[0001] La présente invention concerne le décapage des rives d'une tôle immergée dans une
solution réactive, en particulier le décapage de tôles d'acier laminées à chaud dans
les installations métallurgiques, préalablement à leur laminage à froid.
[0002] Comme on le sait, les bandes d'acier laminées à chaud sont recouvertes d'une couche
d'oxydes, la calamine, matière dure, cassante et abrasive qu'il importe d'enlever
avant laminage à froid. En effet, s'allongeant moins que l'acier, la calamine s'incrusterait
dans le métal, et réduirait très sensiblement ses aptitudes à l'emboutissage. Abrasive,
elle détériorerait rapidement l'état des surfaces des cylindres, l'aspect des tôles
serait médiocre, sans brillant, impropre au polissage et aux divers revêtements ultérieurs.
[0003] La calamine, mélange des trois oxydes FeO, Fe3O4 et Fe2O3, et également d'oxydes
de chrome dans le cas des aciers inox, est classiquement décapée par immersion des
bandes d'acier dans des bacs contenant une solution réactive d'acide chaud, tel que
l'acide sulfurique, l'acide chlorhydrique, etc. On utilise ainsi généralement plusieurs
bacs pour parvenir à des niveaux de décapage suffisants, le produit à décaper y séjournant
pendant une à plusieurs minutes.
[0004] Pour accélérer le décapage, on a proposé de générer, dans la solution réactive dans
laquelle est immergé le produit à décaper, des vibrations haute fréquence telles que
des ultrasons, dont l'action s'ajoute à celle du bain pour briser la couche de calamine.
On observe ainsi une augmentation importante de la vitesse de décapage, les meilleures
performances étant atteintes avec des puissances vibratoires très élevées injectées
dans la solution, et de ce fait susceptibles de provoquer au sein du liquide des phénomènes
de cavitation acoustique.
[0005] Or, le décapage des rives du produit soulève un problème particulier, car le refroidissement
des rives est plus rapide que celui de la zone centrale. Il en résulte que les oxydes
formés sur les rives sont différents de ceux de la zone centrale, ce qui diminue
la vitesse de décapage sur les rives par rapport au centre du produit, au moins sur
certaines lignes de décapage.
[0006] L'invention a donc pour but d'améliorer la rapidité du décapage sur les rives du
produit.
[0007] Dans le procédé visé par l'invention on utilise des moyens émetteurs d'ultrasons
dans la solution réactive à l'intérieur de laquelle est immergée la tôle à décaper,
ces moyens émetteurs comportant une surface émettrice.
[0008] Suivant l'invention on émet les ultrasons dans au moins un plan parallèle à la rive
à décaper et avec une puissance suffisante pour créer une cavitation dans le volume
du liquide intercalaire entre la rive et ledit plan.
[0009] De préférence, on émet les ultrasons dans deux plans antinodaux parallèles à la rive
et situés de part et d'autre de celle-ci.
[0010] Un plan antinodal étant un plan dans lequel la vibration imprimée au liquide présente
son maximum d'amplitude, cela signifie que le plan de l'une des surfaces émettrices
d'ultrasons doit être situé à une distance du plan de l'autre surface émettrice égale
à 1/2 longueur d'onde ou à un multiple de cette valeur. On constate que dans ces conditions,
si cette amplitude vibratoire est suffisamment élevée, une cavitation est créée dans
le liquide entre le pavillon et la surface de la rive.
[0011] Suivant l'invention, le dispositif de mise en oeuvre de ce procédé comprend au moins
un pavillon émetteur présentant une surface d'émission plane, prévue pour être disposée
au-dessus d'une rive de la tôle, parallèlement à celle-ci.
[0012] Suivant un mode de réalisation préféré de l'invention, le dispositif comprend deux
pavillons émetteurs placés de part et d'autre d'une rive de la tôle avec leurs surfaces
émettrices situées dans deux plans antinodaux.
[0013] Comme dans le mode de réalisation précédent, si l'amplitude des vibrations, c'est-à-dire
si la puissance émettrice des pavillons est suffisante, et si la gamme de fréquence
est convenablement choisie, il est possible de créer dans le liquide une cavitation
entre les deux pavillons, qui accélère considérablement le décapage des rives.
[0014] D'autres particularités et avantages de l'invention apparaitront au cours de la description
qui va suivre, faite en référence aux dessins annexés qui en illustrent une forme
de réalisation à titre d'exemple non limitatif.
[0015] La figure 1 est une vue en élévation simplifiée d'une forme de réalisation du dispositif
de décapage des rives d'une tôle conforme à l'invention.
[0016] La figure 2 est un croquis montrant la variation de l'amplitude de la vibration imprimée
aux pavillons émetteurs et transmise au liquide, et en particulier les plans antinodaux
dans lesquels sont placés les pavillons.
[0017] La figure 3 est une vue en coupe d'une configuration particulière d'un pavillon du
dispositif selon l'invention.
[0018] On voit à la Fig.1 un bac 1 contenant une solution réactive 2 telle que de l'acide
chlorhydrique, dans laquelle est immergée une tôle 3 en défilement, de façon connue
en soi, afin d'être décapée de sa couche de calamine.
[0019] Le dispositif de décapage des surfaces 3a, 3b d'une rive de la tôle 3 comprend un
émetteur d'ultrasons tel qu'un émetteur piézoélectrique 4, dont l'extrémité inférieure,
immergée dans la solution 2, est une sonotrode 5 sur laquelle sont fixés deux pavillons
6, 7, de part et d'autre de la rive de la tôle 3 et parallèlement à celle-ci. Les
deux pavillons 6, 7 sont donc immergés dans la solution 2, le pavillon supérieur 6
étant disposé au-dessus de la surface 3a de la rive et le pavillon inférieur 7 étant
placé au-dessous de la surface inférieure 3b de la rive, de telle sorte que celle-ci
soit partiellement recouverte par les surfaces planes des pavillons 6, 7. La distance
d entre les pavillons 6 et 7 est telle que leurs surfaces émettrices sont situées
dans deux plans antinodaux, distants l'un de l'autre dans l'exemple représenté, d'une
demi-longueur d'onde d = λ/2 de la vibration V imprimée à la solution 2.
[0020] Cette distance d peut aussi être un multiple de la demi-longueur d'onde λ/2, c'est-à-dire
d = n λ/2.
[0021] Dans ces conditions, les deux surfaces émettrices planes des pavillons 6, 7 vibrent
en opposition de phase, et si l'amplitude maximum A des vibrations est suffisamment
importante, une cavitation est obtenue dans la partie du liquide 2 comprise entre
les deux pavillons 6, 7 et en regard des surfaces 3a, 3b de la rive. Le décapage de
cette dernière est alors considérablement accéléré.
[0022] La sonotrode et les pavillons 6, 7 peuvent être réalisés par exemple en titane, de
manière à être peu sensibles à la corrosion par la solution 2. Pour obtenir un champ
de cavitation dans le liquide 2 à l'intérieur de l'espace intercalaire entre les pavillons
6, 7 et la rive à décaper, les essais ont montré que les ultrasons émis doivent avoir
une fréquence comprise entre 10 et 50 kHertz environ, et que leur puissance d'émission
doit être au minimum de 400 Watts par m2 de pavillon. La distance d peut être par
exemple de 15cm pour une fréquence voisine de 20kHz.
[0023] Suivant un mode de réalisation avantageux, le ou les pavillons 6, 7 sont des disques
ayant un contour circulaire. Ce contour présente l'avantage d'homogénéiser les réflexions
des ondes sur les bords du pavillon et donc de faciliter la mise en résonance du disque
constituant le pavillon, qui à son tour peut entraîner la cavitation dans le liquide
2.
[0024] En variante, comme le montre la figure 3, on peut également ménager, sur la ou les
surfaces 8 du ou des pavillons 6 tournées vers le produit, des surépaisseurs 9a, 9b,
9c, 9d, 9e présentant une certaine largeur d, concentriques à la circonférence du
pavillon, et régulièrement disposées avec un pas égal à une demi-longueur d'onde λ/2.
Cette configuration a pour effet d'augmenter sensiblement le rendement vibratoire.
Si les pavillons ont une forme différente de celle d'un cercle ou d'un demi-cercle,
ces surépaisseurs doivent être disposées parallèlement aux bords des pavillons.
[0025] Les pavillons 6, 7 peuvent éventuellement être également réalisés sous la forme de
demi-disques circulaires. Bien entendu un dispositif de décapage tel que décrit ci-dessus
est prévu pour chacune des deux rives d'une tôle.
1. Procédé de décapage des rives d'une tôle (3) immergée dans une solution réactive (2),
dans lequel on utilise des moyens (4) émetteurs d'ultrasons à l'intérieur de ladite
solution, lesdits moyens comportant une surface émettrice, caractérisé en ce qu'on
émet les ultrasons dans au moins un plan parallèle à la rive à décaper et avec une
puissance suffisante pour créer une cavitation dans le volume du liquide intercalaire
entre la rive et ledit plan.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on émet les ultrasons dans
deux plans antinodaux parallèles à la rive (3) et situés de part et d'autre de celle-ci.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que les ultrasons
émis ont une fréquence comprise entre 10 et 50kHz environ, et leur puissance d'émission
est au minimum de 400Watts par m2 de surface émettrice afin d'obtenir une cavitation
de la solution réactive (2).
4. Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une des revendications 1 à 3,
comprenant des moyens (4) émetteurs d'ultrasons de longueur d'onde λ dans ladite solution,
caractérisé en ce que lesdits moyens comportent au moins un pavillon émetteur (6)
présentant une surface d'émission plane, (3a, 3b) disposée au-dessus d'une rive de
la tôle, parallèlement à celle-ci.
5. Dispositif selon la revendication 4, caractérisé en ce qu'il comprend deux pavillons
émetteurs (6, 7) placés de part et d'autre d'une rive de la tôle, chacun en regard
d'une face (3a, 3b) de ladite rive avec leurs surfaces émettrices situées dans deux
plans antinodaux.
6. Dispositif selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que le ou les pavillons
(6, 7) a (ont) un contour circulaire ou semi-circulaire.
7. Dispositif selon l'une des revendications 4 à 6, caractérisé en ce que le ou les pavillons
(6, 7) présentent, sur leur surface tournée vers la tôle (3), des surépaisseurs (9a,
9b, 9c, 9d, 9e) disposées parallèlement aux bords desdits pavillons selon une périodicité
égale à λ/2.