[0001] La présente invention concerne un procédé de caractérisation d'une couche de terrain.
[0002] On connaît déjà de tels procédés dans lesquels on effectue un forage et l'on relève
un certain nombre de paramètres de ce forage tels que la pression du fluide de perforation,
le couple de rotation, la poussée exercée sur l'outil, la vitesse d'avance, la vitesse
de rotation de l'outil, ou les vibrations de la tige, soit en fonction du temps, soit
en fonction de la profondeur.
[0003] A partir de ces paramètres ou de combinaisons de ces paramètres, un spécialiste peut
attribuer certaines caractéristiques au terrain traversé, par exemple définir les
paramètres d'une injection qui sera effectuée ultérieurement, ou même avoir une idée
relativement précise du type de ce terrain.
[0004] Une telle analyse ne peut toutefois pas être effectuée en temps réel sur le lieu
même du forage, de sorte que si ces résultats sont utiles en eux-mêmes pour la caractérisation
du terrain, et notamment pour la connaissance de sa stratigraphie, ils ne peuvent
être utilisés en particulier pour la conduite même du forage, que ce soit par le foreur
ou par un automate qui lui serait substitué.
[0005] La présente invention vise à pallier ces inconvénients.
[0006] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de caractérisation d'une couche
de terrain et notamment de détermination de sa stratigraphie, caractérisé par le fait
que l'on exécute un forage dans ce terrain, que l'on relève au cours du forage un
certain nombre de paramètres bruts dont au moins la profondeur atteinte, suivant un
protocole d'échantillonnage prédéterminé, que l'on numérise ces paramètres, que l'on
introduit les paramètres ainsi numérisés dans une base de faits volatile contenue
dans une mémoire d'une unité de traitement contenant également une base de faits permanente,
une base de règles et un moteur d'inférence, que pour au moins certains cycles d'échantillonnage
on déclenche un cycle d'inférence du moteur d'inférence utilisant la base de faits
volatile, la base de faits permanente et la base de règles pour en déduire le type
de terrain traversé par le forage, que l'on ajoute à la base de faits permanente au
moins le type de terrain ainsi inféré associé à sa profondeur, et que l'on remet à
zéro la base de faits volatile.
[0007] On connaît bien entendu déjà de nombreux systèmes experts utilisant une base de connaissances,
une base de règles, et un moteur d'inférence pour simuler l'expertise d'un spécialiste.
[0008] On notera toutefois que l'une des caractéristiques essentielles de l'invention consiste
à effectuer successivement une série de cycles d'inférence utilisant comme base de
connaissances, d'une part un certain nombre de faits permanents et d'autre part des
faits volatils qui ne sont conservés dans la base de connaissances que le temps d'un
cycle et qui sont constitués au moins par certains des paramètres bruts échantillonnés.
[0009] D'autre part, selon une autre caractéristique essentielle, la partie permanente de
la base de connaissances, à savoir la base de faits permanente, s'enrichit à chaque
cycle d'inférence du terrain inféré à ce cycle, de sorte que, lors du cycle suivant,
la base de connaissances comprend notamment toute la stratigraphie du terrain se trouvant
au-dessus de la profondeur actuelle du forage.
[0010] L'échantillonnage des paramètres de forage peut être effectué soit à intervalles
de temps prédéterminés, soit à intervalles de profondeur prédéterminés.
[0011] L'avantage d'échantillonner en fonction du temps est de permettre un bon contrôle
des opérations de forage, y compris pendant les phases de changement de tige, et pendant
les manoeuvres.
[0012] Par contre, l'inconvénient est que la quantité de données à stocker n'est pas a priori
bornée supérieurement et peut par conséquent devenir extrêmement importante.
[0013] Par contre, l'échantillonnage en fonction de la profondeur permet de mieux restituer
dans l'espace les informations acquises.
[0014] On a déjà vu que dans la base de faits permanente, les types de terrain précédemment
traversés par le forage sont stockés associés à leur profondeur.
[0015] Selon une autre caractéristique importante de l'invention, tous les faits de la base
de faits permanente sont associés à un intervalle de profondeur.
[0016] Ceci signifie que tous les faits permanents sont affirmés, et par conséquent vrais
sur tout un intervalle de profondeur, alors que les faits volatils ne sont vrais que
pour la profondeur correspondant au cycle d'inférence en cours.
[0017] On peut en outre prévoir d'introduire dans la base de faits volatile, outre les paramètres
bruts, au moins un paramètre composé obtenu par traitement numérique de certains des
paramètres bruts.
[0018] L'édition des sorties, c'est-à-dire au moins du terrain traversé par le forage, ainsi
éventuellement que certains des paramètres bruts ou composés, peut se faire par exemple
sur un écran ou sur une imprimante.
[0019] Mais les sorties peuvent également être utilisées en temps réel, par exemple par
un automate en vue d'optimiser le forage.
[0020] Les sorties peuvent également déclencher certaines alarmes ou éventuellement interrompre
le forage.
[0021] On décrira maintenant à titre d'exemple non limitatif un mode de réalisation particulier
de l'invention en référence aux dessins schématiques annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue d'ensemble d'une machine de forage permettant de mettre
en oeuvre le procédé selon l'invention,
- la figure 2 est un organigramme général de ce procédé,
- la figure 3 est un organigramme des opérations effectuées par l'unité de traitement,
et
- la figure 4 montre un résultat obtenu à l'aide du procédé.
[0022] La machine 1 de la figure 1 comporte une tête de forage 2 assurant de façon connue
l'entraînement en rotation du train de tiges 3 et l'injection du fluide de forage
dans ces tiges. Un outil de forage 4 est monté à la partie inférieure du train de
tiges 3.
[0023] La tête de forage 2 est reliée à un dispositif de mesure de la profondeur du forage
et de la vitesse d'avance par un câble 5 passant sur une poulie de renvoi 6. Entre
la tête de forage 2 et le train de tiges 3 est intercalé un dispositif de mesure électronique
7 relié par un câble non représenté à une unité de traitement 8.
[0024] Le dispositif 7 peut être du type décrit dans la demande de brevet français N
o89.01624 ou, en variante, être remplacé par une boîte de capteurs de pression hydraulique
connectée sur les circuits hydrauliques de la machine 1.
[0025] A titre d'exemple, le dispositif de mesure 7 peut relever la pression du fluide de
perforation, le couple de rotation, la poussée exercée sur l'outil ainsi que les vibrations
du train de tiges.
[0026] Ces paramètres, ainsi que la vitesse d'avance sont mesurés à chaque pas de profondeur,
par exemple tous les 5mm.
[0027] Si on se réfère maintenant à la figure 2, on voit que le terrain 9 dans lequel est
effectué le forage exerce certains efforts sur l'outil de forage 4. Ces efforts sont
repris par la machine de forage 1 qui imprime à l'outil une certaine poussée et un
couple de rotation, et qui fournit en outre le fluide de perforation sous pression.
[0028] Il en résulte un certain nombre de paramètres de forage qui sont détectés par les
capteurs du dispositif 7 relié, par l'intermédiaire d'un boîtier d'acquisition 10
où s'effectuent l'échantillonage et la numérisation, à l'unité de traitement 8, laquelle
est reliée à tout moyen d'entrée/sortie 11 tel qu'une imprimante.
[0029] Si l'on se réfère maintenant à la figure 3 on voit que l'unité de traitement 8 commence
en 12 à initialiser la base de faits permanente préalablement au début du forage.
Cette initialisation s'effectue soit à partir d'une mémoire, soit directement par
l'opérateur.
[0030] On voit ensuite que le programme se déroule selon deux cycles imbriqués. Le premier
cycle est effectué tout les n pas de saisie, alors que le cycle extérieur est effectué
sur toute la profondeur du forage.
[0031] Le premier cycle consiste tout d'abord à lire en 13 les données fournies par le boîtier
d'acquisition, puis à traiter ces données pour les convertir en paramètres bruts en
14, et à combiner ensuite éventuellement certains de ces paramètres bruts pour obtenir
des paramètres composés en 15.
[0032] Les paramètres composés peuvent être soit des combinaisons algébriques de certains
des paramètres bruts, soit des valeurs lissées de ces paramètres sur les n pas.
[0033] Tous les n pas, la base de faits volatile est remise à zéro en 16, puis sont introduits
les paramètres bruts et les paramètres composés choisis qui constituent les faits
volatils en question.
[0034] En 17 le moteur d'inférence de l'unité de traitement effectue un cycle d'inférence
d'où il déduit notamment le type de terrain qui vient d'être traversé.
[0035] En 18 la base de faits permanente est mise à jour en y ajoutant le type de terrain
trouvé ainsi que la profondeur, et les résultats sont édités en 19.
[0036] On constate par conséquent que la base de faits volatile contient des valeurs de
paramètres bruts et de paramètres composés uniquement valables pour un cycle d'inférence,
à savoir le cycle qui se déroule à la profondeur atteinte par le forage.
[0037] Par contre la base de faits permanente comprend au moins tous les terrains trouvés
aux cycles d'inférence précédents associés à leur profondeur.
[0038] Le tableau 1 ci-après définit une configuration particulière qui a été utilisée lors
d'un forage ayant conduit aux résultats montrés à la figure 4.
[0039] Les paramètres bruts sont ceux qui ont été mentionnés ci-dessus, le couple de rotation
ainsi que la poussée et la retenue exercée sur l'outil étant mesurés sous forme de
pressions dans les circuits hydrauliques de la machine 1.
[0040] La définition des paramètres composés vise à obtenir le paramètre P13 qui est la
valeur lissée sur dix pas du carré de la valeur absolue de la différence de poussée
entre deux pas successifs.
[0041] Les sorties consistent en l'impression graphique des paramètres de pression et de
poussée ainsi que du paramètre P13, et en l'impression graphique et alphanumérique
du terrain traversé tel qu'il est déterminé par le système expert.
[0042] Le tableau 2 montre les faits de la base de faits permanente.
[0043] Les faits du type AFF = "type de terrain" signifient qu'il y a lieu d'afficher, c'est-à-dire
d'éditer sur l'imprimante ou sur l'écran, ce type de terrain.
[0044] Enfin le tableau 3 énonce les règles de la base utilisée.
[0045] On voit que ces règles sont du type :

dans lesquelles i,j, k...., l,m,n... sont soit des faits de la base de faits permanente,
soit des faits de la base de faits volatile.
[0046] On constate en outre qu'à chaque règle peut être affecté un ordre de priorité déterminant,
dans le cas où deux règles peuvent être mises en oeuvre simultanément (c'est-à-dire
dans le cas où les prémices de chacune sont toutes vraies), l'ordre dans lequel ces
règles doivent être mises en oeuvre.
[0047] L'homme de métier pourra, à partir de la description qui précède et du présent exemple,
écrire le logiciel informatique permettant d'obtenir le résultat représenté à la figure
4.
[0048] Cette figure représente en fonction de la profondeur la pression du fluide de perforation,
la poussée exercée sur l'outil, le paramètre P13 ainsi que les types de terrains successivement
rencontrés au cours du forage.
[0049] Diverses variantes et modifications peuvent bien entendu être apportées à la description
qui précède sans sortir pour autant du cadre ni de l'esprit de l'invention.
[0050] Ce procédé est utilisable dans différents domaines du Génie Civil, tels que la reconnaissance
de sol, le pilotage d'injection automatique ou la détermination du niveau d'ancrage
des pieux et tirants.
TABLEAU 1
DEFINITION DES PARAMETRES DE FORAGE |
|
NOM |
VALEUR MAXIMUM |
UNITE |
P0 |
PROFONDEUR |
0.005 |
m |
P1 |
PRESSION |
35 |
bar |
P2 |
COUPLE |
150 |
bar |
P3 |
POUSSEE |
150 |
bar |
P4 |
AVANCE |
1200 |
m/h |
P5 |
ROTATION |
500 |
Hz |
P6 |
RETENUE |
150 |
bar |
P7 |
VIBRATIONS |
250 |
g |
P8 |
TEMPS |
8 |
s |
DEFINITION DES PARAMETRES COMPOSES |
|
|
NOM |
DEFINITION |
|
|
P9 |
P10 |
|
|
P10 |
P3 |
|
|
P11 |
ABS(P10-P9) |
|
|
P12 |
P11*P11 |
|
|
P13 |
Lissage de P12 sur 10 pas |
|
|
DEFINITION DES SORTIES |
|
NOM |
UNITE |
ECHELLE |
1 G P1 |
PRESSION |
Bar |
10 |
2 G P3 |
POUSSEE |
bar |
100 |
3 S P13 |
|
|
100 |
4 X SYSTEME EXPERT |
Echelle verticale 1/100. |
TABLEAU 2
FAITS DE LA BASE
[0051]
FAIT No 01 : AFF < > ALLUVI0NS
FAIT No 02 : AFF = ALLUVIONS
FAIT No 03 : AFF = ARGILE
FAIT No 04 : AFF = CALCAIRE
FAIT No 05 : AFF CARRIERE_REMBLAYEE
FAIT No 06 : AFF = MARNES_ET_CAILLASSES
FAIT No 07 : AFF < > REMBLAI
FAIT No 08 : AFF = REMBLAI
FAIT No 09 : AFF = SABLE_DE_BEAUCHAMP
FAIT No 10 : P1 = 0
FAIT No 11 : P1 > 0
FAIT No 12 : P13 < 1
FAIT No 13 : P13 > 1
FAIT No 14 : P8 < 1
FAIT No 15 : P8 > 1
FAIT No 16 : PROF < 2
FAIT No 17 : PROF < 10
FAIT No 18 : PROF > 10
FAIT No 19 : PROF < 20
FAIT No 20 : PROF > 20
FAIT No 21 : SITE = PARIS **vrai sur tout le forage**
FAIT No 22 . TERRAIN < > CALCAIRE
FAIT No 23 : TERRAIN = DEBRIS
FAIT No 24 : TERRAIN = FORMATION_COMPACTE
FAIT No 25 : TERRAIN = REMBLAI
FAIT No 26 : TERRAIN < > SABLE
FAIT No 27 : TERRAIN_TROUVE = ALLUVI0NS*PROF>5
FAIT No 28 : TERRAIN_TROUVE = SABLE_DE_BEAUCHAMP
TABLEAU 3
REGLES DE LA BASE
1. Procédé de caractérisation d'une couche de terrain, et notamment de détermination
de sa stratigraphie, caractérisé par le fait que l'on exécute un forage dans ce terrain,
que l'on relève au cours du forage un certain nombre de paramètres bruts dont au moins
la profondeur atteinte, suivant un protocole d'échantillonnage prédéterminé, que l'on
numérise ces paramètres, que l'on introduit les paramètres ainsi numérisés dans une
base de faits volatile contenue dans une mémoire d'une unité de traitement contenant
également une base de faits permanente, une base de règles et un moteur d'inférence,
que pour au moins certains cycles d'échantillonnage on déclenche un cycle d'inférence
du moteur d'inférence utilisant la base de faits volatile, la base de faits permanente
et la base de règles pour en déduire le type de terrain traversé par le forage, que
l'on ajoute à la base de faits permanente au moins le type de terrain ainsi inféré
associé à sa profondeur, et que l'on remet à zéro la base de faits volatile.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que l'on effectue l'échantillonnage
à intervalles de temps prédéterminés.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que l'on effectue l'échantillonnage
à intervalles de profondeur prédéterminés.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait
que tous les faits de la base de faits permanente sont associés à un intervalle de
profondeur.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait
que l'on introduit dans la base de faits volatile, outre les paramètres bruts, au
moins un paramètre composé obtenu par traitement numérique de certains des paramètres
bruts.