaire
et, en particulier, on pourra installer sur ce dispositif support une visualisation
grand champ à haute résolution. Le pilote est délivré du poids de ces équipements
et peut ainsi mouvoir la tête librement.
[0004] Selon l'invention, il est réalisé un dispositif support asservi aux mouvements d'un
corps mobile par rapport à une structure environnante, le corps étant un casque porté
par la tête d'un opérateur, ce dispositif comportant une pièce support placée à distance
du corps dont elle est découplée mécaniquement, et des moyens d'asservissement de
position pour préserver un positionnement de référence déterminé de cette pièce par
rapport au corps en mouvement, de manière à faire supporter par le dispositif des
équipements normalement montés sur le casque, ces moyens d'asservissement comprenant
:
- des moyens de détection du positionnement de la pièce par rapport au corps ;
- un ensemble de vérins couplant mécaniquement la pièce support à la structure ;
- des moyens de calcul et de commande des vérins pour calculer, à partir des signaux
détectés par lesdits moyens de détection, les erreurs de positionnement de la pièce
par rapport au corps et élaborer des signaux de commande correspondants des vérins
pour annuler ces erreurs.
[0005] Les particularités et avantages de l'invention apparaîtront dans la description qui
suit donnée à titre d'exemple à l'aide des figures annexées qui représentent ;
- Fig.1, un diagramme général d'un dispositif support conforme à l'invention appliqué
au cas d'un viseur de casque ;
- Fig.2, un schéma de détail montrant un exemple de détection du positionnement de
la pièce par rapport au corps ;
- Figs.3 à 6, des exemples de combinaison de mouvements des vérins pour produire divers
déplacements possibles du dispositif support et montrer les débattements correspondants
;
- Figs. 7 à 10, les mêmes mouvements mais avec des points d'articulation plus hauts
des vérins du côté structure ;
- Fig.11, un schéma de détail relatif à l'escamotage du dispositif support pour permettre
l'éjection du siège.
[0006] En se reportant à la figure 1, le dispositif comporte une pièce principale 1 qui
est placée à distance d'un corps mobile 2 représenté par un casque conventionnel posé
sur la tête du pilote, et des moyens d'asservissement de position de la pièce 1 dans
une position de référence donnée par rapport au corps.
[0007] Le corps 2 est mobile par rapport à une structure environnante qui est dans le cas
considéré, la structure avion 3 partiellement symbolisée par des hachures.
[0008] La pièce principale 1 est découplée mécaniquement du corps 2 et elle constitue la
pièce support des équipements optroniques à la place du casque 2.
[0009] La pièce 1 est maintenue spatialement en position vis-à-vis du casque 2 à l'aide
de moyens de couplage mécanique qui la relient à la structure 3, ces moyens étant
reliés à un dispositif d'asservissement pour maintenir la position de référence entre
les éléments 1 et 2.
[0010] Les moyens de couplage mécanique 4 sont destinés à constituer une structure pour
le maintien en position de la pièce 1 autour de ses six degrés de liberté, avec poursuite
du corps 2, et qui présente une grande précision (de l'ordre du milliradian). Cette
structure asservie doit également répondre à un certaine nombre de contraintes complémentaires
et spécifiques dans le cadre de l'utilisation aéroportée envisagée. Ces contraintes
complémentaires sont essentiellement de trois sortes : un faible encombrement étant
donné le peu de place disponible ; une tenue très élevée aux accélérations, cette
tenue doit être de l'ordre de grandeur de celle de la structure avion, c'est-à-dire
supérieure à 10g ; et un dégagement aussi bien pour permettre au pilote de prendre
place dans l'avion que ultérieurement, s'il s'avère nécessaire, commander l'éjection
du siège. Pour répondre à ces contraintes, le couplage mécanique est assuré avec
des vérins 4 au nombre de six pour exercer l'action selon les six degrés de liberté.
Trois vérins sont représentés sur la figure numérotés 4.1, 4.2 et 4.3.
[0011] Les vérins sont avantageusement choisis du type à double course, c'est-à-dire dont
la course est égale à deux fois la longueur moins celle réduite nécessaire au guidage.
[0012] Les autres circuits représentés comportent, pour l'asservissement de position, un
circuit 5 de commande des vérins, des moyens de détection 6-7 du positionnement de
la pièce 1 par rapport au casque 2 et un calculateur annexe 8.
[0013] Les moyens de détection de position peuvent être réalisés de diverses façons qui
se répartissent suivant deux grandes catégories, les solutions optoélectriques et
les solutions magnétiques. Une solution optoélectrique connue peut être constituée
avec au moins un groupement de diodes électroluminescentes formant un triangle et
qui est associé avec un ensemble de capteurs optoélectriques élémentaires. Un calculateur
de bord traite les signaux détectés pour mesurer une (ou plusieurs) direction de référence
liée au corps mobile. Une solution de ce genre est décrite dans le brevet français
2 399 033. Chaque capteur élémentaire est formé d'une barrette DTC d'éléments photosensibles
qui est couplée à une fente pour déterminer un plan passant par la source luminescente
émettrice. Un calcul annexe permet de localiser les différents plans puis le triangle
formé par les sources et consécutivement, la direction à repérer. Cette technique
est transposable dans le cas présent en étant modifiée comme indiqué sur la figure
2 pour alléger le casque et le débarrasser d'éléments actifs. Les diodes électroluminescentes
sont remplacées par des dessins dits réticules R1,R2,R3 portés par le casque 2 et
illuminés à distance à partir d'une source ponctuelle S1 portée par la pièce support
1. Le rayonnement renvoyé par les réticules est reçu au moins partiellement par le
dispositif capteur 7 qui comporte une matrice DTC d'éléments disposés en X,Y. Le miroir
semi-réfléchissant M1 à l'arrière d'un optique O1 assure la séparation des voies d'émission
et de réception et la coaxialité. Les réticules R1 à R3 pourront présenter le dessin
indiqué à titre d'exemple, et être réalisés en matériau rétroréfléchissant (éléments
collés ou peinture). Les signaux détectés SD par la matrice DTC du capteur sur laquelle
se forme l'image des réticules éclairés, sont fonction de la position des réticules
par rapport au capteur. Ces signaux sont traités par le calculateur 8 qui fournit
les données de position de la pièce 1 par rapport au casque 2. Des données relatives
au positionnement de référence, fixé à l'avance, sont incluses dans la mémoire du
calculateur pour obtenir ces conditions d'éloignement de la pièce 1 par rapport au
casque 2. Le calculateur 8 donne à chaque instant les erreurs de position du corps
1 et transforme ces données d'erreur en signaux de commande SC qui sont transmis au
circuit de commande 5 qui fournit les signaux analogiques correspondants nécessaire
à la commande des six vérins.
[0014] La solution proposée appliquée à un viseur de casque apporte de nombreux avantages
qui sont répertoriés ci-après :
- le dispositif n'apporte aucun poids ni aucune gêne supplémentaire au pilote ;
- il peut supporter des optiques importantes, nécessaires pour réaliser des affichages
grand champ à haute résolution et en couleur si nécessaire, ainsi que les électroniques
associées et des écrans de visualisation intégrés ;
- la direction visée par le pilote est automatiquement connue avec précision ;
- des équipements complémentaires normalement non usités dans les versions casque
peuvent être rajoutées, tel que la protection laser.
[0015] Les moyens de localisation de la pièce 1 relativement au corps 2 peuvent être constitués
de plusieurs ensembles 6,7, par exemple en doublant ce matériel de part et d'autre
du plan de symétrie du casque. Le casque porte ainsi latéralement à droite et à gauche
un groupement de trois réticules 6A d'un côté 6B de l'autre ; sensiblement en vis-à-vis
la pièce 1 comportera un premier dispositif capteur 7A d'un côté et un second capteur
7B de l'autre côté.
[0016] La pièce support 1 peut être de forme torique comme représentée sur la figure 1
avec à l'intérieur du tore les équipements optoélectriques nécessaires. On a représenté,
à titre d'exemple une optique collimatrice 11 et à l'extérieur un miroir de renvoi
12, ces éléments pouvant faire partie d'un dispositif collimateur grand champ à haute
résolution.
[0017] Le fait que la partie visualisée de l'espace change avec la rotation de la tête permet
de représenter un champ total de trois à six fois celui du dispositif de visualisation.
[0018] A titre d'exemple si le dispositif de visualisation présente un champ de 50° et une
résolution de 1000 points par ligne, la résolution angulaire est de un milliradian
pour un champ total de 150° nécessaire pour la navigation et la lecture des instruments
de bord fictifs produits par le dispositif support 1 équipé. Avec une visualisation
de champ 15° et également 1000 points par ligne on obtient une résolution angulaire
de 0,3 milliradian dans un champ total de 100° nécessaire pour découvrir les objectifs
et les identifier. Bien entendu, si le dispositif de visualisation présente une résolution
meilleure toutes ces performances sont encore améliorées.
[0019] Un générateur de symboles 9 peut être utilisé pour produire un affichage déterminé
et pour alimenter le collimateur par des signaux SY correspondants, par l'intermédiaire
du calculateur 8.
[0020] Les figures 3 à 6 représentent diverses combinaisons de mouvements des vérins pour
répondre à des déplacements du dispositif support en fonction des déplacements de
la tête du pilote ou de d'observateur. On a considéré des débattements par translation
L1 dans le sens vertical pouvant s'effectuer vers le "bas" ou vers le "haut" , L2
dans le sens horizontal en partant de la position initiale de référence dite de "face",
ce mouvement L2 étant effectué soit vers la "gauche" soit vers la "droite" ; un autre
débattement par translation L3 est considéré de la position de "face" vers l'"avant"
; enfin un débattement angulaire est considéré par une rotation en azimut de ± 45°.
Chacune des figures comporte une première figure représentant le mouvement dans le
plan vertical et une deuxième figure représentant le mouvement dans le plan horizontal.
[0021] Ainsi, les figures 3A et 3B représentent, à titre d'exemple, un mouvement résultant
des deux translations L1 de haut en bas et L2 de la position de face vers la gauche.
La pièce support passe de la position de repos initiale 1A à la position finale 1B.
[0022] Les figures 4A et 4B représentent ces mêmes mouvements de translation avec en sus
une rotation en azimut de 45° vers la gauche. La position 1C de la pièce la représente
déjà avec cette rotation de 45°.
[0023] Les figures 5A et 5B sont relatives à un troisième exemple suivant lequel il y a
une translation L1 de haut en bas et une translation L3 de la position face de référence
vers l'avant.
[0024] La figure 6 reprend les déplacements L1 et L3 de la figure 5 avec en sus une translation
L2 de la position face vers la gauche et une rotation en azimut de 45°, vers la gauche
également.
[0025] Les figures 7 à 10 correspondent respectivement aux mêmes mouvements que les figures
3 à 6 mais avec des points d'articulation plus hauts du côté de la structure (points
B et C des vérins 4-2, 4-3, 4-4 et 4-5). Dans ce cas les débattements relatifs sont
plus faibles.
[0026] Les points d'articulation des vérins, du côté structure 3, sont situés sur la partie
fixe du siège éjectable, parties qui restent solidaires de la structure avion, ou
bien sont directement fixés sur la structure avion à l'arrière du siège et latéralement
par rapport à celui-ci. Les points d'articulation du côté dispositif support 1 sont
choisis en sorte qu'il y ait au moins trois points d'articulation aux extrémités d'un
triangle et de manière à ne pas gêner le pilote, c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas
être situés vers l'avant, ce qui rendrait d'ailleurs la structure difficile, voire
impossible à réaliser. Les points d'attache à la pièce 1 des vérins définissent un
plan dont la position dans l'espace est contrôlée par des vérins 4.
[0027] La figure 11 schématise l'escamotage de la pièce support 1 pour permettre l'éjection
du siège. Les moyens d'éjection comportent une commande 10 (fig.1) qui, par l'intermédiaire
du calculateur, va commander les vérins de manière à ce que la pièce support 1 vienne
prendre la position d'escamotage 1E représentée. La partie 20 représente le haut du
siège éjectable, la partie 21, le montant fixe du siège solidaire de la structure
avion 3.
1. Dispositif support asservi au mouvement d'un corps mobile par rapport à une structure
environnante, le corps étant un casque porté par la tête de l'opérateur, caractérisé
en ce qu'il comporte une pièce support (1) placée à distance du corps (2) dont elle
est découplée mécaniquement, et des moyens d'asservissement de position (4 à 8) pour
préserver un positionnement de référence déterminée de cette pièce par rapport au
corps en mouvement, de manière à faire supporter par le dispositif des équipements
normalement montés sur le casque, ces moyens d'asservissement comprenant :
- des moyens de détection (6,7) du positionnement de la pièce par rapport au corps
;
- un ensemble (4) de vérins couplant mécaniquement la pièce support à la structure
(3) ;
- et des moyens de calcul (8) et de commande (5) des vérins pour calculer, à partir
des signaux détectés par lesdits moyens de détection, les erreurs de positionnement
de la pièce par rapport au corps et élaborer des signaux de commande correspondants
des vérins pour annuler ces erreurs.
2. Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte six vérins
(4.1,4.2,4.3 ....) pour agir selon les six degrés de liberté.
3. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que les vérins (4) sont
du type à double course.
4. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que les moyens de détection (6, 7) sont du type optoélectrique, comprenant au
moins un ensemble composé d'un groupement (6) de réticules (R1,R2,R3) porté par la
pièce (1), d'un dispositif capteur photo-électrique (7) associé qui est monté sur
le corps (2) ainsi qu'une source (S1) pour illuminer les réticules.
5. Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce que les réticules (R1,R2,R3)
sont en matériau rétroréfléchissant.
6. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que la pièce support (1) a la forme d'un tore.
7. Dispositif selon la revendication 6, utilisé pour réaliser un viseur de casque
par un pilote d'aéronef, caractérisé en ce que ladite pièce (1) supporte des moyens
optroniques permettant d'obtenir un viseur à grand champ et à haute résolution.