[0001] Le domaine technique de l'invention est celui des munitions de masquage.
[0002] De telles munitions permettent d'assurer la protection d'un véhicule ou d'une plate-forme
fixe contre une menace, telle un projectile doté d'un moyen de détection de cible.
[0003] Le brevet FR2612287 décrit ainsi une munition dispersant, d'une part une poudre de
laiton assurant un masquage quasi instantané, et d'autre part des pots comprenant
une composition pyrotechnique fumigène et qui permettent d'assurer un masquage durable.
[0004] Une telle protection est cependant insuffisante vis à vis des menaces qui utilisent
un autodirecteur radar fonctionnant dans la bande millimétrique.
[0005] Le brevet US5337671 décrit une munition multispectrale qui disperse une poudre ou
des particules assurant un masquage à la fois dans le domaine infra rouge et dans
le domaine millimétrique.
[0006] Cette munition comprend ainsi un compartiment annulaire à l'intérieur duquel est
disposé une poudre d'aluminium, de bronze ou de laiton associée à un agent anti agglomérant,
poudre qui est choisie d'une granulométrie appropriée pour masquer le rayonnement
infra rouge.
[0007] Cette poudre est mélangée dans le même compartiment à une autre poudre, ou à des
particules telles que des fibres, qui sont choisies de dimensions telles qu'elles
assurent un masquage efficace dans le domaine millimétrique. Ces fibres sont coupées
par exemple à des longueurs de 1,5mm ou 4,1mm suivant la longueur d'onde à masquer.
[0008] Cette munition présente des inconvénients.
[0009] Les matériaux ainsi mélangés vont se séparer ou décanter à l'intérieur de leur compartiment
et au fil des périodes de stockage. Il en résultera un risque d'agglomération des
matériaux de masquage donc des difficultés pour obtenir un nuage de masquage de taille
suffisante.
[0010] Par ailleurs la répartition des particules masquantes ne sera plus homogène à l'issue
de la décantation. Leur répartition dans le nuage de masquage sera donc aléatoire
d'une munition à l'autre ce qui nuira aux performances de masquage.
[0011] C'est le but de l'invention que de proposer une munition ne présentant pas de tels
inconvénients et assurant une reproductibilité des performances de masquage d'une
munition à l'autre après des périodes de stockage plus ou moins. importantes.
[0012] Ainsi l'invention a pour objet une munition de masquage comprenant un moyen de masquage
instantané efficace dans le domaine infra rouge et/ou millimétrique disposé dans une
enveloppe et dispersable à l'aide d'un moyen de dispersion, munition caractérisiée
en ce que le moyen de masquage comprend au moins une galette de fibres conductrices
et au moins une couche d'une poudre de masquage.
[0013] La munition de masquage pourra comprendre un empilement disposé dans l'enveloppe
et alternant une ou plusieurs galettes de fibres conductrice avec une ou plusieurs
couches de poudre de masquage.
[0014] Le moyen de dispersion pourra comporter un piston poussé par un moyen d'éjection
et poussant les moyens de masquage hors de l'enveloppe ainsi qu'une cane explosive
disposée axialement au travers de l'empilement.
[0015] Les fibres conductrices formant les galettes pourront être des fibres de carbone
ou des fibres de verre aluminisées.
[0016] Les fibres pourront avoir une longueur comprise entre 3 mm et 10 mm.
[0017] La poudre de masquage pourra comprendre une poudre métallique ou organique.
[0018] La poudre de masquage pourra avoir une répartition granulométrique dont le diamètre
médian sera inférieur ou égal à 25 micromètres.
[0019] Selon un mode particulier de réalisation, la munition pourra comporter au moins deux
couches de poudre de masquage de nature et/ou granulométrie différente.
[0020] Selon un autre mode particulier de réalisation la munition pourra comporter au moins
deux galettes de fibres de nature et/ou longueur différentes.
[0021] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre de modes
particuliers de réalisation, description faite en référence aux dessins annexés et
dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en coupe longitudinale d'une munition selon un premier mode
de réalisation,
- la figure 2 est une vue en coupe longitudinale d'une munition selon un deuxième mode
de réalisation,
- les figures 3a, 3b et 3c montrent des variantes de réalisation d'un empilement de
matériaux de masquage.
[0022] La figure 1 montre une munition 1 selon un premier mode de réalisation de l'invention.
[0023] Cette munition est destinée à venir se placer dans un tube lanceur non représenté
et solidaire d'une plate-forme fixe ou d'un véhicule (un tel tube est par exemple
décrit dans le brevet FR2765869).
[0024] La munition comprend une enveloppe 2 sous la forme d'un tube à la partie arrière
duquel se trouve une embase 3, vissée sur celui-ci, et qui porte un ergot radial 4
permettant la fixation de la munition par un montage à baïonnette sur un lanceur non
représenté. L'embase 3 porte un contact 5 axial isolé électriquement de l'embase par
un cylindre isolant 6.
[0025] L'embase renferme une charge pyrotechnique d'éjection 7 (une poudre propulsive par
exemple) et un allumeur 8 qui est relié électriquement, d'une part au contact 5 et
d'autre part au corps métallique de l'embase 3. L'enveloppe 2 renferme un piston 9
sur lequel est appliqué un étui cylindrique 10 qui délimite un logement cylindrique
11.
[0026] L'étui 10 se présente sous la forme de deux demi-coquilles 10a,10b. L'enveloppe 2
est fermée à son autre extrémité par un couvercle 12 relié à celui-ci par une goupille
radiale cisaillable (non représentée).
[0027] Le logement 11 renferme un moyen de masquage dans le domaine infra rouge et/ou millimétrique.
[0028] Conformément à l'invention, ce moyen de masquage comprend au moins une galette 13
de fibres conductrices ayant une efficacité masquante dans le domaine millimétrique
(fréquence de 35 à 94 GHz) et au moins une couche 14 d'une poudre de masquage ayant
une efficacité dans le domaine infra rouge (domaines spectraux de 3 à 5 micromètres
et de 8 à 12 micromètres).
[0029] Galettes 13 et couches 14 forment un empilement dans lequel alternent les galettes
13 de fibres conductrice et les couches 14 de poudre de masquage.
[0030] Les galettes 13 (ici dix galettes) sont formées de fibres de carbone ou bien de fibres
de verre aluminisées. Toutes les fibres sont rangées parallèlement les unes aux autres
et parallèlement à l'axe 15 de la munition.
[0031] Chaque galette 13 a ainsi pour épaisseur la longueur des fibres, soit de 3mm à 6mm.
Un procédé permettant de réaliser de telles galettes est décrit dans le brevet FR2797044.
[0032] La poudre de masquage formant les couches 14 (ici dix couches 14) est une poudre
métallique ou organique (par exemple d'aluminium, de bronze, de carbone ou de laiton),
dont la granulométrie est choisie en fonction de la longueur d'onde à masquer.
[0033] Concrètement le diamètre médian des particules des couches 14 est choisi inférieur
ou égal à 25 micromètres. On pourra aussi utiliser des particules en forme de lamelles
ou de feuillets.
[0034] La munition 1 comprend également un moyen de dispersion des matériaux de masquage.
[0035] Ce moyen comprend le piston 9 qui reçoit la pression des gaz engendrés par la charge
d'éjection 7 et une cane explosive 16 qui est disposée axialement au travers de l'empilement
des galettes 13 et des couches 14.
[0036] Cette cane 16 est réalisée par exemple sous la forme d'un tube de carton renfermant
une composition pyrotechnique de dispersion, par exemple une composition associant
aluminium et perchlorate de potassium.
[0037] La composition pyrotechnique de la cane 16 est initiée par un inflammateur à retard
17 qui est solidaire du piston 9 et qui est initié par les gaz de la charge d'éjection
7 au travers d'un orifice 18.
[0038] L'inflammateur 17 incorpore une composition pyrotechnique à retard qui assurera l'initiation
de la cane 16 après éjection du moyen de masquage hors de l'étui 12.
[0039] De telles compositions à retard sont bien connues de l'Homme du Métier. On la dimensionnera
de façon à assurer un retard de l'ordre de la dizaine de millisecondes entre l'initiation
du retard et celle de la composition de dispersion.
[0040] Le fonctionnement de la munition est le suivant.
[0041] L'allumeur 8 initie la charge d'éjection 7. Dans le même temps le retard de l'inflammateur
17 est initié.
[0042] La pression des gaz engendrés par la charge d'éjection 7 pousse le piston 9 qui provoque,
par l'intermédiaire de l'étui 10, le cisaillement des goupilles retenant le couvercle
12 et l'éjection de ce dernier.
[0043] L'étui 10 et son contenu se trouvent donc éjectés hors de l'enveloppe 2. Les deux
demi coquilles 10a, 10b de l'étui se séparent à l'extérieur de l'enveloppe 2 libérant
ainsi le contenu.
[0044] A l'issue du retard pyrotechnique prévu, l'inflammateur 17 initie la cane de dispersion
16. L'effet radial de celle ci provoque la dispersion simultanée des fibres des galettes
13 ainsi que de la poudre métallique des couches 14. Il en résulter un nuage de masquage
efficace à la fois dans le domaine millimétrique et dans le domaine infrarouge.
[0045] Du fait de la structure d'empilement proposée par l'invention, il n'y a pas de décantation
au fil des périodes de stockage entre les fibres de masquage millimétrique et la poudre
de masquage infra rouge.
[0046] De plus, l'alternance des galettes de fibres conductrice 13 et des couches 14 de
poudre de masquage assure une bonne répartition des fibres et des particules de poudre
dans le nuage engendré. Le mélange de fibres et de particules est plus homogène et
les performances de masquage sont donc meilleures.
[0047] Du point de vue fabrication et montage, les galettes sont réalisées suivant le procédé
décrit par le brevet FR2797044. Les galettes obtenues avec ce procédé comportent un
alésages axial délimité par un tube en carton et un étui de maintien périphérique
(par exemple en acier de 20 à 140 micromètres d'épaisseur). Ce tube et cet étui de
maintien ne sont pas représentés sur les figures pour ne pas nuire à leur clarté.
[0048] On peut donc manipuler et empiler aisément les galettes 13. On dispose donc sur un
outillage de maintien (non représenté) l'étui 10 et la cane 16 (non chargée par sa
composition de dispersion). On introduit ensuite dans l'étui 10 une première galette
13, puis on dose la quantité de poudre de masquages souhaitée pour réaliser une première
couche 14. On tasse la poudre par vibration ou compression et on positionne une deuxième
galettes 13.
[0049] On réitère ainsi les opérations pour réaliser l'empilement souhaité.
[0050] Après réalisation de l'empilement on charge la cane avec sa composition pyrotechnique
de dispersion et on positionne l'étui 10 dans l'enveloppe 2 portant le piston 9 et
la chargé d'éjection 7.
[0051] II est bien entendu possible de faire varier le nombre de galettes 13 de fibres et/ou
le nombre de couches 14 de matériau de masquage en fonction des caractéristiques de
masquage souhaitée pour le nuage à engendrer.
[0052] Il est aussi possible de faire varier la nature et/ou la longueur ou granulométrie
des matériaux des galettes de fibres et/ou des couches de poudre de masquage.
[0053] La figure 2 montre ainsi un deuxième mode de réalisation de l'invention dans lequel
le moyen de masquage comprend un empilement disposé dans l'étui 10 qui comprend deux
types de fibres différentes, formant des galettes 13a ou 13b (ici cinq galettes de
chaque type sont représentées), et deux types de matériaux pulvérulents différents,
formant les couches 14a ou 14b (ici cinq couches de chaque type sont représentées).
[0054] On pourra par exemple associer des galettes 13a formées de fibres de type fibres
de carbone enzymées ou non avec des galettes 13b formées de fibres de type fibre de
verre aluminisées (ou "chaffs").
[0055] On pourra également associer des fibres de carbone d'environ 3 mm de long à des fibres
de carbone de 6 à 8 mm de long.
[0056] On pourra utiliser pour réaliser les couches 14a un matériau pulvérulent de granulométrie
voisine de 3 à 5 micromètres et pour réaliser les couches 14b un matériau pulvérulent
de granulométrie voisine de 8 à 12 micromètres.
[0057] Ces matériaux pulvérulents pourront être de même nature ou de nature différentes
(aluminium, bronze, laiton, carbone,...).
[0058] L'invention permet donc d'optimiser le chargement en utilisant les matériaux les
plus adaptés à chaque longueur d'onde que l'on cherche à masquer. On pourra rajouter
éventuellement des additifs permettant d'augmenter le temps de suspension du nuage.
[0059] Un tel mode de réalisation permet de créer un nuage homogène dont les caractéristiques
d'occultation infrarouge et millimétrique sont optimales.
[0060] Chaque couche 14a est disposée entre une galette 13a et une galette 13b.
[0061] Chaque couche 14b est disposée entre une galette 13b et une galette 13a.
[0062] Il y a donc séparation parfaite entre les couches pulvérulentes 14a et les couches
14b. Il n'y a donc pas de risques de décantation des matériaux et la munition conserve
ses performances même après de longues durées de stockage.
[0063] On pourra également en fonction des besoins opérationnels définir une munition dans
laquelle les épaisseurs des différentes couches de matériaux pulvérulents sont différentes
le long de la munition.
[0064] On pourra également réaliser un empilement dans lequel au moins deux galettes de
fibres sont disposées l'une sur l'autre.
[0065] Les figures 3a, 3b et 3c montrent ainsi à titre d'exemple non limitatif différents
types de combinaisons ou structures de l'empilement galettes / couches qui sont possibles.
[0066] La figure 3a montre un empilement dans lequel les galettes de fibre 13 sont empilées
deux par deux et une couche de poudre de masquage 14 est disposée entre chaque groupe
de deux galettes 13.
[0067] La figure 3b montre un empilement dans lequel les couches 14a, 14b et 14c de poudre
de masquage disposées, entre deux galettes 13 de fibres ont une épaisseur différente
d'une couche à l'autre.
[0068] La figure 3c montre un empilement dans lequel les couches 14 de poudre de masquage
sont disposées entre des galettes de fibres de dimensions et caractéristiques différentes
: des premières galettes 13a de fibres de carbone ayant environ 3 mm de longueur et
des deuxièmes galettes 13b de fibres de carbone ayant 6 mm à 8 mm de longueur.
1. Munition de masquage (1) comprenant un moyen de masquage instantané efficace dans
le domaine infra rouge et/ou millimétrique disposé dans une enveloppe (2) et dispersable
à l'aide d'un moyen de dispersion, munition caractérisée en ce que le moyen de masquage comprend au moins une galette (13) de fibres conductrices et
au moins une couche (14) d'une poudre de masquage.
2. Munition de masquage selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'elle comprend un empilement disposé dans l'enveloppe (2) et alternant une ou plusieurs
galettes (13) de fibres conductrice avec une ou plusieurs couches (14) de poudre de
masquage.
3. Munition de masquage selon la revendication 2, caractérisée en ce que le moyen de dispersion comprend un piston (9) poussé par un moyen d'éjection (7)
et poussant les moyens de masquage hors de l'enveloppe (2) ainsi qu'une cane explosive
(16) disposée axialement au travers de l'empilement.
4. Munition de masquage selon une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que les fibres conductrices formant les galettes (13) sont des fibres de carbone ou des
fibres de verre aluminisées.
5. Munition de masquage selon la revendication 4, caractérisée en ce que les fibres ont une longueur comprise entre 3 mm et 10 mm.
6. Munition de masquage selon une des revendications 1 à 5, caractérisée en ce que la poudre de masquage comprend une poudre métallique ou organique.
7. Munition de masquage selon la revendication 6, caractérisée en ce que la poudre de masquage a une répartition granulométrique dont le diamètre médian est
inférieur ou égal à 25 micromètres.
8. Munition de masquage selon une des revendications 2 à 7, caractérisée en ce qu'elle comprend au moins deux couches (14) de poudre de masquage de nature et/ou granulométrie
différente.
9. Munition de masquage selon une des revendications 2 à 8, caractérisée en ce qu'elle comprend au moins deux galettes (13) de fibres de nature et/ou longueur différentes.