[0001] La présente invention concerne un tube photomultiplicateur à N voies parallèles,
comportant une fenêtre d'entrée et un multiplicateur d'électrons du type "à plaques
à trous", cloisonné en N multiplicateurs élémentaires, et dont le premier étage comprend
une électrode d'entrée et une première électrode émettrice.
[0002] L'invention trouve une application particulièrement avantageuse dans le domaine de
la physique nucléaire et, plus spécialement, dans la détection et la localisation
précise des particules élémentaires.
[0003] On connaît du brevet européen n° 0 131 339 un tube photomultiplicateur conforme au
préambule dont la première électrode émettrice est une première demi-dynode émettrice,
et dont les étages supérieurs, au-delà du premier étage, sont constitués de dynodes
formées de deux demi-dynodes se présentant, de même que la première demi-dynode émettrice,
comme des plaques conductrices percées de trous; la première demi-dynode est une demi-dynode
extractrice, tandis que la deuxième demi-dynode, pourvued'émission secondaire, est
la demi-dynode émettrice. Les deux demi-dynodes d'une même dynode sont prévues pour
être portées sensiblement au même potentiel électrique et, en fonctionnement, un
des rôles joué par la demi-dynode extractrice est d'attirer vers la demi-dynode émettrice,
en les faisant passer à travers ses propres trous, les électrons secondaires produits
sur les parois des trous de la demi-dynode émettrice précédente, elle-même portée
à un potentiel électrique plus faible. Généralement, la demi-dynode extractrice
et la demi-dynode émettrice précédente à laquelle elle est associée sont placées à
faible distance l'une de l'autre et présentent la même structure en ce sens que leurs
trous respectifs se correspondent. Dans le cas particulier du premier étage, la demi-dynode
extractrice n'est pas, une plaque à trous comme les autres demi-dynodes du multiplicateur,
mais est une électrode d'entrée constituée par une grille simple ou double de forte
transparence vis à vis des photoélectrons, émis par la photocathode déposée sur la
fenêtre d'entrée, et que ladite électrode d'entrée est chargée d'attirer, pour multiplication
secondaire, sur la première demi-dynode émettrice.
[0004] Par ailleurs, chaque demi-dynode extractrice, ainsi que l'électrode d'entrée, sert
également à blinder électriquement la demi-dynode émettrice de la même paire de façon
que le champ électrique dans l'espace compris entre ces deux demi-dynodes soit faible,
au champ près créé par la demi-dynode extractrice suivante associée à ladite demi-dynode
émettrice. En effet, en l'absence de blindage, les électrons secondaires produits
par la demi-dynode émettrice seraient soumis dès leur sortie à un champ électrique
trop important qui les ferait aussitôt retomber à l'endroit même où ils ont été créés.
[0005] Le tube photomultiplicateur connu de l'état de la technique est utilisé en physique
nucléaire pour la détection précise des particules élémentaires. A cet effet et dans
le but d'augmenter la résolution spatiale de l'observation, ce tube est cloisonné
de manière à réaliser N (N=4,9,16,...) tubes photomultiplicateurs élémentaires dans
l'enveloppe d'un seul tube. C'est pourquoi le multiplicateur d'électrons lui-même
est divisé par des cloisons étanches aux électrons en N multiplicateurs élémentaires
qui débouchent sur N anodes contigües situées à proximité et en regard de la sortie
des multiplicateurs élémentaires respectifs.
[0006] Afin de définir, sur la photocathode déposée sur la fenêtre d'entrée du tube, N photocathodes
élémentaires correspondant aux N voies de multiplication et d'éviter toute diaphotie
entre lesdites photocathodes élémentaires, le multiplicateur d'électrons à plaques
à trous est placé au voisinage immédiat de la photocathode. De cette manière, tout
photon atteignant une photocathode élémentaire donnée produit des photoélectrons qui
seront tous collectés par le multiplicateur élémentaire correspondant.
[0007] Toutefois, malgré les précautions prises, il s'avère expérimentalement que le tube
photomultiplicateur cloisonné connu présente néanmoins une certaine diaphotie entre
voies. L'explication de ce phénomène parasite se trouve dans la répartition statistique
des vitesses initiales des électrons secondaires produits par les demi-dynodes émettrices.
Il apparaît que la plupart des électrons secondaires ont, certes, une vitesse initiale
suffisamment faible pour que, sous l'effet du champ extracteur, ils traversent la
demi-dynode émettrice par l'ouverture de sortie même du trou sur la paroi duquel ils
ont pris naissance. Ces électrons secondaires ne donnent pas lieu à diaphotie. Cependant,
on constate qu'un certain nombre d'électrons secondaires acquièrent une vitesse initiale
suffisamment élevée pouvant être égale à celle des électrons incidents, ce sont
les électrons rétrodiffusés et élastiques qui peuvent parcourir des distances équivalentes
à plusieurs trous. Dans les étages supérieurs du multiplicateur, ces électrons sont
arrêtés par les cloisons étanches, mais dans le premier étage, dépourvu de cloisonnement,
les électrons rétrodiffusés élastiquement, produits par la première demi-dynode émettrice
sont susceptibles de passer d'une voie à une autre et de provoquer ainsi la diaphotie
observée.
[0008] Aussi, le problème technique à résoudre par l'objet de la présente invention est
de réaliser un tube photomultiplicateur conforme au préambule qui ne présenterait
pas de diaphotie au niveau au premier étage, tout en maintenant l'indispensable focalisation
de proximité du tube connu de l'état de la technique.
[0009] La solution au problème technique posé consiste, selon la présente invention, en
ce que les parois des trous de la première électrode émettrice sont recouvertes d'un
matériau photoémissif. Ainsi, l'invention revient à réaliser la transduction des
photons incidents en photoélectrons non pas sur une photocathode déposée de façon
classique sur la fenêtre d'entrée du tube photomultiplicateur, mais sur les trous
de la première électrode émettrice elle-même dont la fonction, au lieu de multiplier
des électrons incidents, est alors de produire des photoélectrons dont la particularité
est d'avoir tous une faible vitesse initiale qui ne leur permet pas de traverser la
première électrode émettrice par un autre trou que celui où ils ont été créés. L'effet
technique caractéristique résultant de l'invention est donc d'éviter le phénomène
de "rebond élastique" observé dans le tube connu précédemment décrit, et, par conséquent,
de ne pas provoquer de diaphotie sur le premier étage du multiplicateur d'électrons,
conformément à l'objectif assigné en regard du problème technique pose.
[0010] Dans le tube photomultiplicateur selon l'invention, l'électrode d'entrée associée
à la première électrode émettrice ne joue plus le rôle d'extraction des photoélectrons,
comme dans le tube connu, puisque ceux-ci sont produits en aval et non plus en amont
de ladite électrode d'entrée. Par contre, celle-ci conserve toujours son rôle de blindage
de la première électrode émettrice, devenue photocathode conformément aux dispositions
de la présente invention.
[0011] De façon à obtenir une sensibilité maximale, l'électrode d'entrée doit offrir la
transparence optique la plus grande. Dans ce but, ladite électrode d'entrée peut se
présenter sous la forme d'une grille conductrice analogue à celle déjà utilisée dans
l'état de la technique, mais pour laquelle la transparence exigée s'exerçait de manière
équivalente à l'égard des photoélectrons incidents. La transmission optique de l'étage
d'entrée du tube peut alors être encore améliorée lorsque, selon l'invention, l'électrode
d'entrée est une grille conductrice constituée de fils disposés en regard des trous
de la première électrode émettrice et réfléchissant la lumière incidente vers les
parois desdits trous. Ainsi, la lumière qui serait perdue par réflexion arrière sur
les fils de la grille est récupérée par effet de miroir en direction des trous photoémissifs
de la première électrode émettrice. Un autre moyen d'obtenir une transparence optique
satisfaisante consiste, selon l'invention, en ce que l'électrode d'entrée est réalisée
en une couche mince d'un matériau conducteur déposée sur la fenêtre d'entrée. Ce
mode de réalisation particulier a l'avantage d'être de mise en oeuvre aisée et peu
onéreuse.
[0012] Enfin, l'efficacité de transduction de la photocathode du tube photomultiplicateur
selon l'invention peut être encore augmentée si les parois des trous de la première
électrode émettrice comportent une couche d'un matériau réflecteur sur laquelle est
déposé ledit matériau photoémissif. De cette manière, le trajet de la lumière incidente
à travers le matériau photoémissif se trouve allongé par réflexion, ce qui tend à
accroître la probabilité de transformation des photons en photoélectrons.
[0013] La description qui va suivre en regard des dessins annexés, donnés à titre d'exemples
non limitatifs, fera bien comprendre en quoi consiste l'invention et comment elle
peut être réalisée.
La figure 1 est une vue en coupe d'un tube photomultiplicateur selon l'invention.
La figure 2 montre une coupe d'une variante de réalisation de l'étage d'entrée du
tube photomultiplicateur de la figure 1.
[0014] La figure 1 représente, en coupe, un tube photomultiplicateur à N voies parallèles,
N pouvant atteindre 64 par exemple. Ce tube comporte une fenêtre 10 d'entrée, en verre
ou en quartz, et un multiplicateur 20 d'électrons du type "à plaques à trous", cloisonné
en N multiplicateurs élémentaires 20a. Le premier étage du multiplicateur 20 d'électrons
comprend une électrode 30 d'entrée et une première électrode émettrice 40. Puis,
on trouve dans les étages supérieurs une série de dynodes constituées de deux demi-dynodes
en forme de plaques à trous, dont l'une, telle que D′₂ ou D′₃, est la demi-dynode
extractrice, et l'autre, comme D₂ ou D₃, est la demi-dynode émettrice qui, douée d'émission
secondaire, a pour rôle de multiplier les électrons incidents sur les parois de ses
trous. Les deux demi-dynodes d'une même dynode sont portées au même potentiel électrique,
alors que chaque dynode est portée à un potentiel électrique supérieur à celui de
la dynode précédente. C'est pourquoi les demi-dynodes émettrice 40, D₂, D₃,..., sont
séparées des demi-dynodes extractrices suivantes D′₂, D′₃,..., par des entretoises
isolantes 60, comme des petites billes de résine par exemple. Ainsi que le montre
la figure 1, les N multiplicateurs élémentaires 20a débouchent sur N anodes adjacentes
60a et sont séparés les uns des autres par des cloisons 21a étanches aux électrons,
réalisées par masquage et photogravure.
[0015] Comme on peut le voir à la figure 1, les parois 41 des trous 42 de ladite première
électrode émettrice 40 sont recouvertes d'un matériau photoémissif 43. A titre d'exemple,
ledit matériau photoémissif peut être un antimoniure alcalin composé d'antimoine et
d'un ou plusieurs alcalins parmi le potassium, le sodium et le césium. La première
électrode émettrice 40 joue alors le rôle de photocathode qui transforme les photons
incidents 70 en photoélectrons 71 dont la vitesse initiale n'est pas suffisante pour
passer d'un trou à un autre, et qui, par conséquent, ne peuvent provoquer de diaphotie
entre les voies. Dans le mode de réalisation montré à la figure 1, l'électrode 30
d'entrée est réalisée en une couche mince d'un matériau conducteur déposée sur la
fenêtre 30 d'entrée. Cette électrode d'entrée assure une bonne transparence optique
vis à vis des photons incidents 70 et, d'autre part, étant portée à un potentiel électrique
égal ou faiblement inférieur à celui de la première électrode émettrice 40, elle assure
le blindage de ladite première électrode émettrice de façon à éviter le retour des
photoélectrons 71 sur les parois 41 des trous 42.
[0016] La figure 2 montre un autre mode de réalisation de l'invention dans lequel les parois
41 des trous 42 de la première électrode émettrice 40 comportent une couche 44 d'un
matériau réflecteur sur laquelle est déposé ledit matériau photoémissif 43. La couche
réflectrice 44 peut être, par exemple, constituée par de l'aluminium. Cette disposition
avantageuse de l'invention a pour effet d'augmenter le trajet des photons incidents
70 à l'intérieur du matériau photoémissif 43 dans le but d'améliorer le rendement
de transduction des photons incidents en photoélectrons 71.
[0017] Toujours sur la figure 2, on observe que, dans le cas où l'électrode 30 d'entrée
est une grille conductrice constituée de fils 31 disposés en regard des trous 42 de
la première électrode émettrice 40, lesdits fils 31 ont une forme telle qu'ils réfléchissent
la lumière incidente 70 sur les parois 41 desdits trous. La transparence optique de
la grille 30 se trouve alors augmentée, ainsi que l'efficacité du tube photomultiplicateur
selon l'invention.
1. Tube photomultiplicateur à N voies parallèles, comportant une fenêtre (10) d'entrée
et un multiplicateur (20) d'électrons du type "à plaques à trous", cloisonné en N
multiplicateurs élémentaires (20a), et dont le premier étage comprend une électrode
(30) d'entrée et une première électrode émettrice (40), caractérisé en ce que les
parois (41) des trous (42) de ladite première électrode émettrice (40) sont recouvertes
d'un matériau photoémissif (43).
2. Tube photomultiplicateur selon la revendication 1, caractérisé en ce que les parois
(41) des trous (42) de la première électrode émettrice (40) comportent une couche
(44) d'un matériau réflecteur sur laquelle est déposé ledit matériau photoémissif
(43).
3. Tube photomultiplicateur selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en
ce que l'électrode (30) d'entrée est réalisée en une couche mince d'un matériau conducteur
déposée sur la fenêtre (10) d'entrée.
4. Tube photomultiplicateur selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en
ce que l'électrode (30) d'entrée est une grille conductrice constituée de fils (31)
disposés en regard des trous (42) de la première électrode émettrice (40) et réfléchissant
la lumière incidente (70) sur les parois (41) desdits trous.