Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne un mécanisme régulateur d'horlogerie à échappement magnétique
comportant un moyen de stockage d'énergie agencé pour délivrer de l'énergie sous forme
d'un couple de sortie, au travers d'un rouage de transmission, à un mobile d'échappement
magnétique formant un mécanisme d'échappement magnétique avec un mobile de résonateur
soumis au couple d'un moyen de rappel, ledit mobile d'échappement magnétique coopérant
avec ledit mobile de résonateur, soit directement, soit au travers d'un arrêtoir magnétique,
ledit mécanisme d'échappement magnétique étant agencé pour fonctionner quand ledit
mobile d'échappement magnétique reçoit un couple supérieur ou égal à un couple d'entretien
propre audit mécanisme d'échappement magnétique.
[0002] L'invention concerne encore un mouvement d'horlogerie comportant un tel mécanisme
régulateur.
[0003] L'invention concerne encore une montre comportant un tel mouvement d'horlogerie.
[0004] L'invention concerne le domaine des mécanismes régulateurs d'horlogerie, et plus
particulièrement des mécanismes d'échappement à effet de champ, sans contact ou à
contact atténué, de type magnétique ou électrostatique.
Arrière-plan de l'invention
[0005] Un mécanisme d'échappement à ancre suisse traditionnel possède un rendement de typiquement
35%, voire 40% au mieux. Dans un tel échappement, l'interaction entre la roue d'échappement
et l'ancre, dans le cas usuel de dents en acier sur palettes en rubis, génère un frottement
considérable, et péjore le rendement de l'échappement.
[0006] Le document
EP13199427 au nom de SWATCH GROUP RESARCH & DEVELOPMENT Ltd, incorporé ici par référence, a
proposé de remplacer cette interaction mécanique par des forces magnétiques à l'aide
d'aimants en répulsion, ce qui a permis de grandement minimiser les pertes par frottements.
[0007] Toutefois, le rendement est intrinsèquement lié au niveau du couple fourni par le
barillet, du fait de la conception de l'échappement à ancre magnétique. En effet,
c'est un échappement à force constante, c'est-à-dire qu'il fournit théoriquement toujours
la même énergie au résonateur. Une part variable d'énergie excédentaire est dissipée
dans les rebonds de la roue d'échappement magnétique. Plus le couple d'entrée à la
roue d'échappement est élevé, plus la puissance totale fournie par le barillet est
élevée, ce qui fait rebondir la roue d'échappement magnétique plus longtemps. Ce phénomène
a pour conséquence une diminution du rendement de l'échappement lorsque le couple
à la roue d'échappement est élevé.
[0008] A couple faible, la part des rebonds de la roue est faible. Le rendement de l'échappement
est élevé, bien supérieur à celui d'un échappement à ancre suisse traditionnel.
[0009] A couple élevé, la part des rebonds de la roue est élevée. Le rendement de l'échappement
est moindre qu'à couple faible, et revient à un niveau comparable à celui d'un échappement
à ancre suisse traditionnel.
Résumé de l'invention
[0010] L'invention se propose d'optimiser l'utilisation de l'énergie de la source d'énergie,
notamment d'un barillet, en faisant travailler un mécanisme d'échappement magnétique
au plus proche de la valeur du couple d'entretien minimal pour assurer le fonctionnement,
et où le rendement est le plus élevé. Elle se propose, encore, de maintenir ce couple
minimum constant le plus longtemps possible, à l'aide d'un mécanisme de régulation
du couple entrant sur le mobile d'échappement, notamment en utilisant une transmission
de type fusée-chaîne.
[0011] Depuis Léonard de Vinci vers 1540, la fusée est connue pour régulariser la force
motrice transmise au rouage, et pour remédier au problème de perte de couple d'un
barillet traditionnel: elle est donc usuellement utilisée dans le domaine de couple
le plus haut possible, pour compenser la perte de puissance par l'augmentation de
couple.
[0012] L'invention ne retient, de l'utilisation usuelle d'une fusée-chaîne, que sa capacité
à délivrer un couple sensiblement constant. Le mécanisme de régulation du couple se
conjugue, avantageusement, avec une transmission démultiplicatrice, pour abaisser
le niveau de couple en provenance de la source d'énergie, de façon à ce que, en début
de désarmage, le niveau du couple fourni au mobile d'échappement soit égal ou légèrement
supérieur à la valeur du couple d'entretien de l'échappement magnétique. Bien sûr,
du fait de la régulation du couple, en fin de désarmage de la source d'énergie, le
niveau du couple fourni au mobile d'échappement est resté le même.
[0013] A cet effet, l'invention concerne un mécanisme régulateur d'horlogerie selon la revendication
1.
[0014] L'invention concerne encore un mouvement d'horlogerie comportant un tel mécanisme
régulateur.
[0015] L'invention concerne encore une montre comportant un tel mouvement.
Description sommaire des dessins
[0016] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description détaillée qui va suivre, en référence aux dessins annexés, où :
- la figure 1 représente, de façon schématisée, et en perspective, un mécanisme régulateur
d'horlogerie avec mécanisme d'échappement à ancre magnétique optimisé selon l'invention
par l'implantation d'une transmission à fusée-chaîne ;
- les figures 2 et 3 sont des graphiques illustrant la diminution du rendement d'un
échappement magnétique lorsque le couple est élevé: la figure 2 montre les canaux
de pertes absolus dans un échappement magnétique traditionnel, où seules les pertes
dues aux rebonds de la roue d'échappement magnétique varient lorsque le couple varie,
et la figure 3 montre les canaux de pertes relatifs dans un échappement magnétique
traditionnel: le rendement de l'échappement est faible lorsque le couple est élevé,
et il est élevé lorsque le couple est faible ;
- la figure 4 est un graphique illustrant la constance du rendement dans le temps pour
un mécanisme régulateur selon l'invention ;
- la figure 5 représente, de façon schématisée et en plan, un exemple non limitatif
de mécanisme d'échappement magnétique intégré dans un tel mécanisme régulateur selon
l'invention ;
- la figure 6 représente, de façon schématisée et en plan, un exemple non limitatif
de rouage selon l'invention ;
- la figure 7 est un schéma-blocs représentant une montre comportant un mouvement équipé
d'un tel mécanisme d'échappement à ancre magnétique optimisé ;
- la figure 8 représente, de façon schématisée, et en perspective, une telle montre.
Description détaillée des modes de réalisation préférés
[0017] L'invention concerne le domaine des mécanismes régulateurs d'horlogerie, et plus
particulièrement des mécanismes d'échappement à effet de champ, sans contact ou à
contact atténué, de type magnétique ou électrostatique.
[0018] Les figures 2 et 3 sont des graphiques illustrant la diminution du rendement d'un
échappement magnétique lors de l'élévation du couple appliqué au mobile d'échappement,
en général une roue d'échappement.
[0019] La figure 2 montre, en ordonnée les pertes, et en abscisse le couple appliqué au
mobile d'échappement. Elle illustre les canaux de pertes absolus dans un échappement
magnétique traditionnel, où seules les pertes pR dues aux rebonds du mobile d'échappement,
notamment une roue d'échappement magnétique, varient lorsque le couple varie. Ces
rebonds consomment une énergie excédentaire inutilisable, dissipée dans l'air et dans
les pivots. La courbe supérieure PTF illustre la puissance totale fournie, qui est
le cumul de la puissance dissipée par le résonateur PDR qui est à un niveau constant,
ce qui est l'avantage d'un échappement magnétique ou électrostatique, des pertes par
chocs et frottements pCF (qui sont conséquentes quand le mécanisme d'échappement comporte
un arrêtoir tel qu'une ancre ou similaire), et les pertes par rebond pR, qui représentent
la consommation d'énergie excédentaire, qui est inefficace.
[0020] Le niveau de couple appliqué au mobile d'échappement, nécessaire au fonctionnement
du système, est le couple d'entretien CE, auquel les pertes par rebond sont minimales
ou nulles ; le niveau de couple maximal CMAX dépend de la source d'énergie et du rouage
qui transmet l'énergie au mobile d'échappement.
[0021] La figure 3 montre, en ordonnée le rendement p, et en abscisse le couple appliqué
au mobile d'échappement. Elle illustre les canaux de pertes relatifs dans le même
échappement magnétique traditionnel: le rendement de l'échappement est faible à un
niveau ρMIN lorsque le couple est élevé à la valeur CMAX, et il est élevé à un niveau
pMAX lorsque le couple est à la valeur CE.
[0022] L'invention se propose donc de contrôler les pertes, et d'éviter le gaspillage énergétique,
en limitant les rebonds ou en les annulant complètement. A cet effet, il s'agit de
soumettre le mobile d'échappement à un couple constant, de valeur au moins égale au
couple d'entretien CE. La figure 4 montre alors la constance dans le temps du rendement
ρ à la valeur ρMAX.
[0023] L'invention est ici décrite dans un mode particulier, non limitatif, qui est celui
d'un échappement magnétique. Elle peut être mise en oeuvre dans un mode électrostatique,
en se référant au document
EP13199427 cité plus haut.
[0024] Elle est aussi illustrée dans une variante particulière, non limitative, d'un échappement
magnétique comportant un arrêtoir, décrit dans le même document.
[0025] L'invention peut tout aussi bien être mise en oeuvre dans une variante sans arrêtoir,
avec une interaction directe entre un mobile d'échappement et un balancier ou similaire,
décrite notamment dans le document
EP14186261.5 au nom de Nivarox-FAR SA, incorporé ici par référence.
[0026] La figure 1 montre un exemple non limitatif de construction d'un mécanisme régulateur
1 d'horlogerie comportant un mécanisme d'échappement à ancre magnétique 10, optimisé
selon l'invention. L'invention combine les avantages d'un échappement à effet de champ,
notamment d'un échappement à ancre magnétique dans la variante illustrée par les figures,
qui est un mécanisme à force constante en ce qui concerne le mobile de résonateur,
typiquement un balancier, et les avantages d'un mécanisme de régulation de couple.
Plus particulièrement, la transmission du couple d'une source d'énergie 2, notamment
mais non limitativement d'au moins un barillet 20, par un système à couple constant,
par exemple une fusée-chaîne, garantit un couple à l'échappement presque constant.
[0027] La valeur de couple CE fourni au mobile d'échappement doit être choisie faible, de
sorte que l'échappement ait son rendement le plus élevé, de l'ordre de 60% à 70%.
[0028] Ainsi, l'invention concerne un mécanisme régulateur 1 d'horlogerie à échappement
magnétique comportant un moyen de stockage d'énergie 2 agencé pour délivrer de l'énergie
sous forme d'un couple de sortie CS, au travers d'un rouage de transmission 3, à un
mobile d'échappement magnétique 4.
[0029] Ce mobile d'échappement magnétique 4, ici illustré sous la forme d'une roue d'échappement
magnétique, forme un mécanisme d'échappement magnétique 10 avec un mobile de résonateur
5 soumis au couple d'un moyen de rappel 6, ici illustrés respectivement sous la forme
d'un balancier et d'un spiral.
[0030] Le mobile d'échappement magnétique 4 coopère avec le mobile de résonateur 5, soit
directement, soit au travers d'un arrêtoir 7 magnétique ici illustré sous la forme
d'une ancre magnétique.
[0031] Le mécanisme d'échappement magnétique 10 est agencé pour fonctionner quand le mobile
d'échappement magnétique 4 reçoit un couple supérieur ou égal à un couple d'entretien
CE propre au mécanisme d'échappement magnétique 10.
[0032] Selon l'invention, le rouage de transmission 3 comporte un moyen de régulation de
couple 30, qui est agencé pour délivrer au mobile d'échappement magnétique 4 un couple
constant compris entre 1.0 et 2.0 fois le couple d'entretien CE, plus particulièrement
entre 1.0 et 1.5 fois le couple d'entretien CE, plus particulièrement encore entre
1.0 et 1.2 fois le couple d'entretien CE, et le plus près possible de ce couple d'entretien
CE, en fonction des complications consommatrices de couple, et de la structure du
rouage de finissage. Ce couple correspond à l'auto-démarrage et à l'annulation des
rebonds.
[0033] Naturellement, l'invention concerne aussi la variante avec un échappement électrostatique,
qui n'est pas décrite en détail, et que l'homme du métier saura mettre en oeuvre en
référence aux documents cités.
[0034] Dans une application avantageuse et tel que visible sur la figure 1, le moyen de
régulation de couple 30 comporte une fusée 8 à section continûment variable, dont
se déroule une chaîne 9 enroulée par un tambour 21 entraîné directement ou indirectement
par le moyen de stockage d'énergie 2.
[0035] Plus particulièrement, le moyen de stockage d'énergie 2 comporte au moins un barillet
20. L'invention utilise alors de façon optimale la totalité d'énergie du barillet,
lequel ne tourne plus à vitesse constante, puisque sa vitesse tangentielle instantanée
dépend du rayon d'enroulement instantané de la chaîne 9 sur la fusée 8.
[0036] Dans une variante, tel que visible sur la figure 6, le rouage de transmission 3 comporte
un rouage démultiplicateur 31 agencé pour transformer le couple de sortie CS en un
couple intermédiaire CI inférieur, à l'entrée du moyen de régulation de couple 30.
[0037] Dans une variante, tel que visible sur la figure 5, le mécanisme d'échappement magnétique
10 comporte un arrêtoir 7 magnétique entre le mobile d'échappement magnétique 4 et
le mobile de résonateur 5. Ce mobile d'échappement magnétique 4 comporte au moins
une piste 40 magnétisée ou ferromagnétique, avec une période de défilement PD selon
laquelle ses caractéristiques magnétiques se répètent. L'arrêtoir 7 comporte au moins
une masse polaire 70 magnétisée ou ferromagnétique, cette masse polaire 70 étant mobile
selon une direction transversale DT par rapport à la direction de défilement DD d'au
moins un élément d'une surface 41 de la piste 40. Et au moins la masse polaire 70,
ou la piste 40, crée un champ magnétique dans un entrefer 5 entre lad au moins une
masse polaire 70 et la au moins une surface 41, Cette masse polaire 70 est opposée
à une barrière 42 de champ magnétique sur la piste 40, juste avant chaque mouvement
transversal de l'arrêtoir 7 commandé par l'action périodique du mobile de résonateur
5.
[0038] L'invention concerne encore un mouvement 100 d'horlogerie comportant un tel mécanisme
régulateur 1.
[0039] L'invention concerne encore une montre 1000 comportant un tel mouvement 100.
[0040] En somme, la valeur élevée du rendement, devenu constant, permet d'augmenter la réserve
de marche de plus de 50% par rapport à une configuration à ancre suisse traditionnelle
(mécanique ou magnétique), pour un barillet, un résonateur et une puissance réglante
donnés.
[0041] Pour l'utilisateur, cela signifie que la montre peut rester plus longtemps sans être
remontée ou réarmée.
[0042] L'invention allie la régularité de marche propre au mécanisme d'échappement à effet
de champ, notamment magnétique, avec une notable économie d'énergie.
1. Mécanisme régulateur (1) d'horlogerie à échappement magnétique comportant un moyen
de stockage d'énergie (2) agencé pour délivrer de l'énergie sous forme d'un couple
de sortie (CS), au travers d'un rouage de transmission (3), à un mobile d'échappement
magnétique (4) formant un mécanisme d'échappement magnétique (10) avec un mobile de
résonateur (5) soumis au couple d'un moyen de rappel (6), ledit mobile d'échappement
magnétique (4) coopérant avec ledit mobile de résonateur (5), soit directement, soit
au travers d'un arrêtoir (7) magnétique, ledit mécanisme d'échappement magnétique
(10) étant agencé pour fonctionner quand ledit mobile d'échappement magnétique (4)
reçoit un couple supérieur ou égal à un couple d'entretien (CE) propre audit mécanisme
d'échappement magnétique (10), caractérisé en ce que ledit rouage de transmission (3) comporte un moyen de régulation de couple (30) agencé
pour délivrer audit mobile d'échappement magnétique (4) un couple constant compris
entre 1.0 et 2.0 fois ledit couple d'entretien (CE).
2. Mécanisme régulateur (1) selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit moyen de régulation de couple (30) comporte une fusée (8) à section continûment
variable dont se déroule une chaîne (9) enroulée par un tambour (21) entraîné par
ledit moyen de stockage d'énergie (2).
3. Mécanisme régulateur (1) selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que ledit moyen de stockage d'énergie (2) comporte au moins un barillet (20).
4. Mécanisme régulateur (1) selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ledit rouage de transmission (3) comporte un rouage démultiplicateur (31) agencé
pour transformer ledit couple de sortie (CS) en un couple intermédiaire (CI) inférieur,
à l'entrée dudit moyen de régulation de couple (30).
5. Mécanisme régulateur (1) selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ledit mécanisme d'échappement magnétique (10) comporte un arrêtoir (7) magnétique
entre ledit mobile d'échappement magnétique (4) et ledit mobile de résonateur (5),
ledit mobile d'échappement magnétique (4) comportant au moins une piste (40) magnétisée
ou ferromagnétique, avec une période de défilement (PD) selon laquelle ses caractéristiques
magnétiques se répètent, ledit arrêtoir (7) comportant au moins une masse polaire
(70) magnétisée ou ferromagnétique, ladite masse polaire (70) étant mobile selon une
direction transversale (DT) par rapport à la direction de défilement (DD) d'au moins
un élément d'une surface (41) de ladite piste (40), et au moins ladite masse polaire
(70) ou ladite piste (40) créant un champ magnétique dans un entrefer (5) entre ladite
au moins une masse polaire (70) et ladite au moins une surface (41), et encore caractérisé en ce que ladite masse polaire (70) est opposée à une barrière (42) de champ magnétique sur
ladite piste (40) juste avant chaque mouvement transversal dudit arrêtoir (7) commandé
par l'action périodique dudit mobile de résonateur (5).
6. Mouvement (100) d'horlogerie comportant un mécanisme régulateur (1) selon l'une des
revendications 1 à 5.
7. Montre (1000) comportant un mouvement (100) d'horlogerie selon la revendication 6.