[0001] L'invention concerne un procédé de traitement de sol comprenant l'utilisation d'au
moins un système d'électrodes monopolaires coaxiales enfoncé au moins en partie dans
le sol. L'invention concerne aussi un dispositif destiné plus particulièrement à la
mise en oeuvre d'un tel procédé. L'invention concerne enfin l'utilisation d'un tel
procédé ou d'un tel dispositif pour la déshydratation et/ou la dépollution de boues
de carrière et/ou de produits d'extraction minière et/ou de sous-produits d'extraction
minière.
[0002] Le lagunage de boues de carrière est une pratique courante. On retrouve aussi cette
pratique dans le secteur minier, que ce soit pour les résidus d'exploitation du charbon
ou pour les boues minières de divers métaux. En effet les sables, graviers, minéraux
ou autres matières, extraits du sol, doivent généralement être lavés à grande eau
lors de ou après leur extraction. On se retrouve donc à terme avec la présence de
lagunes. Ces lagunes sont des espaces comportant un mélange liquide-solide c'est-à-dire
de la boue, avec généralement une proportion majoritaire de liquide qui est le plus
souvent au moins en partie surnageant. Ces lagunes posent des problèmes en terme d'environnement
et de sécurité (sol plus ou moins mouvant). La consolidation naturelle de ces lagunes
est d'autant plus longue que le climat régional est humide. Par exemple, en Normandie,
en France, il faut plus de dix ans pour que les engins de terrassement puissent manoeuvrer
à la surface de lagunes de carrière.
[0003] Le principe de la déshydratation de telles lagunes par électro-osmose est connu.
Ainsi, dans la publication
« Stabilization Consolidation Treatments for Soft Clayey soil», Fernando Veniale,
Bul. Stiint. al Institutelui de
Constructii Bucurestii, T.30, Nr.1, 1984, p.59-67, il est décrit l'application de l'électro-osmose au traitement de consolidation d'argile
de carrières à l'aide d'électrodes à base d'aluminium. Des électrodes monopolaires
sont ainsi alternées et enfoncées régulièrement dans le terrain traité de façon à
déshydrater la carrière. Chaque électrode est d'une seule polarité. Les deux polarités
sont représentées et alternées au sein du système ainsi constitué.
[0004] De tels procédés décrits dans l'art antérieur posent beaucoup de problèmes techniques
tels que la perte de contact entre les électrodes disposées en surface et la boue
au cours du traitement, ce qui entraîne des consommations énergétiques trop importantes,
ou bien la fissuration de la boue avant qu'elle ne soit suffisamment déshydratée.
En particulier, les fissures ainsi créées posent des problèmes de parties d'eau qui
redescendent dans le sol alors qu'elles ont pourtant été plus ou moins remontées par
le traitement, ainsi que des problèmes d'isolation (le champ électrique ne fonctionnant
plus) parce que ces fissures s'étendent parallèlement aux rangées d'électrodes et
s'intercalent entre les rangées d'électrodes de signe ou de polarité opposé(e) ou
contraire.
[0005] Un autre problème qui se rencontre est le croûtage sur les lagunes (i.e. déshydratation
voire dessèchement de la surface alors que le fond n'est que peu touché par le traitement).
[0006] Le procédé et le dispositif selon l'invention permettent de résoudre les problèmes
de l'art antérieur, en ce qu'ils permettent, par l'utilisation d'au moins un système
d'électrodes monopolaires coaxiales, de préférence d'une pluralité de systèmes d'électrodes
monopolaires coaxiales, de traiter, principalement de déshydrater et/ou de dépolluer,
l'intérieur d'un sol (par exemple une lagune de carrière) par l'utilisation dudit
ou desdits systèmes d'électrodes plantés verticalement dans ledit sol, généralement
à partir de la surface. La dépollution selon l'invention comprend le traitement éventuel
de polluants, principalement d'espèces ioniques et/ou ionisables, organiques et/ou
minérales. La déshydratation selon l'invention est généralement associée à un système
de pompage généralement en surface de la carrière, ce qui permet d'en extraire l'eau.
[0007] Ainsi, le procédé selon l'invention est un procédé de traitement de sol comprenant
les étapes successives suivantes:
a) Au moins un enfoncement sensiblement vertical au moins partiel dans le sol d'au
moins un système d'électrodes monopolaires coaxiales sensiblement rectiligne, ledit
système d'électrodes comprenant au moins une tige comportant au moins une zone de
première polarité et au moins une zone isolante, et au moins un tube creux entourant
au moins partiellement ladite tige et constituant au moins partiellement une zone
de seconde polarité apte à coulisser au moins partiellement autour de ladite tige,
ladite zone de seconde polarité étant placée de façon à découvrir au moins une zone
de première polarité dudit système d'électrodes, de préférence la zone de première
polarité située le plus près de l'extrémité inférieure de ladite tige,
b) Une mise sous champ électrique du système d'électrodes.
[0008] Typiquement, l'étape a) est généralement telle que le placement de ladite zone de
seconde polarité est tel que ladite zone de seconde polarité découvre aussi au moins
partiellement une zone isolante, située généralement au moins en partie entre ladite
zone de première polarité et ladite zone de seconde polarité.
[0009] De préférence, ladite tige comprend une alternance de zones de première polarité
et de zones isolantes. Selon l'invention, « une alternance de zones de première polarité
et de zones isolantes » signifie au moins deux successions d'une zone de première
polarité et d'une zone isolante, une succession étant constituée d'une zone de première
polarité suivie d'une zone isolante, les zones de première polarité jouxtant généralement
chacune une ou deux zones isolantes, les zones isolantes jouxtant généralement chacune
une ou deux zones de première polarité.
[0010] Dans l'étape a), ledit système d'électrodes une fois enfoncé dans le sol présente
de préférence une extrémité supérieure hors du sol, c'est-à-dire au-dessus de la surface
du sol ainsi qu'il sera explicité par la suite, au moins une zone de seconde polarité
dans le sol, et une extrémité inférieure comportant au moins une zone de première
polarité dans le sol. Ainsi, dans l'étape b), le courant circule et il existe une
différence de potentiel entre la zone de première polarité découverte par la zone
de seconde polarité et ladite zone de seconde polarité, généralement séparée de la
zone de seconde polarité au moins partiellement par au moins une zone isolante.
[0011] Par « sol », on entend selon l'invention toute surface sur laquelle on pourrait marcher,
comprenant essentiellement un matériau plus ou moins hydraté dont les constituants
sont essentiellement d'origine géologique et/ou pédologique, qu'ils soient en place
naturellement et/ou à la suite d'au moins une intervention humaine. Les boues essentiellement
d'origine minérale, dont les boues de carrière, sont comprises dans cette définition,
même si on ne peut y marcher sans danger (sol plus ou moins mouvant).
[0012] Par « boue », on entend selon l'invention un mélange solide-liquide, avec généralement
plus de liquide que de solide. Typiquement, dans le cas de boues de carrière, le liquide
est de l'eau et le solide est une argile ou tout autre matériau finement divisé. En
ordre de grandeur, on peut indiquer qu'une boue contient une quantité de solide d'au
moins 50 g/l dans le liquide. A titre d'exemple, une boue de carrière peut comprendre
environ 800g/l d'argile dans de l'eau, soit de 50 à 60% en poids de matière sèche,
pour une densité d'environ 1,8.
[0013] Par « système d'électrodes monopolaires coaxiales », on entend selon l'invention
un système d'électrodes, comprenant au moins une zone de première polarité, par exemple
anodique, et au moins une zone de seconde polarité, contraire, par exemple cathodique,
c'est-à-dire comprenant généralement au moins une anode et au moins une cathode. A
la différence de l'art antérieur, ce système comprend en son sein les deux polarités,
et non pas une seule polarité. Ce système d'électrodes est polarisé sous l'action
d'un champ électrique, par exemple par la fermeture d'un circuit comprenant au moins
un générateur aux bornes de zones de polarité contraire. Il fonctionne donc le plus
souvent à tension constante. Par « électrode » on entend selon l'invention cathode
ou anode. Selon l'invention, une zone de première polarité est généralement soit cathodique,
soit anodique, et une zone de deuxième polarité, de polarité contraire à celle de
la zone de première polarité, est soit anodique, soit cathodique.
[0014] L'étape b) d'activation permet le traitement, principalement par électro-osmose et/ou
électromigration, de l'eau et des espèces ionisées présentes dans le sol à proximité
dudit système d'électrodes, c'est-à-dire dans une zone d'influence autour du système.
Par suite, selon l'invention, grâce au choix judicieux et adapté des zones de polarité
contraire, l'eau et les espèces ionisées (c'est-à-dire provenant d'espèces ioniques
et/ou ionisables) sont aptes à migrer vers la zone de seconde polarité.
[0015] Une telle zone d'influence est forcément limitée en taille, et dépend de nombreux
paramètres tels que la nature du sol, sa teneur en eau et/ou sa pollution, la géométrie,
la nature et le nombre de systèmes d'électrodes etc. Une telle zone d'influence est
aisément connue de l'homme du métier dans chacun des cas particuliers qu'il aborde,
au moins après quelques tests sur le sol subissant le traitement selon l'invention.
Il n'est pas possible de la définir précisément à l'avance, même si l'homme du métier
pratiquant usuellement un tel traitement peut connaître son ordre de grandeur.
[0016] Avantageusement, la forme coaxiale des systèmes d'électrodes permet que les éventuelles
fissures, qui peuvent être générées lors du procédé de traitement selon l'invention,
apparaissent radialement de façon à ne pas gêner le passage du champ électrique.
[0017] Dans un mode de réalisation préféré, le procédé selon l'invention comprend de plus
au moins une succession des étapes successives suivantes :
c) Une désactivation du système d'électrodes par arrêt au moins partiel du champ électrique,
d) Une remontée partielle de la zone de seconde polarité permettant de découvrir au
moins une nouvelle zone de première polarité et/ou au moins une zone isolante, et
e) Eventuellement une remise sous champ électrique du système d'électrodes.
[0018] Typiquement, l'étape d) est telle que la remontée partielle de la zone de seconde
polarité permet de découvrir au moins partiellement une nouvelle zone de première
polarité et au moins partiellement une nouvelle zone isolante, c'est-à-dire une succession
de zone de première polarité et de zone isolante. La nouvelle zone isolante est située
généralement au moins en partie entre ladite nouvelle zone de première polarité et
ladite zone de seconde polarité.
[0019] Dans un mode de réalisation du procédé selon l'invention, ledit procédé comprend
le démontage de toute zone de seconde polarité superflue. Par exemple, lors de la
réalisation de l'étape d), il est remonté à la surface une zone de seconde polarité
qui n'a plus d'utilité, et qui est donc superflue. Il est possible de prévoir que
cette zone de seconde polarité est démontable entièrement ou en partie. Ainsi le procédé
selon invention peut comprendre le démontage de ladite zone de seconde polarité superflue.
[0020] Avantageusement, lors d'une utilisation en déshydratation, le procédé selon l'invention
comprend au moins partiellement, de préférence pratiquement totalement, un pompage
de liquide, en général comprenant de l'eau, en surface du sol.
[0021] Le tube creux constituant au moins partiellement la zone de seconde polarité comprend
généralement au moins une zone isolante intérieure, généralement sur pratiquement
toute sa longueur.
[0022] Ainsi, par un procédé mettant en oeuvre l'utilisation de système(s) d'électrodes
coaxiales et des phénomènes physiques d'électro-osmose, c'est-à-dire de mise en mouvement
des molécules d'eau contenues dans une matrice plus ou moins solide par l'action d'un
champ électrique continu, et/ou d'électromigration, c'est-à-dire de mise en mouvement
d'espèces ionisées (c'est-à-dire ioniques et/ou ionisables qui se sont ionisées) par
ce même champ électrique, le procédé selon l'invention permet de déshydrater voire
de consolider des sols, en particulier des lagunes de boues de carrière. Ainsi qu'il
sera explicité ci-après, la consolidation de ces sols se fait avantageusement depuis
le fond de l'espace humidifié voire noyé, c'est-à-dire du fond de la lagune vers la
surface. De façon particulièrement avantageuse, une telle consolidation est possible
sous eau, c'est-à-dire si la surface est noyée sous une certaine épaisseur d'eau,
par exemple au moins 1,5 mètre (inclus).
[0023] « Hors du sol » signifie donc selon l'invention généralement dans l'air atmosphérique
et/ou dans l'eau.
[0024] L'invention permet donc avantageusement par rapport à l'état de la technique, grâce
à l'utilisation astucieuse et combinée d'au moins un système d'électrodes à géométrie
particulière et d'une mise en oeuvre d'un mouvement de zone de seconde polarité vers
la surface, découvrant au moins une zone de première polarité, une déshydratation
progressive à partir du fond de la lagune voire une consolidation, même sous eau.
[0025] Un autre avantage du procédé selon l'invention est une consommation énergétique faible,
parce que l'espace entre la zone de première polarité et la zone de seconde polarité
est généralement minimum, i.e. relativement faible. Un tel espace est généralement
dimensionné en fonction de divers paramètres tels que par exemple le nombre de systèmes
d'électrodes ; la géométrie de chaque système d'électrodes ; la quantité a
priori d'eau à éliminer; la pollution en espèces ioniques ou ionisables susceptibles d'être
traitées selon le procédé de l'invention.
[0026] Un autre avantage du procédé selon l'invention est la relative facilité d'implantation
du ou des systèmes d'électrodes.
[0027] Dans un mode particulier de réalisation selon l'invention, le système d'électrodes
étant principalement constitué de parties assemblables appelées tronçons, l'enfoncement
du système d'électrodes dans le sol s'effectue par un processus progressif d'enfoncement
et d'assemblage successifs des tronçons les uns aux autres, ledit processus comprenant
au moins une étape d'enfoncement au moins partiel d'au moins un tronçon, créant un
ensemble de tronçons au moins en partie enfoncé, suivie d'au moins une étape d'assemblage
au moins partiel d'au moins un autre tronçon à l'ensemble de tronçon(s) au moins en
partie enfoncé déjà constitué. Un tel mode de réalisation permet avantageusement de
faciliter l'enfoncement du système d'électrodes dans le sol. De préférence, un tel
assemblage comprend au moins un vissage.
[0028] Avantageusement, un tel mode particulier de réalisation permet la mise en oeuvre
relativement simple du procédé selon l'invention, puisqu'il s'agit d'enfoncer verticalement
des tronçons courts de système d'électrodes, de visser un ou plusieurs nouveaux tronçons
courts sur ceux-ci, d'enfoncer à nouveau et de recommencer jusqu'à atteindre le fond
du « bassin » (espace où est la majeure partie du sol humidifié voire noyé).
[0029] Les systèmes d'électrodes utilisés sont ou non deux à deux semblables, tant en dimensions
qu'en géométrie et/ou en polarité.
[0030] Dans un mode avantageux de réalisation de l'invention, le procédé selon l'invention
est tel que l'on utilise une pluralité de systèmes d'électrodes, lesdits systèmes
d'électrodes étant de préférence pratiquement tous, de préférence tous, de polarités
identiques (c'est-à-dire que les zones de même polarité ont le même signe), et on
procède aux différentes étapes, de préférence de façon pratiquement simultanée, pour
chacun desdits systèmes d'électrodes. Ainsi le traitement d'un sol, par exemple d'une
lagune de plusieurs hectares se fait simplement en implantant autant de systèmes d'électrodes
que nécessaire. Le nombre des systèmes d'électrodes varie suivant différents paramètres
tel que la surface du sol à traiter. Comme expliqué précédemment, la géométrie des
systèmes d'électrodes détermine au moins en partie la zone d'influence desdits systèmes
d'électrodes. De préférence tous les systèmes d'électrodes sont de géométrie pratiquement
identique mais il est aussi possible selon l'invention qu'ils soient au moins partiellement
de géométrie sensiblement différente, c'est-à-dire qu'au moins deux, ou bien plus
de deux, d'entre elles soient de géométrie sensiblement différente.
[0031] Dans le cas de l'utilisation pour la déshydratation de carrières, les lagunes déshydratées
voire consolidées ainsi obtenues sont les premières à être obtenues efficacement et
pendant une durée raisonnable par un procédé d'utilisation de systèmes d'électrodes
monopolaires coaxiales, ce qui présente un progrès considérable de l'invention par
rapport à l'état de la technique.
[0032] Par « activation » du système d'électrodes selon l'invention, on entend une mise
sous champ électrique. Une telle mise sous champ électrique permet le traitement de
l'eau voire des espèces ioniques et ionisables dans le sol, ainsi qu'il a été explicité
précédemment. La tension imposée est généralement sensiblement constante, et l'intensité
varie selon les paramètres tels que la nature du sol...
[0033] L'invention concerne aussi un procédé de déshydratation de sol et/ou de dépollution
de sol comprenant au moins un procédé de traitement de sol, en particulier de carrière,
selon l'invention.
[0034] L'invention concerne aussi un dispositif de traitement de sol comprenant au moins
un système d'électrodes monopolaires coaxiales sensiblement rectiligne, ledit système
d'électrodes comprenant au moins une tige comprenant au moins une zone de première
polarité et au moins une zone isolante, et au moins un tube creux entourant au moins
partiellement ladite tige et constituant au moins partiellement une zone de seconde
polarité apte à coulisser au moins partiellement autour de ladite tige, ledit système
d'électrodes étant apte à être mis sous champ électrique.
[0035] Le système d'électrodes est généralement et de préférence apte à être enfoncé au
moins partiellement dans le sol, le plus souvent de façon, une fois enfoncé dans le
sol, à présenter une extrémité supérieure hors du sol et une extrémité inférieure
comportant une zone de première polarité dans le sol. Un moyen d'enfoncement dans
le sol est par exemple une forme aiguisée et bisautée de l'extrémité inférieure devant
être enfoncée dans le sol.
[0036] Ladite tige comprend de préférence une alternance de zones de première polarité et
de zones isolantes.
[0037] Dans un mode de réalisation préféré du dispositif selon l'invention, ladite zone
de seconde polarité est en outre apte à être remontée au moins partiellement vers
le haut de façon à pouvoir découvrir au moins une nouvelle zone de première polarité,
de préférence une nouvelle alternance de zone de première polarité et de zone isolante,
et ce si possible aussi souvent que nécessaire.
[0038] De préférence, la zone de seconde polarité est apte à être démontée au moins partiellement,
de préférence pratiquement totalement.
[0039] Selon l'invention, le dispositif comprend au moins un moyen d'activation du système
d'électrodes, c'est-à-dire au moins un moyen de mise sous champ électrique du système
d'électrodes.
[0040] De façon préférée, le système d'électrodes est principalement constitué de parties
assemblables appelées tronçons, et de façon encore plus préférée un tel assemblage
comprend au moins un vissage.
[0041] La zone de première polarité ou de seconde polarité, lorsqu'elle est cathodique,
comprend généralement, de préférence est constituée principalement, d(e l)'acier inoxydable
(ou inox) ou d(e l)'acier non inoxydable, de préférence d(e l)'acier inoxydable. Dans
le cas où elle comprend principalement de l'acier non inoxydable, c'est une électrode
consommable.
[0042] La zone de seconde polarité ou de première polarité, lorsqu'elle est anodique, comprend
généralement, de préférence est constituée principalement, du (de) titane, de préférence
entièrement du (de) titane, recouvert d'au moins un composé de métal, précieux ou
non, ledit composé de métal, précieux ou non, étant choisi de préférence dans le groupe
formé par le ruthénium, l'iridium, le tantale, l'étain, et l'antimoine, sous des formes
au moins partiellement oxydées ou non, et leurs mélanges.
[0043] De préférence, la zone isolante de ladite tige comprend principalement du plastique
tel que au moins un composé polymérique choisi dans le groupe formé par le polychlorure
de vinyle, les polyéthylènes (toutes densités), les polypropylènes (toutes densités),
et leurs mélanges.
[0044] Dans le cas où la tige comporte des zones anodiques et des zones isolantes, la tige
peut par exemple dans une première version être entièrement un barreau constitué de
titane recouvert de métal précieux et comportant à intervalles réguliers, par-dessus
ledit titane, une gaine par exemple thermo rétractable typiquement en PEHD (Poly Ethylène
Haute Densité) formant zones isolantes. Une seconde version, moins onéreuse, de cet
exemple est une tige constituée de parties alternées, une des parties comportant du
titane non revêtu de métal précieux et recouvert d'une telle gaine en PEHD, et les
autres des parties étant constituées de titane recouvert de métal précieux.
[0045] Dans un mode de réalisation préféré du dispositif selon l'invention, le tube creux
constituant au moins partiellement la zone de seconde polarité comprend au moins une
zone isolante intérieure généralement sur pratiquement toute sa longueur. Dans un
tel cas, ladite zone d'isolation interne comprend généralement du plastique tel que
au moins un composé polymérique choisi dans le groupe formé par le polychlorure de
vinyle, les polyéthylènes (toutes densités), les polypropylènes (toutes densités),
et leurs mélanges.
[0046] De préférence le dispositif selon l'invention comprend en outre au moins un moyen
de placement (c'est-à-dire de mise en place par enfoncement au moins partiel dans
le sol), mécanique ou manuel, d'au moins un système d'électrodes. Un tel moyen de
placement est généralement manuel pour les faibles épaisseurs et les faibles résistances
de sol, par exemple au moins une massette ou un marteau. Sinon, un tel moyen est mécanique
; il comprend par exemple au moins une foreuse.
[0047] Les systèmes d'électrodes utilisés sont ou non deux à deux semblables, tant en dimensions
qu'en géométrie et/ou en polarité.
[0048] Selon un mode de réalisation préférée, le dispositif de l'invention comprend une
pluralité de systèmes d'électrodes, lesdits systèmes d'électrodes étant de préférence
pratiquement tous, de préférence tous, de polarités identiques, c'est-à-dire que les
zones de première polarité sont de même polarité et que les zones de seconde polarité
sont de même polarité. Le nombre des systèmes d'électrodes varie suivant différents
paramètres tel que la surface de lagune à traiter comme explicité précédemment.
[0049] Le dispositif selon l'invention est particulièrement adapté pour la mise en oeuvre
du procédé selon l'invention tel que décrit précédemment.
[0050] De même l'invention concerne l'utilisation d'un dispositif tel que décrit précédemment,
pour la déshydratation de sol et/ou pour la dépollution de sol, en particulier de
boues de carrière (lagune de carrière) et/ou de produits d'extraction minière et/ou
de sous-produits d'extraction minière.
[0051] Dans le cas d'une utilisation de déshydratation voire de consolidation de lagunes
de boues de carrière, une zone de seconde polarité est cathodique et des zones de
première polarité sont anodiques. Le phénomène d'électro-osmose entraîne progressivement
au moins partiellement, de préférence de façon pratiquement totale, l'eau vers la
zone cathodique. Ainsi, au fur et à mesure du traitement de la lagune, on fait coulisser
la zone de seconde polarité vers le haut le long des zones isolantes et de première
polarité qui sont gardées fixes. Ainsi on force l'eau à remonter le long du système
d'électrodes vers la cathode et donc progressivement vers la surface. L'eau revenue
ainsi progressivement à la surface est particulièrement facile à pomper, et éventuellement
à recycler. Ce traitement s'accompagne d'une dépollution lorsqu'il y a présence dans
le sol de cations par exemple de métaux. Lesdits cations remontent vers la surface
avec l'eau dans laquelle ils sont dissous. Ceci est particulièrement efficace dans
le cas d'une pollution récente, c'est-à-dire typiquement de quelques mois.
[0052] L'invention permet aussi une dépollution inorganique, principalement dans le cas
où une zone de seconde polarité est anodique et des zones de première polarité sont
cathodiques. Au fur et à mesure du traitement, on fait coulisser la zone de seconde
polarité vers le haut le long des zones isolantes et de première polarité qui sont
gardées fixes. Le phénomène d'électromigration entraîne progressivement au moins partiellement,
de préférence de façon pratiquement totale, les anions polluants que sont par exemple
les ions nitrates NO
3- et /ou cyanures CN
-, vers l'anode et donc vers la surface. D'autre part, l'eau et les cations éventuellement
présents dans l'eau, tels que du calcium Ca
2+, sont entraînés par phénomène d'électro-osmose et de gravité vers la zone cathodique,
et donc vers le fond ; il faut donc prévoir généralement au moins un système d'apport
d'eau au système d'électrodes par l'intérieur et/ou l'extérieur du tube, pour éviter
une déshydratation trop forte qui perturberait notablement le phénomène d'électromigration.
Une telle utilisation est très appréciable dans le cas d'une pollution accidentelle
par exemple aux nitrates d'un sol situé au-dessus d'une nappe phréatique. Elle permet
de protéger durablement ladite nappe de la pollution, par traitement dudit sol.
[0053] L'invention permet aussi une injection d'eau vers le fond d'un sol tel un puisard.
Dans ce cas, le traitement selon l'invention permet de faire circuler l'eau vers le
fond du sol, sans risque de remontée brutale de nappe et sans nécessité de fabriquer
un puits. Dans ce cas, une zone de seconde polarité est anodique et une zone de première
polarité est cathodique, et située à l'extrémité de la tige qui autrement est constituée
d'une zone isolante. Le système d'électrodes ainsi formé peut avantageusement traverser
des couches d'argile plus ou moins imperméables sans altérer leur imperméabilité de
façon importante. La cathode est située au-dessous desdites couches dans une zone
perméable. De façon avantageuse, l'argile permet en outre de filtrer l'eau qui la
traverse. Hors du sol, ledit système émerge dans l'eau que l'on veut transférer en
profondeur. L'eau (et les cations éventuellement présents dans l'eau, tels que du
calcium Ca
2+), est entraînée progressivement au moins partiellement, de préférence de façon pratiquement
totale, vers la zone cathodique, et donc vers le fond. L'eau peut ainsi traverser
ladite couche d'argile.
[0054] L'invention sera mieux décrite et d'autres caractéristiques et avantages apparaîtront
à la lecture de la description qui va suivre, donnée à titre non limitatif, par référence
aux figures 1 à 10.
[0055] La figure 1 représente, de façon schématique, un système 12 d'électrodes monopolaires
coaxiales avec cathode 1 coulissante mobile selon l'invention.
[0056] Les figures 2 à 9 représentent, de façon schématique, un traitement en trois phases
pour déshydrater une lagune 14 de boues de carrière selon l'invention, par un dispositif
comprenant le système 12 d'électrodes de la figure 1. Ainsi la figure 2 représente
un début de traitement, les figures 3 et 4 représentent une remontée partielle des
cathodes (une cathode mobile par électrode), la figure 5 représente un démontage de
parties cathodiques superflues, la figure 6 représente une remise sous champ électrique,
la figure 7 représente une remontée partielle des cathodes, la figure 8 représente
un démontage de parties cathodiques superflues, et la figure 9 représente une mise
sous champ électrique de la fin du traitement.
[0057] La figure 10 représente, de façon schématique, un autre système 13 d'électrodes monopolaires
concentriques avec anode 9 coulissante mobile selon l'invention.
[0058] La figure 1 représente, de façon schématique, un système 12 d'électrodes monopolaires
coaxiales avec cathode 1 coulissante mobile selon l'invention. Elle comprend une cathode
1 mobile coulissante comportant une isolation intérieure (non représentée), un ensemble
2 de zones isolantes fixé sur un ensemble 3 de zones anodiques fixe. La cathode 1
peut être constituée de parties 1a, 1b, 1c, 1d, 1e, 1f, 1g et 1h (non représentées
sur la figure 1). On voit que l'ensemble 2 de zones isolantes est constitué des parties
2a, 2b, 2c et 2d, et que l'ensemble 3 de zones anodiques est constitué des zones anodiques
3a, 3b, 3c, 3d et 3e. Seules les zones isolante 2a et anodique 3a sont découvertes
par la cathode 1.
[0059] Les figures 2 à 9 représentent, de façon schématique, un traitement en trois phases
pour déshydrater une lagune 14 de boue de carrière selon l'invention. Elles correspondent,
ainsi qu'il sera explicité ci-après, à un premier système 12 d'électrodes selon l'invention,
tel que représenté par exemple sur la figure 1. Ce traitement nous servira, après
description détaillée des figures 2 à 9, à illustrer les avantages de l'invention.
[0060] La figure 2 selon l'invention représente le début du traitement de la lagune 14,
de fond 15 et de surface 16, de boues de carrière, dans laquelle ont été mis en place
au moins onze systèmes 12 d'électrodes tels que représentés à la figure 1. De l'eau
4 remonte au-dessus de la surface 16, une partie 14a déjà asséchée de la lagune 14
est située au-dessus du fond 15 de celle-ci, et une partie 14b non encore asséchée
ou humide (voire noyée) de la lagune 14 est située au-dessus de ladite partie 14a.
On voit que, pour cette première phase de traitement, des zones 8 d'assèchement initial
se forment, qui se rejoignent par l'intermédiaire de zones 7 intermédiaires qui sont
aussi progressivement asséchées. L'ensemble des zones 8 et des zones 7 correspond
à la partie 14a asséchée. Les flèches 6 illustrent le mouvement de remontée de l'eau
vers la cathode 1, ce qui provoque une remontée capillaire vers la surface 16. L'eau
4 qui est apparue au-dessus de la surface 16 de la lagune 14 est pompée par au moins
une conduite 5, le pompage étant symboliquement représenté par une flèche. Dans le
cas où de l'eau 4 était présente au-dessus de la surface 16 avant le début du traitement,
il est possible mais non obligatoire selon l'invention de procéder à un pompage avant
le début dudit traitement.
[0061] La figure 3 symbolise le début de la remontée des cathodes 1. On y voit que, en plus
de la zone anodique 3a de départ et de la zone isolante 2a de départ, il a été découvert
une nouvelle zone anodique 3b sur chaque système 12 d'électrodes.
[0062] La figure 4 montre la fin de la remontée des cathodes 1. En plus de la zone anodique
3b découverte précédemment (voir figure 3), il apparaît une nouvelle zone isolante
2b. Pour les systèmes 12 d'électrodes de périphérie de lagune 14 qui étaient enfoncées
moins profondément à cause de la moindre profondeur de la lagune 14 en cet endroit,
ce sont les zones anodique 3a et isolante 2a qui sont à présent découvertes.
[0063] La figure 5 fait apparaître le démontage des parties cathodiques superflues 1a, et
éventuellement 1b, 1c, 1d et 1e des cathodes 1, selon la longueur de chaque système
12 d'électrodes de départ et donc de chaque cathode 1.
[0064] La figure 6 montre la remise sous champ électrique de la lagune 14. On voit apparaître
de nouvelles flèches 6a de remontée d'eau vers la surface 16, de nouvelles zones 8a
d'assèchement autour des systèmes 12 d'électrodes, et de nouvelles zones 7a intermédiaires
entre les zones 8a. Ainsi dans cette deuxième phase, on distingue une partie humide
14c de la lagune 14, qui est plus réduite que la partie humide 14b de la première
phase, et une partie 14d asséchée, qui correspond à l'ensemble des zones 8a et des
zones 7a, et qui est plus importante que la zone 14a asséchée de la première phase.
Le pompage est toujours illustré par la conduite 5 de pompage.
[0065] Dans la figure 7, on voit la remontée des cathodes 1 suite à la deuxième phase de
traitement, découvrant des zones anodiques 3c et des zones isolantes 2c.
[0066] La figure 8 montre le démontage des parties superflues 1f, et éventuellement 1g et
1h des cathodes 1.
[0067] La figure 9 montre une troisième phase d'assèchement par remise sous champ électrique
comprenant de nouveau des zones d'assèchement 8b auprès des systèmes 12 d'électrodes,
la remontée d'eau 4 vers la surface 16 étant indiquée par les flèches 6b, et des zones
intermédiaires 7b de jonction entre les zones d'assèchement 8b. Ainsi dans cette deuxième
phase, on distingue une partie humide 14e de la lagune 14, qui est plus réduite que
la partie humide 14c de la deuxième phase, et une partie 14f asséchée, qui correspond
à l'ensemble des zones 8b et des zones 7b, et qui est plus importante que la zone
14d asséchée de la deuxième phase. Le pompage est toujours illustré par la conduite
5 de pompage.
[0068] Pour la fin du traitement il ne reste en surface 16 de lagune 14 qu'une fine couche
14e de boue relativement molle. Celle-ci, n'étant plus alimentée (par remontée capillaire)
par l'importante masse d'eau qu'il y avait au départ entre le fond 15 et la surface
16 de la lagune 14, se dessèche naturellement avec le vent et le soleil en très peu
de temps. Eventuellement une série de mesure au pénétromètre léger de type PANDA®
permet de déterminer la résistance mécanique des matériaux déshydratés, et donc la
fin du chantier. A la fin, les systèmes 12 d'électrodes sont extraits de la lagune
14 pour être éventuellement reconditionnés pour une réutilisation sur un autre chantier
ou sur cette même lagune 14 quand elle sera de nouveau pleine. Un tel reconditionnement
comprend généralement au moins un nettoyage et/ou au moins une remise en état de dépôt
sur au moins une électrode. Il n'y a alors plus qu'à vider la lagune 14 au tracto-pelle
si besoin est, la lagune 14 déshydratée et consolidée étant à présent accessible aux
engins de chantiers.
[0069] La figure 10 représente, de façon schématique, un autre système 13 d'électrodes monopolaires
coaxiales avec anode 9 coulissante mobile selon l'invention. Le système 13 d'électrodes
comprend une anode 9 coulissante isolée à l'intérieur (isolation non représentée)
et lubrifiée à l'extérieur par exemple à l'eau ou à la bentonite, et un ensemble 10
de zones isolantes isolé fixé sur un ensemble 11 de zones cathodiques fixe. L'anode
9 peut être constituée de parties 9a, 9b, etc. (non représentées). On voit que l'ensemble
10 de zones isolantes est constitué des zones isolantes 10a, 10b, 10c et 10d, et que
l'ensemble 11 de zones cathodiques est constitué des zones 11a, 11b, 11c, 11d et 11e.
Seules les zone isolante 10a et zone cathodique 11a sont découvertes par l'anode 9.
[0070] Ainsi, la figure 10 représente un système 13 d'électrode pour destruction progressive
de polluants organiques et/ou pour remonter à la surface d'un sol des polluants anioniques
(tels que nitrates et/ou cyanures). Le système 13 d'électrodes de la figure 10 permet
donc la dépollution d'un sol 14 et/ou d'une nappe phréatique pollués par au moins
une espèce anionique par exemple choisie dans le groupe formé par les nitrates et
les cyanures. Ladite espèce anionique peut être remontée à la surface 16 pour faciliter
son traitement qui peut être biologique et/ électrochimique dans le cas des cyanures,
et/ou physico-chimique et/ou de type phytoremédiation (ou traitement par au moins
une plante). Dans le cas du traitement d'un sol, le dispositif comportant ce système
13 d'électrodes peut permettre d'éviter la contamination d'une nappe phréatique qui
n'est pas encore touchée par la pollution desdites espèces anioniques.
[0071] La remontée des polluants grâce à un dispositif comportant le système 13 d'électrodes
de la figure 10 se fait exactement selon le même mode de fonctionnement que celui
du système 12 d'électrodes décrit dans les figures 2 à 9.
[0072] Selon l'invention, il est possible de disposer de moyens supplémentaires pour modifier
l'influence des systèmes d'électrodes. Par exemple il est possible d'allonger la (les)
zone(s) isolante(s) pour élargir les zones d'influences du champ électrique et ainsi
diminuer le nombre de systèmes d'électrodes nécessaire pour couvrir une surface de
plusieurs hectares.
[0073] Selon un autre mode de réalisation, indépendant ou non du mode de réalisation précédent,
il est possible d'augmenter la longueur d'un système d'électrodes, par exemple et
de préférence en augmentant le nombre de tronçons dont est de préférence constitué
le système d'électrodes, pour aller plus profond au sein de la lagune.
[0074] Selon un troisième mode de réalisation, indépendant ou non de chacun des deux modes
de réalisation précédents, il est possible d'augmenter le nombre de systèmes d'électrodes
pour accélérer le travail.
[0075] Il est intéressant de noter que, selon le procédé de l'invention, il est très avantageux
de déshydrater la lagune en commençant par le fond. D'une part, les fissures qui apparaissent
éventuellement en cours de traitement sont radiales et ne gênent pas le procédé de
déshydratation. D'autre part, il est important de noter que le système peut fonctionner
sous eau, c'est-à-dire qu'il peut « tasser » des boues sédimentaires sous la surface
d'une retenue d'eau et ainsi permettre au moins d'espacer les opérations usuelles
de curage.
[0076] Selon l'invention, dans le cas du système 12 d'électrodes décrit dans les figures
1 à 9, les zones de première polarité, ici zones anodiques, sont activées en les découvrant.
L'eau autour de la cathode servant de lubrifiant, les efforts mécaniques sont ainsi
avantageusement limités. Quand la zone autour de la première zone de première polarité
découverte devient trop résistante, on remonte la zone de seconde polarité qu'est
la cathode, la distance entre la cathode et l'anode la plus proche étant toujours
la même, avec une teneur en eau toujours favorable au passage du courant.
[0077] En fonction de l'application visée, l'un ou l'autre des phénomènes physiques possibles
sera favorisé. Sans vouloir être lié par une explication donnée, on peut tenter de
donner l'explication suivante. En particulier les phénomènes d'électro-osmose concernent
au moins en partie les applications de déshydratation de lagune de boues ou de tassement
de sédiments dans une retenue d'eau. Le phénomène d'électromigration, qui permet généralement
de faire remonter au moins en partie à la surface des pollutions minérales et/ou qui
favorise la destruction in-situ de pollutions organiques, concerne principalement
les applications de dépollution. Par contre, tous les phénomènes électrocinétiques
ayant lieu pratiquement en même temps, dans certains cas l'électro-osmose aidera à
dépolluer au moins en partie alors que l'électromigration ne déshydratera pas. Dans
ce cas on s'arrange pour éviter l'assèchement de l'anode ou même on lubrifie l'extérieur
de l'anode coulissante avec par exemple de la boue bentonitique utilisée classiquement
lors des forages.
[0078] Pour favoriser l'un ou l'autre des phénomènes, il est possible d'agir sur les matériaux
d'électrodes en particulier des dépôts sur l'une ou l'autre des électrodes, sur le
branchement des électrodes, c'est-à-dire de choisir un dispositif à anode coulissante
ou à cathode coulissante, sur l'adaptation du matériau drainant éventuellement présent
sur la cathode et sur l'injection d'eau, de produits dissous ou de suspensions, à
différents niveaux de chaque système d'électrodes. Par exemple, l'injection de suspensions,
à différents niveaux du système d'électrodes, peut servir à lubrifier une anode coulissante.
[0079] L'invention a été testée avec succès sur la déshydratation de lagunes de carrière
et de boues de dragage non polluées.
[0080] Il est aussi possible d'utiliser l'invention pour la déshydratation de schlamm de
phosphate, de schlamm de charbon, de boues minières, et/ou de boues de forages usées.
[0081] Il est encore aussi possible d'utiliser l'invention pour la dépollution par dégradation
in-situ de polluants organiques, pour la dépollution de nappes phréatiques (nitrates,
cyanures, métaux, arsenic... etc.) par remontée des polluants en surface de sol pour
élimination ultérieure, pour la dépollution de sols même argileux par remontée des
polluants en surface pour élimination, ou bien pour le pompage d'eau profonde dans
les zones arides.
Exemple
[0082] L'exemple suivant sert à illustrer l'invention sans pour autant en limiter la portée.
[0083] Un essai a été réalisé sur site, avec un système d'électrodes donné décrit ci-après.
[0084] Il s'agit d'un des essais d'une campagne de dix jours qui a eu lieu en juillet 2003
sur un site, lagune à base de boue argileuse contenant une majorité de smectite. Le
but était simplement de montrer la faisabilité de l'invention. Les essais étaient
relativement courts (2 heures). Il s'agissait de comparer les effets de trois facteurs
: la tension, la longueur de l'anode et la longueur de la zone isolée. L'efficacité
a été évaluée par mesure de la quantité d'eau qui a été remontée en surface pendant
les deux heures avec un seul système d'électrode en fonction.
[0085] La profondeur de travail maximale pour la pointe de l'anode était systématiquement
à 2 mètres de profondeur.
[0086] La partie activée de l'anode était de longueur 30 cm et de diamètre 20 mm avec une
pointe formant un angle de 15° par rapport à l'axe de l'anode. Des tronçons de 50
cm environ étaient assemblés par vissage. Le matériau de l'anode était du titane recouvert
d'oxydes de métaux dont majoritairement de l'iridium (type DSA).
[0087] La longueur d'isolant était de 97 cm, en matériau Poly Ethylène Haute Densité (PEHD)
sous forme de matériau thermo rétractable posé directement sur l'anode.
[0088] La cathode était de longueur environ 150 cm pour un diamètre extérieur de 48,5 mm,
un diamètre intérieur de 27 mm (isolant compris), et en matériau extérieur inox alimentaire
et matériau intérieur PVC (Poly Chlorure de Vinyle). La longueur de chaque tronçon
de cathode était d'environ 560 mm. Cette pièce particulière était agrémentée de pièces
complémentaires permettant l'étanchéité interne de la cathode et l'assujettissement
de la cathode à l'anode. La jonction étanche entre les tronçons de cathode était assurée
par un joint plat en caoutchouc nitrile.
[0089] La longueur totale du système d'électrodes était d'environ 350 cm.
[0090] Le système a été mis en place à la main et soutenu par un support qui répartissait
son poids (15 kg environ) sur 1 m
2.
[0091] La couche supérieure de lagune (20 cm de hauteur) étant relativement solide (suite
à plusieurs mois de sécheresse), des planches larges posées à sa surface ont suffi
pour soutenir efficacement les opérateurs. Pour ne pas avoir d'interaction avec la
couche sèche de la lagune un trou de 30 cm a été fait et tubé pour recueillir l'eau
que le système d'électrodes remontait.
[0092] La concentration initiale de la boue est de l'ordre de 40% après 6 ans sans ajout
d'eau de lavage de granulats dans celle-ci. Aucune remontée d'eau n'est observée après
plusieurs heures dans un trou identique sans système d'électrodes.
[0093] Le volume d'eau remontée est de 500 ml environ en deux heures.
[0094] La quantité d'eau remontée en deux heures est caractéristique de la zone d'influence
du système d'électrodes pour une configuration donnée. Par contre elle n'est pas représentative
de la quantité d'eau qui serait remontée sur une durée plus longue, par unité de temps.
En l'espace de deux heures, le procédé a tout juste le temps d'initier la remontée
de l'eau (qui vient de deux mètres de profondeur environ), le débit nominal n'étant
pas encore atteint. Il faudrait probablement plusieurs jours pour que celui-ci soit
atteint.
[0095] Les dimensions du prototype seront à peu de chose près celles de la version industrielle
du système d'électrodes.
1. Procédé de traitement de sol comprenant les étapes successives suivantes:
a) Au moins un enfoncement sensiblement vertical au moins partiel dans le sol (14)
d'au moins un système (12;13) d'électrodes monopolaires coaxiales sensiblement rectiligne,
ledit système (12;13) d'électrodes comprenant au moins une tige (2,3;10,11) comportant
au moins une zone de première polarité (3a,3b,3c,3d,3e; 11a,11b,11c,11d,11e) et au
moins une zone isolante (2a,2b,2c,2d;10a,10b,10c,10d), et au moins un tube creux (1,9)
coaxial à ladite tige (2,3;10,11), entourant au moins partiellement ladite tige (2,3;10,11)
et constituant au moins partiellement une zone de seconde polarité (1;9) apte à coulisser
au moins partiellement autour de ladite tige (2,3;10,11), ladite zone de seconde polarité
(1;9) étant placée de façon à découvrir au moins une zone de première polarité (3;11)
dudit système (12;13) d'électrodes,
b) Une mise sous champ électrique du système (12;13) d'électrodes.
2. Procédé selon la revendication 1 comprenant de plus au moins une succession des étapes
successives suivantes :
c) Une désactivation du système (12;13) d'électrodes par arrêt au moins partiel du
champ électrique,
d) Une remontée partielle de la zone de seconde polarité (1;9) permettant de découvrir
au moins une nouvelle zone de première polarité (3a,3b,3c,3d,3e) et/ou au moins une
zone isolante (2a,2b,2c,2d)
e) Une remise sous champ électrique du système (12;13) d'électrodes.
3. Procédé selon l'une des revendications précédentes tel que ladite tige (2,3;10,11)
comprend une alternance de zones de première polarité (3a,3b,3c,3d,3e ;11a,11b,11c,11d,11e)
et de zones isolantes (2a,2b,2c,2d ;10a,10b,10c,10d),
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes tel que ledit système (12;13) d'électrodes
une fois enfoncé dans le sol (14) présente une extrémité supérieure au-dessus de la
surface (16) du sol (14), au moins une zone de seconde polarité (1;9) dans le sol
(14), et une extrémité inférieure comportant au moins une zone de première polarité
(3;11) dans le sol (14).
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes tel que ladite zone de seconde
polarité (1;9) est placée de façon à découvrir la zone de première polarité (3a;11a)
située le plus près de l'extrémité inférieure de ladite tige (2,3;10,11).
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes comprenant le démontage de toute
zone ou partie de zone de seconde polarité (1a,1b,1c,1d,1e,1f,1g,1h) superflue.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes comprenant au moins partiellement
un pompage (5) de liquide en surface (16) du sol (14).
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel, le système (12;13)
d'électrodes étant principalement constitué de parties assemblables appelées tronçons,
l'enfoncement du système (12;13) d'électrodes dans le sol (14) s'effectue par un processus
progressif d'enfoncement et d'assemblage successifs des tronçons les uns aux autres,
ledit processus comprenant au moins une étape d'enfoncement au moins partiel d'au
moins un tronçon, créant un ensemble de tronçon(s) au moins en partie enfoncé, suivie
d'au moins une étape d'assemblage au moins partiel d'au moins un autre tronçon à l'ensemble
de tronçon(s) au moins en partie enfoncé déjà constitué.
9. Procédé selon la revendication précédente dans lequel l'assemblage comprend au moins
un vissage.
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel on utilise une pluralité
de systèmes (12;13) d'électrodes, lesdits systèmes (12;13) d'électrodes étant pratiquement
tous de polarités identiques, et on procède aux différentes étapes pour chacun desdits
systèmes (12;13) d'électrodes.
11. Procédé de déshydratation de sol et/ou de dépollution de sol comprenant au moins un
procédé de traitement de sol selon l'une des revendications précédentes.
12. Dispositif de traitement de sol comprenant au moins un système (12;13) d'électrodes
monopolaires coaxiales sensiblement rectiligne, ledit système (12;13) d'électrodes
comprenant au moins une tige (2,3;10,11) comprenant au moins une zone de première
polarité (3a,3b,3c,3d,3e;11a,11b,11c,11d,11e) et au moins une zone isolante (2a,2b,2c,2d;10a,10b,10c,10d),
et au moins un tube creux (1;9) coaxial à ladite tige (2,3;10,11), entourant au moins
partiellement ladite tige (2,3;10,11) et constituant au moins partiellement une zone
de seconde polarité (1;9) apte à coulisser au moins partiellement autour de ladite
tige (2,3;10,11), ledit système (12;13) d'électrodes étant de plus apte à être activée.
13. Dispositif selon la revendication précédente dans lequel ledit système (12) d'électrode
est en outre apte à être enfoncée au moins partiellement dans le sol (14).
14. Dispositif selon l'une des revendications 12 ou 13 dans lequel la zone de seconde
polarité (1) est apte à être démontée (1a,1b,1c,1d,1e,1f,1g,1h) au moins partiellement.
15. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 14 comprenant au moins un moyen d'activation
du système (12;13) d'électrodes.
16. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 15 dans lequel le système (12;13) d'électrodes
est principalement constitué de parties assemblables.
17. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 16 dans lequel, lorsqu'elle est cathodique,
la zone de première polarité (3a,3b,3c,3d,3e;11a,11b,11c,11d,11e) ou de seconde polarité
(1;9) comprend de l'acier inoxydable ou de l'acier non inoxydable.
18. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 17 dans lequel, lorsqu'elle est anodique,
la zone de seconde polarité (1;9) ou de première polarité (3a,3b,3c,3d,3e;11a,11b,11c,11d,11e)
comprend du titane recouvert d'au moins un composé de métal, précieux ou non.
19. Dispositif selon la revendication précédente dans lequel ledit composé de métal, précieux
ou non, est choisi dans le groupe formé par le ruthénium, l'iridium, le tantale, l'étain,
et l'antimoine, sous des formes au moins partiellement oxydées ou non, et leurs mélanges.
20. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 19 dans lequel le tube creux (1;9)
constituant au moins partiellement la zone de seconde polarité (1;9) comprend au moins
une zone isolante intérieure sur pratiquement toute sa longueur.
21. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 20 comprenant en outre au moins un
moyen de placement, mécanique ou manuel, d'au moins un système (12;13) d'électrodes.
22. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 19 comprenant une pluralité de systèmes
(12;13) d'électrodes, lesdits systèmes (12;13) d'électrodes étant pratiquement tous
de polarités identiques.
23. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 22 destiné à la mise en oeuvre d'un
procédé selon l'une des revendications 1 à 9.
24. Utilisation d'un dispositif selon l'une des revendications 12 à 21 pour la déshydratation
de sol et/ou pour la dépollution de sol.