Domaine technique
[0001] L'invention se rapporte au domaine des machines de manutention comportant un corps
principal, généralement destiné à être disposé sur le sol, au moins un bras de manutention
destiné à recevoir une charge utile devant être déplacée, et un dispositif d'actionnement
configuré pour exécuter un mouvement du bras de manutention par rapport au corps principal,
et en particulier aux machines de manutention roulantes.
[0002] Une telle machine peut notamment être réalisée sous la forme de chariot à bras télescopique,
chariot élévateur, grue de levage, pelleteuse mécanique, chargeuse à godet ou autre.
Arrière-plan technologique
[0003] Dans le domaine des machines de manutention, certains pays ont décidé d'adopter des
normes imposant aux constructeurs des exigences particulières en matière de surveillance
et de contrôle de la stabilité de la machine en service.
[0004] Les forces en jeu dans la stabilité d'une machine de manutention en service impliquent
à la fois des forces gravitationnelles aussi appelées charges statiques, à savoir
les poids du bras de manutention, de la charge utile, du corps principal et/ou d'autres
éléments de la machine ; et des forces inertielles aussi appelées charges dynamiques,
à savoir des accélérations transmises entre le bras de manutention, la charge utile,
le corps principal et/ou d'autres éléments de la machine du fait des mouvements effectués
en service, notamment les mouvements du bras de manutention et de la charge utile
par rapport au corps principal.
[0005] Une limitation des forces inertielles peut être intrinsèquement obtenue en restreignant
la vitesse de mouvement des organes de la machine. Ainsi, la norme européenne EN 1459:1998
intitulée «Sécurité des chariots de manutentionChariots automoteurs à portée variable
» impose de restreindre la vitesse de descente maximale du bras de manutention. En
particulier, cette norme prévoit de limiter cette vitesse de sorte que l'arrêt soudain
du bras de manutention chargé de la charge utile maximale ne puisse pas provoquer
un basculement de la machine, tout en tolérant un soulèvement temporaire des roues
arrière de la machine.
[0006] Toutefois, imposer une limitation permanente de la vitesse s'opposerait à l'objectif
d'efficacité de travail qui est recherché dans le domaine des machines de manutention.
Une limitation permanente de la vitesse ne peut donc pas constituer une solution générale
satisfaisante au problème de la surveillance et du contrôle de la stabilité des machines
en service.
[0007] Une autre solution bien connue pour réduire les forces inertielles exercées sur le
corps principal par le bras de manutention et la charge utile consiste à ralentir
automatiquement le mouvement du bras de manutention, en particulier lorsque celui-ci
s'approche d'une position de fin du mouvement. Des solutions de ce type sont décrites
notamment dans les
publications GB-A-1403046,
US-A-4006347,
EP-A-0059901,
US-A-5333533 et
EP-A-1532065.
[0008] Toutefois, il existe des conditions de fonctionnement dans lesquelles les forces
appliquées à une machine de manutention et notamment les forces inertielles sont difficiles
à prévoir et à contrôler. En particulier, les déplacements de la machine au sol lorsqu'il
s'agit d'une machine roulante sont susceptibles d'engendrer de multiples forces échappant
au contrôle d'un système de commande du bras de manutention. Ainsi, la norme européenne
EN 1459:1998 précitée indique qu'un risque de renversement de la machine existe malgré
l'utilisation d'un dispositif de contrôle du moment de basculement dès lors que la
machine roule dans une courbe, la machine roule sur une pente, la machine roule sur
un terrain cahoteux ou qui présente des obstacles et des trous ou que la machine roule
avec la charge en position élevée.
[0009] Il est également connu qu'un basculement du chariot vers l'avant peut survenir lorsque
le véhicule roulant freine, alors qu'il déplace une charge.
Résumé
[0010] Une idée à la base de l'invention est de fournir des procédés et systèmes de commande
d'une machine de manutention qui permettent de préserver la stabilité de la machine,
notamment par la prise en compte des forces inertielles, et qui ne limitent pas l'utilisabilité
de la machine lorsque la prise en compte des forces inertielles est rendue imprécise
ou inefficace en raison des conditions de fonctionnement.
[0011] Pour cela, l'invention fournit une machine de manutention comportant :
un corps principal,
un bras de manutention destiné à recevoir une charge devant être déplacée,
un dispositif d'actionnement configuré pour exécuter un mouvement du bras de manutention
par rapport au corps principal,
un capteur indicatif de moment de basculement sensible à une grandeur indicative d'un
moment de basculement appliqué sur le corps principal par rapport à un axe de basculement,
une unité de commande configurée pour commander le dispositif d'actionnement de manière
à arrêter ou empêcher un mouvement du bras de manutention exécuté ou demandé dès qu'une
condition d'arrêt est satisfaite, la condition d'arrêt étant dépendante de la grandeur
indicative du moment de basculement mesurée, et
un organe de sélection actionnable par un opérateur pour sélectionner un mode de fonctionnement
simple et un mode de fonctionnement renforcé.
[0012] Selon un mode de réalisation, quand le mode de fonctionnement renforcé est sélectionné,
la condition d'arrêt employée par l'unité de commande est aussi dépendante d'une grandeur
représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention exécuté ou demandé,
et quand le mode de fonctionnement simple est sélectionné, la condition d'arrêt est
indépendante de la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention.
[0013] L'invention fournit également un procédé de commande pour commander un dispositif
d'actionnement dans une machine de manutention comportant un corps principal mobile
et un bras de manutention destiné à recevoir une charge devant être déplacée, le dispositif
d'actionnement étant configuré pour exécuter un mouvement du bras de manutention par
rapport au corps principal,
le procédé comportant :
mesurer une grandeur indicative d'un moment de basculement appliqué sur le corps principal
par rapport à un axe de basculement, et
arrêter ou empêcher un mouvement du bras de manutention exécuté ou demandé dès qu'une
condition d'arrêt est satisfaite, la condition d'arrêt étant dépendante de la grandeur
indicative du moment de basculement mesurée,
et dans lequel, quand un mode de fonctionnement renforcé est sélectionné, la condition
d'arrêt est aussi dépendante d'une grandeur représentative de la vitesse du mouvement
du bras de manutention,
et quand un mode de fonctionnement simple est sélectionné, la condition d'arrêt est
indépendante de la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention.
[0014] Dans le mode de fonctionnement renforcé, l'unité de commande applique une condition
d'arrêt qui dépend de la vitesse du mouvement du bras de manutention, ou d'une grandeur
représentative de cette vitesse. Ceci permet de prendre en compte les forces inertielles
susceptibles de survenir en raison de cette vitesse, en cas d'arrêt du mouvement.
Différentes méthodes basées sur la vitesse peuvent être employées pour cette prise
en compte. Ce mode de fonctionnement est particulièrement adapté aux conditions de
fonctionnements dans lesquelles corps de la machine est immobile, car la détermination
des forces inertielles peut être réalisée avec un degré de précision satisfaisant
dans ce cas. En d'autres termes, il est alors possible de fixer des limites de vitesse
réalistes pour interdire ou supprimer des mouvements du bras de manutention créant
réellement un risque de basculement en cas d'arrêt.
[0015] Quand le mode de fonctionnement simple est sélectionné, la condition d'arrêt est
indépendante de la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention.
Ainsi, la commande du bras de manutention peut être réalisée de manière plus simple.
Selon un mode de réalisation, quand le mode de fonctionnement simple est sélectionné,
le procédé comporte en outre l'étape d'empêcher ou arrêter le mouvement du bras de
manutention dès que la grandeur indicative d'un moment de basculement a franchi un
seuil prédéterminé.
[0016] Selon des modes de réalisation, la machine de manutention ou le procédé de commande
peuvent comporter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes.
[0017] Selon un mode de réalisation, l'organe de sélection est configuré pour : sélectionner
le mode de fonctionnement renforcé en réponse à une première action de l'opérateur
sur l'organe de sélection, et sélectionner le mode de fonctionnement simple en réponse
à une deuxième action de l'opérateur sur l'organe de sélection.
[0018] Selon un mode de réalisation, l'unité de commande est configurée pour sélectionner
le mode de fonctionnement renforcé en réponse la détection de ce que le corps principal
est resté dans un état sensiblement immobile pendant une durée supérieure à un seuil
de durée prédéterminé.
[0019] Un ou plusieurs tests peuvent être effectués pour détecter que le corps principal
est dans un état sensiblement immobile, par exemple pour détecter l'activation d'un
frein de parc, la désactivation d'une transmission (débrayage par électrovanne ou
relais de commande électrique) la descente des pieds stabilisateurs 5 en appui au
sol, ou une condition basée sur la vitesse de déplacement du corps principal.
[0020] Selon un mode de réalisation, la machine comporte en outre un capteur de vitesse
de déplacement configuré pour mesurer une grandeur représentative d'une vitesse de
déplacement du corps principal, et
l'unité de commande est configurée pour détecter que le corps principal est resté
dans l'état sensiblement immobile en fonction de la grandeur représentative d'une
vitesse de déplacement du corps principal.
[0021] Selon un mode de réalisation, quand le mode de fonctionnement renforcé est sélectionné,
l'unité de commande est configurée pour déterminer un seuil représentatif d'une vitesse
maximale autorisée en fonction de la grandeur indicative du moment de basculement,
comparer la grandeur représentative de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter
au seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée et
commander le dispositif d'actionnement en fonction du résultat de ladite comparaison,
de manière à :
exécuter ou continuer le mouvement du bras de manutention tant que la grandeur représentative
de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter est inférieure audit seuil, et
empêcher ou arrêter le mouvement du bras de manutention dès que la grandeur représentative
de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter est supérieure audit seuil.
[0022] Grâce à ces caractéristiques, dans le mode de fonctionnement renforcé, un mouvement
du bras de manutention exécuté par la machine est toujours exécuté conformément à
la demande de mouvement produite par l'opérateur, mais ce mouvement n'est pas exécuté
ou se voit interrompu lorsque la demande de l'opérateur conduit ou conduirait au dépassement
d'un seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée. En d'autres termes, l'unité
de commande fonctionne comme un filtre tout ou rien qui exécute ou laisse exécuter
les demandes de mouvements qui satisfont un critère d'autorisation, mais qui empêche
ou annule l'exécution des demandes de mouvement qui ne satisfont pas le critère d'autorisation.
Ce faisant, l'unité de commande n'a pas besoin de modifier les demandes de mouvements
émises par l'opérateur, ce qui laisse à celui-ci le contrôle effectif de ces demandes,
en particulier en termes de vitesse.
[0023] Le seuil représentatif d'une vitesse maximale peut être déterminé de différentes
manières, notamment en vue d'exclure des mouvements impliquant une quantité de mouvement
trop élevée, à savoir une quantité de mouvement que la machine n'est pas en mesure
d'absorber ou de dissiper sans risque de créer une instabilité.
[0024] Selon un mode de réalisation, la machine comporte en outre un capteur indicatif de
moment de basculement pour mesurer une grandeur indicative d'un moment de basculement
appliqué sur le corps principal par rapport à un axe de basculement.
[0025] L'utilisation d'un tel capteur indicatif de moment de basculement permet à l'unité
de commande de prendre en compte une information relative au moment de basculement
à un instant donné. Un tel capteur indicatif de moment de basculement peut être agencé
de différentes manières pour mesurer différentes grandeurs. Selon un mode de réalisation,
le capteur indicatif de moment de basculement comporte un extensomètre, par exemple
un extensomètre sensible aux déformations d'un essieu de la liaison au sol de la machine
(variation de longueur entre deux bornes espacées sur l'essieu) et/ou du bras de manutention.
Selon un mode de réalisation, le capteur indicatif de moment de basculement comporte
un capteur de pression dans le dispositif d'actionnement du bras, par exemple un capteur
de pression agencé au niveau d'un vérin du dispositif d'actionnement. Selon un autre
exemple, le capteur indicatif de moment de basculement peut être une cellule de charge
telle que mentionnée dans
EP-A-1532065. Le capteur indicatif de moment de basculement peut aussi être réalisé sous la forme
d'un système de mesure comportant plusieurs capteurs mesurant plusieurs grandeurs
physiques et une unité de traitement pour combiner ces mesures sous la forme d'une
grandeur indicative du moment de basculement.
[0026] Selon un mode de réalisation, la machine comporte en outre un module de détermination
de seuil configuré pour déterminer le seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée
en fonction d'un signal de mesure produit par le capteur indicatif de moment de basculement.
Selon un mode de réalisation, le seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée
présente une évolution décroissante quand le moment de basculement augmente.
[0027] Selon un mode de réalisation, la machine comporte en outre un organe de contrôle
actionnable par un opérateur pour produire un signal de demande de mouvement destiné
à influencer le dispositif d'actionnement pour faire exécuter ou faire arrêter un
mouvement du bras de manutention par le dispositif d'actionnement en réponse au signal
de demande de mouvement.
[0028] Selon un mode de réalisation, le capteur indicatif de moment de basculement est agencé
sur une portion d'extrémité du corps principal tournée à l'opposé du sens du mouvement
exécuté ou à exécuter en réponse au signal de demande de mouvement, et la grandeur
mesurée par le capteur indicatif de moment de basculement évolue en sens opposé du
moment de basculement. Un tel mode de réalisation est par exemple illustré par le
cas d'un extensomètre mesurant les déformations de l'essieu arrière d'un véhicule
de manutention dans lequel le bras de manutention s'étend vers l'avant du véhicule.
[0029] Selon un mode de réalisation, le capteur indicatif de moment de basculement est agencé
sur une portion d'extrémité du corps principal tournée vers le sens du mouvement exécuté
ou à exécuter en réponse au signal de demande de mouvement, et la grandeur mesurée
par le capteur indicatif de moment de basculement évolue dans le même sens que le
moment de basculement. Un tel mode de réalisation est par exemple illustré par le
cas d'un extensomètre mesurant les déformations de l'essieu avant d'un véhicule de
manutention dans lequel le bras de manutention s'étend aussi vers l'avant du véhicule.
[0030] Le mouvement du bras de manutention exécuté par le dispositif d'actionnement peut
être de différents types, par exemple un mouvement de translation ou de rotation.
Selon un mode de réalisation préféré, le dispositif d'actionnement est configuré pour
exécuter un pivotement du bras de manutention autour d'un axe sensiblement horizontal
par rapport au corps principal.
[0031] Le bras de manutention peut présenter un ou plusieurs degrés de liberté par rapport
au corps principal. Lorsque plusieurs degrés de mouvement existent avec plusieurs
dispositifs d'actionnement associés à ces degrés de mouvement respectifs, les différents
dispositifs d'actionnement ne sont pas forcément tous commandés de la même manière.
En particulier, les procédés de commande décrits ici sont de préférence appliqués
au(x) degré(s) de mouvement ayant une plus grande influence sur la stabilité de la
machine.
[0032] La grandeur représentative de la vitesse exploitée pour la commande de la machine
peut être déterminée de différentes manières.
[0033] Selon un mode de réalisation, le signal de demande de mouvement présente un attribut
représentatif d'une vitesse du mouvement à exécuter et l'organe de contrôle est actionnable
par l'opérateur pour régler l'attribut du signal de demande de mouvement parmi une
pluralité de valeurs d'attribut représentant respectivement une pluralité de valeurs
de vitesse et un état d'arrêt.
[0034] Selon un mode de réalisation, l'unité de commande est configurée pour recevoir le
signal de demande de mouvement produit par l'organe de contrôle. Dans ce cas, l'unité
de commande peut prendre en compte un attribut du signal de demande de mouvement,
par exemple son amplitude, sa fréquence, sa durée ou tout autre attribut prédéfini,
en tant que grandeur représentative de la vitesse du mouvement à exécuter. Selon un
mode de réalisation, la comparaison effectuée par l'unité de commande est une comparaison
entre l'attribut du signal de demande de mouvement et ledit seuil.
[0035] L'organe de contrôle actionnable par l'opérateur peut être réalisé de différentes
manières, par exemple sous la forme d'un levier basculant, d'un bouton rotatif, d'un
écran tactile, ou autre. Selon un mode de réalisation, l'organe de contrôle actionnable
par l'opérateur est couplé à l'unité de commande pour fournir le signal de demande
de mouvement à l'unité de commande sous la forme d'un signal électrique. Par exemple,
l'attribut du signal de demande de mouvement qui représente la vitesse demandée est
un niveau de tension, d'intensité, de fréquence ou de durée du signal de demande.
[0036] Selon un mode de réalisation, un procédé de commande mis en oeuvre par l'unité de
commande comporte l'étape de recevoir le signal de demande de mouvement.
[0037] Selon d'autres modes de réalisation, l'organe de contrôle produisant le signal de
demande de mouvement n'est pas forcément relié à l'unité de commande ou l'unité de
commande n'est pas forcément configurée pour pouvoir recevoir ce signal de demande
de mouvement, par exemple s'il s'agit d'un signal purement mécanique.
[0038] Selon un mode de réalisation pouvant être utilisé dans ce cas, la machine de manutention
comporte en outre des moyens de mesure pour mesurer une vitesse instantanée du bras
de manutention par rapport au corps principal. Dans ce cas, la comparaison effectuée
par l'unité de commande peut être une comparaison entre ladite vitesse instantanée
et ledit seuil.
[0039] Différentes méthodes peuvent être utilisées pour mesurer une vitesse instantanée
du bras de manutention par rapport au corps principal. Selon une méthode plus directe,
un capteur de vitesse angulaire ou linéaire peut être employé. Selon une méthode plus
indirecte, une grandeur corrélée à vitesse instantanée du bras de manutention peut
être mesurée, par exemple la vitesse d'une pièce mobile couplée au bras de manutention
ou autre. Selon un mode de réalisation, dans lequel le dispositif d'actionnement comporte
un actionneur hydraulique, la machine comporte en outre des moyens de mesure pour
mesurer le débit hydraulique à fournir à l'actionneur hydraulique en tant qu'information
de vitesse. Dans ce cas, la comparaison effectuée par l'unité de commande peut être
une comparaison entre le débit hydraulique et ledit seuil.
[0040] Le ou les dispositifs d'actionnement du bras de manutention peuvent être réalisés
de différentes manières, par exemple sous la forme d'un ou plusieurs actionneurs électriques
ou hydrauliques.
[0041] Selon un mode de réalisation, le dispositif d'actionnement comporte un actionneur
hydraulique et un dispositif à débit variable pour régler un débit hydraulique à fournir
à l'actionneur hydraulique. Un tel dispositif hydraulique à débit variable peut être
réalisé de différentes manières.
[0042] Selon un mode de réalisation le dispositif à débit variable comporte une pompe à
débit variable. Par exemple, dans une pompe à plateau incliné, l'organe de réglage
de débit peut influencer un angle d'inclinaison du plateau incliné. Selon un mode
de réalisation, le dispositif à débit variable comporte un distributeur proportionnel.
Par exemple, dans un distributeur proportionnel, l'organe de réglage de débit peut
influencer la position d'un tiroir.
[0043] Selon un mode de réalisation l'organe de contrôle actionnable par l'opérateur est
fonctionnellement couplé, par exemple mécaniquement ou hydrauliquement, au dispositif
à débit variable de manière à déplacer un organe de réglage de débit du dispositif
à débit variable en fonction de l'action de l'opérateur sur l'organe de contrôle.
[0044] Dans un tel cas, l'unité de commande n'est pas forcément en mesure d'empêcher un
actionnement direct du dispositif à débit variable par l'action de l'opérateur sur
l'organe de contrôle et la production d'un flux hydraulique résultant.
[0045] Selon un mode de réalisation pouvant être utilisé dans ce cas, le dispositif d'actionnement
comporte en outre une électrovanne agencée entre le dispositif à débit variable et
l'actionneur hydraulique, l'électrovanne étant pilotable par l'unité de commande pour
empêcher ou arrêter le mouvement du bras de manutention dès que la grandeur représentative
de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter est supérieure audit seuil.
[0046] Dans un tel mode de réalisation, le signal de demande de mouvement peut être un mouvement
de l'organe de réglage de débit du dispositif à débit variable. Un tel mouvement peut
être mesuré par un transducteur et fourni sous la forme d'un signal électrique à l'unité
de commande. Toutefois, il n'est pas toujours possible ou souhaitable de prévoir un
tel transducteur dans le dispositif à débit variable, notamment pour des raisons tenant
à l'encombrement ou au coût du dispositif à débit variable. En l'absence d'un tel
transducteur, le signal de demande de mouvement ne peut pas facilement être fourni
à l'unité de commande. Dans ces cas, l'unité de commande peut fonctionner à partir
d'une mesure d'un mouvement effectif du bras de manutention plutôt qu'à partir d'un
signal de demande de mouvement.
[0047] Dans un mode de réalisation préféré, l'électrovanne est une vanne de démarrage progressif.
L'utilisation d'une vanne de démarrage progressif permet qu'une mesure fiable de la
vitesse instantanée du bras de manutention puisse être obtenue avant que le bras de
manutention n'ait acquis une forte quantité de mouvement, de sorte que la coupure
du mouvement puisse intervenir sans choc excessif en cas de dépassement du seuil de
vitesse autorisée.
[0048] Selon des modes de réalisation, la machine de manutention ou le procédé de signalisation
peuvent comporter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes.
[0049] Certains aspects de l'invention reposent sur l'idée d'analyser l'état énergétique
d'une machine de manutention en une contribution d'énergie potentielle de pesanteur
et une contribution d'énergie cinétique. En termes d'énergie potentielle, la stabilité
de la machine dans le champ de gravité se traduit par le positionnement de l'état
actuel de la machine au fond d'un puits de potentiel, lequel peut être plus ou moins
profond selon la masse et la position de la charge utile. En termes d'énergie cinétique,
la vitesse de mouvement du bras de manutention par rapport au corps principal se traduit
par une quantité d'énergie susceptible d'être transférée au corps principal, avec
un rendement plus ou moins élevé, en cas de modification du couplage mécanique entre
eux, par exemple en cas d'arrêt soudain du mouvement. Une idée à la base de l'invention
est de contrôler et/ou permettre à un opérateur de contrôler que cette énergie cinétique
ne franchit pas un niveau d'énergie tel qu'il devienne susceptible faire sortir la
machine de manutention du puits de potentiel traduisant son état stable.
Brève description des figures
[0050] L'invention sera mieux comprise, et d'autres buts, détails, caractéristiques et avantages
de celle-ci apparaîtront plus clairement au cours de la description suivante de plusieurs
modes de réalisation particuliers de l'invention, donnés uniquement à titre illustratif
et non limitatif, en référence aux dessins annexés.
- La figure 1 est une représentation schématique d'un chariot télescopique dans lequel des modes
de réalisation de l'invention peuvent être mis en oeuvre.
- La figure 2 est un diagramme d'étape représentant un procédé de commande selon un premier mode
de réalisation du mode de fonctionnement renforcé pouvant être utilisé dans le chariot
télescopique.
- La figure 3 est un diagramme d'étape représentant un procédé de commande selon un deuxième mode
de réalisation du mode de fonctionnement renforcé pouvant être utilisé dans le chariot
télescopique.
- La figure 4 est une représentation schématique d'un dispositif d'actionnement hydraulique selon
un premier mode de réalisation pouvant être utilisé dans le chariot télescopique.
- La figure 5 est une représentation schématique d'un dispositif d'actionnement hydraulique selon
un deuxième mode de réalisation pouvant être utilisé dans le chariot télescopique.
- La figure 6 est une représentation schématique d'un dispositif d'actionnement hydraulique selon
un troisième mode de réalisation pouvant être utilisé dans le chariot télescopique.
- La figure 7 est un diagramme représentant une machine à états pouvant être utilisée dans le chariot
télescopique.
- La figure 8 est une représentation schématique d'un dispositif d'actionnement hydraulique selon
un quatrième mode de réalisation pouvant être utilisé dans le chariot télescopique.
- La figure 9 est une représentation schématique d'un bras de support de roue équipé d'un extensomètre
pouvant servir de capteur indicatif de moment de basculement.
Description détaillée de modes de réalisation
[0051] On va décrire ci-dessous des modes de réalisation d'une machine de manutention sous
la forme d'un chariot télescopique roulant portant un bras de manutention saillant
vers l'avant du véhicule. Dans cette configuration le risque de basculement se présente
dans la direction avant autour de l'axe de basculement formé par les roues avant du
véhicule. Dès lors, la surveillance et le contrôle de ce risque de basculement impliquent
de prendre en compte les forces inertielles orientées dans la direction avant, c'est-à-dire
les mouvements impliquant une quantité de mouvement non négligeable dans cette direction.
[0052] Dans une machine de manutention présentant une configuration différente, l'axe de
basculement peut être situé différemment. Les mouvements à prendre en compte devront
alors être sélectionnés en fonction de la situation de cet axe.
[0053] En référence à la figure 1, le chariot télescopique 1 comporte un châssis 2 supporté
sur le sol par l'intermédiaire d'un essieu avant 3 et un essieu arrière 4. Des pieds
stabilisateurs 5 peuvent être optionnellement déployés pour soulever l'essieu avant
3, auquel cas les pieds stabilisateurs 5 définissent l'axe de basculement vers l'avant.
Le châssis 2 présente une masse relativement élevée du fait de sa construction et
des éléments mécaniques qu'il porte, selon la technique connue.
[0054] Le bras de manutention 6 est articulé au châssis 2 autour d'un axe horizontal 7.
Un actionneur de levage, par exemple vérin hydraulique 8, permet de déplacer le bras
de manutention 6 vers le haut et vers le bas autour de l'axe horizontal 7, sous la
conduite d'un système de commande. Le système de commande comporte une unité de commande
10 et un organe de contrôle 12 actionnable par un opérateur, qui sont schématiquement
esquissés sur la figure 1.
[0055] La figure 1 illustre le bras de manutention 6 et une charge utile 9 dans une position
haute en trait continu et dans plusieurs positions plus basses en trait interrompu.
Toutes choses égales par ailleurs, le moment de basculement statique exercé par le
bras de manutention 6 dans la direction avant augmente à mesure que sa position descend
vers l'horizontale.
[0056] Une mesure indicative de ce moment de basculement statique peut être obtenue à l'aide
d'un capteur indicatif de moment de basculement pouvant être positionné de différentes
manières. La figure 1 illustre un capteur indicatif de moment de basculement 11 positionné
au niveau de l'essieu arrière, selon la technique connue.
[0057] Le capteur indicatif de moment de basculement 11 produit un signal de mesure qui
représente une réserve de stabilité de la machine de manutention 1 par rapport à l'axe
de basculement.
[0058] Une méthode connue pour surveiller et contrôler le risque de basculement consiste
à traiter le signal de mesure du capteur indicatif de moment de basculement 11 par
l'unité de commande 10 pour, d'une part afficher une jauge de stabilité visuelle dans
l'habitacle de la machine, par exemple sur un tableau d'affichage lumineux 13 disposé
dans l'habitacle et, d'autre part, couper le mouvement de descente du bras de manutention
6 lorsque le signal de mesure devient inférieur à un seuil prédéfini. Toutefois, du
fait des forces inertielles engendrées par la coupure du mouvement, cette méthode
nécessite de fixer le seuil avec une marge de sécurité élevée, ce qui limite les capacités
de la machine, et/ou de commander un ralentissement automatique du mouvement avant
la coupure, ce qui dépossède l'opérateur du contrôle de la vitesse.
[0059] Pour éviter cela, dans un mode de fonctionnement renforcé, le système de commande
peut mettre en oeuvre des procédés de commande qui vont être décrits en référence
aux figures 2 et 3. Ces procédés de commande reposent sur le principe de laisser l'opérateur
piloter le mouvement du bras de manutention 6 au moyen de l'organe de contrôle 12.
En particulier le système de commande règle la vitesse du mouvement à exécuter en
fonction d'une demande de mouvement produite par l'opérateur en actionnant l'organe
de contrôle 12, et en particulier d'une grandeur quantitative produite par l'action
de l'opérateur sur l'organe de contrôle 12 et représentant un niveau de vitesse demandé
par l'opérateur. Par exemple, la grandeur quantitative est un angle d'inclinaison
d'un levier pivotant de l'organe de contrôle 12, dans lequel un angle plus élevé représente
une demande de vitesse plus élevée et un angle d'inclinaison nul (position neutre)
représente une demande d'arrêt. Le système de commande produit immédiatement l'arrêt
du mouvement en réponse à la demande d'arrêt produite par l'opérateur.
[0060] La figure 2 illustre un procédé de commande utilisant une mesure de vitesse effective
du bras de manutention 6. La figure 3 illustre un procédé de commande utilisant une
demande de vitesse produite par l'opérateur. Ces procédés peuvent être exécutés en
boucle par un circuit électronique.
[0061] Le procédé de la figure 2 comporte les étapes suivantes :
Étape 21 : acquisition du signal de mesure du capteur indicatif de moment de basculement
11
Étape 22 : détermination d'un seuil de vitesse autorisée en fonction du signal de
mesure. Cette détermination peut reposer sur la lecture d'une table stockée dans une
mémoire et contenant des valeurs de seuil associées à des valeurs du signal de mesure
ou à des plages de valeur du signal de mesure.
Étape 23 : acquisition du signal de mesure d'un capteur de vitesse du bras de manutention
6. Ce capteur de vitesse est par exemple un capteur de vitesse angulaire 18 esquissé
sur la figure 1.
Étape 24 : comparaison de la vitesse du bras de manutention 6 avec le seuil de vitesse
autorisée.
[0062] Si la vitesse mesurée est inférieure au seuil de vitesse autorisée, étape 25 : exécution
ou poursuite de l'exécution du mouvement conformément à la demande de mouvement produite
par l'opérateur.
[0063] Si la vitesse mesurée est supérieure au seuil de vitesse autorisée, étape 26: arrêt
ou empêchement du mouvement du bras de manutention 6, malgré la demande de l'opérateur.
Cet arrêt ou empêchement traduit le fait que l'opérateur a demandé une vitesse de
mouvement trop élevée par rapport à la réserve de stabilité disponible au même instant.
Le système de commande n'autorise pas l'exécution de cette demande. En d'autres termes,
si un mouvement était en cours, il s'arrête immédiatement et si aucun mouvement n'était
en cours, l'état d'arrêt subsiste malgré la demande de l'opérateur.
[0064] A partir de l'état d'arrêt produit à l'étape 26, il est préférable d'exiger une action
positive de réinitialisation par l'opérateur avant qu'il puisse à nouveau émettre
une demande de mouvement, par exemple une nouvelle demande avec un niveau de vitesse
plus faible. Cette action de réinitialisation est de préférence exécutable au moyen
de l'organe de contrôle 12, par mesure d'ergonomie. Par exemple l'action de réinitialisation
consiste à ramener le levier pivotant dans la position neutre avant de le ré-incliner
vers l'avant.
[0065] Le seuil de vitesse autorisée lu à l'étape 22 peut avoir été déterminé par des essais.
Qualitativement ce seuil de vitesse autorisée représente une quantité de mouvement
ou une énergie cinétique que le chariot de manutention 1 est capable d'absorber sans
basculement en cas d'arrêt instantané du mouvement du bras de manutention 6. Ce seuil
de vitesse autorisée décroît donc au cours d'un mouvement de descente du bras de manutention
6 comme décroît la réserve de stabilité indiquée par la mesure du capteur indicatif
de moment de basculement 11. Dans un autre mode de réalisation, le seuil de vitesse
autorisée peut avoir été déterminé par un calcul et mémorisé ou peut être déterminé
par un calcul en temps réel à l'étape 22.
[0066] Un effet du procédé de commande décrit ci-dessus est donc que, en partant de la position
haute illustrée sur la figure 1, si l'opérateur produit une demande de mouvement de
descente constante, le mouvement est exécuté à vitesse constante tant que le seuil
de vitesse autorisée reste supérieur à cette vitesse et s'interrompt instantanément
lorsque le seuil de vitesse autorisée est dépassé.
[0067] Comme le système de commande réagit de manière uniforme à une demande de mouvement
donnée, et en particulier ne modifie pas la vitesse de mouvement exécutée en réponse
à une demande donnée, l'opérateur est mis en mesure d'acquérir par l'expérience une
connaissance fine de la réponse de la machine et d'être capable d'adapter au mieux
sa demande en fonction des circonstances.
[0068] Sur la figure 3, les étapes modifiées par rapport au procédé de la figure 2 portent
le même chiffre de référence augmenté de 100. Les étapes inchangées portent le même
chiffre et ne sont pas décrites à nouveau.
Étape 28 : acquisition du signal de demande de mouvement produit par l'opérateur,
par exemple sous la forme d'un signal électrique
Étape 123 : détermination d'une vitesse de mouvement demandée en fonction du signal
de demande de mouvement. Par exemple la vitesse demandée est encodée dans l'amplitude
ou un autre attribut du signal de demande de mouvement.
Étape 124 : comparaison de la vitesse de mouvement demandée avec le seuil de vitesse
autorisée.
[0069] Si la vitesse demandée est inférieure au seuil de vitesse autorisée, étape 25.
[0070] Si la vitesse demandée est supérieure au seuil de vitesse autorisée, étape 26.
[0071] On appréciera que dans ces procédés, aucun autre mouvement n'est exécuté qu'un mouvement
conforme à la demande de mouvement produite par l'opérateur.
[0072] Le système de commande permettant d'exécuter un tel procédé de commande peut être
réalisé de différentes manières. Trois exemples de réalisation vont maintenant être
décrits en référence aux figures 4 à 6.
[0073] Sur la figure 4, le système de commande convient pour mettre en oeuvre le procédé
de la figure 2. On a représenté le vérin hydraulique 8, une source de pression hydraulique
30, un distributeur hydraulique 31 intercalé entre eux pour contrôler un débit hydraulique
à fournir au vérin hydraulique 8, l'organe de contrôle 12 sous la forme d'un levier
couplé directement au tiroir du distributeur hydraulique 31, l'unité de commande 10,
le capteur indicatif de moment de basculement 11 et le capteur de vitesse angulaire
18 reliés à l'unité de commande 10, et une électrovanne 32 intercalée entre le distributeur
hydraulique 31 et le vérin hydraulique 8. L'électrovanne 32 est pilotée par l'unité
de commande 10.
[0074] Dans ce système, comme l'unité de commande ne peut pas empêcher l'ouverture du distributeur
hydraulique 31 sous l'action de l'opérateur lorsque la vitesse est trop élevée, c'est
l'électrovanne 32 qui sert à interrompre le flux hydraulique pour arrêter immédiatement
le mouvement à l'étape 26.
[0075] De préférence, l'électrovanne 32 est une vanne de démarrage progressif. L'utilisation
d'une vanne de démarrage progressif permet que le redémarrage éventuel du mouvement
par l'opérateur après l'action de réinitialisation ne puisse pas avoir lieu trop vite
par rapport à la mesure de vitesse par le capteur de vitesse 18.
[0076] Sur la figure 5, les éléments similaires ou identiques à ceux de la figure 4 portent
le même chiffre de référence. Dans ce mode de réalisation, le distributeur hydraulique
31 ne présente pas une commande mécanique liée directement à l'organe de contrôle
12, mais il présente une commande hydraulique. En particulier, le flux hydraulique
38 correspondant au mouvement de descente du bras de manutention 6 peut être obtenu
en envoyant une pression pilote 36 dans un port de commande 35.
[0077] L'organe de contrôle 12 est couplé à une vanne de commande 34 contrôlant cette pression
pilote. L'unité de commande 10 est configurée pour piloter une électrovanne 33 agencée
entre la vanne de commande 34 et le port de commande 35. Ainsi à l'étape 26, l'unité
de commande 10 peut commuter la vanne 33 pour ramener le distributeur hydraulique
31 en position neutre. De préférence, l'électrovanne 33 est une vanne de démarrage
progressif.
[0078] Sur la figure 6, le système de commande convient pour mettre en oeuvre le procédé
de la figure 3. L'organe de contrôle 12 produit des signaux de demande électriques
39 et le distributeur hydraulique 31 est pilotée à l'aide d'un signal électrique appliqué
sur un port de commande 37. L'unité de commande 10 est intercalée entre l'organe de
contrôle 12 et le distributeur hydraulique 31 et peut donc commander directement le
distributeur hydraulique 31 aux étapes 25 et 26. Un capteur de vitesse du bras de
manutention 6 n'est pas indispensable dans ce mode de réalisation, puisque l'unité
de commande 10 peut déterminer la vitesse demandée directement à partir du signal
de demande 39.
[0079] La figure 7 représente une machine à états pouvant être mise en oeuvre par l'unité
de commande 10 pour activer sélectivement le mode de fonctionnement renforcé décrit
ci-dessus et un mode de fonctionnement simple.
[0080] Plus précisément, la machine à états comporte un état 72 « mode de fonctionnement
renforcé » dans lequel l'unité de commande 10 met en oeuvre le mode de fonctionnement
renforcé décrit ci-dessus pour tenir compte de forces inertielles, en particulier
dans des conditions où la prédiction des forces inertielles basée sur la vitesse présente
un degré de précision du fait de l'immobilité du châssis 2, et un état 73 « mode de
fonctionnement simple » dans lequel l'unité de commande 10 met en oeuvre un mode de
fonctionnement différent, sans prise en compte de la vitesse de mouvement du bras
de manutentions. Le mode de fonctionnement simple assure néanmoins une certaine stabilité
du chariot télescopique.
[0081] Dans l'état 73, l'unité de commande 10 met en oeuvre un procédé de commande du bras
de manutention 6 qui repose par exemple essentiellement sur la mesure de moment de
basculement, en exécutant le mouvement demandé tant que le moment de basculement est
inférieur à un seuil prédéfini, et en arrêtant le mouvement dès que le moment de basculement
franchit ce seuil. La condition d'arrêt est donc le franchissement du seuil prédéfini
par le signal de mesure indicatif du moment de basculement. En ce qui concerne le
capteur 11 positionné au niveau de l'essieu arrière, son signal de mesure (traduisant
par exemple la flexion d'un bras de support de roue) va diminuer à mesure que le moment
de basculement augmente. La condition d'arrêt peut donc être plus précisément le franchissement
d'un seuil par le bas par le signal de mesure du capteur 11. Il s'entend que le mouvement
demandé peut être une combinaison de mouvements et n'est pas restreint à un mouvement
unitaire.
[0082] De retour à la figure 1, on a représenté un organe sélecteur 70 dans l'habitacle
du chariot télescopique. L'organe sélecteur 70 est destiné à être actionné par l'opérateur
pour sélectionner à son choix le mode de fonctionnement renforcé et le mode de fonctionnement
simple. Ainsi, comme indiqué sur la figure 7, depuis l'état 72, l'opérateur peut exercer
une première action 74 sur l'organe sélecteur 70 pour passer dans l'état 73. Réciproquement,
depuis l'état 73, l'opérateur peut exercer une deuxième action 75 sur l'organe sélecteur
70 pour passer dans l'état 72. Selon la réalisation concrète de l'organe sélecteur
70, la première action 74 et la deuxième action 75 peuvent être des actions identiques,
successives dans le temps, par exemple dans le cas où l'organe sélecteur 70 est un
bouton poussoir commutant alternativement dans l'état 72 et dans l'état 73 à chaque
pression successive qu'il reçoit. Inversement la première action 74 et la deuxième
action 75 peuvent être des actions différentes, par exemple dans le cas où l'organe
sélecteur 70 est un organe bistable pouvant être déplacé sélectivement dans une première
position stable pour passer dans l'état 72 et dans une deuxième position stable pour
passer dans l'état 73.
[0083] La figure 7 montre aussi que l'unité de commande 10 dans l'état 73 teste en permanence
une condition de retour 76 pour revenir à l'état 72 dès que la condition de retour
76 est satisfaite.
[0084] La condition de retour est fondée sur la détection que le châssis 2 du chariot télescopique
est dans un état sensiblement immobile depuis une durée supérieure à un seuil prédéterminé.
Un critère pouvant être appliqué pour détecter l'état sensiblement immobile est que
la vitesse de déplacement du châssis 2 soit inférieure à un seuil prédéfini, par exemple
0,3 m/s. Pour tester la condition de retour 76, l'unité de commande peut mesurer une
grandeur représentative de la vitesse de déplacement du châssis 2 et compare cette
grandeur au seuil prédéfini.
[0085] La condition de retour 76 peut aussi comporter plusieurs conditions alternatives
ou cumulatives impliquant que le corps de la machine est sensiblement immobile. Dans
un mode de réalisation, la condition de retour 76 est aussi satisfaite dès que l'un
des événements suivants est détecté :
- activation d'un frein de parc,
- désactivation d'une transmission (débrayage par électrovanne ou relais de commande
électrique),
- descente des pieds stabilisateurs 5 en appui au sol, manifestant l'intention de stabiliser
la machine en soulevant les roues du sol.
[0086] De nombreuses techniques sont utilisables pour mesurer une grandeur représentative
de la vitesse de déplacement du châssis 2, par exemple en exploitant les mesures fournies
par un ou plusieurs capteurs de vitesse de roues 71, qui sont illustrés schématiquement
sur la figure 1.
[0087] Le seuil de durée peut être fixé en fonction des exigences de l'application donnée,
par exemple entre 1s et 1000s, et de préférence entre 5s et 100s.
[0088] D'autres systèmes de commande peuvent être conçus selon la nature de l'actionneur
à commander. Le bras de manutention 6 peut présenter d'autres degrés de mouvement
que le pivotement autour de l'axe horizontal 7, notamment un degré de mouvement linéaire
en télescopage et un degré de pivotement de l'outil autour d'un axe horizontal 15.
Les procédés de commandes décrits ci-dessus peuvent être utilisés pour commander un
ou plusieurs de ces degrés de mouvement. Lorsque plusieurs degrés de mouvement sont
présents, les actionneurs responsables d'exécuter les mouvements correspondants ne
sont pas forcément tous commandés de la même manière. Il s'entend que le mouvement
demandé peut être une combinaison de mouvements et n'est pas restreint à un mouvement
unitaire.
[0089] La figure 8 illustre un autre système de commande des mouvements du bras de manutention
6. Dans ce système on a représenté trois actionneurs responsables des mouvements selon
trois degrés différents, à savoir :
- un actionneur de levage/abaissement 108 responsable des mouvements de pivotement autour
de l'axe 7, dénotés levage L+ et abaissement L-, commandé par un distributeur hydraulique
131
- un actionneur de télescopage 308 responsable des mouvements de translation le long
de l'axe du bras de manutention 6, dénotés allongement T+ et rétraction T-, commandé
par un distributeur hydraulique 231, et
- un actionneur d'outil 208 responsable des mouvements de pivotement de l'outil autour
de l'axe 15, dénotés redressement I+ et abaissement I-, commandé par un distributeur
hydraulique 331.
[0090] A titre illustratif, les distributeurs hydrauliques 131, 231, 331 sont des distributeurs
à commande électrique. Les mêmes chiffres de références que sur la figure 6 sont donc
employés pour désigner des éléments identiques ou similaires.
[0091] Les procédés d'arrêt des mouvements décrits plus haut peuvent être appliqués bien
sûr au mouvement d'abaissement L-, comme déjà décrit, mais aussi au mouvement d'allongement
T+ et éventuellement à d'autres mouvements.
[0092] Lorsque l'unité de commande 10 arrête ou empêche automatiquement un mouvement, du
fait que la condition d'arrêt est satisfaite, certains degrés de mouvement peuvent
rester exécutables par l'opérateur pendant que d'autres sont interdits. De préférence,
le mouvement de levage L+ et le mouvement rétraction T-restent exécutables puisqu'ils
contribuent à diminuer le moment de basculement,
[0093] Les degrés de mouvement restant exécutables lorsque la condition d'arrêt d'un mouvement
est satisfaite ne sont pas forcément les mêmes dans l'état 72 et dans l'état 73. Par
exemple, lorsque la condition d'arrêt d'un mouvement d'abaissement L- est satisfaite
dans l'état 72 (mode de fonctionnement renforcé sélectionné), les mouvements de redressement
I+ et d'abaissement I- sont également bloqués, alors que ces mouvements restent exécutables
lorsque la condition d'arrêt d'un mouvement d'abaissement L- est satisfaite dans l'état
73 (mode de fonctionnement simple sélectionné).
[0094] La figure 9 représente un mode de réalisation de l'essieu arrière 4 du chariot télescopique
1. L'essieu arrière 4 comporte deux bras de support de roue 60 portant les roues arrière
62. L'un des bras de support de roue 60 ou chacun d'eux est équipé d'un extensomètre
61 agencé pour mesurer des déformations du bras de support de roue 60 en flexion.
Plus précisément, l'extensomètre 61 mesure la variation de longueur entre deux bornes
espacées sur le bras de support de roue 60. Les signaux de mesure des extensomètres
61 peuvent être employés pour former le signal indicatif du moment de basculement,
par exemple en tant que moyenne des deux signaux de mesure. Alternativement, il est
possible d'employer un seul extensomètre 61 pour produire le signal indicatif du moment
de basculement. De préférence, l'essieu arrière 4 est relié de manière oscillante
au châssis 2 au moyen d'un pivot 66 d'axe longitudinal passant par une partie centrale
65 de l'essieu.
[0095] Certains éléments représentés, notamment l'unité de commande, peuvent être réalisés
sous différentes formes, de manière unitaire ou distribuée, au moyen de composants
matériels et/ou logiciels. Des composants matériels utilisables sont les circuits
intégrés spécifiques ASIC, les réseaux logiques programmables FPGA ou les microprocesseurs.
Des composants logiciels peuvent être écrits dans différents langages de programmation,
par exemple C, C++, Java ou VHDL. Cette liste n'est pas exhaustive.
[0096] Les procédés et systèmes décrits ci-dessus dans le cadre d'un chariot télescopique
sont applicables à d'autres machines de manutention.
[0097] Bien que l'invention ait été décrite en liaison avec plusieurs modes de réalisation
particuliers, il est bien évident qu'elle n'y est nullement limitée et qu'elle comprend
tous les équivalents techniques des moyens décrits ainsi que leurs combinaisons si
celles-ci entrent dans le cadre de l'invention.
[0098] L'usage du verbe « comporter », « comprendre » ou « inclure » et de ses formes conjuguées
n'exclut pas la présence d'autres éléments ou d'autres étapes que ceux énoncés dans
une revendication. L'usage de l'article indéfini « un » ou « une » pour un élément
ou une étape n'exclut pas, sauf mention contraire, la présence d'une pluralité de
tels éléments ou étapes.
[0099] Dans les revendications, tout signe de référence entre parenthèses ne saurait être
interprété comme une limitation de la revendication.
1. Procédé de commande pour commander un dispositif d'actionnement (8) dans une machine
de manutention (1) comportant un corps principal (2) mobile et un bras de manutention
(6) destiné à recevoir une charge (9) devant être déplacée, le dispositif d'actionnement
étant configuré pour exécuter un mouvement du bras de manutention par rapport au corps
principal,
le procédé comportant :
mesurer (21) une grandeur indicative d'un moment de basculement appliqué sur le corps
principal par rapport à un axe de basculement, et
arrêter ou empêcher (26) un mouvement du bras de manutention exécuté ou demandé dès
qu'une condition d'arrêt est satisfaite, la condition d'arrêt étant dépendante de
la grandeur indicative du moment de basculement mesurée,
et dans lequel, quand un mode de fonctionnement renforcé est sélectionné (72), la
condition d'arrêt est aussi dépendante d'une grandeur représentative de la vitesse
du mouvement du bras de manutention,
et quand un mode de fonctionnement simple est sélectionné (73), la condition d'arrêt
est indépendante de la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras
de manutention.
2. Procédé selon la revendication 1, comportant en outre :
sélectionner le mode de fonctionnement renforcé en réponse à une première action (75)
d'un opérateur sur un organe de sélection, et
sélectionner le mode de fonctionnement simple (74) en réponse à une deuxième action
d'un opérateur sur l'organe de sélection.
3. Procédé selon la revendication 2, comportant en outre :
sélectionner le mode de fonctionnement renforcé en réponse la détection (76) de ce
que le corps principal est resté dans un état sensiblement immobile pendant une durée
supérieure à un seuil de durée prédéterminé.
4. Procédé selon la revendication 3, comportant en outre :
mesurer une grandeur représentative d'une vitesse de déplacement du corps principal,
et
détecter (76) que le corps principal est resté dans l'état sensiblement immobile en
fonction de la grandeur représentative d'une vitesse de déplacement du corps principal.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, comportant en outre :
sélectionner le mode de fonctionnement renforcé en réponse la détection (76) de l'activation
d'un frein de parc, la désactivation d'une transmission ou la descente de pieds stabilisateurs
en appui au sol.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, comportant en outre :
mesurer (23) une vitesse instantanée du bras de manutention par rapport au corps principal
en tant que grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, comportant en outre :
recevoir (28) un signal de demande de mouvement destiné à influencer le dispositif
d'actionnement pour faire exécuter un mouvement du bras de manutention par le dispositif
d'actionnement, le signal de demande de mouvement présentant un attribut représentatif
d'une vitesse du mouvement à exécuter,
déterminer (123) la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de
manutention en fonction de l'attribut du signal de demande de mouvement.
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, dans lequel, quand le mode de fonctionnement
renforcé est sélectionné, le procédé comporte en outre :
déterminer (22) un seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée en fonction
de la grandeur indicative du moment de basculement,
comparer (24, 124) la grandeur représentative de la vitesse du mouvement exécuté ou
à exécuter au seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée et
commander le dispositif d'actionnement en fonction du résultat de ladite comparaison,
de manière à :
exécuter ou continuer (25) le mouvement du bras de manutention tant que la grandeur
représentative de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter est inférieure audit
seuil représentatif d'une vitesse maximale autorisée, et
empêcher ou arrêter (26) le mouvement du bras de manutention dès que la grandeur représentative
de la vitesse du mouvement exécuté ou à exécuter est supérieure audit seuil représentatif
d'une vitesse maximale autorisée.
9. Procédé selon la revendication 8, dans lequel le seuil représentatif d'une vitesse
maximale autorisée présente une évolution décroissante quand le moment de basculement
augmente.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 9, dans lequel, quand le mode de fonctionnement
simple est sélectionné (73), le procédé comporte en outre :
empêcher ou arrêter le mouvement du bras de manutention dès que la grandeur indicative
d'un moment de basculement a franchi un seuil prédéterminé.
11. Machine de manutention (1) comportant :
un corps principal (2),
un bras de manutention (6) destiné à recevoir une charge devant être déplacée, un
dispositif d'actionnement (8) configuré pour exécuter un mouvement du bras de manutention
par rapport au corps principal,
un capteur indicatif de moment de basculement (11) sensible à une grandeur indicative
d'un moment de basculement appliqué sur le corps principal par rapport à un axe de
basculement,
une unité de commande (10) configurée pour commander le dispositif d'actionnement
de manière à arrêter ou empêcher (26) un mouvement du bras de manutention exécuté
ou demandé dès qu'une condition d'arrêt est satisfaite, la condition d'arrêt étant
dépendante de la grandeur indicative du moment de basculement mesurée, et un organe
de sélection (70) actionnable par un opérateur pour sélectionner un mode de fonctionnement
simple et un mode de fonctionnement renforcé,
dans lequel, quand le mode de fonctionnement renforcé est sélectionné, la condition
d'arrêt employée par l'unité de commande (10) est aussi dépendante d'une grandeur
représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention exécuté ou demandé,
et quand le mode de fonctionnement simple est sélectionné, la condition d'arrêt est
indépendante de la grandeur représentative de la vitesse du mouvement du bras de manutention.
12. Machine selon la revendication 11, dans laquelle l'organe de sélection (70) est configuré
pour :
sélectionner (75) le mode de fonctionnement renforcé en réponse à une première action
de l'opérateur sur l'organe de sélection, et
sélectionner (74) le mode de fonctionnement simple en réponse à une deuxième action
de l'opérateur sur l'organe de sélection.
13. Machine selon la revendication 11 ou 12, dans laquelle l'unité de commande (10) est
configurée pour sélectionner le mode de fonctionnement renforcé en réponse la détection
(76) de ce que le corps principal est resté dans un état sensiblement immobile pendant
une durée supérieure à un seuil de durée prédéterminé.
14. Machine selon la revendication 13, comportant en outre :
un capteur de vitesse de déplacement (71) configuré pour mesurer une grandeur représentative
d'une vitesse de déplacement du corps principal, et
dans laquelle l'unité de commande (10) est configurée pour détecter (76) que le corps
principal est resté dans l'état sensiblement immobile en fonction de la grandeur représentative
d'une vitesse de déplacement du corps principal.
15. Machine selon l'une des revendications 11 à 14, comportant en outre des moyens de
mesure (18) pour mesurer une vitesse instantanée du bras de manutention (6) par rapport
au corps principal en tant que grandeur représentative de la vitesse du mouvement
du bras de manutention.