Domaine de l'invention
[0001] L'invention se rapporte à un ressort-moteur pour une pièce d'horlogerie et notamment
pour un ressort-moteur destiné à être intégré à un barillet.
Arrière-plan de l'invention
[0002] Il est connu d'utiliser le Nivaflex 45/5 pour former un ressort-moteur de barillet.
Ce matériau offre une limite élastique élevée typiquement de 3100 MPa et un module
élevé typiquement de 220 GPa.
Résumé de l'invention
[0003] Le but de la présente invention est de pallier tout ou partie les inconvénients cités
précédemment en proposant un ressort-moteur monobloc alternatif permettant à la fois
de limiter la sensibilité aux champs magnétiques, d'obtenir un module élastique moins
élevé tout en ayant dans les zones de contrainte principales une limite élastique
améliorée.
[0004] A cet effet, l'invention se rapporte à un ressort-moteur comportant une lame en métal
caractérisé en ce que le métal est de l'acier du type austénitique afin de limiter sa sensibilité aux champs
magnétiques et en ce qu'au moins la surface externe de la lame est durcie par rapport
au reste de la lame selon une profondeur prédéterminée afin de durcir la lame au niveau
des zones de contrainte principales tout en gardant le module élastique de l'acier
austénitique.
[0005] Par conséquent, une zone superficielle ou la totalité de la lame est durcie c'est-à-dire
que le coeur de la lame peut rester peu ou pas modifié. Par ce durcissement sélectif
de la lame, le ressort-moteur permet de cumuler les avantages comme la faible sensibilité
aux champs magnétiques, un module élastique peu élevé et, dans les zones de contrainte
principales, une haute limite élastique, en plus d'une bonne résistance à la corrosion
et à la fatigue.
[0006] Conformément à d'autres caractéristiques avantageuses de l'invention :
- la profondeur prédéterminée représente entre 5% et 40% de l'épaisseur e totale de
la lame ;
- la surface externe durcie comporte des atomes diffusés d'au moins un non-métal comme
de l'azote et/ou du carbone ;
- la surface externe durcie comporte une dureté supérieure à 1100 HV ;
- la surface externe durcie comporte une limite élastique supérieure à 3500 MPa.
[0007] De plus, l'invention se rapporte à un barillet pour une pièce d'horlogerie
caractérisé en ce qu'il comprend un ressort-moteur selon l'une des variantes précédentes
[0008] Enfin, l'invention se rapporte à un procédé de fabrication d'un ressort-moteur comportant
les étapes suivantes :
- a) former une lame à base d'acier du type austénitique pour limiter sa sensibilité
aux champs magnétiques ;
- b) diffuser des atomes selon une profondeur prédéterminée à la surface externe de
la lame afin de durcir la lame au niveau des zones de contrainte principales tout
en gardant un bas module élastique.
[0009] Par conséquent, par diffusion d'atomes dans l'acier, une zone superficielle ou la
totalité de la lame est durcie sans avoir à déposer un deuxième matériau par-dessus
la lame. En effet, le durcissement est réalisé directement dans le matériau de la
lame ce qui permet avantageusement selon l'invention d'éviter tout délaminage postérieur.
[0010] Conformément à d'autres caractéristiques avantageuses de l'invention :
- la profondeur prédéterminée représente entre 5% et 40% de l'épaisseur totale e de
la lame ;
- les atomes comportent au moins un non-métal comme de l'azote et/ou du carbone ;
- l'étape b) effectue un traitement thermochimique de diffusion ;
- l'étape b) effectue un processus d'implantation ionique et de traitement de diffusion
;
- la lame est enroulée lors de l'étape a) ou après l'étape b).
Description sommaire des dessins
[0011] D'autres particularités et avantages ressortiront clairement de la description qui
en est faite ci-après, à titre indicatif et nullement limitatif, en référence aux
dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est une représentation d'un ressort-moteur selon l'invention ;
- la figure 2 est une coupe schématique d'un ressort-moteur selon l'invention.
Description détaillée des modes de réalisation préférés
[0012] L'invention se rapporte à un ressort-moteur comme pour un barillet d'une pièce d'horlogerie.
Bien évidemment, d'autres applications nécessitant un ressort-moteur sont envisageables
comme par exemple un automate.
[0013] Le ressort-moteur 1 selon l'invention comporte une lame 3 en métal et préférentiellement
enroulée sur elle-même. Lors de développements et de simulations, il a été trouvé
que de tels ressorts-moteur subissent des contraintes qui sont essentiellement appliquées
sur la surface externe de la lame 3, c'est-à-dire selon la longueur
l, la hauteur
h et l'épaisseur e. Ainsi, les contraintes diminuent depuis la surface externe jusqu'au
centre de la lame 3 où les contraintes sont nulles.
[0014] Par conséquent, il a été trouvé que s'il était important que la lame 3 possède une
haute limite élastique, il n'est pas nécessaire que cette valeur soit homogène et
pouvait être limitée selon une profondeur prédéterminée de la surface externe.
[0015] De plus, avec le magnétisme induit par les objets rencontrés au quotidien, il est
important de limiter la sensibilité des ressorts-moteur 1 sous peine d'influencer
la marche de la pièce d'horlogerie dans lequel il est incorporé. Toutefois, un matériau
à haute limite élastique est généralement très sensible aux champs magnétiques.
[0016] De manière surprenante, l'invention permet de résoudre les deux problèmes en même
temps sans compromis et en apportant d'autres avantages. Ainsi, le métal 5 est de
l'acier du type austénitique et, préférentiellement, inoxydable, afin de limiter de
manière avantageuse sa sensibilité aux champs magnétiques. De plus, au moins la surface
externe 7 de la lame est durcie par rapport au reste de la lame selon une profondeur
prédéterminée afin d'offrir, avantageusement selon l'invention, une haute limite élastique
au niveau de ladite surface externe tout en gardant un bas module élastique.
[0017] En effet, selon l'invention, la limite élastique de la surface externe durcie 7 comporte
une limite élastique comprise entre 3500 et 4500 MPa alors que le module élastique
reste sensiblement égale ou inférieur à 190 GPa pour un durcissement en surface supérieur
à 1100 HV et avantageusement compris entre 1200 HV et 2000 HV Les valeurs ci-dessus
ont été obtenues à partir de l'acier austénitique inox nickel chrome du type 316L.
Bien évidemment, d'autres aciers austénitiques sont envisageables.
[0018] Il a été montré empiriquement qu'une profondeur de durcissement 7 comprise entre
5% et 40% de l'épaisseur e totale de la lame 3 suffit pour l'application à un ressort-moteur.
A titre d'exemple, si la demi-épaisseur e/2 est de 50 µm, la profondeur de durcissement
est préférentiellement autour de 15 µm tout autour de la lame 3. Bien évidemment,
suivant les applications, une profondeur différente de durcissement 7 comprise entre
5% et 80% de l'épaisseur e totale peut être prévue.
[0019] Préférentiellement selon l'invention, la surface externe durcie 7 comporte des atomes
diffusés d'au moins un non-métal comme de l'azote et/ou du carbone. En effet, comme
expliqué ci-dessous, par sursaturation interstitielle d'atomes dans l'acier 5, une
zone superficielle 7 est durcie sans avoir à déposer un deuxième matériau par-dessus
la lame 3. En effet, le durcissement 7 est réalisé directement dans le matériau 5
de la lame 3 ce qui permet avantageusement selon l'invention d'éviter tout délaminage
postérieur.
[0020] Par conséquent, au moins une zone superficielle 7 est durcie c'est-à-dire que le
coeur de la lame 3 peut rester peu ou pas modifié sans modification notable des qualités
du ressort-moteur. Par ce durcissement sélectif de la lame 3, le ressort-moteur 1
permet de cumuler les avantages comme la faible sensibilité aux champs magnétiques,
un module élastique peu élevé et, dans les zones de contrainte principales, une haute
limite élastique tout en ayant une bonne résistance à la corrosion et à la fatigue.
[0021] L'invention se rapporte également au procédé de fabrication d'un ressort-moteur comme
expliqué ci-dessus. Le procédé comporte avantageusement selon l'invention les étapes
suivantes :
- a) former une lame 3 à base d'un acier du type austénitique pour limiter sa sensibilité
aux champs magnétiques ;
- b) diffuser des atomes selon une profondeur prédéterminée 7 à la surface externe de
la lame 3 afin de la durcir au niveau des zones de contrainte principales.
[0022] Selon un premier mode préférentiel de réalisation, la lame 3 est enroulée lors de
l'étape a) afin de diffuser directement les atomes selon la forme finale du ressort-moteur
1.
[0023] Toutefois, selon un deuxième mode préférentiel de réalisation, la lame 3 peut également
être enroulée après l'étape b) afin de diffuser les atomes selon une ébauche intermédiaire
du ressort-moteur 1.
[0024] Avantageusement selon l'invention, quel que soit le mode de réalisation, le procédé
peut être appliqué en vrac. Ainsi, l'étape b) peut consister en un traitement thermochimique
comme une cémentation ou une nitruration de plusieurs ressorts-moteur et/ou de plusieurs
ébauches de ressorts-moteur. On comprend que l'étape b) peut consister à diffuser
interstitiellement dans l'acier 5, des atomes de non-métaux comme de l'azote et/ou
du carbone. Enfin, avantageusement, il a été trouvé que les contraintes compressives
du procédé améliorent la résistance à la fatigue.
[0025] L'étape b) pourrait également consister en un processus d'implantation ionique et
de traitement de diffusion. Cette variante possède l'avantage de ne pas limiter le
type d'atomes diffusés et permettre une diffusion aussi bien interstitielle que substitutionnelle.
[0026] Bien entendu, la présente invention ne se limite pas à l'exemple illustré mais est
susceptible de diverses variantes et modifications qui apparaîtront à l'homme de l'art.
En particulier, il peut être envisagé de totalement ou quasi-totalement traiter la
lame 3, c'est-à-dire traiter un pourcentage supérieur à 80% de l'épaisseur e de la
lame 3 même si cela n'est pas nécessaire pour l'application à un ressort-spiral.
1. Ressort-moteur (1) comportant une lame (3) en métal caractérisé en ce que le métal est de l'acier (5) du type austénitique afin de limiter sa sensibilité aux
champs magnétiques et en ce qu'au moins la surface externe de la lame (3) est durcie par rapport au reste de la lame
selon une profondeur prédéterminée (7) afin de durcir la lame (3) au niveau des zones
de contrainte principales tout en gardant le module élastique de l'acier du type austénitique.
2. Ressort-moteur (1) selon la revendication précédente, caractérisé en ce que la profondeur prédéterminée (7) représente entre 5% et 40% de l'épaisseur (e) totale de la lame (3).
3. Ressort-moteur (1) selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la surface externe durcie (7) comporte des atomes diffusés d'au moins un non-métal.
4. Ressort-moteur (1) selon la revendication précédente, caractérisé en ce que ledit au moins un non-métal est de l'azote et/ou du carbone.
5. Ressort-moteur (1) selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la surface externe durcie (7) comporte une dureté supérieure à 1100 HV.
6. Ressort-moteur (1) selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la surface externe durcie (7) comporte une limite élastique supérieure à 3500 MPa.
7. Barillet pour une pièce d'horlogerie caractérisé en ce qu'il comprend un ressort-moteur (1) selon l'une des revendications précédentes.
8. Procédé de fabrication d'un ressort-moteur (1) comportant les étapes suivantes :
a) former une lame (3) à base d'acier (5) du type austénitique pour limiter sa sensibilité
aux champs magnétiques ;
b) diffuser des atomes selon une profondeur prédéterminée (7) à la surface externe
de la lame (3) afin de durcir la lame (3) au niveau des zones de contrainte principales
tout en gardant un bas module élastique.
9. Procédé selon la revendication précédente, caractérisé en ce que la profondeur prédéterminée (7) représente entre 5% et 40% de l'épaisseur totale
(e) de la lame (3).
10. Procédé selon la revendication 8 ou 9, caractérisé en ce que les atomes comportent au moins un non-métal.
11. Procédé selon la revendication précédente, caractérisé en ce que ledit au moins un non-métal est de l'azote et/ou du carbone.
12. Procédé selon l'une des revendications 8 à 11, caractérisé en ce que l'étape b) effectue un traitement thermochimique de diffusion.
13. Procédé selon l'une des revendications 8 à 11, caractérisé en ce que l'étape b) effectue un processus d'implantation ionique et de traitement de diffusion.
14. Procédé selon l'une des revendications 8 à 13, caractérisé en ce que la lame (3) est enroulée lors de l'étape a) ou après l'étape b).