DOMAINE TECHNIQUE
[0001] L'invention concerne le domaine du tissage, en particulier de textiles techniques
dans lesquels au moins un fil de la trame du tissu forme un angle continu, par exemple
en relief.
[0002] Plus généralement, l'invention est relative à un système qui permet le rentrage de
plusieurs nappes et le tissage en parallèle de ces nappes, en utilisant de préférence
le même fil de trame. Les différents éléments du métier sont optimisés pour diminuer
son encombrement et faciliter les différentes étapes de tissage.
[0003] Le système selon l'invention est particulièrement adapté pour un tissage tridimensionnel
surfacique permettant d'obtenir des structures extraites d'hexaèdres, notamment des
angles trièdres, tissées de façon continue entre les différentes arêtes.
ÉTAT DE LA TECHNIQUE ANTÉRIEURE
[0004] Le tissage est utilisé depuis la plus haute antiquité pour réaliser des tissus à
base de fibres organisées sous forme de fils. En dépit de la mécanisation et de l'automatisation
du procédé ou de son utilisation pour des textiles dits « techniques », par exemple
comme renforts de matériaux composites, le procédé de tissage actuel repose sur les
mêmes bases qu'alors et, en tant que tel, a peu évolué.
[0005] De fait, tous les textiles tissés comprennent un entrelacement de fils divisés en
deux catégories : les « fils de chaîne » sont des fils parallèles aux lisières du
tissu, et ils sont entrecroisés, selon un schéma dénommé « armure », avec une série
perpendiculaire de « fils de trame ». L'armure la plus simple consiste en une alternance
dans laquelle chaque fil de trame passe successivement au dessus et en dessous d'un
fil de chaîne, avec un décalage d'une trame à l'autre (« armure toile »).
[0006] Un métier à tisser permettant le tissage d'un tissu dans la trame duquel au moins
un fil forme un angle est connu de
JP 626 43 25 A.
[0007] Pour réaliser un tissage 1, tel que schématisé sur la figure 1, les fils de chaîne
2 sont tout d'abord enroulés sur un même support, « l'ensouple » 3, parallèlement
entre eux et sur une largeur qui correspondra à la laize du tissu 1 ; un « cantre
» est utilisé pour faciliter cette opération dans le cas de matériaux fragiles, mais
possède un encombrement notable. Le fil de trame 4 sera passé entre les fils de chaîne
2, chaque passage correspondant à une « duite ». Selon le type de vecteur de duite,
la nappe 2' de fils de chaîne 2 peut être préparée (par exemple par encollage) afin
d'augmenter sa résistance mécanique, notamment au frottement.
[0008] Le passage de chaque duite est facilité par la réalisation d'une « foule » 5 dans
la nappe 2', c'est-à-dire en montant ou baissant certains fils de chaîne 2 par rapport
aux autres, de sorte qu'un espace de passage angulaire 5 est créé. Pour créer la foule
5, les fils de chaîne 2 sont rentrés dans des lisses 6, qui subiront le mouvement
perpendiculaire à la nappe 2' issue de l'ensouple 3. Différents mécanismes (à cadre,
Jacquard) permettent de créer les foules selon l'armure requise.
[0009] L'insertion de la duite 4 peut se faire par différents procédés. Un procédé classique
ancien comprend la projection, en travers de la nappe, d'une navette 7, outil qui
maintient une canette 8, cette dernière contenant un enroulement d'une certaine longueur
de fil de trame 4. Cependant, ce passage génère des frictions. Si l'encollage permet
parfois d'augmenter la résistance mécanique, cette solution ne peut être adoptée pour
tous les textiles, et en particulier, pas pour les fils de renfort pour structures
composites à forte résistance.
[0010] D'autres systèmes de passage de la duite ont ainsi été développés. En particulier,
des jets de fluide (eau ou gaz) peuvent porter le fil de l'autre côté de la nappe
; il est possible également d'utiliser une lance, voire deux lances qui s'étendent
sur la moitié de la nappe chacune : une lance saisit le fil de trame pour le transmettre,
au milieu de la nappe, à l'autre. Ces solutions ne permettent cependant le passage
que d'une longueur finie et courte de fil. Or, dans certaines utilisations, la continuité
du fil de trame est importante.
[0011] Enfin, à chaque fois qu'une duite est passée dans la foule, un peigne 9 dans les
dents duquel sont pris les fils de chaîne 2 vient la tasser sur le tissu 1 déjà formé,
pendant que les lisses 6 sont actionnées pour créer une autre foule 5 qui dépend de
l'armure.
[0012] Il est clair que la préparation de la nappe de fils de chaîne à tisser est longue.
En particulier, l'insertion des fils de chaîne 2 dans les lisses 6 doit être réalisée
avec précision, de même que la mise en place du peigne 9. Ces étapes peuvent en outre
générer des altérations du fil 2 dues au frottement, particulièrement problématiques
dans le cas de fils carbone. De plus, la présence des lisses 6 et peignes 9 implique
un dispositif de tissage d'encombrement vertical important, en particulier préjudiciable
lorsque, par exemple pour des textiles techniques, seule une longueur finie et courte
de tissu 1 est réalisée.
[0013] Par exemple, dans le domaine aéronautique, des structures composites sont développées
pour remplacer des éléments habituellement métalliques des structures caissonnées
(connues également sous la dénomination «
box »). Pour les jonctions, des « coins de malle » (ou «
corner fittings ») sont nécessaires, dont la géométrie semble simple : un coin de malle classique
10, illustré en figure 2, comprend par exemple trois parois bidimensionnelles 12,
14, 16, sensiblement planes, formant un angle trièdre trirectangle (de type « demi-cube
»).
[0014] Des procédés de tissage dit « tridimensionnel » ont certes été développés, dans lesquels
le produit résultant de l'opération de tissage comprend un entrecroisement de fils
disposés selon les trois directions de l'espace. En particulier, les procédés Aérotiss®
permettent de tisser des fibres de verre et de carbone à entrelacement multicouche
qui peuvent être utilisés pour réaliser des peaux de bord d'attaque d'avion, entre
autres. Pour des pièces de forme plus complexe, le tressage peut être utilisé : il
permet de réaliser des pièces directement en forme creuse sur un mandrin approprié.
[0015] Une préforme textile de renfort de coin de malle, tout comme la plupart des formes
tridimensionnelles à parois bidimensionnelles, ne peut cependant être réalisée sur
les machines existantes qu'à partir d'une version « à plat » des parois et par l'intermédiaire
d'une couture 10z entre au moins deux faces 14, 16.
[0016] Or une couture est un élément rapporté, plus ou moins fragile, qui pose des problèmes
de tenue mécanique inadaptés en aéronautique. De plus, la continuité des fibres selon
les différents plans n'étant pas assurée, la fonction de renfort n'est pas totalement
réalisée. De fait, les coins de malle, même pour des structures caissonnées composites,
sont fabriqués par un support métallique.
[0017] Par ailleurs, des sollicitations complexes peuvent préconiser une continuité du fil
dans d'autres pièces tissées, y compris pour un fil formant un angle au sein du tissu,
c'est-à-dire un fil étant sur une certaine longueur parallèle à un bord de la pièce
et sur une longueur consécutive parallèle à un autre bord. Cette continuité peut être
fondamentale pour les textiles techniques de renfort composite, et en particulier
en aéronautique.
[0018] Il apparaît ainsi que les métiers à tisser sont perfectibles en ce qui concerne notamment
leur utilisation pour la réalisation de textiles techniques.
EXPOSÉ DE L'INVENTION
[0019] L'invention propose un dispositif apte à réaliser des structures comprenant une pluralité
de faces orthogonales entre elles et reliées selon au moins trois arêtes de façon
continue, par exemple d'angles trièdres, sans couture.
[0020] Plus généralement, l'invention est relative à un métier à tisser permettant une insertion
de fil formant un angle au sein de la pièce à tisser.
[0021] Le métier selon l'invention comprend ainsi des premiers et deuxièmes moyens permettant
de rentrer des fils pour former deux nappes qui se croisent, des premiers et deuxièmes
moyens pour former des foules dans les deux nappes, des premiers et deuxièmes moyens
pour tasser les duites dans les deux nappes, par exemple des peignes solidaires l'un
de l'autre.
[0022] La formation d'une des nappes étant effectuée lors du tissage de l'autre, l'un des
deux moyens de rentrage au moins, de préférence les deux, est ouvert, composé de crochets.
L'un des deux systèmes de formation de foule, de préférence les deux, est également
ouvert, c'est-à-dire qu'il comprend des éléments ouverts de manipulation des fils.
Avantageusement, afin de diminuer l'encombrement, le décalage des fils pour former
la foule est effectué par l'intermédiaire d'une tige solidarisée aux éléments de manipulation,
de préférence les crochets de rentrage, qui pivote autour d'un axe et permet une mobilisation
des fils lorsqu'une pression est exercée sur elle. Avantageusement, un système basculant
entre deux positions d'appui sur la tige permet la formation de la foule : dans une
position de repos, un axe d'initialisation appuie sur toutes les tiges pour les aligner,
et dans une position d'actionnement, des éléments de poussée sélectionnés appuient
dans l'autre sens sur certaines tiges de façon à décaler certains crochets par rapport
aux autres. La bascule est de préférence réalisée autour du même axe de pivotement
que les tiges.
[0023] De plus, la duite est insérée de façon continue entre les deux nappes, et le métier
selon l'invention comprend une bobine pouvant contenir un enroulement de fil de trame
de longueur suffisante. Le métier est pourvu de moyens permettant de recevoir la bobine
lors de son insertion au niveau du coin entre les deux nappes, de préférence un réceptacle
muni de moyens de maintien temporaire qui peut en outre comprendre des moyens de guidage
de la bobine afin d'assurer une insertion sans friction.
[0024] Avantageusement, la duite est insérée de façon dirigée par solidarisation temporaire
de la bobine avec des lances d'insertion définissant une direction de tissage dans
chaque nappe. Le réceptacle de maintien de la bobine est alors avantageusement monté
de façon à tourner pour orienter son ouverture dans la direction de chaque lance utilisée.
[0025] Afin d'effectuer un tissage tridimensionnel surfacique, le métier peut être muni
de moyens permettant le décalage d'une surface tissée par rapport aux nappes, par
exemple un cadre mobile selon une direction perpendiculaire au bâti du métier.
[0026] Pour compenser les différentes tractions et permettre en particulier le tissage de
fils de type carbone non extensibles, avantageusement, les crochets de rentrage sont
associés à des moyens de mise en tension, de type ressort, à titre individuel et/ou
collectif.
[0027] Il est possible de prévoir de tisser un troisième côté d'une nappe, c'est-à-dire
un deuxième (voire troisième) coin en fournissant un fourreau de réception de bobine,
accompagné éventuellement d'une lance d'insertion. De plus, des crochets de rentrage
sur un ou deux autres côtés du bâti du métier peuvent également être fournis.
BRÈVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0028] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront plus clairement
à la lecture de la description suivante et en référence aux dessins annexés, donnés
à titre uniquement illustratif et nullement limitatifs.
La figure 1, déjà décrite, illustre schématiquement un procédé de tissage classique.
La figure 2 représente schématiquement un (pli tissé pour former un coin de malle.
La figure 3 représente un métier à tisser selon un mode de réalisation de l'invention.
La figure 4 montre un système de formation de foule utilisé de préférence dans un
métier selon l'invention.
Les figures 5A à 5H illustrent un procédé de tissage tridimensionnel surfacique avec
un métier selon l'invention.
EXPOSÉ DÉTAILLÉ DE MODES DE RÉALISATION PARTICULIERS
[0029] Selon l'invention, il est possible de fabriquer un pli tissé 10 en trois dimensions
avec continuité de fils entre chaque face 12, 14, 16 adjacente du pli. Ceci permet
notamment la formation d'un ou plusieurs coins sans autre étape que le tissage. Plus
généralement, même pour un tissage « à plat », le métier à tisser selon l'invention
permet d'insérer dans la trame un fil faisant un angle entre deux parties du fil respectivement
parallèles aux deux bords du tissu.
[0030] A cette fin, un fil de trame inséré dans une nappe de tissage doit pouvoir être inséré
dans deux directions, et donc deux nappes à tisser en même temps doivent pouvoir être
formées.
[0031] Le métier à tisser 20 selon l'invention comprend donc, sur deux côtés adjacents de
son bâti 22, de préférence orthogonaux entre eux, deux moyens de rentrage de fil,
l'un des deux au moins étant ouvert de façon à former la nappe correspondant en même
temps que le tissage : voir figure 3.
[0032] De fait, la première nappe 24A peut, tel qu'usuel, être tendue entre le premier côté
22A et le troisième côté 22C opposés du bâti, pour être tissée par un fil de trame.
Le bâti du métier comprend sur un deuxième côté 22B des crochets 26B permettant de
faire passer un fil 28 autour afin de former une nappe secondaire 24B : lors du tissage
de la nappe primaire 24A, les fils de trame primaires 28 sont prolongés pour contourner
les crochets 26B, et ainsi former une deuxième nappe 24B formant un angle fermé 30,
par exemple de 90° si le tissage est orthogonal, avec la première nappe 24A au niveau
de la pièce tissée 32. Il sera possible de tisser cet angle 30 en continu par un seul
fil de trame ; en particulier, une fois la première face 32 tissée, le fil de trame
secondaire 34, au lieu de se fixer sur un crochet, peut être utilisé pour tisser la
nappe secondaire formée 24B, les fils de trame initiaux 28 travaillant alors en fils
de chaîne.
[0033] Avantageusement, la nappe primaire 24A est mise en place par l'intermédiaire du même
système de formation de nappe à crochets 26A : l'ouverture de ce système permet la
continuité des fils de chaîne formant la nappe 24A également, particulièrement avantageuse
dans le cas de tissage de fibres servant de renfort à des structures composite, par
exemple carbone ou aramide.
[0034] De préférence, les crochets 26A, 26B sont associés individuellement à un système
de mise en tension 36A, 36B de boucle permettant de travailler des fils 28 peu extensibles
; un système de régulation 38 en tension collectif des fils peut en outre garantir
la tension du tissu 32 : la fonction « réserve de fils » de l'ensouple ou du cantre
est remplacée par un dispositif de régulation en tension des fils collectif 38 disposant
d'un recul X,Y suffisant aux dimensions de la préforme finale.
[0035] Ainsi, selon l'invention, le rentrage initial des fils de chaîne se fait, de façon
manuelle par exemple, dans une première série de cadres ouverts 22A, comprenant des
crochets d'attache 26A éventuellement de chaque côté 22A, 22C. Le tissage de cette
nappe 24A permet la formation de la première face 32 : assimilé à du tissage bidimensionnel
conventionnel, le procédé comprend l'insertion de fil de trame 28 dans la première
série de fils 24A mis en place sur le métier 20, qui travaille en chaîne (fils de
chaîne primaires). A cette fin, le métier 20 comprend un premier système de formation
de foule, qui peut être classique ou, de préférence, sera identique à celui de la
deuxième nappe et décrit plus tard.
[0036] Parallèlement au tissage de la première face 32, qui est réalisé selon une technique
usuelle et par exemple avec une armure toile, une deuxième nappe 24B est formée ;
dans le cas où l'armure de la première face 32 est orthogonale, cette deuxième nappe
24B est notamment perpendiculaire à la première face 32. A cet effet, les fils de
trame 28 utilisés pour la première face 32 traversent la nappe 24A puis font une boucle
au niveau de leur crochet respectif 26B, puis traversent à nouveau les cadres dans
l'autre sens. Suivant la forme souhaitée, il est possible de tendre ces fils de trame
primaire sur le bâti 22 au niveau d'un quatrième côté 22D opposé au deuxième côté
22B, et avantageusement muni lui aussi de crochets de rentrage ouverts assurant une
continuité du fil (en formant ainsi une quatrième nappe 24D), ou de reprendre le tissage
directement dans l'autre sens au niveau du bord opposé de la pièce tissée 32.
[0037] Ainsi, un tissu plan 32 est obtenu grâce au système de cadres ouverts, conjointement
avec un rentrage dans un second système de cadres 22B avec les fils utilisés en trame
(ou duites) 28, c'est-à-dire qu'une face 32 est tissée tout faisant le rentrage des
fils de trame 28 qui seront utilisés en chaîne dans une phase suivante pour insérer
des fils de trame secondaires 34.
[0038] La nappe secondaire 24B étant destinée à être tissée, une foule doit pouvoir être
ouverte entre les fils 28 : le métier selon l'invention comprend un deuxième système
de formation de foule 40 traversant la nappe 24B, par exemple parallèle au deuxième
bord 22B du bâti. Le système de formation 40 de foule est de préférence totalement
ouvert afin de simplifier la formation de la nappe 24B ; il peut aussi s'agir de lisses
en deux parties séparables, la première partie étant ouverte lors du rentrage de la
nappe et étant refermée par la deuxième partie une fois la nappe formée, afin de procéder
tel qu'usuel.
[0039] De préférence, l'ouverture de la foule se fait sans aucun cadre ou mécanique Jacquard,
pour un encombrement inférieur à celui imposé par ce type de système : la sélection
des fils 28, et donc leur mouvement vertical, se fait grâce à un système de bascule,
de préférence directement sur les crochets 26B. Avantageusement, le système de formation
de foule de la nappe primaire 24A également fonctionne par bascule, directement sur
les crochets de rentrage 26A : ceci est particulièrement adapté à un encombrement
réduit tel qu'on le rencontre dans des unités de tissage associées à des unités de
production de structures composites.
[0040] A cette fin, tel qu'illustré en figure 4, les crochets 26 sont chacun solidarisés
à une extrémité d'une tige de manipulation 42 ; l'autre extrémité 44 de la tige 42
est par exemple couplée au système de mise en tension 36, 38.
[0041] Entre les deux extrémités 26, 44 de la tige se trouve un axe 46 permettant le pivotement
de la tige de manipulation 42 par une poussée exercée sur un partie de celle-ci, afin
de faire monter ou descendre le crochet 26. Avantageusement, les tiges 42 sont guidées
grâce à une rampe 48, qui peut former le bord 22 du bâti du métier 20.
[0042] Pour faire basculer le crochet 26 vers le haut ou vers le bas, de préférence, un
système de bascule 50 prend appui sur une partie ou sur l'autre de la tige 42. Ainsi,
le système de bascule 50 comprend un axe d'initialisation 52 qui actionne toutes les
tiges 42 ensemble pour les aligner, créant ainsi une position initiale des crochets
26, de préférence dans une position basse qui correspond au plan de la nappe 24 de
fils de chaîne.
[0043] Le système de bascule 50 comprend par ailleurs un dispositif 54, qui sélectionne
les crochets 26' qui doivent monter en fonction de l'armure à réaliser, puis les fait
monter pour former la foule 56 par appui sur l'autre partie de la tige d'actionnement
42 correspondante. Le dispositif sélecteur 54 peut ainsi comprendre des éléments de
poussée 58 pouvant prendre deux positions en fonction de leur activation, par exemple
rétractables : lors de la formation de la foule 56, le dispositif sélecteur 54 active
les éléments 58 en conséquence, ceux-ci exercent une pression sur leur tige 42, pour
soulever les crochets 26'. Ensuite, la sélection est modifiée en fonction de l'armure
à réaliser, par sélection mécanique ou électronique des éléments de poussée 58.
[0044] L'axe d'initialisation 52 et les éléments de poussée 58 sont reliés par des moyens
tels que l'actionnement des éléments de poussée activés 58 entraîne un retrait de
l'axe d'initialisation 52. En particulier, ce couplage fonctionne lui aussi par bascule
et comprend un balancier 50 pivotant autour du même axe 46 que les tiges de manipulation
42.
[0045] La cinématique se compose ainsi de deux mouvements principaux : une rotation positive
selon l'axe de basculage 46 du système de formation de foules pour ouvrir la foule
56 et une rotation négative selon l'axe 46 refermant la foule.
- a) Le système de sélection 54 des crochets 26 est en position haute, l'axe de descente
52 est en position basse. Les crochets 26 sont donc en position initiale (ou position
basse).
- b) Une rotation positive de la bascule 50 permet au système de sélection 54, 58 de
sélectionner les crochets 26' puis de les lever. Les crochets 26' pivotent alors en
appui sur la rampe 48 en position haute. La foule 56 est ainsi ouverte, un fil de
trame peut alors être introduit et tassé.
- c) La foule 56 peut se refermer. Pour cela, l'axe de descente 52 entraîné par la bascule
50 dans sa rotation négative, abaisse les crochets levés 26'. Tous les crochets 26
se retrouvent ainsi à leur position initiale (ou position basse), la foule est fermée.
[0046] Certes, selon ce mode de réalisation illustré, les foules 56 sont formées par nombre
pair de fils de chaîne 28, mais ceci ne pose aucun problème pour les textiles techniques,
et en particulier les renforts de structures composites. Le système 40 serait toutefois
adaptable pour une armure impaire, par exemple en faisant une boucle autour de deux
crochets 26 consécutifs lors du rentrage. Il serait possible également de coupler
les tiges d'actionnement 42 à d'autres éléments de manipulation des fils, par exemple
une série de crochets placés autour de chaque fil 28 au sein de la nappe 24.
[0047] Grâce au métier à tisser 20 selon l'invention, une fois la première face 32 tissée,
le tissage se fait simultanément sur les deux nappes créées 24A, 24B (fils de chaîne
primaire et fils de chaîne secondaires), avec une insertion non rectiligne du fil
de trame 34.
[0048] Pour assurer la continuité du fil de trame secondaire 34 lors de la formation du
coin 30, la duite doit comprendre une longueur de fil suffisante ; classiquement,
le fil de trame 34 est sous forme d'enroulement autour d'une bobine 60. Des moyens
sont prévus dans le métier 20 afin de permettre un dépôt temporaire de la bobine 60
de fil de trame 34 entre les deux nappes 24A, 24B, afin de pouvoir actionner sélectivement
les moyens d'insertion dans la première 24A ou la deuxième nappe 24B. En particulier,
les moyens 62 de dépôt comprennent un réceptacle cylindrique adapté à la taille de
la bobine 60, c'est-à-dire un fourreau 62 dans lequel la bobine 60 peut être placée
de façon temporaire ; le fourreau 62 est avantageusement muni de moyens de maintien
adaptés, par exemple une pince couplée à une pointe. Le fourreau 62 peut également
être muni de moyens de guidage permettant d'éviter une friction ou un choc entre la
bobine 60 et les parois du fourreau 62 lors de l'insertion ; par exemple, la bobine
60 est dotée d'un appendice pointu (unitaire ou ajouté) à l'extrémité entrant dans
le fourreau 62, qui lui est muni d'un orifice de forme complémentaire, débouchant
ou non, permettant un réajustement progressif de la position de la bobine 60 par le
guidage de l'appendice dans l'orifice.
[0049] Le fourreau 62 est placé dans le bâti 22, entre les premier et deuxième côtés 22A,
22B et les nappes 24A, 24B. Avantageusement, comme la duite 34 est insérée selon une
direction prédéterminée dans chaque nappe 24, le fourreau 62 est monté de façon rotative
de sorte que son ouverture peut faire face aux deux directions d'insertion de la duite
34.
[0050] De préférence, l'insertion de la duite 34 est effectuée par l'intermédiaire d'une
lance directionnelle 64 dans chaque nappe 24. Chaque lance 64 comprend alors des moyens
permettant de se coupler de façon temporaire à la bobine 60, et de la poser dans le
fourreau 62 lorsqu'elle y parvient, permettant ainsi le transfert de la bobine 60
d'une lance à l'autre (système à insertions multiples de duites). Ainsi, une continuité
des fils peut être assurée tout en évitant un endommagement des fils constituant la
foule : pour le tissage, la premier lance 64A portant la bobine 60 est introduite
dans la foule ouverte, par exemple orthogonalement à la nappe 24A. Arrivée à l'extrémité
de la nappe de fils de chaîne 24A, la lance 64A dépose alors la bobine 60 dans le
fourreau 62, puis ressort à vide de la foule pour revenir en position initiale. Le
système de formation de la foule se referme alors, un peigne de tassage est éventuellement
utilisé, formant le tissu ; le fourreau 62 tourne vers la deuxième direction perpendiculaire
à l'autre nappe 24B et une lance 64B à vide vient chercher la bobine 60 pour retraverser
la deuxième foule.
[0051] Ce transfert permet de diriger le fil et donc de tisser selon un angle. Bien entendu,
suivant le nombre de nappes 24 à tisser dans le métier, il est possible de former
plusieurs coins 30 : il y a alors autant de fourreaux 62 qu'il y a d'angles 30. Cette
technique permet d'assurer la continuité des fils tout en assurant une grande directivité
au tissage et en minimisant les frictions entre les fils.
[0052] Parallèlement au tissage du coin 30, il est avantageux de procéder à un décalage
de la face tissée 32 dans une direction comprenant une composante Z normale au plan
X,Y des nappes. Par exemple, un abaissement de la surface 32 tissée par rapport aux
nappes 24A, 24B permet de placer la duite 34 formant un angle 30 au dessus de cette
surface 32, et de former une pièce tridimensionnelle comprenant une première paroi
32 et deux ébauches de parois, c'est-à-dire un coin. Le dispositif permet alors de
tisser un pli de forme angle trièdre directement selon le profil tridimensionnel désiré,
par exemple selon la figure 2, avec continuité des fils entre les faces 12, 14, 16
et au niveau des arêtes 10z.
[0053] A cette fin, le métier 20 comprend alors des moyens 66 permettant ce décalage. En
particulier, le tissage est réalisé sur des fils tendus dans un bâti 22, qui reste
fixe, mais qui comprend un cadre mobile 66 de mise en forme qui décale la préforme
tissée en prenant appui sur la première face 32 afin d'assurer la formation du coin
30, la tension du tissu et le « marquage » des arêtes. Le cadre mobile 66 correspond
de préférence à la surface de la première face 32 tissée, mais il pourrait se limiter
à une zone adjacente aux arêtes de cette face, voire aux seules arêtes le long desquelles
le fils de trame secondaire 34 passe. Le cadre 66 fait descendre le tissu au fur et
à mesure que le tissage dans le sens Z est avancé, afin d'obtenir un placement optimisé
des fils 34 travaillant dans la direction Z lors du tissage.
[0054] Tel qu'illustré dans les figures 5, le tissage par un métier selon l'invention se
réalise de préférence de la façon suivante :
- 1. Dans un premier temps, tel que présenté plus haut et illustré en figure 3, il y
a formation de la première nappe 24A, tissage de la première face 32 parallèlement
au rentrage de la deuxième nappe 24B. La duite 28 peut être insérée par le premier
système à lance 64A ou manuellement ; la duite 28 peut être continue avec les fils
de chaîne ou non.
- 2. La foule 56A de la première nappe 24A s'ouvre : figure 5A.
- 3. La première lance 64A, tenant à son extrémité la bobine 60 de fil de trame secondaire
34, s'insère dans la foule 56A ; il est possible que le fil de trame secondaire 34
soit unitaire avec le fil de trame primaire 28. Une fois la foule traversée, la lance
64A insère la bobine 60 dans le premier fourreau 62 et la relâche après que le fourreau
62 a bloqué la bobine 60 : figure 5B.
- 4. La première lance 64A ressort de la foule 56A qui se referme. Pendant ce temps,
le fourreau 62 fait une rotation en direction de la seconde lance 64B, et la seconde
série de cadres ouvre une foule 56B dans la deuxième nappe 24B : figure 5C.
- 5. La seconde lance 64B vient s'insérer dans la deuxième foule 52B pour venir chercher
la bobine 60 qui s'y fixe : figure 5D.
- 6. Le fourreau 62 lâche la bobine 60 puis la lance 64B ressort de la foule 56B avec
la bobine 60 ; la foule 56B peut se fermer et la nappe 24B se reformer. Il y a alors
tassage de la duite 34 insérée sur chacun des côtés de la face 32 tissée, un angle
30 étant formé : figure 5E.
- 7. Pour la réalisation d'un coin tridimensionnel, il y a poussée par le cadre mobile
66 pour décaler verticalement la première face 32 : figure 5F.
- 8. Le procédé se répète ensuite, avec ouverture d'une foule 56B' dans la deuxième
nappe 24B, insertion de la deuxième lance 64B pour déposer la bobine 60 dans le fourreau
et retrait de cette lance pour que le fourreau 62 soit tourné vers la première lance
64A : figure 5G ; et ainsi de suite.
[0055] Les fils de trame secondaires 34 sont ainsi insérés de façon non rectiligne, selon
les directions selon X puis selon Y, permettant la fabrication des faces orthogonales
; les réserves de fils X et Y combinés aux systèmes de régulation collectifs de tension
permettent de fournir la matière pour la constitution de ces faces.
[0056] Il est préférable que le peigne de tassage de chaque duite secondaire 34 soit unitaire
pour les différentes faces, de façon à procéder une fois l'ensemble de l'angle 30
réalisé. Ainsi, l'orientation parallèle des fils de trame 34 par rapport à la première
face 32 est optimisée.
[0057] On obtient ainsi un coin 70, illustré en figure 5H, dont le fil 72 peut être continu,
grâce à une insertion non rectiligne et un rentrage dans des cadres ouverts 22A, 22B
pendant la phase de tissage. Ceci est particulièrement avantageux car les machines
tridimensionnelles existantes ne fabriquent que des formes « volumiques » (cubique,
cylindrique) ou profilées (T, H, E,...) : ici, il s'agit de fabriquer une forme 70
tridimensionnelle à parois bidimensionnelles. De plus, ce système répond aux besoins
en terme de continuité de fil 72. Par ailleurs, le mouvement selon l'axe Z permet
d'épouser les formes du pli tridimensionnel 10, ce qui facilite grandement sa fabrication,
et ce pendant sa phase de tissage.
[0058] En particulier, le dispositif est adapté à la réalisation de coins de malle selon
la figure 2, dans lesquels les dimensions de la pièce 10 sont de l'ordre de 400 mm
× 220 mm × 200 mm, voire 800 × 220 × 200 mm
3. Le fil carbone utilisé comprend avantageusement entre 6000 et 24000 filaments, de
préférence 12000. La masse surfacique idéale de chaque pli est de 200 g/m
2 à 1200 g/m
2, de préférence 600 g/m
2. Un angle trièdre 70 ainsi réalisé permet la formation d'un coin de malle 10 après
imprégnation d'une résine. Avantageusement, le rapport volumique des fibres au sein
du volume total de la pièce finie est de 55 à 60 %. La préforme peut de préférence
être superposée à d'autres préformes de même nature, avantageusement avec une angulation
entre leurs fils, de façon à optimiser la résistance de la pièce finale 10 vis-à-vis
des directions des sollicitations mécaniques dans la pièce composite.
[0059] Bien que décrit avec un angle trièdre trirectangle 70, d'autres possibilités sont
envisageables. En particulier, il est possible de décaler la première face 32 de façon
oblique, pour former des faces non orthogonales entre elles. Il est possible également
de ne pas réaliser un tissage à angles droits sur la première face 32.
[0060] Il est possible également de réaliser une structure à plusieurs coins, issue notamment
d'un hexaèdre et comprenant quatre ou cinq faces. Dans ce cas, les étapes 5 et 6 précédentes
se répètent autant de fois que d'angles 30 (donc de fourreaux 62) jusqu'à ce que la
bobine parvienne à la dernière lance ou jusqu'à ce qu'elle ait effectué un tour complet,
où l'étape 7 est alors engagée. Si un tour complet (quatre duites passées autour de
la face 32) a été réalisé, il est possible soit de récupérer la bobine 60 par la première
lance 64A, de sorte que la navette 60 ne cesse de tourner, passant d'une lance à la
suivante, soit, tout comme une arrivée « classique » à la dernière lance, de faire
faire le parcours inverse à la bobine : la bobine est transmise de fourreau en fourreau
par les lances jusqu'à sa position initiale.
[0061] Le métier selon l'invention est donc particulièrement adapté pour le tissage de renforts
de structures composite, au vu des optimisations permettant un moindre encombrement
tout en autorisant le tissage de fils formant des angles, éventuellement selon trois
dimensions. Cependant, d'autres applications sont envisageables, et notamment, chacun
des éléments composant le métier selon l'invention peut être utilisés indépendamment
l'un de l'autre.
1. Métier à tisser (20) permettant le tissage d'un tissu (70) dans la trame duquel au
moins un fil (34) forme un angle (30), le bâti du métier formant un cadre (22) à quatre
côtés, comprenant :
- des premiers moyens de rentrage de fils sur le premier côté (22A) pour former une
première nappe (24A) entre le premier et le troisième côtés (22A, 22C),
- des deuxième moyens de rentrage de fils sur le deuxième côté (22B) pour former une
deuxième nappe (24B) entre le deuxième côté (22B) et un quatrième bord, composés de
crochets (26B) ouverts autour desquels les fils (28) peuvent former une boucle,
- un premier système de formation de foule sur la première nappe (24A) au niveau du
premier côté (22A),
- un deuxième système de formation de foule (40) sur la deuxième nappe (24B) au niveau
du deuxième côté (22B), comprenant des éléments ouverts (26B) de manipulation des
fils (28),
- une bobine (60) permettant de contenir un enroulement de fil de trame (34) destiné
à tisser les nappes,
- un réceptacle (62) localisé entre les premier et deuxième côtés (22A, 22B), et les
première et deuxième nappes (24A, 24B), permettant de retenir la bobine (60),
- un premier et un deuxième peignes de tassement de duite traversant les première
et deuxième nappes (24A, 24B).
2. Métier selon la revendication 1 dans lequel les éléments de manipulation des fils
du deuxième système de formation de foule (40) sont les crochets de rentrage (26B)
prolongés par des tiges d'actionnement (42), chaque tige (42) pivotant autour d'un
axe (46).
3. Métier selon la revendication 2 dans lequel le deuxième système de formation de foule
(40) comprend des moyens (50) de pression sélective sur les tiges (42) basculant entre
une position de repos et une position d'actionnement de sorte qu'en position d'actionnement,
certains crochets de rentrage (26') sont décalés par rapport aux autres perpendiculairement
à la nappe (24B).
4. Métier selon la revendication 3 dans lequel les moyens de pression sélective (50)
basculent autour du même axe (46) que les tiges d'actionnement (42) et comprennent
un axe d'initialisation (52) pouvant exercer une poussée sur toutes les tiges (42)
pour les aligner et des moyens de sélection (54, 58) pouvant exercer une pression
opposée sur certaines tiges (42) pour former la foule (56).
5. Métier selon l'une des revendications 1 à 4 dans lequel le premier système de rentrage
est composé de crochets (26A) ouverts autour desquels les fils peuvent former une
boucle.
6. Métier selon la revendication 5 dans lequel le premier système de formation de foule
est de nature similaire au deuxième système de formation de foule (40).
7. Métier selon l'une des revendications 1 à 6 dans lequel les crochets de rentrage (26)
sont associés à des moyens de mise sous tension (36, 38).
8. Métier selon l'une des revendications 1 à 7 comprenant des premiers et deuxièmes moyens
(64) pour déplacer la bobine (60) à travers les première et deuxième nappes (24A,
24B) selon une première et une deuxième directions et pour la placer dans le fourreau
(62).
9. Métier selon la revendication 8 dans lequel le fourreau (62) comprend une ouverture
de réception de la bobine (60) et est rotatif entre deux positions dans lesquelles
l'ouverture est dirigée respectivement selon la première et la deuxième direction.
10. Métier selon la revendication 9 dans lequel la bobine (60) comprend un appendice de
forme pointue, et le fourreau (62) comprend sur sa face opposée à l'ouverture de réception
un orifice complémentaire de l'appendice de façon à guider la bobine (60) lors de
son insertion.
11. Métier selon l'une des revendications 8 à 10 dans lequel les moyens pour déplacer
la bobine (60) comprennent une première et une deuxième lances (64A, 64B) pouvant
être solidarisées de façon amovible à la bobine (60), et le fourreau (62) comprend
des moyens pour pouvoir retenir de façon amovible la bobine (60).
12. Métier selon l'une des revendications 1 à 11 comprenant en outre des moyens (66) pour
déplacer une partie tissée (32) de la première nappe (24A) selon une direction orthogonale
(Z) aux nappes (24A, 24B).
13. Métier selon l'une des revendications 1 à 12 dans lequel les premier et deuxième peignes
sont solidaires l'un de l'autre.
14. Métier selon l'une des revendications 1 à 13 comprenant en outre des troisièmes crochets
de rentrage (26) sur le côté (22D) opposé au deuxième côté (22B) pour former le quatrième
bord.
15. Métier selon l'une des revendications 1 à 14 comprenant un deuxième fourreau (62)
opposé au premier par rapport à l'une des première et deuxième nappes (24A, 24B) et
une troisième lance (64) d'insertion de la bobine (60) se dirigeant vers le deuxième
fourreau (62).
1. A weaving loom (20) used for the weaving of a fabric (70) in the weft of which at
least one thread (34) forms a angle (30), with the loom structure forming a frame
(22) with four sides that include:
- first means of drawing-in of threads on the first side (22A) to form a first strip
(24A) between the first and the third sides (22A, 22C),
- second means for the drawing-in of threads on the second side (22B) to form a second
strip (24B) between the second side (22B) and a fourth edge, composed of open hooks
(26B) around which the threads (28) can form a loop,
- a first weaving-shed formation system on the first strip (24A) at the level of the
first side (22A),
- a second weaving-shed formation system (40) on the second strip (24B) at the level
of the second side (22B), including open elements (26B) for manipulating the threads
(28),
- a spool (60) used to contain a winding of weft thread (34) intended to weave the
strips,
- a receptacle (62) located between the first and second sides (22A, 22B), and the
first and second strips (24A, 24B), used to hold the spool (60),
- a first and a second pick-tamping comb traversing the first and second strips (24A,
24B).
2. A loom according to claim 1, in which the elements for manipulating the threads of
the second weaving-shed formation system (40) are drawing-in hooks (26B) extended
by operating rods (42), with each rod (42) pivoting about an axle (46).
3. A loom according to claim 2, in which the second weaving-shed formation system (40)
includes means (50) for putting selective pressure on the rods (42), stitching between
a rest position and an operating position so that, in the operating position, certain
drawing-in hooks (26') are offset in relation to the others, perpendicularly to the
strip (24B).
4. A loom according to claim 3, in which the means for putting selective pressure (50)
tilt about the same axle (46) as the operating rods (42) and include an initialisation
axle (52) that is able to exert a thrust on all the rods (42) in order to align them,
and selection means (54, 58) that are able to exert an opposite pressure on certain
rods (42) to form the weaving shed (56).
5. A loom according to one of claims 1 to 4, in which the first drawing-in system is
composed of open hooks (26A) around which the threads can form a loop.
6. A loom according to claim 5, in which the first weaving-shed formation system is of
a similar nature to the second weaving-shed formation system (40).
7. A loom according to one of claims 1 to 6, in which the drawing-in hooks (26) are associated
with tensioning means (36, 38).
8. A loom according to one of claims 1 to 7, including first and second means (64) to
move the spool (60) across the first and second strips (24A, 24B) along first and
second directions, and to place it into the sheath (62).
9. A loom according to claim 8, in which the sheath (62) includes an opening for reception
of the spool (60), and rotates between two positions in which the opening is directed
along the first and the second directions respectively.
10. A loom according to claim 9, in which the spool (60) includes an appendage of pointed
shape, and the sheath (62) includes, on its face opposite to the reception opening,
an orifice complementary to the appendage so as to guide the spool (60) during its
insertion.
11. A loom according to one of claims 8 to 10, in which the means to move the spool (60)
include first and second rapiers (64A, 64B) that can be attached to the spool (60)
in a removable manner, and the sheath (62) includes means so that it is able to hold
the spool (60), in a removable manner.
12. A loom according to one of claims 1 to 11, which also includes means (66) to move
a woven part (32) of the first strip (24A) in a direction (Z) orthogonal to the strips
(24A, 24B).
13. A loom according to one of claims 1 to 12 in which the first and second combs are
attached to each other.
14. A loom according to one of claims 1 to 13, that also includes third drawing-in hooks
(26) on the side (22D) opposite to the second side (22B), to form the fourth edge.
15. A loom according to one of claims 1 to 14, that includes a second sheath (62) opposite
to the first, in relation to one of the first and second strips (24A, 24B), and a
third rapier (64) for insertion of the spool (60) and pointing toward the second sheath
(62).
1. Webmaschine (20), die zum Weben eines Gewebes (70), in dessen Schuss mindestens ein
Faden (34) einen Winkel (30) bildet, geeignet ist, wobei das Maschinengestell einen
Rahmen (22) mit vier seiten bildet, umfassend:
- erste Mittel zum Einbringen von Fäden an der ersten Seite (22A) zum Bilden einer
ersten Fadenlage (24A) zwischen der ersten und der dritten Seite (22A, 22C),
- zweite Mittel zum Einbringen von Fäden an der zweiten Seite (22B) zum Bilden einer
zweiten Fadenlage (24B) zwischen der zweiten Seite (22B) und einem vierten Rand, die
aus offenen Haken (26B) bestehen, um die die Fäden (28) eine Schlinge bilden können,
- ein erstes System zur Fachbildung an der ersten Fadenlage (24A) auf der Höhe der
ersten Seite (22A),
- ein zweites System zur Fachbildung (40) an der zweiten Fadenlage (24B) auf der Höhe
der zweiten Seite (22B), das offene Elemente (26B) zur Manipulation der Fäden (28)
umfasst,
- eine Spule (60), die geeignet ist, aufgerollten Schussfaden (34), der zum Verweben
der Fadenlagen bestimmt ist, aufzunehmen,
- einen Behälter (62), der zwischen der ersten und der zweiten Seite (22A, 22B) und
der ersten und der zweiten Fadenlage (24A, 24B) positioniert ist und der die Spule
(60) aufnehmen kann,
- ein erstes und ein zweites Schussriet (Schussweblade), das durch die erste und die
zweite Fadenlage (24A, 24B) geht.
2. Maschine nach Anspruch 1, wobei die Elemente zur Manipulation der Fäden des zweiten
Systems zur Fachbildung (40) Einbringhaken (26B) sind, die durch Betätigungsstangen
(42) verlängert sind, wobei sich jede Stange (42) um eine Achse (46) dreht.
3. Maschine nach Anspruch 2, wobei das zweite System zur Fachbildung (40) Mittel (50)
für selektiven Druck auf die Stangen (42) umfasst, wobei die Stangen zwischen einer
Ruheposition und einer Betätigungsposition derart kippen, dass in der Betätigungsposition
bestimmte Einbringhaken (26') in Bezug auf die anderen senkrecht zur Fadenlage (24B)
versetzt sind.
4. Maschine nach Anspruch 3, wobei die Mittel für selektiven Druck (50) um die gleiche
Achse (46) wie die Betätigungsstangen (42) kippen und eine Initialisierungsachse (52),
die auf alle Stäbe (42) eine Schubkraft zur gleichen Ausrichtung derselben ausüben
kann, und Auswahlmittel (54, 58), die auf bestimmte Stangen (42) zur Bildung des Fachs
(56) einen entgegengesetzten Druck ausüben können, umfassen.
5. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 4, wobei das erste Einbringsystem aus offenen
Haken (26A) gebildet ist, um die die Fäden eine Schlinge bilden können.
6. Maschine nach Anspruch 5, wobei das erste System zur Fachbildung von ähnlicher Art
wie das zweite System zur Fachbildung (40) ist.
7. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 6, wobei die Einbringhaken (26) mit Spannmitteln
(36, 38) verbunden sind.
8. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 7, umfassend erste und zweite Mittel (64)
zum Verschieben der Spule (60) quer durch die erste und zweite Fadenlage (24A, 24B)
in einer ersten und einer zweiten Richtung und zum Platzieren in die Hülse (62).
9. Maschine nach Anspruch 8, wobei die Hülse (62) eine Öffnung zur Aufnahme der Spule
(60) umfasst und zwischen zwei Positionen drehbar ist, in denen die Öffnung in die
erste bzw. die zweite Richtung gerichtet ist.
10. Maschine nach Anspruch 9, wobei die Spule (60) ein Anhanggebilde einer spitzen Form
umfasst und die Hülse (62) auf deren zur Aufnahmeöffnung entgegengesetzten Seite eine
zu dem Anhanggebilde komplementäre Öffnung zur Führung der Spule (60) während deren
Einführung umfasst.
11. Maschine nach einem der Ansprüche 8 bis 10, wobei die Mittel zum Verschieben der Spule
(60) eine erste und eine zweite Lanze (64A, 64B) umfassen, die in entfernbarer Form
mit der Spule (60) kraftschlüssig verbunden werden können, und die Hülse (62) Mittel
umfasst, die Spule (60) in entfernbarer Form aufnehmen zu können.
12. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 11, umfassend ferner Mittel (66) zum Verschieben
einer gewebten Partie (32) der ersten Fadenlage (24A) in einer zu den Fadenlagen (24A,
24B) orthogonalen Richtung (Z).
13. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 12, wobei der erste und der zweite Kamm bzw.
das erste und das zweite Riet kraftschlüssig miteinander verbunden sind.
14. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 13, umfassend ferner dritte Einbringhaken
(26) an der zur zweiten Seite (22B) entgegengesetzten Seite (22D) zum Bilden des vierten
Rands.
15. Maschine nach einem der Ansprüche 1 bis 14, umfassend eine zweite Hülse (62), die
in Bezug auf eine der ersten und zweiten Fadenlage (24A, 24B) zur ersten Hülse entgegengesetzt
ist, und eine dritte Lanze (64) zur Einführung der Spule (60), die die zweite Hülse
(62) ansteuert.