Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne la fabrication de tissus en fibres de carbone à partir de tissus
en fibres en matériau cellulosique précurseur du carbone.
[0002] L'invention vise plus particulièrement, mais non exclusivement, la fabrication de
tissu en fibres de carbone par carbonisation d'un tissu en fibres de viscose, notamment
en fibres de rayonne.
Arrière-plan de l'invention
[0003] Les fibres de carbone à précurseur cellulosique présentent généralement une structure
poreuse formée de carbone turbostratique très désorganisé, cette structure étant en
outre très désorientée par rapport à la direction axiale des fibres et à leur réseau
de pores.
[0004] Ces caractéristiques confèrent aux fibres de carbone une faible conductivité thermique,
ce qui les rend particulièrement aptes à la formation de revêtements de protection
thermique, tels que des revêtements ablatifs pour des chambres de combustion et tuyères
de propulseurs.
[0005] D'autres applications ont été envisagées pour les tissus en fibres de carbone à précurseur
cellulosique, notamment la réalisation de résistances chauffantes, la réalisation
d'électrodes de batteries ou de supports de catalyseurs, ou la formation de tissus
activés utilisés comme matériaux adsorbants.
[0006] Des procédés d'obtention de tissus en fibres de carbone à précurseur cellulosique
sont connus. On pourra se référer notamment aux brevets US 3 053 775, US 3 107 152,
US 3 305 315 et US 3 663 173.
[0007] Un procédé couramment utilisé consiste à réaliser une carbonisation directe d'un
tissu en fibres cellulosiques, notamment un tissu de viscose. Le tissu est mis sous
forme d'un écheveau d'une longueur d'une à plusieurs centaines de mètres. Il est précarbonisé
jusqu'à une température d'environ 400°C. La précarbonisation est réalisée dans un
conteneur de préférence sous atmosphère neutre, par exemple avec balayage par de l'azote.
Les effluents provenant de la décomposition de la cellulose sont aspirés et brûlés
dans une torchère.
[0008] La montée en température est très lente, pour respecter la cinétique de décomposition
de la cellulose, afin d'obtenir un rendement correct en carbone, et pour éviter un
emballement de la réaction de décomposition, qui est exothermique, un tel emballement
pouvant anéantir les propriétés mécaniques des fibres de carbone obtenues. A titre
d'exemple, pour un écheveau de 100 mètres, la précarbonisation peut durer jusqu'à
15 jours, ce qui est extrêmement long.
[0009] La phase de pré-carbonisation est suivie par un traitement thermique à une température
d'environ 1200°C pendant environ 1 à 2 min. Un traitement final à haute température,
pouvant par exemple atteindre 2800°C, peut être effectué pour augmenter la conductibilité
du carbone et fermer sa porosité.
[0010] Un procédé et une installation permettant d'obtenir un tissu en fibres de carbone
par carbonisation en continu d'un tissu en fibres cellulosiques, avec une durée de
traitement thermique beaucoup moins longue, sont décrits dans les brevets RU 2 005
829, RU 2 045 472 et RU 2 047 674.
[0011] Le tissu précurseur, par exemple en fibres de viscose technique, est imprégné par
un composé organosilicié ayant pour effet de conserver de bonnes propriétés mécaniques
pour le tissu en fibres de carbone obtenu. Le composé organosilicié est choisi parmi
les composés du groupe des polydiméthylphénylallylsilanes, polysiloxanes, polyméthylsiloxanes,
polysilazanes, polyalumino-organosiloxanes.
[0012] Le tissu imprégné est soumis à un traitement thermique en continu sous air à une
température comprise entre 100°C et 300°C, plus particulièrement entre 100°C et 150°C,
pour provoquer une relaxation des contraintes qui existent dans les fibres cellulosiques
et éliminer l'eau adsorbée par les fibres.
[0013] La carbonisation est ensuite réalisée sur le tissu défilant en continu dans une enceinte
sous atmosphère inerte, en élevant la température progressivement jusqu'à 300°C à
600°C. Un traitement à haute température, au maximum jusqu'à 280C°C sous atmosphère
inerte, est ensuite réalisé.
[0014] Lors de la carbonisation, les effluents gazeux de pyrolyse de la cellulose sont aspirés
et brûlés en torchère, les moyens d'aspiration étant localisés au niveau de l'enceinte
où se produit le maximum de dégradation de la cellulose.
[0015] Ce procédé permet d'obtenir des propriétés mécaniques satisfaisantes pour les fibres
de carbone, mais conduit à des déformations du tissu obtenu, telles que désorganisation
du tissage et embuvage.
[0016] De telles déformations ne sont pas acceptables, notamment lorsque le tissu doit être
utilisé pour la réalisation de préformes de pièces en matériau composite, car elles
entraînent une hétérogénéité de répartition des fibres dans la préforme, ce qui affecte
la tenue des pièces en matériau composite renforcées par ces tissus.
Objet et résumé de l'invention
[0017] L'invention a pour but d'éviter ces inconvénients en proposant un procédé d'obtention
de tissu en fibres de carbone, par carbonisation de tissu en fibres cellulosiques,
grâce auquel un tissu en fibres de carbone obtenu ne présente pas de déformation sensible.
[0018] Ce but est atteint grâce à un procédé selon lequel on soumet un tissu défilant en
continu dans une chambre de carbonisation à un traitement thermique comprenant :
- une phase initiale pour amener la température du tissu à une valeur comprise entre
250°C et 350°C, la phase initiale comprenant une montée en température à une première
vitesse moyenne comprise entre 10°C/min et 60°C/min,
- une phase intermédiaire pour élever la température du tissu jusqu'à une valeur comprise
entre 350°C et 500°C, la phase intermédiaire comprenant une montée en température
à une deuxième vitesse moyenne inférieure à la première et comprise entre 2°C/min
et 10°C/min, et
- une phase finale pour élever la température du tissu jusqu'à une valeur comprise entre
500°C et 750°C, la phase finale comprenant une montée en température à une troisième
vitesse moyenne supérieure à la deuxième et comprise entre 5°C/min et 40°C/min.
[0019] Le choix de ce profil particulier de température lors de la carbonisation répond
au souci de rechercher le meilleur compromis entre la qualité de la carbonisation,
de laquelle dépend notamment la tenue mécanique des fibres, la qualité d'aspect du
tissu, c'est-à-dire l'absence d'embuvage notable et le respect de la géométrie chaîne/trame,
et le maintien des coûts de production à un niveau acceptable.
[0020] Lors de sa carbonisation, un fil en fibres cellulosiques subit un retrait important.
Celui-ci peut atteindre 30 à 40 % lorsque le fil est libre de toute tension.
[0021] Dans le cas d'un tissu subissant un processus de carbonisation en continu, le retrait
des fils de trame est pratiquement libre et atteint donc quasiment la valeur maximale.
[0022] Le retrait des fils de trame entre l'entrée et la sortie de la chambre impose une
convergence (rapprochement progressif) des fils de chaîne. Une situation favorable
à l'obtention d'un tissu en fibres de carbone sans embuvage excessif et sans déformation
de géométrie serait celle où, le long du trajet dans la chambre, le retrait affecte
sensiblement de la même façon les fils de trame et les fils de chaîne.
[0023] Toutefois, alors que chaque fil de trame est en isothermie, les fils de chaîne qui
s'étendent parallèlement à la direction de défilement du tissu dans la chambre ne
sont pas en isothermie. La température à laquelle un même fil de chaîne est exposée
varie entre sa portion exposée à la température la plus basse, avant entrée dans la
chambre et la portion exposée à la température la plus élevée, à l'autre extrémité
de la chambre.
[0024] En outre, alors que le retrait des fils de trame est pratiquement libre, celui des
fils de chaîne reste plus ou moins légèrement inférieur à la valeur maximale possible
en raison de la tension exercée inévitablement sur les fils de chaîne par les moyens
de support et d'entraînement du tissu en défilement continu.
[0025] Le profil de température selon le procédé de l'invention vise à répondre à un premier
souci, qui est d'induire sur les fils de trame un retrait permettant de respecter
la géométrie du tissu lors de son retrait pour éviter l'embuvage ou la désorganisation
du tissu. C'est ainsi que, dans une phase initiale après entrée du tissu dans l'enceinte,
l'élévation de température est relativement rapide, pour imposer un retrait précoce
aux fils de trame.
[0026] Le profil de température vise aussi à répondre à un deuxième souci, qui est d'obtenir
une bonne qualité mécanique de fils de carbone résultant de la carbonisation. C'est
ainsi que, dans une phase intermédiaire, où se produit l'essentiel de la décomposition
de la cellulose, l'élévation de température est plus lente pour respecter au mieux
la cinétique de décomposition. Le choix d'une vitesse moyenne de montée en température
comprise entre 2°C et 10°C permet de répondre à ce souci de façon satisfaisante, sans
imposer une longueur de trajet excessive au tissu.
[0027] La phase finale de carbonisation, qui vise essentiellement à conférer au carbone
la structure désirée, peut être conduite avec à nouveau une élévation de température
plus rapide, l'essentiel du retrait en chaîne et en trame ayant été observé, afin
de réduire la durée totale de la carbonisation, donc les coûts de production.
[0028] Selon une particularité du procédé, on fait défiler le tissu dans la chambre de carbonisation
à travers des zones successives dans chacune desquelles règne une température contrôlée.
[0029] Selon une autre particularité du procédé, le temps de séjour du tissu dans la chambre
est compris entre 20 min et 2 h. La carbonisation est donc extrêmement rapide.
[0030] Selon encore un autre particularité du procédé, on soumet le tissu, avant carbonisation,
à un traitement de relaxation à une température comprise entre 100°C et 250°C, de
préférence sous air et pendant une durée par exemple comprise entre 15 min et 3 h.
Brève description des dessins
[0031] D'autres particularités et avantages de l'invention ressortiront à la lecture de
la description, faite ci-après à titre indicatif mais non limitatif, en référence
aux dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 est une vue très schématique en coupe longitudinale d'une installation
de carbonisation en continu pour l'obtention de tissus en fibres de carbone ;
- la figure 2 est une vue en coupe transversale selon le plan II-II de la figure 1 ;
- la figure 3 illustre une plage de profil thermique d'un tissu à l'intérieur d'une
chambre de carbonisation selon un procédé conforme à l'invention ; et
- la figure 4 montre un tissu obtenu par mise en oeuvre d'un procédé autre que celui
de l'invention.
Description détaillée de modes de réalisation de l'invention
[0032] Une installation de carbonisation en continu d'un tissu en fibres cellulosiques est
montrée très schématiquement sur la figure 1.
[0033] La carbonisation est effectuée sur un tissu T en fibres cellulosiques, par exemple
en fibres de viscose technique, auquel a été ajouté un composé organosilicié qui agit,
lors de la décomposition de la cellulose, pour que les fibres de carbone obtenues
conservent de bonnes propriétés mécaniques.
[0034] A cet effet, le tissu de viscose T, à l'état sec et débarrassé de tout ensimage,
est imprégné par passage dans un bain contenant ledit composé organosilicié en solution.
Comme indiqué plus haut, le composé organosilicié peut être choisi parmi des polysiloxanes.
De préférence, on utilise un polysiloxane choisi dans les familles définies dans les
demandes de brevet WO 01/42541 et WO 01/42544 , ces familles étant :
- celle des polyhydrosiloxanes, cycliques, linéaires ou ramifiés, substitués par des
groupes méthyles et/ou phényles, dont la masse moléculaire moyenne en nombre est comprise
entre 250 et 10 000, avantageusement entre 2 500 et 5 000 ; et
- celle des oligomères et résines, réticulés, cycliques ou ramifiés, qui présentent
une masse moléculaire en nombre comprise entre 500 et 10 000 et qui sont constitués
de motifs de formule SiO4 (dits motifs Q4) et de motifs de formule SiOxRy(OR')z dans laquelle :
. x, y et z sont des nombres entiers, tels que x + y + z = 4 et 1 ≤ x ≤ 3
0 ≤ y ≤ 3
0 ≤ z ≤ 3 ;
. R représente l'hydrogène ou un radical alkyle, linéaire ou ramifié, comportant de
1 à 10 atomes de carbone, des R différents étant susceptibles d'intervenir dans un
même motif, lorsque y ≥ 2 ;
. R' représente, indépendamment de R, l'hydrogène ou un radical alkyle, linéaire ou
ramifié, comportant de 1 à 10 atomes de carbone, des R' différents étant susceptibles
d'intervenir dans un même motif, lorsque z ≥ 2 ;
étant entendu que : - pour les oligomères qui présentent une masse moléculaire moyenne
en nombre inférieure à 1 000, on a z # 0, dans ladite formule SiOxRy(OR')z ; et
- pour les résines qui présentent une masse moléculaire moyenne en nombre
supérieure à 2 000, on a y # 0, dans ladite formule SiOxRy(OR')z.
[0035] En particulier, le composé organosilicié peut être une résine siloxane, constituée
de motifs de formule SiO
4 (dits motifs Q
4), de motifs de formule SiO
3-OH (dits motifs Q
3) et de motifs de formule O-Si-R
3 (dits motifs M), avantageusement constituée de n
1 motifs Q
4, n
2 motifs Q
3 et n
3 motifs M, avec 2 ≤ n
1 ≤ 70, 3 ≤ n
2 ≤ 50 et 3 ≤ n
3 ≤ 50 et présentant une masse moléculaire moyenne en nombre comprise entre 2 500 et
5 000.
[0036] Le composé organosilicié peut aussi être choisi parmi les oligomères d'un silicate
organique partiellement hydrolysé, avantageusement choisi parmi les oligomères d'un
silicate d'alkyle partiellement hydrolysé, et de préférence choisi parmi les oligomères
du silicate d'éthyle partiellement hydrolysé.
[0037] L'imprégnation est réalisée en faisant défiler le tissu T dans un bac 10 contenant
le composé organosilicié choisi, en solution dans un solvant tel qu'un solvant chloré
(tétrachloréthylène par exemple) ou de l'acétone. L'imprégnation du tissu peut être
réalisée par passage dans un bain (comme illustré) et/ou par projection de la solution
de composé organosilicié sur les faces du tissu. En sortie du bac 10, le tissu imprégné
est exprimé par passage entre des rouleaux 12 afin de laisser subsister une quantité
contrôlée de composé.
[0038] Le tissu imprégné est ensuite admis dans un séchoir 14 afin d'éliminer le solvant.
Le séchage est réalisé par exemple par courant d'air chaud à contre-courant du tissu
défilant sur des embarrages 16.
[0039] Le tissu imprégné et séché est prêt à être carbonisé. Il peut être provisoirement
stocké, par exemple par bambannage dans un conteneur ou être admis directement en
continu au poste de carbonisation 18 proprement dit.
[0040] On notera que le tissu pourra avoir été aussi imprégné d'au moins un additif minéral,
acide ou base de Lewis, par exemple choisi parmi les halogénures, sulfates et phosphates
d'ammonium, de sodium, l'urée et leurs mélanges et consiste avantageusement en le
chlorure d'ammonium (NH
4Cl) ou le phosphate diammonique [(NH
4)
2HPO
4].
[0041] La carbonisation comprend un traitement thermique modéré de séchage et de relaxation
du tissu suivi du passage dans un four où la carbonisation est effectivement réalisée.
[0042] Le traitement de relaxation est effectué par admission du tissu dans une enceinte
20 à la pression atmosphérique et sous air ambiant. La température dans l'enceinte
20 est régulée à une valeur comprise entre 100°C et 250°C, par exemple environ 130°C.
Le temps de séjour dans l'enceinte 20 est de préférence compris entre 15 min et 3
h. La longueur du trajet du tissu dans l'enceinte, avec passage sur des rouleaux de
renvoi 22, est choisie pour obtenir le temps de séjour désiré en fonction de la vitesse
de défilement du tissu. Le traitement thermique de relaxation permet un relâchement
des contraintes internes des fibres cellulosiques, et une élimination de l'eau adsorbée
par le tissu.
[0043] La carbonisation est ensuite réalisée par admission du tissu dans une enceinte 30
renfermant une chambre de carbonisation 40. L'admission du tissu de fibres cellulosiques
dans la chambre 40, à une extrémité de celle-ci, et l'extraction du tissu de fibres
de carbone hors de la chambre 40, à l'autre extrémité de celle-ci, sont réalisées
à travers des boîtes d'étanchéité 50, 52. A son entrée dans la boîte 50, le tissu
est revenu sensiblement à la température ambiante.
[0044] Dans l'exemple illustré, la chambre de carbonisation est une chambre allongée dans
laquelle le tissu suit un trajet rectiligne horizontal. D'autres configurations de
la chambre de carbonisation pourront être envisagées, par exemple une chambre avec
plusieurs parties adjacentes consécutives horizontales ou verticales dans lesquelles
le tissu est guidé par des rouleaux de renvoi.
[0045] La chambre 40 est délimitée par des parois horizontales inférieure 42
a et supérieure 42
b, et des parois latérales verticales 42
c, 42
d, par exemple en graphite. La chambre 40 est entourée par une enceinte 30. A l'intérieur
de l'enceinte 30, des résistances électriques de chauffage 34 sont disposées, à proximité
des faces externes des parois 42
a, 42
b.
[0046] L'intérieur de la chambre 40 est maintenu sous atmosphère neutre, par exemple sous
azote injecté par des canalisations 36 respectivement à proximité de l'entrée et de
la sortie de la chambre. Des produits de décomposition de la cellulose, lors de sa
carbonisation, sont extraits de la chambre à travers une ou plusieurs cheminées 38.
La ou les cheminées d'extraction sont placées à un niveau du four où se produit principalement
la décomposition de la cellulose. Les produits extraits peuvent être brûlés en torchère
(non représentée).
[0047] Les boîtes d'étanchéité 50, 52 évitent un accès à l'intérieur de la chambre 40 par
l'air ambiant, ce qui aurait pour effet de perturber la circulation des gaz à l'intérieur
de la chambre 40 et d'oxyder le tissu carbonisé. Les boîtes d'étanchéité 50, 52 évitent
aussi une fuite polluante de produits de décomposition de la cellulose dans le bâtiment
abritant l'enceinte 30. On utilise avantageusement, au moins pour la boîte d'étanchéité
d'entrée 50, une combinaison d'étanchéité statique par boudin gonflable venant au
contact du tissu avec un minimum de frottement, et d'étanchéité dynamique par barrière
formée par injection de gaz neutre. Un mode de réalisation d'une telle boîte d'étanchéité
est décrit dans la demande de brevet WO 01/42542.
[0048] En coupe transversale, la chambre de carbonisation 40 présente un profil rectangulaire
allongé (figure 2). Entre l'entrée et la sortie de la chambre 40, le tissu traverse
une succession de zones adjacentes séparées les unes des autres par des parois transversales
44
a, 44
b. Les parois 44
a, par exemple en graphite, se raccordent aux parois supérieure et latérales de la
chambre 4, tandis que les parois 44
b, par exemple également en graphite, se raccordent aux parois inférieure et latérales
de la chambre 40. Les extrémités se faisant face des parois 44
a et 44
b délimitent entre elles une fente 46 pour le passage du tissu.
[0049] Le partage de la chambre 40 en plusieurs zones consécutives 40
1, 40
2, 40
3, ... permet de définir différentes zones de température entre l'entrée et la sortie
de la chambre 40. Dans chaque zone, la température est régulée à une valeur de consigne
prédéterminée. A cet effet, les courants dans les résistances 34 sont régulés par
un circuit de commande 46 à partir d'informations fournies par des sondes de température
48 disposées dans les différentes zones 40
1, 40
2, 40
3, ....
[0050] Selon l'invention, les températures dans les différentes zones de la chambre de carbonisation
sont déterminées, ainsi que la vitesse de défilement du tissu, fonction de la longueur
desdites zones, pour que le traitement thermique appliqué au tissu comprenne :
- une phase initiale au cours de laquelle la température du tissu est amenée à une valeur
comprise entre 250°C et 350°C, avec une montée en température du tissu à une première
vitesse en moyenne comprise entre 10°C/min et 60°C/min,
- une phase intermédiaire au cours de laquelle la température du tissu est amenée jusqu'à
une valeur comprise entre 350°C et 500°C, avec une montée en température du tissu
à une deuxième vitesse en moyenne inférieure à la première et comprise entre 2°C/min
et 10°C/min, et
- une phase finale au cours de laquelle la température du tissu est amenée à une valeur
comprise entre 500°C et 750°C, la phase finale comprenant une montée en température
à une troisième vitesse en moyenne supérieure à la deuxième et comprise entre 5°C/min
et 40°C/min.
[0051] La plage correspondante de profil thermique du tissu est illustrée par la figure
3 en traits pleins. Sur cette figure 3, la courbe C en traits mixtes illustre un profil
"typique".
[0052] La phase initiale vise à imposer un retrait précoce de la trame du tissu afin que
celle-ci s'adapte à la géométrie des fils de chaîne. En effet, alors que les fils
de trame s'échauffent progressivement après leur entrée dans la chambre de carbonisation,
la portion de chaque fil de chaîne pénétrant dans la chambre est influencée par la
partie située en aval exposée à une température plus élevée. Le fait d'imposer un
échauffement rapide dès l'entrée dans la chambre 40 permet à la trame de "suivre"
le retrait du tissu et d'éviter l'apparition de défauts géométriques dans le tissu.
[0053] C'est pourquoi une vitesse de montée en température relativement rapide est choisie.
Elle est en moyenne comprise entre 10°C/min et 60°C/min, de préférence entre 10°C/min
et 40°C/min. La vitesse de montée en température pourra être plus élevée au début
de la phase initiale qu'à la fin de celle-ci.
[0054] La température du tissu en fin de phase initiale est comprise entre 250°C et 350°C,
de préférence entre 270°C et 300°C.
[0055] La phase intermédiaire est celle où se produit l'essentiel de la décomposition de
la cellulose. Afin de conserver aux fibres une bonne tenue mécanique, cette décomposition
doit être contrôlée, c'est-à-dire se produire avec une vitesse modérée de montée en
température. En moyenne, cette vitesse est comprise entre 2°C/min et 10°C/min, de
préférence entre 4°C/min et 6°C/min, étant noté qu'une trop faible vitesse deviendrait
pénalisante au plan économique.
[0056] La température du tissu en fin de phase intermédiaire est comprise entre 400°C et
450°C. Cette température est celle à laquelle l'essentiel de la décomposition de la
cellulose est réalisée.
[0057] La phase finale est celle où la carbonisation des fibres est achevée jusqu'à obtention
de la structure de carbone souhaitée.
[0058] La température du tissu en fin de phase finale est comprise entre 500°C et 750°C,
par exemple comprise entre 550°C et 650°C pour atteindre un stade de carbonisation
suffisamment avancé.
[0059] Lors de la phase finale, la montée en température peut être plus rapide que dans
la phase intermédiaire, puisque la décomposition de cellulose a été pour l'essentiel
réalisée. En outre, les contraintes liées à des retraits différentiels entre chaîne
et trame sont moindres puisque l'essentiel du retrait s'est produit tant en chaîne
qu'en trame. La vitesse moyenne de montée en température est choisie entre 5°C/min
et 40°C/min, par exemple entre 25°C/min et 30°C/min.
[0060] Un profil thermique souhaité pour le tissu dans la chambre de carbonisation 40 est
susceptible d'être reproduit avec d'autant plus de précision que le nombre de zones
dans la chambre 40 est élevé, avec contrôle individuel de la température dans chaque
zone. En pratique, le nombre de zones est au minimum égal à 3, de préférence au minimum
égal à 6.
[0061] En sortie de la boîte d'étanchéité 52, le tissu passe entre des rouleaux d'appel
54 avant d'être stocké par exemple sous forme d'une bobine 56. Les rouleaux d'appel
sont associés à des moyens d'entraînement (non représentés) pour commander le défilement
du tissu à la vitesse souhaitée. On notera qu'en raison du retrait des fils de chaîne
lors de la carbonisation, la vitesse d'entrée du tissu dans la chambre 40 est supérieure
à la vitesse de sortie.
[0062] Le temps de séjour du tissu dans la chambre 40 est compris entre 20 min et 2 h.
[0063] Un traitement thermique à température élevée peut être réalisé sur le tissu carbonisé
issu de la chambre 40. Ce traitement thermique est effectué en continu par passage
du tissu dans un four 60. Ce traitement thermique vise à réaliser une structuration
des fibres de carbone. Il est effectué à une température supérieure à 1 000°C, pouvant
aller jusqu'à 2 800°C, sous une atmosphère neutre, par exemple sous azote. Le temps
de séjour du tissu dans le four 60 est de préférence compris entre 1 min et 10 min,
par exemple environ 2 min. Le tissu est repris de la bobine 56 et est stocké, en sortie
du four 60, sur une bobine 62, en étant appelé par des rouleaux 64.
[0064] Le tissu de carbone directement issu de la chambre 40 peut aussi être oxydé de façon
ménagée par exposition à de la vapeur d'eau ou à du dioxyde de carbone, dans des conditions
bien connues par ailleurs pour obtenir du tissu de carbone activé, sans traitement
thermique à température élevée.
Exemple 1
[0065] On utilise une installation de carbonisation avec une chambre partagée en 8 zones
40
1 à 40
8 d'égales longueurs.
[0066] Différentes bandes d'un même tissu de rayonne technique constitué de fils de 3 600
dtex avec 11 fils/cm en chaîne et en trame ont été carbonisées dans cette installation
après avoir subi une imprégnation par un composé organosilicié constitué par une résine
polyhydrométhylsiloxane commercialisée par la société française Rhodia Silicones sous
la référence "RHODORSIL RTV 141 B", et un traitement de séchage et relaxation à 170°C
pendant 90 min.
[0067] Différentes températures régulées dans les zones du four et différentes vitesses
de défilement ont été choisies de sorte que les températures et les vitesses de montée
en température du tissu dans les différentes zones de la chambre de carbonisation
40 se situent dans les plages indiquées dans le tableau ci-dessous. Les limites de
température sont représentées par des courbes en tirets sur la figure 3. Les durées
totales de carbonisation étaient comprises entre 30 min et 70 min.
Zone |
401 |
402 |
403 |
404 |
405 |
406 |
407 |
408 |
Temp. (°C) |
230 à 300 |
250 à 330 |
270 à 340 |
300 à 360 |
330 à 410 |
400 à 510 |
510 à 600 |
600 à 700 |
Vitesse moyenne de montée en temp. (°C/min) |
20 à 60 |
2 à 10 |
2 à 10 |
2 à 10 |
2 à 10 |
5 à 25 |
5 à 25 |
5 à 25 |
[0068] Dans ce four, la ou les cheminées d'évacuation des produits de décomposition de la
cellulose sont situées entre les zones 40
5 et 40
6.
[0069] Dans tous les cas, on observe une absence de plis sur le tissu en sortie de la chambre
de carbonisation, grâce au profil thermique conforme à l'invention.
[0070] Après carbonisation, le tissu a subi un traitement en continu à 1200°C sous azote
pendant 90 s.
[0071] Des essais de traction ont été effectués sur les différentes bandes de tissu de carbone
obtenues. Des valeurs comprises entre 30 et 70 daN/cm en chaîne, et entre 30 et 50
daN/cm en trame ont été mesurées pour un poids de tissu au m
2 compris entre 310 et 330 g. Au niveau du filament en carbone, cela correspond à une
résistance à rupture comprise entre 1000 et 1300 MPa et un module d'Young compris
entre 30 et 50 GPa.
Exemple comparatif
[0072] Un tissu en fibres de rayonne tel que celui des exemples ci-dessus a été carbonisé
en continu.
[0073] A titre de comparaison, un même tissu a été carbonisé dans des conditions semblables
à l'exception du profil de carbonisation, la montée en température du tissu ayant
été réalisée à une vitesse constante de 7°C/min de la température ambiante à 650°C.
[0074] La figure 4 montre l'aspect gaufré du tissu obtenu, dû à un décalage du retrait entre
la chaîne et la trame.
1. Procédé d'obtention d'un tissu en fibres de carbone par carbonisation en continu d'un
tissu en fibres cellulosiques,
caractérisé en ce que l'on soumet un tissu défilant en continu dans une chambre de carbonisation à un traitement
thermique comprenant :
- une phase initiale pour amener la température du tissu à une valeur comprise entre
250°C et 350°C, la phase initiale comprenant une montée en température à une première
vitesse moyenne comprise entre 10°C/min et 60°C/min,
- une phase intermédiaire pour élever la température du tissu jusqu'à une valeur comprise
entre 350°C et 500°C, la phase intermédiaire comprenant une montée en température
à une deuxième vitesse moyenne inférieure à la première et comprise entre 2°C/min
et 10°C/min, et
- une phase finale pour élever la température du tissu jusqu'à une valeur comprise
entre 500°C et 750°C, la phase finale comprenant une montée en température à une troisième
vitesse moyenne supérieure à la deuxième et comprise entre 5°C/min et 40°C/min.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on fait défiler le tissu dans la chambre à travers des zones successives dans chacune
desquelles règne une température contrôlée.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que le temps de séjour du tissu dans la chambre est compris entre 20 min et 2 h.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'avant carbonisation, on soumet le tissu à un traitement de relaxation à une température
comprise entre 100°C et 250°C.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que le traitement de relaxation est effectué sous air.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 4 et 5, caractérisé en ce que le traitement de relaxation est effectué pendant une durée comprise entre 15 min
et 3 h.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que l'on soumet le tissu carbonisé à un traitement thermique à haute température comprise
entre 1 000°C et 2 800°C, après passage dans la chambre de carbonisation.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le traitement thermique à haute température est réalisé pendant une durée comprise
entre 1 min et 10 min.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que l'on soumet le tissu carbonisé à un traitement d'activation.
1. Verfahren zur Herstellung eines Gewebes aus Kohlenstoffasern durch kontinuierliche
Karbonisierung eines Gewebes aus Cellulosefasern,
dadurch gekennzeichnet, daß ein sich kontinuierlich fortbewegendes Gewebe in einer Karbonisierungskammer einer
Wärmebehandlung unterzogen wird, die folgendes umfaßt:
- eine Anfangsphase, um die Temperatur des Gewebes auf einen Wert zwischen 250 °C
und 350 °C zu bringen, wobei die Anfangsphase einen Temperaturanstieg mit einer ersten
Durchschnittsgeschwindigkeit aufweist, die zwischen 10 °C/Minute und 60 °C/Minute
liegt,
- eine Zwischenphase, um die Temperatur des Gewebes bis auf einen Wert zu erhöhen,
welcher zwischen 350 °C und 500 °C liegt, wobei die Zwischenphase einen Temperaturanstieg
mit einer zweiten Durchschnittsgeschwindigkeit umfaßt, die geringer als die erste
ist und zwischen 2 °C/Minute und 10 °C/Minute liegt, und
- eine Endphase, um die Temperatur des Gewebes bis auf einen Wert zwischen 500 °C
und 750 °C zu bringen, wobei die Endphase einen Temperaturanstieg mit einer dritten
Durchschnittsgeschwindigkeit umfaßt, die höher als die zweite ist und zwischen 5 °C/Minute
und 40 °C/Minute liegt.
2. Verfahren nach Anspruch 1, dadurch gekennzeichnet, daß das Gewebe in der Kammer durch aufeinanderfolgende Zonen geführt wird, in denen jeweils
eine kontrollierte Temperatur herrscht.
3. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 und 2, dadurch gekennzeichnet, daß die Verweilzeit des Gewebes in der Kammer zwischen 20 Minuten und 2 Stunden liegt.
4. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 und 2, dadurch gekennzeichnet, daß das Gewebe vor der Karbonisierung einer Entspannungsbehandlung bei einer Temperatur
zwischen 100 °C und 250 °C unterzogen wird.
5. Verfahren nach Anspruch 4, dadurch gekennzeichnet, daß die Entspannungsbehandlung unter Luft durchgeführt wird.
6. Verfahren nach einem der Ansprüche 4 und 5, dadurch gekennzeichnet, daß die Entspannungsbehandlung während einer Dauer zwischen 15 Minuten und 3 Stunden
durchgeführt wird.
7. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 bis 6, dadurch gekennzeichnet, daß das karbonisierte Gewebe nach dem Transport in die Karbonisierungskammer einer Wärmebehandlung
bei hoher Temperatur zwischen 1000 °C und 2800 °C unterzogen wird.
8. Verfahren nach Anspruch 7, dadurch gekennzeichnet, daß die Wärmebehandlung bei hoher Temperatur während einer Dauer zwischen einer 1 Minute
und 10 Minuten durchgeführt wird.
9. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 bis 6, dadurch gekennzeichnet, daß das karbonisierte Gewebe einer Aktivierungsbehandlung unterzogen wird.