Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication d'un ressort spiral destiné à équiper
un balancier d'un mouvement d'horlogerie. Elle se rapporte également au ressort spiral
issu de ce procédé réalisé dans un alliage Nb-Hf.
Arrière-plan de l'invention
[0002] La fabrication de ressorts spiraux pour l'horlogerie doit faire face à des contraintes
souvent à première vue incompatibles :
- nécessité d'obtention d'une limite élastique élevée,
- facilité d'élaboration, notamment de tréfilage et de laminage,
- excellente tenue en fatigue,
- stabilité des performances dans le temps,
- faibles sections.
[0003] La réalisation de ressorts spiraux est en outre centrée sur le souci de la compensation
thermique, de façon à garantir des performances chronométriques régulières. Il faut
pour cela obtenir un coefficient thermoélastique proche de zéro. On recherche également
à réaliser des ressorts spiraux présentant une sensibilité aux champs magnétiques
limitée.
[0004] Des spiraux ont été développés à partir d'alliages de niobium et d'hafnium. Toutefois,
ces alliages posent des problèmes de collement et de grippage dans les filières d'étirage
ou de tréfilage (diamant ou métal dur) et contre les rouleaux de laminage (métal dur
ou acier), ce qui les rend quasiment impossibles à transformer en fils fins par les
procédés standards utilisés par exemple pour l'acier.
[0005] Toute amélioration sur au moins l'un de ces points, et en particulier sur la facilité
d'élaboration, notamment de tréfilage et de laminage, représente donc une avancée
significative.
Résumé de l'invention
[0006] Un objet de la présente invention est de proposer un procédé de fabrication d'un
ressort spiral destiné à équiper un balancier d'un mouvement d'horlogerie permettant
de faciliter les déformations, et plus particulièrement d'obtenir un laminage aisé.
[0007] A cet effet, l'invention concerne un procédé de fabrication d'un ressort spiral destiné
à équiper un balancier d'un mouvement d'horlogerie qui comprend :
- une étape d'élaboration d'une ébauche dans un alliage de niobium et d'hafnium constitué
de :
- niobium : balance à 100% en poids,
- hafnium: entre 5 et 60% en poids, de préférence entre 5 et 30%, et plus préférentiellement
entre 8 et 12% en poids,
- un ou plusieurs éléments choisis parmi le Ti, Zr, Ta, W avec un pourcentage pour chaque
élément compris entre 0 et 2%, de préférence entre 0.2 et 1.5% en poids,
- impuretés avec un pourcentage total compris entre 0 et 0.5% en poids. Plus précisément,
les impuretés peuvent être des traces d'éléments sélectionnés parmi le groupe constitué
de O, H, C, Fe, N, Ni, Si, Cu, Al, Cr, Mn, V, Sn, Mg, Mo, Pb, Co, B, chacun desdits
éléments étant présent dans une quantité comprise entre 0 et 1000 ppm en poids,
- une étape de recuit et refroidissement de ladite ébauche suivie d'une étape de déformation
de l'ébauche recuite pour former un fil, les étapes de recuit et de déformation pouvant
être répétées plusieurs fois,
- une étape d'estrapadage pour former le ressort-spiral,
- une étape finale de traitement thermique.
[0008] Selon l'invention, le procédé comprend avant l'étape de déformation et après l'étape
de recuit, une étape de dépôt, sur l'ébauche, d'une couche d'un matériau ductile choisi
parmi le groupe comprenant le cuivre, le nickel, le cupro-nickel, le cupro-manganèse,
l'or, l'argent, le nickel-phosphore Ni-P et le nickel-bore Ni-B, pour faciliter la
mise en forme sous forme de fil. Préférentiellement, l'épaisseur de la couche de matériau
ductile déposée est choisie de sorte que le rapport surface de matériau ductile/surface
de l'alliage NbHf pour une section de fil donnée est inférieur à 1, de préférence
inférieur à 0.5, et plus préférentiellement compris entre 0.01 et 0.4.
[0009] Un tel procédé de fabrication permet de faciliter la mise en forme sous forme de
fil de l'ébauche en alliage NbHf, et plus spécifiquement de faciliter l'étirage, le
tréfilage et le laminage. En particulier, ce procédé permet de faciliter la fabrication
d'un ressort spiral ayant la composition suivante :
- niobium: balance à 100% en poids,
- hafnium: entre 5 et 15%, de préférence entre 8 et 12% en poids,
- un ou plusieurs éléments choisis parmi le Ti, Zr, Ta, W avec un pourcentage pour chaque
élément compris entre 0.2 et 1.5% en poids,
- impuretés avec un pourcentage total de ces dernières compris entre 0 et 0.5% en poids.
Description de l'invention
[0010] L'invention concerne un procédé de fabrication d'un ressort spiral destiné à équiper
un balancier d'un mouvement d'horlogerie et réalisé dans un alliage comportant du
niobium et de l'hafnium.
[0011] Le procédé comprend les étapes suivantes :
- une étape d'élaboration d'une ébauche dans un alliage de niobium et d'hafnium constitué
de :
- niobium : balance à 100% en poids,
- hafnium: entre 5 et 60% en poids, de préférence entre 5 et 30%, et plus préférentiellement
entre 8 et 12% en poids,
- un ou plusieurs éléments choisis parmi le Ti, Zr, Ta, W avec un pourcentage pour chaque
élément compris entre 0 et 2%, de préférence entre 0.2 et 1.5% en poids,
- impuretés avec un pourcentage total de ces dernières compris entre 0 et 0.5% en poids.
Plus précisément, les impuretés peuvent être des traces d'éléments sélectionnés parmi
le groupe constitué de O, H, C, Fe, N, Ni, Si, Cu, Al, Cr, Mn, V, Sn, Mg, Mo, Pb,
Co, B, chacun desdits éléments étant présent dans une quantité comprise entre 0 et
1000 ppm en poids,
- une étape de recuit suivi d'un refroidissement de ladite ébauche,
- une étape de dépôt d'un matériau ductile sur l'ébauche,
- au moins une étape de déformation de l'ébauche pour former un fil, avec une étape
de recuit et refroidissement entre les étapes de déformation lorsqu'il y a plusieurs
étapes de déformation,
- une étape d'estrapadage pour former le ressort spiral,
- une étape finale de traitement thermique permettant de fixer la forme du ressort spiral
et d'ajuster le coefficient thermoélastique.
[0012] De manière particulièrement préférée, l'ébauche comprend en poids entre 8 et 12%
d'hafnium, du Ti, Zr, Ta et du W avec un pourcentage pour chaque élément compris entre
0.2 et 1.5%, et plus préférentiellement du Ti compris dans un pourcentage entre 0.5
et 1.5%, du Zr dans un pourcentage compris entre 0.5 et 0.9%, du Ta dans un pourcentage
compris entre 0.3 et 0.7%, du W dans un pourcentage compris entre 0.3 et 0.7%.
[0013] Préférentiellement, l'ébauche en alliage NbHf utilisé dans la présente invention
ne comprend pas d'autres éléments à l'exception d'éventuelles et inévitables traces.
Cela permet d'éviter la formation de phases fragiles.
[0014] Plus particulièrement, la teneur en oxygène est inférieure ou égale à 0.10% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.05% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.03% en poids du total.
[0015] Plus particulièrement, la teneur en carbone est inférieure ou égale à 0.04% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.02% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.015% en poids du total.
[0016] Plus particulièrement, la teneur en fer est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.02% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.005% en poids du total.
[0017] Plus particulièrement, la teneur en azote est inférieure ou égale à 0.04% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.02% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.015% en poids du total.
[0018] Plus particulièrement, la teneur en hydrogène est inférieure ou égale à 0.01% en
poids du total, notamment inférieure ou égale à 0.0035% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.001% en poids du total.
[0019] Plus particulièrement, la teneur en silicium est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.02% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.005% en poids du total.
[0020] Plus particulièrement, la teneur en nickel est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.002% en poids du total.
[0021] Plus particulièrement, la teneur en élément en solution solide ductile, tel que le
cuivre, dans l'alliage, est inférieure ou égale à 0.05% en poids du total, notamment
inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore inférieure ou égale à
0.004% en poids du total.
[0022] Plus particulièrement, la teneur en aluminium est inférieure ou égale à 0.05% en
poids du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.002% en poids du total.
[0023] Plus particulièrement, la teneur en chrome est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.002% en poids du total.
[0024] Plus particulièrement, la teneur en manganèse est inférieure ou égale à 0.05% en
poids du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.002% en poids du total.
[0025] Plus particulièrement, la teneur en vanadium est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.002% en poids du total.
[0026] Plus particulièrement, la teneur en étain est inférieure ou égale à 0.01% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.0035% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.001% en poids du total.
[0027] Plus particulièrement, la teneur en magnésium est inférieure ou égale à 0.05% en
poids du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.002% en poids du total.
[0028] Plus particulièrement, la teneur en molybdène est inférieure ou égale à 0.05% en
poids du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.002% en poids du total.
[0029] Plus particulièrement, la teneur en plomb est inférieure ou égale à 0.05% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.01% en poids du total, voire encore inférieure
ou égale à 0.002% en poids du total.
[0030] Plus particulièrement, la teneur en cobalt est inférieure ou égale à 0.01% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.0035% en poids du total, voire encore
inférieure ou égale à 0.001% en poids du total.
[0031] Plus particulièrement, la teneur en bore est inférieure ou égale à 0.005% en poids
du total, notamment inférieure ou égale à 0.0001% en poids du total.
[0032] L'étape de recuit est un traitement de mise en solution, avec une durée comprise,
de préférence, entre 5 minutes et 2 heures à une température comprise entre 650°C
et 1750°C, sous vide, suivie d'une trempe par exemple sous gaz pour obtenir l'Hf en
solution solide sursaturée dans le Nb β. Selon une variante, un refroidissement naturel
sous vide peut aussi être envisagé.
[0033] L'étape de dépôt qui fait plus particulièrement l'objet de l'invention consiste à
déposer une couche d'un matériau ductile choisi parmi le groupe comprenant le cuivre,
le nickel, le cupro-nickel, le cupro-manganèse, l'or, l'argent, le nickel-phosphore
Ni-P et le nickel-bore Ni-B, pour faciliter la mise en forme sous forme de fil. Préférentiellement,
l'épaisseur de la couche de matériau ductile déposée est choisie de sorte que le rapport
surface de matériau ductile/surface de l'alliage NbHf pour une section de fil donnée
est inférieur à 1, de préférence inférieur à 0.5, et plus préférentiellement compris
entre 0.01 et 0.4. A titre d'exemple, pour un diamètre total du fil de 0.1 mm, la
couche de matériau ductile peut avoir une épaisseur de 7 µm pour une section en alliage
de NbHf de 0.086 mm de diamètre. Cela correspond à un rapport entre la surface de
cuivre (0.002 mm
2) et la surface de NbHf (0.0058 mm
2) de 0.35.
[0034] Une telle épaisseur de matériau ductile, et notamment de cuivre, permet d'étirer,
de tréfiler et de laminer aisément le matériau composite Cu/NbHf. En effet, l'épaisseur
de cuivre est optimisée pour que la pointe, créée par limage ou par étirage à chaud,
nécessaire à l'introduction du fil dans la filière lors de l'étirage ou du tréfilage
soit recouverte de cuivre.
[0035] Le matériau ductile, de préférence du cuivre, est ainsi déposé à un moment donné
pour faciliter la mise en forme du fil par étirage, tréfilage et laminage, de telle
manière à ce qu'il en reste une épaisseur de préférence comprise entre 1 et 500 micromètres
sur le fil au diamètre total de 0.2 à 1 millimètre.
[0036] L'apport de matériau ductile peut être galvanique, par PVD ou CVD, ou bien mécanique,
c'est alors une chemise ou un tube de matériau ductile tel que le cuivre qui est ajusté
sur une barre d'alliage NbHf à un gros diamètre, puis qui est amincie au cours de
la ou des étapes de déformation du barreau composite. Ainsi, une possibilité est de
former une billette composite par assemblage d'une barre de Nb-Hf et d'une chemise
de cuivre qui est ensuite extrudée.
[0037] L'étape de déformation désigne d'une manière globale un ou plusieurs traitements
de déformation, qui peuvent comprendre le tréfilage et/ou le laminage. Le tréfilage
peut nécessiter l'utilisation d'une ou plusieurs filières lors de la même étape de
déformation ou lors de différentes étapes de déformation si nécessaire. Le tréfilage
est réalisé jusqu'à l'obtention d'un fil de section ronde. Le laminage peut être effectué
lors de la même étape de déformation que le tréfilage ou dans une autre étape de déformation
ultérieure. Avantageusement, le dernier traitement de déformation appliqué à l'alliage
est un laminage, de préférence à profil rectangulaire compatible avec la section d'entrée
d'une broche d'estrapadage.
[0038] Le procédé peut comporter une étape ou plusieurs étapes de déformation avec un taux
de déformation pour chaque étape compris entre 1 et 5, de préférence entre 2 et 5,
le taux de déformation répondant à la formule classique 2ln(d0/d) où d0 et d sont
respectivement le diamètre avant et après déformation. Le taux total de déformation
peut être compris entre 1 et 14.
[0039] Le procédé peut comporter des étapes intermédiaires de recuit entre les différentes
étapes de déformation.
[0040] Le procédé de l'invention comprend préférentiellement, après l'étape de déformation,
une étape d'élimination de ladite couche de matériau ductile. De préférence, le matériau
ductile est éliminé une fois toutes les opérations de déformation effectuées, c'est-à-dire
après le dernier laminage, avant l'estrapadage. Cependant, il n'est pas exclu d'éliminer
la couche de matériau ductile avant d'avoir finalisé toutes les opérations de déformation.
Il est ainsi envisageable lors d'un laminage en plusieurs passes d'éliminer la couche
de matériau ductile avant la dernière passe de laminage. De préférence, le fil est
débarrassé de sa couche de matériau ductile, tel que le cuivre, notamment par attaque
chimique, avec une solution à base de cyanures ou à base d'acides, par exemple d'acide
nitrique.
[0041] Le recuit préalable à l'étape de déformation de même que les recuits intermédiaires
effectués entre les étapes de déformation est réalisé pendant une durée comprise entre
5 minutes et 2 heures, de préférence entre 10 minutes et 1 heure à une température
comprise entre 650°C et 1750°C.
[0042] Le traitement thermique final après l'estrapadage est réalisé à une température comprise
entre 500 et 1250°C pendant un temps compris entre 30 minutes et 30 heures. Selon
la composition de l'alliage et les températures, une structure monophasée de type
cubique centrée ou biphasée avec une structure cubique centrée et une structure hexagonale
compacte peut être obtenue à l'issue de ce traitement thermique.
[0043] Le procédé de l'invention permet la réalisation, et plus particulièrement la mise
en forme, d'un ressort spiral pour balancier en alliage de type niobium-hafnium. Cet
alliage présente des propriétés mécaniques élevées, en combinant une limite élastique
très élevée, supérieure à 600 MPa, et un module d'élasticité très bas, de l'ordre
de 60 GPa à 100 GPa. Cette combinaison de propriétés convient bien pour un ressort
spiral. De plus, un tel alliage est paramagnétique.
[0044] Un alliage de type binaire comportant du niobium et de l'hafnium, du type sélectionné
ci-dessus pour la mise en œuvre de l'invention, présente également un effet similaire
à celui de l' « Elinvar », avec un coefficient thermo-élastique pratiquement nul dans
la plage de températures d'utilisation usuelle de montres, et apte à la fabrication
de spiraux auto-compensateurs.