[0001] La présente invention concerne un dispositif de blocage pour une armature allongée
sous tension telle que tirant, toron, câble ou analogue, et notamment de câbles toronnés
du genre utilisé dans les techniques de précontrainte, ces organes étant désignés
de façon générale par "armature" dans la description qui suit.
[0002] On connaît des dispositifs de ce type qui comprennent d'une manière générale une
plaque d'appui percée d'au moins une ouverture évasée dans laquelle pénètre une clavette
de forme complémentaire traversée axialement par l'armature avec laquelle elle vient
en prise.
[0003] De tels dispositifs sont utilisés de façon courante, par exemple pour le blocage
des armatures de précontrainte d'ouvrages en béton précontraint ou des haubans de
ponts et ouvrages suspendus ou haubanés.
[0004] De manière habituelle, chaque armature a une section sensiblement circulaire ; la
clavette a une surface extérieure conique ou tronconique et est constituée par plusieurs
secteurs, par exemple au nombre de 3, séparés par des entailles radiales réalisées
après usinage et s'étendant sur toute la longueur de la clavette. Ces secteurs sont
réunis entre eux par un jonc logé dans une gorge ménagée sur la surface extérieure
de la clavette. L'armature est bloquée dans la plaque d'appui par le serrage radial
exercé par la clavette qui est emmanchée à force dans l'ouverture de la plaque d'appui.
Pour mettre sous tension l'armature dont une première extrémité est par exemple bloquée,
on exerce sur la seconde extrémité une traction que l'on augmente jusqu'à la valeur
requise ; on enfonce alors à force la clavette entre l'armature et la paroi intérieure
de l'ouverture de la plaque d'appui, et on relâche la traction : l'élasticité de l'armature
contribue à faire pénétrer la clavette au fond de l'ouverture, ce qui bloque cette
armature par rapport à la plaque d'appui. La clavette est ainsi auto-bloquante. L'angle
de l'ouverture évasée ménagée dans la plaque d'appui étant de l'ordre de 7°, le blocage
de la clavette dans l'ouverture est réversible.
[0005] Pour améliorer la prise de la clavette sur l'armature, la surface intérieure de la
clavette est avantageusement munie de dents qui viennent s'incruster dans l'armature
pour s'opposer à tout glissement de celle-ci par rapport à la clavette. La clavette
est en général traitée superficiellement pour que sa surface ait une dureté importante,
ce qui facilite la pénétration des dents dans l'armature. L'expérience a toutefois
montré qu'il arrive que des armatures se détendent, en particulier sous l'effet de
vibrations dues au vent ou au passage de véhicules lourds, notamment trains ou camions.
Si donc l'armature s'allonge, elle peut désengager la clavette de la plaque d'appui
surtout lorsque la surface intérieure de cette clavette est dentée puisque l'angle
de 7° environ est réversible. La clavette est ainsi susceptible de ne plus bloquer
l'armature par rapport à la plaque d'appui lorsque l'armature se trouve de nouveau
tendue.
[0006] Ce phénomène n'est pas gênant dans le cas de précontrainte intérieure lorsque l'espace
compris entre l'armature et sa gaine noyée dans le béton est rempli de coulis de ciment
injecté sous pression qui durcit et solidarise l'armature sur toute sa longueur avec
le béton de l'ouvrage. Le phénomène est par contre néfaste pour la stabilité de l'ouvrage
si on a injecté un produit pâteux tel que de la graisse, ou dans le cas de précontrainte
extérieure ou de haubans, car dans ces cas l'armature est indépendante de l'ouvrage.
[0007] Diverses mesures ont été proposées pour empêcher dans de tels cas la clavette de
sortir de son logement. Il a ainsi été proposé de bloquer la position de la clavette
sur l'armature, par exemple en sertissant sur l'armature par filage un manchon interdisant
le recul de la clavette sur celle-ci ; il a également été proposé de bloquer la position
de la clavette par rapport à la plaque d'appui, par exemple par un bouchon traversé
par l'armature, fixé à la plaque d'appui et agissant sur la clavette soit directement,
soit par l'intermédiaire d'un ressort.
[0008] Toutes ces solutions sont en général coûteuses, complexes et surtout encombrantes.
De plus, elles ne peuvent plus être utilisées dès lors qu'un ancrage concerne plusieurs
éléments d'armature voisins tels que des torons de câble ancrés individuellement et
dont le nombre est souvent de 12 ou 19 et peut atteindre 50.
[0009] Dans les réalisations pratiquement utilisées, les dents ménagées sur la surface intérieure
de la clavette présentent une section prismatique uniforme, imposée par les nécessités
de leur usinage en raison de la dureté du métal de la clavette. Sous l'effet du serrage,
ces dents pénètrent dans l'armature dont la partie superficielle est ainsi entaillée
sur une profondeur qi est sensiblement de l'ordre de la moitié de la hauteur des dents.
Cet effet réduit la section utile de l'armature qui doit résister à la totalité de
l'effort de tension en regard des premières dents à la partie avant de la clavette
qui présente l'epaisseur radiale la plus faible. La hauteur des dents pouvant atteindre
10 % du diamètre de l'armature, la section utile de celle-ci a donc un diamètre et
une superficie utiles qui peuvent être respectivement de l'ordre de 90 % et de 80
% du diamètre et de la section totale de cette armature.
[0010] Il peut ainsi arriver, dans le cas de vibrations de grande amplitude, que la tension
de l'armature appliquée à cette section utile dépasse la limite élastique du métal
et entraîne pour l'armature des dommages graves pouvant conduire à la rupture de celle-ci.
[0011] Constatant que la rupture des armatures par vibration commençait au niveau de l'extrémité
de plus petit diamètre de la clavette, on a proposé, pour diminuer les risques de
rupture, de réaliser, à partir d'une surface intérieure sensiblement cylindrique,
des dents dont le pas et la hateur diminuent progressivement de l'arrière à l'avant
de la clavette, c'est-à-dire de la partie de plus grand diamètre vers la partie de
plus petit diamètre.
[0012] Il a également été proposé de diminuer par traitement thermique différencié la dureté
des dents de l'arrière à l'avant de la clavette.
[0013] La mise en oeuvre de ces deux propositions est tellement difficile et coûteuse qu'elle
n'a pu être réalisée dans la pratique.
[0014] L'invention a pour but de remédier aux inconvénients des systèmes connus et de proposer
un dispositif de blocage d'une armature allongée sous tension du type précité qui
soit simple, économique, facile à réaliser industriellement, à mettre en oeuvre sur
un ouvrage et d'une efficacité de serrage remarquable sans risque de cisaillement
dangereux pour l'armature.
[0015] Le dispositif de blocage visé par l'invention pour une armature allongée sous tension,
telle que tirant, toron, groupe de torons, câble ou analogue, comprend une plaque
d'appui percée d'une ouverture sensiblement tronconique, évasée vers l'extrémité de
l'armature, dans laquelle pénètre une clavette sensiblement tronconique, cette clavette
étant traversée axialement par l'armature avec laquelle elle vient en prise par l'intermédiaire
d'une denture dont les dents sont régulièrement espacées et s'étendent à partir de
la surface intérieure sensiblement cylindrique de ladite clavette.
[0016] Suivant l'invention, ce dispositif est caractérisé en ce que l'angle au sommet de
la clavette est sensiblement égal à celui de l'ouverture tronconiqe de la pièce d'appui
et en ce qu'une partie au moins des dents de la denture intérieure de la clavette
est tronquée à leur sommet.
[0017] La combinaison de moyens ainsi prévue à la fois permet un usinage rationnel et facile
de la denture de la clavette et rend possible un contrôle des déformations de la surface
de l'armature par les dents de la clavette non seulement au cours de l'introduction
de celle-ci, mais aussi une fois définitivement mise en place.
[0018] Les effets dangereux des vibrations des armatures peuvent ainsi être limités à des
valeurs évitant tout cisaillement de celles-ci par les dents des clavettes.
[0019] Selon une réalisation préférée de l'invention, la largeur de la troncature des dents
décroît de l'extrémité avant de petit diamètre extérieur de la clavette vers l'extrémité
arrière de grand diamètre et cette troncature s'étend suivant une surface conique
coaxiale à la clavette, ce qui rend très facile son usinage.
[0020] Selon un autre aspect avantageux de l'invention, la troncature des dents est arrêtée
avant l'extremité, arrière de la denture intérieure de sorte qu'une partie des dents
au voisinage de cette extrémité n'est pas tronquée et présente un sommet à angle vif.
[0021] Selon un autre aspect de l'invention, la clavette présente, sur une partie au moins
de sa surface extérieure, une denture anti-recul en saillie destinée à venir en prise
avec la paroi de l'ouverture de la plaque d'appui lorsque cette clavette a été enfoncée
dans ladite ouverture.
[0022] De préférence, et en combinaison avec les moyens précédents, la paroi de l'ouverture
de la plaque d'appui présente une denture anti-recul complémentaire de la denture
anti-recul ménagée sur la surface extérieure de la clavette.
[0023] Selon une version préférée, comme dans le cas de la denture intérieure une partie
au moins des dents anti-recul ménagées à la partie extérieure de la clavette est
tronquée à son sommet, mais contrairement à la denture intérieure, la largeur de la
troncature des dents croît de l'extrémité de petit diamètre de la clavette vers celle
de grand diamètre.
[0024] Cette disposition permet d'optimaliser les conditions d'ancrage de l'armature, tant
au cours de l'introduction des clavettes qu'à leur mise en place finale.
[0025] Selon une version préférée de l'invention, les dents correspondent à des dents de
loup faisant des angles différents par rapport à l'axe de la clavette, l'angle le
plus important correspondant aux flancs des dents qui s'opposent au mouvement de recul
de la clavette par rapport à la plaque d'appui et au mouvement de glissement de l'armature
par rapport à la clavette.
[0026] Selon un autre aspect intéressant de l'invention, le dispositif comporte plusieurs
ouvertures réparties autour du centre de la plaque et un nombre correspondant de clavettes
dont une partie au moins est munie sur au moins l'une de leurs surfaces extérieure
et/ou intérieure respectives de dentures conformes à l'invention.
[0027] On peut ainsi, pour des câbles comportant un grand nombre de torons, bloquer très
efficacement les clavettes par rapport à la plaque d'appui dans les mêmes conditions
d'encombrement radial et d'angle maximal de déviation des torons périphériques que
dans le cas des clavettes amovibles connues.
[0028] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaîtront encore dans la description
ci-après.
[0029] Aux dessins annexés, donnés à titre d'exemples non limitatifs :
- la figure 1 est une vue en coupe d'un massif d'ancrage d'une armature, équipé d'un
dispositif conforme à un mode de réalisation de l'invention ;
- la figure 2 est une vue de détail agrandie en coupe du dispositif de la figure 1
;
- la figure 3 est une vue frontale suivant le plan III-III de la figure 2 ;
- la figure 4 est une demi-vue en coupe axiale d'un autre mode de réalisation de l'invention
;
- la figure 5 est une demi-vue en coupe axiale d'un autre mode de réalisation de l'invention
;
- la figure 6 est une vue en coupe axiale d'une variante de réalisation de l'invention
;
- la figure 7 est une vue de face d'un ancrage conforme à un autre mode de réalisation
de l'invention et destiné à une armature composée de plusieurs éléments ancrés séparément
; .
- la figure 8 est une vue en coupe suivant le plan VIII-VIII de la figure 7 ;
- les figures 9 à 12 sont des vues de détail à plus grande échelle montrant divers
modes d'exécution des profils relatifs aux dentures,
- la figure 13 est une vue en coupe axiale, avec agrandissement de la denture intérieure,
montrant un mode de réalisation préféré de cette dernière ;
- la figure 14 est une vue schématique en coupe axiale agrandie d'une partie de la
figure 13 ;
- la figure 15 est une vue en coupe axiale simplifiée d'un autre mode de réalisation
de l'invention, avec une double denture intérieure et extérieure tronquée ;
- la figure 16 est une vue de détail agrandie d'un mode d'exécution particulier des
profils relatifs aux dentures.
[0030] Dans la réalisation particulière de l'invention représentée aux figures 1, 2 et 3,
le dispositif de blocage 1 pour une armature allongée sous tension 2 telle que tirant,
toron, câble ou analogue, comprend une plaque d'appui 3 percée d'une ouverture évasée
dans laquelle pénètre une clavette 5 de forme complémentaire traversée axialement
par l'armature 2 avec laquelle elle vient en prise. La clavette 5 présente, sur une
partie au moins de sa surface extérieure 6, une denture anti-recul 13 en saillie destinée
à venir en prise avec la paroi 7 de l'ouverture 4 de la plaque d'appui 3 lorsque cette
clavette 5 a été enfoncée dans ladite ouverture 4.
[0031] Dans l'exemple décrit, la plaque d'appui 3 est logée dans un évidement ménagé à cet
effet dans un massif d'ancrage 8 réalisé en béton.
[0032] Comme représenté en détail aux figures 2 et 3, la clavette 5 est constituée de façon
connue par trois secteurs 51 indépendants séparés par trois entailles radiales 9 qui
s'étendent sur toute la longueur de la clavette. Ces trois secteurs 51 sont retenus
par un jonc 10 disposé dans une gorge 11 ménagée sur la surface extérieure de la clavette
5.
[0033] La surface intérieure de la clavette 5 est munie de dents 12 qui s'incrustent dans
l'armature 2 pour s'opposer à un retrait de celle-ci vers l'intérieur de l'ouvrage.
A cet effet, la surface intérieure de la clavette a été, de façon également connue,
traitée superficiellement pour avoir une dureté importante, de l'ordre de 56 HRC (environ
190 kg/mm2), pour faciliter l'incrustation des dents dans l'armature.
[0034] De ce fait, la tension de l'armature 2 a pour effet d'entrainer et de tirer la clavette
5 vers le fond de l'ouverture évasée 4 de la plaque d'appui 3, ce qui provoque l'effet
auto-bloquant de la clavette 5.
[0035] Dans la configuration représentée à la figure 2, la denture anti-recul 13 en saillie
est ménagée à la partie arrière de la clavette 5, c'est-à-dire celle de plus grand
diamètre. La denture 13 s'étend de la face arrière de la clavette jusqu'à la gorge
11 recevant le jonc 10. Cette disposition facilite l'usinage de la denture anti-recul
puisqu'elle permet un retrait aisé de l'outil. La denture anti-recul est usinée en
relief par rapport à la surface conique lisse de la clavette qui s'étend jusqu'à l'avant
de moindre diamètre.
[0036] Dans la configuration représentée à la figure 4, la denture anti-recul est ménagée
sur toute la surface extérieure 6 de la clavette 5, ce qui améliore encore le blocage
irréversible de la clavette 5 par rapport à la paroi intérieure 7 de la plaque d'appui
3.
[0037] La surface extérieure de la clavette 5 est, comme la surface intérieure 12, traitée
superficiellement au moins au niveau de la denture 13 pour avoir une dureté importante
et du même ordre de grandeur (56 HRC ou 190 kg/mm2).
[0038] Ceci facilite l'incrustation de la denture anti-recul 13 dans le métal de la paroi
intérieure 7 de l'ouverture 4 de la plaque d'appui 3 ; ce métal de la paroi intérieure
7 peut avoir de son côté une dureté de l'ordre de 110 kg/mm2, donc plus faible que
celle de la surface extérieure de la clavette.
[0039] Dans les configurations représentées aux figures 1 à 4, la paroi 7 de l'ouverture
4 de la plaque d'appui 3 est lisse alors que, dans la configuration représentée à
la figure 5, la paroi 7 de l'ouverture 4 de la plaque d'appui 3 présente aussi une
denture anti-recul 14 complémentaire de la denture anti-recul 13 ménagée sur la surface
extérieure 6 de la clavette 5. En l'occurence, les dents 14 ont même pas et même hauteur
que les dents 13 ménagées sur la surface extérieure de la clavette 5, mais sont couchées
en sens contraire et sont usinées en creux par rapport à la surface conique lisse
de la paroi 7 de façon à présenter un profil complémentaire de celui des dents 13
(figures 9 et 10).
[0040] Dans la réalisation représentée à la figure 6, la denture anti-recul complémentaire
14, au lieu d'être ménagée directement dans la paroi 7 de l'ouverture 4 de la plaque
d'appui 3, est pratiquée dans l'ouverture correspondante en prolongement d'une semelle
rapportée 15. La semelle 15 est fixée à la plaque 3 par exemple au moyen de boulons
16. Cette disposition facilite l'usinage de la denture 14 et son traitement superficiel
pour obtenir la dureté voulue.
[0041] La denture 14 permet ainsi l'entrée de la clavette 5 mais s'oppose à tout mouvement
de recul de celle-ci. La longueur de la denture 14 dans le sens longitudinal de l'armature
2 doit dans ce cas être suffisante pour arrêter la clavette 5 quelle que soit la position
d'arrêt de celle-ci, position d'arrêt qui peut varier de 1 à 2 mm dans le sens longitudinal.
[0042] Par exemple, la largeur de la partie arrière de la clavette 5 portant la denture
13 peut s'étendre sur environ 5 mm dans le sens longitudinal alors que la denture
14 ménagée sur la paroi intérieure 7 de l'ouverture 4 peut s'étendre sur environ 9
mm dans le même sens. La dureté de la denture 14 doit être voisine de celle des dents
de la clavette 5.
[0043] Le mode de réalisation représenté aux figures 7 et 8 est adapté au cas où l'armature
est par exemple un câble constitué de 7 torons 121, séparés pour être mis sous tension
individuellement et en même temps. A cette fin, les torons 121 passent chacun dans
une des ouvertures 141 uniformément réparties autour du centre 0 de la plaque 103.
[0044] Dans cette réalisation, les ouvertures 141 de la plaque 103 sont sensiblement cylindriques
et en avant de celles-ci sont disposés des blocs d'appui 104 dont chacun est percé
d'une ouverture évasée 142 prolongeant l'ouverture 141 et traversée par un toron 121.
[0045] Les clavettes 151 conformes à l'invention et traversées par les torons 121 sont munies
de dents 131 sur toute leur surface extérieure qui s'incrustent dans la paroi des
ouvertures 142 des blocs 104. Ce mode de réalisation peut être avantageusement choisi
dans le cas où il est préférable de limiter la dimension des ouvertures 141, afin
de ne pas trop réduire la résistance de la plaque 103. Les blocs d'appui 104 sont
fixés à la plaque 103 par exemple par soudage ou collage pour rester solidaires de
celle-ci en cas de détente des torons 121. Mais cette fixation peut être sommaire
puisque chacun des blocs 104 est normalemen appuyé fortement contre la plaque 103
par la tension du toron 121 qui le traverse.
[0046] Selon une première particularité de l'invention, applicable à l'ensemble des réalisations
précédentes, l'angle au sommet
a de la surface extérieure 6 de chaque clavette 5 est sensiblement égal à l'angle au
sommet de la paroi intérieure 7 de l'ouverture 4 de la surface d'appui, ces surfaces
étant ainsi des cônes de révolution sensiblement superposables par translation.
[0047] Selon une seconde particularité de l'invention, illustrée aux figures 13 et 14, il
est prévu qu'une partie au moins des dents de la denture régulière 12 ménagée sur
la surface intérieure de la clavette 5 soit tronquee. De préférence cette troncature
est réalisée suivant une surface sensiblement conique B coaxiale avec la clavette
5 et dont l'angle au sommet
b est tel que au moins les dents 120, 121, 122, 123, ..., situées à l'avant de la clavette
soient partiellement tronquées, alors que les dents 128, 129, situées à l'arrière
de la clavette 5 restent intactes ; en d'autres termes les sommets de ces dents 128,
129 sont à angles vifs.
[0048] Un tel profil de la denture est réalisé très aisément par usinage comme représenté
schématiquement à la figure 14 en ménageant sur la face intérieure de la clavette
5 des dents de profil constant et régulier, selon des filets droits ou hélicoïdaux.
Ces dents ont toutes un angle vif au sommet comme la dent 129. Puis l'ensemble est
usiné par fraisage selon une surface conique B dont la génératrice fait un angle
b avec la génératrice 23 du cylindre joignant les fonds des filets, qui est parallèle
à l'axe 21 commun à la clavette 5, à l'armature 2 et à l'ouverture 4 dans la plaque
d'appui 3. La face extérieure 6 de la clavette fait avec l'axe 21 un angle
a et la paroi 7 de l'ouverture 4 dans la plaque d'appui 3 fait avec ce même axe 21
un angle
c. Les angles
a et
c sont de préférence égaux comme représenté à la figure 13, mais l'angle
c peut être très légèrement inférieur à
a de façon à obliger l'arrière de la clavette 5 à talonner sur la partie arrière de
la paroi 7 de l'ouverture 4 lors de l'introduction de la clavette.
[0049] Après l'usinage précité, les dents tronquées 120, 121, 122, ... situées près de l'extrémité
avant, qui a la plus faible épaisseur radiale, de la clavette 5, présentent une grande
surface de contact avec la surface de l'armature, le centre de gravité des surfaces
tronquées de contact se trouvant sensiblement au tiers de la longueur axiale de la
clavette à partir de l'avant de celle-ci.
[0050] A l'arrière de la clavette, les dents intactes 128, 129 sont destinées à pénétrer
profondément dans la surface de l'armature 2.
[0051] Dans la réalisation de la figure 15, les dents 120, 121 situées à l'avant de la clavette
5 sont entièrement tronquées. Il n'y a donc aucune aspérité qui s'oppose au glissement
de la clavette sur l'armature lors de l'introduction de la clavette, et il est possible
de ménager les dents 12 jusqu'à l'extrémité avant de la clavette sans avoir à laisser
une partie lisse arrondie telle que 26 à la figure 2 : cette partie lisse 26 peut
atteindre 5 mm de longueur pour une clavette de longueur totale 45 mm, de sorte que
le gain en surface de contact et de serrage est loin d'être négligeable.
[0052] Dans cette même réalisation, la denture anti-recul 13 ménagée sur la surface extérieure
de la clavette est en partie tronquée selon une surface sensiblement conique D coaxiale
avec la clavette et faisant un angle
d inférieur à l'angle
a de la surface conique 24 joignant les fonds des filets des dents 13. De ce fait,
la troncature des dents anti-recul 13 croît de l'extrémité avant 5a de petit diamètre
de la clavette 5 vers l'extrémité arrière 5b de grand diamètre.
[0053] Comme pour la denture intérieure 12, on peut de plus faire en sorte que les dents
130 et 131 voisines de l'extrémité arrière
b de la clavette restent intactes.
[0054] On privilégie ainsi l'appui de l'arrière de la clavette sur la paroi de la plaque
d'appui 3 pour transmettre aux dents 128, 129 une force radiale maximale les faisant
pénétrer dans l'armature 2 pour ancrer celle-ci.
[0055] D'une manière générale, les dents 13 ménagées sur la surface extérieure 6 de la clavette
5 sont avantageusement, quand elles existent, semblables aux dents 12 ménagées sur
la surface intérieure de celle-ci. Ces dents, en général régulières, peuvent être
annulaires ou hélicoïdales.
[0056] Dans les exemples précédents et comme représenté à la figure 9, les dentures 12 et
13 comportent des dents annulaires dissymétriques et constituent ainsi des dents de
loup. Par exemple, l'angle au sommet du filet peut être de 90°, l'angle au sommet
a₁ du flanc de filet vers l'avant étant de 30° alors que l'angle au sommet
b₁ du flanc de filet vers l'arrière est de 60°.
[0057] La configuration dissymétrique en dents de loup leur permet de s'opposer plus efficacement
à tout recul de la clavette 5 par rapport à la plaque d'appui 3 ou par rapport à l'armature
2 une fois la clavette 5 enfoncée à force dans l'ouverture 4.
[0058] Selon une configuration particulière représentée très agrandie à la figure 11, le
filet extérieur de la denture 13 par exemple, (cette disposition pouvant également
convenir pour la denture intérieure 12), présente pour chaque dent un angle au sommet
du filet de 90° et un angle au sommet
a₁ du flanc de filet vers l'avant de 30°, l'angle au sommet
b₁ du flanc de filet vers l'arrière étant de 60°. Le sommet de chaque dent est tronqué
en 17 parallèlement à la surface lisse 6 de la clavette, et le fond de filet est arrondi
en 18. Le pas L est par exemple de 0,5 mm, et la hauteur
p du sommet tronqué 17 du filet par rapport à la surface lisse 6 de la clavette est
de 0,2 mm.
[0059] Selon la configuration complémentaire pour la denture 14, représentée à la figure
12, le filet intérieur ménagé sur la paroi intérieure 7 de la plaque d'appui présente
des angles aux sommets égaux aux angles correspondants du filet extérieur. Le sommet
de chaque dent est tronqué en 19 parallèlement à la paroi intérieure 7 et le fond
de filet est arrondi en 20. Le pas L est de 0,5 mm et la hauteur
p du sommet tronqué 19 par rapport à la paroi intérieure 7 est de 0,2 mm.
[0060] Selon une variante des configurations représentées respectivement aux figures 11
et 12, le pas des dents L est de 0,25 mm et la hauteur
p du sommet tronqué est de 0,1 mm.
[0061] Dans la réalisation représentée à la figure 16, les dents ont un pas L de 0,5 mm
par exemple, une profondeur p de 0,2 mm par exemple, et présentent à leur extrémité
un méplat m de 0,1 mm par exemple. Les flancs 27 tournés vers l'arrière de la clavette
sont de préférence orientés radialement et perpendiculaires à l'axe 21 de la clavette.
[0062] Selon une autre variante connue de réalisation, les dents ont un pas de 1 mm, et
une hauteur de 0,7 mm, les dents pouvant être symétriques ou non.
[0063] De façon préférée, lorsque les pentes des flancs des dents sont différentes, la pente
la plus forte correspond aux flancs tournés vers l'extrémité arrière de la cuvette,
ce qui rend maximum l'effet anti-recul.
[0064] On va maintenant décrire l'utilisation du dispositif conforme à l'invention pour
la mise sous tension et le blocage d'une armature.
[0065] On utilise à cet effet de manière connue un appareil prenant appui sur la plaque
d'appui 3 ou l'ouvrage 8, qui est muni d'un premier vérin pour la mise sous tension
de l'armature. On actionne ledit vérin jusqu'à ce que la tension nominale déterminée
pour l'armature 2 soit atteinte, et on introduit à force, au moyen d'un second vérin,
la clavette 5 dans l'espace entre la paroi 7 de l'ouverture 4 et l'armature, puis
on relâche la tension de l'armature. L'élasticité de l'armature est utilisée pour
faire pénétrer la clavette au maximum dans l'ouverture 4.
[0066] Il arrive fréquemment, dans le cas d'armatures longues, que l'allongement total de
l'armature du fait de la traction exercée par le vérin jusqu'à l'obtention de la tension
nominale soit supérieur à la course du vérin.
[0067] On procède alors à un blocage provisoire de l'armature par une clavette et on change
la position du point de l'armature où s'exerce la traction du vérin, puis on reprend
la mise sous tension de l'armature en dégageant la clavette. Si la paroi intérieure
7 de l'ouverture 4 de la plaque d'appui est lisse, il est possible d'utiliser, pour
chaque arrêt de l'opération de mise sous tension, la clavette définitive à condition
de ne pas la pousser à force au fond de l'ouverture avant de relâcher la traction
sur l'armature : l'expérience montre en effet que dans ces conditions, et la tension
de l'armature étant nettement inférieure à sa valeur nominale, les dents ménagées
éventuellement sur la surface extérieure de la clavette ne vont pas s'incruster suffisamment
dans le métal de la paroi de l'ouverture 4 pour réaliser un blocage irréversible de
la clavette dans cette ouverture.
[0068] Il n'est, par contre, évidemment pas possible d'utiliser la clavette définitive lorsque
la paroi 7 est munie de dents 14, sinon on obtiendrait un blocage irréversible alors
que l'armature ne serait tendue qu'à une fraction de sa tension nominale. On utilise
alors une clavette provisoire dont la surface extérieure est lisse, avec laquelle
il n'y a pas à craindre de blocage irréversible pour les mêmes raisons que ci-dessus.
On met en place la clavette définitive au moment de la dernière opération de traction.
[0069] L'invention apporte un progrès technique substantiel par rapport à la technique connue
pour les raisons suivantes :
[0070] Par un simple usinage facile à réaliser, on diminue notablement la pénétration des
dents antérieures de la denture interne 12 dans l'armature 2, ce qui préserve la section
utile de l'armature en cet endroit qui supporte la totalité de la tension de celle-ci.
Parallèlement, l'introduction de la clavette dans l'ouverture entre la plaque d'appui
et l'armature est facilitée lors du poussage de la clavette dans cette ouverture,
puisque les dents tronquées vont glisser sur la surface de l'armature sans faire prise,
et que de ce fait, le coefficient de frottement entre la surface intérieure de la
clavette et la surface de l'armature est très inférieur à ce qu'il est dans le cas
de clavettes ordinaires à dents intactes.
[0071] En outre, pour chaque denture, bien que la surface de contact avec l'armature soit
très supérieure à celle d'une denture non tronquée, le centre de gravité des surfaces
de contact et donc de serrage lors du poussage de la clavette est sensiblement au
tiers de la longueur de la clavette à partir de l'avant de celle-ci : l'armature est
donc serrée efficacement sans cisaillement à l'avant de la clavette, alors que les
contraintes restent limitées dans la clavette dans cette zone d'épaisseur radiale
minimale de celle-ci.
[0072] Au contraire, à l'arrière de la clavette, là où l'epaisseur radiale de celle-ci est
maximale et où la tension de l'armature s'annule, le cisaillement de l'armature par
les dents non tronquées est maximal sans inconvénient pour l'armature qui n'est plus
tendue et pour la clavette qui a son épaisseur radiale maximale.
[0073] Le poussage de la clavette dont les dents sont tronquées entraîne à la fois une meilleure
pénétration de la clavette dans l'ouverture, un meilleur serrage de l'armature à l'avant
de la clavette, et un bon ancrage des dents dans l'armature à l'arrière de la clavette.
[0074] Quand on relâche alors l'armature, celle-ci se détend très légèrement en entraînant
la clavette vers l'avant de celle-ci et en la bloquant définitivement dans l'ouverture.
Les dents tronquées de l'avant de la clavette exercent un serrage radial réparti sur
une surface importante, qui induit donc une contrainte radiale limitée : les surfaces
tronquées des dents ne pénètrent que très légèrement dans l'armature et la section
utile qui résiste à la tension de celle-ci est sensiblement la section normale de
celle-ci. Du fait de cette très faible pénétration, la surface intérieure de la clavette
est très voisine de la surface extérieure de l'armature, et la clavette est soumise
dans sa partie avant d'épaisseur radiale réduite à des efforts de flexion limités
avant sa mise en place définitive. A l'arrière de la clavette, par contre, les dents
intactes pénètrent dans l'armature pour s'y incruster solidement et assurer son blocage.
[0075] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux modes de réalisation que l'on vient
de décrire, et on peut apporter à ceux-ci de nombreuses modifications sans sortir
du cadre de l'invention.
[0076] Ainsi, la denture anti-recul 13 de la surface extérieure de la clavette peut avoir
une configuration quelconque, par exemple pyramidale, et être répartie sur plusieurs
couronnes consécutives.
[0077] De même, cette denture peut être tronquée selon une surface conique D légèrement
plus évasée vers l'arrière de la clavette que la surface extérieure de celle-ci, de
manière que les dents 130, 131, ... soient intactes et que les dents 138, 139 situées
vers l'arrière soient tronquées.
[0078] Cette denture extérieure 13 peut également être associée à une denture intérieure
non tronquée d'un type quelconque connu.
[0079] On a décrit ci-dessus le cas où l'ouverture évasée 4 ou 142 a une forme conique de
même angle au sommet que la surface extérieure conique de la clavette 5 ou 151.
[0080] L'invention s'applique également au cas où les deux surfaces coniques correspondent
à des angles au sommet légèrement différents, et par exemple au cas où l'ouverture
a un angle au sommet plus faible à l'avant qu'à l'arrière.
[0081] L'invention s'applique également aux cas où l'armature a une section autre que circulaire,
par exemple une section carrée ou rectangulaire.
1. Dispositif de blocage pour une armature allongée sous tension, telle que tirant,
toron, groupe de torons, câble ou analogue (2, 121), comprenant une plaque d'appui
(3, 104) percée d'une ouverture sensiblement tronconique (4, 142), évasée vers l'extrémité
de l'armature, dans laquelle pénètre une clavette (5, 151) sensiblement tronconique,
cete clavette (5, 151) étant traversée axialement par l'armature (2,121) avec laquelle
elle vient en prise par l'intermédiaire d'une denture (12) dont les dents (120, 121,
..., 129) sont régulièrement espacées et s'étendent à partir de la surface intérieure
(23) sensiblement cylindrique de ladite clavette, caractérisé en ce que l'angle au
sommet (a) de la clavette est sensiblement égal à celui (c) de l'ouverture tronconique
de la pièce d'appui (3, 104) et en ce qu'une partie au moins des dents de la denture
intérieure de la clavette sont tronquées à leur sommet.
2. Dispositif conforme à la revendication 1, caractérisé en ce que la largeur de la
troncature des dents décroît de l'extrémité avant de petit diamètre extérieur de la
clavette vers l'extrémité arrière de grand diamètre.
3. Dispositif conforme à l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que la
troncature des dents s'étend suivant une surface conique (B) coaxiale à la clavette.
4. Dispositif conforme à l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la
troncature des dents est arrêtée avant l'extrémité arrière de la denture intérieure
de sorte qu'une partie de dents au voisinage de cette extrémité n'est pas tronquée.
5. Dispositif de blocage conforme à l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en
ce que la clavette (5, 151) présente, sur une partie au moins de sa surface extérieure,
une denture anti-recul (13, 131) en saillie destinée à venir en prise avec la paroi
de l'ouverture (4, 142) de la plaque d'appui (3, 104) lorsque cette clavette (5, 151)
a été enfoncée dans ladite ouverture (4, 142).
6. Dispositif conforme à la revendication 5, caractérisé en ce que la denture anti-recul
(13) est ménagée à la partie arrière de la clavette (5) dont la dimension radiale
est maximale.
7. Dispositif conforme à la revendication 5, caractérisé en ce que la denture anti-recul
(13, 131) est ménagée sur toute la surface extérieure de la clavette (5, 151).
8. Dispositif conforme à l'une quelconque des revendications 5 à 7, caractérisé en
ce que la paroi (7) de l'ouverture (4) de la plaque d'appui (3) présente une denture
anti-recul (14) complémentaire de la denture anti-recul (13) ménagée sur la surface
extérieure (6) de la clavette (5).
9. Dispositif conforme à la revendication 8, caractérisé en ce que la denture anti-recul
complémentaire (14) est ménagée dans l'ouverture d'une semelle (15) rapportée sur
la plaque d'appui (3).
10. Dispositif conforme à l'une des revendications 5 à 9, caractérisé en ce qu'une
partie au moins des dents anti-recul ménagées à la partie extérieure de la clavette
est tronquée à son sommet.
11. Dispositif conforme à la revendication 10, caractérisé en ce que la largeur de
la troncature des dents croît de l'extrémité de petit diamètre de la clavette vers
celle de grand diamètre.
12. Dispositif conforme à la revendication 10 ou 11, caractérisé en ce que la troncature
des dents extérieures de la clavette s'étend suivant une surface conique coaxiale
à la clavette mais d'angle au sommet plus faible.
13. Dispositif conforme à l'une des revendications 1 à 12, caractérisé en ce que les
flancs des dents d'au-moins l'une des dentures présentent des pentes différentes
par rapport à l'axe de la clavette, la pente la plus grande pour l'une au moins des
dentures de la clavette étant celle des flancs tournés vers l'extrémité arrière de
celle-ci.
14. Dispositif conforme à la revendication 13, caractérisé en ce que les flancs des
dents dont la pente est la plus grande sont sensiblement orthogonaux à l'axe de la
clavette.
15. Dispositif pour le blocage individuel de divers torons (121) d'une armature, caractérisé
en ce que la plaque d'appui (103) présente plusieurs ouvertures (141) réparties autour
de son centre pour le passage desdits torons, chaque toron (121) étant bloqué par
un groupe de clavettes (151) conformes à l'une des revendications 1 à 14.
16. Dispositif conforme à la revendication 15, caractérisé en ce que les clavettes
(151) sont enfoncées dans les ouvertures tronconiques (142) de blocs d'appui (104)
rapportés et fixés sur la plaque d'appui (103).